Je la domine maintenant de tout mon être, aveuglé par la haine. Elle tente de se débattre, mais en vain. Je l’ai mise au sol, et je la surplombe, mains plaquées contre sa gorge pâle. Si fragile, si tendre… Prédateur, j’intensifie la pression de mes mains. Elle ne vivra plus longtemps, elle est complètement à ma merci, et je grogne en savourant cet instant de mise à mort…
Mais tout d’un coup, une ruade plus forte vient caler son genou en plein dans mes parties intimes. Un *CLONG* mental, un flash de lumière, une chaleur désagréable et maladive qui me remonte de l’entrejambe jusque dans le ventre, me donnant envie de déverser le contenu de mon estomac sur le sol. Je relâche le cou de ma victime, et roule sur le côté, plié en deux par la douleur. Ma victime s’est arrachée à mon emprise, et rampe maintenant comme un vers vers sa liberté. Souffrante, blessée, elle ne saurait me distancer. Je me relève, fourbu par le coup, et avance vers elle, menaçant et hargneux, la respiration haletante, boitant à moitié.
Et puis je la vois… Recroquevillée sur elle-même, à quatre pattes sur le sol. Un rayon du soleil caresse l’endroit où sa chemise était déchirée, dévoilant la plaie sur son côté. Elle tousse, tentant de reprendre l’air que je lui ai arraché… Et tout d’un coup, comme un couperet qui tombe sur ma conscience, je me rends compte de ce que je m’apprêtais à lui faire. La mettre à mort, sans qu’elle ait eu la moindre chance de se défendre contre moi. La tuer sans pitié, sans cœur, laissant uniquement parler ma colère…
Lysis s’esclaffe…
(Parce que tu es comme ça, Cromax. Un être libre, sauvage, impulsif.)
Non… Non. Si je suis épris de liberté, je ne peux devenir un assassin sans cœur pour autant. Elle n’a rien fait pour entraver cette liberté, ou cette vie à laquelle je tiens. Et je comprends, tout à coup.
Le collier. Une terreur sans nom s’accapare de mon corps. Je tombe à genoux, non loin de l’elfe blanche. Abattu.
« Non. »
Je la regarde souffrir de ma faute, et je n’en ressens aucun plaisir. Que de la tristesse. De la peur…
« Non ! »
Je tends une main vers elle, paume ouverte, pour la poser sur son dos, doucement… J’ai le souffle court, la respiration rauque. Mes iris sont toujours aussi rouges, mais ma colère, ma haine, n’est plus dirigée vers Sinaëthin. Elle est dirigée vers ceux qui nous ont mis ces colliers. Vers ceux qui sont les vrais responsables de tout ce qui se passe ici. Tant de la mort de Fléau que de mes propres actes haineux.
C’est dans leur sang que je laverai ma colère. Je ne les laisserai pas s’échapper, comme je le fis autrefois avec Crimson, cette ordure au service d’Oaxaca, sur Verloa. Ils ne réchapperont pas à ma colère, tant qu’elle n’aura pas trouvé sa satiété dans leur sang. Je farfouille mon sac pour sortir une gourde de potion, que je dépose sur le sol face à l’elfe.
« Bois… ça te soignera. Et ensuite, nous leur ferons payer. »
Ma voix est froide, défaite de toute émotion, qu’elle soit positive ou négative. J’ai envie de dire que je suis désolé, mais… je ne peux vraiment le lui montrer qu’en mettant à mort nos tortionnaires. Ils paieront
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