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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Sam 2 Sep 2017 23:43 
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Arden – Campement de Sihle

    Le sort de particules élémentaires s’avéra des plus efficace car un attroupement ce fit rapidement à cet endroit et l’alarme fut bientôt sonnée, tous les hommes sortant armés de leur tente afin de voir la source de ce brouhaha et de ces petites explosions de flammes qui commençaient à mettre le feu à certaines des tentes. Le chaos ne tardait pas à se faire.

    Cromax parvint donc à se faufiler dans la tente de la princesse. A l’intérieur de celle-ci se trouvait une jeune femme qui était sans conteste Leyla, richement vêtue, la tête cerclée d’une couronne dorée et le regard inquiet.

    Image


    La personne qu’elle regardait avec inquiétude semblait être sa servante ou sa nourrice, une femme bien plus âgée qu’elle qui semblait s’afférer à côté d’affaires.

    - Bahia ! Qu’y a-t-il ? Que se passe-t-il, le sais-tu ? Sommes-nous attaqués ? demandait la princesse d’une voix alarmée.

    La servante s’activait rapidement dans un coin, le visage figé. Elle était manifestement encore plus inquiète que la princesse, mais s’efforçait de paraître professionnelle.

    - Je ne sais pas, mon trésor, je ne sais pas. Mais préparons-nous, au cas où ! Mais de toute manière, n’ayez crainte, les gardes sont là pour vous protéger.

    La princesse eut une moue légèrement sceptique et attrapa une dague qu’elle plaça à sa ceinture. Elle était proche de la sortie, tentant d’épier ce qui se passait à l’extérieur.


Arden – Au couteau levé

    Il y eut un petit silence, puis Leykhsa entendit derrière la porte des gloussements suivis d’un claquement semblable à celui d’une fessée et des pas légers sautés s’approchèrent de la porte. Il y eut le bruit d’un loquet qu’on ouvre et une jeune femme fit son apparition. Elle semblait être assez jeune, dix-huit ans tout au plus, blonde avec des yeux bleus et une peau blanche, marquée à l’épaule par un bleu. Elle était vêtue d’une robe diaphane qui ne laissait pas grand-chose à imaginer sur ce qu’il y avait en-dessous.

    La jeune fille lui demanda qui elle était et, lorsque Leylhsa répondit que la patronne lui avait demandé de faire ses preuves avec le Caporal, elle pencha la tête sur le côté et acquiesça en ouvrant la porte.

    A l’intérieur se trouvait en tout et pour tout un grand lit sur lequel se trouvait un homme alangui, vêtu de ses simples braies. Le visage couturé de cicatrices, les cheveux coupés courts et le visage pas des plus avenants, voir un peu mauvais, voilà ce à quoi ressemblait le Caporal.

    Image


    Il lança un regard appréciateur à Leykhsa, la détaillant de haut en bas avant de pousser un sifflement impressionné :

    - Eh bah en voilà d’la bonne came. Viens-là, ma minette, que j’puisse te voir de plus prêt. C’est qu’t’as un petit air exotique qu’est pas pour me déplaire.


[i][Cromax – xp : noté si complété ;
Leykhsa – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (aparté), 0,5 (tin tintin tin tiintintin), 1,5 (longueur)]
[/i]


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Dim 3 Sep 2017 02:21 
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Ma déclaration précède un léger silence, avant que quelques gloussements caractéristiques d'une prostituée faisant trop de zèle ne se fasse entendre. S'ensuit quelques bruits de pas légers avant que le loquet ne se tortille pour laisser apparaître derrière la porte une jeune femme à peine adulte, blonde, les yeux bleus et la peau blanche. Je remarque un bleu à son épaule, mais rien de bien inquiétant dans la vie d'une catin ; elles sont sujettes à la violence des hommes tous les jours, c'est même leur gagne-pain. Est-ce que cette marque vient de lui, cependant ? Peu importe, dans un cas comme dans l'autre il ne passera pas la soirée vivant. Après tout je ne peux pas laisser un tel témoin derrière moi, surtout pas après ce que je m'apprête à faire.

La jeune fille nommée Mira me regarde bizarrement, me demandant ce que je peux bien faire là, vu que je ne suis visiblement pas de la maison.

« Je viens d'arriver, » la rassuré-je. « La patronne m'a demandé de faire mes preuves avec le Caporal »

Une excuse qui semble porter ses fruits car la prostituée penche légèrement la tête avant d'ouvrir la porte, visiblement satisfaite de mon explication. A partir de là, ce devrait être un jeu d'enfant. Je souris au Caporal en entrant dans la pièce, ferme et verrouille la porte derrière moi puis m'approche du soldat, qui justement me le demande. C'est un homme dans sa quarantaine, certainement, quoiqu'une carrière martiale peut facilement vieillir les traits. Ceux-ci, durs et épais, sont couturés de cicatrices lui donnant un air plus sévère encore, sans compter sa chevelure coupée courte et sa barbe naissante.

Visiblement ma présence lui fait de l'effet car il pousse un sifflement en me voyant, avant de me qualifier de « bonne came ». Ah ben voyons. Me voilà reléguée au statut de simple bout de viande. Je lui souris lascivement en m'approchant lentement mais élégamment, roulant des hanches avant de monter sur le lit sur lequel il est allongé, m'avançant vers lui à genoux. Il dit que j'ai un air exotique qui ne lui déplaît pas. Voyons si le contact de l'acier sur sa peau est assez exotique à ses yeux, alors. Sans attendre, je me mets à califourchon sur lui puis remonte ma robe doucement, sensuellement, comme si je m'apprêtais à la retirer. Mais à la place, j'attrape le poignard que j'y ai caché au niveau de ma hanche et le lui colle sous la gorge, mon sourire se transformant en un masque assassin.

« Tu l'ouvres, je te tranche la gorge, » le prévins-je.

Puis, sentant que la frêle prostituée non loin de là risque de paniquer également, je continue aussitôt avant qu'elle ne puisse en placer une.

« Calme-toi Mira, tout ira bien pour toi. Va en bas calmement voir ta patronne, elle t'expliquera tout, tu n'as pas à avoir peur. »

J'ai prononcé ces mots sans quitter le caporal des yeux, pour lui faire comprendre que se débattre n'est pas une option également.

« Quant à toi, si tu veux passer la nuit avec tes deux couilles et ta carotide intactes, tu vas répondre à mes questions. Je te donne l'autorisation de me dire oui, maintenant. »

Je recule très légèrement la lame de sa gorge à ces mots, que l'acier soit toujours en contact avec sa peau sans effectuer de pression sur celle-ci, lui laissant le loisir de parler un peu plus sereinement.


(((+500)))

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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Dim 3 Sep 2017 10:49 
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Arden – Au couteau levé

    Le Caporal resta un instant tétanisé sous Leykhsa, l’arme posée sous son cou. La prostituée était dans un état similaire et se recroquevillait contre le mur, tremblante. Elle sortit de la pièce à la demande de Leykhsa.

    Une fois qu’ils se furent retrouvés seuls, le Caporal cracha au visage de Leykhsa en disant :

    - Vas-y, tues-moi, catin, et tu mettras tout ce quartier à feu et à sang.

[Leykhsa – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (aparté), 0,5 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Lun 18 Sep 2017 17:20 
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Mon petit plan marche à merveille : la confusion et la panique naissent dans le camp de l’armée de Sihle, et les guerriers sortent frénétiquement de leur tente pour venir voir ce qui se passe, ou sauver les leurs en éteignant les incendies naissant dans plusieurs abris de la zone ciblée. Bien. Cela les occupera un bon moment, et la suite de mon plan pourra être mise en application sous peu.

Je me faufile, changé en souris, jusqu’à la tente de la princesse, où je peux finalement la voir, en compagnie de celle qui semble être sa servante, sa suivante, tutrice et confidente. Typée comme les femmes des déserts d’Imiftil, à la peau hâlée et aux cheveux sombres, elle est vêtue richement, de parures blanches et rouges. Parée de bijoux d’or, la princesse Leyla montre son ascendance royale par une couronne précieuse sur sa tête. Un regard inquiet rendait son visage plus sérieux et pesant qu’il ne l’était sans doute habituellement. Elle faisait part de ses inquiétudes à sa suivante, dénommée Bahia, plus âgée qu’elle, s’affairant dans un coin de la tente. La jeunette s’intéressait à ce qui pouvait bien se passer dehors : une attaque, selon elle. Bien, ma ruse est donc plausible. Sa gouvernante tente de la rassurer en disant que les gardes étaient là pour les protéger, mais il n’y en avait aucun, dans la tente. Et ceux de l’extérieur étaient bien remués. Satisfait de ce que j’apprends, je quitte la tente sous la forme de cette même souris grise, et me faufile loin des regards indiscrets pour prendre l’apparence de l’un des gardes que j’ai aperçu autour de la tente princière, préalablement. Un qui ne s’y trouve plus, étant parti apporter son aide en marge du camp, où le feu fait toujours rage dans l’obscurité nocturne. Je laisse mon armure prendre l’apparence des leurs, et me précipite vers la tente de la princesse, d’un pas décidé et pressé.

Une fois à proximité, je ne perds pas une seconde et écarte vivement le pan de l’entrée, me révélant à la princesse pour m’adresser à elle d’une voix à la fois nerveuse et sérieuse.

« Princesse, suivez-moi. Le camp est attaqué, j’ai reçu l’ordre de vous mener en sûreté. Camouflez votre visage et pressez le pas, votre grâce. »

Puis, je jette un regard à la servante, jouant la carte du bluff avec les éléments que je connais pour étayer ma petite scène mensongère.

« Que votre suivante, Bahia, vienne avec. Mais qu’elle se couvre aussi le visage : il nous faudra être discrets, afin que nul ne sache parmi nos ennemis où je vous mène. »

Si elles mordent à l’hameçon, je ne resterai pas plus longtemps dans la tente, et les mènerai via des voies détournées vers l’extérieur du camp, à l’opposé de la soi-disant attaque flamboyante. J’aviserai alors sur la technique à employer pour les mener plus loin. Si elles se montrent récalcitrantes à me suivre, je me tiens prêt à leur répondre avec toute la discipline militaire de ce nouveau personnage que j’incarne. Je n’ai pas droit à l’erreur, si je ne veux pas que tout ça se finisse en bain de sang.


[529 mots]

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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Lun 18 Sep 2017 21:15 
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Arden – Campement de Sihle

    La princesse sursauta à l’entrée de Cromax déguisé en garde, mais ne sembla pas s’offusquer outre mesure de ses paroles et acquiesça, attrapant une cape dont elle se vêtit, de même pour sa servante. Toutes deux placèrent un voile sur leur visage et la princesse dit :

    - Nous vous suivons, Khafir.

    Et en effet, elles le suivirent, non sans lancer régulièrement des coups d’œil derrière elles, tout autour d’elles, comme si elles s’attendaient à chaque instant à se faire agresser par une ombre. Au bout d’un temps, la princesse d’approcha de Cromax.

    - Khafir ? Où nous emmènes-tu ? La tente de mon père est de l’autre côté. Et nous n’emmenons pas d’autres gardes avec nous ?

[Possibilité de continuer en aparté]


[Cromax – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (déguisement), 0,5 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Ven 22 Sep 2017 13:51 
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Si la princesse sursaute à mon arrivée, il est bien vite prouvé que mon pouvoir de métamorphose est toujours aussi puissant : elle se laisse leurrer par l’apparence que j’ai choisie, dont elle connait jusqu’au nom du modèle. Un de ses gardes rapprochés, sans aucun doute. Et c’était bien entendu le but de la manœuvre : choisir une personne en qui elle pourrait avoir une confiance presque aveugle. Se vêtant d’une cape et se couvrant le visage d’un voile toutes deux, la princesse finit par m’affirmer qu’elles me suivent, me donnant par là même le nom de celui dont j’ai subtilisé l’apparence : Khafir. Sans plus tarder, ni plus un mot, je les emmène hors de la tente, et par des voies détournées, évitant au possible les allées principales du campement où les soldats se précipitent pour veiller à l’attaque sur leur campement, nous nous éloignons. Elles n’ont pas à suspecter le fait d’être discrètes : la menace sur leur vie est plus que plausible, et c’est tout naturellement qu’elles se prémunissent, craintives, de tout regard inopportun.

En cours de route, la princesse me rattrape néanmoins pour me questionner sur notre destination, s’étonnant que nous nous éloignions de la tente de leur père. Elle souligne aussi la présence d’un seul garde, moi, pour toute escorte. Je dois être vif et précis dans ma réponse, réfléchir rapidement pour trouver un mensonge plausible, et l’attitude qui va avec. Ainsi, sans discontinuer de marcher, je lui rétorque d’un ton pressant, quoique toujours poli, gardant ma place de simple soldat face à la princesse de son peuple :

« Votre père m'a ordonné de vous mener en lieu sûr : il va être lui-même fort occupé par cette attaque dont nous ne savons rien. Il ne veut prendre aucun risque. Aussi, moins de personnes connaîtront votre position, plus vous serez en sûreté, princesse. Vous saurez l'endroit choisi pour votre sécurité lorsque nous y serons. »

Sans lui laisser trop l’occasion de répondre quoique ce soit, afin que ça ne vire pas en petit jeu interrogatif qui n’aurait pas manqué si la princesse était une précieuse surprotégée et capricieuse, je presse encore le pas pour quitter le campement et prendre la direction de la ville. Alors que nous approchons de sa périphérie directe, la princesse me rétorque néanmoins, rattrapant ma cadence rapide, que son père lui a toujours interdit l’accès en ville, rappelant à celui qu’elle pense être Khafir qu’il l’a lui-même entendu de la bouche de son paternel royal. Crotte… Vite, une excuse, un nouveau mensonge. Un risque de plus à me faire révéler. Mais je cerne bien mon personnage, et la situation, initiée par la panique d’une attaque, me facilite la tâche. Sans faire de vague, ne relevant pas le côté effectivement incongru de ce contrordre, je lui explicite une vérité plausible.

« Nous y allons incognito. Nul ne doit savoir que vous vous y trouvez. Votre père ne s'attendait alors pas à ça. Croyez-moi, ce soir, vous serez plus en sûreté en ville qu'en dehors. »

Et une fois encore, je les mène vers la ville. Elles me suivent toujours, ne ralentissant pas la cadence malgré les quelques questions de la princesse, qui s’accommode bien de la situation gênante qu’elle est en train de vivre. Tant mieux : quand elle découvrira que c’est un enlèvement, elle ne sera pas trop hystérique. J’espère, du moins. La présence de son oncle devra servir de tampon, d’amortisseur de nouvelle. Nous passons discrètement, sans nous faire arrêter, les portes de la cité, et poursuivons sans plus de question jusqu’à l’auberge de la Cosse de Sig, où je sais que mon allié de Sihle m’attend dans une salle discrète.

Je pénètre l’établissement, désert comme commandé, et fais passer devant moi la princesse et sa servante.

« Nous y sommes. Allez-y, la porte du fond. »

Je les laisse me devancer, et je leur ouvre et tiens la porte pour qu’elles pénètrent dans l’arrière salle discrète généreusement prêtée par la tenancière de l’établissement. Sitôt qu’elles sont entrées, je ferme discrètement la porte derrière elles, m’appuyant dessus, et laisse la surprise se faire : Taleb est présent comme convenu. Comment va-t-elle réagir à sa présence. Reprenant mon apparence, et donc ma voix, alors qu’elles me tournent le dos, je tente d’amener la situation avec un regard diplomate.

« Ne craignez rien, Princesse. Restez calme, et il ne vous arrivera rien. Nous avons à parler de votre avenir avec le prince de Valmarin. Puisse votre oncle être le garant de ma bonne foi. »

Inflexible, mais posé, je la regarde fixement, analysant le moindre de ses mouvements pour la contraindre si elle tente de sortir la lame qu’elle s’est mise à la ceinture en quittant sa tente.

[788 mots]

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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Lun 25 Sep 2017 15:58 
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A peine prononcé-je ces mots que l’homme me crache au visage, déclarant que si le moindre mal lui est fait, ce quartier sera mis à feu et à sang, saccagé par les hommes de son roi pour avoir permis la mise à mort d’un de ses sous-officiers. J’essuie sa bave de mon visage avant de replanter mon regard dans le sien, arborant une expression froide et implacable pour lui répondre.

« Est-ce que je ressemble à quelqu'un qui s'intéresse au sort de ce quartier ? » lui fais-je d’un ton glacial. « Cette ville entière peut brûler s'il le faut, je ne suis pas là pour ça. Dis-moi ce que tu sais sur Hakan. »

Il me regarde intensément, avec une haine non dissimulée, mais je sens l’hésitation dans ses yeux. Il doit se dire qu’en la jouant fine, il a une chance de s’en tirer vivant, ou en tout cas de garder ses couilles avant de mourir. Ca ne l’empêchera pas de se déféquer dessus, comme tout le monde quand mis à mort, mais il a raison d’au moins nous épargner une séance de torture. Aussi, après quelques secondes, il déclare que celui que je cherche est le Général du Roi. Je roule des yeux vers le ciel. Non sans rire, connard ? Enfin je comprends par là qu’il accepte plus ou moins ma position dominante et mon interrogatoire, ce qui ne m’empêche pas de lui répondre avec un ton cinglant.

« Me prend pas trop une conne. Je sais que c'est le Général du Roi, je veux savoir qui il est personnellement. D'où sort-il ? J'ai entendu qu'il était inconnu au bataillon il y a quelques années et qu'il avait été catapulté Général en très peu de temps. »

Le Caporal me sort qu’ils ne savent pas d’où il sort, m’indiquant par là que l’absence d’informations semble être généralisé à toute l’armée de Valmarin, non sans en profiter pour m’insulter gratuitement. Selon lui, le Roi l’aurait « sorti de nulle part ». Je fronce les sourcils légèrement, pensive. Ce n’est certes qu’un sous-officier, mais si même lui n’a aucune idée d’où sort Hakan, ça en dit long sur le secret que représente cet homme. Il y a définitivement quelque chose de louche.

« Et ça c'était avant ou après que le Roi semble avoir des vues sur le reste du monde ? » lui demandé-je.

Mais l’idiot me sort que son souverain a toujours eu la grosse tête, le qualifiant de « visionnaire ». Mais après tout qu’est-ce qu’un troufion sait des plans de conquête de son Roi ? Dans les faits je ne sais toujours pas si Hakan est l’instigateur ou l’outil de la folie du monarque. Il me faudrait déjà savoir d’où sort cet homme mystérieux.

« Et le Général, il a le type Val... Marinois ? Marinais ? » fais-je, m’agaçant moi-même de ne savoir comment on appelle ces connards de Valmarin. « Enfin merde, il semble venir de Valmarin, ou tu penses que c'est un étranger ? » rectifié-je plus frontalement.

Le Caporal me sort que c’est selon lui un étranger, sans qu’il ne sache vraiment d’où il pourrait bien venir. En tout cas, il lui semble assez clair que ce n’est pas un marin d’origine, ce qui est effectivement plutôt étrange pour un militaire officiant sur une île. S’il était venu de Valmarin également, il aurait forcément, ou presque, une certaine affinité avec la mer, et ce avant même d’être catapulté Général. Mais il commence à devenir clair que cet idiot ne me sera pas d’une aide absolument indispensable. Il ne sait pas grand-chose, je peux le voir assez aisément.

« Où est-ce que je peux trouver quelqu'un qui en sait plus que toi ? » lui demandé-je alors.

La question semble beaucoup l’amuser car il me sert un sourire pervers avant de me dire d’aller voir le Généralissime lui-même. Je retiens un soupir agacé.

« Hmmpf. Il arrive quand ici ? »

Après tout, il n’a pas tout à fait tort : je ne vais pas faire le tour de tous les officiers de la région pour demander à chacun ce qu’il sait sur ce personnage que presque personne ne semble vraiment connaître. Autrement dit, espionner l’intéressé directement, voire avoir une conversation avec lui, pourrait être la façon la plus rapide d’en apprendre plus à son sujet. Cependant le Caporal est à peine plus précis que Cassandre concernant l’arrivée de son Général, car il me dit que celui-ci doit arriver soit demain, soit le jour suivant… Ce qui est une marge différence assez importante pour un délai si court. Je retiens un rictus d’agacement avant de tenter de m’informer un peu plus sur Hakan.

« Et toi... Vous, les soldats, vous pensez quoi de lui ? » demandé-je.

La question n’est pas anodine : un homme, sorti de nulle part, devenant soudain le plus haut général de leur Roi, je me doute qu’il n’a pas suscité que des amitiés auprès de ses hommes. Seulement s’il a réussi à se faire détester suffisamment, je peux peut-être m’en servir pour me mettre quelques soldats dans la poche, en me montrant suffisamment convaincante. Et la réponse du Caporal me conforte là-dedans, car il déclare qu’il n’a pas à avoir d’avis sur ses supérieurs hiérarchiques. Et ça c’est une connerie. Car tous les officiers du monde aiment que leurs sous-fifres les considèrent, si ce n’est comme des bonnes personnes, au moins comme des militaires compétents. La seule réelle interdiction, perçue comme telle tant par les officiers que leurs larbins, c’est de penser du mal d’eux. Si le Général avait su se faire apprécier, il l’aurait complimenté sans le moindre problème. Là, c’est autre chose. Il ne l’aime pas et je peux le sentir.

« Je sais bien que c'est ce qu'on vous apprend. Mais tout le monde a un avis sur tout, qu'il en ait le droit ou non. Et le simple fait que tu ne sois pas en train de vanter ses louanges en dit déjà beaucoup : c'est le critiquer que tu n'as pas le droit de faire. »

Je laisse ces mots flotter quelques instants, comme pour lui signifier qu’il en a déjà trop dit, avant de continuer d’un ton glacial.

« Mais présentement j'ai le droit de vie ou de mort sur toi, alors tes droits c'est moi qui te les dicte. »

Cependant il ne semble pas impressionné par ce discours : plus malin qu’il n’en a l’air, il déclare qu’il sait parfaitement qu’il n’a aucune chance de survie après cette nuit, après m’avoir de nouveau craché au visage. Je m’essuie de nouveau avant de reprendre la parole.

« Et mettre ce quartier à feu et à sang ? Si tu ne parles pas de cette conversation personne n'aura aucune raison de penser que tu as divulgué des informations sur ton Général. Et si je n'ai pas à t'égorger, je m'évite d'avoir à rentrer chez moi avec trois fois plus de soldats au cul, » bluffé-je.

En vérité je me moque bien de ce qu’il se passera lorsque son corps sera découvert : je serai déjà loin. Mais il ne connaît pas mes capacités ni ma détermination, aussi mon excuse est-elle plus que plausible.

« Alors parle, si tu veux vivre, » ajouté-je.

Il pousse alors un grognement avant d’abdiquer et de commencer une description assez intéressante du personnage. Selon lui il est froid et secret, ne se mêlant pas aux hommes, et leur fait peur. Il aurait quelque chose de terrifiant dans le regard et aurait apparemment fait disparaître certains soldats, sans qu’il ne soit su où et dans quel but. Le portrait d’un personnage qui pourrait très bien tirer les ficelles du pouvoir dans l’ombre. Mais encore une fois, rien qui puisse l’affirmer ou l’infirmer complètement. Il semblerait que je doive en apprendre plus.

« Il a de la famille ? Des proches en dehors du Roi ? » demandé-je alors, désireux de m’entretenir avec d’éventuelles personnes le connaissant intimement.

La réponse n’est pas celle que j’attendais, car ce serait une presque sœur du Prince qui serait dans ses petits papiers. Le Caporal dit que son intérêt pour elle semble malsain, ce qui n’enchante guère les soldats de Valmarin, protégeant la jeune femme comme leur propre fille. Ils n’aiment ainsi pas vraiment les regards qu’il semble lui lancer. Un point très intéressant et important, pour plusieurs raisons. Des pistes nombreuses qui s’ouvrent avec cette information. Déjà le soutien de certains militaires de Valmarin semble soudain à ma portée, si je parviens à les convaincre que Hakan est non seulement un danger pour leur patrie mais également pour cette femme. Ensuite voilà enfin quelqu’un que je pourrais interroger pour en savoir plus sur ce fameux Général. Qui sait, peut-être s’est-il laissé aller à quelques faiblesses en sa compagnie, lui dévoilant des informations importantes.

« Cette Kariny est ici, ou à Valmarin ? » fais-je, soudain certaine qu’il me faut au moins observer cette jeune femme.

Il me rétorque qu’elle arrivera avec le Prince et Hakan par bateau dans les jours à venir. Je fais une moue irritée, peu heureuse de devoir attendre une fois de plus l’arrivée de ce fameux navire pour avancer, avant de finalement hausser les épaules.

« Bon, je vois. Merci. »

Sur ces mots, je tranche la gorge du Caporal sans plus de cérémonie, aspergeant quelque peu de gouttes de sang la belle robe, cadeau d’Amaryllis. C’est dommage, je pourrais en avoir besoin. Mais peu importe. Là-dessus, je me lève et sors de la pièce, attrapant mes affaires à l’extérieur avant de retourner à l’intérieur et de verrouiller la porte. Ceci étant fait, je me change le plus rapidement possible pour partir par la fenêtre en direction de l’Ami des Bêtes, de la même manière que je suis arrivé, en activant mon muutos et en passant majoritairement par les ruelles et les toits.


(((+1 500)))

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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Lun 25 Sep 2017 22:32 
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Arden – Campement de Sihle

    En entrant dans la salle, la Princesse pousse un hoquet de surprise en murmurant « Mon oncle ! » avant de courir se jeter dans ses bras. Cela ne dure qu’un instant avant que l’incongruité de la situation ne s’impose à elle et qu’elle le lâche soudain, regardant d’un œil écarquillé son oncle et Cromax. Sa main se porte sur sa bouche alors qu’elle retient un cri. Ses yeux s’affolent légèrement tandis que sa servante se porte vers elle pour la soutenir et faire rempart de son corps face aux deux hommes.

    - Leï, ma petite princesse, calme-toi. Désolée d’avoir eu recours à de telles manœuvre pour te faire venir ici, mais j’ai à te parler et jamais ton père ne m’aurait laissé t’approcher, dit Taleb d’une voix apaisante, sans pour autant s’approcher d’elle.

    Le regard de la princesse se durcit, même si ses mains tremblent un peu. Elle se force à se tenir droite et fière, presque provocante, pourtant ses yeux trahissent la peur qu’elle ressent. Sa main se trouve non loin de la garde de sa dague.

    - Qu’est-ce que tu veux, mon oncle ? Et qui est cet inconnu, où se trouve Khafir ?

    Son regard se teinte d’un peu de haine et d’une grande part de méfiance.

    - Mon père m’a mise en garde contre toi et le fiel de tes paroles, alors parle, puisque je suis ta prisonnière !

    Les paroles de Leyla blessent indubitablement l’Emir des Eperons de Shill, comme l’atteste le regard qu’il porte sur sa nièce. Cependant, ses paroles, elles, sont inflexibles.

    - Nous ne te voulons aucun mal, Leyla. Cet inconnu est un ami, il a pour but le bien être d’Elysian toute entière. Tu dois bien te rendre compte, toi-même, que ce que fait ton père n’est pas bien pour Sihle, pour notre peuple.

    Les yeux de la princesse s’adoucissent légèrement, se teintant de doute alors qu’ils dardent de Cromax à Taleb. Celui-ci lance un regard à Cromax, l’invitant à parler.


[Possibilité d'aparté.]


[Cromax – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (aparté), 0,5 (emmener la princesse), 0,5 (longueur)
Leykhsa – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (aparté), 1 (informations), 1,5 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Mer 27 Sep 2017 18:25 
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Le voyage du retour se passe sans encombre, encore une fois. Les soldats n’ont aucune raison de se méfier et me balader dans la ville est un jeu d’enfant pour moi. C’était déjà le genre de choses que je faisais sans problème il y a de cela quelques années, alors maintenant que je sais maîtriser le muutos, ça ne pose plus le moindre problème pour moi. Je me demande si je serai toujours capable de m’en servir une fois de retour sur Yuimen. Est-ce une simple manifestation de mes fluides, que je saurai utiliser en toutes circonstances, ou est-ce intrinsèquement lié à cette terre, à l’état de la magie ici ? Je ne m’en suis pas encore beaucoup servi, mais je dois avouer commencer à m’habituer à cette brume noire qui m’entoure dès que j’en fais le vœu, comme si elle avait toujours été une part de moi.

C’est avec ces considérations en tête que j’arrive jusqu’à l’Ami des Bêtes sans me faire repérer par le moindre garde de Valmarin. Je désactive rapidement le muutos alors que j’arrive devant la porte, puis entre d’un pas décidé. Rorik est là, mais je l’ignore pour rapidement monter à l’étage, en direction du bureau de Cassandre. Je frappe à la porte de quelques coups légers avant de l’ouvrir sans attendre de réponse. Syrah et la jeune femme sont là, discutant avec légèreté et humour, mais lorsqu’elles m’aperçoivent elles regagnent leur masque d’impassibilité. Cette réaction à mon arrivée me tire une drôle d’impression, comme un léger malaise, mais je décide de l’ignorer, n’en comprenant pas moi-même la cause, pour me consacrer à ma mission.

« Apparemment, le Général Hakan est apparu comme par magie il y a quelques années. Inconnu au bataillon avant, même chez les sous-officiers. »

Je me tourne brièvement vers Syrah, me souvenant de la façon dont je l’ai laissée derrière moi un peu plus tôt dans la journée.

« Ah, tu as trouvé. Désolée te t'avoir laissée derrière, » lui fais-je.

Elle me regarde sans mot dire, me laissant comprendre qu’elle ne m’en tient pas rigueur, et je me tourne vers Cassandre qui me demande si j’ai pu apprendre d’autres choses. Je hoche la tête tout en m’approchant du bureau, prenant place non loin de Syrah.

« Les soldats de Valmarin ne semblent pas l'aimer, et il n'a pas l'air Valmari.. nois, » réponds-je, toujours incertaine quant au terme à employer. « Il arrive demain ou après-demain avec le Prince et une certaine Kariny, soeur de lait du Prince qu'il semble... apprécier. Pas grand chose de plus, c'était une conversation décevante. »

Mon interlocutrice semble pensive. Elle déclare que le fait qu’il arrive avec le Prince signifie sans nul doute qu’ils s’apprêtent à célébrer le mariage entre ce dernier et la Princesse Leyla. Elle ajoute cependant que certains de ses rapports indiquent que les troupes de Valmarin s’apprêtent d’ores et déjà à naviguer vers Illyria. Elle me demande ensuite si je compte enquêter plus encore sur Hakan et si je pense qu’il est à l’origine des maux d’Elysian. Je réfléchis quelques instants, faisant le point sur ce que j’ai appris jusque là. Rien de concret malheureusement, mais beaucoup de coïncidences qui me semblent très douteuses.

« C'est bien possible, oui. Je dois en avoir le cœur net avant de partir, il faut que je parle à cette Kariny et que j'observe cet homme... Mais... »

Je laisse ma phrase en suspens. Pour une raison que j’ignore, quelque chose me dérange…

« Illyria, tu dis... Ils préparent une invasion, comme ici ? » demandé-je, la poitrine légèrement serrée.

La réponse de Cassandre est sans appel. Oui. Evidemment ils ne mènent pas une flotte militaire pour une visite de courtoisie. J’esquisse une moue agacée, soudain inquiète.

« Illyria doit déja être au courant, n'est-ce pas ? »

Mais elle me donne tort, me disant que c’est une information très récente que la cité commerçante n’a pas pu déjà recevoir. Je commence à me crisper légèrement, attrapant l’accoudoir de mon fauteuil avec force.

« Vous n'avez aucun moyen de communiquer avec Illyria ? De les prévenir ? » fais-je, sans vraiment d’espoir.

Après tout ils n’ont pas les pendants d’Uraj eux. Sans magie, la plupart des missives prennent des jours à arriver, même avec des pigeons. D’ailleurs Cassandre m’affirme que c’est impossible, qu’Arden a été coupée du reste du monde. Sans doute ont-ils même réquisitionné tous les oiseaux messagers de la cité à leur arrivée. Aussitôt, je pense aux élémentaires. Ils sont les alliés d’Illyria, et si jamais cette dernière venait à tomber ils seraient probablement les suivants sur la liste. Je me concentre alors sur la Reine Sylphe en attrapant le bijou magique autour de mon coup.

( Aaria, vous me recevez ? Valmarin prépare une attaque sur Illyria, vous pensez pouvoir les prévenir rapidement ? )

J’attends quelques secondes une réponse, mais en vain. Mes jambes se raidissent toutes seules, me relevant sous le stress, avant que je ne m’écarte du bureau pour faire les cent pas dans la pièce. Cela m’inquiète soudain. Je n’ai pas entendu Aaria depuis quelques temps, Yuralria ayant pris le relai pour m’envoyer des messages aujourd’hui… Aussitôt je me tourne vers l’Ishtar, espérant obtenir des explications.

( Yuralria ? Vouz m'entendez ?! ) fais-je bientôt, un peu plus paniquée que je ne l’aurais voulu.

Mais la voix sombre de la jeune femme se fait entendre dans mon esprit, prononçant mon nom.

( Qu'est-ce qu'il se passe ? Aaria ne répond pas à mes messages, ) dis-je, espérant qu’elle me rassure sur la condition de la Reine.

Elle me répond que celle-ci est occupée, parcourant les Crocs du Monde. Je fronce les sourcils à cette remarque, ne comprenant pas bien ce qu’elle pourrait avoir à faire là-bas.

( Pourquoi ? Enfin... Il y a plus important. Du moins je crois. Yuralria, Valmarin s'apprête à attaquer Illyria d'un jour à l'autre et ils ne sont pas préparés, êtes-vous capable de les prévenir dans l'heure ? )

L’Ishtar me répond qu’Aaria cherche la cause de la disparition des élémentaires, ce qui me crispe un peu plus, avant de revenir au problème d’Illyria. Elle me confie que Jillian, prévenu par Cromax, prépare des troupes pour leur venir en aide, mais qu’ils ne peuvent pas eux-même les prévenir. Je réfléchis à toute vitesse, me demandant si je vais devoir moi-même me rendre sur place pour confier cette information à Amaryllis, avant qu’un détail ne me revienne. Cromax a parlé de Hrist, restée sur place pour aider la régente d’Illyria le temps de son couronnement.

( Est-ce que Hrist est encore sur place ? Elle doit pouvoir les prévenir si c'est le cas. Ecoutez... J'aimerais être là pour vous aider, mais Hakan arrive à Arden demain et je crois qu'il peut être lié à tout ça. Je pense que ça vient de lui. Trop de coïncidences. )

Yuralria affirme qu’elle pourra effectivement prévenir la jeune femme avant de me demander qui est Hakan. Je manque de secouer la tête à ma propre stupidité. Comment pourrait-elle le savoir, elle habite à l’autre bout du monde ?

( Parfait... Et, pardon, Hakan est le Général de Valmarin. Il y est arrivé il y a quelques années et est devenu le Général presque immédiatement. Et ça semble concorder avec l'envie d'expansion du roi, ) lui expliqué-je.

Cette déclaration est suivie d’un léger silence, avant que l’Ishtar ne réponde, me remerciant de mes informations et m’affirmant que Hrist a été prévenue. C’est à mon tour de la remercier, avant de continuer, incertaine de ce que je dois dire mais désireuse de lui affirmer mon soutien.

( J'arrive dès que possible, ) affirmé-je.

Sur ces mots la discussion s’arrête. Je retourne m’asseoir, à moitié rassurée, et refais face à Cassandre.

« Illyria a été prévenue et les élémentaires leur envoient une aide militaire. Tout ce qu'on peut faire maintenant, c'est bousiller l'état-major de Valmarin, ici, à Arden. »

Elle me regarde longuement, se demandant certainement d’où je tiens ces informations, mais finit par acquiescer sans poser de questions. Je suppose qu’elle me prend un peu plus au sérieux qu’au début maintenant. Et doit se douter que mes moyens sont bien éloignés des leurs. Elle me demande alors comment je compte m’y prendre pour saborder une puissance militaire de cette manière. Ce à quoi je ne peux pas vraiment répondre, pour le moment. Mais j’ai quelques pistes.

« Je ne sais pas encore. Il faut que j'en apprenne plus sur Hakan. Que je le vois, et que je parle à cette Kariny. Est-ce qu'Arden possédait une armée ? »

Elle fait la moue, déclarant qu’elle en a bien une mais qui n’a jamais rivalisé avec celles des autres grandes cités d’Elysian. Un pouvoir légèrement dissuasif, pour la forme, plus qu’une réelle puissance militaire en somme. Mais ça devrait suffire.

« Je ne leur demande pas de mener une bataille. Qui était le Général en chef des armées ? Est-il toujours vivant ? Et qui hériterait du trône maintenant s'il n'y avait pas Valmarin ? »

Un semblant de plan germe dans mon esprit, ou en tout cas un point de départ. Cassandre me parle d’un certain Trarik, général des armées d’Arden, mort selon certains, enfermé dans les geôles de la cité selon d’autres. Elle déclare également que le conseiller de la Reine les a trahi au profit de Valmarin, et que c’est un certain Mastriani, fils de cette dernière, qui devrait logiquement hériter du trône. Il a cependant disparu, ce qui pourrait être une mauvaise nouvelle si elle n’ajoutait pas que certains disent l’avoir vu partir avec un elfe bleu. Aussitôt je fronce les sourcils. N’y avait-il pas un earion à Ilmatar, le soir de mon arrivée ? Il a certainement pu s’enfuir avec l’héritier grâce au pendant d’Uraj. Il me faudra tenter d’en savoir plus là-dessus, mais en attendant je partirai du principe qu’il est vivant et en sécurité. Je me rends soudain compte que j’agite mes doigts sur les accoudoirs du fauteuil et me force à me stopper avant de replonger mes yeux dans ceux de la jeune femme.


« Où sont ces geôles ? Tu penses pouvoir m'aider à y entrer ? » demandé-je.

Je ne peux pas être certain que ce Trarik est toujours vivant, mais il pourrait y avoir des tas de raisons d’épargner sa vie et de le soumettre à la torture. M’infiltrer dans la prison pour le récupérer est un pari risqué, mais que je dois tenter. Après tout j’ai le pendant d’Uraj, je n’ai donc qu’à faire le plus facile : aller jusqu’à lui. Une fois fait, le retour sera du gâteau. Cassandre me regarde longuement cependant, apparemment assez choquée par ma demande. Cependant elle finit par se frotter les yeux et abdiquer, déclarant qu’elle parle des geôles situées sous le palais et extrêmement difficiles d’accès, évidemment. Mais elle accepte de me garantir l’accès jusqu’au palais, me laissant me débrouiller pour la suite. C’est bien assez.

« Ce sera suffisant, » la rassuré-je. « Il me faut également un endroit pour mettre ce Trarik en sureté. Et... il est encore l'heure de faire monter un repas ? »

Elle répond qu’il n’y a plus vraiment d’endroit sûr dans la cité, mais que je peux toujours l’amener ici, ce qui m’attire un froncement de sourcils. Elle s’approche alors de la porte pour demander à Rorik de nous porter des assiettes. Je la remercie d’un hochement de tête mais reviens rapidement sur sa précédente déclaration.

« Tu prendrais le risque de l'héberger ? Sois consciente que tout ce qui se prépare ce soir serait condamné à mort par le plus doux des Rois. C'est de l'ordre du régicide et de l'anéantissement d'un état-major complet. »

Elle hausse alors les sourcils, me demandant si je pense que nous héberger, Syrah et moi, et comploter, ne serait pas déjà condamnable. Mais c’est bien différent.

« Certes, mais pour le moment Valmarin ne s'inquiète de rien. Lorsque j'aurai fait évader un Général ennemi en semant des cadavres derrière moi, la menace sera différente. »

Cette déclaration me rappelle quelque chose et soudain j’attrape mon sac pour en sortir ma robe tâchée.

« Oh, en parlant de cadavre, j'ai du sang de Caporal sur ma robe, est-ce que tu peux la faire nettoyer pour demain ? » demandé-je.

Elle regarde sévèrement la robe en déclarant que ce simple acte amènera déjà une vengeance de la part de Valmarin. Mais elle ajoute que quoiqu’il en soit, elle accepte les risques, étant visiblement prête à se salir les mains pour débarrasser sa ville de l’influence de la force étrangère. Je crois en sa bonne foi, mais en même temps je ne peux lui faire pleinement confiance sur parole. Je dois la garder à l’œil.

« Vos quartiers pauvres risquent d'en baver pendant quelques jours, et je le regrette, mais ça nous aidera probablement. Quand peux-tu me faire entrer dans le palais ? Le plus tôt sera le mieux, même la fin de cette nuit me conviendrait. »

Elle secoue la tête avant de me dire qu’elle ne peut être prête avant l’aube, ou la matinée.

« Ca fera l'affaire, » réponds-je.

Puis je me tourne vers Syrah.

« Pour ce coup tu vas devoir rester là. Mais je pourrais avoir besoin de toi pour la suite, tu t'en sens capable ? »

Elle ne prend même pas la peine de répondre, me regardant simplement d’un air de défi. Très bien. Je me sens toujours quelque peu coupable à l’idée de me servir de cette gamine comme Equilibre a pu le faire avec moi, mais ce n’est pas le moment d’avoir des remords. Ca devra attendre.

« Je suppose que c'est tout, » conclus-je alors. « On dormira là ce soir, fais moi réveiller avant les aurores si je ne suis pas déjà debout. »

Ces derniers mots s’adressent à Cassandre. Après cela je prends le temps de manger le plat que me porte Rorik, sans vraiment parler, et laissant Syrah et Cassandre à leurs occupations et conversations. Demain le chaos déchaînera cette ville. C’est une étape nécessaire pour détruire Valmarin. Les bribes d’un plan se mettent en place dans mon esprit : d’abord faire évader Trarik, puis obtenir son aide pour organiser une petite résistance. Il faudra que je demande à cet earion s’il a des nouvelles de Mastriani, ça pourrait m’aider à les convaincre que tout n’est pas perdu, puis je sèmerai probablement le chaos moi-même dans la ville. Quelqu’un qui assassine un Caporal avant de faire évader un Général adverse… Cela devrait mobiliser beaucoup de ressources. Le moment venu il faudra également que j’en apprenne plus à propos de Hakan, peut-être avant de m’avancer à visage découvert. Et que j’ai une petite conversation avec cette dénommée Kariny. Je ne sais pas quel lien les unis, mais m’est avis qu’elle pourra faire un fabuleux appât si elle ne se montre pas une source d’informations assez intéressante.

Après manger, je vais rapidement me coucher, consciente qu’il me faut être debout avant l’aube, même si j’en ai l’habitude je dois faire attention. Après tout je ne peux pas pleinement faire confiance en cette Cassandre, même si j’aimerais la croire. Je glisse quelques mots à Syrah lorsque nous sommes seules, la prévenant de ma méfiance.

« Ce soir nous dormirons dans le même lit. Garde tes affaires près de toi, si quoique ce soit arrive, je nous transporterai loin, comme dans la maison du Baron. Ce n’est pas que je ne fais pas confiance à Cassandre, mais mieux vaut être prudentes. Demain je compterai sur toi pour la tenir à l’œil tant que je ne serai pas revenue. »

Puis je m’apprête à m’endormir, appréhendant quelque peu la journée de demain.


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Dim 1 Oct 2017 13:30 
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Arden – Palais

    Syrah acquiesça aux demandes de Leykhsa, prenant place à côté d’elle en fronçant un peu les sourcils. Son visage marquait une étonnante inquiétude pour son visage d’ordinaire si farouchement impassible pour une jeune fille de son âge.

    - Tu feras attention là-bas, hein ? fut cependant tout ce qu’elle dit.

    Le lendemain matin, la robe de Leykhsa arriva, admirablement nettoyée du sang et propre comme un sou neuf. Lorsque Leykhsa et Syrah eurent rejoint Cassandre, celle-ci déclara :

    - Je peux vous faire entrer sous le couvert d’une charrette à l’intérieur de l’enceinte du palais, dans un tonneau d’alcool – vide évidemment. Les nouveaux gardes ne sont pas habitués aux rondes de livraison et c’est un chargement quoi qu’il en soit habituel. Je ne peux promettre qu’ils n’en fouilleront pas le contenu, mais… c’est le mieux que je puisse faire considérant les circonstances et le temps pour préparer ceci.

    En effet, dehors, dans la cour de l’auberge et loin des regards indiscrets, se trouvait la charrette avec un conducteur qui n’était autre que Rorik. Il regardait Leykhsa, l’air grave et sérieux, manifestement conscient de la gravité de sa tâche. Il lui adressa un hochement de tête solennel et la semi-elfe fut invitée à entrer dans le seul tonneau vide.

    Ils se mirent en route, Leykhsa des plus à l’étroit dans le tonneau, encaissant les cahots du tonneau avec peine. Au bout d’un temps certain, ils parvinrent au palais, du moins c’est ce qu’elle put en conclure lorsque la charrette s’arrêta et qu’elle entendit la voix étouffée de Rorik discuter avec des gardes, sans en comprendre les paroles. Quelques temps après, la charrette se remit en route et s’arrêta peu de temps après. Elle put entendre que l’on débarquait les tonneau et, bientôt, sentit que c’était le sien que l’on faisait rouler sans ménagement avec elle à l’intérieur. Autant dire que sa tête en prenait un coup. Elle put néanmoins entendre la voix murmurée de Rorik, qui semblait pousser le tonneau.

    - On vous emmène dans un cellier, attendez un instant avant d’en sortir, que ça se tasse. C’est tout ce que je peux faire. Bon courage.

    En effet, en attendant quelques instants, le silence se fit et elle se retrouva dans un cellier, entourée de plein de tonneaux et de nourriture. De là s’éloignaient deux portes, une première menant vers les cuisines, manifestement, tandis que l’autre menait vers les étages à l’aide d’un petit escalier de service.


[Leykhsa – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (aparté), 0,5 (échange avec Yura), 0,5 (plan), 0,5 (prudence), 2,5 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Dim 1 Oct 2017 19:04 
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Alors que je m’installe dans mon lit, prête à décamper à la moindre alerte, Syrah hoche la tête, avant de se placer à côté de moi. Je vois néanmoins l’inquiétude se dessiner sur son visage d’ordinaire trop impassible. A ne côtoyer que des personnes qui veulent se servir d’elle, elle va finir comme moi. Ne sortant de son masque d’impassibilité que pour afficher des émotions négatives. De la peine, de la rancœur, de la méfiance… ou de l’inquiétude. La raison avancée apaise mes propres sentiments cependant. Elle me demande de faire attention. Là-bas. Une excursion dans un palais royal sous le contrôle ultra autoritaire d’un roi militaire, c’est sûr que ma mission ne sera pas de tout repos, ni exempt de risque. Mais j’ai le pendant d’Uraj, si je n’en ai pas besoin ce soir. Et le muutos. Après tout ces idiots ne connaissent rien à la magie, ils n’ont aucune raison de prendre des mesures contre elle, ce qui facilite grandement la tâche des gens comme moi… Depuis peu. Je m’étonne moi-même de songer à cette solution aussi rapidement, alors que ces pouvoirs ne sont en moi que depuis quelques jours seulement. Combien de jours, en fait ? Une semaine ? Difficile de compter tant ces journées ont été… Etranges. Peu importe. Je rassure Syrah d’un léger sourire.

« Ca se passera bien, ne t’en fais pas. »

Puis je m’allonge, tâchant de m’endormir. Demain sera rude. Il me faut du repos. Avant de ne fermer les yeux, cependant, j’entends la voix de Hrist, toujours aussi légère malgré les circonstances. Elle me dit qu’elle se serait presque inquiétée pour moi, joueuse, avant de me déclarer avoir bien reçu le message et m’affirmer avoir le temps devant elle d’organiser les défenses. Sans prendre la peine de lui répondre, je ferme les yeux. Je me sens plus légère, légèrement rassurée. Si j’arrive à saboter les forces encore présente, je devrais pouvoir détruire la chaîne de commandement et une certaine partie de l’armée de Valmarin. Les défenses seront prêtes… Illyria vaincra, je peux le sentir.

Le lendemain, je me réveille seule, un peu avant l’aube. Le ciel commence tout juste à s’éclaircir, et encore, et je suis heureuse de n’avoir pas été réveillée pendant la nuit par des bruits suspects. Visiblement Cassandre ne nous a pas (encore ?) trahies. Je me prépare rapidement, quoiqu’il n’y ait pas grand-chose à faire vu que j’ai gardé la plupart de mes vêtements sur moi, prends mes affaires et secoue doucement Syrah pour lui signifier de se lever à son tour également. Bientôt, quelqu’un frappe à la porte pour me rendre la robe d’Amaryllis, comme neuve. Eh bien, moi qui pensais le sang tachant… Rien de trop compliqué pour une maison luxueuse de ce genre. Je la plie et la range dans mon sac, me disant que je pourrais en avoir besoin au palais, avant de sortir de la chambre pour rejoindre le bureau de Cassandre, Syrah sur les talons. Je ne prends pas la peine de lui répéter mes ordres d’hier soir : la petite a été élevée pour ce genre de tâches, comme moi. Et elle est compétente… Comme moi…

Je secoue la tête. Taciturne, douée et docile, j’ai beaucoup trop l’impression de voir une version plus jeune de moi-même lorsque je l’observe, et ce sentiment ne fait que s’accentuer au fil des heures passées en sa compagnie. Comment finira-t-elle ? Arpentera-t-elle également un monde étranger dont elle ne connaît rien pour la simple lubie de son mentor ? Amaryllis l’enverra-t-elle accomplir quelconque mission suicide simplement pour la tester ? Si cela arrive, j’espère que cela aura au moins le même effet que sur moi. Celui de me faire ressentir les manquements de ma tutrice et, enfin, me faire voler de mes propres ailes. Peut-être un jour subira-t-elle la même expérience. Si elle parvient jusque là. Après tout les adolescents assassins survivent rarement assez longtemps pour atteindre l’âge adulte, je suis l’une des rares exceptions en ce domaine. Mais si vraiment elle est comme moi…alors au moins en a-t-elle les épaules. Si je ne suis pas celle qui cause sa mort avant cela… Je n’ai jamais subi d’épreuve aussi tordue et difficile que celle dans laquelle je suis en train de l’embarquer avant mon arrivée sur Elysian, et j’étais déjà bien plus compétente que lors de mes premières missions. Sera-t-elle sacrifiée sur l’autel de la survie de ce monde ? Sur l’autel de la preuve de mes compétences ?

Fort heureusement, je suis finalement coupée de mes pensées, arrivant devant la porte du bureau de Cassandre. Un peu plus et je réfléchissais assez pour lui demander de s’en aller. De rebrousser chemin et de nous laisser, entre grandes personnes, responsables de leurs actes, agissant par conviction et non obligation… Et voilà que la pensée retraverse mon esprit. Je sers le poing, les dents… Et chasse tout cela de mon esprit. Je n’aurais qu’à faire en sorte qu’elle rentre sauve à Illyria. Ca ne dépend que de moi après tout. Régler tout cela rapidement avant de nous faire disparaître d’ici.

Je mets ma main sur la poignée de la porte et entre, sans même penser à frapper. A l’intérieur, Cassandre a visiblement fini ses préparatifs, car bien rapidement elle m’explique le plan. Elle me fera entrer à l’intérieur du palais par un tonneau d’alcool vide, qu’ils doivent eux-mêmes livrer là-bas. Les nouveaux gardes ne sont effectivement, selon elle, pas habitués aux rondes et fouilles de ce lieu nouveau et le chargement est tout à fait classique, habituel. Autrement dit il y a peu de chance pour qu’ils n’ouvrent ma cachette. Elle conclut en disant que c’est le mieux qu’elle puisse faire compte tenu des circonstances, et je la rassure d’un hochement de tête.

« Ce sera amplement suffisant. Je saurai improviser si quoique ce soit arrive, que ce soit à la fouille ou à l’intérieur. De toute façon je ne compte pas laisser mon passage passer inaperçu ; il faut que les soldats de Valmarin me craignent avant la fin de la journée, car c’est moi qui ferai diversion lorsque nous aurons organisé la suite des événements. »

Je ne parle pas de manière hypothétique pour une bonne raison : rassurer tout le monde. Que ce soit mes interlocutrices ou moi-même. Cette mission sera menée à bien, c’est une promesse que je nous fais à toutes. Après tout je me sens en forme. Je n’ai jamais été si forte, si sûre de moi. Je découvre des possibilités infinies avec ma magie. J’ai le muutos avec moi. Valmarin n’a pas une chance. Je laisse finalement un sourire confiant apparaître sur mes lèvres, et conclue.

« Je serai de retour avec Trarik avant même que vous ne vous rendiez compte de mon absence. »

Sur ces mots, je montre que je suis prête, m’approchant de la porte, et bientôt Cassandre nous mène au rez-de-chaussée avant de nous conduire dans la cour, à l’abri des regards indiscrets. Là se trouve Rorik, qui n’est autre que le conducteur de la charrette. Il me regarde d’un air grave et sérieux, visiblement conscient de l’importance et de la dangerosité de sa tâche. Il devrait mener une clandestine au-delà de l’enceinte d’un palais aux mains de l’ennemi, en pleine période de guerres. Si nous étions découverts et que je ne parvenais pas à tuer tous les témoins, sa vie serait définitivement en danger. Mais moi je ne m’en fais pas. Prise d’une pulsion qui ne m’aurait jamais effleurée l’esprit avant mon arrivée sur Elysian, je lui souris.

« Tout va bien se passer, ne t’en fais pas, » le rassuré-je.

Puis, sans attendre une seconde de plus, je monte dans la charrette et prend place dans le tonneau, prenant soin de bien positionner mon arc, entre moi et mon sac, pour éviter qu’il ne s’abîme. Une fois contorsionnée à l’intérieur, le couvercle est reposé au-dessus de ma tête, me coupant la lumière et me plongeant dans un léger état d’angoisse. Je calme rapidement mon rythme cardiaque en contrôlant ma respiration, comme lorsque je m’apprête à tirer, fermant les yeux pour en maximiser les effets… Puis nous nous mettons rapidement en route, les tremblements du chariot venant percuter mon crâne. Bientôt viennent les cahots de la route, les trous dans la chaussée, les cailloux… chacun d’entre eux est un supplice, me provoquant une douleur à telle ou telle partie du corps, quand ils ne viennent pas simplement intensifier le mal de crâne qui vient me vriller peu à peu les tempes. Mais je tiens bon, me concentrant sur ma respiration tout le long.

Puis je me souviens de l’une de mes tâches de la journée, une tâche concernant le Prince Mastriani, héritier de la couronne. J’ai besoin de savoir qu’il vit. D’avoir le témoignage de celui qui l’a vu en dernier. Alors je me concentre sur cet elfe bleu rencontré à Ilmatar. Je ne saurais remettre son nom, si je l’ai déjà entendu, mais son aura, sa présence, sa personne devrait me suffire à lui envoyer un message. Après tout ces pendants d’Uraj sont connectés entre eux. Alors je tâche de le trouver avant de me concentrer, envoyant comme une bouteille à la mer.

Elfe bleu de Yuimen, ) appelé-je. ( Je suis Leykhsa, de Yuimen également. Je dois savoir où est Mastriani. S’il vit. S’il va bien. C’est impératif pour la résistance de la ville face à Valmarin. )

Voilà. Il devrait l’avoir. J’ai pris un risque en parlant de mes intentions, mais s’il s’est enfui lui-même avec le Prince, peu de chance qu’il soit du côté des bourreaux de sa mère. Savoir que leur dauphin est bel et bien vivant, et où, devrait ainsi motiver les troupes sûrement éparpillées d’Arden. Entre ça et le sauvetage (je l’espère) de Trarik, si celui-ci est bien vivant, nous aurons toute la force morale dont nous avons besoin pour organiser des poches de résistances, au moins suffisante pour porter un sacré coup à Valmarin. Je soupire à l’intérieur de mon tonneau, ignorant les douleurs qui commencent à me lancer un peu partout. Cette journée sera décisive à bien des égards. J’écarte ces pensées et me remets à mon exercice de respiration.

Bientôt nous ralentissons et des voix étouffées se font entendre au dehors. Je ne parviens pas à saisir ce qu’il se dit, aussi préparé-je une portion de mes fluides, prête à lancer un sort en cas de problème. Mais je n’ai pas le temps d’en imaginer un que nous nous remettons en route, signe, certainement, que nous avons passé un poste de contrôle. Nous nous stoppons peu de temps après, avant que les autres fûts ne soient bougés, un à un. Je profite de ce répit pendant lequel mon mal de tête se calme, mais rapidement c’est au tour de ma cachette d’être bougée sans ménagement. Mon crâne me lance rapidement de nouveau, ainsi que les différentes parties de mon corps en contact avec le bois, mais je parviens néanmoins à entendre la voix de Rorik à l’extérieur. Il me souffle que je suis emmenée jusqu’à un cellier mais que je devrai attendre quelques temps avant d’en sortir. Ainsi le roulement s’arrête. J’entends quelques bruits s’éloigner. Puis le silence. J’attends quelques secondes de plus, pour la forme, avant de pousser le couvercle et de finalement m’extirper de cette saloperie de piège à rats. Je sens l’air frais s’engouffrer dans mes poumons, balayant mon sentiment naissant de claustrophobie, et respire ainsi ce petit goût de liberté pendant les secondes qui suivent, m’accordant ce petit répit.

Mais rapidement je me fais violence et sors complètement de ce tonneau avant de remettre le couvercle sur le dessus. Autour de moi, deux portes seulement. L’une mène visiblement aux cuisines et en posant mon oreille dessus je peux entendre quelques personnes, comme s’afférant, malgré l’heure de la journée. L’autre mène apparemment à un étage, ce qui n’arrange pas mes affaires. Les geôles sont au sous-sol, logiquement. Si je dois monter des marches pour en redescendre deux fois plus peu de temps après, et cela tout en évitant tous les servants et les gardes… Tant pis. Ce sera les cuisines. J’active mon muutos, sort mon arc de mon épaule et cale une flèche entre deux de mes doigts et, de ma main libre, ouvre très lentement la porte des cuisines pour observer l’autre côté par l’embrasure. S’il arrive un moment où je peux passer jusque derrière un meuble sans me faire repérer, je sauterai sur l’occasion, me glissant dans les ombres, étape après étape, pour finalement rejoindre la porte la plus proche. Sinon, je me tiens prête à encocher cette flèche au bout de mes doigts. Si je suis repérée, je viserai le premier venu et lui dirai immédiatement de garder le silence s’il ne veut pas mourir. Même si tous me repèrent, tant pis. Je n’aurai pas le temps de les tuer alors je leur imposerai le silence de ma voix, leur affirmant le contraire. Il y a fort à parier pour que les cuisiniers ne soient pas de Valmarin après tout. Peut-être m’écouteront-ils.


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Mer 4 Oct 2017 16:14 
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Arden – Palais

    Dans la cuisine, Leykhsa pu voir deux personnes s'activer aux fourneaux, un homme bedonnant et son aide, tous deux entièrement dédiés à leur tâche, si bien que Leykhsa pouvait passer derrière eux sans se faire repérer.
    
La maisonnée s'éveillait, aussi, dans les couloirs suivant, elle dû faire très attention à ne pas se faire repérer, se masquant dans les ombres lorsque c'était nécessaire. Elle finit par s'approcher d'une aile moins utilisée du palais et, rapidement, elle trouva un escalier menant jusqu'en bas. Elle descendit sous terre l'équivalent de trois étages, tombant à trois reprises sur de lourdes portes fermées à clef. En bas s'en trouvait une ouverte. Il y avait de l'autre côté trois gardes en faction dans un long couloir de pierre éclairé de quelques braseros. L'un se trouvait près d'elle tandis que le second était au milieu et le dernier tout au fond à une cinquantaine de mètres d'elle. Aucun ne l'avait vu, pour le moment.

    Le long du couloir, il semblait y avoir plusieurs geôles froides et obscures. Soudain, un hurlement de douleur, retentit, provenant d'une cellule au niveau du soldat du milieu. Le cri reprit une nouvelle fois et encore une fois. Il s'agissait de la voix déchirante d'un homme.


[Leykhsa – xp : 1 (introspection), 0,5 (tonneau), 0,5 (message) 2 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Mer 4 Oct 2017 18:18 
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Lorsque je pénètre dans la cuisine, il n’y a que deux personnes à l’intérieur, s’activant aux fourneaux. Ils sont si préoccupés par leur tâche qu’ils font à peine attention à leurs alentours, et je parviens à tromper leur vigilance sans trop de difficulté, passant discrètement dans leur dos jusqu’à atteindre une nouvelle porte. Heureuse de ne pas avoir eu à me servir de mon arme, je passe bien vite dans la pièce suivante : les couloirs du palais. Les lieux se réveillent petit à petit, aussi dois-je faire attention pour ne pas me faire repérer, passant entre deux rondes, me cachant dans un coin sombre lors du passage d’un servant. Rien qui ne puisse venir à bout de mon muutos cependant. C’est ainsi que je parcours le rez-de-chaussée, quelque peu à tâtons, jusqu’à arriver dans une aile moins utilisée. Là, je trouve rapidement un escalier descendant, ce qui m’arrache un léger sourire. Ce ne fut pas si compliqué que ce à quoi Cassandre s’attendait. Il faut dire qu’elle n’est peut être pas habituée à travailler avec des gens comme moi. Surtout si l’on ajoute la magie à cela.

Je descends ainsi sous terre, parcourant d’interminables marches qui semblent plonger au cœur de la terre, tombant à trois reprises sur des portes fermées, avant de finalement en voir une ouverte. Il y a de l’autre côté trois soldats, gardant un long couloir de pierre à l’aspect plutôt sinistre. L’un est près de moi, un second à mi-chemin et le dernier à l’autre bout, très loin. Aucun ne m’aperçoit et j’en profite pour remonter quelque peu, discrètement, histoire d’être hors de leur vue. Ce sont définitivement les geôles ; j’ai pu en voir quelques unes de ma position et bien vite un hurlement à glacer le sang vient me donner une nouvelle affirmation. Ca ne peut-être que Trarik. En de telles périodes, il n’y a qu’un haut dignitaire de la faction rivale qui puisse se retrouver torturé dans le donjon d’un palais. Le cri s’arrête momentanément avant de reprendre, déchirant, m’attirant presque un frisson de dégoût. Ce qu’on lui fait subir est loin d’être agréable. Mais ça devrait s’arrêter très bientôt.

Ils sont trois, je suis seule… Ils ont des épées, moi seulement un arc… Mais ce sont de simples hommes et ils n’ont aucune idée de ma présence ni aucune raison de s’en méfier. Si le combat s’arrête avant de commencer, leur supériorité numérique et l’avantage que représente le terrain pour des armes de corps à corps ne leur serviront à rien. Trois cibles… L’espace de quelques secondes pour toutes les éliminer… Je me concentre. C’est dans mes cordes. Pour être certaine de bien les amocher, je me concentre d’abord sur ma magie. Ce que j’ai utilisé contre Leodos, pour être certaine de lui déchirer la gorge d’un seul coup, devrait faire l’affaire. Je le dose de toute la puissance magique dont je suis capable, et attrape la pointe d’une flèche pour m’entailler le bras, puisant tant dans mes réserves que dans mon énergie vitale. Comme une offrande à Phaïtos. Je sers les dents pour éviter de ne pousser un gémissement sous la douleur, mêlant sang et magie, avant de répartir cette force nouvelle dans mes bras. Puis je passe à la seconde phase.

Comme l’autre jour, contre ces créatures étranges, je me plonge dans mon for intérieur pour visualiser mes ressources physiques. Ce n’est pas bien différent de ce que je fais pour la magie, en fin de compte. Je vois cela comme une source physique, tangible, et je m’en sers. La difficulté ici réside dans le fait de décocher trois flèches, l’une après l’autre, en l’espace d’une fraction de seconde, sans perdre ni en puissance ni en précision. Pour cela il me faut donner autant de force que de vivacité aux muscles de mes bras et de mes mains. Alors je prends une partie de cette énergie physique pour la placer dans chacun des muscles utilisés. Mais la précision vient autant de mon œil que de mes membres. Alors je tente également d’affiner mes sens, qu’ils soient physiques, comme mes yeux pour mieux appréhender la position et la distance de chacun, ou mentaux, tâchant de clarifier au maximum mon esprit pour qu’il puisse calculer les informations perçues par tous mes sens rapidement. Il faut qu’au moindre mouvement adverse, mon œil soit assez précis pour le détecter et ma tête assez vive pour comprendre les mesures à prendre. Ainsi la coordination de tous mes mouvements est assurée. Mais je ne veux rien laisser au hasard alors, fermant les yeux, je visualise la scène dans mon esprit. Je me souviens d’abord de leur position. L’un est au fond. L’autre au milieu. Le dernier tout près. Lorsque je serai sortie de ma cachette, je devrai commencer par celui-là. Je me vois alors me décaler, prendre position, flèche en main, et tirer dans sa direction. Puis, alors que ma main va pour attraper un second projectile, mon bras gauche s’ajuste automatique vers le second, à quelques centimètres sur la droite, et ce avant même que le premier ne tombe. Ma main encoche une seconde fois et lâche aussitôt la corde avant de se replacer un tantinet sur la gauche, en direction du troisième, visant cette fois ci plus haut et plus loin alors qu’une dernière flèche vient s’amorcer. Je répète la situation plusieurs fois, faisant varier leurs mouvements, leur réactivité… Puis je mets mon plan en marche.

Mon énergie répartie dans chacun de mes membres, chacun de mes sens, j’active mon muutos pour plus de discrétion et me décale, m’avançant juste assez pour pouvoir viser sans encombre, une première flèche déjà encochée. Et je tire. Une première fois sur le garde le plus proche, une seconde fois sur celui du milieu, une troisième fois sur celui au fond de la pièce. Visant la gorge chez chacun d’entre eux.

Mais j’imagine déjà que ces projectiles peuvent ne pas toucher alors automatiquement après j’en attrape un quatrième, près à viser le survivant le plus proche de moi, en tout cas si celui-ci est au moins capable de bouger. Et si aucun n’est en état de m’attaquer, tant mieux, j’irai me placer directement face à la cellule d’où proviennent les cris pour coller cette flèche sous les yeux des personnes torturant son résident, les menaçants pour qu’ils ne fassent rien de stupide.


(((+1 000. Lance le sort Force Obscure au niveau 10 et tentative d’apprentissage de Tir multiple : Permet de décocher [lvl]/4 munitions simultanément (minimum 2, maximum 4. Un seul jet. PV infligé à la cible multiplié par lvl/4 (minimum 2).))))

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Ven 6 Oct 2017 15:51 
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Arden – Palais

    Il était indéniable que Leykhsa était ressortie de ses réflexion plus savante qu'avant, car, lorsqu'elle décocha ses traits, des deux premiers firent mouche, s'enfonçant dans la carotide des gardes qui s'effondrèrent dans un gargouillis atroce. Le troisième trait fila devant les yeux du dernier et il n'eut que le temps de tourner la tête et amorcer le geste vers son épée que des plumes fleurirent sur son visage, la flèche plantée dans son oeil.

    Leykhsa alla ensuite rapidement vers la salle de torture et eut tout juste le temps d'apercevoir un homme assis sur une chaise, les bras noués derrière le dossier, la gueule en sang, son menton reposant sur son torse. En face de lui se trouve une silhouette vêtue de noir dont elle voit à peine la forme avant qu'elle ne voit soudain une épée filer en direction de sa tête. Leykhsa a tout juste le temps de l'esquiver. Il s'agit d'un soldat aux mêmes couleurs que les précédents, vert et argent, celles de Valmarin. Il la regarde avec l'air féroce, prêt à tuer celle qui a tué ses compagnons.

    Pendant ce temps, elle reçut un nouveau message :

    (Pureté, écoute moi bien, c'est très important, j'ai besoin de savoir tout ce que tu sais quant aux armées qui viennent sur nous. Je vais peut-être être amenée à aider à la défense de la ville. Il faut que tu me répondes le plus vite possible.")


[Leykhsa – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (apprentissage), 1 (exécutions) 1 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: Arden - Cité des Hommes
MessagePosté: Dim 8 Oct 2017 11:35 
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Localisation: Elysian
La surprise de la princesse de voir devant elle son oncle a raison du mutisme paniqué qu’elle a conservé pendant toute la durée de notre trajet depuis les portes de la ville jusque dans cette cave d’auberge. Elle va se jeter dans les bras de celui qu’elle reconnait comme son oncle, mais se rend compte après un instant de la situation irrationnelle, et se tourne vers moi avec stupeur. Sa main se porte sur sa bouche quand elle découvre mon apparence réelle, bien loin de celle du garde de son père qu’elle pensait avoir accompagné ici. La servante se porte vers sa princesse, comme si nous voulions subitement l’attaquer. Taleb, de son côté, tente de calmer le jeu en apportant une réponse sur la situation à sa nièce, précisant que sans ces manœuvres indélicates, son paternel ne nous aurait jamais laissé l’approcher. Loin d’être rassurée ou apaisée, cependant, le regard de Leyla se durcit, et elle demande à son oncle ce qu’il veut. Elle s’interroge sur ce qu’est devenu le garde dont j’ai volé l’apparence, et sur mon identité. Elle ponctue sa question sans le moindre respect pour son sang, pliant aux mises en gardes fallacieuses de son père paranoïaque, se considérant subitement comme une prisonnière. Il tente de se justifier, en précisant qu’il ne lui veut aucun mal, me présentant comme un ami désirant le bien de tout Elysian, et accusant son père de causeur de torts pour son peuple. Il se tourne vers moi pour m’inviter à compléter ses dires, ce que je fais sans plus tarder, avec sérieux et calme.

« Plus que votre père, c'est l'alliance entre Sihle et Valmarin qui amène un déséquilibre néfaste des forces d'Elysian. L'empire qu'ils veulent bâtir n'existera pas, s'ils noient ses fondations dans le sang et la guerre. Et c'est vous, Valérian et vous-même, qui hériterez de ce vaste et instable territoire, où chacun vous détestera. C'est déjà le cas ici, à Arden, suite au meurtre ignoble de la Reine. Cela doit cesser. Pour le bien de tous, celui d'Elysian, mais aussi le vôtre. »

Je lui laisse une pause, courte, pour comprendre la portée de mes propos, puis j’enchaine.

« De bien plus graves soucis animent en ce moment cette terre, vouée à la destruction si ses peuples ne s'unissent pas et préfèrent se faire la guerre. J'aurais une question pour vous, princesse, si vous daignez y répondre : quelle est la nature de vos sentiments pour Valérian de Valmarin ? Le connaissez-vous ? Pensez-vous l'épouser par envie ? »

Puis, pour répondre à sa question et montrer ma bonne volonté et mon pacifisme, à défaut de pouvoir prouver mes bonnes intentions :

« Khafir va bien : j'ai orchestré un semblant d'attaque sur le campement pour détourner l'attention des gardes. Il doit éteindre l'incendie, actuellement. Je n'ai fait que voler son apparence temporairement. »

Sa réaction est loin de celle à laquelle je m’attends, cependant. Elle semble plus méfiante encore après mes paroles qu’avant, et s’écarte comme pour se mettre vainement hors de ma portée. Avec défi, elle rétorque qu’elle veut épouser Valérian parce qu’elle l’aime. Apparemment, ils sont tous les deux dans le même délire. Rien n’indique, cependant, qu’ils se soient déjà rencontrés, ni qu’ils n’aient partagé le moindre moment en privé, à deux. Je m’exclame :

« Mais le connaissez-vous, seulement ? »

Hargneuse, elle rétorque que oui, pensant que je la prends pour une chèvre. Je manque de lui répondre que je n’en suis pas loin, mais je me retiens et ravale, pour le bien commun, mon commentaire. Qu’est-ce que c’est que ça pour une réaction de pisseuse ? je fronce les sourcils, m’expliquant :

« Je ne pense rien de vous, je ne vous connais pas. Il vous aime en retour, soyez en assurée. Souhaitez-vous, par ailleurs, célébrer cet amour dans la guerre et le sang, et la haine, ou dans un monde en paix, comme le symbole d'une union ? »

Elle répond qu’elle n’a guère le choix, et que le fait qu’elle l’épouse ou non ne change rien au cours de la guerre. Je tourne des yeux. Quel manque d’ambition et de réalisme sur sa condition. En plus, elle a l’air de vouloir noyer le poisson. Je ne me laisse pas prendre :

« Vous ne répondez pas à ma question. Que souhaitez-vous, que vous l'imaginiez faisable ou non ? »

Elle répond, bien entendu, qu’elle veut un monde en paix, uni. Qui n’aurait pas répondu la même sans passer pour un tyran belliqueux fier et parvenu ? Au moins n’est-elle pas une putain de fanatique suivant la cause de la guerre pour la guerre comme son paternel, de ce que je sais de lui. Tatillon, je demandé :

« Et pensez-vous que cette guerre menée par vos pères aille dans ce sens ? »

Sans ciller, elle répond qu’ils cherchent à unifier Elysian. Je manque de pouffer, et rétorque, atterré :

« En tuant toute sa population comme ils ont tué la Reine d'Arden ? Pensez-vous vraiment que cela puisse marcher ? Pensez-vous que la paix se construira sur la peur et la mort ? »

Sa réponse me rudoie une fois encore, et je sens mes poings se serrer d’énervement. Elle affirme que la reine s’est sacrifiée pour sauver son peuple. Et que de tels sacrifices sont parfois nécessaires pour arriver à un but. Je serre la mâchoire, me retenant de lui faire une leçon de vocabulaire. C’était un meurtre, non un sacrifice : un sacrifice, c’est volontaire. Et faire un sacrifice pour parvenir à un but, c’est sacrifier quelque chose qu’on possède pour ce but, pas buter de sang-froid un être qui montre patte blanche. Amer, je secoue la tête et me contente de soulever ce qui fera avancer notre affaire.

« La vie de son... Mais par qui était-elle menacée, la vie de son peuple ? Seriez-vous prête à sacrifier la moitié de la population de la planète juste pour asseoir votre autorité ? »

Sûre d’elle, elle répond que le monde ne peut perdurer dans la division, et prône les besoins de l’unification. Foutaises. C’est de la manipulation de masse pour les esprits faibles et serviles, ça. L’explication officielle d’une prise de pouvoir violente et irraisonnée. Est-elle des esprits faibles ou des vils manipulateurs ? Rien ne l’indique pour l’heure, mais elle commence sérieusement à me courir sur le haricot, la princesse. Elle prend en exemple Sihle, unie par les sacrifices d’alors, et resplendissante maintenant. Avec plein de monde contre la politique en place, comme son propre oncle. Vive la beauté de surface. Je me fais plus dur en répondant :

« Sihle est la seule à prôner la division et la confrontation. Est-elle prête, pour la sauvegarde de ce monde, à se sacrifier elle-même ? »

Une petite provocation pour lui mettre devant les yeux ce que son roi et père demande au reste d’Elysian sans ciller. Puis, je secoue la tête et reprends sans attendre sa réponse : la question était rhétorique. Bien entendu que Sihle n’est pas prête à ça.

« Ce ne sont que d'hypocrites discours. Pour la sauvegarde de ce monde, pour la paix, pour l'union, et tant que le pardon est encore possible, il faut que cette alliance périclite. Vous pouvez m'aider à la faire céder. Ou vous dresser contre moi, car c'est mon but et je ne m'en détournerai pas, dussé-je tuer tous ceux qui s'opposeront à moi si je n'y parviens pas par une voie pacifique et diplomatique. »

Et là, la princesse joue l’effarouchée, elle qui parlait de sacrifice l’instant d’avant. Elle se dit outrée de mon ton. Une précieuse bien ridicule, finalement. De plus en plus amer de l’inhumanité de cette pétasse, je réponds sobrement, sèchement :

« Je suis celui qui vous propose une solution pacifique. Je suis l'allié d'Aaria'Weïla, le faiseur de Reine d'Illyria et le sauveur de la vie de votre promis. Mon nom est Cromax. »

Me prenant une fois encore de haut, elle affirme ne pas vouloir me croire en disant de surplus que ce ne sont que des noms. Sec, une fois de plus, je réplique :

« Ce sont des actes, non des noms. Vous avez demandé, je vous ai répondu. Libre à vous de me croire ou non. »

Je soupire. Plus que de tester les limites de ma patience, elle m’énerve pour de bon, cette fois.

« Vous êtes plus retorse que ce à quoi je m'attendais. Et obstinée, si vous ne voyez pas sagesse en mes mots. Est-ce si difficile à comprendre et à admettre ? »

Et là, au lieu d’admettre ses torts, elle se place en pauvre victime, se plaignant de s’être fait enlever dans son propre campement, et forcée de trahir son père et son peuple. Elle me provoque, même, en me demandant si elle doit tout de suite se jeter à mes pieds pour demander mon pardon. Cette fois, elle a dépassé les bornes. J’ai atteint mes limites de diplomatie, là. Elle joue la bornée précieuse, elle le sentira passer. Je me tourne vers Taleb, ne masquant plus mon impatience :

« Saurez-vous la raisonner, ou est-elle trop bouffie de fierté ? »

Puis, vers elle :

« Vous êtes celle qui peut mettre fin à cette guerre, et vous le ferez. De gré ou de force. Vivante au bras de votre aimé, ou morte à son côté. »

Puisqu’il en faut arriver aux menaces, je ne vais pas me gêner. Et ce sont loin d’être des menaces en l’air. Taleb, pour toute réponse, grimace, peu convaincu de mes mots. Qu’il vienne me critiquer, qu’il essaie seulement, lui qui m’a refilé le bébé entre les mains sans plus m’aider. C’est sa nièce, pas la mienne, merde. En plus, elle choisit de me prendre encore plus le chou en en rajoutant une couche, m’accusant moi d’utiliser la violence pour parvenir à mes fins, et me demandant de la tuer. La tentation est forte, sérieusement, mais je restreins ma pulsion, quand bien même est-ce contre ma nature. Car je sais que je ne tirerais rien de sa mort. Ceci dit, en ce qui la concerne, pour moi, c’est terminé. Elle a voulu jouer avec moi : elle va savourer sa défaite. Je me tourne vers Taleb, officiellement énervé :

« Bien. Donc nous n'en tirerons rien de positif maintenant. Je vous laisse prendre soin de votre nièce, le temps de régler quelques questions urgentes, comme une flotte belliqueuse pensant imposer sa loi à tout ce monde. Qu'elle ne quitte pas cet endroit. »

Et pour la saluer comme il se doit, je lui indique mes projets.

« Comprenez, princesse, que toutes ces vies que je vais prendre, vous pourrez les avoir sur la conscience, d'être restée coincée dans vos retranchement. Un... sacrifice nécessaire, comme vous appelez ça. »

Et alors que je me tourne résolument vers la porte pour m’en aller, elle me supplie de m’arrêter, et me demande ce que je compte faire, craintive et impérieuse. Avec un regard sanguinaire, tout à fait sérieux, je me tourne vers elle et sans plus mâcher mes mots, je lui dis :

« Brûler tous les navires de Valmarin que je trouverai sur ma route entre ici et Illyria. Tous. »

Horrifiée, elle reste un instant en silence, puis jette un œil à Taleb, qui confirme que j’en suis totalement capable. Serrant les dents, montrant enfin une faille, trop fière qu’elle est, mais pas complètement dénuée de morale pourtant, elle demande ce qu’elle peut faire pour les épargner. Je soupire, las, hésitant de la chance que je pourrais ou non lui laisser de se rattraper. Elle a dépassé les bornes, oui… mais ma volonté n’est pas dans le meurtre gratuit de toute une flotte. Aussi, soupirant, je referme la porte et planter mon regard dans le sien.

« Faire cesser cette guerre, peu importe le moyen. J'avais prévu, initialement, de vous tenir à l'écart pour mettre en péril votre mariage censé sceller l'union de vos pères, et ainsi tenter de faire monter une tension entre eux. Mais vous connaissez mieux que moi votre père : révélez-moi le moyen de mettre fin à cette guerre. Je dois l'arrêter, coûte que coûte, quel qu'en soit le prix. Pour l'avenir d'Elysian. Pas juste de Sihle ou de Valmarin. D'Elysian en entier. Je ne vous demande plus de me croire ou de me faire confiance, j'ai constaté que c'était vain. Mais cette guerre doit cesser, d'une manière ou d'une autre. »

Elle secoue la tête et répond, défaite :

« Nombreux sont ceux qui pensent que Bellangern est le véritable commanditaire de tout ceci. J'ignore ce qui l'a réellement poussé dans cette guerre, mais, actuellement, c'est Ashmane, mon père, qui prend les décisions les plus dures pour les deux. Je crois... Je crois qu'il ne voit rien d'autre que son propre pouvoir et sa volonté de rester à la tête des Clans malgré la fin de son mandat, devenir le véritable Roi-Guerrier qu'il dit être. Peut-être que si les clans étaient désunis... »

Elle laisse sa phrase en suspens. Et moi de grimacer :

« Comme vous le disiez, il est tard pour entreprendre de longues discussions avec les clans du Désert. La flotte de Valmarin vogue dès ce soir vers Illyria, et il faut l'arrêter avant qu'elle n'attaque la cité humaine. Ashmane, votre père, apprenant l'enlèvement de sa fille, pourrait-il faire temporairement cesser toute activité belliqueuse auprès de son allié marin ? »

Puis, après une courte réflexion :

« S'il peut, nous pourrons envisager une discussion avec les Clans. S'il veut, mais ne peut pas, j'arrêterai moi-même la flotte de Valmarin. Et alors nous pourrons envisager la discussion. S'il ne veut pas... ma foi, sa guerre amènera son lot de morts. »

Elle hésite un moment, avant de prononcer une conclusion entre deux eaux. Peut-être le fera-t-il, pendant un temps. Le temps qu’il lui faudra pour découvrir ce qu’il est advenu de sa princesse et fille. Ce qui me laisse une sacrée marge de manœuvre, avec mes possibilités de déplacement. Je hausse les épaules : ce n’est pas la meilleure des réponses, et je suis toujours irrité par son comportement précédent. Mais il faut faire bouger les choses.

« Alors, il est temps de lui apprendre votre sort, princesse. Dites à votre servante d'ôter ses habits : je vais en avoir besoin. »

Et sans plus attendre, je prends les traits de sa servante, devant leurs yeux ébahis. Une apparence qui, quoique j’aie déjà arboré le sexe féminin, ne m’est pas des plus confortables. Après un instant de stupeur, les deux femmes mal à l’aise vont concéder à ma demande, sous le regard attentif de Taleb, et me faire parvenir les habits de la servante, dont elle se dévêt à l’abri de la cape de Taleb, prêtée à Leyla pour l’occasion, sous sa demande. Je détourne moi-même le regard pour ne pas l’embarrasser plus que de rigueur. Une fois les vêtements confiés, par la princesse elle-même, je les enfile sans plus tarder, laissant sur place le superflu, ainsi que mon sac et ma rapière. Je ne garde sur moi que mon arme métamorphe, changée en épingle pour maintenir le drapé de mes habits. Pourvu de ma nouvelle apparence, et afin de m’habituer à ma nouvelle voix, j’annonce :

« Que nul ne bouge d'ici avant d'avoir de mes nouvelles. »

Et sans plus tarder, je quitte l’endroit avec ces consignes claires que j’espère respectées. Au moment de sortir de l'endroit, je reçois un message de Hrist, me prévenant de la situation à Illyria : elle sait que les armées d'Arden fondent sur Illyria, et m'assure la sauvegarde de la reine, et l'annihilation de l'assassin censé la tuer. Ainsi donc elle était bel et bien en danger. Je décide de lui répondre instantanément :


(Message reçu. Princesse de Sihle enlevée, je vais faire chanter son père pour que cette guerre cesse. Je m'occupe des armées de Valmarin venant de la mer : ils n'atteindront pas les abords d'Illyria.)


Il n’y a plus un moment à perdre : je dois rejoindre le campement au plus vite – en volant, donc – et me poserai non loin pour, sous cette apparence leur étant familière, tenter d’avoir une entrevue avec Ashmane lui-même. Et sans hésiter de rentrer dans mon rôle, en arborant un air paniqué.


[2720 mots]

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