Anastasie Terreblanc a écrit:
Je comprends bien ce que tu veux dire, mais c'est partir du principe qu'après une faute il n'y a plus qu'à se contempler dans sa merde. On se met dans la merde, oui, mais l'autre nous y laisse. Et je ne parlais pas de l'exemple de Guasina, parce qu'à ma connaissance cette adolescente ne lui a pas dit qu'elle avait vraiment besoin de garder son portable, et surement n'en avait-elle pas vraiment besoin.
Et le problème ne vient pas de l'informatif (enfin, si, mais ce n'est pas là l'intégralité de mon propos), il vient avant tout du fait que l'on expose des responsabilités à des adolescents, mais que l'on ne peut pas leur imposer les mêmes conséquences qu'à des adultes, à moins que l'on ne les considère pleinement comme des adultes. A partir du moment où ce n'est pas le cas, on leur dit "tu fermes ta gueule quand on te le demande, par contre tu encaisses les mêmes conséquences que les adultes, qui ont le droit de l'ouvrir même quand on leur demande de la fermer". C'est un truc qu'il me semble avoir déjà critiqué deux ou trois fois ici, mais la façon dont on traite l'adolescent en France me parait plutôt absurde, et elle peut expliquer en partie pourquoi certains (surtout ceux qui ont déjà des difficultés, dues à leur milieu, par exemple) ont le besoin d'exprimer une rébellion parfois absurde.
Je ne suivrai pas l'ensemble de l'argumentaire sur la question de la règle, du respect de la règle, suivant qui l'édicte, qui doit la respecter, et les relations asymétriques qui existent entre ces deux groupes. Par manque de temps de temps et par manque d'envie.
Je tiens simplement à signaler que le problème ne se cantonne pas à une relation entre classe d'âge (adolescents/adultes) au sein du milieu scolaire, et que les situations dans laquelle on demande à un groupe de se taire et de respecter la règle sont légions. Ce qui fait que ton propos peut tirer la conversation bien plus loin que le cas scolaire.
Dans la situation que tu dépeins, tu prêtes à l'adolescent la capacité d'avoir une réflexion, une intelligence de la situation (mon portable est un objet qui m'est nécessaire) pour justifier le refus de se le voir confisquer. S'il est rationnel et cohérent à ce point, je n'en démords pas, quelque soit la manière dont on le considère de l'extérieur, il est parfaitement capable de ne pas contrevenir à la règle, et de conserver son bien. S'il ne le fait pas, et s'offusque par la suite, et expose un refus d'obtempérer, je trouve que c'est un degré bien bas de la rébellion (ce qui risque par la suite cantonner ceux à qui il expose sa rébellion dans l'idée que les adolescents sont franchement cons), voire de l'hypocrisie complète.
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4