Anastasie Terreblanc a écrit:
Parce que je ne comprends pas que l'on ne soit pas d'accord avec l'idée selon laquelle on a le droit d'exiger la fidélité.
Déjà, la fidélité est une notion fluctuante : tu as exclu le fait d'aller voir ailleurs de la fidélité, alors que certains considéreront que c'est justement que c'est une trahison. D'ailleurs je n'oppose pas fidélité à trahison, mais confiance à trahison. Cette notion fluctuante exige que l'on pose des conditions de départ.
Je n'ai rien contre la fidélité, elle peut faire partie de conditions de départ du vivre ensemble pour un couple. Que cela prenne la forme d'une exigence, ça commence à plus me déranger, en effet. Dans les conditions où tu as exposé la situation, il me semblait que dispenser confort matériel suffisait à donner à l'un des partenaires une position dominante sur la détermination des comportements acceptables ou non de l'autre. La relation me paraissait inégalitaire, et ton souci - louable - de dissiper l’opprobre qui pèse sur les femmes fréquentant des hommes pour leur argent ne fait que troquer un critère de respectabilité catégorique contre un autre, un poids, une contrainte, contre une autre. Je m'interroge sur le bien fondé de ces critères de respectabilité, et sur le poids qu'ils font peser sur l'individu.
Ta position est en quelque sorte très progressiste : voilà le couple dégagé de toutes les valeurs morales superflues, un contrat - une sorte de mariage au fond - où chacune des parties s'engage à fournir un service sous certaines conditions, parmi lesquelles l'exclusivité. Le pendant de cette forme de contractualisation renvoie directement au parallèle que je faisais avec la relation entre un patron et un salarié. Autant certains contrats mettent en relation des égaux, autant on peut se demander dans quelle mesure certains contrats - c'est le cas du contrat de travail - instaurent une relation asymétrique - d'où un droit du travail fourni.
Ce n'est pas avec la fidélité que je ne suis pas d'accord, mais avec le système de relations humaines que tu dépeins, comme tu le dépeins.
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C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4