Rha, rha, rha, c’est la mêlée, le tumulte, le charivari sur cette plate-forme reconvertie en vraie arène de gladiateurs, voire en fosse de combat, les deux lutteurs que nous sommes moi et Glaya nous évertuant à repousser tout ce qui passe à portée de lame dans une véritable frénésie de coups assénés à répétition sur ces adversaires si innombrables que cela en serait désespérant. De fait, les vagues de géants à la peau vert sombre ont l’air vouées à ne jamais connaître de fin, mais maintenant que la paladine puis moi avons sauté dans la purée, nous n’avons pas vraiment d’autre choix que de nous démener avec autant d’ardeur que nous le pouvons pour limiter les dégâts… et de préférence survivre, même si, avec la fougue de cette foudre de guerre rousse, on dirait qu’il y a peu de chances qu’elle se fasse submerger. De fait, c’est bien évidemment elle qui abat la plus grosse partie du boulot ainsi que des troupes, et de mon côté, je me cantonne bien sagement à cisailler à coups de couteaux tout ce qui rentre dans mon champ de vision immédiat pour soutenir mon équipière sans chercher à jouer les héros, déjà que je me suis suffisamment mis dans la panade comme ça. D’ailleurs, malgré cette arme fatale qu’est cette furie faite femme, et l’aide peu prononcée mais bien présente de carreaux venus d’en haut qui percent l’armée adverse, notre entreprise n’est en rien promise à un succès sans défauts, au contraire, et en dépit de mes mouvements d’esquive dignes du crotale le plus agile, j’écope d’un coup brutal qui me manque de peu l’œil droit, me fendant méchamment l’arcade sourcilière en une blessure qui m’aurait certainement ébranlé si je n’avais pas été à ce point galvanisé par la boisson des braves ainsi que par le tourbillon de ravages au sein duquel nous sommes pris.
Mais alors que notre intégrité physique paraît réellement salement compromise, le champ de bataille voit survenir l’arrivée d’un véritable rocher de catapulte en la personne de Krochar, masse de muscles environnée de ténèbres qui choit lourdement à quelques mètres de notre position avant de se mettre à tailler joyeusement dans la mêlée, râlant et beuglant. Dans des circonstances plus ordinaires, j’aurais sans doute été saisi d’un tel spectacle, mais en l’occurrence, la situation est à ce point prise dans un hourvari de violence que je reste focalisé sur ce troupeau de jambes face à moi que je fauche à qui mieux mieux de mes instruments de découpe certes guère imposants mais d’une efficacité appréciable, particulièrement la dague de feu l’embusqué qui scie véritablement les mollets comme du tissu. Cependant, bien vite, je me retrouve pour ainsi dire à court de travail –chômage technique dont je ne me plains pas-, car entre le géant environné de noirceur tranchant et estoquant, et la demoiselle inébranlablement farouche moulinant et frappant, nos ennemis ont suffisamment à faire pour ne pas se soucier d’un péquin de bas étage comme moi. De cette façon, les assaillis deviennent vite les assaillants, et contre toute attente très certainement, voilà que grâce à une stratégie de harcèlement suivie d’une approche frontale beaucoup moins tactique, nous reprenons la supériorité numérique puisqu’en comptabilisant Lindeniel et Kerkan, ça fait cinq contre trois. Bien sûr, ce dernier n’a rien fait durant la deuxième partie de la lutte d’autant que je puisse en juger, mais bon, avec son corps chétif de jeunot peu habitué à en découdre et son manque de tripes, on ne peut pas vraiment lui en vouloir de ne pas avoir eu le cran de traiter le mal à la racine comme les peaux vertes qu’il déprécie tant l’ont fait, n’hésitant pas à se porter à la rescousse d’une humaine ! Encore pris dans la fougue du combat, c’est avec la ferme intention de les réduire en pièce que je me précipite sur les survivants, mais à la grande déception de la teigne que ce tumulte m’a fait momentanément devenir, les voilà qui déposent les armes au sens littéral du terme alors qu’ils se mettent à grogner quelque chose que je ne comprends qu’à moitié.
(Qu’est-ce qu’ils jacassent ceux-là ? - Ils se rendent, cornichon, c’est évident, non ?)
Ah oui tiens, maintenant qu’elle le dit, ça l’est, et en fait, il est tout aussi évident que je ferais mieux moi-même de mettre un terme aux hostilités, car si nous avons le dessus à nous quatre (rendons tout de même justice à l’hiniön de s’être donné la peine de tirer quelques carreaux), les garzoks restants font tout de même pas loin de deux fois ma taille et pourraient facilement me broyer le crâne dans un seul de leurs gros poings. Encore éberlué par cette accalmie soudaine après une telle boucherie toutefois, je reste un moment bêtement planté devant ceux qui ont si récemment acquis le statut de prisonniers, brusquement ramené à la réalité lorsque l’effet de la boisson des braves prend fin et qu’une douleur lancinante se rappelle à moi à l’endroit où ma plaie est apparue sur mon front, plaie d’où le sang ruisselle indolemment. Laissant retomber plus que rangeant mes armes, je ne retiens pas un grognement de douleur tandis que ma main se pose sur la substance pâteuse qu’a formé mon liquide vital en commençant à se coaguler, faisant ainsi office de pansement naturel de fortune. Il faudra d'ailleurs s'en contenter étant donné que la situation actuelle ne se prête guère à faire le douillet, raison pour laquelle je réponds laconiquement à la question de Krochar, ma blessure n’étant de toute manière pas si grave que ça bien que douloureuse :
« Je survivrai… »
Du côté de Glaya, ce n’est pas beau à voir : on dirait qu’elle vient de passer une nuit sur un matelas fait de hérissons alors qu’un géant lui aurait consciencieusement bastonné la jambe, ce qui ne l’empêche pas d’acquiescer vivement, l’arme toujours en main, affichant une expression à moitié résolue, à moitié hallucinée qui lui est propre. Mon gatch bratty, qui n’a pas non plus épargné sa peine, a manifestement pris assez cher lui aussi, mais de toute évidence, ce n’est pas quelque chose qui l’handicapera sévèrement, autant du fait de sa robustesse naturelle que des pouvoirs que ce fichu esprit lui a fait gagner. Pour finir, comme on aura pu s’en douter, les deux nigauds n’ont pas une égratignure, ces grands héros ayant choisi de se sacrifier pour le bien commun et de rester courageusement à l’écart de l’affrontement par égard pour nous qu’ils auraient certainement pu gêner. Mais bref, ce n’est pas le moment de se disputer –encore une fois-, et de toute façon, même si je le voulais, cette échauffourée brutale m’a tellement coûté qu’il va me falloir quelques minutes de sursis avant que je puisse faire quoi que ce soit. Cependant, je ne m’aperçois qu’après quelques instants d’un calme relatif bien sordide que le sort de nos prisonniers reste à déterminer, question sur laquelle je suis fort hésitant pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais été confronté à une situation pareille, ne sachant donc guère comment m’y prendre, sans compter que la marée de cadavres dans laquelle je patauge littéralement n’aide pas à la réflexion. Heureusement, une fois n’est pas coutume, notre paladine attitrée se décide à ne pas prêter attention aux paroles de cet étourdi de Kerkan (pas plus qui quiconque d’autre d’ailleurs, ha !), prenant les devants en s’éloignant des trois garzoks sans sembler faire attention à eux pour revenir munie de longues et épaisses cordes dont elle a l’intention de faire un usage qui saute aux yeux. Ainsi, en silence, sous la garde vigilante de Krochar qui veille à ce que les soumis ne reviennent pas sur leur décision, moi et Glaya les mettons pieds et poings liés, formalité d’usage à laquelle les géants se prêtent avec une mauvaise grâce évidente mais sans broncher, manifestement résignés.
S’ensuit alors un autre moment de latence pesante durant lequel tout le monde regarde un peu tout le monde dans l’attente de ce qu’un autre pourrait bien décider de faire, si bien que je finis par prendre sur moi pour faire un pas en avant et me camper devant le trio en m’efforçant de me donner une contenance. A mon approche, le plus grand, le plus costaud, le mieux équipé et le plus couturé de cicatrices de nos ex-adversaires lève la tête pour me fixer avec une incrédulité mêlée de dédain évidents, ce joyeux drille devant de toute évidence être ce qui peut s’apparenter le plus au meneur de la bande puisque c’est à peine si les autres réagissent de leur côté. Ainsi, comme nous avons tant de questions qui nous brûlent les lèvres depuis le commencement, autant tâcher d’y apporter la clef maintenant que nous avons des interlocuteurs consentants –hum- sous la main, même si les interrogatoires sont tout sauf ma spécialité. En tout cas, les autres ont l’air de suivre le mouvement, car non seulement personne, pas même Lindeniel, n’émet la moindre remarque ou objection, mais en plus, le combattant attitré de notre escouade vient se placer à mes côtés, menace assez explicite qui fait perdre de sa goguenardise à mon interlocuteur auquel je m’adresse quelque peu maladroitement, parlant un idiome certes exact grâce à Minil’emnil, mais qui n’en reste pas moins prononcé de façon assez bêtement monocorde :
« Qu'est-ce que vous faites ici ? » Ânonné-je pâteusement.
Par acquis de conscience, je répète également ma phrase dans une langue plus commune afin que tout le monde puisse comprendre le contenu de mon dialogue, impératif particulièrement important dans la mesure où les deux péteux aux cheveux longs seraient bien de nature à s’imaginer que moi et Krochar nous en allons comploter avec l’ennemi. Dans un premier temps, je me dis que je n’ai pas dû articuler suffisamment bien (Il ferait beau voir que tu te sois trompée !) (Un peu oui !), car le garzok me regarde avec des yeux ronds, puis, se reprenant un peu, répond succinctement par un sibyllin :
« On monte la garde. »
Voilà que c’est à mon tour d’être pris au dépourvu par ceci qui n’a certes rien d’incorrect, mais qui relève parfaitement du comportement d’une personne qui, quelle que soit sa situation, a tout de même en travers de la gorge de devoir se plier aux directives de quelqu’un dont il fait pas moins d’une fois et demi la taille. Ouais ben il n’est peut-être pas très jouasse, mais je n’ai pas non plus le cœur en fête ; alors s’il pouvait cracher le morceau sans tirer la tronche, je crois que ça permettrait de mener notre affaire à terme d’autant plus vite et nous arrangerait donc tous autant que nous sommes. Quoi qu’il en soit, au lieu de pousser une gueulante ou de le planter comme n’importe quel sekteg sapajou mal élevé l’aurait fait, je me contente d’étouffer ma bouffée d’énervement dans un grognement de dépit avant de répéter la phrase de ce gaillard fort peu coopératif pour mes équipiers, la traduisant en la ponctuant pour la forme d’un « Il a dit : ». Ensuite, résistant à l’envie de lui cracher quelque chose de désobligeant, voire d’injurieux, à la figure, je précise mon propos aussi correctement que possible :
« C'est pas ce que je veux dire. Qu'est-ce que vous faites tous ici ? Qu'est-ce que des garzoks ont à faire dans des mines torkines ? »
Cette fois-ci, il prend une attitude plus sérieuse, réalisant manifestement que je ne suis pas plus que lui là pour rigoler, et répond d’une traite en se montrant pour le coup beaucoup plus disert en prononçant la phrase ci-dessous que je retranscris oralement à l’intention de mes compagnons. D’ailleurs, à l’avenir, je ne le préciserai plus, mais qu’on se le dise : chaque réplique que je sors et chaque retour que j’ai, je le rends aussi fidèlement que possible à haute et intelligible voix de façon à ce que tout le monde soit mis sur un pied d’équité par un apport de connaissances quantitativement exact.
« On est venus dirigés par un humain, Yallec Vario. On a rouvert la mine qui était fermée et on a dû déblayer les plus profondes galeries pour trouver une boule magique. »
Oh oh, voilà qui est intéressant : non seulement quelque chose me dit que cette « boule magique » a un rapport direct avec ce pour quoi nous avons traversé tant de déboires depuis le début de nos pérégrinations, mais en plus, ce n’est pour le moins guère commun qu’un humain mène ainsi la danse de garzoks qui, pour autant que j’en sache, préfèrent souvent mourir plutôt que de se soumettre à une autorité extérieure. D’ailleurs, cette révélation, qui doit n’être que la lisière de la forêt en dissimulant une foultitude d’autres, éveille si bien mon attention que ma question suivante fuse littéralement de mes lèvres avant que je ne puisse la retenir :
« Pourquoi vous obéissez à un humain ? »
Comme on pouvait s’y attendre, le grand et fort guerrier n’apprécie guère que je touche ainsi du doigt ce point effectivement honteux puisqu’il prend un visage à la fois outré, colérique et repentant pour quasiment aboyer avec une mauvaise humeur compréhensible :
« C'est pas par plaisir ! On nous a ordonné de le suivre jusqu'à nouvel ordre... »
Ah, « ordre », voilà un mot odieux qui m’est familier, et je crois bien que si jamais j’entends encore une fois dans ma vie quelqu’un s’adresse à moi dans les termes de « C’est un ordre ! » ou autre faribole tyrannique de ce genre, je l’amputerai de la langue ! Ainsi, je comprends fort bien la rancœur profonde de cet homme, rancœur qui ne doit d’ailleurs rien avoir à voir à proprement parler avec notre intrusion et notre…notre massacre. Oui, il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cette boucherie, et même si nous n’avions pas le choix, c’est un sacré coup au cœur que de constater un si sordide résultat. Quoi qu’il en soit, malgré notre statut d’ennemis, je dois avoir qu’il commence à m’être sympathique, aussi est-ce en hochant machinalement la tête en une sorte de signe d'empathie que je poursuis :
« Qui ça "on" ? »
Sur le coup, je peux constater quelque chose que je n’aurais pas cru si facilement possible de la part d’un gars avec les tripes si bien accrochées qu’il peut encaisser la mort de tant de compagnons sans montrer de faiblesse : à l’idée de devoir divulguer l’identité de celui qui tire les ficelles, la couleur de son épiderme facial passe momentanément d’un vert bouteille sombre à un vert pomme clair qui révèle combien cette simple éventualité le crispe. Moi-même, assez inquiet de savoir qu’il existerait dans les parages une entité capable de flanquer une telle frousse à un chef garzok, je reste suspendu à ses lèvres, en oubliant d’avaler ma salive :
« C’est… » Articule-t-il finalement d’une voix étranglée, prenant une inspiration vibrante pour se donner du courage avant de lâcher à mi-voix dans un irrépressible frisson de crainte que ses deux adjoints subissent aussi. «…Aerq, l’un des treize. »
Heu…là, sur le coup, vraiment, je me dis que ça doit certainement être quelqu’un de très balèze, membre d’une congrégation de grand pouvoir, mais hormis cette déduction logique, je ne peux mobiliser aucune information, cette confusion suscitant en moi une interrogation à laquelle Minil’, anormalement hésitante, finit par répondre en me faisant d’abord promettre :
(Ce n’est pas à n’importe qui de savoir ça, alors je vais te le dire, mais… -…motus et bouche cousue. -Bon…) Un petit temps de pause avant qu’elle ne se décide à me dire d’un seul tenant pour faire passer la pilule d’autant plus franchement. (Oaxaca a treize lieutenants particuliers à son service, et Aerq est l’un d’entre eux.)
Yumni ! Miséricorde ! Ce n’est pas possible ! Tout le monde est au courant de l’histoire d’Oaxaca, cette demi-déesse, fille de Thimoros, si redoutée dans le monde entier que plus d’un sont ceux qui craignent même de prononcer son nom. Destruction, massacre et domination sont les trois étapes du fonctionnement de l’armée à la tête de laquelle elle est, et il est le rêve de tout bon sekteg servile et ahuri qui se respecte de joindre ce corps d’armée meurtrier si prestigieux aux yeux de ceux qui ne jurent que par la violence la plus pure et simple possible. Oui, je savais que sa menace planait sur le monde, mais tout comme personne ne veut envisager sérieusement l’instant de sa mort, je m’étais toujours figuré qu’elle était occupée vers d’autres horizons et que je n’aurais donc jamais l’occasion de la côtoyer de près ou de très loin. Et voilà maintenant que j’apprends qu’un de ses larbins les plus fidèle et les plus puissants serait au bout du compte à la tête du camp auquel nous nous confrontons présentement ! Cela va de soi, je ne fais pas part d’une information aussi considérable aux autres, d’une part parce que cela ne ferait que les alarmer, mais d’autre part parce qu’ils se demanderaient évidemment d’où je peux tenir des renseignements normalement aussi secrets…et il va de soi que je ne sortirais pas indemne de pareils investigations lancées à mon encontre, surtout quand on connaît la méthode d’un certain aquamancien pour faire cracher le morceau à quelqu’un ! Toujours est-il que je suis stupéfié de manière facilement visible –on le serait à moins-, et ne peux m’empêcher de m’écrier, ou plutôt de glapir précipitamment :
« Il est ici ?! »
Sur le coup, me voir être saisi de pareilles craintes donne un regain de confiance au garzok qui reprend de sa superbe et se fend d’un sourire grinçant alors qu’il répond tout de même avec une franchise qui se lit dans la manière dont il garde pour autant son sérieux :
« Non ! Sinon, vous seriez déjà morts... »
Perspective qui ne fait que confirmer que cette aventure est décidément une véritable souricière à grande échelle, même s’il reste que je peux souffler de soulagement en apprenant de la sorte que si nous devons rencontrer cet Aerq, ce ne sera logiquement pas avant un bon moment que j’espère aussi lointain que possible, voire inexistant ! Toutefois, j’en ressors tout de même avec une amertume au cœur et une grimace déconfite sur le visage que l’on pourrait attribuer au déplaisir de voir ce malabar se moquer de moi, mais qui est en réalité due à l’idée fort peu enthousiasmante qu’il existe ainsi pas moins de treize agents voués au mal de la manière la plus efficace qui soit : ça donne le vertige ; le genre de vertige qui vous donne envie de tomber en arrière et de vous évanouir plutôt que de continuer à contempler un vide aussi vertigineux. Mais allons, il ne faut pas que je perde ma vitale entreprise de vue, aussi, à la manière de mon interlocuteur l’instant d’avant, j’avale une bonne goulée d’air pour me remettre les idées en place et, réfléchissant à ce qu’il a dit précédemment, je reprends ses propos passés :
« Et cette boule magique, tu sais quoi dessus ? Elle ressemble à quoi ? »
A cette question, il reprend tout à fait son professionnalisme de prisonnier, et, le sujet requérant manifestement un certain degré de réflexion, le voilà qui plisse les lèvres alors que son regard se fait vague, notre ami monopolisant toutes ses facultés intellectuelles. Bon, hein, ne soyons pas méchant : je n’insinue pas, contrairement aux clichés qui courent sur les garzoks, que son intelligence est limitée, et je conçois qu’étant donné que l’objet en question est de toute évidence un artefact d’assez gros calibre, le définir pose quelques difficultés. Pour autant, j’aurais apprécié quelque chose de plus exhaustif niveau description, car celle à laquelle j’ai droit est fâcheusement succincte et vague :
« C'est comme un brouillard marron. Les gens qui entrent dedans vont autre part. »
Allons donc, un brouillard marron, rien que ça, et rien de plus que ça ! Franchement, si je ne lisais pas dans les yeux de ce bon monsieur une inflexibilité farouche signe d’une forme certaine d’intelligence ainsi que d’une franchise résolue, je pourrais croire qu’il lui manque une case ou qu’il essaie de me mener en bateau. Mais puisqu’il nous divulgue cette vérité de toute évidence difficile à rendre aussi bien qu’il le peut, ces options sont à écarter, ce qui nous laisse avec une sacrée incertitude quant à savoir ce que ce fameux machin peut bien être et comment il fonctionne. Toutefois, après une rapide consultation de la spécialiste universelle faeresque, il s’avère que (ça pourrait bien être un fluide spatial) ; encore une bricole de sorcier dont j’ignore l’existence (pas étonnant : niveau magie, c’est du lourd !) : les fluides ont vraiment cette propriété là ? (Puisque je te le dis : ça sert à créer une sorte d’ouverture pour aller d’un point à un autre…une sorte de téléportation si tu veux.) Dingue ça ! Décidément, y’a beau avoir de gros pépins dans cette aventure, ça n’empêche que ça me fait en découvrir des choses, et si le quotidien d’un aventurier est ainsi fait, je sens bien que je ne vais décidément pas regretter d’avoir tout balancé pour courir le vaste monde ! Ayant repris du poil de la bête à l’évocation de quelque chose qu’il serait si stimulant et excitant de découvrir, c’est d’un ton presque joyeux qui doit jurer affreusement avec la solennité requise pour un interrogatoire que j’enchaîne après quelques secondes à peine de réflexion :
« Tu sais où elle est ? - Tout en bas, au bout de la galerie avec une porte. » Répond-il sans hésiter à ma grande satisfaction.
Et ben voilà, l’affaire a l’air remarquablement simple : on suit le chemin qu’il nous donne, on trouve ce drôle de brouillard brunâtre, on rentre dedans, on y fait ce qu’on a à y faire, et avant même qu’on s’en rende compte, toute cette affaire sera réglée, nous aurons sauvé la Dame des Rêves, et nous pourrons resplendir de gloire en toute quiétude ! Oui, bon, d’accord, ça ne se déroulera certainement, mais alors là très certainement pas comme ça si l’on en juge à l’aune de ce qu’a été notre progression jusqu’ici, mais bon, ça ne peut pas faire de mal d’observer un peu de bonne volonté et d’optimisme ! Hélas, comme par hasard, il faut que l’autre colosse vienne me briser mes illusions lorsque, après un court instant passé à remuer pensivement quelque remembrance, il se montre incroyablement honnête en me prévenant :
« Il y a des pièges, mais je ne sais pas quoi. »
Aussitôt, je suis nettement moins jouasse, forcément, et, troquant presque involontairement mon allure confiante contre une expression plus renfrognée, je le fixe d’un air certes fermé mais aucunement dédaigneux auquel il fait miroir avec l’impassibilité empreinte de dignité dont il a fait montre jusqu’ici. Vraiment, ce gaillard me laisse perplexe à se montrer aussi coopératif alors que nous venons tout de même de lui infliger de même qu’à ses compagnons une cuisante défaite, qui plus est d’une manière peu loyale…serait-ce là une composante de l’honneur des garzoks si cher à Krochar qui trouverait un écho chez cet homme ? Il est en effet fort possible qu’en sa qualité de vaincu, il se sente obligé de se soumettre au vainqueur, mais bref, se préoccuper d’un tel détail n’apportera rien de constructif, alors autant en revenir à l’objet de cette discussion. Un moment, je pense à le cuisiner un peu sur ces pièges, mais étant donné qu'il n’a ainsi qu’il l’a mentionné aucune donnée à partager à ce sujet, je me retiens de poser une question aussi futile, et en reviens au lieu de cela à quelque chose qui sera probablement infructueux mais que je ne peux rien perdre à essayer :
« Et tu sais où cette boule mène ? - Non. »
Telle est la réponse, fournie du tac au tac, d’une brièveté à laquelle on pouvait certes s’attendre mais qui ne m’en laisse pas moins interdit, si bien qu’il me faut un moment pour recombiner toutes les informations acquises jusqu’ici et poursuivre mon boulot avec pertinence et bon sens. Dans l’attente de la suite de son interrogatoire, mon lointain cousin me fixe avec une insistance si appuyée qu’elle finit par me mettre rapidement mal à l’aise, tant et si bien que, ma gêne croissant de seconde en seconde, je demande sans avoir pris au préalable le soin de mesurer les implications de mes propos :
« Il y a des gardes sur le chemin jusqu'à la... boule magique ? »
A ce moment, ses traits se détendant, ou plutôt s’affaissant, voire se décomposant, ce farouche combattant baisse légèrement les yeux, comme fixant quelque perspective invisible et lointaine, poussant un long soupir rauque qui n’est de toute évidence pas de soulagement mais de regret ; on peut le voir à la tristesse qui imprègne son visage. Dans un premier temps, je ne vois pas pourquoi il fait une tête pareille, et je penche la mienne sur le côté en signe de perplexité, la lumière se faisant dans mon esprit pour me plonger dans la confusion de ne pas y avoir réfléchi avant quand il répond d’une voix étonnamment atone :
« Non, on est tous montés quand Elgor a appelé à l'aide. »
Voici donc le nom du pauvre diable affalé sur son tonneau sur lequel nous sommes tombés en arrivant, et que nous avons si vivement écharpé sans même qu’il eût une chance de s’en tirer face à quatre adversaires hargneux bénéficiant de l’avantage de l’effet de surprise. C’est fou, mais je crois que n’importe qui ayant combattu pourra témoigner de la réalité de cet état de fait : quand vous passez quelqu’un par le fil de la lame, ça a évidemment quelque chose de terrible, et même d’horrible, mais quand ce quelqu’un cesse justement d’être un quelqu’un pour acquérir une identité sur laquelle vous pouvez bel et bien mettre un visage, le meurtre prend une ampleur toute différente. En l’occurrence, je me sens odieusement coupable, et ne peux me retenir de baisser la tête avec une honte contrite, veillant toutefois à ne pas trop prolonger cet état de repentance muette et à reprendre une certaine assurance, ne serait-ce que pour ne pas avoir l’air d’un petit con zigouillant à tort et à travers sans même se rendre compte de ce qu’il fait. C’est que ce n’est pas tout de savoir qu’ôter la vie à quelqu’un est mal ; il faut aussi être capable d’appliquer ce principe de manière un tant soit peu digne, et pour le coup, étant donné qu’on ne peut ni revenir dans le passé ni ressusciter les morts, le moins que je puisse faire est de présenter mes excuses, devoir que j’observe avec une résignation mêlée de morosité :
« Désolé... mais bon, je suppose que tu comprendras. »
Tout d’abord, j’hésite à transmettre aux autres la traduction de ce passage qui ne les regarde au fond peut-être pas et dont la teneur ne pourrait peut-être bien que les inciter à la moquerie, puis je prends finalement la décision de faire l’interprète toujours aussi fidèlement, la menace d’une accusation de félonie pesant après tout toujours aussi dangereusement au-dessus de ma tête. Manifestement surpris par de telles condoléances, les paupières de l'homme d'armes s’écarquillent brièvement, et il reste songeur quelques instants, m’étonnant moi aussi qui m’attendais à le voir me renvoyer mes regrets à la figure avec virulence plutôt que peser mûrement les implications de la situation. Ne rêvons pas, tout cela ne le laisse évidemment pas indifférent pour autant, la preuve en étant de l’amertume littéralement tangible dans la réponse qu’il m’offre, faisant preuve d’un fatalisme militaire presque philosophique :
« Oui, on est en guerre après tout... »
Ah bon ? On est en guerre ? Mince, je ne savais pas moi, parce qu’après tout, je me suis retrouvé dans ce bazar sans trop savoir comment, et tout ce que j’ai fait a été de gérer les obstacles qui se présentaient à la progression de l’escouade dont je fais partie au fur et à mesure que ceux-ci se présentaient ; je n’ai jamais eu dans l’idée que notre entreprise aurait pu prendre l’ampleur d’une mobilisation d’une telle ampleur ! Mince de mince ! Je l’avoue, ce « Ah bon ? », j’ai été à deux doigts de le laisser échapper de mes lèvres, mais j’ai heureusement pris suffisamment conscience de la mine sombre du garzok pour ne pas mettre si étourdiment les pieds dans le plat, réalisant qu’il n’apprécierait pas que je tourne en dérision ce qu’il prend autant à cœur, si involontaire que pourrait être ma bourde irrespectueuse. Mais quoi qu’il en soit, ce n’est pas en restant désormais à se fixer dans le blanc des yeux que nous ferons avancer le schmilblick, raison pour laquelle, après un court temps de réflexion, je m’empresse de reprendre le chemin que notre discussion avait emprunté avant que nous ne nous mettions à diverger :
« Il faut prendre la machine pour arriver à la boule magique ? » Demandé-je donc en désignant la plate-forme au bord de laquelle nous nous tenons par un hochement de tête.
Question prosaïque, pour ne pas dire idiote, mais bon, tant que j’ai un informateur aussi loquace sous la main, autant faire en sorte de tirer le plus de renseignements possible de lui, et de s’assurer du moindre petit détail concernant notre progression à venir vers de nouveaux horizons inconnus.
« Oui, ou l'escalier. La machine est plus rapide. »
Ça se devinait facilement, et d’ailleurs, tant qu’à faire, plutôt que de se taper je ne sais combien de marches et risquer de se casser la margoulette en chemin, je préfère utiliser ce drôle d’engin diablement innovant, même si la progression promet d’être assez morbide avec tous ces cadavres en plus ou moins bon état pour nous tenir compagnie. Cela dit, à ce sujet, il y a tout de même un petit détail à propos duquel nous gagnerions à être mis au courant et qu’il serait bête de négliger :
« Comment est-ce qu'elle marche ? »
Oui parce que bon, c’est bien joli de se dire qu’on va s’en servir, mais si c’est pour rester coincés sur place parce qu’on n’est pas fichus de l’utiliser et qu’il faut en fin de compte emprunter l’escalier, on aura l’air beau ! Heureusement, notre indicateur résigné se montre aussi obligeant qu’il l’a été jusqu’à présent, nous divulguant le mode d’emploi de cette belle mécanique comme suit :
« Il y a une clé qui se met dans les trous de la pierre là-bas. Le trou le plus à droite correspond au niveau le plus bas. C'était Lyirrak qui l'avait. » Dit-il en désignant du menton l’un des nombreux garzoks estoqués de toute évidence par Glaya si l’on en juge par la ligne nette qui lui a traversé le torse pour laisser passer tripes et boyaux en un spectacle fort peu ragoûtant.
Voilà qui est dit, et en ce qui concerne la fouille de ce défunt, je laisse ça à Kerkan ou Lindeniel : je suis occupé de mon côté à faire l’interrogateur tandis que Krochar veille au grain, et ça ne fera pas de mal à ces deux chochottes de mettre un peu la main à la pâte pour changer ; ça leur fera prendre un peu plus le sens des dures réalités de l’existence ! En tout cas, maintenant, on dirait qu’il va falloir décider de ce qu’on fait de ces trois zouaves là, parce que…ah non, tiens, maintenant que j’y pense, il pourrait bien y avoir tout de même une question qu’il serait pertinent de poser à ce gars du coin :
« "La Porte des Rêves", ça te dit quelque chose ? »
Au moment où je prononce ces mots, il ne passe pas inaperçu à mes yeux que le gros bras qui avait laissé son regard se perdre vaguement redresse soudain la tête pour me fixer momentanément avec un intérêt certainement un peu trop prononcé pour quelqu’un qui n’aurait aucune idée sur le sujet : je ne suis certainement pas le plus doué pour confondre quelqu’un, mais on ne peut pas survivre quatorze années parmi des sektegs sans savoir un tant soit peu différencier la vérité du mensonge, et en l’occurrence, il m’apparaît comme à tout moins très plausible que ce grand bonhomme a choisi la seconde option. Cela ne l’empêche pas de faire l’innocent, se donnant l’air de réfléchir un moment avant de répondre un « Non… » détaché avec un haussement d’épaules couplé à une mine interrogatrice qui révèlent qu’il n’est tout de même pas mauvais en matière de tromperie…pour un garzok, car vis-à-vis d’un gars un minimum rodé comme moi, ça ne passe pas ! Je vais lui apprendre à vouloir me mener en bateau celui-là ! Je vais lui faire passer le goût du pain et il saura marcher droit, c’est moi qui vous le dis !
(Bravo la diplomatie, Monsieur Tyran-en-puissance.)
Heu…oui, heu…bon, d’accord, c’est vrai qu’en adoptant un comportement pareil, j’aurais vraiment l’air d’une caricature de commandant gueulard, vantard et braillard, me faisant de ce fait ressembler de manière troublante à pas mal des tortionnaires de ma vie…l’angoisse ! Pénétré de dégoût à cette idée, je fais donc en sorte de me calmer et de garder la même attitude que jusqu’à maintenant plutôt que de partir au quart de tour, ce qui pourrait s’avérer désastreux niveau recherche de connaissances, sans compter qu’il n’est vraiment pas le mauvais bougre ce mec ! Ainsi, le fixant de l’air désabusé du type qui en a lui-même connu des vertes et des pas mûres afin de m’attirer une certaine confiance de sa part en lui montrant que nous jouons en quelque sorte sur le même niveau, je lui pose cette question rhétorique :
« Au point où tu en es, autant tout dire, non ? »
Très visiblement bien davantage pris de court par une telle remarque que je ne l’aurais cru concevable, il me regarde comme si je venais de lui sortir que je suis Yumni, les yeux ronds, la bouche légèrement béante, babillant des débuts de démentis sans rien parvenir à produire de convaincant ou même de cohérent, si bien qu’il laisse vite tomber toute tentative de déni, baissant la tête en signe de résignation pour me révéler de fort intéressantes informations :
« J'ai déjà entendu notre chef dire ce nom en parlant de la boule magique. »
Ah, voilà quelque chose dont j’aurais dû me douter, car bien que ça paraisse tomber sous le sens maintenant qu’il le dit, j’avoue que je n’y aurais pas songé sur le coup ! Alors comme ça, cet espèce de portail brumeux serait la Porte des Rêves, cette sorte d’issue vers ce je-ne-sais-quoi en direction duquel la Dame des Rêves nous enjoint de nous rendre depuis le début ? Ça n’en rend pas l’objet de notre quête plus clair, mais au moins, désormais, nous avons une piste définie à suivre dans la joie et la bonne humeur ! Quoique dans ce qu’il a dit, quelque chose n’est pas sans me préoccuper : cette mention de « chef » m’inquiète, et je ne peux m’empêcher de vérifier mes appréhensions en demandant d’une voix qui se fait instinctivement un demi-murmure craintif.
« Tu veux parler d'A... de celui des treize ? »
C’est que j’ai beau être de mon propre aveu téméraire (il faut bien ça pour sauter dans une fosse pleine de garzoks en furie), il n’y a pas à hésiter : si je me retrouve devant un lieutenant d’Oaxaca, soit je prends mes jambes à mon cou tant que je le peux encore, soit je m’allonge et je crève ! Heureusement, il s’avère que mes craintes sont infondées :
« Non, Arulf, un shaman. »
Hum, tout de même, le meneur a beau ne pas être du même calibre, il n’en reste de toute évidence pas moins un adversaire de poids auquel je ne me verrais vraiment pas me confronter tant j’ai entendu –et pu constater- que certains lanceurs de sorts sont capables de prouesses dont je ne voudrais pour rien au monde être la cible : on dit qu’ils peuvent manifester des tremblements de terre, faire tomber la foudre, geler des rivières entiè…ben mince ! C’est vrai ça, en parlant de shaman, on en a bien vu un ; l’autre zigoto qui ne s’était pas gêné pour galoper sous notre nez alors qu’on ne pouvait plus bouger sur cette satanée route maudite, le bougre allant même jusqu’à nous vociférer des insultes à la figure et à transformer ce brave Krochar en congère ! Zut de flûte, si on se retrouve face à face avec un sorcier d’une telle puissance, on risque de ne pas faire long feu, aussi, mieux vaut prévenir que guérir et s’enquérir de son identité de façon plus précise :
« Il n'utiliserait pas la glace par hasard ? - Je ne sais pas, mais son assistant oui. »
Huf, moi qui voulais me rassurer, on peut dire que ça tombe à l’eau : il y aurait des chances pour que l’affreux de l’autre fois ne soit au bout d’un compte qu’un adjoint, alors qu’est-ce que le grand manitou doit être mastoc en comparaison ! Voilà un parfait exemple du drille auquel je ne voudrais pas avoir affaire, et encore une fois, s’il pouvait s’avérer qu’il est parti en voyage, qu’il a été tué lors d’un raid ou qu’il est mort étouffé par un os de poulet, je n’en serais pas fâché, si peu porté que je sois à souhaiter le malheur des autres. Encore une fois, c’est avec une certaine angoisse que je m’enquiers :
« Et où est Arulf ? Il est parti dans la Porte des Rêves ? - Ils sont partis avec des gardes hier soir, mais ils ne sont pas revenus... »
Je ne sais pas si c’est si bon signe que ça, mais en toute sincérité, j’espère qu’ils sont tombés sur je ne sais quelle embrouille qui les a réduits à néant histoire que nous puissions avoir libre passage sans devoir encore une fois nous fendre au préalable d’un combat, les échauffourées répétées étant de plus en plus épuisantes, particulièrement pour moi qui ne suis dangereusement pas du genre à refuser les premières loges ! Quoi, ce ne serait pas très malin de souhaiter de pareilles embûches car il pourrait nous arriver la même chose ? Sottises voyons : nous sommes de vaillants héros (Glaya, Krochar et moi en tout cas), et en tant que tels, il relève de la logique la plus élémentaire que nous soyons voués à nous sortir en un seul morceau de toute épreuve comme tel a été le cas jusqu’ici ! Mais pour l’heure, le vaillant héros Jakadi a beau réfléchir à ce qu’il pourrait demander de plus à ceux qu’il a cuisinés jusqu’ici, il ne voit pas trop ce qui pourrait être jugé comme digne d’intérêt à mentionner, aussi dirait-on bien que le moment est arrivé de passer au jugement de ces prisonniers. Et en vérité, je ne me sens vraiment pas de les faire passer de vie à trépas : autant je n’hésiterais pas à ôter la vie à quelqu’un comme Kerkan qui paraît voué par trop d’aspects à semer le chaos sur son passage en croyant répandre la justice, autant je trouverais ça injuste que de braves et honorables guerriers qui ne faisaient que respecter les ordres d’une dangereuse instance supérieure soient pour cela exécutés. Trop, beaucoup trop de sang a déjà coulé comme ça, aussi mon verdict s’avère-t-il être ce que je juge être un bon compromis entre une garantie de sécurité et une magnanimité de bon aloi :
« On va vous assommer, vous détacher et vous laisser là. A votre réveil, vous pourrez... faire ce que vous voudrez faire. Ça vous va ? »
_________________ J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé! _____________________________________________ Jakadi, voleur gobelin niveau 4 so unique en son genre vous salue bien. Bilan de la quête 18 : Buffet maritime gratuit , une tenue très tendance (merci beaucoup GM17 ), 1er contact avec les indigènes, découverte des spécialités culinaires locales , rééquilibrage de la balance des possessions Shaakts/Sektegs, tatanage de torkin (c'est une CC messieurs-dames!), un ventousage d'urgence , une obtention de balalaïka , une razzia sur des restes de bataille, du matraquage d'araignées géantes , la perte d'une bonne partie du groupe , un affrontement avec un esprit des ténèbres , un fort agaçant diseur d'énigmes , un combat contre une troupe entière de garzoks, de l'apprentissage de CCs par zigouillage d'araignée .
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