Pff… qu’est-ce que ça me déprime cette situation : pour une des rares fois dans ma vie où j’étais en position de force face à un ghrlk qui aurait bien mérité que je le fasse passer de vie à trépas, voilà qu’il faut que je laisse partir ma proie alors que lui n’aurait pas hésité une seule seconde à me déchiqueter la gueule comme l’a indiqué son attaque aussi ravageuse que traîtresse. Devoir m’ôter moi-même le pain chaud de la vengeance de la bouche est fort désagréable, et ce qui l’est encore plus est cette petite voix narquoise dans ma tête qui me susurre vénéneusement que si j’ai laissé Kerkan s’en tirer à bon compte, ce n’était pas par altruisme mais parce que j’avais la trouille que les deux combattants mastocs que sont Krochar et Glaya me mettent la dérouillée de ma vie (et ce n’est pas peu dire) si jamais j’osais passer à l’acte… et dire que je l’avais là, à ma merci, et qu’il restait juste un tout petit geste de rien du tout à faire pour l’envoyer une fois pour toutes à Thimoros ! C’est proprement consternant, et je dois bien avouer qu’en parlant de petite voix, s’il n’y avait pas celle de Minil’emnil pour me souffler de sages paroles raisonnables à l’oreille, je serais en train de me faire un ulcère à ruminer rageusement une pareille déconfiture. Et en me disant que l’amorce d’un pareil feu de violence meurtrière n’a été rien de plus qu’un petit anneau de rien du tout qui n’avait manifestement absolument aucune capacité magique ni même quoi que ce soit de spécial en apparence, je ne peux que me demander une fois de plus ce qui peut bien se tramer dans la cervelle de ce zigomar d’aquamancien pour qu’il lui vienne à l’idée d’estimer qu’un meurtre pur et simple serait un meilleur moyen de régler son problème que de chercher à le résoudre par des voies plus pacifiques, ou tout au moins plus subtiles.
Me sortant de mes pensées, un grand bruit de courant d’air fendant le battement monotone et assommant de la pluie de laquelle, trempé pour trempé, je ne me soucie plus qu’à moitié me sort de mes amères préoccupations, et en me retournant machinalement, je peux voir Helce, le griffoneau si innocent dans toute cette histoire, prendre son envol. Je ne sais pas si c’est un effet de mon imagination fertilisée par ma rancune envers le « maître » de l’immense créature volatile ou si ce que je perçois est réel, mais il me semble bien percevoir dans le cri lointain que pousse la bête quelque chose s’assimilant à un dépit triste dénué de tout sentiment de reproche de voir le jeune humain lui tourner le dos sans plus se soucier de lui. Hélas, à part lui souhaiter intérieurement bonne chance, je ne peux rien faire car le gaillard à plumes est déjà loin, s’étant apparemment assez bien remis de sa blessure pourtant féroce pour aller voler vers d’autres horizons que j’espère plus cléments que ceux de cette quête emplie de tourments qui n’en finissent pas. Mais avant que j’aie pu me replonger dans d’autres réflexions, voilà qu’un nouveau son me fait encore une fois tourner la tête pour rencontrer une chemise délavée entourée d’une malfaisante chape d’obscurité, devant lever les yeux pour faire face à mon gatch bratty qui m’a rejoint pour s’enquérir de la cause de ma houleuse querelle avec Kerkan. Devant de telles questions, si cela avait été quelqu’un d’autre, je l’aurais soupçonné de vouloir me tirer les vers du nez pour me faire avouer une culpabilité supposée ou de chercher comment semer au mieux la discorde au sein de notre équipée, mais puisque je suis en présence de cette crème de garzok, c’est d’un ton plus relâché qu’à l’ordinaire que je lui réponds :
« Nan, il a rien dit d'autre l'autre, il pouvait même pas parler. C'est le truc de l'anneau ouais... je sais pas ce qu'il a : c'est comme s'il était possédé ! »
Ah ben oui, qu’est-ce que vous voulez : c’est malheureux, je sais, mais ce n’est pas parce qu’il s’agit de mon meilleur ami que je vais me mettre à cracher le morceau après m’être donné tant de mal pour conserver les apparences d’une parfaite innocence devant les assauts virulents du magicien des eaux. Je sais, je sais, ça ne se fait pas, mais promis juré, c’est la dernière fois que je fais de pareilles cachotteries… enfin… que j’en fais à Krochar, faudrait pas croire non plus que je vais me transformer en saint du jour au lendemain et me mettre à prêcher une honnêteté irréprochable à tous crins ! Toutefois, en réfléchissant à mes paroles, je me rends compte que le mot qui a terminé ma phrase peut être considéré comme une belle bourde étant donné le statut du guerrier à cause de ce satané esprit qui s’est logé en lui et qui s’accroche encore à ses chairs en dépit de tout ce que nous avons pu faire pour essayer de nous en défaire.
« Heu... enfin... tu vois ce que je veux dire quoi. » M’empressé-je donc d’ajouter, espérant ne pas avoir provoqué la colère ou l’abattement du brave colosse à cause de mon étourderie.
Heureusement, celui-ci n’en prend manifestement pas ombrage, et répond avec une attitude qui ne laisse présager ni rancœur ni déception, ne se gênant pas pour toucher du doigt le nœud du problème sans faire de chichis, franchise qui m’arrache un crissement de dents crispé à la pensée de ce que l’autre fou furieux pourrait effectivement tenter à la prochaine occasion qu’il jugerait favorable. Toutefois, ma grimace se mue en un masque de stupeur incrédule lorsque mon voisin de marche mentionne être « lié à Lindeniel », me faisant hésiter entre le rire nerveux et la pitié comme réaction tellement la simple idée d’être au service d’un être aussi abject que cet hiniön me donne la nausée, suscitant dans mon esprit une foule de questions dont la plus importante que j’exprime de manière impulsive :
« "Lié" ? Comment quelqu'un comme toi a pu vouloir se lier avec un tsnr’k pareil ? Il nous tuerait tous sans sourciller si ça pouvait lui apporter quelque chose ! »
Alors que je vitupère, le son des cordes qui tombent commence à s’estomper en même temps que mes vêtements et ma peau cessent de se recouvrir sans cesse de nouveaux litres d’eau, ma voix se mettant soudainement à résonner, signe que nous avons pénétré dans la grotte qui nous faisait face sans même que je m’en sois rendu vraiment compte. D’ailleurs, même maintenant que j’en prends conscience, je ne m’en préoccupe pas plus que ça, me contentant d’englober mon nouvel environnement d’un regard plus confiant et détendu que d’habitude, presque affectueux devant ces vastes trouées rocheuses desquelles je suis si familier. Je ne sais pas vraiment pourquoi les environnements souterrains comme celui que nous nous mettons à arpenter me mettent dans un pareil état : peut-être est-ce parce que j’ai l’impression que Yumni peut me protéger plus attentivement lorsque je suis ainsi plus proche de lui, peut-être est-ce parce qu’un endroit de cette configuration est synonyme de refuge et d’abri, et peut-être est-ce simplement parce qu’il s’agit du milieu de vie dont j’ai le plus l’habitude et dans lequel j’ai par conséquent le plus de chances de survivre. Bref, je me sens immédiatement plus à l’aise, et grâce à cela, c’est presque sans une animosité ostentatoire à l’égard de l’être dont il est question que j’écoute d’une oreille (une grande et belle oreille, s’il faut le rappeler) compatissante mon compagnon se justifier sur une affiliation aussi désastreuse, exposant des raisons auxquelles je suis parfaitement sensible : piégé au sein d’une masse de personnes bourrées de préjugés à l’égard des peaux-vertes, il a légitimement craint pour sa survie et, aux abois, n’a eu littéralement d’autre choix que de se raccrocher à la première main qui lui était tendue. Hélas, il ne s’est aperçu que trop tard que cette main n’était qu’enduite d’un vernis de respectabilité, puant en réalité le fiel, la fourberie et l’infamie, et désormais, malgré toute la répugnance que lui inspire le fait de s’être acoquiné avec un pareil arriviste, il ne peut faire marche arrière.
Ahlala, l’honneur… qu’on ne se méprenne pas, je ne pense en rien que toutes ces questions de devoir, de parole et de promesses sont des sornettes tout juste bonnes à égayer des contes pour enfants écervelés : après tout, j’ai moi-même prêté serment d’assistance envers Rosie, jurant de l’assister dans la difficile quête de la reconstitution de son trouble passé, votre serviteur étant bien résolu à retrouver la trace de sa demi-elfe préférée pour lui prêter main forte de toute la force de ses petits bras dès que cette quête aura vu son terme arriver. Enfin bref, où j’en étais ? Ah oui, je suis tout à fait d’accord avec le fait de considérer toutes ces choses que j’ai mentionnées comme belles et bonnes, mais le fait est que l’honneur, c’est très bien, mais faut encore avoir les moyen de l’appliquer, et en l’occurrence, la situation de mon gatch bratty me paraît par bien des aspects trop houleuse pour que se raccrocher à son ancestral sentiment de justice puisse être considéré comme raisonnable. Enfin bon, j’imagine qu’il fait comme il veut, ce qui ne m’empêche pas de lui exprimer à voix haute mes préoccupations à ce sujet :
« T'es trop bon et honorable pour ton bien. »
Encore une fois, contrairement à ce à quoi je m’attendais, il ne considère pas cette remarque comme une moquerie, paraissant au contraire s’enorgueillir d’être digne de pareilles considérations, son visage s’ornant momentanément d’un mince sourire de satisfaction, le guerrier s’avérant comme toujours jusqu’ici suffisamment fier pour ne pas refuser un compliment qu’il considère comme mérité tout en restant assez franc et modeste pour ne pas s’en gonfler l’ego comme un coq. De mon côté, je ne peux pas me montrer aussi optimiste, car le cheminement de mes pensées peu joyeuses ne s’arrête pas là (on dirait que tu es dans une mauvaise passe dis donc), car on dirait bien en effet que je suis dans une mauvaise passe, des scénarios catastrophes commençant à défiler dans mon esprit, dont le plus préoccupant d’entre eux :
« Et... si jamais Lindeniel se retourne contre nous, t'es censé faire quoi ? »
C’est d’un air à la fois compatissant et désabusé que je guette la réaction de Krochar, étant suffisamment au courant des perfidies courantes de ce monde pour ne pas douter une seule seconde que ce serpent venimeux ne se ferait pas un cas de conscience de nous éliminer tous si jamais cela pouvait servir un tant soit peu ses intérêts. A ce que je vois, mes propos ont fait mouche sur cette âme trop honnête pour être méfiante, semant les germes du doute et de la circonspection dans ce terrain jusqu’ici vierge de toute trace de réel doute envers l’hiniön qui mériterait pourtant de figurer parmi les plus grands scélérats de Yuimen. Blanc comme un linge à la mention d’une aussi funeste éventualité, le garzok met un moment à trouver ses mots, balbutiant un peu avant de me délivrer une réponse digne de ce nom, ne démordant décidément pas de son histoire de promesse tout en faisant preuve, je dois l’avouer, de suffisamment de pragmatisme pour reconnaître la vénalité du faquin dont il est question. Mais soudain, une flammèche de colère s’allume dans son regard jusqu’ici relativement placide en même temps que sa bouche s’ouvre en un cri de colère muet avant de se refermer, les mâchoires si crispées que quoi que ce soit qui se serait glissé entre elles se serait certainement retrouvé broyé. Ne voulant pas m’attirer les foudres du hacheur, je détourne à moitié involontairement le visage, feignant de trouver un intérêt suprême aux vestiges d’excavations qui nous entourent, la minéralogie suscitant autant d’intérêt en moi que l’étude de la circonférence des feuilles de chêne, l’esprit en réalité occupé à discourir avec ma plus chère confidente :
(Oui, c’est bien ce qui est en train de se passer. - Kswi ! Y’a pas moyen de lui enlever ce… ce parasite ? - Comment se porte ton habileté à manier les fluides de lumière ces temps-ci ? - Compris…)
Ahlala, vraiment, j’espère que la suite de nos aventures va pouvoir se passer de manière enfin moins mouvementée que jusqu’à maintenant, car entre l’esprit des ténèbres et Lindeniel, nous avons assez de deux monstres sans devoir en plus nous confronter à d’obscures créatures telles que celles qui étaient mentionnées dans le journal du contremaître de Khren Dal l’infortunée. Quoi qu’il en soit, s’attarder sur des problèmes tels que ceux que je viens de mentionner serait à la réflexion vraiment maso en plus de me rendre démesurément nerveux, mon agitation se manifestant très visiblement par des grattements superflus sur mon nasalissime appendice. Toutefois, avant de finir par me faire une troisième narine à force d’insister, je me décide à secouer la tête, autant pour chasser mes hantantes pensées que pour illustrer mes paroles que je fais mon possible pour rendre vaillantes :
« Enfin bon, ça sert à rien de parler de l'éventualité j'imagine. » Malheureusement, c’est mal parti, car sitôt ce sujet expédié, l’autre me revient en tête, réduisant à néant mon intention de redonner de l’allant à l’ambiance. « …pour en revenir à Kerkan, je sais pas ce qu'il va m'arriver avec lui. J'avoue que je me dis que tôt ou tard, ça va être moi ou lui. »
Partageant apparemment ma volonté de ne pas tergiverser davantage sur la question, Krochar finit par apporter ses propres conclusions à l’affaire, manifestant ses propres intentions que je ne peux que partager de tout cœur, excepté que si jamais l’aquamancien s’avère définitivement être un fou dangereux, je serais plus d’avis de lui offrir une mort rapide et sans douleur que de le rendre encore plus boulet qu’il ne l’est en le trimbalant pieds et poings liés. Enfin bon, on verra bien ce qu’il en sera le moment venu ; de toute façon, la dernière chose dont j’ai envie est d’être un salaud complet en élaborant des stratagèmes pour qu’il passe de vie à trépas, espérant tout simplement que nous nous séparerons au plus vite afin que toute cette affaire puisse tomber tout bonnement dans l’oubli. En tout cas, je remarque au passage que ni les insinuations dégoulinantes de fiel de Lindeniel ni la hargne féroce de Kerkan n’ont pu avoir raison de la fidélité et de la gentillesse de mon gatch bratty, et ça, c’est quelque chose dont je lui suis peut-être plus reconnaissant qu’il ne le croît, mon cœur débordant d’une gratitude que je n’avais jamais éprouvée auparavant. Mais c’est alors que je me contente de hocher la tête pour montrer mon assentiment que je me rends compte que le garzok n’est plus à mes côtés et, me retournant vers lui en pensant qu’il a remarqué quelque chose, je vois que le grand gaillard m’inspecte de pied en cap pour une raison que je ne m’explique pas, n’osant toutefois pas lui demander de but en blanc ce qui lui prend. Ne sachant tout de même que penser d’un passage en revue si inattendu, c’est en me triturant les mains et en dansant d’un pied sur l’autre que j’attends que celui qui me fait ainsi passer sous la toise veuille bien être plus explicite quant à l’objet d’une telle insistance visuelle, son armure de noirceur ne faisant rien pour me mettre moins mal à l’aise. Et lorsque enfin il prend la parole, j’en reste coi, les bras ballants, ne voulant pas croire qu’une personne d’une telle valeur que lui se donne la peine de faire ce qu’il peut pour garantir une certaine forme de protection à l’insignifiant sekteg que je suis, l’idée me rendant si nerveux que c’est avec une difficulté induite par l’émotion que je ressens que je réplique :
« H-hé ! T'as pas besoin de faire ça ! Je veux pas te contraindre ! »
Et face au sourire par lequel Krochar me répond dans un premier temps, je ne peux m’empêcher de l’imiter, aux anges d’être le bénéficiaire de telles attentions, laissant avec joie les trompettes de la félicité résonner dans ma tête malgré tout ce que notre situation continue d’avoir de dramatique et de potentiellement mortel à plus ou moins long terme. Achevant de me convaincre et de me ravir (bien que son raisonnement soit incontestablement logique quand même), mon gatch bratty exprime me donner largement la préférence par rapport à la première personne envers qui il a prêté serment, m’assurant que du point de vue confiance, je vaux mieux que l’autre vipère. Et justement, quand on parle du filou, on en voit la queue (quoique je ne préfère pas), le persifleur d’amabilités se profilant justement en surgissant comme par magie de la roche grâce à son équipement nouvellement acquis pour nous annoncer à sa manière si gentiment prévenante que nous aurons affaire à de la résistance un peu plus loin sous la forme d’un garzok avec quelques coups de bibine dans le gosier ; et je dois admettre que si Lindeniel est déplaisant au possible et ne mérite certainement pas une considération d’aucune sorte, il est tout de même fiable en matière de repérage… du moins quand on peut être sûr que ça sert ses intérêts, ce qui me semble être le cas puisqu’il prend cette fois encore la tête au lieu de nous laisser directement aller au casse-pipe. Bien sûr « Ta gueule. » serait quelque chose de tentant à lui décocher, mais en l’occurrence, puisque nous sommes en territoire ennemi, mieux vaut agir comme sous l’effet d’une trêve, notre équipe ayant en fin de compte bien plus de chances de s’en sortir vivante si nous coopérons au maximum. Ainsi, sans broncher autrement que par un « Tocard. » maugréé à l’adresse d’une personne que l’on identifiera sans peine (indice : il a les cheveux blancs), je lui emboîte le pas en même temps que Glaya et Kerkan, ce dernier et moi-même nous côtoyant dans une froide indifférence qui est tout de même préférable à des assauts à tous les étages.
Arrivés à destination, je peux me rendre compte que le blanc ne mentait effectivement pas, le troufion ventru qui occupe la pièce paraissant faire office de garde pour surveiller une espèce de boyau creusé dans le sol dont la profondeur doit être impressionnante, cerné par toute une machinerie dont je ne saurais m’expliquer le fonctionnement ni même l’utilité, n’ayant jamais rien vu de pareil dans ma vie, ce qui, on le conçoit, n’aura rien d’étonnant vu que les sektegs sont loin d’être renommés pour leurs aptitudes en matière de machinerie et de mécanique. Quant au cerbère local, il est comme on pouvait s’y attendre équipé d’un matériel de bric et de broc récupéré sur je ne sais quels cadavres, son barda ne payant certes pas de mine mais devant tout de même avoir une certaine efficacité, en particulier son arme dont la capacité à écraser et trancher les honnêtes gens n’a pas besoin de m’être démontrée pour m’inspirer la prudence. Ainsi, comme le suggère justement le Caporal Visage Pâle, il va falloir faire preuve d’un minimum de finesse, le crotale illustrant ses propos en se coulant parmi les rochers qui parsèment la pièce de-ci de-là, n’ayant aucun mal à faire preuve de furtivité avec sa cape à l’efficacité décidément hors normes. Enfin bon, en ce qui me concerne, pas question que je le suive, car c’est bien connu : plus les personnes qui empruntent un même chemin sont en grand nombre, plus elles ont de chances de se faire repérer, aussi, pendant que les deux grandes perches vont d’un côté, je vais de l’autre, tirant parti de ma petite taille pour me faufiler parmi les excroissances rocheuses comme dans les cavernes de mon enfance, me fondant parmi les pierres avec une telle vivacité habile acquise par la force de l’habitude que j’ai tôt fait de parvenir derrière le dos de notre victime, position de laquelle j’attends que l’offensive soit déclarée pour frapper.
Et le moment ne se fait pas attendre, le déclic feutré d’une arbalète résonnant bien vite, immédiatement suivi par des beuglements qui pourraient réveiller un mort, le cri mélangeant rage, surprise et douleur alors que le vociférateur empoigne sa lourde arme avec la ferme intention de s’en servir contre celui qui s’est permis de lui faire un deuxième nombril. Il ne m’en faut pas plus pour me décider à passer à l’action, bondissant hors de ma cachette aussi vivement qu’une araignée pour frapper avant que l’autre n’ait eu le temps d’entrer en possession de son instrument de guerre, ma nouvelle dague accomplissant son office remarquablement bien en tranchant à moitié le poignet du garzok dans un surcroît de hurlements alors que je bats en retraite sous le regard médusé et affolé de ma cible trop prise au dépourvu pour penser à m’en retourner une. Du trou fait par le carreau, le sang dégouline en une petite rigole d’un rouge écarlate sur sa peau sombre, sa main pend, inerte, de son bras désormais invalide, et si les trois autres jouent leur rôle, l’affaire sera expédiée en moins de deux… et il vaudrait mieux que ce soit le cas car, si l’ahuri a le bide et la patte en mauvais état, ses jambes et sa gorge fonctionnent très bien comme le démontre la vitesse à laquelle il se met à battre en retraite tout en se répandant en clameurs où, si j’ai bien compris, il est question d’os courts.
(Bêta, il appelle au secours ! - Au temps pour moi.)
_________________ J'ai décidé d'être heureux, parce que c'est bon pour la santé! _____________________________________________ Jakadi, voleur gobelin niveau 4 so unique en son genre vous salue bien. Bilan de la quête 18 : Buffet maritime gratuit , une tenue très tendance (merci beaucoup GM17 ), 1er contact avec les indigènes, découverte des spécialités culinaires locales , rééquilibrage de la balance des possessions Shaakts/Sektegs, tatanage de torkin (c'est une CC messieurs-dames!), un ventousage d'urgence , une obtention de balalaïka , une razzia sur des restes de bataille, du matraquage d'araignées géantes , la perte d'une bonne partie du groupe , un affrontement avec un esprit des ténèbres , un fort agaçant diseur d'énigmes , un combat contre une troupe entière de garzoks, de l'apprentissage de CCs par zigouillage d'araignée .
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