Ce qui devait se passer se passa. La bêtise fut punie par la brutalité, et comme toujours, trônant au-dessus de cette médiocrité, Lindeniel brillait de son indemnité physique et intellectuelle. Alors que lui s’était juché sur la plateforme salvatrice avec Netare et Glaya, soudainement cohérentes, Krochar le suicidaire au cœur mielleux et dégoulinant d’une bonté écœurante voulut se mettre en danger pour tenter vainement de sauver l’idiot enchanteur qui s’était fait piéger par peur, par manque d’adresse ou d’intellect. Lindeniel ne se fit pas prier deux fois par le Garzok décérébré pour mettre en marche le mécanisme d’acier de cet élévateur immense, qui commença lentement son ascension vers les hauteurs de la mine. Le Blanc Pur regarda sans s’en émouvoir le guerrier se précipiter à l’assaut du monstre qui, déjà, se libérait de ses entraves de roches pour allonger longuement ses tentacules meurtris de nombreuses plaies tranchées afin d’assiéger les imprudents qui lui faisaient encore face. Le liquide noirâtre et oléagineux qui s’échappait en dégoulinant de ces plaies ouvertes était répugnant à observer. Il formait une assez belle allégorie de la manière dont Lindeniel considérait les masses populaires des différentes races et espèces de ce monde, grouillant comme des insectes infâmes, noire marmaille repoussante sous sa divine présence.

Krochar fut rapidement victime de l’un des bras nombreux de l’être difforme et en colère. Agrippé comme une vulgaire marionnette, ce qu’il était en réalité depuis le début de tout ceci, il fut projeté avec force vers la plateforme montante. Une chance inouïe l’amena jusqu’au groupe qu’il venait de quitter, et il s’écrasa sur les lourdes planches de bois avec fracas, le bras démoli et empreint de matière gélatineuse sombre infectée. Comme si le monstre abject avait répandu son poison dans le membre du Garzok.

Brisant une fois de plus l’un de ses animaux de porcelaine, Netare soigna momentanément l’épaule de l’orque, la remettant magiquement en place. Hélas, la masse noirâtre grouillait toujours sur le biceps de Krochar. Et Lindeniel le regarda d’un air sombre, avant de persiffler une fois de plus à son encontre.

« Tenez-vous de m’approcher avec ça. »

Le dernier mot avait été prononcé avec un tel dédain que l’écœurement qu’il inspirait à l’elfe était presque palpable. Au même moment, dans le fond de la mine, un cri inhumain se fit entendre, résonnant sur les parois avant de s’éteindre tout aussi brusquement. Kerkan l’enchanteur n’était plus, et son sacrifice n’émut pas Lindeniel. Il avait finalement pu jouer son rôle, et retarder, ce fut-ce qu’un instant, l’avancée de ce monstre abject. Évidemment, il était mort bien plus tôt qu’il ne l’aurait dû, mais Lindeniel ne s’en étonna pas. C’était un incapable, après tout. Comme tous ces autres qui n’étaient pas lui, le divin Lindeniel Il Thirnasael. Il n’avait jamais douté de la médiocrité du mage. Et au lieu de s’épancher sur sa disparition, il se pencha sur les attaches qui maintenaient en bonne forme l’élévateur. Les chaines étaient trop vaillantes pour être tranchées ou arrachées, mais leur base, un gros écrou métallique, était rouillé, et donc plus fragile. Le point faible de cet imposant mécanisme.

Alors qu’ils passaient l’étage où, plus tôt – mais combien de temps plus tôt – il avait pillé les ressources des squatteurs orques, il s’adressa aux trois survivants qui l’entouraient. Son ton était impérieux, sans sentiment, froid. Il ne souffrait pas de la moindre hésitation, ni de la moindre faiblesse. Sa survie était son seul objectif.

« Penchez-vous sur ces boulons rouillés, et tentez de les arracher, de les dévisser. User de vos armes, si besoin. Le temps presse. Attendez que le monstre soi sous nous pour en arracher le dernier, surtout. »

Et se pliant à ses propres ordres, il se pencha sur l’un des coins de l’élévateur pour tenter de dévisser le boulon de sa main gantée… Si ça ne marchait pas, il lui resterait toujours la hache finement décorée qu’il avait récupérée. Elle ferait à la rouille les dégâts de la force qui lui manquait, au bout des bras.

"Krochar ! Non !"

Malgré le cri de Netare il était trop tard pour que je fasse marche arrière. De toute façon ma décision était prise et j'irais jusqu'au bout.
Mais le Monstre-Garzok ne l'entendait pas de cette oreille et fini malgré tout de se libérer de sa prison de roche. Sa forme avait été modifiée par le choc et il arborait maintenant une tête posée sur un énorme coup et une multitude de tentacules, tout cela sortant d'une base visqueuse qui restait au sol comme une flaque d'eau.

(Cette tête… vraiment elle me fait peur.)

Malheureusement pour moi je dû payer ma distraction qui fit qu'un bras filandreux de la créature pût s'accrocher à l'avant-bras de mon bras blessé sans difficulté et avec une vitesse déconcertante.
A l'instant où le membre entra en contact avec ma peau je sentis une décharge de douleur parcourir mon corps.

"YAAAAAAARGH !!"

Elle fut suivie presque immédiatement par un sentiment de vertige lorsque le Monstre-Garzok me repoussa si fort que je partis dans les airs, à l'opposé de mon ami.

(Frakuk ! Kerk !)

J'eus la chance d'arriver sur une des chaines qui soutenaient la plate-forme que Lindeniel avait actionnée. Mon bras encore actif fut assez rapide pour l'attraper ce qui me permis de retomber avec mes trois autres compagnons. Le coup de la créature avait laissé des séquelles et je sentis que quelque chose de maléfique se répandait sur mon bras. Je souffrais le martyr mais le choc de l'atterrissage m'avait passablement floué l'esprit, si bien que je ne vis qu'à moitié Netare venir vers moi pour casser sa figure de céramique qui représentait un cheval.
De l'intérieur du pendentif sorti une poudre brillante qui me recouvra de la tête au pied. Avant que je ne pus protester, je sentis toutes mes blessures se refermer et la douleur disparaître. Même mon bras s'était remis de lui-même en place, m'arrachant au passage un grognement de douleur. L'effet secondaire fut de mon réveiller immédiatement, ce qui me permis de voir que nous passions à l'instant devant le camp des guerriers Garzoks.

(Mon bras ! C'est pas vrai je suis maudis par les Dieux !)

Tout mon avant-bras était devenu noirâtre, comme s'il avait été contaminé au toucher par le Monstre-Garzok. Tandis que je regardais l'étendu des dégâts, Lindeniel afficha une fois de plus sa personnalité détestable :

« Tenez-vous de m’approcher avec ça. »

(Comme si j'allais m'amuser à contaminer tout le monde avec "ça".)

La remarque fut suivie d'un affreux cri venant du fond du puits.

"Kerk !"

Le cri s'étouffa presque aussi rapidement qu'il était apparu et son écho mourra lentement sur les murs qui nous entouraient.
Kerkan était mort, sans que je ne puisse rien faire pour le sauver. Une fois de plus mon impuissance face à un réel danger fut fatale à quelqu'un. Une fois de plus un membre de notre groupe disparaissait.

(Milparda ! Thimoros, pourquoi me haït-tu tellement ?)

« Penchez-vous sur ces boulons rouillés, et tentez de les arracher, de les dévisser. User de vos armes, si besoin. Le temps presse. Attendez que le monstre soi sous nous pour en arracher le dernier, surtout. »

(La survie, c'est le plus important dans l'immédait… Lindeniel a raison.)

Je jetais un dernier regard vers le fond du trou, puis sur mon bras empoisonné, avant de saisir ma masse de guerre et d'aller m'atteler à la tâche de casser les premiers écrous d'une chaîne à proximité.

Cassage des écrous :
- Lindeniel : jet 75, résultat tout bonus cumulés : 161
- Krochar : jet 80, résultat tout bonus cumulés : 175
- Glaya : jet 66 jet diabolique, 26, résultat tout bonus cumulés : 163
Jets d'équilibre :
Lindeniel : réussite
Krochar : échec puis réussite
Glaya : réussite

Suite aux instructions de l'elfe, la liseuse de rêve réfléchit un instant avant de lui répondre.

"Je ne serais pas très utile pour les chaînes, je vous laisse vous en occuper. Je vais descendre pour repérer l'arrivée du monstre et je vous préviendrai dès qu'il se trouve en dessous."

Profitant de son pouvoir de lévitation, elle quitta la plate-forme en marche pour rejoindre le fond du puits où la créature n'avait pas encore reparu. Visiblement, elle avait fort à faire avec l'aquamancien.


Glaya, de son coté, prit son épée en main et alla s'acharner sur la chaine n'ayant que trois écrous pour la matraquer de son arme. La lame n'était guère adaptée à la situation et laborieusement, elle arriva à libérer le premier écrou qui se dévissa sans mal après.

Les efforts de Lindeniel pour dévisser les écrous à la main montrèrent vite leurs limites à cause de la rouille profondèment ancrée et l'elfe passa vite aux coups de hache au niveau de la jointure avec la plaque, ce qui apporta vite de meilleurs résultats. Un premier se brisa, libérant un angle, puis un second se déchaussa, premettant de finir de le dévisser à la main rapidement. Enfin, le troisième, résistants aux coups répétés, finit par succomber quand Lindeniel utilisa la lame de la hache comme lévier pour faire lâcher l'acier délabré.

Krochar s'y attela moins rapidement, le temps de se relever et de réagir, mais ses assauts violents au marteau furent d'une efficacité exemplaire. L'arme contondante se prêtait mieux à l'ouvrage et le métal couinait à chaque coup. Le premier résista un peu, se tordant à plusieurs reprises avant de lacher, mais les deux suivants partirent comme des balles de criquet frappées sur le coté. Le barbare toucha même dans son élan le dernier écrou, l'écrasant à moitié sur le coté.

La plateforme grinçait furieusement et les plaques fixant les chaines se tordaient au fur et à mesure que les boulons sautaient. Mais tout s'enchaina vite quand Glaya eu une idée de génie. Elle glissa son épée sous la plaque et elle voulu la remonter en usant de toutes ses forces. Dans le mouvement, la lame se tordit, mais les deux écrous restants sautèrent immédiatement et la chaine n'était plus fixée au monte-charge.

Aussitôt, la plateforme bascula sur le coté, formant une pente instable. Lindeniel attrapa prestement sa chaine pour se maintenir derrière elle et Glaya, réalisant son erreur, bondit vers la rembarde pour s'y accrocher. Mais Krochar fut moins chanceux et le balancement le propulsa en avant dans le vide. Grâce à des moulinets bien placé, il réussit à placer la masse de son marteau dans le creux du dernier maillon de la chaine libre, se suspendant ainsi dans le vide.

La plate-forme était désormais tout en haut et la lumière solaire était visible au loin. Aucun signe des garzoks qui avaient été libérés à votre départ. Ils étaient donc bien partis comme promis. Pour Krochar, l'escalier en colimaçon n'est pas très loin et en se balançant un peu, il devrait être possible de sauter pour atterrir dessus.

La rouille, preuve évidente de la négligence des constructeurs de cet élévateur, s’avérait rude à combattre à mains gantées. Les boulons étaient trop abimés et ancrés dans cette auto-désagrégation qu’il était tout bonnement impossible, même pour le plus parfait des êtres, d’en venir à bout sans un brin de jugeote et un outil adapté. Pestant, Lindeniel n’entendit que d’une oreille distraite les propos éhontés de Netare, qui une fois de plus faisait preuve d’incompétence en arguant qu’elle serait inutile pour le bris de boulon. Elle allait servir de guetteuse, et d’appât pour le monstre noirâtre, qui ne paraissait toujours pas, en bas. L’elfe la laissa faire sans rien y redire. Si elle se faisait prendre par la limace gigantesque et noirâtre, ça occuperait son ennemi encore un moment, le temps pour lui de mettre son plan à exécution. Un temps trop court, au vu de ses capacités de combat inexistantes, mais c’était mieux que rien.

À côté, Krochar et Glaya s’activaient, la première en abimant sa lame tout en s’en servant de levier, et le second à la manière délicate des orques : en tapant comme un forcené sur les boulons à coup de marteau. Visiblement, c’était efficace. Aussi, Lindeniel allait appliquer la seconde option visant à virer ces satanés boulons de leur place. Il saisit sa massive hache finement décorée, et frappa les embouts rouillés avec force et précision. Les premiers résultats ne tardèrent pas à arriver. Le premier céda en un coup, libérant le premier coin, et fragilisant déjà la structure. Le second fut plus réticent : l’elfe dût terminer le travail à la main après avoir, d’un coup monumental, déchaussé la croute rouillée. Le troisième fut plus rude encore à enlever. Il ne bougeait qu’à peine, à force des coups répétés. Le regard noir de l’elfe se posa, rageur, sur ce misérable écrou de malheur. Rien ne saurait résister à sa perfection. Surtout pas une si petite chose. Aussi changea-t-il de méthode. Il cala le tranchant de sa hache sous le morceau de métal, et se servit du manche pour faire lever, et ainsi venir à bout, sa force décuplée, du misérable gêneur.

Il n’eut le temps de s’occuper du dernier : la plateforme fut prise d’une secousse vive : Glaya avait réussi à décrocher entièrement la chaine de son côté, et sa réussite s’en était suivie d’une embardée brusque, qui manqua de faire tomber l’elfe. Fort heureusement, il était muni de réflexes fort vifs et précis, et sa main attrapa la chaîne à son côté sans plus tarder, se sauvant ainsi d’une chute mortelle. Ses pieds posaient toujours sur l’un des côtés de la plateforme, mais aucun n’arriverait plus à y tenir en équilibre, désormais. D’ailleurs, l’elfe remarqua une fois de plus son évidente supériorité : Glaya n’avait pas accroché sa chaine, et pendouillait à la rambarde, alors que Krochar, lui, avait carrément manqué de faire une chute jusqu’au fond de la grotte. Il n’aurait pu qu’en sortir les os brisés. Par chance, grâce à Zewen, il s’en sortit en plantant l’un des embouts de son arme dans un maillon de la chaîne.

Au même instant, la montée s’arrêta. Ils étaient arrivés en haut. Enfin. Et évidemment, il allait devoir se charger lui-même de la suite de son plan, puisque les deux autres empaffés ridicules devaient se sortir de la situation rocambolesque dans laquelle ils s’étaient mis. Glaya devait remonter sur la rambarde, pour se sortir de là, et Krochar devait se balancer jusqu’à toucher l’escalier. Lindeniel, lui frappa sur le dernier écrou qui persistait de son côté, de sa hache. Il n’en resterait donc plus qu’un à abattre, pour que la plateforme ne tombe. Mais il devait attendre le signal de Netare, pour ça. Il voyait déjà comment il pourrait faire : il devrait balancer sa chaine jusqu’à attraper l’autre, et ensuite placer un second coup de hache sur le dernier écrou, afin de faire choir la plateforme énorme sur leur ennemi. Lui resterait alors accroché à la chaine… Pour un temps, du moins.

Au loin, la lumière du soleil brillait, comme une lueur d'espoir, comme pour rappeler à Lindeniel sa magnificence.

Pendant que nous détruisions le lien entre la plate-forme et les chaînes Netare décida d'utiliser son pouvoir de lévitation encore actif pour guetté l'arrivé du Monstre-Garzok. Elle partit aussitôt qu'elle nous avait prévenus.

(Effectivement ce serait bête que notre piège échoue à cause d'une erreur de tempo. Bon, d'abord les écrous.)

Les écrous ne résistèrent pas à ma force mais je faisais attention. Si je les cassais tous en même temps la plate-forme basculerait en perdant une des chaînes de support. J'ai eu peur lorsqu'un coup violent fit voler en éclat l'avant-dernier écrou et plia légèrement le dernier. Je suis resté sans bouger pendant quelques secondes avant d'être sûr que le dernier écrou tenait toujours.

(C'est pas passé loin ! Un peu plus et on…)

Je fus brutalement arraché à mes pensés par une sensation de déséquilibre suivis d'un basculement en arrière violent. La plate-forme se penchait car ce qui n'est pas arrivé sur ma chaîne c'est produit sur une autre. Je ne savais pas qui avait mal jaugé sa force mais sa maladresse involontaire provoquait la chute du groupe.

"Uichtro !"

En roulant sur la pente qui m'amenait vers le vide du puits je pus voir que Lind et Glaya se tenaient fermement à la plate-forme. J'étais mitigé entre le soulagement de ne pas les voir s'écraser en bas et la colère d'être le seul à subir les conséquences de la maladresse d'un autre.

(Il faut que je me rattrape à quelque chose vite.)

Je sentis le métal glisser sous mes vêtements jusqu'à ce que seul le vide me séparait du sol. Par réflexe et surtout par désespoir je fis de grands moulinets en direction de la chaîne libre qui pendouillait maintenant sans aucun but.

(Ne m'appelle pas maintenant à toi, Thimoros, j'ai tant de choses à faire !)

Que ma prière ai été entendue ou pas je ne le savais pas mais en tout cas mon marteau se coinça dans une des mailles de l'immense chaîne. Je réussis à me stabiliser pour ne pas tomber mais je me retrouvais tout de même dans une drôle de posture.
En me retournant légèrement je vis Glaya et Lindeniel toujours agrippés à la plate-forme.

(Bon, je fais quoi maintenant ? Il faut que j'atteigne les escaliers en colimaçon, en me balançant sur la chaîne je pourrais sûrement les atteindre. Mais il va falloir libérer mon arme.)

"Continuez comme c'était prévu. Je vais remonter par les escaliers pour vous aider lorsque la plate-forme tombera."

(Plus facile à dire qu'à faire.)

Après un travail méticuleux je suis arrivé à sortir mon marteau de la maille tout en m'agrippant à celle-ci avec mon autre bras. Par des petits coups lent je réussis à mettre la chaîne en mouvement vers l'escalier. Il ne me manquait plus qu'à sauter au bon moment lorsqu'elle sera assez proche.

J'ai mis les chiffres car c'est beau.
Equilibre Krochar pour s'accrocher au maillon : 95
Saut de Krochar : 94
Déboulonnage : 94
Acrobatie Glaya : 91
Intelligence ennemi : 34
Attaque plateforme 1 : 12
Attaque plateforme 2 : 73

Le bras contaminé de Krochar l'handicappe dans sa situation délicate, mais il arrive le passer dans un maillon après un tour de force impressionnant, se calant en mobilisant le peu de force qu'il peut encore mettre dans son coude. Il débloque donc son arme avec sa main valide et apprès avoir pris de l'élan en faisant le balancier, il peut relâcher son bras et sauter vers l'escalier sur lequel il atterrir deux mètres plus bas avec souplesse (aucun dégât). Il put donc courir pour rejoindre le sommet au plus vite.

Pendant ce temps, Lindeniel, bien accroché à sa chaine, donne un coup de hache fatal pour l'écrou qui s'envole pour finir au fond du puit, au loin. Mais avant que l'elfe puisse faire autre chose, les événements se précipitèrent. La plateforme bascula sur le coté par la perte d'un de ses point d'accroche et la paladine fut bringuebalée dans des mouvements chaotiques du feu-monte-charge. Mais Glaya avait plus d'une corde à son arc et elle réussit à se caler pour prendre appui et sauter vers une galerie de l'étage inférieur. Elle se ramassa piteusement, mais au moins elle ne chuterait pas de 60 mètres dans le vide.

La plateforme, torturée au possible, ne tenait que par un unique écrou, à moitié défoncé par Krochar précédemment et mis à mal par le poids qu'il devait porter d'un coup tout seul. Des grincements immondes résonnaient tandis que l'acier se pliait, se tordait, s'écrasait pour au final laisser s'échapperle poids mort.

Au même moment, un cri féminin indistinct provint du fond du puits. Il était dénué de frayeur et semblait être le signe pour vous prévenir de la présence du monstre. Ca tombait bien vu que la plateforme, amas métallique et boisé chutait follement, se cognant contre les parois, arrachant un bout d'escalier avant de voler vers l'autre bord du puit par l'impact, continuant dans une trajectoire imprévisible son parcours destructeur.



En bas, les échos funèbres sonnaient de plus en plus fort. Le monstre avait couru dans les tunels et avait atteint le puits. Il semblait enragé et voulait se venger sur Netare à défaut de ne pouvoir avoir Kerkan. Il approcha sans trop regardait au dessus de lui, fixant la liseuse de rêve droit dans les yeux. Il semblait sur le point de lancer un sort, mais tout à coup, la plateforme arriva, accompagnait d'une nuée de roches arrachées par son passage. Netare s'envola sur le coté et évita par chance le piège mortel qui passait loin d'elle. La créature maléfique était par contre en plein dans la trajectoire du monte-charge dégringolant et la vitesse de celui-ci lui coupa toute retraite possible.

Dans un fracas assourdissant, la plateforme s'écrasa au sol et le monstre n'était plus visible. Au bout d'un moment, le liquide huileux et sombre typique des blessures du monstre déborda de l'amas d'acier et de bois, prouvant que la bête était en dessous.

Une bonne chose de faite.

(((Vous avez tué le boss ! Bravo ! C'était pas évident. Maintenant, il vous reste la mission de bloquer l'entrée du monde des rêves. Niveau déplacement dans la mine : il vous reste le second monte-charge. Sinon, les escaliers sont abimés par endroit, mais pour peu que vous y aller lentement à ces endroits là, il n'y a pas de problème pour les utiliser. Pour le bras de Krochar, il n'y a pas de changement pour l'instant, en bien ou en mal. Il faudra sûrement des soins spéciaux pour arranger ça. Lindeniel est toujours sur sa chaine, à se balancer un peu pour vir de l'élan. La "chaine de Krochar" est plus proche que le bord. Glaya est un peu mal au point, mais pour elle, "it's just a fleshwound" donc elle aidera pour les divers tâches et ne s'occupera de ses blessures qu'une fois tout cela fini.)))

La précision du geste de l’elfe n’avait d’égal que la perfection inhérente à son être. La hache vint, dans un effort dosé idéalement, percuter l’écrou déjà en mauvais état et le choc tranchant fit exploser celui-ci sans lui laisser la moindre chance de résister. Et ce fut alors que sous-eux, un cri retentit. Celui de Netare, qui prévenait de l’arrivée prochaine du monstre ignoble qui les avait pourchassés jusque-là, et qui s’était maintenant certainement repu du cadavre de Kerkan. Lindeniel devait presser son action, d’autant que les autres, pour ne pas les changer, étaient d’une inutilité flagrante. Ramassés sur leur pauvre sort, ou croulant sous leurs pauvres blessures handicapantes. Celles-là qu’ils devaient à leur incapacité à réfléchir.

Mais Zewen était de la partie. Et il se rappela à l’elfe blanc de la plus belle manière qu’il put : en œuvrant à son côté, en faisant à la place du noble assassin la tâche qu’il s’était confiée. Il brisa le dernier écrou, mis à mal déjà par les anciens coups de Krochar. Le poids de la plateforme fit le reste. SI faiblement attachée, elle ne résista pas, et dans un bruit de métal crissant. L’attache ne résista pas longtemps. Après s’être tordue et pliée, elle céda sans plus attendre, libérant la plateforme de ses chaines. Et la chute fut rude, comme prévu par le plan génial qu’il avait initié.

Netare eut de la chance d’avoir quelques réflexes, sans quoi elle aurait été également emportée par la masse terrible qui chutait vers les profondeurs, détruisant tout sur son passage : escaliers, tréteaux de bois, poutres et constructions. La roche se décrochait des parois pour se mêler à l’avalanche terrible, que Lindeniel regardait tomber d’au-dessus avec une autosatisfaction visible. Le monstre ne pourrait en réchapper, cette fois. C’en était fini de lui. Et une fois cette certitude atteinte, il put faire balancer sa chaîne pour atterrir avec agilité sur l’étage supérieur de cette mine. Celui où ils étaient entrés. Celui qui avait marqué leur première victoire effective sur les forces de ce lieu maudit. Tout allait bientôt finir. Il leur restait juste une mission : faire en sorte qu’ils soient les seuls à avoir pu atteindre le monde des Rêves et en revenir. Enterrer l’esprit de son père sous la roche, voilà la tâche qui incombait à Lindeniel, qui siffla court les réjouissances éventuelles d’une victoire :

« Il faut faire s’effondrer cet endroit. Trouvez un moyen. »

De son côté, il se dirigea vers cet endroit où ils ne s’étaient pas rendus : l’étage supérieur à celui de l’entrée. Peut-être cet endroit cachait-il la solution à tout ceci. Ou peut-être dissimulait-elle d’autres réponses, d’autres récompenses. Il le verrait, sans aucun doute.

Saut difficile : réussite

Grâce à sa grande agilité, Lindeniel arrive à faire un balancier de plus en plus grand avant de se projeter vers le rebord et poser les pieds à peine à coté du vide. Il atteint donc le niveau haut tandis que Krochar arrive non loin de lui par le colimaçon.



En montant par le petit escalier, Lindeniel entre dans une salle au plafond en dôme assez bas, l'obligeant même à se baisser quand il est proche des murs. C'est une pièce circulaire positionnée au-dessus du puit, faisant un diamètre équivalent, dont l'atmosphère est étouffante.

La chaleur est plus forte qu'en dessous. Et pour cause, une énorme machinerie s'étend sur toute la surface : des gros rouleaux de chaines, reliés à des pistons de la taille d'une charette chacun, sont répartis en six points dispersés dans la salle, non sans te rappeler les chaines des deux monte-charges. Les pistons sont reliés à deux énormes machineries dont une des deux laisse échapper un peu de vapeur. Autour, beaucoup de tuyauterie part dans tous les sens, mais trois éléments sont remarquables dans le reste de la pièce. Des sortes de filins de cuivre partent de deux bobines de chaine et se dirige vers deux sortes de stèle de pierre sculptée couverte de plaquage d'or formant des ensembles de lignes dessinant des formes étranges. Puis d'autres filins de cuivres partent en grands nombres vers sortes de cuves accolées aux grosses machineries. Les cuves en verre font 50 centimètres de diamètre pour un mètre de haut et contiennent un liquide orangée rempli de poussières noires qui tourbillonne continuellement. Elles sont vides au trois-quart environ. La troisième chose intéressante, ce sont des caisses assez massives trainant dans un des rares endroits sans tuyauterie.

Je suivis donc la bestiole qui se crut sans doute maline de me fuir alors qu’elle laissait sur son passage des traces sombres… Plus le temps s’écoulait et plus je me demandais comment j’avais pu avoir peur de cette chose qui avait l’air d’être un véritable idiot. Son QI frôlait celui de l’huître et sa bosse minable lui donnait un côté vraiment stupide. Mais où se rendait-il ? Au bout de quelques instants, j’arrivai près du monte-charge que nous avions emprunté précédemment et avant que je n’aie pu faire quoique ce soit, j’aperçus Netare se jeter sur le sol et une plate-forme s’écraser sur ce qui fut notre adversaire… Hé bien ! On pouvait bien avouer qu’il n’avait pas vraiment eu de chance…
«Netare ? Vous allez bien ?»

Je m’approchai de la Liseuse de rêves pour savoir si tout allait bien. Apparemment elle était en pleine forme, mais je me refusais à la laisser seule en ce lieu plutôt sinistre.
«Le bossu était le monstre de tout à l’heure. Il s’est liquéfié dans la rivière et il n’est resté que ce morceau de Garzok… Etrange en tout cas.»

Mais, avant d’avoir eu une réponse de la jeune fille Lindeniel demanda à tout le monde de faire s’effondrer le lieu… Oui, pourquoi pas c’était une idée. Néanmoins, je préférais remonter avant de mourir asphyxier sous les décombres.
«Netare, peut-être devrions nous remonter avant de trouver comment tout faire péter non ?»

En voyant l'aquamancien approchait, la liseuse de rêve sembla soulagée et elle lui répondit la voix haletante.

"Kerkan, heureuse de vous savoir en vie ! J'ai du me casser une jambe, mais tant que le sortilège du coq me permet de voler, c'est secondaire. J'espère juste qu'il va durer encore un peu."

Puis elle s'approcha en flottant lentement vers la plateforme écrasée recouvrant les restes du monstre.

"Vraiment étrange en effet. En plus, il semblait me connaitre. Mais je suis plutôt contente qu'il ne soit plus, quite à ne pas résoudre ce mystère. En tout cas, vous avez raison, il nous faut rejoindre les autres en haut et ces mines me débectent. Plus vite on sera sorti, mieux ce sera."

Elle passait sous silence ses actes peu glorieux du combat, honteuse de son comportement, et se hâta à gagner les hauteurs en s'envolant, laissant à Kerkan monter par lui-même via les escaliers ou le monte-charge restant.


(((En remontant, Kerkan pourra voir Glaya monter les escaliers entre le niveau des galeries des araignées et le niveau de l'entrée où sont les autres. Elle clopine un peu et marche du coup lentement)))

J'avais réussi à me balancer suffisamment pour atteindre les escaliers sans heurt. L’atterrissage fut moins douloureux que prévu grâce à mon équilibre. Sauter devenait monnaie courante dans ma vie on dirait.
Mais j’eus à peine le temps de commencer à remonter que j'entendis la plate-forme grincer encore plus dangereusement après qu'un "Cling !" se fit entendre. Je vis que Lindeniel avait arraché le dernier écrou de sa chaîne et que maintenant l'immense machine ne tenait qu'à un bord, le mien. Glaya avait réussi à se rattraper en contre-bas mais elle semblait blessée et Lind était maintenant suspendu comme je l'ai été au-dessus du vide.

(Ha ! Pour une fois qu'il suit mon exemple, il faut que ce soit contre sa volonté.)

Comme je ne voyais rien en bas, je ne pouvais pas savoir si le Monstre-Garzok était en position pour se recevoir le poids du monte-charge sur la tête. Mais il était trop tard de toute manière : sous la pression le dernier écrou que j'avais déjà passablement abîmé se brisa et notre arme de choc se précipita vers le fond du puits dans un fracas assourdissant. Dans sa chute elle détruisit une partie de l'escalier mais épargna la zone où se trouvait Glaya.
Un cri, vraisemblablement celui de Netare, retentit à son tour du fond du puits. Cela semblait être un signal et il ne pouvait signifier qu'une chose : le Monstre-Garzok était en position.

(La chance nous sourie enfin !)

Comme je ne voyais rien j'ai supposé que Netare avait esquivé la plate-forme en lévitant, sinon j'aurais entendu un cri, même fugace. Le bruit du choc entre le sol et la ferraille, même s'il se trouvait à plusieurs dizaine de mètre en profondeur, fut terrifiant. Rien ni personne ne pouvait survivre à un choc pareil.

(Mais une créature comme cette chose aurait peut-être put l'esquiver.)

J'ai décidé d'attendre d'avoir la confirmation de la tâche accomplie par un cri, d'horreur ou de victoire, mais qui ne vint jamais.
Lindeniel était plus confiant que moi et semblait bien calme.

« Il faut faire s’effondrer cet endroit. Trouvez un moyen. »

("Oui monseigneur, et un café avec ça ?")

Je retenais ma langue et mes sarcasmes tandis que Lind utilisait les escaliers pour monter à l'étage supérieur que nous n'avions pas visité. Au bout d'un moment, n'y tenant plus, je me suis décidé à descendre par les escalier pour vérifier que la tâche était accomplie de mes yeux.

(Et si c'est le cas, il faudra aller chercher le corps de Kerkan. Peut-être que nous pourrons enterrer au moins un de nos compagnons dignement.)

Tandis que je descendais prudemment je me suis remémoré l'arrivé de Kerkan avec son griffon, menacé d'être le repas d'une Wiverne. J'avais tenté de le sauver à ce moment-là mais finalement ce fut la Drow, Daelwin, qui agit à ma place.

(Il nous est arrivé tellement de chose en quelques jours. Et pourtant il ne reste que Glaya, Lind et moi de notre groupe. Encore que rien ne m'assure que Jakadi ne se trouve pas encore dans les parages.)

Je passais tant bien que mal les morceaux d'escaliers qui avaient été arrachés par la chute du monte-charge. Au bout d'un moment j'aperçus Glaya qui remontait l'escalier en clopinant. Elle me vit et je lui fit signe d'attendre que j'arrive pour l'aider. Elle ne voulut pas m'attendre mais elle n’allât pas bien loin avant que je ne sois auprès d'elle.

"Heureux de te voir entière Glaya. Je comptais descendre pour vérifier si le Monstre-Garzok est bel et bien mort mais je peux t'aider à remonter si tu veux."

Elle fit secoua la tête pour refuser poliment mon offre et tourna son regard vers le fond du puits.
Une idée me vint en la voyant ainsi, comme perdue dans ses pensées, en transe.

"Glaya, Tu as pu voir les guerriers Garzoks morts lorsque nous les avons combattus ici… Est-ce que tu peux voir la créature morte ?"

Elle me regarda bizarrement avant de répondre :

"D'ici, non, il faudrait descendre un peu pour voir."

"Bon, je vais vérifier alors. Si tu veux me suivre je peux te porter."

De nouveau elle refusa mon offre d'un mouvement de tête. J'entamais donc la descente en ralentissant volontairement le pas pour ne pas distancer Glaya.

(Si la créature a survécu elle peut encore être dangereuse, il vaut mieux être à plusieurs.)

Quelques instants plus tard je vis une forme humaine s'élevée du fond du puits : c'était Netare qui lévitait jusqu'à la surface. A elle aussi je fis signe et elle s'arrêta à mon niveau.

"Est-ce que tu es sûre que le Monstre-Garzok est mort ?"

"Une flaque d'un espèce de sang déborde de sous les débris et rien ne bouge, donc je pense que oui."

Ce fut un soulagement pour moi et je pense aussi pour Glaya. Mais j'étais quand même intrigué : si Glaya pouvait "parler" avec les morts, peut-être pourrait-elle éclaircir le mystère de cette créature.

(Peut-être même que cette chose sait où se trouve Jakadi.)

Je voulus donc continuer ma descente quand je vis une silhouette remonter les escaliers. En quelques seconde il fut assez proche pour que je puisse le reconnaître et montrer ma joie :

"Kerkan ! T'es vivant !"

Le magicien était en train de remonter les marches et de loin je ne voyais pas de blessures apparentes.

"Ça me fait plaisir de pas avoir à t'enterrer dis-donc !"

L’étage supérieur, terre encore inexplorée par le pionnier divin qu’il était, ne payait pas de mine. Le plafond en dôme était une architecture assez complexe à mettre en œuvre, surtout sous terre, sans doute, mais les nabots, ces égocentriques excentriques, l’avaient construit à leur image : bas et grossier. L’elfe pur à l’élégance inégalée dût se baisser pour pouvoir faire entrer toute la taille de son être dans cette pièce étrange et circulaire. La chaleur présente dans ce fourneau intense était omniprésente, pesante.

La cause en était une machinerie étrange et disgracieuse, qui s’étendait sur une bonne partie de la superficie de la salle. Elle était faite de chaines gigantesques, de pistons énormes, d’immenses fours à vapeur. Comme si les nains qui avaient construit cet édifice gigantesque avouaient enfin leur complexe évident d’infériorité. Le gigantisme de leurs construction était sans doute censé compenser la petitesse de leur taille et de leur esprit étriqué.

Les tuyauteries diverses et nombreuses couraient dans la pièce, autour des deux énormes éléments produisant de la vapeur, et rendant plus irrespirable encore l’air surchauffé de cette salle des machines.

Des fils de métal rouge, que la science de Lindeniel lui indiqua être du cuivre en bobine, reliaient deux bobines à des stèles de pierre recouvertes d’un plaquage en or marqué de signes étranges et indescriptibles. D’autres étaient rattachés à de grosses cuves contenant un liquide orangé parsemé d’étoiles noires remuant sans cesse. Et puis, les caisses. Des caisses grossières, éparpillées là où la place leur en laissait l’occasion. Ce fut vers elles que l’elfe se dirigea d’abord. Il voulait voir ce qu’elles contenaient. Peut-être quelque chose qui lui expliquerait le fonctionnement de tout ce système étrange et inhabituel. Il l’espérait…

Jet de compréhension des croquis : 43

Les différentes caisses ne sont pas difficiles à ouvrir. Elles étaient autrefois clouées, sûrement pour le transport, mais le couvercle est désormais amovible facilement.

Trois caisses contiennent chacune une cuve en verre rempli du liquide orange identique aux deux cuves dans les machineries. Elles ont des culots métaliques qui servent à les fixer dans les machines et à en distiller le contenu.

Dans une autre, il y a des bobines de fil de cuivre assez grosses, devant faire une bonne longueur si on les déroule.

Une caisse différente des autres présente plusieurs tiroirs qui contiennent nombres d'outils pour travailler le métal et entretenir toute la machinerie. Une liasse de parchemin semble décrire le fonctionnement du monte-charge et le calibrage des machines. Mais entre le langage torkin et l'usure des parchemins, Lindeniel ne peut se reposer qu'uniquement sur des croquis abimés.

Il arrive néanmoins à en déduire que les fils de cuivre transmettent l'ordre donné sur le tableau de bord du monte-charge et l'envois vers la console qui est reliée aux machines qui activent les pistons pour monter ou descendre les chaines. Il y a bien un croquis de la console avec un symbole rouge à coté, mais sans la traduction des textes à coté, l'elfe n'y comprend rien.

Netare était toute heureuse de me retrouver en vie. Ils croyaient donc tous que j’avais succombé à cette entité malfaisante et ainsi échoué dans ma quête personnelle… Bon, ce n’était pas important, mais au moins je venais de prouver que je n’étais pas aussi inutile que j’en avais l’air ! Puis, la Liseuse des rêves m’expliqua qu’elle avait dû se cacher une jambe, ce qui n’était pas d’une importance primordiale à ses yeux car elle flottait dans les airs à l’aide d’un de ses étranges sortilèges.
«Hé bien ! Je trouve ça merveilleux comme enchantement ! Je ne peux pas dire que je suis dans un meilleur état que vous, cette diablerie m’a attaqué assez violemment… Mais bon, cette histoire est terminée à présent, il est mort.»

Une chose était certaine, Netare était assez enjouée par la mort de ce bossu pathétique qui n’était plus que charpie ! Grâce à son étrange sortilège, elle s’envola pour rejoindre le niveau supérieur. De mon côté, je pris les escaliers et rejoignis la plate-forme supérieure. J’aperçus Glaya qui n’était pas dans une forme olympique, mais elle était toujours en un seul morceau ce qui était déjà un bon point. Enfin, je vis la silhouette de Krochar se découpait, le seul orque plutôt sympathique que j’avais croisé depuis mon aventure personnelle. Peut-être serait-ce bien le seul… Je lui fis signe de la main avant de lui adresser la parole.
«Oui, j’ai survécu bon gré mal gré ! Je ne suis pas mort, mais le bossu lui n’est plus des nôtres. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi.»

Puis, continuant de monter les escaliers, je m’enquis de demander à Krochar ce qui leur était arrivé.
«Que s’est-il passé de votre côté ? Glaya a l’air de s’être blessée et je ne vois pas Lindeniel…» dis-je la voix s’éteignant sur la fin.

Lindeniel n’eut, évidemment, aucune difficulté pour ouvrir ces caisses agglomérées dans un coin de la pièce. Leur contenu était prévisible, pour la plupart. Trois d’entre elles contenaient une cuve remplie du même liquide orangé que celles qui étaient encore en activité. Une quatrième caisse dévoila plusieurs bobines de fil de cuivre, identique à ceux qui reliaient toute cette curieuse machinerie naine, totalement inesthétique. Une dernière contient du matériel d’entretien et de travaux de cette pièce. Marteaux, tenailles, pinces et autres ustensiles abscons et robustes, pour ne pas être brisés dans la poigne grossière des Torkins. Et puis, enfin, des plans, des schémas. Lindeniel n’hésita pas un instant avant de s’y plonger. Ils contenaient certainement le secret de cette construction, de ce qu’il pourrait tirer de ce mécanisme… Faire s’effondrer la mine était son but, et il était persuadé que cet endroit allait l’y aider.

Hélas, les nabots infâmes gardaient farouchement leurs secrets en le cryptant dans leur langue ridicule et rocailleuse. Les écritures étaient illisibles, rongées par le temps et le manque évident de soin que ces brutes décérébrées oubliaient de prodiguer. De sombres schémas peu utiles sans la compréhension de leur légende étaient la seule chose que l’elfe pouvait plus ou moins comprendre. Et encore… La colère monta en lui.

« Peste soit de ces maudits barbus décérébrés ! »

Seul symbole qu’il comprenait, un point d’exclamation rouge marquait un danger, en symbolisant par un croquis la console reliée aux machines par les fils de cuivre. Il fallait provoquer une surcharge, très certainement, pour venir à bout de tout ceci… Alors il essaya quelque chose qui lui passa par la tête, sans être sûr de rien.

Il entreprit de dérouler une bobine de fils de cuivre, pour en attacher un bout à l’une des cuves en caisses, et l’autre bout à un piston déjà actif, faisant se toucher les fils de cuivre. Et il essaya de le faire avec les trois cuves orangées dans les caisses, afin de littéralement faire défaillir le système, provoquer une surchauffe, une surcharge… Quelque chose. Il resta là, à observer le résultat de son action, prêt à se carapater sitôt qu’une menace arriverait. Les autres aventuriers ? Il ne s’en souciait déjà plus. Après tout, seule sa survie comptait.