Kerkan a écrit:
Quelques minutes passèrent et j'entendis un bruit venir de la forêt, quelqu'un s'approchait à toute vitesse. Le bruissement des feuilles se faisait de plus en plus important et rapproché.
(Qu'est-ce qu'il va encore m'arriver ? J'en ai plus qu'assez de tous ces criminels !)
Je n'avais plus qu'à attendre l'arrivée de ce mystérieux individu... ou de cet assassin. Tout à coup, un petit elfe blanc, âgé, sortit des buissons, tout essoufflé par sa course folle à travers les pièges de la forêt, on pouvait voir s'échapper de sa bouche des volutes de fumée qui montrait bien la fraîcheur de cette nuit. Je me souvins aussitôt du rêve que je venais de faire, cet homme serait-il envoyé par la jeune femme aux yeux émeraudes ? Ce ne pouvait être une coïncidence, je ne pouvais plus nier la part de vérité qui se cachait dans mes sommeils mouvementés. Il fallait que je me dirigeasse vers Mertar le plus vite possible car si ce que j'avais vu était vrai, de nombreuses personnes allaient bientôt souffrir.
L'elfe tenta de s'approcher de moi, mais, le griffonneau s'interposa. Pris de panique devant cette énorme créature, le petit être recula de quelques pas et examina l'animal avec des yeux écarquillés. Il fit plusieurs tentatives pour venir à moi, cependant, chacun de ses assauts fut repoussé par mon protecteur ailé. Durant un certain temps, les deux êtres se regardèrent droit dans les yeux, faisant mine de se jauger. Comme par enchantement, l'homme blanc finit par gagner le droit de passage, peut-être l'usage d'un sort ou bien, le griffon s'aperçut qu'il ne me voulait aucun mal.
(Avec ces elfes, il faut s'attendre à tout !)
Je vis le petit homme venir à mes côtés, malgré que ma vision fût toujours un peu brouillée. Il commença à observer mes blessures, faisant des grimaces lorsqu'il dut s'apercevoir que certaines étaient vraiment profondes. Il alla même jusqu'à renifler de son nez aquilin le poison jaunâtre que les insectes avaient déposé dans mes plaies. Heureux d'avoir déterminé ce qui s'était réalisé, il fouilla les poches de sa tunique et en ressortit une fiole nacrée. L'elfe me vida le liquide dans la bouche et m'intima d'avaler le plus vite possible;à côté de moi, le griffon surveillait les moindres gestes de l'étranger de son regard de rapace. Je me sentais de plus en plus en sécurité, je me rendis compte que cette créature ne me voulait aucun mal et prenait soin de moi comme le ferait une mère pour son enfant.
Ensuite, le petit homme se releva d'un bon et retira sa cape qu'il plaça sur mon corps frêle et mutilé, je pus voir que ses mains fripées tremblaient comme une feuille soumise à des rafales de vent. Ce n'était pas le froid qui produisait cet effet, mais la peur. Il était tout naturel de frémir face à un tel animal qui possédait suffisamment de force pour abattre un simple vieillard.
(On aura beau dire ce que l'on veut, derrière leur caractère hautain, les elfes sont facilement farouches.)
La fraîcheur commençait à laisser place à la chaleur grâce au tissu qu'il déposa sur moi et le liquide que je venais d'ingurgiter me faisait du bien. Puis, l'étranger prononça quelques mots que j'eus du mal à entendre :
« Repose toi… je reste là et ton griffonneau fait bien attention à toi… »
(Qu'est-ce ? MON griffonneau, il n'appartient à personne. Qui est cet homme ? Aïe ma tête ! Cette migraine me fait atrocement mal !)
Mon regard se posa sur l'homme, puis, sur le griffon, je sentis mes yeux se mettre à briller devant mes sauveurs et un seul mot me vint à l'esprit dans ce moment critique. Je fis de mon mieux pour l'articuler, faisant abstraction de mes douleurs :
«... Merci...»