La faera me chuchote à l'oreille de ne pas en parler en public.

(Et elle a raison !)

(Ah ben oui, je sais, mais bon il n'y avait personne apparemment !)

(Sur un bateau il y a toujours quelqu'un quelque part !)

(D'accord, je ferais attention.)

Nous arrivons à la chambre.

"Ah d'accord ! J'ai arrêté avant hier un voleur de reliques, il avait pillé les temples de Kendra Kâr, en ce faisant passer pour un prêtre, même celui de Yuimen ! Et oui il y a des portes dans cette milice, je dois le savoir, je dois trouver quelqu'un sur ce mond... Euh enfin nous voila arrivé."

Je ne devais bien sûr, rien dire au sujet de mon frère ni d'où je viens. A moins que sa faera ne le sache déjà !

"Une cape vous dites ?"

J'entre dans la chambre et en ressort avec la cape que Seyra portait hier.

"Comment une simple cape peut dissimuler autant ? C'est étrange !"

Entendant parler d'une autre pilleur de relique, j'éclate d'un rire clair.
"Ils ont dû rire à la milice. J'ai moi-même ramené le voleur avant-hier. Il faut dire que j'ai dû faire beaucoup de chemin pour le retrouver..."

Il parle de portes, visiblement chacun de nous à quelque chose à chercher de bien précis dans cette milice.
(J'ai un doute, ou il parle de Yuimen comme s'il y était... extérieur?)
(En effet, il n'est pas Yuiménien.)
(Tu veux dire qu'il n'est pas... humain?)
(Humain... si... plus que toi même. Il n'est juste pas de Yuimen.)

J'hésite à lui en parler. Lui-même ne semble pas avoir envie d'en discuter plus que ça, puis ça me forcerait à parler de mon propre projet, ce dont je ne veux absolument pas!

On entre dans la chambre où j'aperçois des tableaux aussi. Il me rend ma cape et en parle, changeant brusquement de sujet.
"C'est une cape tissée par les elfes à partir de certaines plantes ayant le pouvoir de changer de couleur. Celle-ci permet un camouflage sommaire, mais parfois bien utile."

Je fouille rapidement les poches et en sort la pierre d'orientation.
(Je l'avais oubliée celle-là...)
Je continue à fouiller et finis par trouver un petit sachet contenant 5 graines que je transfert dans ma propre cape.

"Gardez la cape. Cela pourra toujours être utile à votre fille, là où nous allons."

"Un autre pilleur ! Et bien c'est la période, ils devraient avoir honte ! Enfin deux de moins ça aidera !"

"C'est étrange n'empêche ce genre de cape, les elfes sont donc très bons dans ce genre de chose ?"

Elle fouille la cape et en ressort deux objets puis me retend la cape, la donnant à ma fille.

"Oh, vous lui donnez ? Elle sera contente !!! Merci beaucoup Dame Lothindil ! Maintenant pardonnez mon impolitesse, mais je vais me restaurer, les voyages en mer creusent l'appétit ! Vous avez déjà pris la mer ?"

Je referme la porte et me dirige vers la salle à manger.

"Les capes non, la plante beaucoup plus... Peut-être pourrais-je vous montrer la plante sur Verloa..."

Il a l'air ravi que je lui donne l'ancienne cape de mon père. Après tout, elle m'a déjà bien servie.

"Oui, j'ai déjà pris la mer... j'espère juste que ce voyage se passera mieux que certains de mes précédents."

J'évite en mon for intérieur de penser à Nazca que j'ai perdu lors de mon dernier voyage en bateau...

"On se croisera sans doute plus tard. J'ai des choses à faire en attendant."
"Crrikkkk crrriiiiikkkk" Fait alors Lirelan en agitant l'aile.

(Pas crédible le salut de l'aile...)

Seldell avait aménagé un bout de matelas à ses pieds, avec une petite couverture juste pour sa petite pensionnaire, ainsi qu’un vieux coussin trouvé dans le placard du couloir.

« Bon, voilà, j’ai fait de mon mieux, j’ai rien trouvé d’autre, en espérant que tu n’ais pas trop froid cette nuit… Tu sais, en mer, l’air est frais.
Bon, voilà, il y a une petite chandelle ici, je vais te l’allumer pour pas que tu sois dans le noir… A demain, dors bien Keynthara !»

Après avoir enfilé un gilet pour la soirée et allumé la bougie, il lui fit un rapide signe de la main et s’en alla.
L’aniathy était maintenant seule dans la pièce, et elle s’assit sur le lit fixé au mur, détaillant la chambre à la faible lueur de la chandelle.

( Bah dit donc… Parait-il que c’est pas le grand luxe ici… Mais quand même, c’est pas dans mon petit local qui me servait de chambre à l’époque que j’aurais trouvé des si beaux tapis… )

Les tapis n’étaient pas extraordinairement beaux, mais il donnait vie à la pièce. En tous les cas, ils plaisaient beaucoup à la Petite, avec leurs jolis reflets nacrés aux couleurs de l’océan… et puis, il y avait aussi ces tableaux suspendus, décrivant des scènes et des rituels exotiques qui lui étaient totalement inconnus.

(Quelle idée de mettre ce genre de peinture dans une chambre… en plus, c’est pas vraiment assorti avec les tapis et les couvertures, avec ce rouge tout partout, on dirait du sang ! J’en ferrais la remarque à Seldell si j’y pense, demain. N’importe quoi… )

Et elle déposa par terre son sac contenant son précieux cadeau, quelques petites pièces et le parchemin de Moboutou, puis se glissa sous les couvertures en fermant doucement les yeux, bercée par le rythme des clapotis de l’eau sur la coque…

Je rejoins rapidement le pont et m'assois dos au bastingage. Je sors les trois derniers parchemins des poches de ma cape.
(Bon, tu vas apprendre lequel?)
(Celui-là!) dis-je en prenant celui le plus à droite: "mémoire des pierres".

Je range les deux autres et sort la pierre d'orientation que m'a offerte Erwen, dans les montagne, il y a un petit temps.

Lisant comme à mon habitude le parchemin jusqu'à ce qu'il soit illisible, je comprends à quoi sert ce sort, il permet de voir certains grands évènements s'étant passé où la pierre était. Cela me permettra sans aucun doute d'en savoir plus sur ce caillou.
Je la prends en main et concentre mon énergie sur le bout de roche, qui se met à briller d'un éclat vert.
La formule défile sans aucun problème et je parviens à saisir une première bride d'image qui fait hurler rompant le contact, ma concentration et le sort en même temps.
(Qu'est-ce qu'il s'est passé?)
(Tu... tu n'as pas vu?)
(Non, ça fait partie de ce que je ne peux pas voir dans ton esprit visiblement.)
(C'est inimaginable... atroce...)
(Cherche à visualiser l'image que je vois ça.)

Non, ça je ne pouvais pas faire. Je suis paralysée par ce que j'ai vu, n'osant ou ne pouvant y croire. Seule reste l'impression très vite tandis que la vision, trop brève, ne vient pas se fixer dans mon esprit.

(Bon, tu recommences, sinon tu n'y arriveras pas...)
(Tu te rends pas compte de ce que j'ai vu?)
(Y avait pas marqué que ça montrait des choses heureuses non plus... mais ça montre la réalité...)

Elle a raison, comme toujours, il faut que je sache tenir ma concentration quelque soit les images que je verrais. Respirant profondément, je cherche à me calmer au maximum. Ce n'est qu'une bonne demi-heure plus tard que je me sens prête à nouveau à affronter l'histoire de cette pierre.
(Tente d'ouvrir ton esprit...)

A nouveau je plonge dans un tonnerre de vision. Cependant je parviens à garder les mains sur la pierre et à maintenir le sort actif...

Une cité à l'architecture étrange, à la fois belle et surprenante, fine et infiniment solide. Elle ne ressemble à rien de ce que j'ai pu voir jusqu'à présent. Le détail rendant cette cité particulière parmis tout le reste est sans doute le fait qu'elle semble flotter dans les nuages.
(C'est le cas... Voici Nyr 'tel Ermansi. La ville des Ermansi.)
(Les elfes dorés?)

Nul besoin de la réponse de ma faera pour vérifier mes doutes. En effet, je vois une grande pièce encore plus splendide que le reste et d'autant plus étrange. Au centre une sphère noire comme l'encre et des images qui y flottent. Un grand elfe doré est assis devant, je le vois du bas, il tient sans doute la pierre dans ses mains. Il me donne à un autre.

(Voilà, la pierre va être remise pour guider jusqu'à la cité.)

La vision change brusquement, me montrant les images d'un peuple humain luttant dans une ville à feu et à sang. En face des monstres terrifiants, qui semble fait d'ombre pure, si ce n'est deux yeux rouges brillant comme deux flammes.
"Sanar, prends la pierre et l'Izandri... file prévenir les dorés!"
"Mais père..."
"Ne cherche pas à comprendre. Tu es le seul à savoir manier ce vaisseau. Dépêche-toi... l'avenir d'Isandra en dépend!"
Une course despérée à travers une ville sur l'eau, les rues étant des parserelles de métal et les maisons des sortes de coquille de tortues géantes renversées. Enfin l'arrive à un vaisseau qui prend son envol.

(La fin tragique de Salandra... La ville marine.)
(Je n'ai jamais entendu parlé de cette ville.)
(Normal, elle est trop lointaine pour ça.)
(C'est quoi Isandra?)
(Le nom qu'ils donnaient à Yuimen.)

Nouvel vision tout aussi dévastatrice, celle d'un feu, brûlant envahissant tout l'espace. Puis sans transition, celle d'une femme ramassant la pierre: Erwen. La suite m'est connu. La bataille d'Akinos, la marche, le don de la pierre, Nuilë empoisonné, la rencontre avec Lirelan,...

(Hey, mais c'est moi ça!)
... L'ours géant, Nazca, Ilmorë, le navire, la tempête, le shaman lynx, l'esclavage, le palais du désert, le combat dans la grotte, le temple de la terre, Ilmorë attrapé.

Plus soudain le noir, le vide, suivi d'une lumière blanche étrange puis de nouveau le noir complet et intense...

(Tu peux revenir à la réalité... je crois qu'elle a dit tout ce dont elle se souvenait!)

J'ouvre les yeux, pas certaine d'avoir réellement vu ce que j'ai vu au plus profond de moi. Au moins, je sais ce qu'est cette pierre... Mais toujours pas ce que je fais en sa possession, ni comment elle marche...
(Par contre, il faudra que tu apprennes à contrôler le moment que tu observes... Sinon tu vas passer des heures avec certaines pierres...)
(Sans doute... On essayera la prochaine fois. Là j'en ai assez vu.)

Je reste un long moment assise ainsi dans le doux ballotage des vagues qui clapotent.

Étrange que le au revoir de la pie, enfin c'est une faera, mais n'empêche c'est drôle !

Je prend mon petit déjeuné seul, Seyra est déjà sortie voir la mer. Je ne m'attarde pas et vais profiter de l'air du large. Le soleil éclaire la matinée, il ne fait pas très chaud. Le bateau avance à vive allure, Bogast étant toujours en train de gonfler les voiles.

Je fais le tour du bateau rapidement. Puis je fais quelques exercices d'assouplissement afin de rester en forme. Puis rapidement le soleil arrive au zénith et on nous appelle pour manger.

Le menu est varié et riche : du poisson, des salades, des fruits, de la bière et de ce vin qui fait mal au crâne. J'évite l'alcool et mange le poisson et la salade, au final j'emporte une pomme avec moi, sûrement pour la grignoter plus tard. Il vaut mieux économiser la nourriture qui pourrait manquer plus tard.

Je ne voit aucun des compagnons présenté hier, mais certains gagnants du combat sont là, personne ne va vers l'autre, je reste toujours à observer. Je fini rapidement, rejoins ma chambre avec Seyra.

"Papa, je veux m'entraîner face à toi !"

Elle avait déjà attrapé mon glaive.

"Mais c'est trop lourd pour toi !"

"Tu parles !"

Effectivement elle le maniait sans trop de mal. Un peu d'exercice ne nous ferait pas de mal, j'attrape ma rapière.

"Aller, on va sur le pont, je vais t'enseigner des coups et parades."

Malgré le tangage, on passe l'après midi à attaquer et parer, doucement, tout en exercice et leçon. Seyra est étonnante et infatigable, malgré le poids de l'arme.

La matinée n'est finalement pas très avancée... J'ai sans doute le temps d'apprendre un autre sort avant de passer à table. J'en sors un au hasard de ma poche: "bavardage de plantes".

"Bon, voyons ce que mes plantes en graines ont à nous apprendre."

Je commence cependant pour lire et relire le parchemin pour l'inscrire dans mon esprit. Au bout de trois lectures, l'écriture est totalement ineffacée. A défaut de savoir le maîtriser, la magie est acquise.
Prenant une des plantes grimpantes, je la pose sur le bord du bastingage pour qu'elle s'agrippe et pousse le long de la rambarde. Cela se fait sans problème et Lirelan la bloque dans sa croissance, la laissant à la taille d'un bonzaï dont les Oraniens sont friants.
"Bon, maintenant voyons voir ce que tu as à me dire!"

Je concentre mes fluides dans mes doigts et touche la plante. Celle-ci commence à m'insulter violemment.
(C'était quoi ça?)
(Une plante de mauvaise humeur je pense...)
(C'était... elle?)
(Bah bien sûr. Bon, première chose, faut toucher les feuilles et pas la tige, elles aiment pas ça. Deuxièmement, si tu tiens pas le contact, la conversation sera coupée et t'as plus qu'à recommencer.)

Depuis ma plus tendre enfance, j'avais sentie de la vie dans les plantes, mais je n'imaginais pas à ce point-là. En même temps, je ne pensais pas la matière faite de lien et d'autres choses...
Je relance mon sort, bien décidée à converser avec cette plante, juste pour vérifier que ça marche réellement. Une fois les fluides concentrés, je touche délicatement la feuille la plus proche.
(Bon, elle me veut quoi la druide?)
(Euhh... juste discuter...)
(Et c'est pour ça que tu m'as fait pousser sur du bois où j'aurais rien de mieux à bouffer que de l'eau salé... comme c'est agréable.)
(Je... je n'avais pas pensé à ça.)
(Parce que ça pense maintenant un elfe gris?)
Je ne peux pas m'empêcher de rire à la réflexion de cette plante.
(Tiens au fait... Tant que je t'ai là, t'es de quelle espèce?)
(De celle qu'on ignore quand on est intelligent... Et c'est pas ton cas.)
(Non, sérieusement... A ta manière de grimper j'aurais dit une sorte de lierre. Mais tes feuilles n'y ressemblent pas.)
(Je ferais pas comme ça, si j'étais toi...)
(Tu ferais comment alors.)
(Pas comme ça ent tout cas, elle va t'insulter, je pense.)

En effet, la plante recommence à m'invectiver de plus en plus. La conversation mentale continue ainsi près d'une demi-heure avant que, désespérée par cette plante malpolie, je coupe complètement le contact...

(C'est une impression ou elle ne t'a pas entendue?)
(Nulle autre que toi et moi peut entendre ce qu'on se raconte...)

La cloche annonçant le repas sonne. Affamée, je descends dans la salle de repas.

« Keynthara… hé, réveille toi… ouhouh ! »

D’un sursaut, la petite demoiselle endormie se retourna et tomba nez à nez avec le jeune homme roux qui était penché au dessus du lit…

« C’est pas du jeu, c’est la deuxième fois que vous me réveillez ! », lui rétorqua-t-elle, armée d’un léger sourire matinal.

Keynthara remarqua que le jeune homme était déjà bien peigné, et le lit était fait, signe qu’il s’était réveillé depuis un bout de temps déjà.

« Vous avez du vous lever drôlement tôt… Il est quelle heure ? »

Il se gratta les cheveux quelques secondes en réfléchissant.

La moitié de la matinée est passée environs... voir plus. Si t'étais vu entrain de te reposer ... T'es pire qu'une marmotte toi non ?

Il lui lança un sourire taquineur.

La jeune Aniathy commençait à se faire à l’humour de son voisin de lit. Elle se mit brusquement sur les genoux et s’amusa à mimer une marmotte en train de dormir sous le regard amusé de Seldell.

« Comme ça nan ? C’est pas aussi réaliste que cette nuit j’parie… »

Et elle se mit à rire de bon cœur, descendant du lit en défroissant rapidement sa robe toute chiffonnée…

« Non mais quelle allure je vais avoir moi devant les autres ! »

Là par contre je ne pourrai pas te prêter de vêtements ... A moins que tu veuilles ressembler à un garçon manqué ! Tu veux un peigne pour te coiffer ? J'ai un petit miroir aussi.

Il te tend alors un peigne en argent ayant certainement une valeur sentimentale aussi grande que celle monétaire. Il porte devant toi le mirroir, plus banal que le peigne.

« Merci beaucoup ! Ca fait des lustres que je me suis pas regardée dans une… Ahhhh ! Mais quelle horreur, regardez moi ça ! Je suis toute sale ! Et moi qui avais acheté une toute nouvelle robe pour paraître plus élégante…Quelle honte… »

Elle passait frénétiquement la main sur son visage mais la saleté était tenace sur sa peau nacrée… La pauvre était catastrophée.

« Faut absolument que je trouve un peu d’eau pour laver tout ça… Quelle horreur ! Filgaren aurait quand même pu me le dire… Et même vous !

Tu es toute mignonne même sale tu sais !

Un petit sourire pour accompagner son compliment, puis il rajouta

J'ai un pot d'eau là bas avec un linge si tu veux faire ta toilette. Je vais peut être te laisser seule alors. Je regarderai pas par la serrure, promis ! je serai sur le pont.

Il te caresse sur la tête puis sort.

Keynthara me répondit avec tout franchise, accompagnant ses paroles d’un geste tout à fait affectueux, ce qui me réchauffa le cœur. A coté de nous, Seldell, sûrement repus, se leva et sorti sur le pont, me laissant seul à table avec l’Aniathy. Malheureusement, cette dernière ne s’attarda pas plus, m’annonçant qu’elle rejoignait le rouquin et me remerciant avant de disparaître par l’embouchure des escaliers.

Le silence étant tombé sur la salle à manger, je jetais des regards de tout les cotés quelque fois qu’il reste quelqu’un qui pusse me surprendre, puis, ouvrant en grand ma veste, j’y glissai quelques morceaux de pain, et les restes de poulet se trouvant encore dans mon assiette qui était jusqu’alors bien garnie. Mon forfait accompli, je me levai et m’étirai, faisant que si de rien était.

« Hmmm, ce repas était vraiment bon ! »

Sur ces mots, un domestique sorti de derrière la porte de ce qui devait être la cuisine et s’avança vers moi, me demandant s’il pouvait m’aider pour quoi que ce soit. Comme je le disais assez souvent, après un bon repas, rien ne vaut une bonne nuit de sommeil, je lui demandai donc de me conduire à ma chambre. Et nous partîmes tous deux dans le couloir menant jusqu’aux cabines et l’homme me montra la mienne, dans laquelle je pénétrai avant de glisser tout bas à ce dernier :

« Hmm, si possible, dites à vos camarades d’éviter de venir me réveiller demain matin… ce serait vraiment sympa. »

L’homme acquiesça d’un signe de tête et s’en alla, me laissant à la contemplation de ma chambre. Celle-ci était plutôt spacieuse avec un simple lit accrocher au mur, quelques cadres fixé si et là, représentant tantôt un bateau tantôt un monstre marin, avec une précision digne des plus grand dessinateur. Sur le sol, un épais tapis venait agrémenter le tout.
Bien que je fasse confiance au domestique, je pris la peine de griffonner trois mots sur un parchemin avant d’aller le fixer sur la porte :

Ne pas déranger !

Je pouvais enfin être tranquille, et il ne me fallu pas cinq minutes pour vider ma veste de son contenu et m’allonger sur la couche, plutôt confortable d’ailleurs. Le sommeil ne se fit pas attendre et je m’enfonçai rapidement dans les spirales du rêve. Rêve bien étrange d’ailleurs…
J’y vis une étrange créature, mi-ours, mi-danseuse de par son magnifique tutu rose, grogner après moi de manière plutôt effrayante. Sur sa gamelle posée au sol, un nom était inscrit : « Oursin ». Quel nom saugrenu pour une créature aussi immonde. Ceci dit, l’animal, sûrement affamé, se jeta sur moi et m’arracha un bras pour le dévorer goulûment. Et je me réveillai brusquement, le front couvert de sueur. Une douce lumière passait par le hublot de ma cabine et venait m’aveugler.

Quelle heure pouvait-il être… Sûrement pas plus de neuf heures du matin… Prenant mon courage à deux mains, je me levai et sortis de ma chambre, lissant un peu les plis de ma veste.
Je croisai une jeune femme tout à fait ravissante et lui demandai l’heure : Il était deux heures de l’après-midi… et le petit déjeuner était déjà passé depuis longtemps, ainsi que le déjeuner et la collation de dix heures… autant dire que j’avais loupé la moitié des repas de la journée.

Ma rapine de la veille au soir allait déjà me servir. Retournant dans ma chambre, je piochai dans les quelques vivres posées près de mon lit sur un bout de tissu. Je fis tout de même attention à ne pas trop en prendre, elles pourraient sûrement me resservir pour plus tard.
Une fois mon frugal repas engloutis, il devait bien être trois heures de l’après-midi. A une heure près, c’était le goûter de quatre heures, et j’étais donc reparti à me bourrer quelques morceaux de pain dans la bouche, mes réserves s’amenuisant assez vite…

Comme personne ne vint me voir, je me mis à lire un parchemin qui traînait dans le fond de ma besace et, bercer par les mouvements du bateau voguant paisiblement, je me rendormis de nouveau sans même m’en rendre compte, pour me réveiller bien plus tard….