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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Jeu 7 Mai 2009 04:34 
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J’ai enfin rejoint l’équipage de L'Échangeur, de vaillants gaillards qui se battent bravement pour protéger leur bateau. Les habitants de Kendra Kâr à coup de pioche, de bâton et de gourdin attaquent ces hommes comme s’il s’agissait de pilleurs et de vauriens. Ces marins sont des combattants aguerris, ce n’est pas ma modeste contribution qui va changer l’issue du combat. Je vais rejoindre Anarazel sur le pont; j’y serai plus en sécurité.
J’enjambe le corps mort d’un homme qui avait tous les attributs d’un noble, je ramasse au passage son élégant chapeau et le pose sur ma tête.
Le félin mâle que j’ai baptisé Pirate descend de mon épaule et franchi la passerelle à la suite de la chatte noire. Ils se retournent après quelques secondes m’invitant à les rejoindre. Ces chats sont intelligents, ils ont compris eux aussi que leur sacrifice était inutile.
La passerelle est maintenant à ma portée, quelques mètres encore et j’y serai. À ma gauche, un elfe noir combat. Son visage exprime une haine qui me donne froid dans le dos. Habilement, il manipule son énorme hache et massacre sans scrupule les Kerdrans qui ne sont en fait, pour la plupart, que des marchands, des enfants, des femmes et des vieillards.

(Des marchands, des enfants, des femmes…)

Ces mots résonnent dans ma tête. Il ne me reste plus que quelques pas pour rattraper les chats, mais je rebrousse chemin et je prends part à la bataille.

(Tous les gens que je pourrai assommer seront ainsi soustraits à une fin sanglante.)

Je n’entends plus le musicien, il est peut-être trop loin ou bien il a cessé de jouer. Quoi qu’il en soit, dans un murmure, je fredonne cet air divin afin d’éviter de me faire envahir une fois de plus par cette haine bestiale.
Un grand maigrichon s’approche de moi avec une fourche. De mon épée, j’intercepte son outil et d’un mouvement de poignet, je le désarçonne. J’empoigne ensuite mon arme par la garde et le cogne durement sur la tête avec le pommeau.

(En voilà un qui ne perdra pas son sang!)

Et c’est ainsi que je me bats et me débats, esquive et feinte et termine parfois l’assaut par un coup de pied. Le seul but étant de les rendre inconscient.

(Inconscient, mais vivant!)

Je reçois bien sûr quelques coups, mais je n’ai pas le temps de me préoccuper de quelques écchymoses. Mon énergie est consacrée à sauver ma peau et celle des pauvres innocents envoûtés.
Je n’agis pas ainsi par générosité, je ne le sais que trop bien. Donner, aider, secourir, ne sont que des actes purement égoïstes. On aide seulement parce que ça nous procure un bien être, parce que ça augmente l’estime de soi ainsi que celle que les autres ont pour nous.
Eh oui, je suis un véritable égocentrique! Si j’atténue le sort de ces pauvres gens, c’est tout simplement pour avoir la conscience tranquille, pour pouvoir dormir sans remord et surtout pour faire bonne impression devant le capitaine.

Je viens à peine de pousser deux gamins d’environ dix ans quand je vois surgir Rosie à mes côtés. Les cheveux attachés, l’air décidé, elle me prête main forte.

« Content que tu sois vivante »

Je la regarde d’un air attendri, j’ai une soudaine envie de la prendre dans mes bras comme un frère enlace sa petite sœur. J’ai de la difficulté à m’expliquer ce sentiment puisque je la connais à peine, mais c’est ainsi, la tête réfléchie et le cœur prend les décisions. Je retiens mon impulsion et je continue à me défendre espérant qu’on en verra bientôt la fin.

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Dernière édition par Mathis le Lun 18 Mai 2009 04:59, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Jeu 7 Mai 2009 16:33 
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On tournait en rond, on restait devant une foule prise d’une soudaine folie inconsciente et destructrice et je luttais pour ne pas me laisser emporter moi-même. Et tout ça dans quel but ? La moitié des Kendrans nous faisant face s’attaquaient entre eux plutôt que de s’en prendre à nous, ils n’étaient que des fous suivant des pulsions dictées par une force inconnue.

Mais pas de tout le monde.

(Sacré bazar, protégez le navire)

Quelque part, caché dans une poche le rubis faisait pression sur ma peau … et si c’était lui et non moi qui influait sur mes capacités à rester maître de mes pulsions. Le capitaine nous avait ordonné de protéger le navire bien avant le son de cor et ses conséquences fatales. Il n’y avait qu’un pas entre douter qu’une diabolique coïncidence soit à l'œuvre et se savoir au milieu d’influences et de maléfices qui me dépassaient totalement.
Je ne doutais en revanche pas d’être du bon coté de l’ensorcellement, et quitte à ne pas savoir où je mettais réellement les pieds, je pouvais au moins me satisfaire de ne pas être à la place de toutes ces marionnettes écervelées. Lorsque je posais à nouveau mon regard sur cette masse enragée, elle se mut étrangement et vomit vers nous trois corps humains, méchamment amochés … et derrière eux sortit une montagne de chair, de crocs et de bave.

Tenir en laisse une bande de bourgeois et paysans enragés était une chose envisageable, mais la laisse pour cette bête là devait être faite de métal lourd et probablement accrochée à un pont-levis.
Une autre espèce d’instinct s’empara de moi, une remontée soudaine de haine ancestrale face à l’être qui s’approchait de nous. J’étais paralysée, mais ce n’était ni la vue de sa hache faisant presque ma taille, ni son pas hostile qui ne présageait pourtant rien de bon … non ce n’était pas la peur qui me tenait les tripes, mais la haine, celle d’un peuple tout entier qui ne connaîtrait pas la paix tant que des chiens de cette race là envahiraient notre territoire.

Les jointures de mes mains viraient au blanc tant je serais les seules armes que je possédais, et lorsqu’il beugla à grand coup de postillon, je faillis tout lâcher.
La fatalité contenait une certaine dose d’imprévus que je considérais à l’instant plus volontiers comme un acharnement à me nuire. J’aurais pu devenir une arme parfaite pour un homme en qui j’avais une confiance quasi surnaturelle, mais au lieu de cela, j’ai du fuir mon pays pour échapper à un assassin offensé. Je me retrouve dans une chasse régie par des plans dont je n’ai ni connaissance, ni confiance et avec pour associé …

(Un putain d’orque !)

L’elfe avait prit les devant quant à la marche à suivre face à cet accroc et je décidai de fermer un instant mon esprit à toute sorte de pensées suicidaires qui comprenaient, entre autre, des actes comme me jeter à son coup pour tenter de lui trancher la gorge avant de finir en plusieurs morceaux.
Je fis le tour de l’orque, m’éloignant de lui de quelques pas et observa la foule. Les insultes s’étaient taries, les gestes provocateurs absents et j’en aperçus une partie qui semblait s’éveiller d’un cauchemar, regardant autour d’eux avec horreur. Ils pataugeaient dans le sang de leurs voisins et examinaient leurs mains meurtries, bouche bée, prêt à hurler de désespoir. Je haussai les sourcils devant leur détresse et dit sur un ton abrupt en relevant mon regard haineux sur l’orque.

- Y’en aura encore beaucoup des retardataires dans son genre ?

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Madoka


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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Ven 8 Mai 2009 10:11 
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Tout comme moi, mon compère elfe n'a pas raté une seule des prouesses de nos futurs compagnons de pont. Et apparemment, tout comme moi, il en reste bouchée bée. Pendant quelques instants donc, nous étions deux poissons l'un en face de l'autre, la bouche grande ouverte et les yeux ronds. Ce devait être sacrément élégant... Mais rapidement, l'elfe bleu reprend contenance et me répond gentiment, avant de s'incliner devant moi et de rejoindre le pont.

(Eh eh eh. T'as vu Aurore? Il me fait la révérence!)
(Evidemment, ça s'appelle "être poli", mais je suppose que le concept t'est étranger...)
(Vraiment dommage que tu sois tombée sur moi dans la forêt, hein?)
(Je te le fais pas dire, l'Aldryde.)

Nous pouffons de rire mentalement. Ces petites disputes sur le ton de l'humour ne sont pas pour me déplaire. Et puis j'ai un tel talent pour les traits d'esprit...
(Cause toujours!)
(L'irascible Faera, va donc faire joujou ailleurs!)
(Le problème, c'est que je ne peux pas. Tu es tellement incapable que tu risquerais de mourir prématurément...)
Ah... Vraiment quelqu'un de merveilleux, cette petite Aurore.

Mais revenons à nos bouloums. L'elfe bleu au doux nom de Dôraliës finit par grimper sur le pont, suivant l'injonction de l'elfe aventurier. Accélérant légèrement la cadence des battements de mes ailes, je le rejoins sur le pont en quelques secondes. Et là, ô horreur, il sort quelquechose de son sac. Et quand je dis quelquechose, c'est pas un petit quelquechose hein! Là, c'est carrément un quelquechose de compèt'!

Je pâlis quand je vois peu à peu émerger du sac de Dôraliës un monstre entièrement fait de poils, de griffes, de crocs, et encore et encore de poils. Et des griffes. Et des crocs. Une énorme boule de poils ronronnante -plus grosse que moi!- arrive sur le pont du navire, son regard brillant tourné vers l'elfe. Ma première pensée est :
(Je ne donne pas cher de ma peau.)
Heureusement pour moi, c'est donc avec soulagement que je l'écoute, Dôraliës donne ses instructions au monstre poilu:

"Santias, je te présente Silmeï, c'est un aldryde et donc une créature pensante. Donc, si tu ne veux pas avoir d'ennuis, je te serais gré de ne pas l'attaquer comme une vulgaire souris ! Tout le monde croit que les chats sont stupides, mais, ils ont une vraie personnalité au fond d'eux et comprennent plus ou moins ce qu'on leur dit"

Ainsi cette chose s'appelle Santias. Son regard se pose brièvement sur moi, comme pour jauger le futur goût de la "créature pensante", puis revient paisiblement se poser sur son maître. J'acquiesce légèrement tétanisé, tandis que Dôraliës me rassure. Ce dernier salue l'équipage, et je l'imite d'une voix mal assurée. Cependant, je ne peux m'empêcher de lui demander:

" Vous êtes sûr, Dôraliës, que votre chat me laissera tranquille? Je ne voudrais pas avoir à lui faire du mal pour me défendre... "
Après réflexion, j'ajoute:
" J'ai une faveur plutôt étrange à vous demander: pourrais-je venir sur votre épaule? Me maintenir à la hauteur elfique me fatigue au bout d'un moment, et je ne préfère pas traîner par terre, par peur de me faire écraser. Je vous en serais très reconnaissant! "

Rougissant légèrement d'avoir fait une telle proposition à un inconnu, pour ainsi dire, je me tais, et regarde ailleurs en attendant la réponse.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Sam 9 Mai 2009 11:24 
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L’Aigle des Océans (Antariasi, Angharad et Erfandir) >>>

Le jeune homme aux cheveux frisés répond avec un sourire à Angharad :

« Et bien mademoiselle, m’est avis qu’ils s’en sortent à merveille sans nous. Vous êtes aventurière, n’est-ce pas ? Nos mains seront à mon avis bien assez vite mises à profit pour les abîmer à de telles tâches. Regardez, ils ont presque fini… M’est avis que vous devriez remettre au capitaine la liste signée que vous tenez entre les doigts. C’est l’homme barbu, là-bas. Veuillez pourtant pardonner mon manque de manières, avec la précipitation de ce départ, j’ai négligé de me présenter : Je suis Torald Krath, fils cadet de la noble famille Krath de Kendra-Kâr. C’est un plaisir de faire votre connaissance. »

La voile, comme semble avoir remarqué le jeune homme, est en effet bien vite remise en place. La demoiselle rousse est maintenant haut perchée, et accroche les dernières sangles avec vigueur. L’homme blond au regard de séducteur se tourne vers Antariasi avec un grand sourire sympathique.

« Hé bien, j’ignorais que les servants des divinités sombres étaient si vaillants ! Heureux de t’avoir à bord, mon gaillard ! Sinon… chouette, le chapeau ! »

Visiblement, il fait fi de ton apparence ténébreuse et te remercie visiblement sincèrement, et sa manière, de ton aide. Ce faisant, il te file une tape amicale dans le dos, pile à l’endroit où la plaie de ta scarification s’est rouverte…
Du haut de son mât, la rousse chasse le corbeau de grands gestes de la main avant de redescendre sur le pont en se laissant habilement glisser le long d’une corde. Elle atterrit avec fracas sur les planches de bois, juste à côté du blond et d’Antariasi, un sourire éclairant son visage, et le rouge marquant ses joues et témoignant de l’effort qu’elle a fourni.
Aussitôt, le beau blond lui adresse la parole.

« C’est également un plaisir de voir qu’une si belle femme prend part aux tâches du navire, soyez la bienvenue également ! »

Du côté d’Erfandir, l’homme blanc regarde sans ciller le guérisseur lancer un collier argenté au fond des flots rougeoyant de sang du port. Ses yeux blancs se posent sur l’adolescent, et d’une voix sombre, il lui pose une question :

« Vous êtes aventurier ? »


((Antariasi, perte du collier argenté qui était dans ton sac :p dis merci à Erfandir ! XD )



L’Echangeur (Anarazel, Rosie, Mathis) >>>


Le combat devant le navire de Tulorim se calme progressivement, et les kendrans reculent avec un air effaré tout en reluquant leurs mains pleines de sang. Les corps des deux camps jonchent le sol des quais. Les pertes sont énormes des deux côtés, et près de la moitié de l’équipage de l’Echangeur a été tout bonnement massacré. L’elfe noir, brandissant toujours sa hache, hurle en direction des fuyards :

« Ouais c’est ça, dégagez bande d’enflures ! On vous crèvera tous, un jour ! »

Sur le pont, l’homme casqué range son arc autour de ses épaules, et la demoiselle peu habillée tend une main gantée d’un cuir épais pour y réceptionner l’aigle brun ayant fait tant de dégâts oculaires aux kendrans possédés. Elle a le regard sombre, et tourne ses yeux vers le sang qui coule en flots vers la mer, la mâchoire crispée.

Le capitaine à la peau abîmée reluque l’étrange être qui vient de lui adresser la parole, sans se laisser déstabiliser par son physique disgracieux.

« Dis-donc toi, j’t’ai pas demandé ton avis ! T’es des nôtres, tant mieux ! Mais laisse-moi gérer mon navire seul ! Ces connards de Kendrans auraient abîmé la coque, si on les avait laissé faire, et mon équipage les a tenus à distance. Maintenant que ces empotés suicidaires se barrent, on va pouvoir démarrer. Puisque tu veux faire l’intéressant, justement, va donc les appeler pour qu’ils se ramènent dare-dare ! On a assez perdu de temps ici ! »


Le Vaisseau-Lune (Dôraliës et Silmeï) >>>

La majestueuse elfe aux cheveux bicolores regarde monter l’elfe bleu et l’aldryde sur le navire de ses yeux d’émeraude. Elle répond d’un sourire au salut de Dôraliës, alors que le dénommé Ergoth reste silencieux, droit comme un piquet, comme un golem qui serait en manque d’ordre. L’elfe aux allures d’aventuriers parle alors d’une voix joviale :

« Bienvenue sur le Vaisseau-Lune, aventuriers ! je vous présente la capitaine de ce navire, la grande Aëlwinn ! Et vous l’aurez compris, voici Ergoth. Quant à moi, je me nomme Eleth Il’Ssinith, et je suis tout comme vous un aventurier. »

La capitaine Aëlwinn se tourne alors vers Dôraliës pour lui parler d’une voix mystérieuse, mais enjouée.

« Maître musicien, votre musique apaisante nous a été d’un grand secours. Permettez-moi de vous faire don d’un petit enchantement qui pourrait nous être fort utile, dans cette aventure. »

Ses yeux deviennent alors encore plus intensément verts, alors que sa main tendue vers ton sac lance des petites étincelles rougeâtres. Les étincelles magiques atteignent ton instrument qui se met à luire un instant, avant de s’éteindre. La voix de la capitaine résonne alors à nouveau.

« Désormais, quand vous jouerez en présence d’un ennemi, son cœur s’attendrira et il restera docile et pliable à votre volonté tant que vous jouerez… »

C’est alors qu’un elfe blanc aux cheveux noirs fait son apparition sur le pont du navire. Il est habillé noblement, très sombre, et vous regarde d’un air un peu hautain.

« Voilà donc les aventuriers. Bien… Vous pourrez m’appeler Valor Fein. Je suis au service de sa majesté la Reine de Cuilnen. »

À ses côtés, un autre elfe aux yeux turquoise et aux cheveux sombres et mi-longs se présente, un arc noir à la main. Il arbore un sourire bienveillant, alors que d’étranges marques vertes courent sous ses yeux.

« Quant à moi, je suis Maëlan, pour vous servir… »



Le Rubis-Sanglant (Draast et Madoka) >>>

Sur les quais, l’orque suit avec un dédain brutal la marche de l’Ynorienne tout autour de lui. Il la suit des yeux… enfin, de l’œil, puisqu’un de ses deux yeux miniatures semble manquer à l’appel et lorsqu’elle hèle d’éventuels retardataires, c’est lui qui répond de sa voix grossière et rauque :

« Si toi pas t’grouiller d’embarquer, ouais, toi être à la bourre ! Peuh ! »

Il avance alors sa carrure impressionnante dans sa direction, et sans lui demander ton avis, se saisit d’elle comme d’un vulgaire sac à patate et la calle en travers de sa large épaule dotée d’une force monstrueuse. Il grimpe alors sur le navire d’un pas lourd, tout en gardant l’Ynorienne sur son épaule.

Sur le pont, le Capitaine répond à Draast.

« Dis donc, l’noiraud, le baveux dont tu parles il a le même statut que toi sur c’rafiot, alors tu l’traite avec respect. Il est des nôtres. Tout comme lui, lui et elle ! »

Il désigne alors tour à tour trois personnages borgnes à l’œil gauche remplacé par un cache-œil noir. Le premier est un nain à barbe blanche tenant d’une main un marteau de guerre impressionnant, et de l’autre une pipe qu’il cale dans sa bouche hargneuse. Le second, aussi étrange qu’il puisse paraître, est un homme-renard, une sorte de Liykor bratien paré d’un tricorne noir à bords blancs et d’une curieuse arme inconnue. La troisième est une petite demoiselle aux cheveux carotte. Elle aussi porte un tricorne, un min-haut ligné orange et blanc, et sa main gauche est remplacée par un crochet similaire à celui du capitaine. Un navire coloré est tatoué sur son bras droit.

« Dans l’ordre, c’est Glenor, Fino et Leena. Et pour l’orque, c’est Burgh Erh. »

Le dénommé Burgh s’avance alors, toujours chargé de son coli humain.

« Alors, quand nous partir ? Grumph… »


Les autres navires >>

Le navire nain a cessé lui aussi les hostilités. C’est sans doute près de sa coque qu’il y a le plus de victimes, toutes trouées de carreaux d’arbalètes. Ses lourdes voiles se déploient lentement. Ils sont prêts à partir. Le vaisseau noir, lui, a quitté le port et devance déjà tous les autres d’une certaine distance…

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Sam 9 Mai 2009 19:36 
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Alors qu'il observait avec attention mais sans méfiance le barbare à la peau grise la jeune femme en fit le tour avec une répugnance manifeste, aussi remarqua-t-il que comme le pirate, l'orque n'avait qu'un seul œil en état de fonctionner. Par contre lorsqu'il vit la "bête" se saisir de la "belle" il eut un sourire cynique, l'orque devait effectivement faire partie de l'équipage et manifestait un empressement qui lui convenait très bien. Par contre la "pauvre" jeune fille ne devait absolument pas trouver ça à son goût.
(Faut dire il a un charisme impressionnant, rien qu'à l'entendre je me sens en sécurité.)
(Au moins il est efficace, moche, peu éloquent mais capable de me broyer en deux.)
(Ça aide.)
(Le pirate a bien raison de s'être payé un esclave aussi efficace!)
(Comme si c'était un esclave, c'est pas parce que tout les orques que j'ai vu étaient des esclaves qu'ils en sont tous... Tout les humains que j'ai vu à Caix Imoros étaient esclaves aussi.)
(Les uns ne valant pas mieux que les autres, c'est pas faux.)
Il laissa donc l'orque chargé de son fardeau grimper à bord du navire et le suivit avec empressement, une fois sur le pont le pirate manchot/borgne/unijambiste qui était vraisemblablement le capitaine s'adressa à lui en faisant remarqué qu'il avait manqué de respect à l'orque. Il lui désigna aussi les membres de l'équipage présent à bord, tout autant de canailles qui allaient devoir supporter un demi-shaakt et on avait jamais vu un shaakt -même à moitié- obéir avec empressement et joyeusement.

« Dis donc, l’noiraud, le baveux dont tu parles il a le même statut que toi sur c’rafiot, alors tu l’traite avec respect. Il est des nôtres. Tout comme lui, lui et elle ! »

(MÊME STATUT?)
(Oh c'est bon il va pas m'envoyer ferrailler comme l'orque alors qu'il sait que je me sers de magie noir.)
(Mais je m'en moque, je ne veux pas avoir le même statut que des être inférieurs!)
(Inférieur? En regardant sa taille, je me demande bien qui est inférieur pour le moment.)
(...)
(En tout cas si le capitaine a un orque sous ses ordres il est aussi dangereux que prévu, les orques ne reconnaissent que la loi du plus fort.)
Draast profita que le capitaine désignaient les membres de l'équipage successivement pour les observer attentivement. D'abord un nain à barbe blanche fumant la pipe, son marteau ressemblait à tout sauf à un ornement, c'était manifestement une arme meurtrière que son propriétaire tenait avec l'assurance de ceux qui savent s'en servirent mais n'en ont pas besoin. Ensuite une créature d'une espèce qui lui était inconnu, recouverte de poils et maniant une arme aussi exotique qu'elle devait être meurtrière mais coiffé d'un élégant tricorne, comme quoi il ne devait pas être si sauvage que cela. Et enfin une humaine de petite taille aux cheveux roux, elle aurait pu sembler démunie au milieu de ces sauvages mais quelque chose dans son maintien reflétais une sauvagerie qui rivalisait avec celle de l'orque. Peut être était-ce son crochet à la main gauche qui semblait prêt à l'énucléer ou bien encore son habillement léger qui laissait voir un tatouage de navire flottant sur des flots céruléens, en tout cas elle ne dépareillait pas avec les autres pirates. Aussi lorsque le capitaine les nomma il n'eut aucun mal à graver les noms dans sa mémoire, il avait plutôt intérêt vu qu'il les côtoierait pendant la chasse et qu'il comptait se renseigner auprès d'eux à propos du Léviathan.

« Dans l’ordre, c’est Glenor, Fino et Leena. Et pour l’orque, c’est Burgh Erh. »

(Glenor le nain, Fino...)
(Fino! Finement trouvé pour une boule de poil!)
(...le je-ne-sais-quoi, Leena l'humaine et Burgh...)
(On doit éructer le nom comme si on vomissait ou c'est juste le capitaine qui fais du zèle?)
(...l'orque. Ce qui commence à sérieusement m'inquiéter c'est qu'ils ont tous un œil en moins.)
(Si c'est le plus estropié qui commande je dirais que le second c'est la rouquine, qu'ensuite vient boule de poil, puis le nain, l'orque et que moi et ce que trimbale l'orque on vient loin derrière!)
(Pourquoi Fino passe avant Glenor dans l'ordre? Le nain a l'air plus sûr de lui.)
(Les nains ne peuvent pas s'empêcher d'être sûr d'eux, même quand une voûte leur tombe dessus ils continuent de creuser en étant certain d'avoir raison!)
(Il n'empêche, l'un n'es pas plus estropié que l'autre.)
(Oui mais l'Fino il a un galurin sur le chef.)
(J'ai pas très envie de m'arracher un œil pour leurs beaux yeux.)
(On devrait pas dire leur bel œil?)
Alors qu'un Draast rendu méfiant observait tour à tour chaque membre de l'équipage et le capitaine, l'orque s'avança toujours chargé de la fille qui tempêtait et manifesta à nouveau son désir de presser la manœuvre.

« Alors, quand nous partir ? Grumph… »

S'approchant avec circonspection de Burgh tout en continuant de surveiller du coin de l'œil les autres membres de l'équipage autant que faire se pouvait il s'apprêta à appuyer la demande du colosse.
(C'est une aussi bonne idée que de l'ouvrir en prison ça!)
(Le capitaine va me prendre pour une grande gueule. Et je vais encore paraitre insolent!)
(Parce que je ne suis ni l'un, ni l'autre?)
(Si mais est-ce le moment de le faire valoir?)
(C'est toujours mieux qu'au milieu de l'océan, là j'ai encore une chance de m'accrocher à un débris du port pour ne pas couler.
Alors qu'il s'apprêtait à renoncer à parler au capitaine il vit non seulement que le navire sur lequel le kender était monté avait de l'avance, mais qu'en plus les nains semblaient aussi prêts à partir, sans parler des autres bateau. Ce qui le décida le plus était quand même ce maudit bavard.
(Aucune chance que je permette que ce genre d'être me dépasse dans quoi que ce soit et encore moins dans une course au trésor!)
Aussi croisa-t-il les mains derrière son dos, fit un pas pour se placer un peu en avant de l'orque sur le côté et annonça de sa voix sombre où flottait un léger sentiment d'urgence.

"J'appuie la requête de célérité faite par Burgh, capitaine et je suis navré d'avoir retardé le départ mais vos... ordres étaient que j'arrête ceux qui voulaient monté à bord."

Il avait un peu hachopé le mot ordre, comme si le fait de reconnaitre qu'il avait obéit à quelqu'un lui restait en travers de la gorge, ce qui était probablement le cas d'ailleurs aussi n'en rajouta-t-il pas en disant qu'il ne pouvait pas savoir que l'orque faisait partie de l'équipage et que le capitaine ne l'avait en rien prévenu : le pirate le savait aussi bien que lui. Puis il se tourna vers le dénommé Burgh et s'inclina légèrement en "essayant" de s'excuser de son attitude "irrespectueuse".
(Tu parle il s'en fiche que je le respecte!)

"De plus je tiens à te préciser, Burgh, que "baveux" et "brutal" n'étaient en rien des insultes mais de simples descriptifs. Manquant de tact, certes, mais ce serait comme de dire de moi que je suis "guindé", "chétif" ou "noir". Et que je respecte bien plus quelqu'un pouvant faucher les opportuns comme tu l'a fait qu'un maigrelet suspicieux qui s'empresse de demander de l'aide à son capitaine."

Un petit sourire d'auto-dérision flottait aux commissures de ses lèvres alors qu'il parlait à l'orque, ses yeux posés sur les pieds pour le moins impressionnant du-dit colosse gris, avec des pieds et des jambes pareilles les rumeurs qu'il avait entendu il y a longtemps sur l'endurance des orques aussi bien à la course qu'aux autre travaux semblaient nettement plus véridiques.


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"Il est mort!"
A ce cri désespéré je ne pus que répondre avec simplicité, de ma voix dont la neutralité tranchais de manière criante avec l'affolement de la jeune femme.
"La Mort c'est la vie..."



Dernière édition par Abeausir le Mer 13 Mai 2009 00:55, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Sam 9 Mai 2009 19:39 
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Silmeï arriva sur le bateau en battant des ailes comme l'aurait fait un merveilleux papillon au printemps. C'était fantastique ! J'aurais bien aimé posséder ce genre de membres pour pouvoir traverser les océans à une allure plus que raisonnable. Cependant, les elfes n'étaient pas dotés d'ailes, le grand bouillon de la création en avait décidé ainsi et puis d'ailleurs le peuple bleu était la création de Moura la grande Déesse des océans. Nous étions donc faits pour voguer sur les mers et voir du pays ! Cela était un véritable soulagement, j'avais si peu voyagé de la sorte depuis que j'étais né que cela ravivait mes instincts de marin perdus au fin fond des expériences passées ! Mais, Santias ne devait pas être d'accord avec moi, la terre ferme était son élément... Comment allait-il vivre ce voyage ? Bonne question !

(Tant qu'il ne saute pas à l'eau, je pense qu'il le vivra bien !)

Par contre Silmeï n'avait pas l'air très enchanté de voir le matou sur le navire, ce qui ne me surprit pas réellement, le chat aurait très bien pu le prendre pour un oiseau... Que faire ? Même si je lui avais expliqué qu'attaquer l'aldryde aurait pu lui apporter des ennuis, un chat restait un chat ! Son instinct de chasseur ressurgirait tôt ou tard et je craignais au fond de moi qu'il ne fit de Silmeï qu'une bouchée... Que répondre à la petite créature qui avait en tête de l'attaquer si jamais le chat lui sautait dessus ? J'hésitai quelques secondes, mais, après tout cela aurait très bien pu lui servir de leçon et lui apprendre qu'il n'était pas le plus fort ! Oui c'était cela ! En espérant qu'il ne lui fasse pas trop mal, je serais triste de devoir perdre mon seul ami encore vivant...
«Hé bien, n'ayez pas peur de lui faire quelques petites égratignures s'il ne se tient pas tranquille quand j'aurai le dos tourné. Après tout, si vous arrivez à le dresser je vous en serai très reconnaissant.»

Pauvre petit chat ! Je n'étais pas sadique, en tout cas pas trop, mais, je ne pouvais pas non plus accepter qu'il fasse n'importe quoi. Déjà qu'il avait osé manger un lapin entier dans la plaine de la Cité, je ne voulais pas qu'il se mette en tête qu'il était devenu invincible ! Je nedésirais pas devenir le maître d'un monstre sanguinaire, ça jamais ! Plutôt mourir ! Puis, me sortant de ma réflexion sur les instincts déprimants des chats, la jolie petite créature me demanda si elle pouvait se poser sur mon épaule... Il était vrai que voler de la sorte ne devait pas être très reposant, je n'avais pas le droit de refuser et puis, nous allions devenir coéquipiers dans cette chasse au trésor, il fallait être solidaire pour devancer les autres navires !
«Je vous prête avec joie mon épaule ! Au moins, je pourrai servir à quelque chose... Oh ! Je crois que nous allons faire la connaissance de l'équipage !»

La femme aux cheveux colorés nous regardaient, tout comme l'elfe musclé qui semblait attendre de nouveaux ordres ! Cet homme devait certainement être un militaire ou quelque chose comme ça, il avait l'air d'avoir reçu une discipline hors du commun... Mais aucun des deux ne nous souhaita la bienvenue, ce fut l'elfe blanc qui nous avait appelés pendant que je faisais connaissance avec l'aldryde qui prit la parole afin de présenter les membres du navire. J'appris rapidement que l'elfe aux cheveux bicolores s'appelait Aëlwinn et qu'elle était la capitaine du bateau. D'un côté, cela ne me surprenait guère, elle en imposait tellement qu'elle ne pouvait avoir un poste de bas étage... Ensuite, il répéta le nom de l'elfe à la force extraordinaire et enfin il nous révéla son propre nom qui n'était pas ce que l'on pouvait qualifier de facilement prononçable... Apparemment, lui aussi était un aventurier envieux de découvrir un trésor perdu depuis peut-être des millénaires !
«Je me prénomme Dôraliës, c'est un réel plaisir de faire votre connaissance.»

Toutefois, le plus surprenant furent les révélations de la capitaine, sans même me connaître elle s'adressa à moi sur un ton mystique. Je ne savais pas réellement si elle désirait me remercier pour avoir joué de ma flûte, mais, elle voulut me faire un cadeau à tendance magique ! Moi qui n'avais que peu tripoté l'art des arcanes, je fus réellement apeuré par ce qu'elle avait l'intention de réaliser. Quelle influence cela aurait sur moi ? Je ne désirais pas me transformer en magicien, cela n'était pas dans mes capacités, jamais on ne m'avait préparé à ce genre de destins. Toutefois, cela avait l'air d'être de bon cœur et mes parents m'avaient toujours enseigné que refuser un cadeau ne se faisait pas... J'espérais seulement qu'elle savait ce qu'elle était en train de faire, je ne voulais pas que des oreilles de lapin me poussent sur le crâne...

(Mais, qu'est-ce qui lui arrive ?)

Ses pupilles brillèrent comme deux émeraudes durant quelques instants, mais, cela n'était pas le pire... En effet, des étincelles naquirent au bout de ses doigts et se dirigèrent rapidement sur mon instrument de musique. L'avait-elle cassé ? Était-il détruit ? Qu'avais-je fait pour mériter un tel châtiment ? Mais, je n'entendis pas le bois craquer ou éclater, tout semblait normal... Mes yeux devaient être emplis d'angoisse et d'interrogations... Néanmoins, Aëlwinn m'expliqua ce que j'étais maintenant capable de faire en jouant de ma flûte traversière;apparemment, j'avais le pouvoir de calmer et d'attendrir un ennemi en jouant simplement une mélodie... Cela était merveilleux, mais, réellement dangereux pour une personne qui ne maîtrisait pas ce genre de choses...
«Je vous remercie... Mais... heu... je ne ferais de mal à personne j'espère... Cela n'est pas dans ma nature, vous comprenez ? Je sais que parfois, on est obligé de se défendre, mais, je ne pense pas que ça soit la meilleure des solutions... Enfin, je dis peut-être des bêtises... Oubliez ce que je viens de dire.»

Je dus paraître complètement stupide, tous les membres de l'équipage et surtout cet Ergoth devaient être de vaillants aventuriers qui n'avaient pas peur d'affronter le mal. J'espérais qu'ils ne me renverraient pas sur le quai et qu'ils comprendraient que la violence n'était pas fort... Mais, deux nouveaux elfes apparurent, chassant ainsi ma maladresse maladive : l'un semblait plutôt obscur et à ce qu'il disait était au service de la reine de Cuilnen, l'autre avait l'air d'être un archer à cause de l'arc qu'il portait... Mais, une chose bizarre attira mon attention : des marques verdâtres bougeaient sous ses yeux comme s'il était habité par une créature... Ces deux là ne m'inspiraient guère confiance, mais, je ne pouvais pas les ignorer :
«Enchanté de faire votre connaissance, leur lançai-je gaiement avant de dire à tout le monde : Si je ne me trompe pas tout le monde est là !»

Cette phrase était complètement inutile, mais, je n'avais rien d'autre à leur dire pour l'instant... Nous étions sur le point de quitter le port de Kendra Kâr, l'aventure se trouvait devant nous, peut-être même plus proche qu'on ne le croyait...

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Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Dim 10 Mai 2009 17:12 
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Localisation: Derrière toi, près à t'arracher le coeur ou à te parler poliment... C'est selon.
Je souffre continuellement au fur et à mesure que la voile monte, mon dos me tiraillant comme jamais. Je suis d'ailleurs heureux de constater que la voile est bientôt arriver à sa place première. Je souffle donc un peu et regarde la jeune femme perchée en hauteur qui attache les dernières sangles au mât. Le grand blond se tourne vers moi et m'adresse un sourire sympathique ce qui provoque en moi un sentiment de méfiance, on ne me sourit que rarement et j'ai appris à me méfier de tout le monde. Il se met à me parler comme si j'étais son camarade et plaisante sur mon chapeau. Je lui rend son sourire et lui répond d'une voix polie.

Merci, on doit savoir tout faire quand on travail pour les temples. Je suis heureux de vous avoir à mes côtés, aussi quand au chapeau... Il s'accorde bien aux circonstances vous ne trouvez pas?

Je tente un trait d'humour pour rassurer qui peut m'entendre sur mon comportement et mes intentions à bord. Je ne veux pas d'ennemis parmi l'équipage déjà qu'on en aura surement déjà pas mal lors de cette chasse aux trésors. Une douleur plus forte que d'habitude survient soudainement dans mon dos alors que le grand gaillard s'est approché de moi. Il vient tout simplement de me donner une grande claque pile où il ne le faut pas et je cris soudainement sous le coup de la surprise.

Si vous pouviez éviter de me frapper à cet endroit, j'apprécierais

Mon visage se compose un masque de douleur alors que celle-ci reflue petit à petit, ce qui n'ai pas le cas du sang qui tâche de plus en plus visiblement ma robe. J'ignore la douleur ainsi que la sensation humide du liquide rougeâtre qui coule dans mon dos blessé et regarde à nouveaux en hauteur pour voir le corbeau se faire chasser par la femme rousse. Celle-ci attrape une corde et descend habilement et rapidement avant de se réceptionner sur le pont dans un bruit sourd, juste entre le blond et moi. Elle sourit, illuminant son visage un peu pâle mais déjà coloré par l'effort qu'elle vient de fournir. Le blond lui adresse la parole pendant que le corbeau descend et se perche sur mon couvre-chef en lançant un croassement indigné à la jeune femme.

C'est un plaisir pour moi aussi bien que ce ne soit pas du goût de Bargën

Le corbeau répond par un croassement rempli de menace mais ne provoquant que le rire chez moi. Le corbeau se tait, résigné mais reste tout de même sur mon tricorne noir. Je sens quelque chose monté le long de ma jambe mais ne m'en soucie pas, sachant que le scorpion désire surement remonté sur son perchoir. En parlant du scorpion, je me suis rendu compte qu'il était entièrement calme et aussi amorphe qu'à son habitude pendant le désastre sur le port. Je tremble un peu d'effroi devant la démonstration plus que convaincante des pouvoirs de Thimoros. J'espère ardemment que la souffrance de mon dos lui suffit pour me faire pardonner de mon scepticisme envers lui, sinon, je ne donne pas chère de notre peau.

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Les dieux sombres sont tout puissants


Antariasi, serviteur des dieux sombres écrasé comme son pendant rolisitique papier.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Dim 10 Mai 2009 18:55 
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Voilà déjà un moment que nous combattons et je commence à sentir la fatigue. Être toujours sur le qui-vive m’exténue et mes réflexes se font plus lents. L’homme roux qui me fait face a réussi à me déséquilibrer et à me faire chuter. Étendu par terre, je roule sur le côté juste à temps pour éviter d’être éventré par sa pioche. Sans perdre une seconde, je me relève et tente de le désarmer en lui assénant un coup d’épée sur le poignet; ce que j’exécute sans difficulté puisqu’il n’a rien fait pour échapper à ma lame. Abasourdi, il me regarde d'un air interrogateur en compressant son poignet ensanglanté. Son visage n’exprime plus la haine, mais la surprise, l’incompréhension, la peur et la douleur.

« Je vous ai offensé monsieur? » Me dit-il d’un air penaud en reculant.

Ce rouquin aux yeux verts vient de sortir d’un mauvais rêve. Il n’a rien d’un vaurien ou d’un bagarreur. À peu près de mon âge, il est cependant plus grand et beaucoup plus frêle.
Je ne poursuis pas l’attaque. Je ne sais que répondre, alors je me tais et le laisse partir. Autour de moi, les citoyens sortent peu à peu de l’état de transe dans lequel ils étaient plongés. Les gens quittent à la hâte le lieu du combat et peu de marins les poursuivent. Tous ayant compris l’aspect étrange et surnaturel de l’assaut.

« Ouais c’est ça, dégagez bande d’enflures ! On vous crèvera tous, un jour ! »

Enfin presque tous, cette brute d’elfe noir dont la coiffure rappelle la crête d’un coq de basse-cour aurait apparemment aimé poursuivre le carnage.

Il y des hommes qui se battent par devoir pour leur patrie, d’autres pour sauver des vies, et certains pour s’emparer des biens d’autrui. Ces trois motifs sont louables, quoi que le dernier demeure discutable. Cependant, se battre pour le plaisir du sang et de voir mourir les gens, c’est inconcevable. Le comportement de ce drow m’irrite. Choqué par ses paroles et ses agissements, je lui décoche mon regard le plus dédaigneux. Je le dévisage ainsi jusqu’à ce que je sois certain que dans mes yeux, il ait lu le mépris.

Je porte ensuite mon attention sur le rapace. Cet aigle brun qui transperçait les globes oculaires des Kerdrans à coup de serres est rappelé auprès de son maître, ou plutôt de sa maîtresse, une splendide hybride à demi-vêtue.
Plus agréable et fascinante à regarder que le barjot au crâne rasé, cette dame affiche une mine affligée. Quoi que son visage soit bien joli et que ses attributs bien en évidence, je m’attarde plutôt sur ses nombreux tatouages. Heureux l’artiste qui a pu utiliser cette peau veloutée comme toile pour immortaliser son œuvre.

L’animation et la fébrilité qui régnaient sur le port quelques temps plus tôt sont maintenant remplacées par une ambiance macabre. Les pertes sont nombreuses tant du côté de l’équipage que de celui des habitants de Kendra Kâr
Les survivants ramassent leurs biens et s’affairent à quitter les lieux. Au sol gisent les morts, mais aussi les blessés.

Je m’approche des corps faisant mine de m’intéresser aux rescapés. Une petite fillette brune en pleurs, assise par terre, tente désespérément de venir en aide à sa mère. Celle-ci brune comme sa fille, une main en moins, s’acharne sans succès à empêcher le sang de s’écouler de son moignon. Je m’agenouille auprès d’elle. Tout en contrôlant ma répulsion pour ce liquide rouge, je lui attache mon foulard un peu au-dessus de la blessure pour lui faire un garrot. Après avoir essuyé mes mains ensanglantées sur la cape de la jeune mère, je me relève et m’éloigne de celle-ci. Cette scène s’est déroulée sans qu’un mot ne soit échangé, et c’est mieux ainsi. Les deux brunettes trop sous le choc ont négligé de me remercier. Je ne leur en tiens pas rancune, puisque sans le vouloir elles m’ont procuré un alibi.

(J’en ai assez fait, les gens maintenant convaincus de mon grand-cœur vont se désintéresser de moi…et ma petite chasse au trésor personnelle peut commencer.)

Près de la dépouille d’un homme riche, je m’accroupis, occupé apparemment à vérifier son état. J’évite tout regard furtif, sûrement épié, je dois être prudent dans mes mouvements. Je ne tiens pas à ce que le capitaine me surprenne et qu’il décide de me laisser sur le quai. Alors que ma main droite gifle faiblement le visage tentant de ranimer le cadavre et que mes yeux regardent cette scène, ma main gauche travaille en solo. Minutieusement, elle parcoure toutes les poches du pardessus, puis celles des habits, l’inspection des mains et du cou n’est pas oubliée. Après que mes poches soient bien remplies, je me relève en signe d’impuissance et je lance à qui veut l’entendre.

« J’avais cru l’entendre respirer, mais je me suis trompé, il est bien décédé. »

Les poches pleines, je franchis enfin la passerelle et me rends sur le pont du navire, attendant les ordres du capitaine et espérant trouver d’ici peu le moment approprié pour jeter un œil à mon butin.

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Dernière édition par Mathis le Lun 18 Mai 2009 05:08, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Dim 10 Mai 2009 22:13 
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Alors que les voiles arrivaient doucement à destination, je vis le scorpion partir en direction de son maître quittant le doux refuge du sac. Ca devait être une brave bestiole pour être ainsi attaché à son maître. Par contre, on pouvait la blâmer pour le choix de ce dernier. Il n’avait rien de fameux. Surtout qu’il venait de confirmer mes doutes, c’était un fidèle des dieux sombres. Les divinités responsables de ce carnage sans nom. On pouvait adorer des choses capables de telles ignominies…. Cela me terrifiait. C’était impensable.

Je me rendais compte dans ma profonde réflexion intérieure que ma voie n’avait que de sens si elle était guidée par Gaïa. De plus, c’était grâce à ses faveurs que j’avais pu rencontrer Darek. Il en était un fidèle servant, bien plus que moi en tout cas. Il avait travaillé au temple durant des années et avait crée des liens solides avec la déesse. Juste pour sa mémoire, je me devais de rester dans la lumière et de croire en la bonté humaine. Ma quête serait désormais de respecter la volonté funeste de mon meilleur ami à qui j’avais donné la mort indirectement. Je savais mon geste très égoïste mais cela me permettrait de dormir la nuit et de me complaire dans une vision de moi-même qui ne se rapprochait pas trop du monstre sanguinaire et cruel. Enfin bref, pas d’épanchements sentimentaliste sur moi-même ….. On n’aurait pas fini !

Pour un peu, je culpabiliserais de ne pas penser qu’à Darek….. Que doit-il penser de moi auprès de sa chère déesse ? Je dois vraiment être un ami misérablement lâche et peureux. Je ne méritais pas de côtoyer de pareil être de bonté tel qu’il m’avait été donné de rencontrer jusqu’à lors !

Pendant que mes pensées profondes, mais inutiles vagabondaient par delà les mondes de la compréhension humaines, les voiles étaient de nouveau prêtes à subir les farouches assauts du vent qui je n’en doutais pas un instant, ne tarderait pas à nous pousser vers la chasse au trésor. La belle rousse descendit du haut de son mat glissant tel un chat agile sur une corde. L’homme blond félicita son compagnon de travail et glissa un compliment à la demoiselle qui venait de se poser gracieusement dans un grand bruit sur le pont.

Elle me fascinait et sa beauté me subjuguait. Son sourire clair et pur irradiait mon cœur sombre d’un rai de lumière. Elle était purement magnifique, ses gestes étaient gracieux et son port noble mais ne semblait en rien frêle et au contraire paraissait être une adversaire farouche. Son teint frais et rosé par l’effort lui donnait un air angélique de petite fille comblée. Sa vision me fit craquer. Un de mes regards s’échappa vers certaines protubérances accentué par le corset noir…..


(Mais qu’est ce que tu fabrique espèce d’ignoble pervers ! Darek vient de mourir et moi je pense à quoi, à reluquer une fille ? Mais je ne vais vraiment pas bien moi ….. Espèce d’abruti de triples andouilles macérés dans du jus d’oignons farcis au piment… Je déshonore complètement Darek.)

Soudain, une voix sombre et impérieuse semblant sortir d’une caverne de la montagne me tira de ma rêverie par la simple mais précise question :


« Vous êtes aventurier ?

_ Moi, Aventurier ? Ouais, en quelque sorte ! Je m’adouberais plutôt au rang de raclure rachitique de héros ou de quart de crotte de chevalier mais sinon, oui, je peux répondre au titre d’aventurier. C’est ma première expérience, et je compte me comporter durant celle-ci comme l’aurait voulu mon ami que je viens de voir mourir. Si vous avez un pépin de santé, venez me voir, je saurais sans doute quoi faire. Je suis un bon médecin mais un piètre aventurier. On me reconnait sous le nom D’Erf…… de Darek ! Et vous, êtes vous un aventurier de la chasse au trésor ? Vu vos marques et votre visage émacié, on dirait bien que oui ! »


Je concentrais mon regard sur mon interlocuteur pour ne pas replonger ni dans ma léthargie monotone ni dans ma contemplation béate. L’homme avait l’air dangereux mais sympathique tant qu’il resterait du côté du vaisseau Kendran.

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Terminator des cours d'écoles ! Théurgiste en formation, prêt au combat ! Près de mourir !


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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Lun 11 Mai 2009 11:25 
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J’étais restée une seconde sans bouger en voyant l’orque s’approcher, immobilisée par un souvenir revenu presque d’outre tombe où, dans mon village natal, un orque m’avait prise en chasse et m’avait attrapée par la cheville alors que j’essayais de grimper un mur.
Le brutal arrêt sur l’épaule m’éveilla et je tentais en vain de bouger pour me sortir de là et glisser dans son dos. Mais ce demi-géant avait autant de force dans le bras que mon peuple avant de règles sur la manière de dire bonjour. Je me remontais tout de même sur mes coudes en m’appuyant sur la large épaule et me retrouvais proche, très proche de son énorme tête.
Mes mouvements, aussi brutes étaient-ils, le gênaient autant qu’une mouche sur le nez d’une vache et cette révélation me fit frémir.

Jamais, de toute ma vie je n’étais plus à même d’en tuer un aussi proprement. Mon tanto dans la main, son oreille si proche, et trente centimètre de métal qui depuis plusieurs minutes ne cessait de me demander une chair dans laquelle se plonger.
Et ce souvenir qui me hantait quelque part où je l’avais enfermé, il était revenu pour demander réparation, il ne pouvait en être autrement. Accoudée sur son épaule, ballottée au rythme de sa marche, je baissai mon arme mais la voix du capitaine s’éleva et, comme en écho à un profond doute que je gardais pour l’instant enchaîner, il mit fin à tout acte de vengeance.

«… il a le même statut que toi sur c’rafiot, alors tu l’traite avec respect. … »

(Miséricorde ! c’est une conspiration)


Qu’une Ynorienne se fasse l’allié d’un garzok sans devenir une traîtresse elle-même n’était pas concevable, moi qui n’étais déjà pas le modèle le plus conceptuel d’un peuple, est-ce que j’allais aussi m’abaisser à respecter ceux-là ? Autant plier le genou et embrasser les pieds de la putain Oaxaca.

Un grognement s’échappa de ma gorge alors que je me luttais intérieurement pour ne pas laisser un flot d’émotions inhabituelles m’envahir. J’avais passé une partie de mon existence à comprendre le pour et le contre d’une vie de vengeance, et en était arrivée à la conclusion qu’une telle futilité n’était pas assez bien pour moi, ni pour faire honneur à une promesse faite jadis. Mais depuis ce jour maudis et jusqu’à aujourd’hui, je n’avais jamais eu à faire d’aussi prêt à un orque, ni à mettre en balance ma promesse et ma loyauté à mon peuple.

Je donnai un grand coup de pied de chaise dans l’oreille du Garzok lorsqu’il posa sa question ; pour attirer son attention d’une part et me décharger d’une partie de ma rancœur pour beaucoup plus de part. J'avais pris ma décision, mais elle n'allait pas être des plus faciles.

- Hey, t’as entendu le capitaine, même statut, alors pose-moi sur le pont avant que je t’abîme vraiment en essayant de le faire moi-même. Et je préfère saluer les autres avec ma tête plutôt qu’avec mon arrière train.


Mon ton s’était calqué à celui du capitaine, plus rien d’autre qu’une impression de rude camaraderie ne transparaitrait de mon timbre de voix.

Je n’étais plus qu’une Ynorienne en exil et, si ce n’est pour moi-même, plus rien ne m’obligeait à suivre une règle de là bas plutôt que celles que j’ai acceptées de suivre en signant une feuille de papier et en prenant le rubis.

Mon combat intérieur continuerait tant que je côtoierais le Garzok, mais j’avais fait mon choix. Fuir encore une fois à cause d’une écharde de la taille d’un pieu n’était pas la solution.

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Madoka


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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Lun 11 Mai 2009 11:55 
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Alors que je fixais les quais, je pus sentir que la folie s’amoindrissait, accalmie bien cruelle pour ceux qui se découvraient les mains couvertes de sang, la plupart saisis d’effroi devant leurs actes inconsidérés, tous cernés des gémissements des blessés et des râles des agonisants. Je me surprenais à chercher les Hiniöns. C’en étaient-ils sortis ? Ou leur menace était-elle toujours là, planant au-dessus de ma tête ? Malgré le calme revenu, je sentais que je cramponnais mes affaires récemment acquises, preuve flagrante de la tension qui se refusait de me quitter si facilement. La voix du jeune homme aux cheveux bouclés me ramena une fois de plus à la situation présente. Un léger sourire étira mes lèvres en réponse à celui de cet homme qui semblait si sûr de lui et de ses privilèges alors que je l’écoutais souligner le fait que les marins n’avaient effectivement aucun besoin d’aide supplémentaire. De même, il me confirma que l’homme à la barbe ébouriffée et à la mise plus que correcte était le capitaine de ce navire et finit par se présenter. C’était un enfant d’une famille noble de la capitale humaine, ce qui expliquait son inactivité présente bien qu’il n’eût pas l’air d’être désagréable par ailleurs. Il paraissait même digne de confiance pour la suite de la chasse, si ce qu’il avait dit sur sa disposition à y participer, certainement pour des tâches qu’il jugerait moins ingrates, se révélait réelle.
« Enchantée Sire Krath, je m’appelle Angharad Larmanya. » dis-je en le saluant d’un gracieux signe de tête avant de continuer à lui répondre. « Je suis effectivement venue pour l’aventure… Comme la plupart d’entre nous sur ce pont, j’imagine. »

Ce mensonge me venait tout seul, sans effort et sans sentiment de gène à le proférer, petite mystification par omission. Aujourd'hui, je ne répondais pas seulement à l’appel de l’aventure, un besoin plus présent m’y pressait : fuir mes ravisseurs. Alors que je finissais de parler, la voilure ornait de nouveau le mât et les hommes retournaient à leur poste tandis que la femme rousse rejoignait l’homme blond et le sombre jeune homme. Tout commençait à rentrer dans l’ordre, le moment de folie terminé aussi rapidement qu’il avait débuté. Moi-même, je retrouvais le verni de bienséance que j’avais appris à endosser au service d’un des conseillers de Tulorim, verni qui s’était pourtant quelque peu écaillé depuis mon départ de cette ville. Après mon enlèvement et le déchaînement qui venait de se produire, ces civilités apaisaient le trouble qui m’habitait, me raccrochait à la réalité.
« Je vous prie de m’excuser, il est vrai que je dois aller porter ce papier au capitaine Longargent. »

Je pris donc congé du jeune noble aux yeux verts d’un autre sourire à peine esquissé avant de me diriger vers l’homme barbu à l’air bourru et braillard. Je ne savais pas trop que penser de ce dernier. Si je l’avais rencontré dans les rues de la ville ou sur les docks, je sus sans conteste qu’il ne m’aurait pas vraiment inspiré confiance mais je me demandais si je pourrais rester aussi confiante qu'auparavant maintenant. Chassant ces idées noires dans un coin de mon esprit, je respirai profondément et calmement avant d’attirer son attention.
« Capitaine Longargent ?… L’officier de recrutement m’a chargé de vous transmettre la liste des aventuriers enrôlés pour la chasse. »

Sans ajouter un mot, je lui tendis le papier qui s’était retrouvé froissé entre mes mains crispées.

_________________
"Ne crains pas d'avancer lentement,
Crains seulement de t'arrêter."

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Angharad Larmanya, Humaine, Magicienne Niv.9


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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Lun 11 Mai 2009 18:44 
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Les traits tirés du démon se décontractèrent, comme si la pression accumulée par les impulsions de haine s'était d'un seul coup déchargée sur les épaules du capitaine : le sang-mêlé devint paisible, étrangement lucide. La froide attitude de son nouveau commandant l'avait totalement vidé du poids que représentaient ses soudains désirs, lui permettant de se ranger de manière impromptue - et exagérée - sous les ailes d'un autre.

Mais cet état de délaissement ne dura que quelques instants ; instants qu'il fallut à sa sombre volonté de vengeance pour reprendre le dessus en son cœur déchiré. Et il sut pertinemment pourquoi : il y avait un elfe noir, un shaakt à la tête révoltante, empli de haine, parmi l'équipage. Ce ne fut pas tant ses traits qui surprirent le démon, mais bien les choix évidents de celui-ci : son apparence marginale, il l'avait voulue. Tout comme il semblait avoir cultivé sa haine, et non pas avoir été cultivé par elle depuis sa jeunesse...

De nouveaux chants de mort, tels des murmures invisibles, hantaient l'esprit enflammé d'Anarazel...
Et il manqua soudain de perdre tout contrôle, de se ruer sans la moindre chance vers le shaakt, et de faire couler son sang, de faire ce qu'il s'était juré: tuer chacun des êtres qui l'avaient engendré, jusqu'au dernier...

Mais il détourna le regard. Le capitaine venait de lui donner des ordres. Il n'avait mieux à faire que d'obéir. Et sa poignée de main avec le recruteur devait être honorée...

Les quais étaient investis d'une nouvelle tranquillité, d'un calme incroyable après une tempête irréelle.
Mais le rouge... Le sang et la mort coulaient lentement vers les eaux vertes, tels deux amants tendrement enlacés...

Et les corps ne manquaient pas au délice des yeux : nombreux, autant de la cité blanche que de la noire Tulorim, jonchaient le sol répugnant. L'équipage avait subi de lourdes, très lourdes pertes. Le nombre des marins de l'Échangeur s'en voyait réduit de moitié...

Anarazel acquiesça aux ordres du capitaine, son visage difforme devenu étonnement apathique.

Il descendit quatre à quatre les marches du gaillard de poupe, se retrouvant sur le pont. La demoiselle dévêtue qu'il avait aperçue tenait sur son bras tendu un fier aigle, le bec ensanglanté des yeux qu'il avait à jamais ôtés. La peau noircie de dessins de la jeune femme semblait lui faire office d'habit et de protection, tel un voile de fines traces d'encres aux symboles étranges.
Une créature plaisante et dangereuse - belle... Et elle ne le cachait pas.

Vif, le sang-mêlé se dirigea vers le quai. Il monta d'un pied sur le bastingage noir, se tenant aux haubans. Mathis remontait à bord, et rosie non loin sur les quais vêtue de rouge, baignait dans une couleur devenue sinistre en un moment si extraordinaire.
Et également l'elfe, qu'il abhorrait déjà...

D'une voix puissante et lavée de toute expression, il leur transmit les ordres, accompagnant ses paroles d'un geste ferme de la main :

"- Montez, détachez les amarres et hissez les voiles : on quitte cette ville de chiens!"

Puis il se retourna vers Mathis, parlant plus doucement, le sourire en coin retrouvé. Le cramoisi de ses yeux avait laissé place à une nouvelle lueur de malice, et ses traits d'esprits particuliers retrouvèrent leur place dans les mots qu'il prononça.

"- Ami, j'espère que vous n'avez pas trop souffert de cette barbarie, de cette folie quasi divine..."

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Ecrire, c'est tuer, prier, délirer. Pour combler l'écart. Abolir l'Entre. Et n'y parvenir jamais. [Michèle Mailhot]


Dernière édition par Anarazel le Lun 11 Mai 2009 20:48, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Lun 11 Mai 2009 19:35 
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Localisation: Quête 26 - Cellule n°5
A mon grand soulagement, à celui de mes ailes qui grincent d'une joie farouche, Dôraliës accepte sans problèmes de m'accueillir sur son épaule pour quelques temps. Ces derniers jours de voyage, et le survol de Kendra-Kâr n'ont pas épargné mon pauvre dos souffreteux, qui ne manque pas de protester à grands élans de douleur à chaque nouveau battement d'ailes. Il était temps que le moineau trouve son perchoir. Avec un petit sourire timide, je le remercie vivement:

" Je vous suis extrêmement reconnaissant de prendre en pitié mes ailes endolories! "

Et sans plus de formalités -il a accepté après tout!-, je fais l'effort de battre quelques secondes de plus les ailes pour finalement m'affaler de tout mon poids-plume sur son épaule, assis à califourchon. J'espère qu'il aura supporté le choc. C'est à ce moment-là que les singuliers personnages de notre bateau s'intéressent à nous. L'elfe aventurier à l'air avenant nous présente ses compères. J'apprends ainsi que l'elfe majestueuse à la crinière enflammée n'est autre que le capitaine du navire répondant au doux nom d'Aëlwinn, et qu'Ergoth est apparemment son joujou en muscle attitré. L'aventurier à l'épée damasquinée possède lui-même un nom à la fois magnifique et imprononçable. Nous l'appelerons donc la Rapière.

Avec quelques frissons (elle fait un sacré effet cette elfe dis donc!) provoqués par la voix imposante d'Aëlwinn, j'écoute cette dernière remercier chaudement Dôraliës pour la mélodie qu'il a eu l'intelligence de jouer sur le port chaotique. Un écho ténu d'harmonie qui a su ramener à la raison ceux qui eurent la chance de l'entendre. Pour ma part, je dois être à moitié bouché. Elle pousse sa reconnaissance jusqu'à récompenser l'elfe bleu en dotant de pouvoirs magiques son instrument. J'ai à peine le temps de sentir les flux de magie que sa flûte se retrouve enchantée. Je reste imperturbable, en surface du moins, car la maîtrise dont vient de faire preuve la capitaine est d'une virtuosité que je pensais inconcevable jusque là.

( Nom d'une Akrilla arthrosée! C'est une sacrée magicienne!! )
( Je ne te le fais pas dire Sil'... Tu n'imagines même pas sa puissance. Elle est redoutable, de cela je suis certaine...)
( Et tu sais ça comment toi? )
(Je suis intimement liée aux fluides. Et cette elfe en est une maîtresse implacable. Son pouvoir rayonne autour d'elle.)
(Eh ben... Vraiment beaucoup plus puissante que moi?)
(Tu veux une comparaison l'Aldryde? C'est comme si tu n'étais qu'un rat pour elle. Un rat manchot, même.)

Une nouvelle vague de frissons m'envahit. Sacrée elfe. Pendant ce temps, la réaction de mon compère Dôraliës est assez particulière: il semble effrayé par la magie. Quelle idée! Pour ma part, elle m'a sacrément bien sauvé la mise! Toujours est-il que ses trémoussements apeurés manquent de me faire tomber, et je dois resserrer ma prise sur son épaule pour ne pas tomber.

(Holà! On se calme, on se calme!)

Durant cette petite scène, d'autres personnages sont apparus sur le pont. Des elfes, encore. Un premier prix de pédance se présente sous le nom de Valor Feln. Elfe sombre et hautain, il semble bien moins enclin à de nouvelles connaissances que la Rapière. Mais ce qui me fait immédiatement me méfier de lui, c'est lorsqu'il évoque "Cuilnen". Forêt, Aldrydes, mort, fuite... Il est bien évident qu'il n'a aucun rapport avec ma petite histoire, cependant je ne peux m'empêcher de le considérer avec prudence. Pour lui, ça sera la Galoche tiens, comme son menton qu'il tient levé, comme s'il reniflait du crottin d'aldron.

Le dernier personnage du bateau se trouve être un elfe blanc du nom de Maëllan, avec un immense arc noir passé en bandoulière sur son dos. L'appelerai-je la Flèche?

Mon ami bleu salue la cantonnade d'un air enjoué, et par politesse plus que par envie (cinq paires d'yeux de géants fixées sur moi? Non merci!), je me décide à saluer moi aussi mes compagnons de route. J'attends que Dôraliës ait fini de parler pour lancer à mon tour, d'une voix que j'espère audible:

" Bonjour à vous, Nobles elfes. C'est un honneur et un plaisir de me savoir votre futur compagnon de quête. J'espère que mes modestes talents pourront contribuer à la réussite de notre entreprise. "

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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Lun 11 Mai 2009 23:57 
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Inscription: Dim 23 Nov 2008 21:04
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Les gens toujours en état de marcher s’en allaient un à un, faibles et déconcertés. Maintenant que la foule se dispersait, épouvantée, Rosie put enfin voir la véritable étendu des dégâts. Ça et là, des corps inertes gisaient baigné dans leur propre sang ainsi que dans celui des autres, couvrant le sol d’impardonnable flaque rouge et enivrant l’air d’une odeur âcre et putride. L’adolescente avait tellement envie de vomir, non pas à cause de l’odeur désagréable ou du spectacle horrible qui s’offrait à elle, mais seulement par la faute de l’acte sordide qui avait été commis. Tout ça lui semblait complètement insensé. Ces pauvres personnes. Certes, ils s’étaient attaquer à eu violemment, mais la semi-elfe avait elle aussi ressentit à ce moment cette haine et cette agressivité soudaine qui l’avait envahie écrasant complètement sa propre conscient. Elle-même, à un certain moment, aurait été prête à briser le cou d’un ou deux de ces citoyens enragés, alors que c’était loin d’être son habitude.

Malheureusement, le mal avait été fait, on ne pouvait plus rien y faire, sauf peut-être aidé les survivants mal au point et c’est exactement ce qui faisait Mathis qui aida une femme avec sa main perdue. Il utilisa son beau foulard rouge déjà taché de sang. Cet humain avait le cœur bon. Elle le laissa donc aller, cherchant elle-même des yeux quelques rescapés amochés parmi les corps inanimés qui jonchaient cruellement le sol rappelant constamment la gravité de ce qui avait eu lieu surtout lorsque l’on pouvait apercevoir parmi les victimes, des enfants et des vieillards.

C’est alors que pour la première fois, la jeune femme remarqua cet elfe noir témérairement armé d’une puissante hache ruisselante du sang de ses victimes kendrannes. Son sombre visage était lui aussi tâché du liquide bourgogne lui donnant un air barbare en plus de cette coiffure plus qu’inhabituel qui n’aidait en rien à défaire cette allure sauvage. Partout des corps mutilé portaient des marques signées de la lame de l’arme redoutable du drow au regard sévère. Par ailleurs, ce dernier semblait encore chercher le combat malgré le retrait soudain et inattendu de ses nombreux adversaires. Rosie ne comprenait pas comment une personne, peu importe sa race, pouvait bien aimer se battre et donner la mort à de pauvres innocents. Bien sûr il y avait la sage notion que si on ne tue pas, c’est nous qui nous ferons tuer, mais il y avait bien une limite à ravir la vie d’autrui pour sauver la sienne. Il y avait bien une façon de sauver sa peau sans avoir à tuer.

« Ouais c’est ça, dégagez bande d’enflures ! On vous crèvera tous, un jour ! »

Rosie tressaillit en entendant les propos venant du drow survolté.

( Pourquoi il leur cri des trucs pareil? Ne comprend t-il pas ce qui s’est passé? )

Alors qu’il allait s’époumoner à nouveau sur les derniers fuyards, Rosie intervint, se refusant de le laisser crier d’autres bêtises pouvant aggraver cette situation semblant pourtant déjà avoir atteint son comble d’horreur.

« Ça va je crois qu’ils ont compris. »


Elle continua dans un murmure, plus pour elle-même.

« Ce n’est pas vraiment de leurs fautes après tout. »

Sérieuse, la semi-elfe se rappela ce son assourdissant qui avait retenti avant le drame qui marquera Kendra Kâr à jamais et fouilla le ciel ainsi que les alentours des yeux, cherchant le moindre indice lui permettant de trouver la source de ce cor meurtrier qui avait transformé ce pauvre port en champ de bataille frénétique. Comment un son pouvait bien affecter le comportement et les humeurs des gens? Qui était derrière de tout ça? Un désagréable frisson lui traversa le dos.

( Et si tout ce carnage était prévu dans cette chasse au trésor ? )

Tout ça s’annonçait fort inquiétant. Qui sait, peut-être se dirigeaient-ils tous dans le gouffre sombre et profond de la mort. Si les personnes qui avait créé ce grabuge sanglant était les même que celle qui avait mit sur pied la chasse au trésor, ce voyage n’allait pas être un partie de plaisir. Par contre, il était trop tard pour laisser la place aux doutes ou aux remords, la semi-elfe s’était embarquée dans cette aventure rocambolesque et comptait bien se rendre jusqu’au bout.

Elle sentit soudainement, un mouvement provenant du bateau, ce qui attira son regard. L’être sans nez se dirigeait vers le quai.

« Montez, détachez les amarres et hissez les voiles : on quitte cette ville de chiens! »

Rosie laissa ses yeux errer une dernière fois sur le quai ensanglanté, puis jeta un œil en direction du shaakt pour voir s’il avait entendu les directives avant de se diriger à son tour vers le navire.

_________________
Rosie Skufita
Une Coureuse des plaines semi-elfique accompagnée par l'ours Mérové
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Lvl 12


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 Sujet du message: Re: Chapitre 1 : Le Port en pagaille...
MessagePosté: Mar 12 Mai 2009 03:26 
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Inscription: Jeu 27 Nov 2008 00:40
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<-- Les rues de Kendra Kâr

Ma Déesse ! Mais qu’est-ce que ça veut dire, qu’est-ce c’est que… que… que… qu’un spectacle aussi abominable ?! Immortelle pourvoyeuse de connaissances, préserve moi des affres de la folie, car à la vérité, je crains d’y tomber lorsque je vois quelle horreur s’offre à mon regard : des corps, des corps partout, mutilés, déchiquetés, ensanglantés, piétinés, broyés, éparpillés là et laissés à leur mort comme au terme d’une ignoble messe noire digne des plus abominables fanatiques voués à Thimoros. Ce n’est pas possible, je dois être sous le coup d’une illusion qui me met sous le nez quelque chose d’aussi épouvantable, car de ma vie, je n’ai jamais rien vu d’aussi atroce : c’est bien simple, on se croirait à Oranan après un raid orque pour que le résultat ait été une boucherie pareille, et je dois me raccrocher à tout ce que je peux, à commencer par ma foi pour m’empêcher de sombrer dans le délire, fermant les yeux pour me concentrer avant tout sur l’Empreinte de Rana qui me recouvre la peau comme une coquille bienfaisante contre les agressions extérieures plutôt que sur la puanteur nauséabonde qui m’agresse les narines comme un cortège de mort et qui me soulève le cœur. Reprenant ma respiration à inspirations courtes et saccadées, je finis par dresser gaillardement la tête et par desserrer le voile de mes paupières pour faire face au désastre plutôt que de rester là à trembloter comme un enfant en bas âge : je ne dois pas l’oublier, j’ai une mission à accomplir, et je dois me l’ancrer fermement dans l’esprit pour éviter que celui-ci ne s’en aille vagabonder vers des pensées peu ragoûtantes qui auraient vite fait de me faire perdre le contrôle de mon appareil digestif.

Là ! Justement, au loin, comme une lueur d’espoir au bout d’un tunnel de désolation, je peux voir trois fois quatre voiles claquant au vent, signal de leur départ imminent vers cette chasse au trésor à laquelle je dois me joindre, et si je veux pouvoir attraper ma chance au vol, je ne dois pas tarder… mais pour rejoindre cette nouvelle étape, promesse d’aventures palpitantes, il me faut d’abord traverser cette horrible marrée de cadavres. Oh Rana, permets à ton disciple de garder la tête aussi calme que la brise au lieu qu’il la laisse partir sans maîtrise ni sang-froid comme de violentes bourrasques qui ne pourraient mener qu’à la dispersion et au dénuement !
Récitant à voix basse les préceptes de sagesse ranaéens, je serre les poings et gonfle mes poumons d’un air qui est encore à peu près salubre avant de m’acheminer à grandes enjambées en direction du quartet de navires. Étant donné ma précipitation à vite franchir ce morbide tapis, la tentation m’est grande de me mettre à courir sans retenue pour rejoindre sans tarder ces navires salvateurs, mais rien qu’à la pensée de commettre la maladresse de trébucher et de m’étaler de tout mon long le nez dans un amas de chairs déchiquetées, un haut-le-cœur me soulève la poitrine.
Autour de moi, j’entends les gémissements et les larmoiements des survivants qui refluent hors du port, marée de rescapés du massacre sans doute irrévocablement traumatisée par une telle expérience d’épouvante, certains se traînant lamentablement sans même prêter attention à ce qui les entoure, trop préoccupés par leur douleur et leur horreur pour sembler distinguer grand-chose autour d’eux. Moi-même je préfère ne pas regarder autre chose que ce qu’il y a devant moins sous peine de me retrouver dans un état semblable à ces pauvres hères, et me mets à hausser le ton tout dans mes prières en sentant les larmes poindre en bordure de mes yeux, mes mains se crispant à un point qui devient douloureux bien que je n’en aie cure. Ah quand même, je dois offrir un drôle de spectacle à déambuler ainsi parmi les morts comme le personnage principal d’une tragédie qui aurait pris une ampleur surréaliste, et certains doivent même avoir de quoi ricaner à contempler un jeunot comme moi se démener avec ses émotions pour ne pas les laisser déborder en une affligeante démonstration qui ne ferait que rendre la scène macabre encore plus pathétique.

Mais d’ailleurs, qu’est-ce qui a bien pu provoquer un déchaînement de violence aussi terrible ? D’un coup d’œil, on peut se rendre compte que les gisants ne sont que des hommes et des femmes qui ne se distinguent en rien du citoyen Kendran moyen, ce qui laisse à croire qu’ils auraient été saisis d’une espèce de frénésie qui les aurait poussés à s’entretuer de la sorte, mais alors pourquoi ? Par quel enchantement maléfique digne de la puissance d’Oaxaca elle-même toutes ces personnes qui n’étaient a priori en rien prédisposées pour un affrontement de quelque nature qu’il soit se sont-elles mises à s’écharper comme des animaux sauvages pris d’une incompréhensible folie furieuse ? Je n’en sais rien… je n’en sais rien et je n’en saurai probablement toujours rien, même si je cogitais sur la question durant des jours entiers, car je suis bien conscient que je ne suis aucunement magicien, et que je me heurterais ainsi toujours à un infranchissable obstacle d’incompréhension toute profane. Ainsi, le mieux à faire est carrément de ne pas penser à tout cela, de faire tout simplement abstraction autant que possible de ce champ de bataille infernal : mon attitude peut sembler cruelle, mais lorsque le vent ne peut abattre un obstacle, il le contourne plutôt que de s’acharner en vain, et à son instar, je me concentre avant tout sur ces bateaux desquels je me rapproche progressivement. De toute évidence, les volontaires sont invités à se présenter au ponton du bâtiment de leur choix pour le recrutement, et en espérant qu’il ne soit pas trop tard pour intégrer un des équipages, lequel vais-je bien pouvoir choisir ? D’entrée de jeu, l’énorme carapace de métal clinquante qui me saute aux yeux et qui s’apparente davantage à une tortue de mer surdimensionnée qu’à un fier destrier des flots se voit rayée de ma liste de par son caractère peu véloce et peu attrayant. Idem pour le vaisseau aux couleurs de Tulorim, ville qui m’a laissé des souvenirs bien trop peu réjouissants pour que je puisse considérer me mêler à un groupement issu de ce milieu… c’est peut-être un tort, mais sur le moment, vraiment, très peu pour moi. Le navire de toute évidence pirate subit le même ostracisme de ma part, car bien que je n’aie –Zewen merci- jamais eu à frayer avec ces bandits de la mer, j’ai entendu à l’occasion des histoires sur ces lascars qui auraient de quoi faire frissonner même le samurai le plus aguerri.

Cela me laisse alors le choix entre le vaisseau Kendran et celui dont la facture même revendique son appartenance au monde elfique. Craignant de me voir mis à l’écart par une population d’une autre race que moi, ma préférence penche d’abord pour le premier candidat toujours en lice… d’autant qu’à moins que j’aie la berlue, il me paraît apercevoir le Capitaine Tiercevent parmi les membres d’équipage, ce qui renforce dans un premier temps ma conviction de me joindre à eux. Toutefois, je me fais soudain la réflexion qu’il vaut mieux opter pour une approche tactique et disséminer les membres du Temple de manière à glaner des informations d’autant plus efficacement plutôt que de trop concentrer les efforts que nous pourrions fournir. En plus, toute cette blancheur et le raffinement qui transparaît de l’équipée ne devraient me faire que du bien après l’épreuve que je suis en train de subir… s’ils veulent bien de moi à bord, ce qu’il me reste à vérifier.
Ma destination en tête, je continue donc d’avancer, mais soudain, un pas infortuné m’enfonce mon pied botté dans quelque chose de spongieux et de juteux qui émet un bruit mou écœurant qui provoque aussitôt une montée de bile dans ma gorge et me donne envie de m’arrêter là même pour éclater en sanglots et déclarer forfait devant tant d’horreur. Mais je n’abandonnerai pas, non, je prendrai sur moi et lutterai pied à pied pour ne pas baisser les bras si près du but ! Mordant sur ma chique, je tire un bon coup en serrant les dents pour dégager mon pied couvert d’une substance dont je devine facilement la nature tout en m’abstenant de m’y appesantir, devant me faire violence pour ne pas céder, ma répulsion finissant par se résoudre par deux larmes qui s’écoulent piteusement le long de mes joues et par un rude spasme de mon estomac qui ne mène heureusement pas au vomissement.

Enfin parvenu devant la passerelle d’accès du Vaisseau-lune comme l’indique l’immatriculation peinte avec une élégance toute artistique sur la coque, il est maintenant temps de me faire valoir, ce qui ne va pas être évident étant donné mon état, mais bon, il faut voir cela comme l’étape finale de ces efforts, et je rassemble à moi mon courage pour prendre une bonne inspiration ragaillardissante afin de me redonner une contenance et héler dûment la compagnie elfique :

« Je suis Léonid Archevent, archer d’Oranan, et je souhaite me joindre à vous ! » M’exclamé-je sans détours, d’autant plus que je sens que je ne pourrais probablement pas en dire bien plus sans que ma voix en devienne piteusement chevrotante.

Reste à savoir si mon appel portera ses fruits ou si je ferai chou blanc, mais en tout cas, j’aurai eu le mérite de traverser un pareil parcours macabre sans tourner de l’œil, ce qui, je pense, n’est déjà pas mal pour quelqu’un comme moi qui est encore relativement bleu dans le domaine des péripéties diverses.

-->Chapitre 2: Le Vaisseau-Lune

_________________
Léonid Archevent, fier Soldat niveau 11 d'Oranan et fervent adorateur de Rana. En ce moment en train de batailler follement en compagnie d'une vingtaine d'autres aventuriers dans une gigantesque salle contre une humanoïde reptilienne géante au service d'Oaxaca, conclusion d'une rocambolesque quête.

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Dernière édition par Léonid Archevent le Mer 13 Mai 2009 04:15, édité 1 fois.

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