Je n'avais pas bougé, comme tétanisé. En réalité je ressassais milles choses dans ma tête, ne prêtant guère attention à la menace des lames. A vrai dire je devais ressembler à une statut de cire, parfaitement immobile et inexpressif, se qui fit réagir les trois hommes qui, armes au claire désormais, s’approchaient de moi d'un pas lent et insouciant.
« Je crois que celui-ci est totalement crétin,,, Attendez il va se mettre à baver ! »
Tout en s’esclaffant, ils s'approchaient, encore un peu plus. Ils portaient tous une tenue réglementaire, se qui prouvait leur appartenance à un corps militaire, ou du moins à une espèce de garde. Chacun avait également une épée, qu'ils avaient tous sans exceptions dégainé.
« Ça ne va même pas être drôle... Aller l'affreux, dis bonjour à mon épée »
Encouragé par les ricanements de ses collègues, l'un des trois, l'air affable, s'approchait levant son épée avec une nonchalance déconcertante. Concentré comme je l'étais, je fis néanmoins un geste au dernier moment, ce qui stoppa l'action du soldat qui me dévisageait, prêt à sortir une blague ou une insulte. Pour lui, je ne représentais pas un danger et à vrai dire, je pensais à cet instant que tout allait être fichu. L'espace d'une seconde je pensais même à trahir Aztai ou me sauver en courant.
J'essayais tant bien que mal de me mettre dans un état de colère extrême sans y parvenir mais, alors que je levais mon bras dans sa direction à la manière d'un automate je me mis à parler, les lèvres serrés.
« Je... crois... que vous deviez... aller... au Nord. »
Les yeux écarquillés, ils m'observaient tous. Chacun était à deux doigt d'éclater de rire devant le spectacle grotesque que j'offrais, mais je ne leur en laissa pas le temps alors que j'ouvrais la paume vers celui qui, face à moi, tenait toujours son épée levée. Je sentais monter le fluide en moi, je savais comment en alimenter mon corps désormais. C'est se que je fis en prononçant un unique mot qui aurait était imperceptible si la magie n'avait amplifié la tonalité de mon murmure.
« Rortar... »
La puissance qui bouillonnait en moi explosa. Mais pour la première fois le contrôle était total. Ce ne fut pas une tempête incontrôlable, ni des gerbes folles qui jaillirent de mes doigts. Non, c'était une lance de lumière bourdonnante qui, en l'espace d'un battement de pupille, frappa de plein fouet mon opposant direct. Il n'y eu pas de grésillements cette fois, seulement un bruit similaire à celui que fait l'eau sur des braises ardentes alors que le corps de ma victime tombait au sol dans un son sourd. Sur son torse, un large trou parfaitement circulaire avait fait fondre sa côte de maille dévoilant une peau noircie d'où s’échappait quelques volutes de fumées. Une odeur de cochon grillé s’échappait de lui, accompagné de son hurlement, mélange de surprise et de douleur.
Lorsque je baissais mon bras, incrédule, je me mis a tanguer dangereusement avant de m'affaler contre le mur de ma gauche. Tant à cause de ma stupeur que de l'énergie que je venais d'employer. Un sourire étira brièvement mon regard. J'avais eu raison sur un point, c'était bien les sentiments qui me servaient à user de mes pouvoirs. Mais ce n'était pas la colère ni la peur. Je l'avais compris lorsque, désespérais, en colère et par dessus tout terrifié devant la lame, j'avais pris conscience des trois hommes qui se moquaient de moi. C'est à se moment que tout m'était devenu clair et que, naturellement, le nom de mon premier maître devint la clé de tout. Le seul sentiment qui pouvait déchaîner le don qui sommeillait en moi n'était autre que la haine...
J'espérais seulement que la maitrise de mon talent ne me couterais pas la vie, celle-ci était désormais dans les mains du Woran tapis dans la cellule...
_________________ Kenrag Demi-sang
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