La Petite fut comme happée par la porte du manoir et en un clin d'oeil, elle se retrouva dans un autre endroit, sombre. Ce changement soudain de lieu lui fit penser au fluide qu'elle avait traversé pour se rendre sur la planète Warshaarin et se demanda un instant si elle n'avait pas été projeté dans un autre monde une fois encore. Pourtant, le fait de ne plus trouver Faera à ses côtés la fit douter de son idée.

Autour d'elle se trouvaient quatre portes, et en faisant le tour sur elle même pour les observer, elle vit un visage spectral flottant dans les airs, qui la fit sursauter, alors que cette face prenait la parole d'un ton sinistre. L'attention de Keynthara fut orientée sur son bras et c'est avec surprise qu'elle découvrit une nouvelle marque incrustée sur son corps, en plus de celle de Zewen sur sa paume de main.

"Des chevrons ?", questionna-t'elle sans se démonter, bien qu'il lui était difficile de soutenir le regard de cette chose qui la mettait mal à l'aise. "Ce serait quand même mieux si vous utilisiez des mots que tout le monde peut comprendre, vous croyez pas ? D'ailleurs, où sont passés, justement, tout le monde qu'était dehors ? Pas que je les appréciais, mais plus on est de fous plus on rit à une fête, non ?"

Lorsque la nouvelle énigme tomba, une réponse émergea dans son esprit, sans même devoir prendre le temps d'y réfléchir. Pour autant, parce qu'elle voulait faire sentir son ennui d'être seule, elle répondit d'une façon plutôt hautaine et détachée, un sourire en coin de lèvres néanmoins.

"Encore une énigme, pf, ça va finir par m'ennuyer ça, je vous le dis, faudrait vous renouveler un peu ! Alors, du coup, je vous la dirai pas, la réponse, parce que c'est... un secret ! Haha, ça vous clou le bec, pas vrai ?!"

Pour joindre les actes à la parole, la Petite tenta de matérialiser au plafond, grâce à ses pouvoirs, la silhouette caricaturée de ce visage étrange qui la narguait. Les traits se voulaient humoristiques et à la place de sa bouche devait être dessiné un bec dans lequel était enchâssée une multitude de clous. L'image ne pouvait rester que quelques secondes néanmoins, car cela demandait beaucoup de concentration. L'Aniathy reprit donc la parole sans tarder :

"Pour les fêtes, il faut toujours un peu de spectacle magique, et ça tombe bien, c'est ma spécialisée !"

Elle se tourna dos au visage flottant, les fesses en l'air, le corps penché vers l'avant, pour retrousser sa grande cape blanche par dessus sa tête et ainsi laisser apparaître les inscriptions suivantes sur le tissu : "SPECTACLE DE MAGIE" . Dans cette position, elle regarda entre ses jambes et éclata de rire, se laissant tomber en avant pour effectuer une disgracieuse roulade qui se termina mal, car Keynthara s'était emmêlée dans sa cape trop longue.

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Pour l'inscription à l'intérieur de la cape : CF description de la fiche de personnage.
Utilisation du sort RP : Projection imaginaire.

La Petite prit un air offusqué en apprenant que son numéro de cirque n'avait pas décoincé son interlocuteur. Il avait décidé de s'en aller, laissant l'Aniathy dans le désarroi le plus complet, en plus d'avoir du mal à se dépêtrer du sac de noeuds dans lequel elle se trouvait, emmêlée dans sa cape blanche.

"Vous êtes même pas drôle, d'abord !", lança-t'elle en tirant la langue bruyamment, une fois redressée, alors qu'elle avait envoyé une volée de postillons en tous sens.

Elle s'était alors concentrée sur le bruit qu'avait fait le cliquetis d'une porte qu'on avait déverrouillée probablement magiquement, pour tenter d'identifier d'où le son avait pu provenir. Elle avait bien envie d'essayer toutes les portes, mais vu la tournure des évènements, elle avait l'impression qu'il s'agissait là d'une nouvelle énigme et qu'elle n'avait pas le droit à l'erreur.

"Où que je dois aller maintenant ? C'est mal poli de laisser un invité tout seul comme ça vous savez !", avait criait Keynthara pour signifier son indignation, s'imaginant que l'esprit était caché quelque part dans le mur en train de l'épier.

"Même pas peur, c'est faux ! N'importe quoi ! Z'êtes pas si devin que c'que vous voulez faire croire ! La preuve, vous vous imaginez que j'ai la trouille pas'que je suis seule dans une pièce avec vous ! C'est loupé !", dit elle avec un sourire carnassier tout aussi malicieux que ceux de son interlocuteur.

Keynthara jubila intérieurement de voir qu'elle était parvenue à avoir une influence sur le clown grotesque qui essayait de l'impressionner. Il était revenu après qu'elle l'eut rappelé et comptait bien ne pas le laisser une seule seconde tranquille, foi d'Aniathy, même si ce dernier décidait de l'ignorer. Elle avait compris qu'il était en mesure de l'entendre même quand il n'était pas visible, même quand il avait traversé les murs.

"Faire un choix ? Et pourquoi je devrais faire un choix... Quand le Hasard divin peut le faire ! De toute façon, Zewen est toujours avec moi, j'ai sa marque sur moi !"

Elle tendit la paume de sa main contenant la rune de Zewen incrustée dans sa chair artificielle, pour bien prouver la véracité de ses dires. Fermant ainsi les yeux, le bras toujours tendu, la Petite se mit à tourner sur elle même, avant de se mettre à réciter des prières à l'attention de la divinité qu'elle respectait par dessus tout, excepté peut-être Gaïa. Elle trouva d'ailleurs judicieux d'inclure cette dernière dans ses prières, jugeant que la grande déesse pouvait également trouver un intérêt dans ses pieux propos. Elle lui avait juré fidélité et respect et ne voulait pour rien au monde manquer à son nouveau devoir.

"Ô grand dieu des dieux Zewen, grande déesse parmi les déesses Gaïa, dans ces ténèbres où je me trouve, le temps file et une ombre profite de chaque instant pour se répandre, partout, je le sens ! Je sers l'équilibre et ne peux laisser faire ça ! Je viens porter la fatalité de ce qui s'passe ici à votre connaissance, pour que vous puissiez, de votre Grandeur, protéger votre serviteuse, afin de réintroduire toute la lumière dont ce lieu a besoin. Le destin guide mes pas et je m'en remets donc à vous pour ce choix, Zewen, et Gaïa ! Quelle porte m'indiquez vous pour que je fasse mon travail au mieux ?"

Elle s'arrêta alors de tourner au bout de plusieurs tours, et, toujours sans ouvrir les yeux, s'avança de quelques pas dans la direction que sa main incrustée de la rune de Zewen indiquait. Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle se risqua à ouvrir timidement un œil, toujours plongée dans la pénombre de l'endroit. Elle était pleine d'excitation, à l'idée de savoir ce que les dieux lui avaient réservées, en la laissant désigner cette porte.

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(((HRP : Tu peux tirer au dés, je crois, la porte que je vais prendre )))

« Pf ! Quelle prétention ! Les dieux ont du pouvoir partout, ce sont, précisément, des dieux. Ils font ce qu’ils veulent, comme ils le veulent et là où ils veulent ! »

La Petite poursuivit son avancée en direction de la porte qui se trouvait visible en transparence derrière le fantôme. Il s’agissait de la toute première porte qu’il lui avait indiquée. Keynthara n'avait aucune notion de l'orientation géographique de la pièce, mais en réalité, elle s'était dirigée vers le Nord.

« Les dieux ont décidés de m'arrêter sur cette porte, alors ce sera celle-ci ! Je dois quand même vous dire que ça ne m’étonne pas que vous soyez coincé entre la vie et la mort ici, si vous êtes aussi réducteur envers la puissance des dieux ! La dernière fois que ça m’est arrivé, je me suis retrouvée privée de mes pouvoirs ! Ils sont capables de choses infinies, et vous le payerez un jour, si vous ne vous repentissez pas très vite ! »

Du fait de sa petite taille, Keynthara se mit sur la pointe des pieds et posa ses deux mains sur la poignée pour venir l’actionner tranquillement, contente d’avoir pu libérer ce qu’elle avait sur le coeur. Elle avait confiance en le choix de ses Grands Protecteurs et était convaincue que le spectre bluffait sur leur incapacité à œuvrer là où elle se trouvait.

La Petite haussa les épaules en quittant la pièce du clown, après avoir tout bonnement ignoré sa dernière remarque puisqu'elle n'apportait aucun crédit à ses dires. Elle s'aventura dans la salle suivante avec émerveillement, car elle voyait devant elle une fillette qui lui était très semblable. Elle ressentait une puissante énergie magique émaner d'elle, si bien qu'elle comprit immédiatement qu'il s'agissait d'une Aniathy, comme elle.

Fascinée par cette découverte, Keynthara échangea un sourire radieux avec son homologue, avant de s'approcher vers elle, à genoux, en amenant un doigt dans sa direction, pour tenter de toucher la peau diaphane et artificielle de son interlocutrice.

C'est ce moment que choisit l'autre poupée pour poser une question qui déstabilisa une fois de plus l'Aniathy. Non pas que le sujet était perturbant, mais elle ne comprenait pas comment se sentir mourir, alors que tout dans son corps n'était qu'un simulacre de ce que possédaient les vivants, sans qu'il n'y ait rien de semblable réellement, lorsque l'on approfondissait un temps soit peu la question.

"Hm... Tu saurais y répondre, toi ? Cette peau qu'on a, qui nous couvre, elle et pas naturelle, elle est artificielle. D'une certaine façon, tout ça, c'est mort... En tous les cas, c'est pas vraiment vivant...", déclara-t'elle en fronçant les sourcils, frappant sur ses avant bras et ses joues pour illustrer ses propos. Elle sentait bien que sa chair magique n'avait aucune mesure commune avec celle des autres êtres rencontrés jusqu'à présent.

Plongée dans le regret de ne pas être comme toutes les autres, Keynthara voulut poser une question à la poupée qu'elle avait en face d'elle, malheureusement, cette dernière s'envola dans les airs comme l'avait fait le clown auparavant, et elle comprit alors que son interlocutrice était, elle aussi, un spectre.

Curieusement, ceci rassura la poupée, qui regarda en silence l'Aniathy défunte quitter la pièce.

"Ainsi donc, une Aniathy peut mourir... Hi..."

Son rêve de devenir humaine l'avait toujours emporté sur tout, et savoir qu'elle partageait des points communs avec eux, de quelque façon que ce fût, même de façon morbide, mettait du baume au cœur à la poupée.

"Et maintenant ?", conclut-elle en se redressant, attendant la suite.

A nouveau seule dans une pièce sombre et froide, Keynthara se mit à grelotter, percevant un étrange phénomène qui était en train de se dérouler en elle. Son énergie était comme aspirée hors de son corps, et elle ne mit pas longtemps à se dire qu'elle était probablement sous l'emprise d'une magie obscure. Elle avait tenté de mobiliser ses fluides magiques, mais eux aussi lui avaient été confisqué. Elle voulut essayer de comprendre, les premiers instants, mais sentant l'urgence de la situation, elle déposa en hâte son sac par terre, alors que la tête lui tournait.

Se laissant tomber aux côtés de sa besace, elle se pencha difficilement sur elle, fouillant pour trouver quelque chose qui allait pouvoir lui rendre de son énergie. Elle se sentait étouffer, alors même qu'elle ne disposait pas de poumon. La vision voilée, elle parvint tout d'abord à trouver des fluides de lumière oubliés dans un coin de son gros sac, suivis d'une potion de soin. Se précipitant sur ces trois fioles, elle les ouvrit sans ménagement et les absorba d'une traite, laissant ruisseler le liquide sur sa peau pour se ressourcer. S'il s'était agi d'une noire magie, elle comptait sur le fait que cette dernière aurait peut-être été mise hors d'état de nuire par les trois potions.

"Stop... Stop !", implora Keynthara à l'attention du second fantôme qu'elle avait aperçue, les mains à présent plaquées au sol, la tête pendante, alors que les flacons vides avaient été laissés à l'abandon sur les dalles glacées.

"C'est bon. D'accord. J'sais maintenant s'que ça fait de se sentir disparaître... La panique, le vide qui se glisse à l'intérieur, l'impression que je m'appartiens plus à moi même. C'est affreux... La leçon est finie maintenant ?", dit-elle d'une voix faible, bien que les fluides l'avaient un instant revigorée. Elle voulait pleurer, mais ne savait plus bien si elle en avait encore la force.

Finalement, elle songea que pouvoir mourir comme les humains n'était peut-être pas la meilleure découverte de son existence.

« Ça servait à rien du tout de me faire ça… J'avais déjà compris ! », toussa Keynthara, en protestant, voyant que la fillette morte revenait, avec une moue compatissante sur le visage. La poupée encore en vie avait du mal à comprendre ce qu’il était en train de se passer. Elle avait au moins regagnée du tonus et son souffle lui revenait enfin.

Lorsque l’interlocutrice s’excusa, la prêtresse fit la moue, boudeuse, toujours par terre. Pour autant, elle était contente de pouvoir jouer aux devinettes à son tour et sauta sur l’occasion.

« Trop bien ! C’est moi qui pose les questions maintenant alors ! Voyons voir... », finit-elle par s’exclamer sur un coup de tête, à présent debout sur ses petites jambes potelées et musclées. Trippant ses doigts en réfléchissant à haute voix, elle finit par mettre la main sur la première question qu’elle allait exposer :

« Alors, si je me souviens bien, il paraît que le manoir empêche les gens de sortir. Vous devez être prisonnier d’ici du coup, toi et le fantôme pas beau que j’ai vu de l’autre côté de la porte d’où que je suis venue… Est-ce que le manoir est vivant, pense, pour vouloir garder enfermé des gens ? Il faut bien qu’il ait une conscience, ou que sais-je, pour ça… Etre vivant, ça peut vouloir dire beaucoup de chose, de ce que tu m’as fait voir, y’a qu’à nous regarder… Alors ? »

Elle attendit la réponse patiemment, sans perdre de son exitation, observant l’Aniathy sous toutes les coutures en essayant de lui tourner autour. Elle admirait tout particulièrement le côté léger et aérien de sa robe. Sa rancune était déjà oubliée, quand elle se mettait à jouer l’enquêteuse.