La porte s’ouvrit sur l’homme blond et Adenor fondit en excuses.

- « Veuillez excuser mon retard. Je me suis assoupie. Le bercement de la houle marine a eu un effet soporifique indéniable sur mon être. »

Logan l’invita à entrer et s’excusant d’avoir entamé le repas sans elle. Bien entendu, elle ne lui en voulait absolument pas. Il était certain qu’elle trouvait à cet homme moult défauts. Mais elle ne pouvait lui reprocher son propre retard.

Des assiettes à cloche dressées sur la table se dégageait un parfum exquis. Adenor y installa sans se faire prier et découvrit le menu dans celle de son hôte. Une cuisse de volaille saucée était déjà bien rongée, tandis que divers légumes cuits jonchaient le plat. Elle attendit que Logan soit assis avant d’ôter son couvre-plat. Elle accepta volontiers le capitaine lui serve un verre de vin rouge, bien qu’elle supportait difficilement les boissons alcoolisées.

- « Merci pour ce repas. C’est délicieux. Et ce vin est une merveille. »

La robe sombre du breuvage fascinait la jeune elfe blanche. Jamais elle n’avait bu de vin jusqu’alors et bien que son goût était assez prononcé, elle s’y accommoda très rapidement.

Durant le repas, Adenor ne savait pas trop comment tenir la conversation. À vrai dire, elle émettait un avis assez précis et peu flatteur à propos du capitaine. Il était très accueillant et donnait l’impression à la jeune elfe d’être quelqu’un d’important, c’était indiscutable. Mais elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle devait cet accueil à ses charmes féminins. Au fond, Logan devait bien se moquer de la présence ou l’absence de l’Hiniönne sur son navire. Sous ses airs flegmatiques, l’unique chose qu’il devait attendre était un moment d’abandon et de sensualité. Elle n’était pour lui qu’un lot de divertissement et elle savait pertinemment quelle fin l’homme voulait donner à cette rencontre. Elle, par contre, ignorait encore quel jeu jouer.

Tout en dégustant son plat, elle lui envoyait de longs regards qui en disaient bien plus que son silence.

Message PNJ

Le repas se passa dans le silence, Logan respectant la timidité ou la volonté de ne rien dire d’Adenor. Il sourit de manière affable face aux compliments de la belle. Lorsque la dernière bouchée fut avalée, il s’essuya la bouche d’une serviette blanche, et soutint l’elfe du regard.

« Content d’avoir pu vous contenter, alors. »

Mais à peine eut-il fini son discours que quelqu’un frappa à la porte et entra sans attendre de réponse, ce qui parut mécontenter Logen, qui pinça les lèvres en regardant l’intrus entrer. Il s’agissait d’un des gardes en livrée rouge, qui avait pour le coup troqué son hallebarde pour une simple épée ornée, qu’il portait à la ceinture.

« Capitaine, il y a un intrus à bord. Le cadenas de la soute a été fracturé, et des vivres ont disparu. »

Logan parut abasourdi. Et il y avait de quoi : la sécurité d’accès était particulièrement efficace. S’il y avait un intrus, ce devait être un expert de l’art de la dissimulation. Logan se tourna vers l’elfe.

« Je vais devoir vous laisser rejoindre votre cabine, je pense. C’est sans doute là que vous serez le plus en sécurité. Merci de votre compagnie, et désolé de vous laisser de manière aussi abrupte. Passez une bonne soirée. Normalement, nous atteindrons Kendra Kâr dans la matinée demain. »

Et sans plus un mot, il quitta la cabine pour monter sur le pont…

Le cabine semblait déserte, tout comme le couloir des cabines, terminé d’un côté par l’escalier montant vers le pont, et de l’autre par celui descendant vers la soute…

L’arrivée un peu fantasque d’un cavalier sur le pont d’un navire ne peut que se faire remarquer. Pr chance, les gardes en livrées rouge postés sur le pont reconnaissent en moi le Grand Gardien du Désir que je suis, et s’écartent de mon chemin pour me laisser passer. J’attends qu’un homme, visiblement le capitaine, bien qu’il soit seulement vêtu d’une chemise de lin blanc, d’un pantalon de cuir fauve, et de bottes de marin hautes. Sa tignasse blonde comme les blés est retenue par un morceau de tissus noué à l’arrière de son crâne. Je descends de Lune, et tends la main à l’homme, qui l’agrippe fermement de sa main gantée.

« Bienvenue sur l’Allégresse, messire. Je suis Logan Tiercevent, capitaine de ce vaisseau. »

Je souris, et lui frappe l’épaule pendant notre poignée de main.

« Inutile de jouer les politesses avec moi, Logan. Je suis Cromax, pour les Amants. Pas un sire ou un seigneur. »

Il en semble rassuré, et me précise ensuite :

« Votre cheval sera sans doute mieux installé dans la cale… »

« Il n’aura pas d’air. Cela dérange-t-il vraiment qu’il reste sur le pont ? »

« Non… Tant qu’il est bien attaché. Mais je ne garantis pas son équilibre en cas de grain ! »

« Je me charge de ça. Il ne devrait pas y avoir trop de risques de tempête, n’est-ce pas ? Combien de temps durera le trajet ? »

« Deux jours, tout au plus. Nous sommes équipés du meilleur matériel. Dois-je donner l’ordre d’appareiller ? »

« Fais donc, l’ami. Je trouverai tout seul ma cabine. »

Je lui fais un clin d’œil, et le laisse à sa tâche de marin. Pour ma part, je suis trop épuisé de ma nuit blanche pour réellement m’intéresser à tout ça. J’attache fermement les rênes de Lune à un anneau d’acier fixé dans un mât, et pénètre à l’intérieur du navire, dans un couloir où plusieurs portes de cabines sont disponibles. J’en pioche une au hasard, la première qui me vient… Elle semble libre, et c’est tant mieux ! Et confortable, encore bien. Ni d’une, ni de deux, je m’allonge sur le lit et m’assoupis tout aussitôt, l’esprit encore un peu embrumé par l’alcool.

Accablé par la fatigue d’une nuit blanche bien arrosée et bien active, je me plonge rapidement dans un profond sommeil. Et même lorsque j’ai assez dormi, que le besoin de dormir m’a complètement quitté, je me permets quelques dérives fainéantes. Je me laisse bercer par le roulis des vagues, attestant de notre présence en haute mer. Aucune avarie, un temps calme, et un vent idéal, au vu des craquements de la coque de l’Allégresse fendant les flots salés.

Pendant le voyage, je ne sors quasiment pas de ma cabine. À peine pour observer l’horizon, cerné de vagues, pour nourrir Lune, et papoter un peu avec le capitaine Logan. Un jour et une nuit passent ainsi, alors que l’air du large me revigore petit à petit, et que mes nombreuses heures de repos, bien méritées, finissent de me rendre ma forme d’antan.

À l’aube du second jour, je vois les côtes de l’Imiftil se dessiner devant mes yeux noirs. La patrie de ma révélation. Celle où j’ai tout appris, à contrario de tous ceux de mon espèce, originaires du Naora. Et à mesure que nous approchons, je distingue petit à petit la cité de Tulorim, où j’ai fait mes premières armes, mes premiers pas dans le monde civilisé. Où j’ai pu mettre en pratique les enseignements de mon mentor taurion.

Je suis sur le pont quand nous arrivons dans le port aux apparences paisibles. Logan s’approche de moi, et m’interpelle :

« Voilà, nous sommes arrivés ! La traversée a été bonne ? »

Je lui souris :

« Reposante. Le confort des cabines est l’une des forces de ce navire, sans l’ombre d’un doute. »

Il semble satisfait de mon appréciation, et nous nous quittons sans plus tarder. Je le laisse à ses ordres d’accostage, et il me laisse à la préparation de mon débarquement. Le temps que l’équipage arrime correctement l’Allégresse aux quais, je redescends dans ma cabine pour me rééquiper intégralement. Je retourne ensuite sur le pont, pour détacher Lune une fois l’embarcation immobilisée, et je quitte le vaisseau, signalant mon départ à l’équipage par un signe. J’ai prévenu le capitaine Tiercevent : je ne serai pas de retour de sitôt, et quand j’aurai besoin de ses services, je le lui ferai savoir bien à l’avance, histoire qu’il puisse voguer vers cette ville de mes origines… Si différente de Kendra Kâr, à bien des égards. Et je ne suis pas prêt de m’en plaindre. La fermeté rigoriste des habitants de la capitale blanche m’a toujours exaspéré. Et maintenant que j’y suis connu, je n’ai aucune envie de me plier à une comédie de bienséance avec la noblesse et la bourgeoisie locale. Ici, à Tulorim, il y a moins de chance de se taper ce genre de soucis. Certes, bien d’autres peuvent y naitre, mais ça… c’est mon problème. Et je préfère résoudre ceux-ci que ceux des péteux kendrans.

Sans tarder, sitôt débarqué, je ne prends guère le temps de me reposer : ma destination est claire, et sans équivoque. La milice. Voilà trop longtemps que j’attends de passer mon grade de sergent.

Comme depuis un lointain souvenir, la voix de Duncan me parvint. Je secouai la tête, comme après un moment d’absence. En était-ce un, d’ailleurs ? étourdi, je fronce les sourcils. Ainsi était-ce le prix à payer pour avoir défié les fantômes du Manoir interdit ? Pour n’être pas rentré dans leur jeu unilatéralement sans les provoquer ou chercher à comprendre ? Peut-être. Et si ici, au port, ça n’avait que peu d’importance, quid d’une situation qui requerrait toute ma concentration, mon attention, comme au sein d’un combat, par exemple ? Je soufflai doucement, me fixant sur la voix du grand borgne blond. Il me donnait raison, sur notre destination. Yarthiss était bien plus pertinente que Tulorim, malgré un voyage à peine plus long sur les mers. Nous gagnions ainsi plusieurs jours de marche entre la capitale du pays de Whiel et sa sœur, domaine des bucherons et marchands.

Il nous amena alors rejoindre un navire qu’il connaît, confiant dans l’acceptation du capitaine de ce dernier pour nous emmener au-delà des mers. Nous longeâmes les quais pendant plusieurs minutes avant qu’il ne finisse par s’arrêter devant un navire de la meilleure qualité, bien loin que les coquilles de noix que j’ai déjà pu emprunter. Ce bateau-là est à la fois superbe et ergonomique, à l’armature fine, faite pour fendre les flots, et néanmoins élégante et finement ouvragée pour donner un cachet faste à l’ensemble.

Nous laissant derrière lui, Duncan monta sur le pont et sembla entrer en pourparler avec le capitaine, un grand gaillard blond avenant à la mine engageante. Plutôt jeune, pour un capitaine, ne pus-je m’empêcher de noter.

Les négociations ne durèrent pas, et bientôt le borgne nous indiqua de monter à bord en sa compagnie, annonçant le départ prochain. Je jetai un coup d’œil à SIbelle, toujours à mes côtés. Elle était restée murée dans un silence complet depuis tout à l’heure, et monta, un peu crispée, sur l’embarcation luxueuse. Je saluai d’un regard sincèrement reconnaissant le capitaine et attendis que les amarres fussent larguées. Cela ne tarda guère, comme si l’équipage n’attendait qu’un prétexte pour partir à l’aventure sur les flots. Je me tournai vers mes deux compagnons, et d’une voix plus vaillante et encourageante que je n’avais l’habitude de me parer, j’annonçai :

« Voilà l’aventure qui commence, mes amis. Nous partons aujourd’hui vers l’inconnu… Qui sait si un jour nous reviendrons ! »

Loin d’être macabre, cette sentence signifiait juste que l’aventure, c’était un peu ça : On prend la route et, si on ne regarde pas où on met les pieds, on ne sait pas jusqu’où cela peut nous mener.

Le navire quittait lentement le port, les voiles blanches gonflées par un vent d’est. Un vent qui nous amènerait à bon port. En un seul morceau, pouvions-nous espérer.

Se fixer un objectif. Réunir quelque compagnons de confiance. C'est ainsi que démarrent la plupart des aventures et je n'ai pas dérogé à la règle. Sur l'Alégresse, le fier navire des Amants de la Rose Sombre, j'ai pris la mer en compagnie de deux personnes qui comme moi, ont passé cette étrange nuit dans ce non moins étrange manoir. Ce manoir peuplé de fantômes et rempli de danger en tout genre. Tout d'abord Selen. Un Semi-Elfe taciturne à la peau pâle et aux cheveux noirs comme le plumage d'un corbeau. Un homme relativement mystérieux, mais en qui assez étrangement, j'ai une relative confiance. La deuxième personne qui m'accompagne m'a d'ailleurs été présenté par Sire Selen : Dame Sibelle. Une elfe blanche relativement séduisante avec sa chevelure rousse et ses yeux bruns. Je la connais encore peu, mais elle me semble impulsive et franche, ce qui n'est pas forcément pour me déplaire.

Et me voilà donc parti pour Yarthiss. Parti percer les mystères qui entourent la déesse Brytha et son arrivé sur notre monde. Comprendre ses intentions. Savoir si elle cherche à étendre son influence ou juste à vivre en paix. Un voyage des plus passionnants s'il en est. Je dois tout de même avouer que le guerrier qui habite mon âme est légèrement déçu quant au peu de risque que représente ce voyage mais...Tout ne peut pas être que combat et danger de mort. Une mission tout simple de temps en temps ça ne fait pas de mal. Pourtant, quand Sire Selen évoque le fait que ne nous reviendront peut-être pas, je ne peux m'empêcher de ressentir un sentiment de profonde excitation, même si je dois revenir. Ne serait-ce parce que Dame Pulinn attend mon rapport, au Temple des Plaisir et je ne peux la décevoir. Alors, souriant à mes deux camarades je pointe mon guandao vers l'horizon et ajoute, sourire aux lèvres.

"Les dangers. Qu'ils viennent, nous saurons les accueillir."

Car finalement, un voyage sans aucun danger risquerait vraiment de se montrer ennuyeux, non ?

Le splendide voilier amarré tanguait légèrement, mais suffisamment malheureusement pour faire blêmir davantage la belle elfe blanche. Orgueilleuse comme pas une, elle tut son malaise et tenta de se rétablir en prenant de bonnes et longues respirations, souhaitant intérieurement que ça irait mieux lorsque les amarres seraient larguées.

Stimulés par la nouvelle aventure qui se dessinait devant eux, les compagnons de Sibelle exprimèrent leur enthousiasme. Pour Selen se fut le départ pour une aventure dont on ne connaissait la date de retour et pour Duncan se fut l’affrontement de divers dangers. Notre guerrière aurait bien voulu elle aussi leur faire part de sa joie de partir à l’aventure, mais son état empirant ne le permettait pas. La sueur perlait à présent sur son front dégagée et elle fut prise de nausées.

Un membre de l’équipage reconnut immédiatement les symptômes et prévint son patron :

« On a un marin d’eau douce ici Capitaine, elle ne va pas tarder à gerber ! »
Sibelle se serait bien passé de cette remarque, mais les marins n’étaient pas dupes, elle n’était pas la première à souffrir de mal de mer dans ce navire.
Le capitaine s’approcha et donna des indications à Sibelle.

« Demeurez le plus possible à l’extérieur et gardez votre regard vers l’horizon et non sur le pont, restez au centre du bateau, évitez les extrémités et puis gardez votre estomac plein. Suivez ces conseils et dans deux jours vous irez mieux. »

Ses recommandations faites d’un ton pratique et avenant, mais sans plus, il repartit à sa besogne. Ce qu’apprécia la guerrière qui ne voulait surtout pas qu’on la surprotège et qu’on la considère comme une faible. Elle fit un signe de remerciement. Elle avait bien l’intention de suivre ces conseils à la lettre et surtout, elle ne voulait être indisposée pendant deux jours entiers. Bien qu’elle n’était pas située à l’une des extrémités du navire, elle fit les quelques pas manquants pour être un peu plus de ce qui en semblait le milieu. Elle fouilla dans son sac pour en sortir les victuailles préparées par la femme de l’aubergiste. Partie en vitesse, elle avait fait l’erreur de ne pas petit déjeuner. Elle entreprit de remédier à cet effet incommodant en mordant à belles dents dans un morceau de viande séchée. Toujours en position debout, les yeux scrutant l’horizon, elle mangeait de bon appétit. Puis, après quelques minutes, bien qu’elle se sentait toujours nauséeuse, elle répondit enfin à ses compagnons.

« Pour les obstacles que nous rencontrerons, le danger, ce sera moi ! »

Enfin, lorsqu’elle se portera mieux, car elle n’était pas en état de combattre quoi que ce soit.

Cela fait maintenant quelques heures que mes compagnons et moi voguons à bord de l'Allégresse, ce magnifique navire appartenant aux Amants de la Rose Sombre. Et pendant tout ce temps, je suis resté impassible à fixer la mer à la proue du navire. Pensant à ma mission, à la manière dont je vais la remplir. L'arrivée de la déesse Brytha et l'influence qu'elle a eu, a ou aura sur ce monde. Mais bien vite, je suis tiré de mes rêveries par des bruits de pas se rapprochant. Me retournant, je vois Logan, le capitaine du navire s'approcher de moi avant de s'arrêter à mes côtés, fixant la mer tout comme moi quelques secondes auparavant. Il s'adresse à moi d'un ton calme et sérieux, essayant visiblement de ne pas parler trop fort, sans pour autant paraître suspect. Reportant mon regard sur l'horizon, je l'écoute attentivement.

"J'ai reçu un message de la gardienne blanche. Elle vous confie une mission. SI vous l'acceptez, je changerai de cap et prendrai la route de Bouhen, car des rumeurs évoquent un étrange campement au Sud de la cité sur lequel il serait, pense-t-elle, pertinent d'enquêter. Vous pourriez, si vous vous y rendez, être rejoint par une seconde membre du Temple, une simple initiée. Une elfe noire, à ce qu'il paraitrait."

Un message de Dame Pulinn, je m'en doutais un peu, mais je ne pensais pas qu'il serait de ce genre. Alors que je n'ai pas accompli mon actuelle mission, elle m'en assigne déjà une nouvelle, et en plus, il semblerait qu'une nouvelle Amante soit de la partie.

Je n'ai pas vraiment besoin de réfléchir, je vais aller à Bouhen, ne serait-ce que pour guider la nouvelle venue, mais surtout parce que Dame Pulinn ne me donnerait pas une nouvelle destination en plein milieu d'une de mes missions si cela n'avait pas une certaine importance. Mais je dois quand même clarifier quelques détails. Je m'adresse donc à Logan en faisant en sorte que ma voix ne porte pas.

"Et qu'en est-il de la mission qui m'attend à Yarthiss ? Et des compagnons que j'ai mené à bord de votre navire ?"

La réponse ne se fait pas attendre et dissipe les improbables doutes que j'aurais pu avoir.

"La déesse grise saura attendre. Elle ne fait guère parler d'elle, pour le moment. Je mènerai vos compagnons à destination ensuite, comme convenu."

Comme je le pensais, la situation de Bouhen semble nettement plus importante que la déesse sur laquelle je suis censé enquêter. Mais maintenant que les choses sont claires et que je sais que mes compagnons seront sous bonne garde, je peux faire le choix qui s'impose.

"Et bien soit Sire Logan, je vous serai reconnaissant de bien vouloir faire cap vers Bouhen, et si cela ne vous dérange pas, de tenir mes compagnons au courant."

"C'est comme si c'était fait!"



Nous avions déjà bien avancé et il ne fallu que quelques heures de plus à peine pour rejoindre les côtes aux abords de Bouhen. Une nouvelle mission m'attendait et je comptais bien la mener à bien, pour le bien des Amants.

En femme têtue et orgueilleuse, Sibelle suivit à la lettre les conseils du capitaine de navire, ce disant que ce ne serait pas le mal de mer qui viendrait à bout d’elle, mais bien le contraire.

Les heures passèrent et l’Allégresse débarqua Duncan à Bouhen, mais Sibelle tint bon et ne descendit point du navire.

Au bout de quelques jours, c’est le capitaine qui alla retrouver Sibelle, fatiguée et toujours mal en point.

« Nous sommes au quai de Kendra Kâr, vous devez vous faire à l’idée que vous ne pouvez combattre les maux de mer. Il serait préférable que vous débarquiez ici afin de prendre du repos et des forces. »

La guerrière, en colère envers elle-même, remercia le capitaine et son équipe de leur attention envers elle. Puis elle salua Selen et s’excusa de son départ hâtif.
Cela dit, elle franchit rapidement la passerelle et une fois sur le quai, elle vomit une fois de plus, mais cette fois, il était à peu près certain que c’était la dernière.


(suite à venir au port de Kendra Kâr)

(((178 mots )))