Les mots eurent à peine le temps de franchir le seuil de mes lèvres que déjà Logan répondait à ma demande. Je fus surprise et prise de cours mais une fois de plus j’écoutais avec intérêt ce qu’il me dit.

"Ne vous inquiétez pas, un panneau de bois sera installé sur le pont sitôt le navire parti vers Tulorim !"

Il me donnait là une information que je m’apprêtais à lui demander. Ainsi depuis mon malaise, le bateau n’avait pas bougé du port de Kendra Kâr. Je me trouvais toujours au même point, je n’avais pas avancé ne serait-ce que d’un centimètre. D’un côté cela me frustrait et d’un autre je trouvais adorable que le capitaine ait attendu que j’aille mieux avant de partir, enfin si telle avait été son intention.

"Vous aurez tout le temps de la traversée pour vous entrainer comme bon vous semblera. Attention à ne pas abimer le navire, toutefois…"

À cet instant il me fit un clin d’œil complice et rassurant, il savait que je prendrais toutes les précautions possibles. Mais j’espérais tout de même ne pas causer de dommages. Comme précédemment mon cœur recommença à s’emballer mais il y avait cette fois une différence et pas des moindres. Je ne m’emballais plus en raison d’une gêne mais parce que je me sentais flattée et excitée. Décidemment moi et l’excitation ça ne faisait qu’un, qu’est ce qui pouvait bien se passer en moi ?

"Souvent, en cherchant des réponses, on tombe sur des questions. Toujours plus. J’ai cessé de chercher des réponses, et maintenant je vis."

Il me sourit, d’un sourire remplit de charme. Cela ne fit qu’augmenter mon désir.

"Mais au nom de Gaïa tu vas passer pour une…"

Non mieux valait ne pas y penser. Je sentais toujours cette aversion qu’il ressentait vis à vis de la Maison d’Abandon mais aussi qu’il savait très bien qu’il ne pourrait pas me faire faire demi tour. En même temps, si par un miracle il arrivait à me faire changer d’avis, je n’aurais pas l’immense plaisir de faire la traversée en compagnie de cet homme plus que prévenant. Il continua alors son petit discours.

"La Maison d’Abandon n’est pas un lieu très accueillant, vous le verrez. Et celui qui l’occupe est dangereux. Méfiez-vous quand vous serez là bas."

Là, la peur s’empara de nouveau de moi. Apparemment tout le monde s’accordait à dire que l’occupant de ces lieux était quelqu’un de peu recommandable. Mais ça s’arrêtait là. Personne ne semblait l’avoir rencontré, donc comment savoir si il était si horrible que ça ? Pour que tout le monde soit unanime, cela devait contenir une part de vérité… L’angoisse me tenaillait le ventre, allais-je tenir ?

"Il le faut, tu n’as pas le choix !"

Alors que je me remotivai, je ne remarquai pas que le Capitaine continuait.

Il serait dommage de trouver la mort et la souffrance en ne cherchant que la vérité…Enfin, vous vous rendrez compte par vous même. Suivez-moi, je vais vous indiquer votre cabine."

Il m’invita donc à sortir de sa cabine. Je quittais à contre cœur cette cabine empreinte d’une présence masculine. Je le suivais donc dans le couloir que j’avais arpenté précédemment. Au moins le chemin qui séparait sa cabine de la mienne n’était pas bien long étant donné que c’était la porte à côté.

Il ouvrit la porte sur une petite pièce magnifiquement décorée, plus encore que la sienne. De somptueux fauteuils confortables et un lit qui semblait inviter à s’étendre dessus. Il paraissait d’un moelleux. Tout ce faste pour un voyage en bateau me surprenait. Ce voyage s’annonçait pour le mieux : une cabine confortable et un beau capitaine avenant, que demander de plus ?

Prenez vos aises et installez-vous, je vais donner mes ordres sur le pont."

Avant qu’il ne prenne la tangente, je l’embrassai avant de refermer la porte de la cabine sur un :

"Merci."

Qu’avait-il pu penser ? Aucune idée et je n’en avais rien à faire. Je me dirigeais vers la petite table sur laquelle étaient posés une corbeille de fruits ainsi qu’une carafe remplit d’un liquide rouge. Je n’avais jamais vu ce liquide au paravent. Curieuse je me versais un verre et le portais à mes lèvres. Le nectar avait un goût fruité et lorsque le breuvage coula dans ma gorge, une douce chaleur m’envahit.

"Hmmm…très agréable, je me demande ce que c’est ?"

Moi qui n’avais connus que l’eau et l’hydromel, j’étais très intriguée. Tout en gardant mon verre à la main je me posai tranquillement dans l’un des fauteuils qui donnait face à une fenêtre par laquelle je pouvais apercevoir le port. Je m’enfonçais un peu plus dans la confortable assise et je commençais à somnoler et à sombrer dans le sommeil lorsque je fus brutalement rappelée à l’ordre lorsque j’entendis au loin la voix de Logan qui commençait à remuer ses marins.

Je me relevai, pris un fruit et me dirigeai dans le coin où était posé tout un nécessaire de toilette. Après ma course de ses derniers jours, j’en avais bien besoin. Je laissais glisser ma robe le long de mon corps. Je me retrouvais nue, vulnérable. Autant à une époque j’aurais tout donné pour que jamais personne ne me voie ainsi, aujourd’hui j’espérais que Logan franchirait cette porte.

Je trempais le linge dans l’eau qui se trouvait dans une belle coupelle. Je le passais sur mes épaules et les muscles endoloris. Je sentais l’eau couler le long de mon dos, de mon ventre, des mes cuisses. Cela me procurait un bien fou.

Je passais facilement une bonne demi heure ainsi à me laver. Après ça j’allais m’étendre pendant une autre demi heure sur le lit. Après un temps que j’avais jugé suffisant, je me redressai et allai chercher ma robe, toujours posée sur le sol de ma cabine. Je me rhabillais et décidais de monter sur le pont. À ce que je pouvais voir au travers de ma petite fenêtre, on avait du commencer à avancer car je ne reconnaissais plus le port, mais je pouvais bien avoir la vu troublée.

En passant devant le miroir je remarquais que mes cheveux étaient à nouveau blond. Je me tournais et me retournais pour être sûre de ce que je voyais, mais pas de doute, j’étais de nouveau moi. Je m’examinais et je ressentis presque un regret. J’avais du charme en brune…mais surtout cela ne me disait pas comment tout ceci s’était produit. Peut être aurais-je des réponses de la part de celui que tout le monde redoutait.

Chassant toutes ces pensées de ma tête je sortis de ma cabine. Il n’y avait pas âme qui vive dans le couloir. En passant devant la cabine du beau Capitaine, je vis que cette dernière était fermée. Était-il à l’intérieur ? Une partie de moi voulut frapper à la porte mais je n’en fis rien et je continuai mon chemin.

Je grimpais le petit escalier pour me retrouver sur le pont. Il faisait toujours aussi beau, les marins s’activaient et étaient concentrés sur leur travail. Instinctivement mes yeux se mirent à chercher le Capitaine Logan.

Il ne me fallut pas longtemps pour repérer Logan parmi la petite foule qui s’activait. Il se tenait avec assurance au niveau de gouvernail du bateau. Une brise légère balaye délicatement ses cheveux. On dirait un tableau tellement cette image est à couper le souffle.

Je ne m’étais pas trompée, nous étions effectivement en train de quitter le port kendran sous un magnifique soleil couchant. Je regardais la terre s’éloigner et des tas de questions étaient présents à mon esprit. Où était allé Amhalak ? Quand reviendrais-je sur cette terre ? Malgré ma détermination et toute ma volonté, j’éprouvais une certaine nostalgie à quitter ainsi les terres que j’avais toujours connues. Pour ne pas sombrer dans la morosité je reportais mon attention sur le séduisant Capitaine. Il me vit et me fit signe de le rejoindre.

Je me dirigeais avec empressement, pour éviter de dire que je me précipitais, à ses côtés. Une fois arrivé il me désigna d’un signe de tête un endroit du pont où était posé un panneau de bois.

"On vous a installé un panneau de bois, là bas, comme vous l’aviez demandé."

Je fus extrêmement surprise de constater la vitesse avec laquelle il répondait aux demandes que je pouvais formuler.

"Quel homme galant ! Décidément il a tout pour séduire !"

Je continuais de le dévorer des yeux, il n’y avait pas d’autres mots.

"De nouveau blonde ?"

Cette question me pris totalement de cours alors que j’étais perdu dans mes pensées.

"Oui. Je ne comprends absolument pas ce qui a pu se passer. Enfin, tout est rentrée dans l’ordre et je sais maintenant que, si cela se reproduit et bien, tout se règlera par soi même."

Tout en lui souriant je me rendis au panneau de bois, qui n’était pas très éloigné de lui. C’était plutôt réconfortant car ainsi, j’aurais le loisir de le voir à chaque instant. D’un autre côté cela risquait de troubler ma concentration.

Je décidais qu’il était temps de me mettre au travail. Gaïa seule savait ce qui m’attendait une fois que je serais sur place et il me fallait être prête à affronter toutes les situations. Même si je n’étais pas du tout confiante vis à vis de mes capacités, autant mettre toutes les chances de mon côté. Je sortis de mon sac le parchemin d’apprentissage.

"Apprentissage du sort "Force du ciel",

Ce sort, une fois maîtrisé vous permettra de produire de rayons lumineux pouvant toucher plusieurs cibles."

Cela allait m’être très utile. Je me posais sur le pont et relisais le parchemin pour trouver si il n’y avait pas un indice, ou quelque chose qui m’indiquait la manière de procéder. Après une bonne dizaine de relectures, je ne vis rien qui pouvait me servir. Il ne me facilitait pas la tâche décidément. Mais cela n’avait pas d’importance, il fallait que je fasse mes preuves et j’allais le faire ici et maintenant. Et si il m’arrivait quelque chose, j’étais bien entourée.

Je me levais et fis face au panneau de bois qui se trouvait devant moi et que Logan m’avait aimablement donné, il allait me servir de cible. Je fermais les yeux et tentais de visualiser un rayon de lumière qui partirait de l’extrémité de mon bâton et qui frapperait la cible. Un fois l’image bien encrée dans mon esprit, j’ouvrais les yeux, concentrais ma magie dans mon bâton et tentait de lancer le sort. Je me concentrais de toutes mes forces mais rien ne se produisit.

"Pfou ! Ça va me prendre plus de temps que je ne le pensais…allez ma petite, tu n’es pas plus bête qu’une autre, tu peux y arriver !"

Peut être que Logan se demandait si je m’adressais à lui où si c’était plus pour moi même.

Je recommençais le même schéma. Cette fois ci un faible rayon de lumière à peine perceptible jaillit du bâton mais, n’étant pas assez puissant, il n’atteignit pas la cible. Après de nombreux essais tous plus infructueux les uns que les autres, je sentis que je commençais à transpirer et j’épuisais toutes mes forces. Je décidais de m’asseoir sur le bois du pont aux côtés du capitaine. Cependant je ne lui prêtais pas plus d’attention, malgré l’attirance que je ressentais, il me fallait être en pleine possession de mes moyens. Après quelques minutes, je décidais de reprendre.

J’inspirais une grande goulée d’air marin pour me calmer. Je sentais de nouveau cette frustration qui m’avait envahie peu de temps avant que je ne devienne brune, revenir. Je soufflais mais c’était peine perdue, je pouvais déjà sentir en moi une transformation. Pas perdu ! Alors que je tentais de contrôler mes émotions je vis mes cheveux revirer.

"Oh ! Alors je ne peux plus faire d’efforts ou ressentir la frustration ? Gaïa, pitié, envoi moi un signe !"

Tout en pensant à la Déesse, je regardais le ciel et je pouvais apercevoir des voiles nuageux passer dans la lumière du couchant et c’est là que j’eus un éclair de lucidité. Le nom du sort était « Force du ciel ». Quelle idiote ! Comment n’avais-je pas vu ce lien. Sans perdre une minute je me relevais et de recommençais. Cette fois ci en plus de me concentrer, je pensais à la déesse et à l’aide qu’elle m’avait apporté. Une fois de plus je lui demandais son aide, qu’elle m’accorde la réussite pour cet apprentissage. Je me focalisais à présent sur la cible et là un puissant rayon de lumière jaillit mais manqua la cible. Le rayon fila et alla se perdre au loin.

J’avais la méthode pour réaliser le sort mais il me manquait encore de la concentration pour viser juste. Mais je n’allais pas abandonner si près du but. Je réessayais encore et encore mais décidément il me manquait encore quelque chose, mais quoi ?

J’eus alors l’idée de penser à cette immonde personne qui s’était faite passer pour l’ami de mon père, cette personne qui était certainement l’assassin de mon père et à ma mère qui était peut être sa complice. Et comme à chaque fois que je pensais à lui et encore plus à l’éventuelle collaboration de ma mère, la colère monta, une colère proche de la fureur. Je réalisais toujours la même tactique en rajoutant la fureur qui m’habitait et cette fois le rayon atteint la cible et deux autres s’en allèrent dans le lointain horizon. Je fus immédiatement soulagée de constater que je n’avais infligé aucun dégât au magnifique navire de la guilde. Puis je fus soudainement prise de vertiges. L’effort avait été important et de plus, mes cheveux étaient toujours bruns.

"Oh…ah…ouf…et bien, c’était pas de la tarte…oh la la, faut que je m’assois."

Je m’exécutais sur le champ et me laissais tomber sur les pieds du capitaine sans même m’en rendre compte.

"Oh, je…je suis désolée."

Nerveusement je mis à rigoler comme jamais, à gorge pleine. Je me mis à trembler de tous mes membres et je me resserrais contre les jambes de Logan.

Le temps de mon apprentissage avait suffit pour l’allégresse quitte définitivement le port de Kendra Kâr. Je me sentais soulagée, plus je m’éloignais, plus mon cœur se sentait léger. Malgré tout, une inquiétude demeurait en moi : le niveau de danger de l’endroit dans lequel je me rendais. En y réfléchissant, rien que le nom donnait le ton : la Maison d’Abandon…

Et avant même cette destination particulière, comment était la ville de Tulorim ? Je me sentais stupide de ne pas avoir demandé à Amhalak si il connaissait cette place et ce continent en général. Peut être que Logan pourrait me renseigner. Il faudrait que je pense à lui demander.

Le Capitaine avait certainement raison de ne pas aimer ce lieu. Je laissais mes pensées vagabonder au gré du vent qui effleurait délicatement mon visage. Qu’était devenue ma vie en l’espace de quelques jours ? Elle avait complètement basculée vers d’un côté qui m’effrayait quelque peu.

Je ne voulais rien laisser paraître. Je ne voulais pas montrer mes faiblesses, il me fallait devenir forte psychologiquement et ce rapidement. Avant d’arrivée à Tulorim, il me fallait m’endurcir. Je ne devais pas laisser les scrupules m’envahir ni ressentir de honte par rapport à mes actes.

Contrairement à ce que j’avais cru, le charmant capitaine n’avait pas bougé lorsque je m’étais étalée à ses pieds et que j’avais resserré mon emprise sur lui. Il me regarda simplement alors que j’explosais d’un rire franc et sincère du à la nervosité que j’avais mis pour apprendre mon sort. Il se contenta de me tendre sa main pour que je puisse me relever.

"Allons donc, qu’y a-t-il de si drôle ?"

Sa question était d’une logique implacable.

"Je….je ne sais pas…, la ner…nervosité sans doute.."

Je luttais de toutes mes forces contre les frissons qui s’emparaient de moi. Brusquement un froid m’envahit. Je saisis la tendre main de Logan et dans un élan je me plaquais contre lui en espérant que la chaleur de son corps allait me réchauffer.

La tête posée sur son épaule, je profitais de ce moment de bien être en respirant pleinement l’air marin. La brise était douce mais le froid qui s’était emparé de moi, persistait. Il émanait du Capitaine du réconfort, c’était comme si il avait pour mission de prendre soin de ceux qu’il escortait, ou alors était-ce tout simplement dans sa personnalité. Et mon cœur préférait cette deuxième option.

"Dis moi, toi qui fais souvent l’aller retour, tu connais bien Tulorim ? C’est une ville agréable ?"

Je ressentis immédiatement une gêne en me rendant compte que je l’avais tutoyé. Moi qui m’étais promis de ne plus en ressentir, c’était mal partit. J’attendais avec une légère anxiété la réaction de Logan. J’espérais de tout mon cœur qu’il n’allait pas m’en vouloir. En plus de ça, j’avais toujours aussi froid.

Comme je le craignais Logan fut quelque peu dérouté par mon étreinte qui, malgré ce que l’on aurait pu croire, m’était venue naturellement. J’étais sur le point de me dégager lorsqu’il m’étreint à son tour. Je pouvais sentir ses bras musclés tout autour de moi. Je me sentais protégée, comme dans un cocon.

Dans ce même mouvement, il avait reculé et laissé la place à un autre marin qui me paraissait bien plus vieux que lui et du coup, bien moins séduisant. On sentait le bon vieux marin qui était monté sur un bateau lorsqu’il était jeune et qui, depuis, n’en était jamais redescendu. Il prit la place du beau capitaine sans discuter. Il devait être habitué à ce genre de situation.

Et pour me soulager d’avantage, Logan me répondit sur le même ton familier que j’avais employé précédemment en me tenant toujours contre lui.

"Tulorim est tout sauf une ville agréable. Là où Kendra Kâr resplendit par sa blancheur, Tulorim demeure dans les ombres."

Ce premier tableau, de la ville où j’allais débarquer, n’était guère encourageant. Je voyais déjà une ville plongée dans les ténèbres avec un air glacial qui soufflait dans ma jupe. Une attaque possible au moindre coin de rue. Je frissonnais à cette pensée.

"Non pas que le climat y est désagréable, il y a plus de soleil que sur les côtes kendrannes, mais la ville est moins fière."

Qu’entendait-il par "moins fière"? La ville prenait-elle moins soin de son patrimoines ?

"Plus sale, insidieuse, traitresse."

En effet, c’était ça mais pire encore. J’avais dit une attaque à chaque coin de rue ? Apparemment j’étais loin de la vérité et je ne me rendrais pleinement compte de l’ampleur de la situation, une fois sur place.

"Et l’homme que tu vas voir, de ce que j’en ai entendu, est terrible. J’ai souvent amené vers lui des membres du Temps que je n’ai jamais revu par la suite…"

La pause qu’il marqua pouvait signifier plein de choses. De l’inquiétude, de la crainte, de la tristesse…

"Des rumeurs circulent sur ce Zarnam. Jamais à haute voix, toujours par messes basses…Car il ne faudrait pas que de telles rumeurs parviennent à ses oreilles. On le dit capable du pire."

Une phrase que Logan m’avait dit : qu’il serait dommage de mourir en cherchant la vérité. Ce que je cherchais absolument, la vengeance de mon père, méritait-elle que je mette ma vie en jeu ? Certainement pas mais j’étais sûre d’une chose, quoi que je fasse cela allait me poursuivre toute ma vie si je ne faisais rien. De nouveau confiante en mon choix je lui répondis en lui déposant un baiser sur la joue.

"Et bien je serais une première, tu me reverras quand tu devras me ramener à Kendra Kâr. Lorsque je devrais faire mon rapport à Pulinn."

Alors que nous étions toujours enlacés, Un bruit étrange vint troubler se coupler au léger son de la brise venant du Sud, de Tulorim. Mon ventre s’était mit à gargouiller.

Après mon hasardeux baiser déposé sur sa joue, Logan me sourit. D’un sourire remplit de tendresse et de chaleur. Et ce simple sourire suffit à me faire oublier le reste de monde et même que je tremblais de froid. Et c’est là que je me rendis compte que je n’étais plus grelottante.

"Oh mais tu ne seras pas non plus la première. S’il tuait tous les membres du Temple qu’il rencontrait, il n’y aurait plus grand monde…"

Bien sûr, je me doutais que je ne serais pas la première. J’avais dit ça pour la forme mais ça n’avait pas marché, j’étais un peu déçue, mais cela ne dut pas se remarquer outre mesure, et tant mieux. Je restais quelques instants contre lui avant que mon ventre ne se manifeste.

Logan fit une drôle de tête avant d’ajouter ;

"Par Moura, vous mourrez de faim ! Vas donc dans ta cabine, je vais te faire porter de quoi te sustenter. As-tu des préférences culinaires ?"

C’est vrai qu’en y repensant, je n’avais rien mangé depuis que j’avais quitté la maison de ma mère à Lùinwé. Je ne m’étais pas rendu compte de la faim qui tenaillait mon estomac et ce n’était pas le petit fruit, que j’avais mangé au sein de ma cabine, qui m’avait remplit l’estomac.

"C’est vrai j’ai à peine grignoter dans ma cabine tout à l’heure…"

Et si je rajoutais à ça l’effort que j’avais fourni pour apprendre le sort, je n’étais pas au mieux de ma forme. Des préférences culinaires ? À part les plats classiques que ma mère m’avait toujours faits, je ne connaissais rien à la cuisine.

En repensant à ma mère une vague de colère m’envahit, vague que je réussis à contenir. Cette femme que je croyais connaître s’était transformée en une parfaite étrangère. Elle qui m’avait tout apprit, à faire confiance à la déesse quoi qu’il arrive…Toutes ces paroles étaient elles du vent ?

"Je n’ai pas vraiment de préférences…Mais si vous pouviez me servir des plats qui ne soit pas typiquement kendran ça m’arrangerait. Je n’ai mangé que ça toute ma vie, je commence à me lasser…"

Je me relâchais de son étreinte.

"Merci d’avoir été là."

Je commençais à prendre le chemin vers ma chambre lorsque j’eus une idée. Je jetais par dessus mon épaule des paroles à l’intention de Logan.

"Si c’est possible, ta compagnie rendrait mon repas des plus agréable."

Je lui souris avant de me diriger vers le couloir qui menait à ma chambre temporaire. En y arrivant, je fermais la porte et me précipitais vers la coupe de fruit et surtout vers la boisson qui m’avait précédemment fait tourner la tête.

Je me servis un verre plein à ras bord et le vidais aussi sec. Après quelques secondes ma tête me tourna un peu et je transpirais de plus en plus. J’ôtais ma robe et me dirigeais vers le coin où je me passais une serviette humide tout le long du corps. Après ça j’allais m’étendre sur le lit moelleux.

Je dus m'assoupir car je me réveillais en sursaut en attendant des bruits derrière la porte.

Je n’eus pas le temps de me rhabiller avant que la porte ne s’ouvre sur le beau Capitaine. Il portait un magnifique plateau en argent avec certainement les vivres qu’il avait dit qu’il m’apporterait. Je restais immobile sur mon lit telle une statue.

Il ne sembla pas choqué par ma tenue, qui était la plus naturelle qui soit. Je rougissais mais prenais sur moi pour ne pas me précipiter sous les couvertures. Plus je prenais sur moi, plus je sentais un désir ardent envahir tout mon corps. Je pouvais sentir tous les pores de ma peau s’ouvrir et transpiraient de désir pour Logan. D’un seul coup ma faim s’était transformée en une autre sorte de faim. Et tout ceci s’intensifia lorsque, sans rien dire, il s’assit à mes côtés.
Une de ses mains effleurait tout en douceur mon pied gauche.

Il posa le plateau avant de me dire.

"J’espère que tu as encore faim !"

Oh oui j’avais faim, mais pas de ce qui se trouvait dans le plat. J’avais faim de lui. Là, à cet instant précis, c’est lui que je voulais et rien d’autre. Il découvrit le plat. Rien que la vue du plat donnait envie. Plusieurs petits grains compactés servaient de base et dessus étaient posés plusieurs légumes et de la viande et le tout baigné dans une sauce plus rouge. Un parfum épicé avait envahit la pièce.

"C’est une spécialité des déserts d’Imiftil. Je suis certain que tu n’en as jamais mangé…"

C’était absolument certain que je ne connaissais pas. En tendant le bras, j’attrapai une des fourchette posée près de la corbeille de fruit et j’entrepris de goûter avec prudence le met qui se trouvait sous mes yeux. Même si cela m’aurait fortement étonnée que Logan veuille m’empoisonner. Je lui souris et portai la cuillérée à ma bouche.

"Mais à quel met ai-je vraiment envie de goûter ?"

Je dévorais littéralement Logan des yeux pendant que la nourriture coulait dans ma gorge. C’était épicé ce qui donnait encore un peu plus de chaleur au plat. Je sentis que cette sauce me picotait légèrement l’intérieur de la bouche, ce n’était pas insupportable, même plutôt agréable. La viande était tendre et fondait dans la bouche, mélangé avec les petits grains. Le tout me donnait encore plus chaud mais c’était tellement envoutant. Je repris quatre ou cinq bouchés et savourais pleinement ces nouvelles saveurs qui s’offraient à mon palet.

Après m’être correctement rassasiée, je reportais mon attention sur une idée qui n’avait pas quitté mon esprit alors même que je mangeais. Logan était toujours là et mon envie, mon désir, toujours aussi présent. Je pris le plat et j’allais le poser sur la table près des fruits. Je retournais m’asseoir en face de Logan et je me penchais sur lui.

"C’était vraiment délicieux. Et je suppose que tu es le dessert."

Sans prendre le temps de réfléchir, car la réflexion tuait tout chez moi, je l’embrassais à pleine bouche. Un baiser aux senteurs épicées du repas. Je ne pouvais plus, et ne voulais plus me retenir. Je me reculais très légèrement de telle façon que nos lèvres restèrent collées.

"Embrasses moi."

Tremblante d’excitation j’attendais de voir si il allait répondre à mon invitation.

J’avais remarqué que pendant le repas mon beau Capitaine avait lui aussi picoré ici où là, mais très peu, certainement par égard pour moi. Tout ça ne le rendait que plus séduisant. Du coin de l’œil j’avais pu aussi remarqué qu’il ne m’avait pas quitter des yeux.

J’avais régulièrement sentie son regard posé sur mon ventre, ma poitrine, mes hanches et chaque partie de mon corps qui s’offrait facilement à sa vue. Ce n’était pas le regard furtif de quelqu’un de gêné qui regarde en cachette quelque chose qu’il ne devrait pas regarder. C’était un regard délicat de quelqu’un qui aimait ce qu’il voyait, comme un amateur observerait une œuvre d’art. C’était comme une caresse sur ma peau offerte. C’était flatteur pour moi et c’est certainement ce qui m’avait poussé à agir comme j’avais agi.

Il parut néanmoins surpris quand je lui dis qu’il allait être le dessert. Il haussa un sourcil qui trahit la curiosité qui se cachait sous cette surprise qui l’avait saisit. Mais il se laissa totalement faire pendant que je l’embrassais. Pensais-t-il que je n’oserais pas ? C’était fort probable, n’ayant jamais agis de la sorte, je redoutais un peu trop les réactions, ce qui me bloquait.

En réponse à la demande que je lui avais faite il m’embrassa avec fougue et passion à son tour. Je penchais la tête en arrière pour qu’il ait accès à mon coup que je voulais voir noyé sous ses baisers. Pendant que je continuais à me délecter sous ses douces embrassades, il passa un de ses bras dans mon dos comme pour mieux m’enlacer. Mon excitation était à son paroxysme. Et cela ne s’arrangeait pas lorsque de son autre main, il me caressa la joue tout en jouant avec mes cheveux. Il s’interrompit pour me dire.

"Plutôt direct, toi !"

Que répondre à une telle affirmation ? Rien sans doute. Mais c’est vrai, j’avais été très direct et je n’en éprouvais aucune honte ni aucun regret. Il avait répondu positivement à ma demande et m’avait regardé pendant le repas. Je sus maintenant que je ne voulais plus reculer devant mes désirs, quels qu’ils soient.

Je l’allongeais complètement sur le lit et me plaçais au dessus de lui. Je passais mes mains sur son torse malheureusement encore protégé par la chemise qu’il portait. Même si je pouvais sentir ses muscles dessous, ce simple morceau de tissus me frustrait. En fait, tous ses habits m’embêtaient. Je me penchais sur lui.

"Il faut savoir ce que l’on veut. Et je te veux !"

Je l’embrassais avec toute l’énergie de mon désir pendant que mes mains s’occupaient d’enlever ses vêtements. Tout mon corps était en ébullition. Moi aussi je voulais l’admirer nu. Embrasser ses muscles, son ventre, son dos, caresser les courbures de son corps. Je voulais lui appartenir ne serait-ce que pendant un moment, je voulais être à lui et lui à moi.

Alors que je luttais toujours avec ce qui se trouvait entre moi et le corps de mon bel apollon, Je relevais légèrement la tête et lui souris avec malice en lui disant.

"Oh oui, je te veux maintenant. Tu m’aides ?"

Je lui dis ça en désignant ses habits.