Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.
Se réveiller dans un lieu inconnu est perturbant. Les premières secondes, je me demandais ce que je foutais là… maintenant que j’ai repris mes esprits, je me souviens bien que je me suis embarquée dans un immense navire, avec des matelots plus charmants et friqués les uns que les autres.
Je n’avais jamais foutu les pieds sur un bateau… et à vrai dire, c’était une bonne chose. Ça bouge tout le temps, ça me file la gerbe. Ça bouge même un peu trop. Par la fenêtre, je ne vois que de l’eau, rien que de l’eau et elle est aussi agitée que doit l’être le Clan de la Main Rouge. On a dû avancer pas mal, pendant la nuit, je ne sais pas quand nous arriverons et je n’ose, de toute façon, pas aller voir l’un des occupants du bateau pour lui demander. Du moins, je ne sortirai pas tant que je ressemble à une pouilleuse.
Mes premiers pas sont hésitants, un cul-de-jatte aurait l’air moins ridicule. Tout m’aide à tenir debout et, si j’arrive à ne pas me ramasser au sol, je sens que le contenu de mon estomac va décorer les tapis précieux. Je respire le plus calmement possible. Il me faut de l’eau, aussi bien pour boire que pour me laver correctement. Mais, avec cette mer agitée, je doute de réussir l’un comme l’autre.
Je titube dans ma cabine et atteint une armoire massive richement décorée. À l’intérieur, il y a, entre autre, une vasque et un broc rempli d’eau. D’eau froide, même. Super…
Je pose, comme je peux, le broc sur la table et le vois glisser sur la plaque en marbre. Je ne sais pas comment ils font pour vivre sur un bateau, mais moi, ça me soûle déjà ! Il va falloir trouver une solution pour maintenir en place ce fichu broc et cette vasque. Un rapide coup d’œil de la cabine, et voilà la solution trouvée : ma cape pour former une cuvette, et quelques livres pour caler le tout.
Maintenant, il suffit de verser l’eau et de se laver du mieux possible. À dire, ça semble simple, mais je vous assure qu’à faire, quand on a jamais foutu les pieds sur un bateau, c’est une autre histoire. Le remous des vagues se reproduit dans la vasque… à peine l’eau versée que ma cape était détrempée. Ça lui servira le lavage.
Nue, ma tunique laissée à mes pieds, je m’asperge de l’eau glacée. Les gouttes s’échouent sur ma robe et le tapis, je galère à me maintenir debout ; je me croirais un soir de cuite. La crasse et le sang disparaissent peu à peu. J’aurais dû penser au savon, mais je ne l’ai pas fait. J’aurais dû penser aussi à un linge pour me sécher, mais je ne l’ai pas fait non plus. Me rouler dans les draps suffira. Et je me préfère allongée que debout.
À peine le temps de tenter le premier pas qu’une personne frappe à la porte.
« Entrez. »Un blondinet au corps parfaitement dessiné et aux lignes magnifiées par son costume entre et, sans s’en cacher, me scrute des pieds à la tête, avec un léger sourire.
« Le Capitaine Tiercevent vous invite à vous restaurer. Vous pouvez le rejoindre… ou rester en cabine. »Alors qu’il me parle, il regarde la pièce. Ses yeux se posent sur la bassine d’eau.
« Si vous souhaitez de l’eau chaude, nous pouvons également vous en apporter. »Ses yeux ne cessent d’inspecter les lieux et finissent par tomber sur la dague ensanglantée, posée sur le bord du lit. Mes yeux suivent son regard, reviennent sur lui. Il fronce légèrement les sourcils mais reprend vite son masque de politesse.
« Dois-je annoncer votre venue auprès du Capitaine Tiercevent ? »« J’aimerais me rafraichir avant. Avec de l’eau chaude. Puis-je ? »« Bien sûr, Dame. Je vous apporte le nécessaire. »Ça pue l’embrouille. Il repart comme si de rien était. Comme s’il n’avait pas vu la dague, comme si le sang dessus ne signifiait rien et, surtout, comme si je n’étais pas nue, humide et frigorifiée devant lui ! Vexant.
En l’attendant, je reprends la dague et fouille dans les meubles. Les tiroirs du bureau conservent deux feuilles vierges et un petit coffret en bois, la penderie est remplie de vide et l’armoire, d’où j’ai sorti le broc et la vasque, abrite quelques linges ainsi que, dans un profond tiroir, des ustensiles bien familiers : brosse, peigne, miroir, ruban, lime et râpe me rappellent brusquement Exech et son bordel. Mes yeux se posent sur la dague, je dois la cacher, et ce tiroir fera pleinement l’affaire. Je sors le peigne et referme le tout.
Retour au lit, si possible sans se péter la cheville. Je suis gelée et je me crispe à chaque changement de verticalité de la mer, vivement qu’on revienne sur la terre ferme, j’en viens à regretter le bordel. Je laisse mes jambes suivre le mouvement du bateau, on me croirait ivre, et, après quelques détours, j’atteins le lit et m’observe dans la glace.
Je ne comprends pas pourquoi le matelot n’a pas voulu profiter d’un corps aussi parfait que le mien. Il a de la merde dans les yeux… ou il est eunuque. D’ordinaire, j’utilise mes charmes pour obtenir ce que je veux. Je suis belle, pour ne pas dire bandante, et j’ai appris à me servir de cette incarnation de la faiblesse masculine pour satisfaire mes envies.
Enfin, de toute façon, j’ai mon eau chaude ; du moins quand il daignera me l’apporter. Qu’est-ce qu’il fout ? Le bateau est si grand ? Peut-être parle-t-il avec son Capitaine… Je vais guetter son retour à la porte et, s’il arrive avec du monde, j’improvise mais, au moins, je serai prévenue.
À force de faire des aller-retours dans cette cabine, je commence à avoir un peu plus d’assurance. Tout est une question d’habitude, et savoir bouger des hanches s’avère être un atout indéniable à bord d’un navire. En trois enjambées j’atteins la poignée et ouvre la porte sans discrétion. Là, accroupi, se trouve mon eunuque blondinet qui, même s’il ne me saute pas dessus, a au moins le mérite de me mater. Je ne peux m’empêcher de sourire.
« Par le trou d’une serrure, vous ne devez pas voir grand-chose. Rentrez donc l’eau, j’aimerais me montrer présentable à votre Capitaine. Et fermez la porte derrière vous. » Il obtempère sans même chercher à se justifier, j’apprécie. Il ne se fait d’ailleurs pas prier et, avec une dextérité impressionnante, me remplit la vasque d’eau chaude, sans en foutre tout autour. Puis, sans dire un mot, il se saisit d’une sangle qui ornait le rebord du bureau et attache, par un mouvement indiscernable du poignet, le récipient au meuble. Une fois l’ensemble fait, il se retourne vers moi et affiche un sourire fier et taquin.
« Cela sera plus pratique, pour vous rendre présentable, Dame. »Mon voyeur ne perd pas une miette du spectacle. Je n’hésite pas à exagérer mes mouvements de hanches et à jeter des œillades. Ma comédie provoque l’effet physique escompté mais, étrangement, il garde le contrôle et me parle de Kendra-Kâr ; je m’en tape, je veux juste savoir pourquoi il résiste.
D’ordinaire, et ce n’est pas de la prétention, j’obtiens tout ce que je veux avec une simple moue, ou une épaule dénudée…. Voire plus. Je joue avec leur désir physique et me joue d’eux. Avec les hommes, c’est simple : Faites-les se dresser et ils seront à genoux.
Si un matelot est aussi indifférent à mes charmes, que va-t-il en être du Capitaine ?
« Il me tarde de voir cette ville. Mais, avant tout, je brûle d’impatience de rencontrer votre Capitaine. J’enfile ma robe et vous suis. »« Vous voir nue ne le gênerait pas, je pense. »Il sourit toujours, ce con ! J’aime ça !
J’enfile rapidement ce que j’ose appeler une robe mais qui ressemble plus à une guenille, surtout pour la partie basse, et lui emboîte le pas.
Le jeune homme m'emmène sans un mot de plus jusqu'au bout du couloir, mais en jetant régulièrement des coups d'œil dans ma direction.
La porte du fond est précédée d'un gars en costume qui doit, visiblement, passer sa journée à attendre. Palpitant... enfin, intéressant au moins sur un point, le Capitaine se protège.
Une fois devant, le gardien frappe quelques coups sur le bois, annonçant mon arrivée au maître du navire. Je ne sais pas si me retrouver seule avec lui est une bonne idée, mais je pense ne pas avoir le choix. Autant croire en mes charmes.
Et tant pis pour la dague.