post précédent Après mettre légèrement relevée, j’avais du m’évanouir de nouveau car lorsque que j’ouvris les yeux définitivement, le soleil commençait à se coucher. Il donnait un magnifique teint orangé à l’horizon. Combien de temps s’était écoulé depuis que je m’étais endormie, si on peut le dire ainsi, sur le pont ?
Je m’étirai afin de décontracter mes muscles endoloris par la position que j’avais adoptée, à contre cœur. Je pouvais sentir mon cœur battre dans ma gorge, nouée par l’angoisse. Qu’elle était cette vision. Je ne comprenais décidément plus rien. Je me relevai péniblement en étouffant des soupirs de douleur. C’est alors que je vis un marin, que je n’avais encore jamais aperçu, en même temps je n’en avais pas vraiment eu le temps, qui s’approchait de moi.
"Vous êtes réveillée ? Le Cap’taine Tiercevent m’a dit que vous pouviez le rejoindre dans sa cabine quand vous serez sur pieds. C’est par là !"
Il me montra du doigt un petit escalier de bois qui descendait vers une porte sculptée dans le même bois délicat. Je lui fis un signe de tête tout en lui disant.
"Merci beaucoup. Et…euh…bon courage."
À mes yeux il fallait en avoir pour rester éveillé afin de parer au moindre problème. Je me dirigeai donc vers l’endroit que le matelot m’avait indiqué. Je descendis l’escalier prudemment, ma tête me tournant encore et j’avais eu raison. À plusieurs reprises je manquai de tomber.
Je me tenais devant la porte sans savoir quoi faire. Il fallait que je parle à Logan, je le savais, mais j’étais terrifiée. C’est alors que je remarquai que je frissonnai de tout mon corps. J’étais gelée. Je poussai délicatement la porte, comme si j’avais peur de la briser. Elle donnait sur un couloir assez étroit et très sobrement décoré.
Ici ou là, on pouvait apercevoir des marques dans le bois qui avaient du être faites avec le temps. Le couloir était éclairé par des chandeliers qui me rappelèrent immédiatement ceux que j’avais pu admirer au Temple.
En progressant dans ce couloir, j’avais la désagréable impression de voir ma vie défiler. Tous ces mensonges, ces trahisons étaient en train de me dévorer de l’intérieur. Je me consumais et celle que j’étais, disparaissait de plus en plus pour laisser place à une autre dont j’ignorais tout. Dans un mouvement je touchai une de mes boucles d’oreilles et là, de nouveau la vision que j’avais eue sur le pont s’imposa à mon esprit. J’en ôtai une pour l’examiner, en apparence rien n’avait changé. Je la retouchai et une fois de plus la femme brune surgit dans ma tête.
"Mais, bon sang ça suffit !"
Pendant que je la remettais à mon oreille, l’image de l’autre n’arrêta pas de se montrer par intermittence. "...Bientôt" avait elle dit ? Qu’allait-il arriver d’ici peu ? Était-ce au sujet de Zarnam ou de.. ?
J’étais arrivée à la seule porte qui était ouverte. La pièce était richement décorée, tout le contraire du couloir et elle était lumineuse ce qui lui conférait une atmosphère chaleureuse. Je m’y hasardai, ne sachant pas vraiment si j’avais le droit.
Sur ma droite se trouvait une armoire et à ma gauche une couchette qui, à première vue, ne semblait pas vraiment confortable, mais c’était ça la vie en mer. En face était placé un bureau sur lequel se trouvaient de nombreux papiers, une carte marine avec les différents continents, des instruments de mesure, tous ce qui convenait à un… Je réalisais alors qu’il s’agissait de la cabine du capitaine. Les murs de bois étaient recouverts de tentures en velours rouge parsemés de deux, trois tableaux ainsi qu’un miroir. Je passai ma main sur le tissu, et à son contact j’éclatais.
Tout me tombait dessus et d’un seul coup. J’étais dans tous mes états et je n’étais pas encore arrivée chez Zarnam. Qu’est ce que ça allait être là bas ?
Je sentais la peur, l’incompréhension, la peine mais surtout la rage, tous ces sentiments montaient en moi. Je pleurai de rage et de désespoir. À ce moment là je sentis une violente douleur dans ma poitrine. Je me retenais de toutes mes forces pour ne pas hurler mais la douleur me déchirait la poitrine et me brûlait. C’était comme si un fer chauffe à blanc était posé au niveau de mon cœur. Je tombais à genoux de nouveau. Ne pouvant plus me contenir je hurlais tout ce que je pouvais avant de verser un torrent, un fleuve de larmes.
Je me relevai et allai m’asseoir sur la couchette. Si cela était interdit qu’importe. Je me massai les tempes et dans ce geste je ramenais mes cheveux. L’horreur s’empara alors de moi. Je me précipitai vers le miroir et constatai que je n’avais pas rêvé. J’étais brune !
"Mais bordel ! Au nom de Gaïa qu’est ce que c’est que cette comédie ? Tu veux te pa..."
J’arrêtai brusquement de vociférer contre la déesse car j’entendis des bruits de pas qui se rapprochaient.