*C'est pas vrai... On s'en sortira jamais ici...*

Warren avait poussé son dernier soupir, sous le coup mortel de la lame du liykor. D'une certaine manière, ce dernier arrivait à se consoler un peu en se disant qu'au final, son meurtre avait salvateur. Non pas de la mort, mais de la possession. Ziresh essayait de se dire que s'il lui arrivait la même chose, il espèrerait que quelqu'un le tuerait avant que son corps ne soit écartelé par ce genre de monstre. Il s'imaginait même capable de percer lui même son abcès en se jetant sur sa propre lance.
Mais au final, il ne fallait pas se leurrer: il en serait incapable. Jamais il ne pourrait se tuer, car il n'aurait que trop l'espoir de rester en vie. Il essayait aussi encore de se dire que certains trouveraient peut-être un moyen d'extraire ce monstre à l'intérieur de lui sans qu'il ne meure. Peut-être que ces troglodytes sauraient le sauver une fois qu'il aurait tué la Mère.

*Amarante, Depheline et moi... On est les seuls à être aussi mal en point maintenant. Il faut qu'on termine tout ça le plus vite possible...*

Juste sur cette pensée, Trà Thù avait tenté de "réconforter" Ziresh. Mais il ne se sentit pas mieux une seule seconde. "Quoiqu'il arrive, la fin est proche" ne faisait que le convaincre encore un peu plus dans cette idée que certains de leurs compagnons avaient perdu l'esprit. Warren avait dit la même chose peu avant de rendre l'âme. Le loup ne put alors s'empêcher d'imaginer que cette supposition y était pour quelque chose. Peut-être qu'on l'avait tué parce qu'il en disait trop, tout simplement. Rien n'était encore vraiment certain quant à la manière dont ces monstres entraient dans les corps et finissaient par se réveiller. Les possibilités étaient grandes.

*Il faut que je parle avec Depheline, c'est la plus censée ici, et la plus digne de confiance. Mais il y a trop de gens autour... Il faut qu'on s'isole.*

Ziresh attrapa finalement la corde en prenant bien garde l'attacher à sa taille. S'il ne pouvait pas avoir confiance en ses compagnons actuels, il ne fallait pas risquer de chuter bêtement dans l'état où il était. Tout en montant la paroi, il eut l'étrange sentiment, pourtant, de descendre plus profondément dans les ténèbres. Sans doute était-ce la progression, puisque la lueur des champignons contredisaient la dite impression. Quoiqu'il en soit, il avait le sentiment dramatique d'être de plus en plus en proie à la mort. Qu'il ne pouvait plus avoir confiance en qui que ce soit à présent, hormis en lui-même. Les possibilité qu'il ressorte de la caverne s'amenuisaient toujours un peu plus.
Et il pensa à sa famille. Surtout à Kâhra. Il serra fort la Fleur de Lys qu'il portait autour du cou en imaginant qu'il ne rentrerait peut-être jamais. La vision de sa compagne lui revint en mémoire, le temps d'une seconde. Puis il atteint l'étage supérieur, porté par Aztai.

De là où il était, il pouvait voir deux choses en particulier: une cavité lumineuse, grâce aux champignons phosphorescents, et une cabane tâchée de sang, qui attisa l'intérêt de Selen. Compte tenu de son état de santé, le pauvre loup ne pensa pas vraiment de suite à la progression qu'ils devaient tous avoir en suivant la cavité (qui semblait être le seul chemin). La cabane pouvait en effet renfermer quelques potions qui sauraient sans aucun doute le sauver de ce qui le rongeait encore à l'intérieur.
Mais bien entendu, les tâches de sang avaient de quoi l'inquiéter. Qui pouvait bien avoir été à l'intérieur pour avoir autant souillé ce lieu? La réponse lui avait déjà été donnée quelques minutes plus tôt. Aussi, puisqu'il ne pouvait avoir confiance en Selen, il préférait se tourner vers Depheline.

"Tu veux bien nous aider à ouvrir cette cabane? Enfin, s'il y quelque chose de dangereux dedans, ce serait bien de savoir que tu peux nous couvrir avec ton feu..."

La Belle observait les membres de l’équipe escalader la falaise, hissés, aidés par des êtres désinvoltes et nonchalants. Amarante devait les rejoindre, mais son empoisonnement n’avait pas tout à fait disparu. Serait-elle capable de se hisser jusqu’en haut ? Ne tomberait-elle pas comme cet imbécile ? Cet idiot du village qui avait enfin crevé comme il le méritait depuis le début ! Né sous une mauvaise lune, ce n’était plus qu’un tas d’os qui se recouvrirait de mycose et de pourriture infecte. Son visage allait bientôt être rongé par des insectes en tout genre qui se délecterait de sa bêtise, de sa chair navrante qu’il n’avait pas su protéger. Oh que cette sensation était grisante ! Oui, le mal qui rôdait autour des atouts de la jeune fille l’avait atteint en plein cœur, détruisant ce qui l’avait de plus cher : sa vie.

Attendant que le louveteau débile finisse de remonter, Amarante le suivit faisant preuve de la plus grande agilité dont elle pouvait. Ce n’était pas aussi facile qu’elle ne l’aurait cru, ses mains ne cessaient de riper contre la paroi, sa robe somptueuse flottait dans le vide telle une meringue en lévitation. Sans doute devait-on voir ses sous-vêtements affriolants. Cependant, cela ne l’inquiétait guère, bien au contraire ! Amarante ne craignait pas de se dévoiler ainsi, cela l’excitait même comme une folle, une gamine devant une pâtisserie divinement sucrée. Enfin… pour l’instant, une de ses plus grandes entreprises était de rejoindre le haut de butte.

Doucement, Depheline était parvenue à remonter en haut de la paroi rocheuse, hissée par ses amis. La force du tigre était colossale et avait, sans difficulté, supporté le poids dérisoire de l’humaine fluette.

Néanmoins, ses hauts le cœur étaient accentués par le balancement de la corde, si bien qu’arrivée sur la terre ferme, elle dut reprendre ses esprits quelques minutes, ses mains braquées sur son ventre encore douloureux. Penser à ses nausées lui évitait d'ailleurs de revoir la scène d'un Warren mort et ravagé de l'intérieur, alors que ses barrières mentales s'affaiblissées déjà.

Elle commença ensuite à observer les alentours, constatant que tout le monde était parvenu à monter et qu’une vive lueur de champignons des bas-fonds se manifestait ici. Ils devaient aimer l’humidité et la fraîcheur des lieux. La magicienne songea que cette cavité à l’intérieur de laquelle ils venaient de pénétrer devait les mener vers une zone bien plus humide encore. Sans doute y trouveraient-ils de l’eau en continuant.

Et qu’était donc ce cliquetis incessant ? Il avait paru s’accentuer et Depheline se prit à imaginer qu’il s’agissait des palpitations du cœur de la Bête.

Le loup et Selen s’étaient approchés d’un petit édifice qui ne ressemblait à rien de loin, mais lorsque Ziresh interpela la magicienne de feu pour lui demander, au besoin, du soutien, elle se rapprocha à pas prudent et discret de lui.

« Et toi, prépare ta lance, comme tout à l’heure… Il faudra que bondir sur le côté au moindre mouvement pour que je puisse agir ! »

Elle avait fait référence à la première créature qu’ils avaient rencontrée en contre bas et ne désirait pas voir apparaître par surprise l’un de ces parasites. Se collant presque au loup armé, elle continua :

« J’ai des doutes sur le contenu de cette cabane Selen... Que comptons-nous encore trouver ici ? C’est peine perdu, nous devrions plutôt avancer au plus vite… »

Voilà, ainsi, elle avait pu exprimer son assentiment et sa volonté de progresser sans tarder face à un Selen imprudemment curieux. La peur continuait de lui ronger les entrailles, si bien qu’elle ne sût plus faire la différence entre sa maladie et ses émotions rudes. Sans doute sa douleur était-elle une infâme combinaison des deux.

Une fois qu'Amarante se fut glissée au sommet, une sensation de vertige pincera son estomac, la poussant à vomir et bien qu'elle n'eut rien mangé depuis quelque temps, une douleur au crâne la prendra, des sueurs froides et vertiges se joindront à la fête tandis que les derniers effets du poison qu'elle avait avalé plus tôt iraient se mêler à la bile déversée au sol. C'en était terminé de son malaise et voilà que la femme, vidée et purifiée de ce mal inconnu reprendra sa fougue perdue.

Selen et Ziresh quant à eux, sous les yeux curieux de leurs compagnons et sous l'oeil de Depheline, prête à intervenir, forceront légèrement sur le coffre de bois souillé. L'humidité avait rendu le bois presque mou sur certains coté, les odeurs de champignon montaient et infestaient l'air jusqu'à ce qu'un panneau entier de bois ne cède. Celui qui précisément se trouvait au dessus du vide, la planche tomba et se brisa au sol tandis que le coffre vomissait un véritable charnier. Des êtres frêles, semblables à la femme tuée par Selen tombaient en pluie molle et puante. L'odeur d'innombrables vices frappera vos narines, empestant l'air d'un parfum rance d'ammoniac. Le bruit mou de chairs nécrosées et putréfiées qui glissaient lentement les unes contre les autres, lubrifiées par le pu et leurs fluides tombaient peu à peu au pied de la roche.

Selen eut un vif mouvement de recul, alimenté par l'horreur et la puanteur, il cacha son visage d'un tissus et dit d'une voix à demi-étouffée :

« Je crois... Qu'on vient de retrouver les exilés... Mais qui aurait pu les mettre en boîte ? Certainement pas une bête... »

Serpent quant à lui, moins dérangé de part son masque observait au contrebas de la roche, la dépouille de Warren maintenant invisible, baignée dans le mort et la pénombre. Puis, se baissa et ramassa quelque chose, une sacoche de tissus maculée de tâches à l'aspect visqueux qu'il videra aux pieds de Depheline et Ziresh.

Quelques silex usés, une fiole vide et sans bouchon, trois autres dont une qui se brisera au sol, dégageant une flaque épaise. Les liquides étaient semblables, mais l'odeur mêlée à celle du charnier n'avait rien d'engageant et encore moins de détectable. Trà Thù avait remonté tout ce qu'il pouvait de tissus jusqu'au visage pour s'éviter un malaise et avait reculé jusqu'à la lueur des champignons, là où continuait le tunnel. Derrière une voix étouffée, il dit :

« Gnil faut fontinuer. » En posant un pas sur la petite marche naturelle qui allait descendant jusqu'au boyau baigné de pénombre.

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5 Silex dans la bourses, sachant qu'ils ne créent des étincelles qu'à deux.
Une fiole vide, deux encore pleines et une brisées.

Amarante, ton malus s'est effacé. Tu peux oublier tes limites.

"Par les Saints!"

Ziresh s'était presque préparé à plonger sur le sol en voyant l'amas de chair presque s'abattre sur lui. Pendant un instant, il avait cru qu'une armée de traqueurs leur avaient tendu une embuscade. Mais il n'en fit rien. En croisant les yeux vitreux de l'un des cadavres qui venait de chuter, il avait comprit qu'il ne subirait aucun mal ici. Et en voyant par la suite la chair partiellement en putréfaction chez certains de ces macchabées, il comprit clairement que cette cabane n'était rien d'autre qu'un sordide cercueil où avaient été entreposés ces pauvres personnes.
Il retint une série de haut-le-cœur jusqu'à devoir s'aider de sa lance pour tenir debout. A cet instant, le pauvre liykor maudissait presque sa race pour avoir un odorat plus développé que la moyenne. Les vapeurs violaient ses narines alors qu'il essayait de couvrir sa truffe avec son bras libre. Mais rien à faire, il dû s'écarter et alla rejoindre Depheline.

En reprenant ses esprits, il entendit Selen faire une remarque plutôt pertinente: s'ils étaient les exilés, qui pouvaient les avoir "mis en boîte"? Il dressa et éleva sa voix rauque à l'attention de tous:

"Plusieurs possibilités... Soit il reste des exilés qui auraient essayé de "ranger les corps" à défaut de les enterrer, soit ces créatures ont une intelligence assez développée pour les "stocker"... Si c'est ça... Allez savoir, peut-être que cette cabane était leur... ahem... garde manger?" Il dit tout cela sans signer, tant ses mains étaient occupées à atténuer l'odeur qui venait agresser ses narines.

Serpent vint ensuite à la rencontre de l'homme-loup et de la magicienne, déversant à leurs pieds une série d'objets. Des silex, à vrai dire cinq, et deux fioles pleines. En voyant le liquide de la troisième se déverser sur le sol, Ziresh n'y trouva vraiment rien d'engageant. Il ne pouvait pas dire s'il s'agissait de fioles de soin ou d'autres choses. Mais dans tous les cas, il y avait quelque chose de bien dans tout ça: c'était l'absence de malaise. En effet, si l'on excluait l'odeur des cadavres proches, le jeune liykor se rendait compte d'une chose: c'était qu'il se sentait de mieux en mieux, à mesure qu'il progressait ici. Tout compte fait, peut-être que le mal qui avait touché Warren n'était pas en lui... Mais rien n'était certain.
Il s'agenouilla, ramassa les deux fioles pour en tendre une à Depheline. Il prit ensuite le bouchon de la fiole brisée pour la mettre sur celle qui était vide: il n'avait aucun récipient depuis le début de son aventure, ça ne pouvait donc qu'être plus utile pour lui.

"Je ne sais pas à quoi servent ces fioles, j'imagine que tu ne peux qu'en savoir plus que moi à ce sujet. J'ai toujours été un cancre en herborisme, médecine et tout ce qui s'en suit... Si ça ne te dérange pas, je vais garder la seconde fiole, comme je n'ai rien de ça sur moi. Quant aux silex, il me semble que tu n'as pas vraiment besoin de ça!"

Il rangea la fiole dans son sac, en faisant suivre le tout des fameuses pierres en essayant de les envelopper dans le tissu qui avait servit à mettre son porc séché. S'il n'avait pas besoin de feu, il pourrait toujours s'en servir comme projectiles...
Une fois équipé, il régla un peu mieux son sac à dos et s'engagea dans le boyau que Trà Thù commençait à explorer.

"Bon... Allons-y. Il faut en finir vite. Je n'ai aucune envie de reposer dans une boîte. Si je dois mourir, ce sera dehors, avec un rocher comme autel."

Soulagée, Depheline n’eut pas à user de ses pouvoirs magiques. Par ailleurs, la mort s’était soudainement répandue en contrebas, tandis que des corps pourris déferlaient de la grosse structure de bois ouverte. Le bruit infâme que faisaient les chairs en putréfaction était annonciateur de l’odeur qui, rapidement, se diffusa dans la cavité.

Comme tous les autres, Depheline porta le tissu de sa cape à hauteur de son nez en prenant une profonde respiration, avant qu’il ne soit trop tard. D’instinct, elle regarda alors de plus près l’endroit d’où s’étaient échappés tous ces corps. La structure était effectivement trop bien pensée et bâtie pour qu’il ne se soit agi que de simples animaux. Mais à l’inverse de ses compagnons, Depheline s’était plutôt imaginer les êtres blancs révérant Thimoros venir alimenter ce charnier infecte.

« Les individus pour qui nous travaillons actuellement sont peut-être eux-mêmes à l’origine de… ça. Peut-être est-ce une demande de leur dieu ? Et peut-être sont-ils responsables du fléau qui les touche… »

Elle avait ainsi complété la pensée de Ziresh, pour y apporter une nouvelle alternative, le visage toujours caché derrière la toile épaisse de sa cape. S’éloignant ensuite de l’imposant coffre aux côté du loup, Serpent vint rapidement à eux. Il ne s'était, visiblement, toujours pas décidé à refaire cas de Depheline. Se contentant simplement de vider une sacoche trouvée sur les lieux, il ne lui adressa même pas la parole. Déçue, la magicienne décida d’en faire de même et de continuer à l’ignorer.

Ziresh avait sans tarder, commencé à examiner le contenu de la sacoche renversé par terre. Il s’était emparé des silex et avait proposé à l’humaine une des deux fioles encore utilisables. Depheline se saisit de celle qui lui avait été tendue et commença à l’examiner sous toutes les coutures, avant de faire de même avec celle du loup. Elle observa la texture, la couleur et même l’odeur, après avoir ouvert le capuchon pour en humer le parfum qui s’en dégageait. Puis, elle les referma une à une précautionneusement. Ainsi, elle avait espéré identifier le liquide, elle qui avait de bonnes connaissances des substances magiques en tous genres. Elle en oublia presque qu’en cet endroit, rien ne semblait être similaire au monde de la surface.

« On arrive ! Deux secondes ! », s’était-elle exclamée en voyant une partie du groupe continuer à avancer. Puis elle s’était finalement mise à les suivre.

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HRP : Tentative d’identification de la substance contenue dans la fiole de Depheline et de Ziresh.

Lors de sa montée la Folle sentit son estomac défaillir et sa tête lui tournait. Peut-être que la mort de ce crétin lui avait procuré une jouissance si virulente qu’un orgasme empli de vices la guettait ? À moins que ce ne soit simplement la force cachait du poison qui continuait de la violenter intérieurement. Ce devait sans doute être la seconde option car dès qu’Amarante arriva enfin en haut, des nausées terribles s’éprirent de d’elle, la molestant outrageusement sans qu’elle ne puisse y faire quoique ce soit. Oui ! Amarante savait pertinemment que sa plus grande ennemie n’était rien d’autre qu’elle-même. Il ne lui en fut pas plus pour qu’elle déverse un geyser de vomi qui lévita quelques instants dans les airs avant de retomber sur la carcasse sans vie de l’idiot du village. Cette pluie divine que venait de créer la si vicieuse rouquine se répandit comme une fontaine souillée sur le visage de cet empoté de première.

Honteusement réjouie par cette maladie intrinsèque qui ne cessait de la faire souffrir, elle sentit enfin que le poison était en train de s’en allait une bonne fois pour toute. Amarante était libérée de cette emprise malsaine, de cette mort ratée qu’elle avait outrepassé avec brio. Jamais personne ne réussirait à l’avoir, elle était indestructible, une entité déraisonnée qui vivra éternellement sur ce monde qui n’avait pas lieu d’être sans sa présence.

Une fois la maladie évanouie, elle se rapprocha de l’attroupement qui s’était fait autour des caisses de bois remplies de cadavres et de chair en putréfaction. Certains imbéciles semblaient choqués par ces morts. Cependant, la belle et unique Amarante n’en fit cas. Ce n’étaient que des morceaux de pourriture qui ne méritaient pas l’intérêt de la divinité en devenir. La Rouquine suivit donc le mouvement, attendant le moment venu pour révéler sa grandeur d’antan revenue !

Tandis que le gros de la troupe avançait et que le duo restait un peu en arrière à examiner les fioles trouvées. Depheline ne pourra constater que deux trois petits détails, le fait qu'elles soient probablement vieilles du fait de l'usure du verre, un petit bloc s'était formé à l'intérieur de celle qu'elle tenait entre les mains comme un petit iceberg en bouteille. Le restant encore liquide avait un aspect sirupeux, épais et comportait quelques grumeaux, comme du lait caillé. Quant à son odeur, elle évoquait quelque chose d'indicible, la première sensation reçue lorsqu'elle avait pour la première fois avalé un fluide à l'auberge de Darhàm. Un petit picotement au bout du nez qui lui donnait envie d'éternuer et c'était tout.

Le seul indice qu'il lui restait était bien que l'origine de cette fiole était probablement magique. Quant à ses effets...

Le reste du groupe lui, descendait dans les tréfonds des galeries. Bien que de plus en plus étroites, il leur était impossible d'évoluer en même temps. C'est donc ensembles et en file indienne qu'Amarante devra suivre le reste encore vivant de l'équipe... La pièce dans laquelle vous arriverez baigne dans la pénombre, quelques champignons luisants éclairent un tantinet l'entrée par laquelle vous veniez d'arriver. Le sol jonché de pierre et de débris de sédiments usés par le temps. Amarante elle, remarquera quelque chose dans les champignons, une tige métallique dépassant un peu des immondes chapeaux poisseux qui provoquaient la seule lumière des environs.

L’étroitesse des lieux obligea Amarante à marcher quelques pas derrière les idiots pour ne pas qu’elle se retrouve collée à leurs basques puantes. Toute cette mascarade n’avait fait que trop durer, il était temps qu’ils en finissent une bonne fois pour toute. Comme si avoir retrouvé toute son énergie n’était pas suffisant, la perte de l’autre crétin lui remit du baume au cœur ! D’ailleurs, il manquait une personne de plus à leur procession : l’autre magicienne de bas étage ! Peut-être s’était-elle brûlée les ailes avec ses fluides ardents ? Ou bien s’était-elle perdue dans le dédale ? Cette dernière était peu vraisemblable étant donné qu’il n’y avait qu’un seul chemin. Quoique… Même si elle n’était pas blonde, on ne pouvait pas non plus dire qu’elle brillait de son intelligence…

Enfin, cela n’avait aucune importance aux yeux de la Folle, c’était un moyen de plus pour ne pas perdre de temps. Néanmoins, accaparée par ses sinistres pensées, Amarante aperçut du coin de l’œil une matière étincelante qui la stoppa nette. Aurait-elle vu un trésor perdu en ces lieux depuis des siècles alors que les autres seraient passés à côté sans s’en rendre compte ? Oh que cela était jouissif pour la Divinité qui réprima son bonheur à l’idée de découvrir des pierres précieuses somptueuses. D’un pas nonchalant elle s’approcha des champignons luminescents qui guidaient la troupe vers les tréfonds de l’Antre et elle en retira… un bout de ferraille. Amarante déçue, ce mit tout de même à l’inspecter pour tenter d’y trouver une quelconque rémanence magique, un symbole runique ou même une maigre décoration.

Les fioles, Ziresh s'y était intéressé seulement un peu. Il y avait l'aspect utile de ces dernières, c'était vrai, mais en voyant que presque tout le groupe s'avançait devant lui, il fit marche arrière pour rejoindre Depheline. Une bonne marge s'était créée entre le duo et la petite communauté qui les devançait, mais l'homme-loup imposa volontairement un ralentissement à la magicienne en posant sa patte sur son épaule.
Sans dire un mot, il la tira légèrement jusqu'à laisser environ une vingtaine de mètres derrière le gros du groupe. Il posa son index griffu devant ses babines avant de marquer un geste brusque vers ses oreilles et ses gorge, signifiant dans sa langue des signes qu'il ne fallait pas qu'on les entende. Après quoi, il se mit à chuchoter.

"Depheline, on a un problème. Je t'en parle parce que tu es la seule, je crois, en qui je puisse avoir confiance."

Ziresh jeta un œil devant lui et remarqua qu'Amarante, la troisième et seule personne à être "normale" était occupée à examiner des champignons. Qu'importe l'exploration pour le moment, il s'agissait de faire un rapide debriefing avant que le groupe ne viennent s'en prendre à eux deux. Et surtout, la mage de l'air n'était définitivement pas digne de confiance...

"Plusieurs choses... Toi, moi, Warren et Amarante avons été les seuls à être malades en sortant de la cité... Personnellement, je vais mieux, mais quand je repense à Warren... Je crois qu'il y a de fortes chances qu'on ait un parasite. Alors surtout, ne laissons rien transparaître. Il ne faut pas que les autres sachent. S'ils savent, ils nous tueront de sang froid, comme Selen l'a fait avec cette femme. Et c'est là où j'y viens..."

Il prit une profonde inspiration, et chuchota plus discrètement encore.

"Quelque chose cloche avec les autres... Amarante a l'air normale, mais les autres du groupe ont tous l'air différent... Je ne sais pas s'ils ont été contaminés ou quoique ce soit... Mais j'ai l'impression qu'ils ne sont plus eux-même. Alors reste toujours sur tes gardes, il faut qu'on garde une marge avec eux, on ne peut pas aveuglément leur faire confiance, aussi forts soient-ils... Je ne sais pas s'ils cherchent comme nous à vaincre la "mère", mais s'ils émettent la même éventualité que moi... Je pense qu'il faudra de toute manière la détruire pour que l'on survive dans le cas où j'aurais raison."

Ayant fini de parler, ayant à chaque fois mesuré ses gestes pour ne pas être trop perceptible des autres, il la poussa à avancer encore un petit peu, histoire de ne pas trop s'isoler du groupe.
"Avançons, mais restons toujours ensemble. Il ne faut pas que l'on perde notre progression pour autant."

Ziresh n'était pas vraiment rassuré. Il savait qu'il avait au moins une alliée, mais cela n'arrangeait que partiellement les choses. Dans tous les cas, il ne pouvait manifestement pas faire confiance aux autres. Les phrases de Trà Thù avaient été bien trop mystérieuses, tout comme le comportement étonnamment extraverti de Serpent, ou la violence insoupçonné de Selen... Quoiqu'il en était, il ne devait pas se donner l'air d'être trop méfiant, alors il reprit un discours plus détendu, sans trop l'être. Il réengagea, l'air de rien, la conversation avec Depheline.

"Et alors? Qu'en est-il de ces fioles?"

Depheline manqua d’éternuer, au moment où elle renifla le contenu de la fiole, probablement magique, à ce qu’en ressentaient ses propres fluides. Elle s’était plusieurs fois retrouvée face à des manifestations de magie depuis, mais la sensation lui faisait penser à celle de sa toute première absorption de fluide. Encore fallait-il savoir de quel élément il s’agissait ici. Rien n’indiquait son origine et sur le moment, elle se demanda même si ce dernier était encore efficace, vu l’état de vétusté du flacon.

Au loin, le groupe avançait déjà et la magicienne ne souhaitait pas prendre trop de retard. S’avançant donc vers lui, elle fut interrompue par le loup gris qui s’était, sur la pointe des pattes, approché vers elle. Il était curieux dans sa façon de se mouvoir, sans doute parce qu’il ne souhaitait pas être vu.

« Tout va bien ? », lui avait-elle demandé sur un ton bas qui lui indiquait que son message était passé. Les explications ne tardèrent pas à venir, et, plus vivement que jamais, l’Humaine se mit à réfléchir.

« Je me sens si seule depuis que Serpent est comme ça, surtout lui… Il s’en fiche complètement de moi, alors qu’avant, il était… mon protecteur. Et ce Selen qui joue les charmeurs et qui discute à tout va, sans gêne. Ils ont perdu la raison. Nous, ça touche notre corps, le problème. Eux, ça touche la tête, voilà tout... »

Depheline esquissa une moue désemparée, après avoir confirmé les impressions du loup. Les autres avaient changé, en mal.

« Alors, je dois maintenant me tourner vers toi… J'ai compris que tu es quelqu'un de bien depuis le début de toute façon, ne t'inquiète pas. Mais c’est terrible. On ne m’y reprendra plus jamais de monter dans un bateau vers l’inconnu. Jamais ! »

En chuchotant, elle avait néanmoins fait un peu plus de bruit, son émotion l’ayant contrainte à s’exprimer avec colère. La pyromancienne, en cet instant de trouble profond, en voulait à la planète entière. Mais sa rancune mise de côté, elle continuait toujours d’éprouver une peur profonde que la solitude n’avait de cesse d’exacerber. Maîtrisée et réfléchie, elle savait bien sûr garder la tête sur les épaules. Il n’empêche que l’angoisse était toujours là, vive, brûlante en son ventre. Son ventre… Qu’y était-il donc logé, en ce moment-même ? La nausée lui en revenait rien que d’y penser…

Plaquant les mains sur son estomac après avoir rangé la fiole, elle se hâta d’avancer avec Ziresh, lui confirmant au passage qu’elle allait rester elle aussi sur ses gardes, à présent, déjà qu’elle n’avait pas eu grande envie de se mélanger avec le reste des gens auparavant.

Placidement, presque froidement, alors qu’elle ravalait difficilement ses sentiments, elle expliqua les résultats de son analyse du liquide, répondant ainsi à la sollicitation du Liykor. Elle y avait vu là l’occasion de se changer les idées et avait donc sauté sur l’occasion. Pour autant, ce serait de courte durée, elle en avait bien conscience.

« C’est comme un fluide, probablement, j’en suis persuadée même. Il permet à celui qui le boit d’avoir plus de pouvoir magique. Le problème, c’est que je ne suis pas capable de définir l’élément. En tous les cas, ça m’a piqué le bout du nez. Peut-être une potion de foudre ? Tu crois que je devrai le boire, pour voir ? »

Derrière le groupe, ils n’étaient maintenant plus qu’à trois ou quatre mètres, pénétrant à leur tour dans une cavité éclairée par la lumière des champignons habituels de cet endroit.

« Attention de ne pas trébucher... », avait-elle conseillé au loup en prenant bien garde de lever ses pieds assez haut, à chacun de ses pas.

Table des catastrophes :
83 ~ éboulement dans la grotte.
Victime ~ Dopellganger Selen.


Amarante découvrait l'artefact, en l'arrachant de sa base naturelle, les spores s'illuminaient davantage, augmentant doucement la lumière de la cavité. Peu à peu, la lueur verte contaminait d'autres nids de champignons. Chacun à leur tour, ils dévoilèrent la pièce permettant aux aventuriers de voir un monolithe immense au sein de celle-ci, entouré d'eau noire à l'aspect tranquille. De nombreuses dalles gravées formaient un sol ancien, posé de la main d'être pensant, aujourd'hui n'étant plus que vestige, jonché de sol, la pièce semble être lieu d'un ancien culte probablement oublié.

Trà Thù n'avait rien manqué de la découverte d'Amarante, pendant qu'elle observait les vrilles tressées dans le métal noir de ce sceptre. Celles ci représentaient une fresque très ancienne, taillée d'une finesse impressionnante qui laisser planer le doute quant à son origine réelle. La finesse de la chose mêlée à son côté sobre et commun rendait l'objet attrayant. Le voleur s'était approché d'un pas de loup et avait presque arraché le trésor des mains d'Amarante.

« Et bien, on partage les trésors ? C'est quoi ça, un sceptre ? Tu veux être ma re..? »

Mais il n'eut le temps de terminer sa phrase. L'objet dans ses mains avait provoqué une bulle à bleue qui lui fit lâcher prise. Amarante réussira à rattraper l'arme avant qu'elle ne tombe, mais dans sa chute, la trouvaille crachera un jet de magie hurlante qui fila non loin de Selen. La magie inconnue qui avait traversé la pièce sous la forme d'un courant d'air avait soufflé de nombreuses pierres sur son passage et bousculé tout être. Mais le pire était à venir, la violence de l'impact avait fait trembler le mur dont un pan s'était éboulé sur Selen qui, surpris, n'avait pas eu le temps de s'éloigner suffisamment.

Les pierres roulaient et provoquèrent un immense écran de fumé qui agresserait les gorges de toute personne présente dans la pièce.

Quand le vacarme et la poussière ne seront qu'un souvenir, vous trouverez le corps, du moins, la moitié de Selen, son buste seul dépassant des roches. Il ne bougeait plus et n'avait pas prononcé le moindre cri. Trà Thù restait observer la scène les yeux grands ouverts, la bouche bée.

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Amarante, je mettrais ta fiche à jour lorsque tu m'auras donné le " nom " que tu souhaites pour ton sceptre magique.

L'idée que le fluide en question puisse être magique évoqua une nouvelle possibilité à Ziresh: peut-être que cette potion était capable de les soigner du mal qu'ils avaient en eux. Mais encore une fois, rien n'était certain. Cela dit, la confiance avec laquelle Depheline lui proposa de boire la potion le rassura: manifestement, c'était magique, mais peut-être pas dangereux. Lui-même n'avait qu'une connaissance très limitée des magies, alors il ne savait même pas qu'il fallait boire des potions différents pour récupérer des fluides différents...
Toujours incertain, continuant de suivre le reste du groupe, il répondit à la jeune mage:

"Si tu crois vraiment que ce n'est pas dangereux, je pense que tu peux autant la boire... Qui sait? Peut-être que ça soignera nos maux de tête et de ventre..."

Il signa ces derniers mots subtilement en pointant ses griffes vers sa poitrine. Un geste plus agressif que ce qu'il voulait signifier en somme, mais qui n'avait rien à voir avec le ton. Seule Depheline pouvait comprendre, en fait, ce qu'il voulait sous-entendre là.

Puis Amarante fit une découverte dans les fameux champignons qu'elle examinait depuis leur arrivée dans cette nouvelle zone: elle en sortit un sceptre. Et à mesure que ce dernier quittait son "socle", les champignons s'illuminaient. Chacun d'entre eux permettait alors au groupe entier de voir un peu mieux la salle, qui s'avérait être bien plus grande que ce que le liykor avait imaginé. Et ce n'était pas tout: il n'y avait rien de similaire à une "caverne" ici. Ils avaient débouché dans ce qui semblait être un temple.
C'était ce qu'indiquait le gigantesque monolithe, planté au centre de la pièce, ainsi que les nombreuses dalles qui parsemaient le sol. Le plus étrange, en dehors de ces constructions, c'était aussi l'eau noire qui dormait autour de la sculpture...

"Tu crois que c'est un ancien autel de Thimoros?" demanda-t-il à Depheline.

Malheureusement, il n'eut pas le temps d'obtenir une réponse, ni même d'observer le monument par lui-même. Trà Thù avait arraché le sceptre d'Amarante, et de celui-ci, une espèce de bourrasque surnaturel avait bousculé chacun des compagnons dans la salle. Dans une vivacité d'esprit exceptionnelle, Ziresh avait tiré Depheline du boyau d'où ils avaient débouché les derniers, craignant de finir enseveli sous les roches, à la vue de la violence de cette "explosion". Ainsi, il s'était vite rapproché du centre de la pièce, plantant les griffes de ses pattes arrières dans le sol. Même sa queue tournoya frénétiquement pour le forcer à garder les pieds sur terre.
La bourrasque passa finalement rapidement, mais un vacarme assourdissant avait retenti en un effroyable écho: des murs s'était littéralement effondré, laissant Selen à moitié enseveli sous les décombres. A cette vision, Ziresh se remémora inévitablement le manque d'humanité qu'avait eu cet homme en tuant la femme fragile, "l'exilée". Il se dit, l'espace d'un instant, que justice était faite. Mais il n'était pas encore assez mauvais pour considérer qu'il fallait simplement conclure par cela. Même si chacun de ses compagnons avaient changé, ils semblaient toujours conscients et en vie.

Il se rua alors vers l'homme pour le tirer des décombres. Il n'était même pas certain que le semi-elfe était encore en vie, mais même si ce n'était pas le cas, il fallait au moins lui offrir une sépulture décente.

"Bouge-toi un peu, Trà!" avait-il hurlé en voyant sa béatitude.

Enlevant un à un les pierres qui emprisonnaient Selen, Ziresh se rendit peu à peu compte que la fatalité les avait rattrapés. Le paladin était un des aventuriers les plus puissants ici, et il l'avait démontré par sa facilité à se battre face aux scolopendres, comme à la manière dont il avait été si facilement sollicité par tous les protagonistes de leur quête. S'ils avaient été dans un roman, cet homme là en aurait été peut-être bien le héros. C'était un fait, Warren et Milyah avaient plus d'expérience que le jeune liykor, mais ils n'étaient que dans la "moyenne". Seul Aztai, peut-être, avec sa carrure et sa résistance, avait peut-être la capacité de rivaliser avec cet homme-là. Mais toujours était-il que même si Ziresh ne l'estimait pas, le groupe venait de perdre un de ses meilleurs atouts. Peut-être le plus capable de vaincre la Mère...

Finalement, il cessa de déblayer les rochers. En quelques petits pas, il abandonna le corps de Selen. Il songea à cette perte, et réalisa dramatiquement que lui n'était qu'à peine un aventurier. Il n'avait rien de plus que qui que ce soit ici. Il se savait peut-être plus bon, moralement, que la plupart d'entre eux. Mais ici, sa bonté ne lui servirait à rien. La vérité, c'était qu'il se voyait déjà finir ici.

"C'est fini... Il est mort lui aussi..."

Il se retourna, vit Depheline, pensa encore une fois à la manière dont il lui avait proposé son aide. Ils n'étaient plus que deux à pouvoir vraiment compter l'un sur l'autre. Ce n'était pas assez, c'était vrai, mais il y avait toujours de l'espoir malgré tout. Très peu, mais il y en avait.
Ziresh empoigna sa lance plus fermement, anticipant le moindre danger, et se rapprocha de l'autel. S'il avait déjà réussi à communiquer (ou presque) avec une exilée, peut-être pouvait-il trouver quelques inscriptions qui les aideraient...

Volontairement à la traîne aux côtés de Ziresh, le seul compagnon d’aventure qu’elle appréciait encore compte tenu des changements de comportement de tout un chacun, elle n’eut pas l’occasion d’observer la découverte d’Amarante, occupée à tenter de boire, en se pinçant le nez, le liquide magique contenu dans sa bouteille et à en attendre un éventuel résultat.

La magicienne d’air se fit ensuite déposséder de sa trouvaille par un Trà Thu aussi bien inconscient d’avoir volé quelque chose à une aliénée si menaçante, que d’avoir agi violemment avec un objet dont il ignorait tout.

« Doucement, bande de fous furieux ! », ordonna Depheline de loin, elle qui se doutait pourtant qu’invectiver n’allait servir à rien. Ces individus étaient comme retombés en enfance et elle se demanda si leur maladie à eux, n’avait pas été de régresser, tant leur comportement semblait de plus en plus puéril et irresponsable. C’était à croire qu’ils en avaient même oubliés le danger de la mission et les morts qu’ils avaient déjà laissés derrière-eux. À moins qu’il ne s'agît d’un déni profond né d’une instabilité psychique intolérable causée par les tourments de la situation.

Devant ces gens en pleine dispute, une incroyable démonstration de puissance magique s’échappa de l’objet trouvé. Une violente explosion s'ensuivit, laissant derrière elle un nuage de poussière aveuglante et des blocs de pierres massifs provenant des parois de la cavité qu’ils découvraient à peine.

Quelques fractions de seconde plus tard, le spectacle se figea sur un éboulement incroyable qui recouvrait le corps probablement sans vie de Selen, odieux personnage qui n’avait fait qu’agir en parfait égoïste depuis le début. Si le destin avait une logique, Depheline la reconnaissait enfin.

Regardant alors le loup faire, la magicienne se contenta de secouer la tête avec compassion sans éprouver la moindre envie de se joindre à lui. Elle ne l’empêcha pas pour autant, comprenant l’importance que cet acte revêtait pour Ziresh, si attaché au respect de l’existence, aussi mauvaise ou malsaine eût-elle été.

Lorsqu’il eut fini, elle s’approcha de lui pour venir tapoter sur son épaule, avant d’avancer à ses côtés vers les eaux troubles. Néanmoins, elle tenta de le freiner lorsqu’ils ne furent qu’à un mètre de l’eau. La profonde noirceur du liquide l’inquiétait par-dessus tout.

« Probablement le culte de Thimoros, oui… Mais puisque cette salle ne semble déboucher sur rien, arrête-moi si je me trompe, c’est donc ici que nous devrions rencontrer la mère. Arrêtons-nous, attend… »

Décidant finalement même de reculer sans tourner le dos à cet eau qui la captivait et lui glaçait le sang en même temps, elle chercha une pierre d'un bon diamètre dans les gravats, qu’elle projeta ensuite à bout de bras. Elle esperait que les autres allaient avoir la sagesse de ne pas se ruer vers les flôts menaçants trop vite.

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(((HRP : Ingestion du liquide contenu dans la bouteille.)))

La Beauté observait sa nouvelle trouvaille : un sceptre finement travaillé dont émanait une immense énergie qui faisait battre le cœur sombre de la jeune folle. Une telle relique était taillée pour une personne aussi puissante que la future Déesse unique de Yuimen. Les Dieux pitoyables ne pourraient que s’agenouiller devant sa stature démoniaque qui révélait toute la morbidité qui jonchait son esprit torturé. Amarante était excitée à l’idée de pouvoir user de ses nouveaux pouvoirs, de cette force nouvelle qui traversait ses doigts au contact du métal. Cependant, un de ses «compagnons» s’approcha d’elle, un pauvre larron de bas étage qui avait sans doute dans l’optique de lui dérober sa trouvaille. Quel idiot ! La Rousse l’aurait tué sur le champ si le sceptre n’avait pas réagi vivement lui-même à cette tentative ratée. Une vague hurlante, un vent sifflant, une salve zinguante traversa la grotte, bousculant tout sur son passage avant de venir frapper le mur qui s’écroule sous l’impact dévastateur incontrôlable.
«Pauvre fou ! Ne vois-tu pas, piètre voleur, que tu n’as ni l’étoffe, ni les capacités de t’amuser avec les jouets des grands ? À la prochaine tentative, je te tue.» dit-elle sur un ton glacé.

Quant aux dégâts commis, Amarante n’en connut pas la cause car ce n’était pas sa volonté qui avait engendré un tel cataclysme, mais bien le sceptre. Peut-être possédait-il une conscience ? Une âme de sorcier aurait-il pu être enfermé à l’intérieur ? Cette idée était marrante, néanmoins, la Sulfureuse devrait faire attention pour ne pas déclencher des forces qu’elle ne pourrait pas maîtriser. Ce qui était tragique était que le mur s’était malheureusement écroulé sur le beau Selen, sans doute le seul qui méritait un peu de considération de la part d’Amarante. Mais, il était trop tard et même si le louveteau tâchait de venir en aide au bel étalon, il ne réussirait pas à le faire revenir.
«Voleur ! Regarde ce que tu as fait ! Tu es aussi utile que des roues à un bateau !»

La Beauté fatale était verte de rage, au moindre pet de travers elle tuerait le premier qui oserait lui faire la moindre remarque ! Mais, elle fut rapidement attirée par des eaux sombres qui se dressaient au centre de la pièce. Certains y allèrent en notant que cela pourrait avoir un lien avec Thimoros… Cette bande d’incultes ne reconnaissait même pas de l’eau…
«C’est ce que l’on appelle de l’eau souillée… J’espère que vous savez nager messieurs !»

En effet, il était hors de question que la terrible jeune fille ne se mouille ne serait-ce un cheveu. Ces mâles qui faisaient tant les malins allaient enfin pouvoir servir à quelque chose.