L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 53 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: L'arène des mille lances
MessagePosté: Mer 6 Mar 2013 20:11 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Lun 20 Oct 2008 21:22
Messages: 22817
Localisation: Chez moi^^
L'arène des mille lances.


Non loin du palais, il est une zone où les habitations d'Omyre ont été rasées pour laisser place à un énorme bâtiment noir collé à un amphithéâtre. Ce lieu est un point de rencontre pour tous les habitants d'Omyre qui trouveraient que la vie dans leur cité aurait besoin d'encore un peu plus de piquant.

Ici, en effet, se déroulent de féroces combats. Il s'agit souvent de guerriers voulant s'entrainer tout en acquérant un peu de renommée et, parfois, d'argent. Ils devront faire face à toutes sortes d'adversaires : des concurrents, mais aussi des bêtes sauvages et même des monstres créés par les 13 qui se servent de ces lieux pour tester leurs dernières et sinistres créations...
Il n'est pas rare non plus de voir des prisonniers de guerre traînés dans l'arène pour faire face à divers adversaires. Ils y trouvent le plus souvent la mort, car c'est là le but des lieux. Mais un combattant particulièrement valeureux pourra espérer recueillir les grâces du public ou d'un individu haut placé et ainsi, peut-être, survivre...
D'ailleurs, le nom d'arène des milles lances vient du fait que le sommet des gradins est occupé par une multitude de pieux sur lesquels sont plantées les têtes de ceux qui sont morts ici.
Le sable de l'arène, lorsqu'on y rentre, est encore rouge du sang des derniers affrontements et, lorsque les combats atteignent leur paroxysme, des bagarres éclatent dans les gradins. Il arrive même que des spectateurs descendent à leur tour dans l'arène pour en découdre.

Ce lieu est aussi un lieu d'entraînement. Il est possible d'y apprendre à se battre auprès des maîtres instructeurs. Dans les grands bâtiments attenants à l'amphithéâtre, se trouvent d'immenses salles d'armes où peuvent s'entraîner les combattants en attendant la prochaine expédition guerrière.

Attention, cependant: il est fréquent que les maîtres instructeurs envoient leurs élèves dans l'arène pour mettre en pratique ce qu'ils ont appris. Ici, on retient la leçon ou on meurt...

Autre chose: il n'y a généralement pas assez de cibles d'entraînement pour tout le monde. Il n'est pas rare que les prisonniers et les esclaves retenus dans les entrailles du bâtiment en attendant leur prochain combat servent aussi de cible...


Maître Vroel'march vous apprendra les CC SA : .

En cherchant un peu, vous trouverez où enseigne ce sombre individu : dans un dédale de sinistres cachots juste à côté des cellules des prisonniers. Vroel'march est un truand-fanatique shaakt spécialisé dans les combats au corps à corps. Ce tueur vicieux et cruel n'aime rien de tant que de laisser quelques cicatrices à ses élèves en souvenir. Il n'est pas très grand pour un shaakt, mais il est mince, souple et rusé, de sorte qu'il semble se déformer et esquiver on ne sait comment les attaques qui lui sont portées.
Nul doute qu'il vous apprendra beaucoup... à condition que vous sortiez vivant de la rencontre.

CCSA disponibles:

  • Contre-attaque fatale
  • Coup ciblé
  • Coup de tête
  • Dérober
  • Feinte
  • Les cent lames
  • Morsure féroce
  • Sacrifice

CCSA de classe Truand:

  • Lacérations multiples
  • Entaille cruelle


Maître Gorchak vous apprendra les CC AA.

Maître Gorchak se tient dans une énorme salle remplie de tout ce qu'on peut imaginer comme armes. Il y en a même des inédites qu'il a forgées lui même. Cet énorme maître d'arme Garzok fait figure de sage auprès des autres car il sait que les armes nécessitent parfois d'être maniées avec finesse, et le démontre sur tous ceux qui ne sont pas d'accord. Ce colosse, déjà assez âgé, est en effet aussi rusé que brutal.
C'est un maître exigeant, parfois violent mais jamais sans raison. Il est aussi le principal fournisseur de l'arène, veillant à ce que les prisonniers des caves soient assez entraînés pour donner au moins un peu de spectacle avant de mourir...


CCAA disponibles:

  • Coup colossal
  • Coup de fourreau
  • Double lancer
  • Feinte
  • Instinct sauvage
  • La main du géant
  • Lancer
  • 36 chandelles

CCAA de classe Chasseur de primes:

  • Tournis
  • Contre imparable
  • Perturbation


Maître Alarmion vous apprendra les CC AJ : .

Vous n'aurez aucun mal à trouver l'immense salle de tir dans laquelle ce semi-elfe donne des cours à ceux qui ont assez de patience pour apprendre le maniement des armes de jet. Nul ne sait comment un semi-hinïon a pu en venir à travailler pour Omyre, et il ne faut pas compter sur lui pour l'expliquer. Il a su, par ses talents d’éradicateur, se faire une place dans la cité noire et continue à tuer froidement ceux qui viennent encore discuter sa place. Grand, sombre, silencieux et taciturne il parle peu et enseigne comme s'il voulait que ses élèves s'en aillent vite et le laissent seul dans sa grande salle. On dit même qu'il en aurait tué certains qui n’apprenaient pas assez vite à son goût.
S'il peut être intimidant, vous comprendrez bien vite que c'est un excellent maître et que vous pourrez apprendre beaucoup auprès de lui.


CCAJ disponibles:

  • Assommoir
  • Épinglé
  • Salve d'aiguilles
  • Tête chercheuse
  • Tirs multiples
  • Tir fourbe
  • Vol plané

CCAJ de classe Eradicateur:

  • Mauvaise surprise
  • Lâcheté machiavélique




(((N'oubliez pas de vous référer à la règle 11 avant de vous lancer dans l'apprentissage d'une CC )))

_________________
Pour s'inscrire au jeu: Service des inscriptions

ImageImageImage

Alors il y a une règle que je veux que vous observiez pendant que vous êtes dans ma maison : Ne grandissez pas. Arrêtez, arrêtez dès cet instant. Wendy dans "hook" (petit hommage à Robin Williams)
Pour toute question: Service d'aide
Pour les services d'un GM: Demande de service


Je suis aussi Lothindil, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha


Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Mar 9 Avr 2013 17:19 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 15 Avr 2012 10:12
Messages: 23771
Localisation: Le monde d'Aliaénon
Le centre d’entraînement de l'arène était un complexe vaste et quelques peu anarchique. Si ceux qui s'y affairaient n'avaient pas eu tendance à s'écarter devant Rendrak, Azra s'y serait vite perdu. Il y avait là des garzok qui vendaient des places dans l'arène ou des tickets de parie, leurs clients, et bien sûr des gladiateurs qui n'hésitaient pas à tailler dans la foule pour se frayer un passage... Visiblement, il y aurait bientôt un combat.

« Quelle poisse ! s'énerva Azra devant la difficulté à progresser. On a dû rentrer par l'entrée publique... Et puis zut, partons d'ici, il y a trop de monde et on n'a rien à y faire ! »

Il voulut se frayer un chemin vers la sorti, mais quelqu'un l'attrapa par le bras et le tira. Rendrak voulut se précipiter pour écarter l'importun, mais Azra se trouvait déjà derrière un reste de colonne... avec un couteau sous la gorge.

« C'est un bien beau bâton que tu as là, mon garçon... »

« Et alors, ça vous regarde ? » s'étrangla le jeune nécromancien.

Pourrait-il un jour faire trois pas sans qu'une catastrophe ne lui tombe dessus ?

« Je suis venu pour m’entraîner, c'est tout. Et je n'ai pas d'argent. »

C'était un pieux mensonge. Avant de s’enfuir de la demeure de lord Kaïn, il avait dérobé quelque couverts en or de la table à manger pour pouvoir les vendre, pour le plus grand plaisir de Rendrak. Le puissant liykor avait regardé l'or changer de main avec une fascination aucunement dissimulée.
Le couteau s'éloigna de la gorge du garçon.

« Pour t’entraîner... tu tombes bien. J'ai été l'instructeur de bon nombre de nécromanciens de la ville... lord Kaïn avait fait ses premières armes avec moi ! Je serais ravi de voir ce que vaut celui qui l'a vaincu... »

Azra put enfin se dégager et détailler son agresseur. C'était un shaakt, plutôt petit avec des cheveux noirs et gras. Il arborait un air malsain et ne semblait pas se formaliser des grognements de Rendrak. Ses mains étaient caleuses et Azra sentit quelque chose de perturbant, comme si ces mains étaient d'une certaine manière perpétuellement suintantes de sang. Comme si des spectres tournaient autour de l'elfe, cherchant un moyen de se venger de lui. Était-ce le bâton qui avait renforcé sa perception et lui faisait sentir les victimes de cet homme ?

« Vous... je ne suis pas un fameux combattant, j'ai surtout vaincu par la ruse et la magie... »

« Ce sont des armes comme les autres... Allons, j'insiste ! Tu peux amener ton chien avec toi... »

Rendrak manqua de se jeter sur lui mais Azra l'arrêta d'un geste. Il avait le net sentiment que cet elfe pourrait vaincre le liykor sans grande difficulté.
Contraint et forcé, il suivit donc son guide. Dans quoi était-il en train de s'engager ? Il fit signe à Rendrak de se pencher vers lui et lui murmura à l'oreille :

« Faisons bien attention. Ce type est louche. Mais je ne pense pas qu'il nous en veuille de la mort de Kaïn... »

« Si tu le dis... moi je n'y crois guère... »

Azra lui même tentait de s'en convaincre. Hélas, l'elfe ne faisait rien pour l'y aider. Il l'emmenait dans les profondeurs du bâtiment, à un endroit où il n'y avait plus personne. Les murs étaient noirs, humides et les petites portes sur les côtés étaient visiblement des cellules.

« Où sommes nous ? » demanda le nécromancien pour masquer son inquiétude.

« Dans les cachots. C'est là qu'on enferme les prisonniers les plus dangereux. Je donne mes cours ici justement parce qu'il y a de la chaire à pâté à porté de main ! »

Disant cela, il se retourna vers Azra pour le jauger. Heureusement, le garçon savait cacher ses émotions. Il se souciait fort peu du sorts de quelques esclaves condamnés, mais désapprouvait quand même de tels actions, surtout qu'elles devaient générer un grand nombre de spectres.

(Ce qu'un lord nécromant ne veut pas... Suis-je en train d'en devenir un malgré moi ?)

L'instructeur dû tout de même voir un léger trouble sur son visage car il eut un sourire sarcastique.

« Entrons ici. Cette cellule est vide, nous y serons tranquille... »

Rendrak dû se voûter pour entrer dans la misérable salle qui ne possédait d'autre ornement que des chaînes.

« Bien, nous allons voir ce que tu vaux... mais d'abord... tout apprentissage se paye ! Ce sera 400 yus, non négociable. Il faut bien vivre, hein ? »

Azra s'efforça de sourire amicalement. Il comptait bien reprendre l'initiative et surprendre son opposant.

« Vous enseigner aussi aux liykor ? »

L'elfe marqua le coup d'un sourire.

« Je met un point d'honneur à pouvoir enseigner à n'importe qui... Nous allons faire quelque chose de simple, rassurez-vous... »

En disant cela, il arborait une expression presque affamée.

« Bien, approchez-vous, liykor. Je vais vous apprendre quelque chose qui devrait vous être utile... »

« Il s'appelle Rendrak. » précisa Azra, amusé.

« Merci, azra. »

« De rien. »

Le shaakt semblait vexé d'être ainsi pris en défaut. Il marmonna :

« Bon, étudions la technique du coup de pied... »

Rendrak inclina sa tête squelettique dans un angle curieux.

« Je sais déjà donner des coups de pieds. N'avez-vous rien de plus technique à m'apprendre ? »

Seul Azra pouvait percevoir son manque d'assurance. Il avait beaucoup perdu de ses capacités martiales suite à sa transformation, et il avait lui même avoué avoir du mal à contrôler ce nouveau corps. Il valait donc peut-être mieux que la tâche soit simple. Mais le shaakt siffla :

« Je suis maître Vroel'March. Je ne suis pas du genre à enseigner des broutilles. Savoir donner un bon coup de pied est tout un art que beaucoup de grands combattants négligent. Pourtant, bien exécute, il peut être ravageur. Surtout quand on a des griffes comme les tiennes ! Certes, pour ce qui est de l'utilisation des griffes, je te laisserais étudier le problème, mais je peux déjà t'enseigner la bonne manière de frapper... »

La suite fut une série de discussions techniques et d'essai d'abord infructueux. Dès le premier coup, Rendrak tomba à terre, et Vroel'March expliqua ce qu'il n'avait pas dit jusque là, à savoir que le coup de pied pouvait déséquilibrer, ce qui le rendrait difficile d'utilisation. Évidemment, il ne l'avait pas dit avant. Azra grimaça. Avec ce genre de maître, ils étaient mal parti. Le liykor était de plus gêné par l’exiguïté du cachot, ce qui ne lui facilitait pas la tâche.
Finalement, Rendrak parvint à donner contre le mur un coup de pied que l'elfe trouva correcte.

« Je sens que je commence à me dérouiller ! » triompha-t-il avant de se laisser tomber contre un mur, épuisé.

« Très bien, oui, marmonna Vroel'March. Bon, passons à vous, mon garçon. »

Azra grimaça. Après tout ce qu'il avait vécu, il détestait encore plus être traité comme un gamin.
L'elfe expliqua qu'il souhaitait lui apprendre à renverser son adversaire et à le faire chuter. Cela étonna le garçon. Il n'avait pas franchement la carrure pour jeter à terre un ennemis.
Vroel'March balaya le commentaire d'un air méprisant.

« Ta taille ou ta force seront amplement suffisant. Ils ne sont pas les seuls à jouer là-dedans. C'est cela que tu dois comprendre. Essai de me renverser. »

Azra sentit sa gorge se serrer, mais il attaqua. Il fonça sur l'elfe mais, malgré la stature peu impressionnante de son adversaire, eut l'impression de percuter un mur de brique qui se plia... et l'envoya à terre.

« Il faut attaquer avec subtilité. Ne m'as-tu pas dit que c'était ce que tu avais fait avec Lord Kaïn ? »

Azra se releva et tenta d'analyser la situation, parfois aidé par des commentaires de l'elfe. Il fallait guetter ce qui s'appelait le 'point de gravité' et s'y attaquer. Azra commença à remporter de petits succès, mais alors, le shaakt sortit son poignard.

« Tu es lent... voyons si ça te motive... »

Rendrak protesta mais son entraînement l'avait épuisé. Azra compris que l'elfe voulait le tuer depuis le début. Il avait affaibli Rendrak et se préparait à arguer un accident...
Furieux, le jeune homme tourna un peu autour de lui et, dès que l'instructeur chargea, il se glissa sous sa garde pour le percuter sur le côté de l'estomac. Vroel'March pirouetta de façon incontrôlé et s'effondra à côté. Il éclata de rire.

« Voilà qui est beaucoup mieux ! J'espère que cette balafre te rappellera qu'il faut savoir attaquer avec sa tête ! »

C'est seulement à ce moment là qu'Azra remarqua la blessure qu'il avait au bras. Rendrak s'était relevé péniblement et se préparait à attaquer, mais le jeune homme l'arrêta. En fait, l'elfe n'avait jamais rien visé d'autre que son bras.
Il le salua et proposa de se retirer. Plus tôt il serait loin de ce sinistre personnage, mieux ce serait.

« Si vous voulez mettre en pratique, il va y avoir un combat dans l'arène, dans quelques minutes ! S'il vous reste encore du courage... »

Azra hocha la tête et se retira sans un mot de plus sous le regard narquois de maître Vroel'March. Rendrak avait récupéré et Azra se demanda si ce n'était pas une bonne idée, finalement.
Il en parla au liykor. Celui-ci se déclara inquiet mais avait aussi envie de tester sa nouvelle arme.

Ils furent abordé par un garzok qui leur signalait déjà le chemin de l'arène. Il semblait vouloir récolter tout ceux qui traînaient ici, et en premier lieux, des prisonniers et des esclaves. Azra et Rendrak se trouvèrent à suivre le flot dans les couloirs exiguë sans même y penser.

« Mais tu éviteras de te mettre en difficulté, hein ? »

« J'ai l'impression que tu deviens sentimental... »


« J'ai vu qui était ce Chandakar. Tu es courageux de t'attaquer à lui... Et dans cette quête, je serais ton protecteur. Tu peux compter sur moi. »

Azra sourit et lui tendit la main. Sous le regard étonné des gladiateurs qui marchaient à côté, visiblement des professionnels qui ne s'attendaient guère à entrer avec une telle compagnie, Rendrak la serra. Et ils passèrent la porte vers la lumière.

_________________
Image

Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
Le thème d'Azra
David le nerd


Dernière édition par Azra le Ven 12 Avr 2013 15:28, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Ven 12 Avr 2013 15:19 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 15 Avr 2012 10:12
Messages: 23771
Localisation: Le monde d'Aliaénon
Après les ténèbres des cachots, la lumière de l'arène de sable était éblouissante. Les hurlements de la foule assourdissants. Il n'y avait aucun élément de décors, ce n'était pas un grand spectacle, aujourd'hui. Juste un petit combat ordinaire... La seule chose notable était le sable rougit par endroit, les combats devaient être fréquents, et parfois bien plus meurtriers encore...

« Tu es sûr de ne pas t'être trompé d'endroit, gamin ? ricana un garzok. Enfin, ça fera du bien de voir un autre jeteur de sort que l'autre tafiole avec nous ! »

Il désigna un homme qui devait être un semi-elfe. Tous les gladiateurs portaient des éléments d'armure. Celui qui venait de parler portait une cuirasse lourde mais aucune protection pour les bras, les jambes ou la tête. Le semi-elfe ne portait qu'un pourpoint de cuir et une épée au flanc. Il siffla :

« Dit donc, Marasme ! Tu es content que j'enchante tes armes au besoin ! »

Cela fit rire le garzok.

« Évidemment, vieux ! »

Azra s'étonna de l'échange :

« Nous ne sommes pas ennemis ? »

« Non, nos ennemis, ce sont eux. Tu n'y connais rien, ma parole ? Qu'est-ce que tu es venu foutre ici ? »

Il désigna une autre porte qui s'était ouverte d'où émergeait un autre groupe de gladiateurs sous les hurlement de la foule. L'ambiance était survolté, le peuple voulait du sang.

« Tu es sûr que tu as assez de cran, mon garçon ? On est légèrement inférieur en nombre semble-t-il, ça va pas être de la tarte ! »

« Les équipes ne sont pas équilibrées ? »

« Non, pourquoi ? Ce qui compte, c'est qu'il y ai du sang et des hurlements ! Séloé, tu couvres mon flanc droit, Krodark, mon flanc gauche. Je charge en tête. Les autres en triangle à notre suite. Gamin, tu mets ton tas de puce squelettique juste derrière moi et toi tu restes au milieu. Puisque tu es un nécro, tu vas nous invoquer un peu de renforts. »

« J'ai déjà envie de changer de camps ! » gronda le liykor.

« Il s'appelle Rendrak, et vous pouvez lui demander directement... » grinça Azra.

Marasme hésita, puis adressa un signe de tête au mort-vivant. Puis, il poursuivit :

« Ils ont Wrochkat, le woran... Bon sang j'aurais préférer l'avoir de notre côté, comme la dernière fois... »

« Ça devenait trop facile... grinça un autre. Il a dû vouloir se mettre contre toi pour avoir un peu de challenge... »

« Hé ben, je vais lui en donner. Paré ! On attend pas, on charge ! »

L'autre groupe était encore occupé à saluer la foule et ils durent s'organiser à la va vite tandis qu'ils fondaient sur eux. En chemin, Séloé incanta quelque chose et sa lame se couvrit de flammes, laissant une traînée incandescente dans son sillage.
Azra chargeait avec eux, le bâton trois-crâne à la main, juste derrière Rendrak qui devait trottiner pour ne pas dépasser le groupe. Le garçon était confiant. Il aurait tôt fait de rééquilibrer les forces en présence. D'une certaine manière, il se surprenait lui même à ne pas avoir peur. Il avait beau savoir que ce combat serait dangereux et qu'il aurait mieux dû ne pas s'y engager, ce qu'il avait déjà traversé lui faisait penser qu'il n'avait rien à craindre d'une vulgaire petite bagarre comme celle-là.
Les deux groupes se rapprochaient, les hurlements atteignaient leur paroxysme. Azra vit que le fameux 'woran' était une créature étrange, une sorte d'homme-chat musculeux au pelage rayé. C'était la première fois qu'il voyait ça, et il devait reconnaître que la grande créature couturée de cicatrice était impressionnante. Ce Wrochkat avait organisé à la va-vite une ligne de défense, mais Azra eut l'impression qu'ils étaient disposé bizarrement.

Il ne compris que trop tard qu'il avait préparé une tenaille. À peine le triangle d'attaquants percutait les défenseurs qu'ils se trouvaient encerclé et paré à la boucherie !
Marasme compris trop tard le piège et jura au milieu des coups qui pleuvaient, le premier sang giclait, et ce n'était pas du côté qu'il avait prévu.

« Les renforts, c'est maintenant ! » hurla-t-il en croisant le fer avec un autre garzok.

Azra se concentra pour appeler des squelettes, ça ne serait pas dur, ici ! Il pouvait presque deviner les milliers d'âmes qui hantaient encore l'arène. Son corps se couvrit de ténèbres, mais il lui semblait qu'elles étaient pourtant dur à appeler. Au milieu d'un voile d'ombre, il vit Séloé qui harcelait un garzok en bondissant de-ci delà, mais déjà les premiers membre de leur groupe tombaient.
Alors, Azra libéra son pouvoir et matérialisa... un squelette de vingt centimètres.

Rendrak était au prise avec un humain à la musculature impressionnante. L'homme lui cassa une côté d'un coup de masse d'arme, mais le liykor le prit à la gorge et le souleva de terre pour l'envoyer rouler au loin. Il vit alors l'invocation et le jeune homme abasourdi.

« C'est une blague ? Ce n'est pas le moment ! »

Le pire, c'est qu'Azra se sentait épuisé par ce minable petit sortilège. Il réalisait maintenant que l'étrange faiblesse qu'il avait ressentit après son combat contre Kaïn était bien réelle. Il peinait à contrôler ses pouvoirs !

Le mini-squelette fonça à l'attaque, mais qui le remarquerait ? Il n'avait même pas d'arme !
Marasme vit également cela et gronda :

« Minable petit morveux ! Si on en réchappe, je t'apprendrais à jouer dans la cour des grands ! »

Azra sentit une rage froide l'envahir. Il lança un regard à Rendrak qui était de nouveau au combat avec son colosse. Lequel hurla :

« J'ai pas peur de toi, tas d'os ! »

Mais une ombre tomba alors sur le champs de bataille. Le pouvoir du bâton, lui, était intacte ! Et sous, les yeux éberlué de ceux qui le virent, Rendrak se dédoubla !

Les deux liykor se regardèrent.

« Toi aussi tu sens que ça va mal finir ? » demanda Rendrak2

« Ouaip... Enfin bon, j'ai l'habitude, maintenant... » répondit Rendrak1.

Et ils foncèrent à deux sur le gladiateur qui fut vite débordé et éliminé. Pendant ce temps, Marasme affrontait Wrochkat dans un combat de titan. Azra voulut se porter à son secours, mais il vit alors Séloé qui combattait seul deux garzoks. Il tendis la mains et en abattit un d'une boule de feu, mais l'autre l'atteignit à la tête de son épée et le crâne du semi-elfe se fendit.

Azra poussa un grondement de fureur et se jeta sur son adversaire, un garzok protégé juste d'une brassière, de jambières et d'un bouclier. Il léchait théâtralement le sang de son épée sous les viva de la foule.

« T'en veux aussi, gamin ? Ok ! »

Il dévia le poing ganté du garçon du plat de son épée et, d'une bourrade, l'envoya par terre, ce qui le fit lâcher son bâton. L'un des Rendrak voulut se porter au secours du jeune homme, mais il fut bousculé et jeté à terre par un adversaire.
Azra rampa sur le dos pour tenter de s'éloigner de son ennemi qui s'approchait avec un sourire malsain. Il risquait de ne même pas avoir le temps de se relever !
C'est alors qu'il se rappela de son entraînement avec Vroel'March. Il avait pu renverser le shaakt justement parce qu'il l'avait attaqué par en dessous.
D'un bond qui le surpris lui même, Azra parvint non pas à se redresser, mais à se remettre accroupi sur ses deux pieds, si proche de son adversaire que celui-ci marqua un temps d'arrêt. Ils étaient maintenant trop proche pour l'épée et il voulut reculer, mais d'une puissante détente, le garçon lui donna un coup de tête dans l'estomac et le fit tituber. Le garzok était trop solide pour chuter ainsi, et Azra remercia le fait qu'il n'ai pas eu de cuirasse. Néanmoins, le choc avec les abdominaux dur comme la pierre du colosse le laissa un peu sonné. Il était maintenant debout, pourtant, et cracha :

« Phaïtos requiert ton âme ! »

Il fonça à nouveau à l'attaque, voyant du coin de l’œil que Rendrak, à terre, avait porté un puissant coup de pied qui avait presque éventré son opposant. Le liykor voulut se porter au secours d'Azra mais c'était trop tard : le jeune homme portait un enchaînement furieux de coups, repoussait l'épée d'un revers de gant, se glissait entre le corps et l'armure et portait un violent coup au ventre.
Le garzok, plié en deux, n'eut pas le temps d'éviter le lourd gantelet qui s'éleva, puis s'abattit pour lui fendre le crâne.

« Que le corbeau soit clément avec toi. » déclara simplement le nécromancien en guise d'épitaphe.

Tandis qu'il reprenait son souffle, il vit que l'affrontement se calmait. La plupart des gladiateurs étaient hors de combat et, étonnamment, il semblait y avoir égalité entre les deux camps malgré un départ difficile pour l'équipe de Marasme.
Le grand garzok, cependant, était toujours aux prises avec le woran. Tous les deux étaient en sang mais aucun ne prenait l'avantage. De l'issu de ce combat dépendrait la victoire car Azra, épuisé, ne pensait pas être capable de vaincre Wrochkat.
Mais alors que Marasme semblait un instant prendre le dessus, par une prise qu'Azra n'arriva même pas à comprendre, l'homme-chat le fit tomber à terre. Le garzok leva des yeux résignés vers son adversaire qui s’apprêtait à l'achever d'un coup de sa lourde épée à deux mains.
Mais il s'interrompit en poussant un glapissement de surprise. Sous les regard stupéfaits de toute l'assistance, il se mit à danser une petite gigue, semblant se battre avec lui même.
Seul les spectateurs les plus proches purent voir le petit squelette qui escaladait son dos et qui le griffait de ses petites phalanges.
Wrochkat fini en se contorsionnant par réussir l'exploit de l'atteindre et de l'écraser, mais Marasme s'était relevé et, d'une bourrade, le jetait à terre pour lui mettre son épée sous la gorge. Le woran leva les mains en signe de défaite, le combat était terminé.

Rendrak2, en piteux état, jeta un regard à son homologue :

« Profite bien des honneurs, moi, mon invocation se termine maintenant, comme par hasard... »

« Merci... On se reverra sans doute à la prochaine catastrophe... »

Et la copie disparu en poussière avec un soupire fataliste.
Marasme regarda le nécromancien.

« Tu es un malin, mon garçon. On a gagné grâce à toi. Et à toi aussi, liykor. Tu es un sacré combattant. »

Azra se garda de préciser qu'il n'avait absolument pas prévu la taille réduite de son squelette et se contenta de remercier intérieurement l'âme astucieuse qui avait su tirer profit de sa condition désavantageuse. Rendrak, lui, laissa échapper un ronronnement satisfait.
Le garzok jeta un regard au champs de bataille et vit le corps de Séloé.

« Dommage, c'était un bon guerrier... »

Et, tandis que Wrochkat repartait la queue entre les jambes, les deux vainqueurs firent un tour de l'arène sous les acclamations.

« Tu n'es pas un gladiateur, hein ? » demanda le garzok.

« Non, juste un nécromancien qui voulait un peu d’entraînement... »

« Moi même j'étais un soldat, avant, mais je suis si souvent venu m’entraîner que j'ai fini par rester. On peut finir par acquérir une certaine gloire ! J'espère personnellement attirer l'attention du seigneur Lorener... En tout cas, on aura peut-être d'autres occasions de se battre ensemble »

« Peut-être... »

Azra sourit. Lui, Rendrak et Marasme firent encore un tour d'arène, puis il sortirent sous les acclamations. Le garzok rejoignit sa chambre, guère plus qu'une cellule en fait, non sans leur signaler d'abord ou trouver un guichet où ils pourraient demander une récompense.
Azra rejoignit la zone publique et récupéra un petit sac de yus. Le regard de Rendrak brilla :

« Dit-moi, on y reviendra, hein ? »

Azra éclata de rire. C'était la première fois depuis bien longtemps et ça faisait vraiment du bien ! Il rejoignirent les rues.

_________________
Image

Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
Le thème d'Azra
David le nerd


Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Lun 29 Avr 2013 16:59 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Dim 28 Avr 2013 12:48
Messages: 633
Localisation: Aliaénon - Andel'Ys
Ce n’était pas le premier combat, et ce ne sera sûrement pas le dernier pour Therion. Mais il s’agissait de la première fois dans l’Arène. L’affrontement ne sera pas de ceux qui attirent les foules, tout au plus des spectateurs amenés là par la rumeur et la réputation du Lykor, les parieurs habituels, les oisifs et les intéressés par les flots de sang versés. Galdrünk l’avait déjà inscrit à des combats, mais jusque là dans des arrière-cours, dans des galeries, des mises à mort sans grande importance et donc pas des plus lucratives. Or, lorsque l’on risquait la vie de son esclave, mieux valait être grassement payée en retour. Therion ne connaissait pas les comptes exacts de sa maîtresse, mais il se doutait, au vu des pièces qu’il avait pu voir s’échanger alors qu’il traînait la carcasse de quelque vaincu derrière, que la somme qu’elle avait investi pour l’acquérir avait déjà été remboursée. Maintenant ce n’était que du bonus pour elle, de l’argent supplémentaire puisqu’elle pouvait aussi bien le voir crever et racheter un nouvel esclave dans la foulée, peut-être même plus si son choix se portait sur des espèces moins rares et moins puissantes qu’un Lykor noir.

Le collier d’acier enchanté gênait Therion comme chaque jour depuis qu’on le lui avait assujetti : c’était un poids supplémentaire, une entrave aux mouvements de son cou, l’impossibilité de lécher certaines parties de sa fourrure, de pencher convenablement la tête pour déchirer les chairs d’un adversaire. Mais peu importait, il avait appris à composer avec, et compensait la perte de mobilité de son crâne par d’autres instruments de mort.

Les cris sur les gradins saluèrent les roulements de tambour et l’ouverture des portes : les organisateurs du combat avaient fait les choses bien, de manière à en donner pour leur argent aux parieurs et spectateurs. Un Garzok de stature moyenne, boiteux, probablement un vétéran pour avoir une figure si couturée de cicatrice, du moins un habitué des situations musclées, poussa le Lykor à avancer d’un coup de la hampe de sa hallebarde. Un grognement accompagné d’un retroussement de babines le fait reculer, d’autant plus que le garde ne lui arrive pas au museau.

« Dépêche toi d’entrer, c’est à toi ! »

« Tu veux venir avec moi ? »

« Avance, et oublie pas c’que t’as autour du cou. Tu f’ras moins l’malin dans l’Arène ! Je s’rai là quand on traînera ton cadavre, j’t’arroserai de pisse ! »

L’air d’Omyre n’était pas tout à fait pur et aussi agréable que celui des sombres forêts dans lesquelles courait Therion, mais plus respirable que les souterrains dans lesquels il attendait que sonne l’heure de l’affrontement où se mêlaient des relents de merde, d’urine de différentes espèces, de sang et de tripes ; ces dernières effluves avaient éveillé son appétit, et la perspective de plonger ses crocs dans la carcasse encore chaude de son adversaire après lui avoir défoncé les côtes, puis en tirer le cœur gorgé de sang, éveillait ses instincts de prédateurs.

(Je ne me bats pas, je traque une proie et je la mets à mort… Sur un tout petit territoire, un territoire sur lequel ni elle ni moi ne pouvons nous cacher, nous esquiver… J’ai déjà aperçu l’Arène lorsque je suis venu apporter des chaînes de la forge… Du sable… Comment peut-on se battre sur du sable ?... La terre, l’humus, les feuilles mortes, l’eau des marais… Le sable… Le sable je ne connais pas… Le sable est bien plus traître…)

Le guerrier à qui Galdrünk l’avait confié pour le mener à l’Arène lui faisait signe depuis les gradins les plus bas. Therion s’en approcha avec une lenteur calculée, une nonchalance qu’il jugeait à même de signifier le mépris qu’il avait pour ce Garzok trop vieux pour se battre et cantonné à des tâches subalternes dans la cité.

« Eh, toi. Ton adversaire, j’ai pu apprendre des choses sur lui. C’est un Woran, un fantassin. Tu sais ce que c’que c’est qu’un fantassin ? »

« J’en ai déjà mangé. »

« Euh… Ouais, bon. C’est un sacré bestiau comme toi, une putain d’bête ! Vous devriez vous entendre ! »

« Un Woran. Un gros chat. »

« Ouais, ben l’gros chat il a servi dans l’armée. Paraît qu’il s’est un peu barré au col de Luminion, qu’il a r’culé. S’il gagne, il pourra r’prendre du service. »

« Il sait chasser ? »

« Nan, mais y sais s’battre. Au col d’Luminion j’te dis ! »

« Armé ? »

« Pas plus que ses griffes et ses crocs, j’l’ai vu et c’est d’jà pas mal ! »

« Juste un gros chat. Jamais goûté de Woran. Une bonne expérience. »

Le sable crissa sous ses pas alors qu’il s’avançait vers le centre de l’arène, il retirait lentement la chemise de cuir qu’il portait habituellement à la forge pour protéger son pelage de la chaleur et des escarbilles qui volaient hors du foyer, mais qui ne lui serait d’aucune utilité dans les minutes à venir, tout juste bonne à entraver ses mouvements, à bloquer ses membres et ses muscles dans cette seconde peau inutile.

Le Woran s’était également approché durant la courte discussion entre Therion et son chaperon, portant une bonne chemise de cuir renforcée aux points vitaux, un pantalon de toile et un casque de cuir dont dépassaient seulement les deux oreilles. Le pelage aussi sombre que celui du Lykor, il avait cependant une stature bien plus petite. Le combat allait avoir lieu à la tombée du jour, heure que préférait de loin Therion pour se battre, peu à l’aise lorsque le soleil est haut dans le ciel.

(Il est habillé comme un Garzok… Il se déplace comme un guerrier, pas comme un chasseur… Ce n’est pas un si gros chat que ça…)


Les deux adversaires se jaugèrent en tournant l’un autour de l’autre, tous deux également indifférents aux cris qui commençaient à retentir, aux invectives qui pleuvaient, eux exhortations toujours plus fortes à la mise à mort. Les instincts de chasseur n’étaient encore pas éteints chez les deux fauves par leur vie dans la forteresse d’Omyre, même si Therion voyait dans les gestes de son adversaire des attitudes qu’il trouvait bien similaires à celles des soldats en armure, qui n’usent pas de leurs griffes mais de lames, qui ont oubliés leurs crocs pour des armes forgées.

« Alors gros chat, tu as peur. »

La rapidité de l’attaque surprit Therion, qui put tout de même reculer d’un pas, non sans récolter au passage une griffure sur son bras droit, superficielle heureusement.

« Tu as de belles griffes ! »

Un bond visait son visage, mais son bras se leva cette fois-ci, et d’un revers de la main il envoya bouler le Woran dans le sable à quelques mètres de là. Il n’entendait plus les cris des spectateurs qui commençaient à se déchaîner à l’idée de l’issue du combat. Cependant il ne se rua pas sur le guerrier en déchéance, qui n’avait pas la posture d’un animal blessé, qui ne se tenait pas comme une créature inconsciente. Au bout de trois secondes à attendre, le Woran se redressa sans mal, épousseta le sable sur ses vêtements et son poil, puis repris sa lente ronde autour du Lykor, planté dans le sable de l’Arène comme un pilier sombre, pivotant pour ne pas perdre de vue celui qui essayait depuis le début de lui ôter la vie.

(Il est rapide… Très rapide… Plus rapide que moi… Mais je suis plus fort… Beaucoup plus fort… Il faut que je l’attrape, le petit chat, que je l’attrape et que je le brise…)

« Ceux de ta race et toi z’êtes que des chiens. Des chiens ! J’en ai traqué et tué plus d’un ! Dans les montagnes ! Dans les marais ! J’ai ram’né leur peaux ! J’ai fais des tiens des esclaves ! »

« Oui. Tu as chassé les vieux. Les petits. Les femelles. Les blessés. Les malades. Bon chat. »

Le feulement précéda de peu l’attaque, l’annonçant en quelque sorte, grosse erreur aux yeux du Lykor qui se contenta d’esquiver et de porter un coup de griffe à l’épaule du Woran, plus pour l’exciter et l’inciter à redoubler ses attaques que pour vraiment le blesser.

« Amusant petit chat. »

Petit chat qui repartit immédiatement à l’offensive, pour la dernière fois. Il n’avait pas remarqué le changement de l’équilibre de Therion, ni ses bras qui s’étaient lentement relevés. Au moment du contact, plutôt que d’esquiver à nouveau, le Lykor accueillit son adversaire, l’embrassa et, lorsqu’il fut enserré dans l’étau de ses bras puissant, il plongea, du mieux qu’il pouvait compte tenu de son collier d’acier, ses crocs dans la gorge que ne protégeait pas la chemise de cuir et arracha d’un mouvement de nuque tout ce qu’il avait pu saisir dans sa gueule, à peu près un tiers du cou. Assez pour que les griffures cessent de lui labourer les flancs et que le Woran s’abandonne contre lui comme une poupée de chiffon après quelques tressaillements.

Les spectateurs hurlaient, Therion les entendait à nouveau maintenant que la mise à mort avait eu lieu. Son attention se fixait cependant vers les esclaves humains qui s’approchaient avec leur maître Garzok, hache à la main, pour emmener le cadavre. Ils furent accueillis par des grondements menaçant.

« Je l’ai tué. C’est ma proie. Mais je veux échanger contre un de ceux-là. »

La figure du Garzok se déforma, sa bouche esquissa une sorte de rictus, l’équivalent chez lui d’une réaction amusée.

« J’dois lui couper la tête. J’dois prendre la tête. Le reste tu peux garder. »

« Tu peux prendre la tête. Une tête vide, pas grand-chose à manger. »

Avec un autre de ses sourires, le Garzok s’avança, trancha d’un geste expert la tête du Woran sombre et la balança à l’un de ses esclaves, qui, avec ses semblables, trop heureux de s’éloigner de cette bête menaçante couverte de sang, emboita le pas à son maître. Chargeant sur son épaule la carcasse du Woran, Therion regagna la porte par laquelle il était entré. Le Garzok de garde, le même qui avait parié sur sa mort, lui jeta un regard mauvais dont il n’eut cure : il avait gagné son repas, de la chair fraîche, pas comme la charogne dont il devait se contenter à la forge.

Un avenir hors de la forge

_________________
* * *




La faim chasse le loup du bois...


Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Mar 14 Mai 2013 16:28 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Ven 10 Mai 2013 15:16
Messages: 12
Le plus pénible aux abords des arènes est encore d’arriver à se frayer un chemin au travers des spectateurs cherchant à gruger l’accès et aux tenanciers d’échoppes dont les produits étaient cher et de sources plus que douteuses. Echapper aux malandrins et soulards représentait aussi une partie tout à fait prenante de l’expédition ; pour peu que l’on y succède sans heurts.

Cahman n’appréciait rien de moins que la promiscuité et les rues placées autour des arènes n’avaient rien de jardins propices à la méditation. Le spectacle du sang répandu sur le sable galvanisait les esprits les plus timorés ; quant à ceux qui s’affichaient parmi les plus hardis, il n’était pas rare que saisis par l’ambiance ils ne s’enrôlent immédiatement en tant que candidat aux prochains affrontements.

A son corps défendant mais avec autant de vivacité qu’un habitué Cahman joua des coudes pour se frayer un chemin parmi la cohue ; et pas qu’au sens figuré. Impérieux, il s’extirpa de la masse des visiteurs pour s’enfoncer dans une contre-allée dégagée ; réservée aux propriétaires de loges. Ces dernières, usuellement réservées aux familles patriciennes, faisaient depuis quelques années l’objet d’un furieux commerce. Par l’or, la menace ou l’usage bête et méchant de toutes formes de violences, les Loges s’échangeaient au gré d’arrangements commerciaux, de transactions secrètes voire de guerres de territoires menées au sein même des couloirs des arènes.

Si un homme averti comptait pour deux alors un homme averti, préparé, prudent et compétent à la course à pied en valait une petite armée. Déambulant dans les allées d’un pas rigide, Cahman s’immobilisa en apercevant son aide de camp faire le plancton devant une porte anonyme. Suspectant quelques malices, le Censeur vérifia par deux fois qu’aucun groupe ne se soit attardé à proximité pour lui tendre une embuscade. Le comble du comble ayant été qu’ils se soient servis de son serviteur pour l’attirer dans leurs filets.
C’est toutefois sans encombre qu’il avala les derniers mètres d’un pas rapide.

« Messire Censeur » le salua son serviteur d’un ton à la fois respectueux et protocolaire. Après une rapide courbette il tira une clé aussi longue que sa main de l’une de ses poches et la ficha dans l’empreinte de la serrure. Elle grinça plusieurs fois en refusant de laisser la clé entrainer le mécanisme mais finit néanmoins par se rendre face aux manipulations frénétiques du valet. Après de nombreux efforts, il parvint à dégager la porte de son encadrement. Faite d’un bois épais, porte et logis avaient conjointement gonflé sous les effets cumulés de l’humidité et de l’immobilité. A grands renforts de coups d’épaules, Servantes la délogea finalement de son emplacement et finit par vaincre ses dernières réticences de quelques coups de pieds bien placés.

« Une négociation rondement menée, jeune homme. Songez néanmoins à rester respectueux des possessions de la Maison Lanke. Pour cette fois, nous ne retirerons pas les frais de lustrage, de polissage et de cirage de la porte centenaire que vous venez de dénaturer mais nous saurions perpétuellement être si tolérant » le complimenta Cahman en le dépassant pour entrer dans la Loge.

« Le Censeur est trop bon » confirma le serviteur en adoptant une voix de miel.

Prudent le Censeur pénétra dans la Loge à pas mesurés. Trois pièces s’imbriquaient les unes dans les autres. La première tenait lieu de vestibule ou d’antichambre alors que la suivante, véritable scène utile, donnait un accès providentiel sur le spectacle des arènes. Par une large ouverture plusieurs spectateurs pouvaient assister, debout ou assis, aux affrontements situés plusieurs dizaines de pas plus bas. Par mesure de précautions la Loge ne donnait pas directement sur le sable mais bien au-dessus des gradins destinés au commun car il n’était pas rare – et surtout sans danger – d’être trop proche du terrain d’affrontement. Certaines créatures, modifiées par l’esprit désaxé de l’un des Treize, s’affranchissaient parfois de la gravité et exportaient les combats au sein du public. Tout à ces observations, Cahman prit en note de confier plus tard à son intendance le fruit de quelques-unes réflexions.

« Faire installer une grille rabattable sur la devanture dès que possible pour éviter toute intrusion néfaste » se dit-il en pensées avant de reprendre son étude du champ d’honneur. La ronde de sable présentait un aspect lourd et détrempé ; potentiellement à cause des quantités de sang et d’autres fluides corporels ayant infiltré sa surface lors de précédents affrontements. Novice en la matière Cahman se pencha en avant pour mieux voir défiler la nature des combats. En contrebas quelques spadassins s’échinaient à s’affronter sous les acclamations stériles de quelques spectateurs épars. A dire vrai, ces duels n’avaient rien de passionnants en dehors de moulinets extravagants et d’esquives réalisées bien plus rapidement que les assauts attenants.

Il fallait reconnaitre qu’il était encore tôt le matin et que le meilleur des jeux était réservé aux fins d’après-midi ou aux nocturnes organisées à grands renforts de mise en scène et de créatures aux difformités aussi disproportionnées que leur agressivité. Face à de telles engeances il fallait soit rechercher les honneurs, l’argent ou la gloire ; soit être un esclave n’ayant pas eu le choix de ses derniers instants.

« Servantes. Va rôder comme tu sais si bien le faire. Mon bon plaisir serait de retrouver une dénommée Vu’Grud, une négociante de sang Garzok. File voir si elle est inscrite au ban des esclaves devant faire office pour les prochains jeux » lui ordonna-t-il d’un ton neutre. Le courtois petit personnage s’inclina ostensiblement une nouvelle fois et s’évapora sans un bruit, tout accaparé par la nouvelle mission venant de lui être confiée.

Il n’était pas rare que des commerçants redevables de dettes trop importantes pour être remboursées ne soient obligé de concourir dans les arènes au profit de leur débiteur. En premier lieu le détenteur de la dette touchait une somme fixe liée à l’acquisition de l’esclave, prix fixé pour la participation à un ou plusieurs combats selon l’ampleur des dettes dues. Par la suite, si l’esclave succédait, lui et son propriétaire pouvaient se partager les gains ultérieurs, si ces derniers dépassaient les sommes dont le captif était redevable. Une fois la dette épongée le miraculé pouvait décider de poursuivre l’aventure de son plein gré ou prendre une retraite bien méritée.

Par ailleurs d’autres rumeurs étaient survenues jusqu’aux oreilles du Censeur ; rumeurs décrivant de quelle manière de nombreuses disparitions trouvaient leur origine dans l’approvisionnement des arènes. Loin d’être une pratique sans risques, le marché de l’enlèvement était surchargé à Omyre. Les besoins en main d’œuvre d’innombrables chantiers, du port en eaux profondes en passant par les camps de travaux forcés, mettaient chaque habitant de la cité en alerte permanente. Et au vu de l’agressivité de l’Omyrien moyen, l’affaire n’était jamais sans risques.

« Les préconisations de l’instructeur de la Milice n’étaient pas sans fondements » pensa le Censeur en caressant sa croix de guerre du bout du pouce.

_________________
Censeur Lanke.


Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Mer 15 Mai 2013 11:15 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Ven 10 Mai 2013 15:16
Messages: 12
Malgré la pauvreté du spectacle le Censeur finit par se rendre compte du début d’exaltation qu’il ressentait à suivre les affrontements. Bien souvent les combattants se contentaient de s’estropier les uns les autres et repartaient cahin-caha en direction des sous-sols où d’abjectes salles de rétention faisaient office de vestiaires. Pour autant, chaque nouvel affrontement apportait son lot de nouveautés, de saveurs nouvelles, d’émotions et de contrariétés.

Après avoir toqué à la porte, le serviteur attendu fit irruption dans la salle. Les bras chargés d’offrandes et de victuailles, il s’invita à proximité de son propriétaire à l’image d’un pèlerin cherchant à déposer ses présents. Consultant les meubles épars à sa disposition, il officialisa son choix en déversant précautionneusement ses pérégrinations sur une console au bois lustré par les courants d’air.

Il fit rapidement l’inventaire de ses trouvailles, comme pour annoncer le menu lors d’un diner mondain.

« Alcools forts en provenance de l’Abbaye des Montes-en-Brumes, spécialités culinaires préparées « façon Andrade » et deux ou trois bibelots collectés de ci de là au hasard de mes rencontres » plaça-t-il bien en évidence.

Le Censeur ne commenta guère ces assertions. Par désintérêt et méconnaissance tout d’abord puis par mesures de prudences : ne sachant pas qui pouvait avoir collé son oreille à la porte de sa Loge, il évitait toute remarque orale permettant de le soupçonner comme étant le commanditaire de ces larcins. Bien entendu, il avalisait l’initiative et en ferait promotion et récompense en des temps ultérieurs mais pour l’heure, en cas d’irruption de mandants réclamants la restitution de leurs possessions, il se contenterait de faire amende honorable et de laisser son valet en passer par le supplice du fouet.

Débouchant lui-même une bouteille d’une chartreuse fruitée distillée par des moines. Après avoir versé le liquide dans un verre il savoura le contenu et l’idée qu’une décoction préparée par ces saints hommes ait pu s’abîmer en un tel lieu de perdition. Gouteuse, la liqueur acheva de le mettre dans de bonnes dispositions envers son jeune affilié et au regard de la négociante d’obédience Garzok.

« Alors ? Est-ce tout ? » Dit-il sommairement tout en se présentant de nouveau au balcon pour profiter du spectacle.

« Et bien, pour ainsi dire, j’ai pu retrouver la trace de la dite Vu’Grud, la personne que vous recherchez » enchaina immédiatement le servant, fier comme un paon à la saison des reproductions.

Affectant l’indifférence, le Censeur contempla encore quelques passes d’armes avant de relancer la conversation ; ne serait-ce que pour inculquer à son séide quelques notions relatives à l’humilité et à la patience. Il tourna le dos aux joutes et porta son attention sur son interlocuteur. Le verre à la main, il en fit naviguer le liquide au gré des mouvements de son poignet, tout en en ingurgitant par moments quelques gorgées.

« La dame que vous recherchez est vivante, du moins, pour le moment. Car de fait, elle est dans des draps si sales qu’ils pourraient bientôt lui servir de linceul » décrivit-il avec emphase.

« Le fait qu’elle soit morte ou vivante m’importe peu à vrai dire ; quoique la retrouver en vie comporte certains avantages non négligeables, dont celui de ne pas avoir à porter son cadavre à dos d’homme » décrivit-il à haute voix.

« Dans le même temps racheter un cadavre me couterait bien moins cher que de racheter une esclave bouffie de dettes. Mais je t’en prie, dis m’en plus » poursuivit-il avant de concéder la parole à son satellite.

« Elle est actuellement la propriété d’un dénommé Ragna Bazir, un négociant d’Exech et captive d’une geôle qu’il a fait préparer à l’intention de plusieurs de ses débiteurs les plus endettés. D’après ce que j’ai pu entendre, elle est inscrite au programme de l’après-midi. Ses chances sont plutôt bonnes au vu de la situation : nous sommes loin d’une période agitée et les jeux rendus en l’honneur d’Oaxaca ne débuteront que d’ici trois semaines. Que ce soit les Treize ou les écuries de gladiateurs, tout le monde semble économiser ses meilleurs poulains pour cet évènement. » Expliqua-t-il sereinement.

« Danger relatif même si la période est calme » reprit Cahman en évaluant si une carrière d’éleveurs de bêtes ou de formateur de gladiateurs pourrait remonter l’état désastreux de ses propres finances. Il envisagea un instant de vendre la loge – ou de la louer à de riches négociants – mais son côté « noblesse fauchée » se révolta presque immédiatement. A quoi bon être originaire d’une famille patricienne si n’importe quel nanti ayant réussi dans le commerce ou le mercenariat pouvait accéder aux mêmes privilèges que vous ? De fait il repoussa l’idée aussi vite qu’elle avait surgi et se réappropria la conversation, le valet poursuivant ses explications.

« … et c’est ainsi, à mon avis, que vous pourriez pratiquer le négoce de ces dettes » dit-il d’une voix soudainement plus sourde.

« Et de fait asservir ma propre situation financière en lieu et place de celle de la négociante Garzok… Hmm… Ceci étant… n’est-elle pas promise au mariage ? Il est probable que son futur époux accepte de mettre la main à la poche… pour la récupérer entière… » Se dit-il sournoisement en laissant s’étirer un sourire sur ses lèvres.

« Bien ; montre-moi où se trouve ce négociant. En premier lieu, il me faut m’assurer de la bonne qualité de tes informations. Ce n’est pas le moment de faire l’acquisition d’une Garzok de contrefaçon » compléta-t-il en se dirigeant hors de la Loge de son pas le plus décidé.

_________________
Censeur Lanke.


Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Mer 22 Mai 2013 12:23 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Ven 10 Mai 2013 15:16
Messages: 12
Le dit négociant s’avérait être une masse informe, visiblement gras du bide mais loin d’être mou du genou si l’on considérait la vitesse à laquelle ses serviteurs exécutaient ses ordres. Affalé dans un siège de cuir surpiqué il était affublé d’une tunique de qualité dont les motifs – des lignes verticales or et prune – tranchaient avec le reste de la décoration, terne et grise. La peau tannée par le soleil le commerçant avait autrefois dû être un redoutable escroc, cheminant de désert sec en désert gelé avec la même avidité pour le métal doré. A ses doigts et ses oreilles de multiples anneaux habillaient le sinistre personnage d’un éclat similaire à celui animant le fond de ses pupilles.

Cahman s’interrogeait sur l’usage des lignes dans la mode vestimentaire et peinait à déterminer si l’effet amincissant se produisait à la verticale ou à l’horizontale. L’affaire ne le passionnait tant et si bien qu’il s’abîma dans une impassible et directe observation de son interlocuteur ; ce qui finit par l’agacer prodigieusement.

Il fallait être fou, audacieux ou follement audacieux pour venir ici le tancer de la sorte. Mais Nésir Ibn’en’er Késir n’avait pas construit sa fortune sur d’insensées prises de risques ; loin de là. Au contraire, il se faisait une fierté de la précision avec laquelle il était capable de réaliser une évaluation correcte des situations. Que ce soit pour évaluer une marchandise, un esclave ou un péril il n’était pas homme à agir sous l’emprise des sentiments. Certes, il avait parfois lâché la bride en admonestant à coups de grolles un serviteur récalcitrant ou un administrateur financier pas assez compétent mais rien qui n’avait entaché sa réputation de serpent à sang froid. Ce type d’affaires pouvait être regrettable par certains côtés mais leur effet déstressant n’était plus à démontrer.

« Ainsi donc vous représentez la Censure ? » s’enquit-il d’un ton précautionneux. Récemment arrivé à Omyre, l’homme n’était pas encore à jour de tous les us et coutumes en vigueur dans la capitale barbare. Introduit dans sa loge par l’usage de sa Croix de Censeur et de l’aplomb de son détenteur, Nésir Ibn’en’er Késir avait surtout convié son visiteur à déguster quelques délices par curiosité plus que par craintes. S’il avait eu la moindre peur des représentants de l’autorité, il ne serait pas devenu l’homme qu’il était aujourd’hui. Par conséquent, l’arrivée du Censeur n’était pour lui qu’une formalité à traiter en lui confiant un pot-de-vin suffisant pour le contenter. Comme en cuisine, dont il était féru, tout était affaire de mesures : une trop grande quantité d’or aiguiserait l’appétit du Censeur alors qu’une somme trop faible le laisserait sur sa faim. Il regretta aussitôt de ne pas avoir retiré quelques-uns de ses bijoux parmi les plus précieux et revint sur ses positions initiales en éludant ce handicap. Face à l’absence de réaction de son interlocuteur il tiqua légèrement mais produisit l’effort de relancer la conversation après avoir vidé un demi-godet de liqueur.

« Omyre m’avait pourtant été décrite comme … frénétiquement libertaire » proposa-t-il pour tester le silence du nouveau venu.

« Il ne faut pas confondre la Grande Perverse et la perversion, Ser Ibn’en’er Késir » rétorqua le Censeur d’un ton monocorde dont la solennité aurait fait un grand effet dans la bouche d’un abbé ou d’un vicaire. Face à cet aveu ne signifiant rien pour lui, le commerçant dodelina de la tête pour donner son aval à un sujet dont il n’avait que faire. Ce faisant, il remarqua le serviteur du Censeur. Installé droit comme « i » dans le dos de son maitre, l’enfant en voie de devenir adulte portait une livrée de bonne qualité, quoique légèrement usée aux entournures. Les mains dans le dos il attendait les instructions de son donneur d’ordre d’un air impavide. Ou alors, il dormait les yeux ouverts.

« Omyre n’est pas la cité sans foi ni loi que l’on vous aura décrite, Ser Ibn’en’er Késir » pérora Cahman, achevant par là même de convaincre son interlocuteur de son abnégation forcenée à une cause encore impossible à déterminer. Réfléchissant froidement, le négociant tenta de déterminer la nature de l’obsession qui travaillait son visiteur. Car de toute évidence, il possédait un comportement frisant le fanatisme : impassible, convaincu de son bon droit et de toute évidence, incapable de jauger la précarité de sa situation.

« En ce cas, pourriez-vous me renseigner sur la signification de votre visite ? » reprit-il en ciblant le cœur du sujet, décidé à dénouer au plus vite la situation.

« Une plainte a été déposée à votre sujet, le Censeur est venu en vérifier la teneur, déterminer le bon droit et infliger une sévère correction à celui de l’accusé ou de l’accusateur qui sera en tort » intervint le serviteur du Censeur d’un ton péremptoire.
L’effet se trouva être légèrement déstabilisant. Ayant déjà vu faire ce type de tours dans une foire, un type arrivant à projeter sa voix pour faire parler une poupée de bois à long nez, le négociant se reprit rapidement.

« Et quelle est la teneur de l’accusation que je puisse la dissiper au plus tôt ? » retourna Ibn’en’er Késir en doutant de plus en plus être en capacité de régler l’affaire par un simple pourboire.

« Faux et usage de faux » trancha – c’est le cas de le dire – le Censeur Lanke.

« Monsieur le Censeur parle de faux documents selon la terminologie consacrée, et non de l’outil à lame courbe utilisé par la paysannerie pour trancher les pieds de maïs, de blé ou d’orge » compléta le serviteur du Censeur.

Une nouvelle fois, l’effet d’optique se trouva être particulièrement déstabilisant. A ceci près qu’il commençait à douter de qui était le marionnettiste et de qui était la marionnette.

« Notre comptabilité est saine. Sur quelle affaire porte l’accusation » reprit le caravanier.

« Les dettes de la Dame Vu’Grud, enlevée injustement d’après les assertions de son futur époux » précisa Cahman, tout à fait conscient que les absents avaient toujours torts. Ce qu’oubliait l’adage c’est qu’en plus d’être toujours dans le faux, un délectable effet de bord permettait de leur faire dire à peu près tout et n’importe quoi.

« Nous avons une reconnaissance de dettes signée en bonne et due forme. Celle-ci n’étant pas honorée, nous avons fait valoir notre droit au remboursement dans les arènes. Si Vu’Grud s’en sort indemne… ou même éclopée, son auguste époux pourra bien en faire ce qu’il en souhaite » expliqua Ibn’en’er Késir d’un ton faussement désolé par la situation.

« Puis-je voir ce document pour en étudier le contenu ? » demanda le Censeur d’un ton qui n’avait rien de servile.

Nésir Ibn’en’er Késir s’estimant dans son bon droit, il n’opposa qu’une résistance de principe à faire partager ses secrets commerciaux. Quelques minutes plus tard le dit document se trouva extrait d’un coffre aux multiples verrous et remis en main propre à la sagacité du Censeur. Cahman en étudia le contenu en masquant le total manque d’intérêt qu’il éprouvait pour la chose comptable ; ce qui était peut-être à bien y réfléchir la source de tous ses maux financiers. Toutefois la prise en compte du contenu dénoua bon nombre de ses interrogations. Pratiquant le négoce d’objets rares, Vu’Grud s’était engagée à fournir des artefacts rares dont elle n’avait visiblement réussi à fournir la quantité promise. Ce qui par conséquent en faisait la débitrice du caravanier sans qu’aucune remise en cause de l’accord ne semble possible. Tout semblait appartenir à la plus stricte légalité et du point de vue strict et impartial de la loi le Censeur n’y trouva rien à redire. Avec une lenteur consommée le Censeur plia la lettre en quatre et la confia à son serviteur d’un mouvement badin. Ce dernier, avec l’aisance d’un filou renommé, la fit disparaitre entre les plis de son costume.

« Pièce jointe au dossier » trancha le Censeur en se levant.

« Rendez-moi ce document » le tança le négociant d’un ton peu amène.

« Quel document ? » lui retourna Cahman d’un air placide.

« La reconnaissance de dettes de Vu’Grud » dit-il en interdisant à son poing de s’abattre sur la table.

« Il s’agit là d’un document appartenant à la Magistrature désormais ; lorsque la procédure sera terminée vous pourrez en demander la restitution » explicita Cahman en lissant la bordure de sa manche, froissée pendant sa posture assise.

« C’est là un affront qui ne sera pas impuni et pour ce qui est de la suite… » Entama le négociant en laissant planer un air de menace que rien ne voilait.

« Et pour ce qui est de la suite, vous ferez immédiatement libérer la Dame Vu’Grud de vos geôles » ordonna le Censeur.

« Mais elle reste ma débitrice ! » s’insurgea Ibn’en’er Késir, attirant par là même l’attention de ses serviteurs. L’attitude du négociant ne froissa qu’à grand peine le Censeur. Habitué aux sermons de ses fournisseurs réclamant leur paiement – qu’il n’accordait que lorsque ces derniers frôlaient l’hystérie – il afficha son air le plus impavide et son silence le plus blessant avant de répondre.

« Si vous en avez la preuve, présentez-là séance tenante, Monsieur. Mais soyez certain qu’accuser sans preuves est un délit grave, puni avec la plus extrême sévérité » rendit le Censeur Lanke d’un ton glacial.

« La preuve est dans la poche de votre acolyte ! » dit-il en le pointant du doigt.

« Ce terme ne convient guère à désigner un clerc officiel de la Censure » admonesta le Censeur.

« Le fait d’outrage n’est pas loin d’être avéré » ajouta le serviteur, ce qui provoqua un début de crise d’apoplexie à leur interlocuteur commun.

« Bien, en-dehors de tout autre argument vous nous remettrez Vu’Grud dans les meilleurs délais » reprit Cahman d’un ton monotone et dénué de toute passion.

« Peut-être que la Milice d’Omyre sera d’un autre avis… » Répliqua le négociant en appelant l’un de ses coursiers. Cahman soupira avec lassitude.

« C’est que la Milice d’Omyre a été fondée par les Censeurs pour être leur bras armé » expliqua le majordome du Censeur d’un ton cette fois tout à fait cordial. L’argument, à défaut d’être historiquement vrai, tempéra le négociant. Si les premiers Censeurs avaient décrété que la Milice serait leur branche armée, les miliciens avaient pendu haut et court plusieurs de ces affabulateurs. Avec le temps, les deux groupes avaient fini par collaborer mais plus parce que les miliciens cherchaient à profiter de toutes accusations pour semer le trouble que par véritable sens du bon droit.

« Le bon droit ou une bonne droite » se remémora Cahman en évoquant silencieusement l’adage de son grand-père.

Le Censeur tourna les talons et s’orienta vers la sortie. Il passa la porte sans être importuné et rappela ses dernières directives.

« Vu’Grud. Maintenant. » asséna-t-il d’un ton péremptoire.

_________________
Censeur Lanke.


Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Jeu 23 Mai 2013 12:45 
Hors ligne
 Profil

Inscription: Ven 10 Mai 2013 15:16
Messages: 12
Et la dénommée Vu’Grud lui survint à cette simple imprécation. Haute et droite, elle marchait toutefois d’un pas légèrement chaloupé trouvant certainement son origine dans les bandages épaissis de sang orant sa cuisse gauche. Le Censeur la jaugea d’un air détaché durant de longs instants, à l’image d’un palefrenier estimant les qualités d’une monture à la vente lors d’une foire.

« Répondez-vous du nom de Vu’Lerk » entama Cahman en guise de préambule, tentant de déjouer une hypothétique tentative de subordination de témoin.

« Non, Vu’Grud… avec un Grud » répondit-elle d’une voix légèrement rocailleuse et d’un ton non dénué d’humour. Prenant la pose elle se laissa observer durant quelques instants sans autres intentions que de paraitre être la personne que son interlocuteur recherchait. L’affable serviteur la contourna et estima ses qualités d’un air attentif.

« A mon avis, elle pourra courir… mais sur une relativement faible distance » plaça-t-il à l’intention de son maitre.

« Pour l’heure, c’est inutile. Personne ne nous prendra en chasse tant que nous serons dans l’enceinte des arènes. Il s’y déclenche des rixes pour trois fois rien mais en l’occurrence, nous nous sommes assez fait remarqués pour qu’une enquête de la milice remonte rapidement jusqu’au commanditaire de l’altercation. Par contre dès que nous aurons fait un pas dehors, les choses vont se précipiter » dit-il en retroussant légèrement ses manches puis en manipulant nerveusement la hampe de sa lance brisée. Pendante à sa taille dans un fourreau de cuir adapté l’arme présentait un aspect inhabituel : celui d’un hachoir légèrement allongé.

« Expliquez-nous les fondements de votre affaire, Vu’Grud » ordonna le Censeur tout en dévisageant la Garzok, le visage vidé de toutes expressions notables.

« L’affaire ? Ma foi, c’est là que le bât blesse… pour ma part, je ne suis qu’une antiquaire collectionneuse d’objets tantôt rares, tantôt anciens. De cette passion, j’ai fait mon métier. Et je l’exerce de manière honnête et loyale. Certains de mes clients recherchent des curiosités et pour les contenter, j’arpente les routes afin de les leur procurer… ainsi je gagne ma pitance de ce commerce, à la sueur de mon front et par… » Dit-elle d’un ton délié, impropre aux locutions usuelles d’un membre de la race à peau verte.

« Pilleuse de tombes » conclut Cahman d’un ton cassant.

« Et détrousseuse de cadavres » confirma son serviteur pour faire complet.

Vu’Grud n’afficha une expression outragée que par respect des convenances.

« Ce n’est pas faux de résumer aussi mon métier ainsi ; pas totalement vrai mais pas faux non plus » leur retourna-t-elle un brin sur la défensive.

« Et pour ce qui est de votre futur époux ? » ajouta Cahman d’un ton péremptoire. Posant la question pour la forme, il en savait déjà long sur le promis de la négociante à peau verte. Assez influent pour solliciter le concours de la Milice et assez redoutable pour insister gravement sans en subir les contrecoups – au sens propre comme au sens figuré – le futur conjoint devait être un être relativement puissant ; ce qui n’était pas une mince affaire dans un trou infâme comme celui d’Omyre.

« C’est lui qui vous envoie ? » rendit-elle en guise de réponse avec un entrain faisant plaisir à voir. « Mon futur époux se prénomme Rognar, Khan du Clan de la Lune secrète alors oubliez les romances, les ballades et les musiques douces. C’est un redoutable chef de Clan doublé d’un ambitieux retors et cruel. Il m’a proposé d’intégrer son Harem contre sa protection et faute de mieux, j’ai accepté ; quoique l’accord ne soit pas encore entériné par les faits » décrivit-elle sans détours.

Cahman apprécia immédiatement son réalisme froid et ses projets dénués d’affect. Chose rare chez une femme et plus encore chez un Garzok, ces qualités semblaient chez elle comme natives. Par déduction, elle devait être vénale, ambitieuse et rarement timorée. En clair, nombre de qualités appréciées par le Patricien se trouvaient cumulées dans son caractère. Observant sa stature et sa silhouette il ajouta à la liste des qualités de son futur époux un gout prononcé par les jolies femmes. Le Censeur lui trouva un menton un peu trop volontaire et une attitude faussement soumise rompant avec ses propres gouts mais elle n’en était pas moins agréable à regarder.

« Un Khan de Clan Garzok … » reprit Cahman en réfléchissant quelques instants. A la vitesse de la pensée, il étudia de multiples possibilités et les conséquences pécuniaires de chacune d’entre elles. En premier lieu trainer Vu’Grud à travers la ville pour rallier le site de la milice lui sembla le plus simple. Trajet direct et récompense l’attendrait à l’arrivée. Toutefois d’autres options apparurent dans les méandres de son esprit retors.

En premier lieu il considéra sous un angle nouveau l’influence du commanditaire sur les dirigeants de la milice. Bien qu’il soit chef de clan, la milice en elle-même n’aurait pas cédé à quelques menaces sans provoquer une effusion de sang. Aussi, le Censeur suspecta quelques récompenses hypothéquées par le futur époux pour la livraison de sa promise. Enfin, dernière option, libérer Vu’Grud de ses engagements pour lui laisser libre choix de son avenir fut une option étudiée mais rapidement rejetée ; si elle avait possédé quelque chose de valeur, elle l’aurait déjà vendu pour régler sa note envers Ibn’en’er Késir.

Restait à déterminer ce qui serait le plus rentable : garder Vu’Grud vivante ou négocier la revente de son cadavre.

Le Censeur réfléchit quelques instants en se caressant le menton puis confirma sa décision à haute voix.

« En route et ne trainez pas Vu’Grud ; nous n’avons pas envie de devoir vous porter » ordonna-t-il en mettant le petit équipage en branle. Les deux autres personnages lui emboitèrent le pas, ainsi que les deux assassins envoyés par le négociant floué pour leur régler leur compte de façon discrète mais surtout voyante et sanglante.

_________________
Censeur Lanke.


Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Mer 12 Juin 2013 15:02 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 28 Juin 2012 18:15
Messages: 686
Localisation: ~Quête 35~
~Auparavant~


~10~


À mesure que nous approchons du bâtiment, ma fragilité liée à l'absence de mon plastron se fait sentir. Des représentants de diverses races en approchent les portes, grognant, se bousculant parfois, mais apparemment bien décidés à s'y faire une place. Le complexe est constitué d'un haut bâtiment circulaire, sur les murs les plus haut duquel des pointes montent vers le ciel. Un frisson me dévale l'échine quand je constate que les rondeurs noires qui s'y trouvent on un aspect humanoïde. Je m'efforce de respirer lentement par la bouche, en jetant un regard sur mes voisins. Eux, n'ont absolument pas l'air incommodés. Moi, je peux percevoir une douleur intérieure me parcourir quand des hurlements de joie se mêlent à ceux de douleur derrière la paroi.

Je n'aime pas cet endroit. Ce lieu est synonyme de souffrance, et mes fluides de lumière pulsent, comme contrariés par cette peine impossible à calmer. Omyre me dérange, mais je m'efforce pourtant de réserver mon jugement. Il doit bien y avoir une raison derrière cette débauche de violence. Un motif, une explication qui ne m'a pas encore frappé.

Les deux humains longent l'endroit, se dirigeant vers une porte plus discrète. À l'entrée, un garzok massif baille, mais je m'efforce de garder les yeux à mon niveau. Je suis censé me faire discret après tout. Ce qui n'est visiblement pas le cas de Ruru. Dès que celui-ci aperçoit le garde, il s'élance dans sa direction, à grand renfort de gestes de la main. Mes oreilles perçoivent un vague rire provenant de sa direction, attrapant au vol des paroles ressemblant à des compliments. Ce n'est qu'à ces mots que je m'aperçois que le garde n'a qu'une seule jambe, l'autre remplacée par un artifice grossier, sanglé au-dessus de son genou.

Malgré moi, j'y attarde le regard, trouvant la méthode particulière, mais apparemment efficace. La voix de Kuon me sort de ma contemplation quand il salue aussi le garde, demandant à voir quelqu'un de particulier. Il fait alors un geste brutal dans ma direction, qui me fait resserrer ma prise sur la sangle de mon arme. Si je suis bien, il prétend vouloir me présenter à un maître d'arme, histoire de m'apprendre à lui être utile sur les routes.

(Son discours a l'air naturel. Même son visage ne trahit pas la moindre once de nervosité.)

Je manque sursauter quand Kuon m'interpelle, allant agripper violemment mon poignet gauche.

"Taorak ! Presse-toi, nous n'avons pas toute la journée !"

Sur ce, il s'enfonce dans le bâtiment, m'entrainant à sa suite. Dans mon dos, j'entends Ruru roucouler tranquillement pour le garde. Cet humain est vraiment courageux ou totalement étrange. Lorsque nous ne sommes plus en vue de la porte, j'abaisse mon poignet, faisant lâcher prise au milicien. Je ressens encore la pression de ses phalanges sur ma peau. Je veux bien qu'il cherche à être convaincant, mais son attitude va peut-être un peu loin. Cet homme me met mal à l'aise, un peu comme cette cité sombre elle-même.

Peu à peu, il m'aiguille vers un autre couloir où s'alignent des cages et des cellules. Certaines sont individuelles, d'autres regroupent plusieurs personnes. Lentement, j'amène ma main libre au niveau de mon visage en percevant des odeurs de maladie. À voix basse, Kuon s'adresse de nouveau à moi.

"On y est. Et maintenant ?"

Je prends un court temps de réflexion, puis réponds sur le même ton.

"Je dois retrouver un milicien ynorien. J'ai à peu près sa description."

"Quelle est ta tâche ? Le faire évader ?"

Le ton de Kuon me semble un peu plus pressant, chose qui ne m'aide pas à me détendre. Il est possible qu'il soit aussi nerveux, à cause de l'ambiance lourde qui règne ici. J'entrouvre les lèvres, les referme un peu, et détourne le regard vers les barreaux proches. Une chance que j'ai ma capuche pour masquer mon trouble.

"Dans la mesure du possible. Cette personne est capitale pour la suite de ma mission."

Ce n'est pas tout à fait un mensonge. Ce milicien a en effet les informations qu'il me faut pour retrouver son rapport. Cependant, si je peux le sortir de cet endroit, je m'y attèlerai au mieux.
Dans la pénombre à peine éclairée par quelques torches, je scrute rapidement les cellules. Mentalement, je songe qu'ouvrir toutes ces portes serait un moyen efficace de semer la pagaille, et donc de sortir discrètement l'unique personne dont j'ai besoin.

Mes pas me conduisent à proximité de geôles vides puis devant des cellules larges, contenant cinq ou six silhouettes, et fermées par des barreaux plutôt que des murs. Une porte métallique un peu plus petite que moi constitue le seul passage. Laissant mes yeux s'habituer, j'aperçois des humains aux traits caractéristiques. Il s'agit surtout de jeunes hommes au regard d'ailleurs féroce. Certains vont jusqu'à cracher dans notre direction. L'un d'entre eux reste par contre totalement immobile, ne faisant que nous fixer, ou plus particulièrement Kuon.

"Alors ?"

L'ynorien qui nous scrute ressemble beaucoup à la brève description que Ruru m'en a fait. Je hausse légèrement les épaules, et m'adresse à voix basse aux prisonniers quand les pas de Kuon s'éloignent un peu dans mon dos.

"Êtes-vous les ynoriens arrêtés au Campement ?"

Entre des sons de crachat et des jurons me traitant de chien d'Omyre, je perçois quelques signes positifs. Repoussant légèrement ma capuche en arrière, je pose mon regard violet sur les présents.

"Je veux vous aider. Je suis une connaissance..."

Je devine les yeux du milicien supposé s'arrondir, et sa main se tendre dans ma direction. Le reste est vague. Je suis certain d'avoir perçu un bruit fort, près de ma tempe, et une douleur certaine me vriller le crâne. Ma vision se trouble, et je me sens soudain perdre l'équilibre. Mon corps ne m'obéit plus, mais je n'ai pourtant pas peur. De vagues sons me parviennent, déformés, comme si un tissu me bouchait les oreilles.

Je connais cet état, mais ne peux rien y faire. Je me rattrape vaguement au sol, puis mon bras, comme lesté, tremble et lâche prise. La surface est glaciale, mais je le remarque à peine.



_________________


Dernière édition par Kiyoheiki le Dim 19 Jan 2014 14:12, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Mer 12 Juin 2013 16:59 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 15 Avr 2012 10:12
Messages: 23771
Localisation: Le monde d'Aliaénon
Azra et Rendrak suivirent donc les deux espions jusqu'à l'arène des milles lances. C'était donc bien là qu'était enfermé l'individu recherché, au moins une information s'était révélé valable...
Azra était moyennement enthousiaste à l'idée de rentrer à nouveau dans ce lieu, mais il allait bien falloir y passer. Les deux espions étaient guidés par leur indic, le nommé Ruru semblait-il, un homme à la tenu et aux mouvements extravagants. Ils arrivèrent bientôt à l'une des entrées de l'arène.

« Pourquoi est-ce que j'ai un mauvais pressentiment ? » demanda-t-il.

« Tu m'enlèves les mots de la bouche. » répondit Rendrak.

Il y avait encore la cohue. Visiblement, un nouveau spectacle se préparait. Hélas, au milieu de cette foule, le jeune homme était trop petit pour continuer à distinguer ses cibles. Seul Rendrak put lui indiquer par où ils étaient entrés, et il fallut jouer des coudes pour y parvenir. Toute cette populace était insupportable ! Hum... Allons, ce n'était pas le moment de se mettre à parler comme lord Kaïn...
Ils passèrent devant ce Ruru qui discutait avec un garde. Décidément, ils avaient pensé à tout.
Azra trouva finalement l'informateur adossé à un pilier, à un angle d'un couloir contenant des cellules, et à nouveau seul. Que faisait-il ? Après avoir attendu un peu pour être sûr que le shaakt n'était pas là, Azra s'approcha et demanda :

« Alors, qu'est devenu votre compagnon ? »

Pour toute réponse, il fit un bref signe de tête en direction d'une cage qu'Azra ne pouvait pas voir d'ici. Il ne prononça pas un mot, mais était visiblement contrarié.
Azra soupira avant de chuchoter :

« Et dire qu'il paraît que je suis un asocial... J'en déduis que vous n'avez rien appris ? Vous l'avez fait enfermé dans une cellule comme ça, hein ? »

Derrière, Rendrak, qui regardait l'homme d'un air curieux, marmonna :

« Un très mauvais pressentiment... »

L'informateur lança un regard au liykor avant de revenir à Azra avant d'expliquer qu'il savait que l'espion à libérer était dans la cage, mais qu'un garde avait surpris le shaakt et qu'il l'avait jeté dans la cellule. Azra ouvrit des yeux ronds, le mauvais pressentiment se confirmait. Les dents serrées, il siffla :

« Très bien, je vais devoir faire le sale boulot moi-même. Allez donc prendre un verre à la taverne, vous détendre... Apparemment, vous me serez tout aussi utile ainsi. »

Et il tourna le dos pour aller voir un garde, un peu plus loin. Arrivé devant le garzok, il demanda à voir le responsable de la section.
Il s'agissait d'un colosse au muscles couturés de cicatrices. Azra expliqua qu'il était en mission pour la milice.

« Je veux que vous suiviez précisément mes instructions, d'accord ? »

L'orque hocha la tête d'un air ennuyé.

« Dites... »

« Je veux que vous m'enfermiez dans la cage où vous avez jeté le shaakt, tout à l'heure. Rendrak, mon compagnon, sera dans une cellule non loin de là. Si nous sommes emmené pour un combat dans l'arène, il devra en faire parti, d'accord ? »

« D'accord. »

Rendrak secoua la tête :

« Tu es juste complètement taré... »

« Tu seras avec moi en cas de grabuge, rappela Azra. Et puis, j'ai aussi quelques instructions. Tu devras bien me surveiller. Si je désigne quelqu'un d'un petit signe de main comme ça, tu dois l'attaquer, si je lève légèrement le main comme ça, tu dois arrêter ce que tu fais. Laisser ta cible tranquille, si tu préfères. Tu me suis ? »

Le liykor hocha la tête et, avant qu'il puisse ajouter que ça allait mal tourner, Azra commença à enlever son équipement. Il lui donna le bâton trois-crâne, le casque et son lourd gantelet briseur.

« Garde-les bien en attendant qu'on se retrouve... »

Puis, il revint vers le garzok :

« Bon, traînez moi dans la cellule comme un prisonnier, n'hésitez pas à me malmener un peu... »

Il avait ajouté le 'un peu' car la carrure du monstre était assez effrayante.
Dès qu'il fut prêt, celui-ci le traîna dans le couloir, suivant les règles à la lettre. Un peu trop à la lettre, comme le redouta le jeune homme. Il fut jeté d'un coup de pied dans la cage.

« Et encore une vermine, une ! » grogna le geôlier.

Azra se retrouva sur la paille, sans avoir besoin de faire de gros efforts pour crier des insultes. Puis, il se recroquevilla dans un coin de la cage sans regarder les autres, adoptant un air qu'il espérait rappeler celui d'un prisonnier dépité.

_________________
Image

Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
Le thème d'Azra
David le nerd


Dernière édition par Azra le Mer 14 Aoû 2013 17:49, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Ven 5 Juil 2013 11:47 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 28 Juin 2012 18:15
Messages: 686
Localisation: ~Quête 35~
~Auparavant~

~11~



Engourdi. C'est là la première chose qui me vient à l'esprit quand ma conscience refait surface. Des sons flous me parviennent, chargés de colère. Cette impression est immédiatement suivie par un renouveau de douleur me vrillant la tête, mais ce n'est pas ce qui me rend le plus fébrile. Tandis que je me redresse sur les coudes, je constate avec une pointe d'effroi que je suis du mauvais côté des barreaux. Immédiatement, mon regard balaie l'endroit, faisant accélérer mon cœur. Mon arme m'a été prise et les visages des présents ne sont pas ceux des ynoriens que j'ai pu brièvement observer.

M'asseyant sur mes talons, j'appose ma main contre ma tempe, y percevant une légère trace encore gonflée et poisseuse. Quelqu'un m'a frappé ? Qui ? Pourquoi Kuon n'est pas intervenu ? Ma tête est douloureuse. Un instant, j'amène mes fluides de lumière dans ma paume, mais m'empêche d'en faire usage au dernier moment.

(Pas de précipitation. Commence par te calmer.)

Lentement, je fais circuler cet air vicié dans mes poumons. Quand je commence à reprendre le dessus, je m'approche de la porte de la cellule et m'y accole. Je demeure silencieux, constatant simplement que je n'ai pas du perdre mes moyens trop longuement. Mon Fang Bian Chan n'est plus là, mais j'ai encore mes effets personnels. Ma cape a du masquer la présence de ma sacoche dont je vérifie rapidement le contenu. Tout y est encore, ce qui me rassure un peu.

Mis à part des grognements et des gémissements, je perçois peu de choses dans les environs. Tendant l'oreille, j'essaie d'appeler discrètement le nom d'emprunt du milicien. Je n'ai pas à attendre longtemps. Comme s'il sortait des ombres, Kuon se place près de la porte. Je devine sa présence mais ne le vois pas. Je n'ai toutefois pas le temps d'ajouter une parole que ses mots sifflent, venant se ficher comme des dards de jets dans mes tympans. Sa voix est basse, mais est aussi perceptible que s'il me hurlait dessus.

"Bravo ! Voilà pourquoi je ne supporte pas les novices en la matière !"

Il garde un instant le silence puis enchaine. La crainte commence à m'envahir, sentiment que mon sang ynorien s'efforce de combattre.

"Je ne peux pas t'aider, ces serrures sont résistantes. Il va falloir attendre une opportunité."

Croisant les bras, je fais au mieux pour obliger mon muscle cardiaque à retrouver un rythme normal. Je suis angoissé. Ce n'est pas simplement dû à ma situation qui pourrait être pire, mais au risque de ne pas pouvoir accomplir ma tâche. Je ne veux pas échouer. Je ne peux pas rencontrer l'échec. La République compte sur moi et sur ces informations que je dois ramener. Il ne s'agit pas seulement de mon insignifiante personne, mais du bien d'une nation entière.

Ces quelques instants de réflexion me permettent de reprendre le dessus.

"De quel type ?"

"Omyre aime les combats et le sang. Je vais faire ce que je peux pour que tu puisses être amené dans l'arène. Avec quelques yus, je devrais pouvoir... Oui..."

Intrigué, je garde pourtant le silence.

"Je vais avoir besoin de temps. Fais au mieux pour rester en vie et essaie de gagner des alliés. Tu pourrais en avoir besoin."

Je n'ai pas le temps d'ajouter une parole que la présence se dissipe. Je réfléchis vite.

(Ils ne doivent pas savoir ce que je suis venu faire ici. Si c'était le cas, ils ne me traiteraient pas comme un détenu lambda... J'ai donc simplement joué de malchance.)

Je pousse un léger souffle contrarié puis me retourne vers mes camarades d'infortune. Dans la pénombre, je crois distinguer quatre autres silhouettes globalement silencieuses. Je sais que Kuon m'a enjoint à trouver des alliés, mais j'hésite. Je ne peux pas tisser de liens avec eux aussi aisément. S'ils comptent sur moi pour les aider et que je n'y parviens pas, je ne pourrai plus me regarder en face. Ma poitrine se serre.

Je dois penser à ma mission en priorité.

(Reste calme et sois patient. Fais honneur à ton sang, Kiyo'. )

Glissant la main dans ma sacoche, j'en extirpe le ruban doré que ma chevelure raccourcie ne me permet plus de porter. L'enroulant autour de mes doigts, je plisse les yeux et prie, évacuant de mon esprit la gêne occasionnée par ma tempe meurtrie.



_________________


Dernière édition par Kiyoheiki le Mer 10 Juil 2013 23:27, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Ven 5 Juil 2013 18:10 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 15 Avr 2012 10:12
Messages: 23771
Localisation: Le monde d'Aliaénon
Au bout d'un moment, le shaakt se réveilla, regardant autour de lui. Un homme s'approcha et Azra parvint tout juste à deviner qu'il s'agissait de l'informateur.
Ils discutaient d'une tentative d'évasion. Un moment le jeune homme en vint à se demander où était l'allégeance de l'espion. Il disparut sans révéler son plan.
Qu'est-ce que cela voulait dire ?
Le shaakt se retira et se mit à prier en tenant un nœuds doré. Cela inspira le garçon qui se mit à prier Phaïtos. Il se mit à genou et pensa :

(Dans un nuage noir, je vois un corbeau,
Alors que les prédateurs montrent leurs crocs,
Perdu au milieu de la folie,
Je vous appel, je crie :
Seigneur Phaïtos, seigneur Phaïtos !
Seigneur des os.
Éclairez mon esprit,
Permettez moi de trouver la voie...)


Comm d'habitude, il s'agissait d'un vague poème improvisé. Et pendant un instant, il lui sembla que son esprit était libéré. Il devint évident que l'espion cherchait à déclencher une évasion pour voir qui son compagnon d'Oranan essaierait d'emporter. Ce devait être ça, sinon, il aurait dénoncé Azra.
Le jeune homme se releva et s'étira, puis retourna s'asseoir dans son coin, les bras entourant les genoux. Il allait falloir trouver un moyen d'entrer en contacte avec le shaakt aux cheveux noirs.
Quelque peu énervé et anxieux, il tapa du pied contre les barreaux, provoquant un fort bruit. Aussitôt, le monstrueux geôlier s'approcha. Jouant à la perfection son rôle, il ne montra aucunement qu'il connaissait le jeune nécromancien.

« Qu'est-ce qui te prend, morveux ? »

« Allez vous faire foutre ! Quand est-ce que vous nous envoyez au casse-pipe dans l'arène ? »

« Bientôt... » répondit-il en haussant les épaules.

Et il s'en alla. Azra secoua la tête et se referma sur lui même. Il avait peut-être attiré l'attention sur lui. Il l'espérait car il n'avait pas très envie de faire le premier pas vers l'espion, ce qui serait suspect...

_________________
Image

Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
Le thème d'Azra
David le nerd


Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Mer 10 Juil 2013 23:26 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 28 Juin 2012 18:15
Messages: 686
Localisation: ~Quête 35~
~Auparavant~

~12~



Mes pensées toutes tournées vers Moura, Gaïa, Rana et Zewen, j'en suis brutalement extirpé par un bruit violent. Braquant immédiatement mon regard vers la source du dérangement, je découvre que c'est un jeune humain qui vient apparemment de manifester ses émotions à l'aide d'un coup de pied dans les barreaux. Je plisse les yeux, les glissant dans la direction du garde quand ce dernier s'adresse au jeune humain. Visiblement, le prisonnier a l'air pressé d'en finir. Silencieux, je m'interroge sur sa conduite, l'observant un peu. Il m'a l'air jeune et plus fragile physiquement que les ynoriens du même âge. Il n'appartient pas à notre peuple d'ailleurs, et n'en a pas la conduite. J'ai un peu de mal à me faire une idée précise de ce à quoi il ressemble. Dommage que je n'ai pas hérité du don de vision de Père.

J'en détourne les yeux, écoutant le garde assurer que nous allions bientôt être envoyés dans l'arène. Kuon doit donc être en train de graisser quelques pattes pour accélérer le processus. Je me sens étrange à l'idée de me battre ici. Je n'aime pas combattre sans raison mais s'il me faut protéger ma vie, je le ferai.

(Hum... La tension dans cette cellule me rend un peu nerveux.)

Un mouvement attire mon attention sur les autres silhouettes. Deux appartiennent à des garzoks, mais leurs traits me semblent plus fins que ceux des soldats morts en forêt. Il me faut bien quelques instants pour comprendre que j'ai là un duo de femmes garzokes. L'une d'elle, à la chevelure retenue en une unique tresse dans le dos, s'approche d'ailleurs de l'humain. Cette géante qui doit bien me dépasser de trois têtes s'adresse à lui. Elle mâche tellement ses mots que je ne comprends pas tout. La seule chose évidente est qu'elle est énervée, et a visiblement envie de passer ses nerfs sur le jeune homme. D'ailleurs, l'autre orque et la petite silhouette restante semblent l'y encourager.

Quand il semble évident qu'elle veut lui asséner un coup de pied, mon coeur de croyant en Gaïa cogne lourdement. Je ne peux pas laisser faire ça. Rangeant prestement mon ruban dans ma sacoche, je m'avance, tends la main pour la gêner sans la toucher et lève la tête dans sa direction. Au dernier moment, je me rappelle être "Taorak" et donne un ton froid à mes paroles.

"Qu'est-ce que tu crois faire ?"

La femelle me jette un regard mauvais puis un lot de mots à la figure. J'y comprends juste qu'elle veut passer ses nerfs sur quelque chose, et que le geste du prisonnier lui a donné mal au crâne. Non loin, j'entends les autres siffler et me conseiller de ne pas m'en mêler. Je les ignore, adoptant l'attitude de Père quand quelque chose le contrariait. Croisant les bras, les yeux plissés, j'affiche un air sévère puis lance un regard acéré dans la direction des voix.

Braquant de nouveau mes yeux violets vers la garzoke, je réponds.

"Eh bien vas-y, défoule-toi, frappe-le jusqu'à épuisement. Reste à savoir si tu seras assez remise quand nous serons envoyés au combat."

La géante grommelle puis, sans le moindre indice qui laisse deviner ses intentions, elle me colle fortement son poing dans la pommette gauche. La douleur est là, mais comparé à ce que j'ai déjà ressenti, le coup ne me surprend qu'à peine. Je tressaille mais ne bouge pas, campant sur mes appuis. Je me surprends même à repousser progressivement sa main en tournant la tête. Son regard est lourd sur ma personne, et ses yeux d'une teinte indéfinissable se rivent aux miens. Pourtant, elle finit par émettre un grognement et s'éloigner.

Je jette alors un regard à l'humain, finissant par me demander pourquoi je suis intervenu. Je doute que ce jeune homme puisse constituer un réel allié, mais je suis bien placé pour savoir que les apparences sont trompeuses.

"Le clou qui dépasse se fait taper dessus... Pressé d'en découdre ou juste résigné ?"

Je ne sais pas combien de temps Kuon va mettre. Même avec l'aide potentielle de Ruru, je vais sans doute devoir patienter un peu. Autant essayer de juger du potentiel de ces probables alliés. J'ai l'impression de m'être mis la garzoke à dos, et pourtant elle n'a même pas l'air de se préoccuper de moi.

Je me focalise sur l'humain, chassant de mon esprit cette tension que je ressens. Lentement, je passe le revers de ma main contre mon visage, massant la zone meurtrie.



_________________


Dernière édition par Kiyoheiki le Ven 12 Juil 2013 10:11, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Jeu 11 Juil 2013 14:11 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 15 Avr 2012 10:12
Messages: 23771
Localisation: Le monde d'Aliaénon
Mais voilà qu'une énorme garzok s'approche ! Une prisonnière qui semble menaçante. Azra serra les lèvres, il voulait attire l'attention, c'était réussi !
Il n'avait pas le choix : il allait devoir faire appel à ses pouvoirs...

Mais voilà que le shaakt s'interposa ! Une aide providentiel et inespéré ! Le jeune homme contint un sourire tandis que l'espion s'efforçait de calmer la garzok qui avait envie de passer ses nerfs sur quelqu'un.
Comme il fallait s'y attendre, cela énerve encore plus la créature qui tente de frapper. Le shaakt semble peu s'en soucier, encaisse le coup sans broncher et regarde son ennemi droit dans les yeux. La garzok recule, sans doute plus impressionnée qu'elle n'ose l'admettre.
Azra aussi est impressionné. Malgré sa petite taille et son apparence un peu frêle, cet homme est de toute évidence plus coriace qu'il n'y paraît...

(Tu pensais qu'Oranan recrutait ses espions dans les pétales de roses ?) gloussa Arek.

(Oh, ça va...)

Finalement, le shaakt se tourna vers Azra :

« Le clou qui dépasse se fait taper dessus... Pressé d'en découdre ou juste résigné ? »

Azra se leva d'un air décontracté :

« Disons plutôt résigné, si tu tiens à savoir. Mais ils nous donneront des armes avant d'y aller, je suppose. Au fait, je n'avais pas besoin de toi. J'aurais mis une rossé à cette brute... »

Il s’aperçut qu'il était un peu sec et s'adoucit :

« Mais merci quand même. Je suis Azra, de Kendra Kâr. Et toi ? »

_________________
Image

Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
Le thème d'Azra
David le nerd


Haut
 

 Sujet du message: Re: L'arène des milles lances
MessagePosté: Ven 12 Juil 2013 10:10 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 28 Juin 2012 18:15
Messages: 686
Localisation: ~Quête 35~
~Auparavant~

~13~



Lentement, et avec plus d'aplomb que je ne le pensais, l'humain se relève. Il me dépasse de deux bonnes têtes, mais j'ai à présent un doute sur son âge. Bien qu'il ait l'air jeune, il me rappelle cet adolescent mort de mes mains. Leurs regards chargés d'expériences sont semblables. Une fois debout, l'être à la chevelure mi-longue répond à ma question. Il se dit résigné à son sort, mais surtout il me tutoie d'emblée. J'en plisse les yeux, un peu agacé. J'ai l'habitude que l'on marque un certain respect envers moi, mais je fais au mieux pour ne pas l'afficher. Après tout, ici, je ne suis que l'assistant Taorak.

Le jeune homme poursuit, affirmant qu'on nous donnerait des armes avant d'entrer en scène puis rajoutant qu'il le supposait. Avec un peu de chance, il me sera possible de remettre la main sur mon Fang Bian Chan. J'ai beau être quelqu'un de tolérant, songer qu'un inconnu se sert peut-être de mon arme pour faire couler le sang me dérange. Je croise de nouveau les bras, masquant une esquisse de sourire quand mon interlocuteur m'affirme qu'il n'aurait pas eu besoin de moi et qu'il aurait pu rosser la garzoke seule.

( J'ai l'impression de revoir l'apprenti Yamanori. Toujours à jurer ne pas avoir besoin d'aide. C'est peut-être un trait caractéristique des jeunes gens ou des humains. Allons Kiyo', pas de ceci. Tu es aussi jeune à ta façon. )

Finalement, l'humain se présente sous le nom d'Azra, de Kendra Kâr, avant de me demander mon propre nom. J'essaie de masquer ma curiosité sous un visage impassible tandis que je me demande ce qu'un être de l'Est est venu faire si loin au Nord. Il me semblait pourtant que les kendrans avaient aussi leurs griefs contre Omyre. Cette personne pique ma curiosité, mais je m'abstiens de l'interroger. Par contre, je m'efforce de constituer une réponse cohérente.

Je n'aime pas énoncer de faux faits, mais puisque je suis "Taorak", ce n'est pas vraiment un mensonge.

"Azra, hum ? Tu peux m'appeler Taorak. "

Je jette un bref regard vers les barreaux quand je crois percevoir le tintement du métal. Je n'arrive pas à savoir s'il s'agit d'une arme ou d'un trousseau de clefs. Levant le nez vers le grand jeune homme, je poursuis, adoptant l'attitude de Père.

"Et ne t'attends pas à davantage. Les origines des semi-elfes ne concernent qu'eux."

Ma propre tirade m'amène à trouver cet Azra plutôt ouvert d'esprit. Non seulement il me parle, mais il se présente aussi. Pourtant, mes presque cinquante années de vie m'ont appris que ni les elfes ni les humains ne portaient les gens comme moi dans leur cœur. À moins qu'il ne se soit pas encore rendu compte que je ne suis pas un shaakt à part entière ? Mon esprit s'égare un instant tandis que je songe à Mère, à Père et oncle Masaya. Que serais-je devenu sans leur affection et leur soutien ?

Je chasse vivement ces pensées de mon esprit. Ce n'est ni le lieu ni le moment. J'avise l'ensemble de la cellule, sentant des regards dans notre direction. Détournant mes yeux d'Azra, je perçois comme un léger regain de nervosité dans la pièce.

"Tu devrais d'ailleurs te montrer plus prudent concernant les tiennes, surtout ici. "

Un grognement féminin semble confirmer ce que je dis, tout comme un petit rire mesquin. Tournant le dos aux barreaux, je m'y adosse d'une omoplate, embrassant la pénombre semblant s'éclaircir de la pièce. Croisant les bras sous ma cape, je demeure aussi neutre que possible. J'ai besoin de savoir à qui j'ai l'honneur si jamais je dois les avoir comme alliés ou au contraire.

"Pour quelles raisons êtes-vous là ?"

Depuis les ombres, c'est d'abord un léger silence qui plane. Je perçois des grondements, puis la voix difficile à comprendre de la garzoke à tresse. Elle tente à sa façon de m'expliquer que sa sœur et elle n'ont pas passé à tabac la personne qu'elles devaient. Leur présence ici, le risque de trépas à la clé, semble être leur punition. Mes yeux se plissent un peu. La logique de ce royaume me dépasse, et l'attitude totalement compréhensive de ces femmes au sujet de la situation m'intrigue encore davantage.

Le rire masculin que je perçois vient d'une étrange petite personne. Enfin, une silhouette que je dépasse d'une dizaine de centimètres. Il ne ressemble pas aux hobbits, trop svelte pour cela, mais n'a rien d'un enfant. Sa chevelure est très courte, et un sourire étrange peint ses traits. De but en blanc, il affirme s'amuser qu'on le regarde autant, lui, un kender. Ayant des connaissances plus que limitées à leur sujet, je demeure silencieux. Le petit être lève les mains, affirmant qu'il avait juste dérobé un ou deux coffrets de jolies pierres à quelqu'un, tranchant la gorge des endormis du taudis au passage. Il prend place au sol, s'amusant avec un lacet de ses chausses.

J'ai malgré moi un frisson quand je comprends que l'objet avec lequel il joue dans la doublure de sa bottine est un stylet, arme ressemblant à une belle dague dans ses doigts. Je fais au mieux pour ne pas paraitre impressionné. S'il est une chose que j'ai compris en arrivant, c'est que faire preuve de faiblesse dans cette cité est comme montrer à tous le défaut de sa cuirasse, et inciter à y frapper sans tarder.

J'esquisse brièvement un sourire.

"J'ai tenté de faire évader quelqu'un, mais vous l'avez peut-être remarqué."

Le kender pouffe, se moquant de ma tentative et de la façon dont j'ai fini dans cette cellule. Il trouve d'ailleurs dommage de ne pas avoir eu le temps de me faire les poches avant mon réveil. Au moins, je sais à quoi m'en tenir avec celui-là. Mieux vaut éviter de lui tourner le dos, pas sans un allié pour me couvrir en tous cas.

Je tourne alors mon attention vers Azra, l'interrogeant du regard, et percevant une nouvelle fois des cliquetis de métal.



_________________


Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 20 Juil 2013 11:46, édité 1 fois.

Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 53 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016