Retour vers Omyre : quatrième jour Les derniers kilomètres jusqu’aux portes d’Omyre s’étaient déroulés sans encombre. La cité se dressait, toujours aussi noire, toujours aussi inquiétante, mais surtout toujours aussi repoussante pour Therion, qui l’exécrait en bloc, de son aspect à son odeur, en passant par la masse grouillante qui la peuplait et la faisait vivre. Alors que son regard se portait sur les tours ténébreuses, il songeait aux forêts vertes et profondes, dangereuses pour qui n’est pas au fait de leurs secrets, aux marécages traitres et à leurs gibiers d’eau, à la vie sans un collier qui garantissait une servitude humiliante. La nuit n’était pas encore tombée, il restait une bonne partie de la journée à occuper avant le retour aux quartiers souterrains de la Compagnie du Serpent Noir. Le chef Vrugor avait accordé une permission à ses hommes jusqu’à la tombée de la nuit pour profiter un peu de tout ce qui leur avait manqué durant la courte campagne qu’ils venaient de mener : alcool, femmes, jeu et bien d’autres divertissements ; le Chef et Dreamar devaient faire leur rapport avant de pouvoir donner une série d’ordres supplémentaires, et il devenait nécessaire de statuer sur la question de Therion et de la Lame Sombre, dont il était encore détenteur. Pour l’heure, comme ses compagnons, il disposait de temps libre, qu’il ne savait pas vraiment comment tuer. Son estomac lui laçait quelques appels timides, encore rassasié de la viande de bouquetin, mais désireux de ne pas laisser traîner le prochain repas de viande fraîche. Tout s’achetait à Omyre, pour peu que l’on ait de l’argent. Or, les pièces sonnantes et trébuchantes à l’aide desquelles humains, Garzoks, Sektegs et autres races en présence accédaient à la satisfaction de leurs menus plaisirs manquaient au Liykor noir, qui ne souhaitait pas dépenser l’intégralité de sa maigre solde – d’autant plus qu’il ignorait quand lui serait versé la prochaine – en vivres. A fréquenter les autres espèces, et à partager leurs conversations, il lui était apparu qu’il en allait de l’argent comme des pièces de viande en hiver : mieux valait en conserver quelques-unes par devers soi, en cas de jours plus difficiles, que de tout consommer pour se retrouver en proie de la famine plus tard, quand le blizzard empêchait la chasse des jours durant.
Therion avait songé à se débarrasser des armes qu’il avait emportées lors du pillage des cadavres des rebelles de Dahràm, mais un de ses compagnons Liykors – celui-là même qui affichait des signes évidents de soumission – lui avait suggéré de les conserver pour les échanger auprès d’un des armuriers d’Omyre contre des espèces. La logique avait paru bien étrange au Liykor sur le coup, mais il avait conservé à l’esprit ce conseil, et transporté son butin, agacé parfois par son encombrement ; la stalactite lui avait servi de bâton de marche, mais le coutelas lui battait la cuisse, ne le coupant pas uniquement parce qu’il avait enveloppé la lame dans un vieux chiffon. Ces armes convenaient très bien à un humain, mais trop petites pour ses mains, il tenait à les vendre au plus vite. Et l’identité de l’acheteur s’imposa d’elle-même, il n’en connaissait d’ailleurs qu’un, ou plutôt qu’une.
Galdrünk n’avait pas changé, mais il faut dire que la dernière fois que Therion l’avait vue ne datait que d’une poignée de semaines. Vêtue de son tablier de cuir, elle aiguisait une série de lames qui reposaient sur un établi proche, probablement forgées un peu plus tôt dans la semaine, projetant des gerbes d’étincelles autour d’elle dans un crissement de métal contre la pierre qui fit montrer les crocs au Liykor. Pour faire cesser ce bruit insupportable, il frappa le battant de la porte, ouverte dans une tentative pour apporter un peu d’air dans l’atmosphère étouffante du lieu, du bout de la stalactite. Le choc tira la Garzok de son activité, elle pivota sur son tabouret pour identifier l’arrivant, et laissa échapper un petit cri de surprise.
« C’est bien toi ? »
« C’est moi. » « Alors, l’armée ? Pas encore mort ? Mieux que la forge ? »
« Je mange mieux. Je ne suis pas encore mort, je me bats bien. » « T’es pas v’nu ici pour discuter j’suppose. Qu’est-c’que tu veux ? »
« J’ai des choses à vendre. » « Fais voir. »
En se baissant pour franchir la porte un peu trop basse pour lui, il pénétra dans la forge, retrouvant des odeurs qui lui étaient familières. Personne ne l’avait remplacé dans le réduit à charbon, il ne percevait aucune autre odeur de Liykor en ce lieu, mais son museau restait plein des senteurs du charbon, du métal chaud, du cuir brûlé et de sueur. Galdrünk fit un peu de place sur une large table de bois où elle exposait habituellement ses productions ; Therion étala sur l’espace dégagé ses prises de guerre. La stalactite, de son avis, pouvait constituer une arme bien plus avantageuse qu’un gourdin, aussi l’ajouta-t-il aux côtés du coutelas, des deux couteaux de marin, ainsi que la javeline qu’il comptait remplacer, n’appréciant que trop peu son maniement.
« Eh ben… Faut croire que ce qu’on nous extorque pour payer les troupes ne sert pas à rien ! T’as bien dû étriper deux trois gars pour leur prendre ces armes ! »
« J’ai combattu, comme les autres. Mais j’ai autre chose. »Tirant de son sac les agglomérats de métal sombre qu’il avait pris dans la grotte où il avait gagné la Lame, il les déposa au côté des armes, sous le regard surpris de la Garzok.
« Par les Dieux Sombres ! Voilà des années que je n’en ai pas vu ! C’est bien c’que j’crois ? »
« Je ne sais pas. Je ne connais pas. J’ai trouvé ça… Là où je suis allé. Je n’ai pas le droit de dire où… »« Je vois. C’est de l’Olath, le métal de l’obscurité… Paraît qu’il est magique. Une arme forgée dans un tel métal, même allié à un autre, est, paraît-il, exceptionnelle ! Mon mari en avait forgé une, une fois… Je me souviens… Quelle belle pièce… Qu’est-ce que tu veux en faire ? »
« Je veux une hache. Et un casque qui reproduise une tête de loup. Avec ces crocs. »Il déversa le contenu de sa bourse sur la table.
« Est-ce possible ? »(((Hrp : Vente de Javeline basique -1 main- (For +2) ; 2 couteaux dentelés de marin (For +6) ; Long stalactite (For +6) ; Coutelas (For +6).
Demande de forge d'un casque en Olath orné de dents de loup (End+6, toutes esquives +3) (cf ici pour le comment du pourquoi de ces dents), et d'une hache en Olath (1 main, for+6, MAA+6), respectivement E=3 et E=2. Si cela s'avère impossible, serait-ce possible de m'envoyer un MP pour en discuter, merci. /Hrp)))Un passage chez Galdrünk (suite)