Bien que les esprits fussent partagés sur le sort réservé à l’homme-tigre, certains voulant ostensiblement le laisser crever dans sa mouise, et d’autres voulant lui venir en aide, de manière plus ou moins efficace, tout le monde arriva finalement en bas de la crevasse qui les avait dès lors amené dans les profondeurs de la mine. Le mystère restait entier, sur ce qui se passait ici. Alors que quelques-uns s’affairaient autour du blessé, Trà Thù, lui aussi meurtri par une roche, s’approcha de moi… Discret, il affirma comprendre ma volonté de ne pas dévoiler ma magie à tous. Il m’importait peu qu’il comprenne la portée de mon geste, le principal était qu’il respectait cela. J’opinai gravement du chef.

« En effet, elle restera secrète pour l’instant… »

Ma voix n’avait pas été plus haute qu’un murmure, et nul n’aurait pu la percevoir, de par notre léger isolement du groupe. L’homme à la cape me demanda alors par où aller. Il était vrai que j’avais une carte sur moi. Je la sortis de la poche où elle était roulée, et la dépliai devant moi, l’inspectant.

Mais j’y avais à peine jeté un coup d’œil que la tension montait d’un cran, dans le groupe. Milyah, la guerrière, se montrait colérique, et paranoïaque, s’adressant aux ombres ténébreuses sans raison en brisant le ténébreux silence environnant. Je levai les yeux au ciel. Les esprits les plus faibles étaient déjà atteints. Et alors que je reposai les yeux sur la carte, un discours moralisateur de Serpent me les fit dresser à nouveau. Je ne pus m’empêcher un commentaire tranchant…

« Quelle prétention que de prétendre connaître l’unique manière d’agir valable, jeune homme. Un tel discours idéaliste aurait du crédit si chacun avait la même ambition. Hors ça n’est pas le cas, tel que nous l’a exprimé un peu plus tôt le sieur Tigré. Prenez mes paroles comme un conseil amical… Il serait dommage de se voir brisé en même temps que ses idéaux, à cause d’une trop grande confiance. »

Face à un trésor, maints aventuriers seraient prêts à planter une lame dans le dos d’un allier pour pouvoir davantage en ramener. Les esprits de ce monde étaient fourbes, et toute alliance se devait de tenir sur un précaire équilibre mêlant les intérêts personnels de chacun. L’honneur qu’il évoquait par ses paroles n’était qu’un seul de ces intérêts possibles. Je repris mon étude de carte… Mais à nouveau, un commentaire dévia mon attention. Depheline venait de lâcher une remarque piquante et accusatrice, séparant volontairement le groupe en deux, prouvant ainsi avec aisance la futilité et l’idéalisme des paroles de Serpent. D’une voix acerbe, je lui répondis :

« Et vous, dans quel groupe vous situez-vous, vous qui critiquez sans avoir agi ? Ceux sur qui on peut compter, ou les autres ? »

Et ce qui suivit sépara en effet le groupe en deux parties… Un fou surgit de nulle part, le visage sale et terreux, les gestes saccadés et nerveux. Son ricanement était malsain, et son regard aliéné. Il était atteint du mal de la mine, tel que l’avait annoncé si justement Depheline. Les paroles du fou retentirent, menaçantes, dans le silence environnant. Ce fut là que chacun partit dans une solution non-concertée et impulsive : Ziresh se précipita à sa poursuite, sans même prendre garde à l’endroit où il se rendait. Un piège était si aisément dissimulable, dans cette obscurité… Surtout par des mangeurs de cerveaux et de raison. Aztaï resta en arrière, encore troublé de sa chute, et Serpent suivit à distance raisonnable le lupin. Depheline les poursuivit sans hésiter, lumière à la main… Je m’écriai :

« Attendez, inconscients ! »

Je m’approchai d’Aztaï, et parlai à ceux qui avaient eu la raison de rester groupés.

« Nous séparer de la sorte est du suicide. Surtout sans regarder où nous mettons les pieds. Ainsi, si nous nous engouffrons dans ce tunnel, nous aurons bien vite à faire un choix entre deux voies closes. Seule celle de gauche semble offrir un passage vers un cours d’eau. L’autre est un vrai cul-de-sac. Avançons avec prudence. L’homme que nous poursuivons sera de toute façon bloqué… »

Et j’avançai avec précaution vers le boyau , guettant les ombres des murs…

Hoshi avait vu juste, il y avait bien quelqu'un devant nous. Un homme dont l'esprit était rongé par la folie, un homme qui dans sont état, ne nous servait à rien et ne pouvait, j'en étais persuadée, rien nous apporter de bon ou d'utile. Je laissai alors l'homme-chien s'occuper du déchet humain en fuite et je décidai de m'occuper de mes propres compagnons. Comme je l'avais si bien fait comprendre à l'aldryde, ce n'était pas le moment de me chercher des noises et quelques uns allaient le sentir passer.

"Hey la rouquine! Est-ce qu'on peut vraiment compter sur une cruche qui se coince les doigts dans une corde comme une idiote ?"

Mais la rouquine n'était pas la seule à me foutre en rogne. non, il y avait aussi son insupportable copain masqué.

"Et puis toi là, se cacher derrière un masque immonde et de belles paroles, c'est facile, mais j'espère que tu sais faire autre chose que d'ouvrir ta grande bouche! Parce que sinon, tu peux tout aussi bien retourner mendier dans les rues de Kendra Kâr avec ton flutiau et ta catin!"

(Oulah, t'as été dure là!)

(Tant pis, faut arrêter l'hypocrisie au bout d'un moment et cet homme j'ai l'impression qu'il en est le roi)

(Sans doute)

Je me rapprochais alors de Selen, la seule personne qui en ces lieux avait un tant soi peu de jugeote et d'intérêt à mes yeux. Je l'écoutais, attentivement et sa voix calma un peu la colère qui m'habitait. Sans hésiter, je le suivis.

Je suis rassuré de voir que Aztai rouvre ses yeux. Cela signifie simplement que la chute n'a fais que le sonner un coup, en parlant de cela justement les miens n'ont donc un peu servi à rien sur lui. Bon, peu importe, l'important est qu'il soit en état de nous suivre. J'attends que le woran se relève quand je sens une main se poser sur mon épaule. Je tourne alors la tête légèrement puis à entendre la voix qui suis je devine que c'est Depheline. Elle me dis que c'était bien tenté mon initiative par la 'force', mais que j'aurai pu empirer son cas si il avait quelque chose de plus grave. Je sais, je ne réfléchis pas toujours à mes actes, mais là j'ai eu de la chance il ne s'est rien passé de mauvais.

-"Oui certes, je ne pense pas toujours si ce que je fais va être bien ou pas … Comme là, si je vous dis que c'est votre beauté qui m'est fatal et que j'aimerai bien vous connaître plus ?"-

Oui, il ne faudrait pas qu'on pense que je me suis assagis depuis l'autre nuit dans la maison … Bref, je me relève, et écoute ce que dis Serpent à ce moment là. Il a raison sous un certain point de vue, si on veut survivre ici il vaudrait mieux en effet de rester un seul groupe entier et correctement coordonné si on veut que les choses se déroulent au meilleurs. Mais on a certaines personnes ici qui ne doivent pas penser comme cela, j'entends par là évidemment l'autre sorcière rousse et l'homme aussi pale et froid qu'un mort-vivant. Ces deux-là sont tout simplement les personnes dont je me méfie le plus, je n'aime pas ce qu'ils dégagent ni leur façon d'agir et encore moins de parler.

C'est dans cette pensée que je me fais interrompre par une autre personne du groupe, une guerrière que j'avais entrevu l'autre nuit. Elle crie soudainement à quelqu'un, ce qui me fais un peu sursauter sur le coup. Je me retourne vers elle et vois que en fait elle 'parle' à un type qui ne semble pas vraiment être de bonne figure. J'entends des rires nerveux provenant de ce dernier, jusqu'à ce qu'il se mis à parler mais là on voit tout de suite que ce type a une case en moins dans sa tête … Mais malgré tout je garde mon sang-froid et m'interroge pour savoir de quelle nature est cette personne. Parmi les choses qu'il déblatère, il parle d'un "maitre", ceci peut signifier donc que il y a quelqu'un dans ces mines qui serai au-dessus de tous ? Ou bien ce n'est que son esprit qui lui joue un tour ? Je n'en sais rien.

Le fou commence donc à prendre la fuite mais voilà que l'homme-loup se met à sa poursuite. Il ne fat pas laisser passer une occasion pareille pour essayer d'y voir plus clair dans toute cette affaire, et ce malade mental doit savoir plein de choses. Depheline se lance elle aussi pour suivre Ziresh, ce n'est pas du tout une bonne idée qu'on se sépare ainsi. Il faut que tout les membres du groupe restent ensembles sinon nos chances de survie sont considérablement diminués.

C'est alors que le dénommé Selen s'adresse à tout ceux qui sont encore sur place et qui n'ont pas décampé de leur position. Ce qu'il dit est vrai je dois l'admettre, mais parce que c'est lui qui l'a dis je le mets entre parenthèse. La guerrière decide alors de le suivre, puisqu'il a l'air de connaître son affaire je juge que la meilleure chose pour moi maintenant est d'en faire de même, je suis donc Selen derrière lui.

Comme si ce n’était pas suffisant, plusieurs autres personnes perdirent l’équilibre et tombèrent au fond du trou… Tout ceci était atterrant ! Amarante les regardait pitoyablement s’effondrer comme des châteaux de cartes soufflés par une simple brise. Quand même ! Ne pouvaient-ils pas faire un effort pour se dépêcher ? La Belle n’avait pas que ça à faire que de les attendre ! Le temps s’écoulait et sa renommée ne pourrait se faire si elle devait perdre des heures et des heures à croupir dans ce lieu sombre et crépusculaire. Au moins, la plantureuse et délicate jeune fille ne tannerait pas sa peau si blanche, si éclatante, si désirable. C’était le bon côté de cette fichue mission un peu trop simplette à son goût. Si avancer dans la pénombre à la recherche de pathétiques bestioles était une aventure, alors Amarante était en train de perdre son temps. Ecarlate, elle se déchaîna une fois de plus, usant de son ton autoritaire et menaçant.
«Je m’étonne de vous voir sur le sol chat ! En général, ces boules de poils retombent sur leurs pattes. Peut-être que dans votre jeunesse vos parents ont abandonné le monstre qui est en vous et qu’on ne vous a donc pas appris ce genre d’acrobaties. Quoiqu’il en soit, je me refuse à perdre du temps pour des broutilles.»

Amarante continua sa route, délaissant cette erreur de la nature, écœurée de participer à ce périple en sa compagnie. Dans tous les cas, où qu’elle aille, elle devait affronter soit des personnes emplies de bonté chose qui la repoussait autant qu’un mendiant, soit des races diaboliques dont elle n’avait qu’une envie : réduire à néant pour imposer sa toute puissance. Mais, le pire dans tout ça était l’atmosphère oppressante qui étreignait sans vergogne l’élégante jeune femme aux seins remontés. Sa respiration se faisait plus difficile, la poussière venait se mêler odieusement à l’air environnant, souillé par une saleté répugnante. Sur les murs, quelques torches éteintes venaient décorer la paroi friable. L’ambiance n’était pas folichonne au grand désespoir d’Amarante qui commençait à s’ennuyer comme jamais encore.

Mais bientôt une créature infernale, un humain un peu simplet sans doute fit face au groupe. Amarante ne put s’empêcher de rire en regardant cet idiot du village en train de menacer la terrifiante divinité d’une torche éteinte qui n’avait aucun intérêt. La Beauté commença à pouffer de rire, que faisait cette chose en ce lieu ? C’était sans doute un de nos adversaires, une de ces créatures malfaisantes qui causaient des torts aux mineurs. Certains cherchèrent à l’amadouer, d’autres lui posèrent des questions idiotes étant donné qu’il n’avait pas l’air de posséder l’intelligence requise pour formuler une quelconque réponse. Ainsi, la Belle ne put s’empêcher de cracher tout son venin, toute sa méchanceté libérée contre cette entité macabre qui implorait un maître invisible. Oui ! il aurait pu nous donner des indices, mais bientôt des couards se mirent à stopper ceux qui auraient voulu le rattraper.
«Ce que je propose c’est que nous le rattrapions et que nous le torturions. Regardez-le, il semble souffrir autant nous amuser avec lui avant d’en finir une bonne fois pour toute avec cette chose.»

Rapidement, ils commencèrent à le poursuivre sans doute pour en tirer quelque chose, bien que cela soit certainement vain. Amarante préféra bien entendu suivre Selen, prête à déchaîner sa terrifiante magie destructrice contre n’importe quelle abomination sans nom. La sulfureuse déesse entendit éclater une dispute, chose tout à fait intéressante. Au moins, elle savait déjà qu’il lui serait aisé de créer encore et toujours plus de tensions au sein de ce groupe sans aucun intérêt. Dès qu’elle en aurait l’occasion, Amarante se débrouillerait pour semer la zizanie et scinder définitivement cette équipe en plusieurs groupes.

Il y avait enfin un peu d’action ! Dès qu’elle en aurait l’occasion, Amarante tuerait ce fou et l’enverrait côtoyer les précédents cadavres. Après tout, pourquoi s’encombrer d’un dégénéré ? Déjà que ce n’était pas ce qu’il manquait dans le groupe, si en plus ils devaient s’en coltiner un de plus, la jeune fille s’énerverait comme elle savait si bien le faire.

Selen acquiesça, signifiant qu'il préférait garder secret ses pouvoirs. Trà ne savait pas pourquoi, et ça ne l'intéressait pas, ce qui était important, c'était malgré son statut de mage, il ne se comportait pas comme les autres, le rendant ainsi supportable, utile et presque sympathique. Si bien qu'il était le meilleur allié pour le moment.

Le voleur balaya les autres mercenaires du regard, le gros chat commençait à reprendre ses esprits. Ce qui fut accompagné de compliment ou de réprimandes respectivement envers ceux qui avaient aidé et ceux qui étaient restés hors du problème. Le discours moralisateur de Serpent l'intéressa fortement. Il affirmait que permmettre la survie d'un groupe était bien plus dur et plus glorieux que d'être capable d'assurer la sienne. Il ajouta même que c'est grâce à cela que les races avancées. Le demi-elfe ne put s'empêcher de rire intérieurement. Selen répondit avec prestance, si bien qu'il eut envie de rajouter sa propre couche, ce qui lui changerait un peu les idées.

« Tu parles de survie d'espèces par la protection d'un groupe comme la façon de faire pour évoluer, pourtant c'est ainsi que font les animaux. C'est au contraire dans les races les plus évolués que le chacun pour soi est le plus répandu. De plus, en ce qui concerne la gloire, peut-être y vois-tu une quelconque intérêt. Quant à moi, je la trouve inutile et bien moi précieuse que ma vie. Alors, pourquoi devrais-je me mettre plus en danger, juste pour elle ? »

Toutefois, il eut encore plus de peine à contenir son rire, quand la compagne du comique le rejoignis dans son délire. Elle critiqua les façons de réveiller de Warren d'un ton condescendant, et se permit même de découper le groupe en fonction de sur qui on pouvait compter, alors qu'elle-même n'avait rien fait pour aider, à part donner des ordres inutiles. Cette fois-ci, le bâtard ne parla pas, il aurait sûrement était plus méchant que nécessaire. De plus Selen avait bien résumé les choses, alors mieux fallait qu'il ne déclenche pas d'encore plus grandes tensions avec ses réflexions. Quitte à devoir les combattre, mieux valait attendre que le danger soit vaincu et profiter qu'ils soient fatigué pour améliorer son salaire. Une bonne idée qu'il décida d'approfondir plus tard.

Il allait redemander le chemin à son supposé allié, quand les paroles remplies de folie de Milyah se révélèrent exact. Elle avait commencé à parler seule, ce qui poussa le voleur à la croire folle, ce qui n'était pas totalement un défaut selon lui, puis avait placé quelques réflexions au masqué entre ses délires, froidement, la rendant presque charmante. Toutefois, il s'avéra que son interlocuteur existait bien, ce qui la rendait bien sûr un peu moins plaisante. En tout cas bien plus que le nouveau venu, il ricanait, tout en mouvant son corps recouvert de crasse de façon peut ordinaire. Quand l'homme-loup s'approcha, il se lâcha des morceaux de phrases sans réel sens, si ce n'est la confirmation d'une créature pensante et puissante qu'il nommait Maître. Après qu'il eut finis, agitant sa torche pour les repousser, il partit en courant.

Plusieurs partirent à sa suite sans réfléchir, ainsi Ziresh, Serpent et Delphine courrait après l'homme, la femme utilisant sa magie pour illuminer le chemin et invitant les restants à les accompagner. Toutefois, Selen, encore une fois eut la bonne idée, de retenir les autres, leur expliquant la disposition des lieux et donc qu'il ne servait à rien de se presser. Tous les restants le suivirent, s'enfonçant plus lentement que leurs prédécesseurs dans les boyaux sombres de la mine. Trà était content d'avoir une personne avec son sens pratique comme allié, peut-être ainsi en sauverait-il plus par la réflexion que par l'usage de sa magie ? Le voleur le laissa le guider, préférant penser à ce qu'il allait faire une fois rattraper la chose. Le loup voulait l'aider, la rousse le tuer, mais lui voulait juste l'ouvrir pour vérifier sa thèse. Il devrait chercher partout pour ne pas manquer le possible parasite, peut-être l'interroger avant porterait ses fruits. De toute façon, il fallait voir comment se présentait les choses une fois qu'ils l'auraient rattrapés.

Tandis que vous avanciez dans les galeries sombre, l'inconnu effrayé prenait peu à peu de l'avance. Animé par la pure folie ou une ancienne connaissance des lieux, il dévalait les pierres arrondies et glissantes après avoir emprunté un petit passage sur lequel coulait un court d'eau. Les pierres luisaient d'une phosphorescence inconnue. A y jeter un coup d'oeil, on pouvait remarquer qu'elle provenait d'une algue terrestre.

La crypte se teintait de vert pâle, effrayant et utile à la fois, la faible lueur aidée par le feu follet de la Sorcière vous montrera une fissure dans une paroi. Celle-ci n'était pas plus grande qu'un tonneau, infiniment petite par rapport au mur immense et massif dans lequel elle se trouvait. Cette grotte immense sous la mine menait à une ouverture annexe.

En arrivant, vous verrez d'ailleurs une jambe s'y glisser. Est-ce l'inconnu que vous pourchassiez ? Quoiqu'il en était, les ricanements étranges laissaient présager cette éventualité.