Le woran se réveillait, énonçait le nom du loup argent. A cet instant, une vague de soulagement l'emplit en sachant que l'un d'entre eux n'allait pas risquer sa vie dès le début de cette mission. Une telle tragédie aurait été fatale pour lui, bien que suite à la réaction de certains membres du groupe, il ne puisse penser au moral de ce dernier si un tel évènement venait à arriver. L'homme-tigre se releva péniblement en remerciant ses compagnons d'infortune, et surtout lui, Ziresh, l'homme loup qui n'était alors que le plus novice de tous les combattants présents. Même ce titre que son allié lui attribua fut des plus honorables: "maître liykor". Il connaissait la notion de politesse, mais comme il l'avait démontré avec Terra, en ce qui concernait les rangs, son clan en était très loin, considérant que chaque être se doit d'être à la même hauteur que les autres. Alors savoir que lui, pauvre loup, avait désormais droit à une appellation telle que "maître", cela le toucha énormément. Car il savait que si ce n'était pas important pour le clan de Liykkendra, ça l'était tout de même pour beaucoup de gens en général. Restant tout de même trop modeste pour ne faire qu'accepter les compliments du woran, il lui répondit toutefois:
"Ce n'est pas si remarquable, c'est normal en fait. Et j'ose espérer qu'on ferait de même avec moi s'il devait m'arriver quelques mésaventures." Il signa en haussant les épaules, signe universel de banalité. Il aurait pu faire plus, mais étrangement, depuis qu'il était entré dans la grotte, il s'abstenait.
Content de son exploit, il s'approcha alors du tigre dans son dos pour lui rendre directement sa fiole. Il l'aurait bien fourrée directement dans son sac, mais en fait, le tigre était bien trop grand pour qu'il puisse se permettre un tel exploit. Il la garda alors à la main, prêt à la lui donner en personne, mais quelque chose attira son regard. Juste au pied d'une des torches allumées, flammes dansantes reflétant les parois menaçantes de la mine, une chose bombée brillait. Un métal, de toute évidence. S'il s'agissait uniquement d'un seau ou d'un outil, il s'en serait passé, mais c'était autre chose: sur l'un des côtés de l'objet, il y avait un renfoncement, et juste un peu au dessus, une partie réfléchissante. C'est en prenant la chose dans sa main qu'il sut l'examiner un peu mieux: il s'agissait d'un casque. Mais des casques de ce genre, il n'en avait encore jamais vus! Sa race partageait un problème commun, qui était le port de casques. En effet, puisqu'ils étaient dotés de museaux, ils ne pouvaient trouver de protections à la tête vraiment efficaces. Il en était de même, d'ailleurs, avec les bottes, puisque son peuple avait les pattes arquées. Ainsi, ils devaient en confectionner eux-même, ou les commander sur mesure. Mais ce casque-là, en plus d'être pratique dans l'obscurité (bien que capable de voir partiellement dans le noir, il pourrait toujours compter sur cela dans l'urgence) il était solide, et s'adaptait tout à fait à son crâne, laissant son museau passer grâce à l'absence de visière. Le seul problème était que cet objet était légèrement trop petit, tirant alors sur ses poils, et compressant bien trop la base de ses oreilles. Toutefois, dès qu'il l'eut revêtu, il se sentit un peu plus accompli. Ce n'était qu'un objet de base, mais il avait déjà une idée de comment le modifier à son avantage une fois qu'il serait sorti de cette mine. Tordre un peu l'acier pour ses oreilles ne ferait pas de mal, et s'il pouvait y ajouter une partie pour le museau, il ne pourrait que rendre son clan jaloux avec une telle trouvaille!
Fier de peu de choses, il s'aventura alors de nouveau devant le woran, tête d'acier ambulante. Mais alors qu'il allait (de nouveau) lui rendre sa fiole de soin militaire, quelque chose bougea, juste à quelques mètres d'eux. Il s'avéra alors que ce quelque chose n'était qu'un homme, mais pas l'un de leur groupe. Celui-ci semblait complètement fou, et en constatant qu'il n'hésitait pas à les menacer seul d'une torche éteinte, il ne fallut pas un éclair de génie à Ziresh pour comprendre que cette personne là était inoffensive. En fait, elle serait dangereuse davantage pour elle que pour le groupe de mercenaires qu'ils constituaient.
" "Ça", c'est un homme. Il a l'air de savoir quelque chose, ou bien il est déboussolé. Quoiqu'il en soit, il faut l'attraper. Si on ne tire rien de lui, on le ramène en haut, où il pourra être mieux traité." Il signa désignant l'homme de la paume de la main en faisant tournoyer un index au dessus de celle, comme pour signifier la perte de conscience.
Ziresh ne savait pas vraiment si le "maître" était ce fameux Silthröm... ou bien Sirtöm? Quoiqu'il en soit, il n'arrivait non seulement pas à se souvenir du commanditaire de la mission, mais en plus, il ne pouvait identifier les références de l'homme dans son discours. Quoiqu'il en soit, il ne put passer à côté des propos de la fameuse rousse au cœur de pierre: s'amuser en le torturant? Quel genre de femme était-elle donc pour oser avoir de telles idées?
"Quoi? Mais c'est complètement sordide de dire des trucs pareils! Non mais ça va pas?"
Complètement ébahi, il fixa la demoiselle à la recherche d'une pointe d'ironie... en vain. Il reporta alors alors son regard sur le pauvre homme, se remettant tant bien que mal à la recherche d'indices dans ses mots obscurs. Mais il ne put tenter de s'y attarder, ni même de communiquer, car ce dernier décampa.
"Attends! On te ramènera à la surface, mais tu dois nous aider!"
Ce pauvre mineur courait dans l'obscurité, et il pouvait très bien tomber dans un précipice. Alors le jeune liykor n'hésita pas: il engagea une course propre à sa race, marquant une détente admirable dès le premier pas. Ce n'était pas pour rien que les bratiens étaient réputés bons coureurs: ils atteignaient tout de même les soixantes kilomètres à l'heure. Aucune nécessité d'avoir de monture pour eux. Toutefois, puisqu'il était rapide, il pouvait se permettre d'opter en même temps pour la prudence: il ne savait pas jusqu'où il pouvait être mené si les boyaux sombres de la mine le ralentissaient. Et surtout, il se souvenait des dires de Trà Thù: peut-être qu'il s'agit d'un parasite... Cette victime qu'il poursuivait, il espérait que ce n'était pas le cas, mais elle pouvait peut-être être porteuse de cet affreux cancer qui avait réduit l'homme à la surface en une espèce de carcasse infâme.
"Quel maître?" criait-il alors qu'il sprintait.
Ainsi, il courut, sans pour autant lâcher sa lance, dans l'intention de l'attraper tant qu'il serait visible, éclairé par les torches tout en haut. Ainsi, il serait toujours aidé par ses coéquipiers. Du moins, il l'espérait. De même, il espérait ne pas avoir à utiliser sa lance dès maintenant...
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Dernière édition par Ziresh le Lun 12 Sep 2011 20:12, édité 2 fois.
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