L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 45 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Lun 16 Aoû 2010 01:16 
Bartimus était intrigué, il vérifia rapidement s'ils contenaient chacun un table des matières, il eu la mauvaise surprise qu'aucun n'avait cet outil qui lui aurai permis d'aller plus vite. Il demanda donc à la propriétaire : « Puis-je les emporter chez moi? »

(((À voir si elle répond)))

Il commença par le livre le plus brisé, dès les premières pages il sembla sur la bonne piste...



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Mar 17 Aoû 2010 14:15 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 19 Nov 2008 23:03
Messages: 4246
Dirigé de Bartimus


L'elfe bleue semblait totalement outrée par le fait de sortir des livres de cette bibliothèque. Son regard inquisiteur se posa sur toi, ses traits tirés émanaient une profonde colère quant à tes paroles et à ton insistance.
«Oseriez-vous délocaliser cette culture ? La perdre par négligence ? Mais pour qui vous prenez-vous messire ?»

Elle s'en alla, retournant à l'entrée de la bibliothèque et se remit à ranger des papiers dans d'antiques tiroirs mités. De ton côté, tes recherches s'annonçaient longues et fastidieuses. En effet, dans le livre choisi, il n'y avait que quelques ébauches de l'écorce de chêne. Tout ce que tu pus apprendre fut qu'il appartenait à un certain Irald. Peut-être que cette information t'aidera à avancer dans tes recherches.

_________________
Une question sur mes corrections ? Sur autre chose ? Un problème ? Une remarque ? N'hésitez pas à m'envoyer un MP.


Pour une demande de correction, c'est par ici.
Pour une intervention de GM dans vos RPs (validation d'achat ou autre), c'est par là.

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à venir nous les poser.


Bon jeu à vous !


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Mar 17 Aoû 2010 15:54 
(Bordel, elle est folle cette elfe!)

Batimus ne comprenait pas l'énervement de cette femme, il voulait simplement les lire rapidement... Au moins, il avait réussi à obtenir un nom.

(Irald... Talic m'a dit que c'était un assassin. Je suis certain que si je regarde dans le livre des légendes je pourrai avoir de plus amples informations.)

Bartimus commença alors avec les livres des légendes.



Dernière édition par Bartimus le Ven 27 Aoû 2010 01:39, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Mer 18 Aoû 2010 21:55 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 19 Nov 2008 23:03
Messages: 4246
Dirigé de Bartimus


À l'intérieur du livre des légendes tu finis par tomber sur celle d'Irald. En effet, cet homme était en fait un rôdeur qui excellait pour les méfaits en dehors de la ville. Il entra dans un groupe de voleurs où il tourna mal, à partir de là, il fonda une guilde. Cependant, au bout d'un certain temps, voulant toujours plus, il perdit la tête. À sa mort son équipement fut dispersé aux quatre coins de Yuimen. À part la légende d'Irald, tu ne trouvas pas de plus amples informations sur le lieu où avait été cachée l'écorce. Le livre semblait trop récent, imprimé il y avait sans doute de cela une dizaine d'années tout au plus. D'autres livres plus anciens étaient dans la pile, peut-être il trouvera tu plus d'informations concernant la localisation de l'objet de ta convoitise.

_________________
Une question sur mes corrections ? Sur autre chose ? Un problème ? Une remarque ? N'hésitez pas à m'envoyer un MP.


Pour une demande de correction, c'est par ici.
Pour une intervention de GM dans vos RPs (validation d'achat ou autre), c'est par là.

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à venir nous les poser.


Bon jeu à vous !


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Mer 18 Aoû 2010 22:44 
Bartimus était ravi, il avait obtenu beaucoup plus d'informations qu'il ne le souhaitait. Il savait maintenant que l'écorce appartenait à un certain Irald, un assassin, il savait aussi que cet objet ce trouvait quelque part dans Yuimen et non sur un autre planète ou quoique se soit. Il décida de consulter aussitôt les derniers livres trop hâter par la découverte d'une indication plus précise.



Dernière édition par Bartimus le Ven 27 Aoû 2010 01:38, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Jeu 19 Aoû 2010 09:40 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 19 Nov 2008 23:03
Messages: 4246
Dirigé de Bartimus


Dans les autres livres tu ne pourras trouver que de vieilles comptines ne relatant que des inepties totalement inintéressantes pour ta recherche. Mais, il devait bien y avoir dans cette bibliothèque des indications plus précises vu que déjà deux personnes y avaient mis les pieds pour découvrir où se trouvait l'écorce d'Irald.

Il était temps que tu t'enfonces dans de plus amples investigations, à la recherche du moindre petit indice qui pourrait t'aider à progresser dans ta quête personnelle.

_________________
Une question sur mes corrections ? Sur autre chose ? Un problème ? Une remarque ? N'hésitez pas à m'envoyer un MP.


Pour une demande de correction, c'est par ici.
Pour une intervention de GM dans vos RPs (validation d'achat ou autre), c'est par là.

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à venir nous les poser.


Bon jeu à vous !


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Mar 24 Aoû 2010 01:01 
Bartimus hésitait à retourner voir la propriétaire... Il ne voulait pas recevoir les mêmes remords. Il décida de parcourir rapidement les allés en quête d'un livre d'histoire, de géologie ou de légende. Après une trentaine de minute, il se découragea. Il décida donc de retourner voir cette elfe mais cette fois-ci en s'excusant : «Bonjour, je tenais à m'excuser de ma mauvaise conduite de tout à l'heure... Les livres sont une ressource essentielle à la vie et beaucoup de gens n'y prennent pas attention. Cependant, j'utiliserai de la plus grande précaution avec ces trésors. J'aurais, par contre, encore besoin de votre aide. Voulez-vous m'aidez?»



Dernière édition par Bartimus le Ven 22 Oct 2010 19:02, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Jeu 26 Aoû 2010 17:55 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 19 Nov 2008 23:03
Messages: 4246
Adoucie par tes paroles en ce qui concernait les livres, l'elfe se fit plus aimable tout à coup. Apparemment, ces anciens vestiges littéraires étaient tout ce qui comptait pour elle. Néanmoins, il commençait à se faire tard, elle ne désirait pas faire des heures supplémentaires et voulait bien te le faire comprendre :
«Je ferme dans cinq minutes. Si vous avez besoin d'autres choses revenaient un autre jour.»

Bien qu'elle soit un peu plus sympathique que précédemment, tu pus sentir dans sa voix un peu d'aigreur, peut-être était-ce le fait que tu sois un humain. L'un de ses pairs aurait sans doute eu plus de chance à glaner des informations plus rapidement.

(((Je t'envoie un mp pour mon absence.)))

_________________
Une question sur mes corrections ? Sur autre chose ? Un problème ? Une remarque ? N'hésitez pas à m'envoyer un MP.


Pour une demande de correction, c'est par ici.
Pour une intervention de GM dans vos RPs (validation d'achat ou autre), c'est par là.

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à venir nous les poser.


Bon jeu à vous !


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Ven 27 Aoû 2010 00:39 
(((Étant donné le départ du GM cette quête reprendra plus tard.)))

Bartimus était ravi, il put s'excuser auprès de la dame et avait collecter plus d'informations qu'il ne l'espérait. Il dit donc au revoir à l'elfe et sortit de la bibliothèque.



Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Ven 22 Oct 2010 19:06 
Bartimus revint cette fois avec plus d'enthousiasme et de bonne humeur. Cependant, c'était la propriétaire de la bibliothèque qui lui avait prêter les livres. Il ne savait donc pas où ils étaient situés. Ainsi, il chercha les livres qu'il avait consulté la soirée même dans les étagères. Il n'avait qu'une chose en tête, un fois qu'il reverrai cet elfe, il lui demanderais quelle section pourrait-il consulter. Pour l'instant il cherchait...



Dernière édition par Bartimus le Ven 19 Nov 2010 22:49, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Lun 25 Oct 2010 14:31 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 19 Nov 2008 23:03
Messages: 4246
Dirigé de Bartimus


Malheureusement, la chance n'était pas avec toi, tu ne pus trouver que des livres contenant d'antiques recettes de cuisine toujours plus infâmes les unes que les autres. Peut-être fallait-il demander une nouvelle fois à l'elfe bleue gardienne de cette antre de savoir où se trouvaient les ouvrages que tu avais déjà pu consulter. Sans doute devait-elle arpentait les couloirs de la bibliothèque pour accroître son savoir déjà incommensurable, à moins qu'elle ne soit en train de ranger de nouveaux livres que de riches donateurs lui avaient fait apporter. Dans tous les cas, chercher à tâtons n'était pas la meilleure des solutions.

_________________
Une question sur mes corrections ? Sur autre chose ? Un problème ? Une remarque ? N'hésitez pas à m'envoyer un MP.


Pour une demande de correction, c'est par ici.
Pour une intervention de GM dans vos RPs (validation d'achat ou autre), c'est par là.

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à venir nous les poser.


Bon jeu à vous !


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Mar 26 Oct 2010 23:09 
En effet, chercher à tâtons n'était pas la meilleure des solutions et Bartimus s'en rendit vite compte surtout lorsqu'il trouva une recette assez douteuse avec un mélange de grenouilles et de crapauds. Ainsi, il décida plutôt de chercher la bibliothécaire.



Dernière édition par Bartimus le Jeu 25 Nov 2010 16:19, édité 4 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Mer 27 Oct 2010 01:13 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 29 Aoû 2010 14:57
Messages: 36
En venant des Habitations

Thomajan regretta de ne pouvoir pénétrer par l’entrée principale du bâtiment, où s’étaient déjà regroupés les badauds, plus d’une centaine selon l’estimation que le groupe avait pu réaliser de loin, beaucoup trop pour trois hommes, tous Miliciens fussent-ils. La Bibliothèque avait de l’allure, et son entrée devait être à la mesure des murs que le fils de Wiehl avait l’occasion d’admirer ; on disait ce lieu riche de savoirs de tout Yuimen, et d’ouvrages rares et précieux. Tout un patrimoine à disposition d’une foule en furie ? Thomajan en frissonna d’horreur, et s’empressa de chasser l’image de son esprit. Il valait mieux penser à la manière de s’introduire dans la Bibliothèque : savoir où se trouve une porte n’assure pas qu’elle est ouverte, ou que quelqu’un sera disposé à l’ouvrir. Mais ils avaient déjà en vue la porte dont se souvenait Eroild, ce qui n’était pas négligeable compte tenu de la somme d’informations et de moyens à leur disposition.

Veillant à ne pas se faire remarquer de la foule qui débordait de la façade principale, les Wiehls s’approchèrent, et frappèrent cinq coups contre le lourd battant de bois. Quelques secondes plus tard, ils entendirent un raclement de tabouret, et un panneau de bois coulissa, révélant un énorme œil d’un bleu électrique sous un sourcil fourni, qui scrutait à travers une grille de métal les trois visages qui le contemplaient avec la même attention soutenue. Voyant que rien ne se ferait sans un geste d’un des deux partis, Thomajan montra son casque, Eriaric et Eroild découvrirent leurs plastrons. Aussitôt le panneau de bois coulissa, on entendit à nouveau le raclement, et des pas qui s’éloignaient. La Milice ne paraissait pas être la bienvenue.

« Eh bien nous voilà à la porte ! Que faisons-nous ? Il faut retourner à la caserne, je crois qu’il ne fait pas bon s’attarder ici… »

« Non, attendons encore un peu… »

Thomajan frappa une seconde fois, un peu plus fort, et prit son casque sous son bras, bien en évidence si un nouvel observateur souhaitait venir jauger les visiteurs. Ce fut le cas, et l’œil était radicalement différent. Plus féminin peut-être ? Moins effrayant, c’était certain. La peau qui entourait l’œil était plus marquante que l’organe en lui-même : avait une teinte bleu profond qui n’avait rien d’humain. La surprise de Thomajan céda face au soulagement lorsque la petite porte – et comme il put le constater, épaisse et solidement renforcée de barres d’acier – s’ouvrit pour les laisser pénétrer dans l’obscurité bienveillante d’un couloir. Soulagement de courte durée, puisqu’ils venaient de pénétrer tête baissée dans ce qui ressemblait fort à un piège qu’ils ne pouvaient malheureusement pas percevoir de l’extérieur.

En face d’eux, un individu sortit de l’ombre, difforme, bossu, laid à effrayer les pucelles. Il les tenait en joue avec une lourde arbalète, qui ne laissait rien présager de bon quant à la force que le personnage pourrait déployer pour mettre hors d’état de nuire les trois Miliciens. Ou plutôt les deux, car il ne faisait aucun doute que l’un d’eux resterait sur le carreau s’il prenait au bossu de presser la détente de son arme, ce qu’il ferait sans doute avant d’envisager un corps à corps. Un toussotement discret poussa Eriaric à tourner légèrement la tête vers la porte qui s’était refermée, à regret, puisqu’il ne souhaitait pas perdre trop longtemps de vue le projectile qui le menaçait ; ce n’était pas pour autant qu’il ignorerait une menace dans son dos. Une elfe bleue, armée d’une arbalète en harmonie avec sa stature mais probablement tout aussi redoutable que celle de son compère, leur coupait tout espoir de retraite, et son visage à la lueur de la lanterne tenue dans sa main gauche n’exprimait certainement pas la bienveillance. Quelque chose entre l’hostilité et le mépris serait plus juste.

« Messieurs, j’ignore qui vous êtes, et pourquoi vous êtes ici, mais vous avez commis une erreur. Considérez-vous comme nos prisonniers, et déposez lentement vos armes sur le sol, sans quoi nous serons dans l’obligation de vous abattre… comme des chiens. »

« Madame, je vous en supplie, écoutez-nous ! Nous sommes des membres de la Milice venus vous aider à disperser l’émeute. Nous ne vous voulons aucun mal. »

« Des Miliciens hein… trois Miliciens… Vous ne vous moqueriez pas de moi par hasard ? Comment voulez-vous disperser cette émeute à trois ? Vous pensez que tous ces gens s’en iront chez eux si vous le leur demandez, qu’ils s’exécuteront sans protester ? Commençons par le commencement. Quel est le nom de votre officier supérieur ? »

« Nous l’ignorons, mais… »

« Alors vous n’êtes pas des Miliciens ! La base est encore de savoir qui commande, ne serait-ce que pour saluer. Posez vos armes sur le sol, et dépêchez vous avant que l’un de vous ne se retrouve avec quelques pouces de bois entre les côtes. Je doute que vous appréciiez l’expérience. »

« Comment pourrions nous vous convaincre ? »

« Je suppose que vous êtes des recrues toutes fraîches, donc vous n’apparaissez pas encore sur le registre de la Bibliothèque. »

« J’ai été recruté aujourd’hui même, et envoyé ici dans la foulée ! »

« Comme c’est commode… Désolé, je ne suis pas convaincue. Et je ne me répèterai pas une troisième fois : posez vos armes au sol, et reculez contre le mur, ou je tire, et Rogi, ici présent, fera de même à mon commandement. »

Les trois recrues n’en menaient pas large, et se trouvaient dans une impasse. Il était évident que rien de ce qu’ils pourraient dire ne serait à même de convaincre la Bibliothécaire – car il s’agissait bel et bien Naèrän, l’elfe bleue en charge des lieux, même si les trois compagnons l’ignoraient encore – et que leurs deux antagonistes n’hésiteraient pas un instant à faire couler leur sang. Eroild, en veillant à ne faire aucun mouvement brusque, porta la main à sa ceinture et retira avec soin les lanières qui retenaient le fourreau de son épée et celui de son couteau, avant de s’agenouiller pour déposer les lames sur les dalles ; il recula ensuite d’un pas et se plaqua contre le mur. Avec un instant d’hésitation Thomajan fit de même, et son cœur se pinça lorsqu’il abandonna sur le sol cet arc qui était le sien depuis si peu de temps. Considérant ses deux camarades dos au mur, et les deux pointes métalliques qui s’étaient tournées vers sa personne, Eriaric, bien qu’étant d’un naturel combatif, obtempéra aux exigences de l’elfe bleue.

Naèrän s’approcha de la pile d’arme et les tira vers elle du pied, tout en veillant à ne pas se trouver à portée de poing ou de botte, et à ne pas faire dévier la mire de son arbalète. Les garçons ne représentaient plus pour elle une menace, mais une charge. La manière dont ils s’étaient laissés faire l’intriguait, et elle commençait à se demander s’ils ne pouvaient pas véritablement être de jeunes Miliciens : leur bon sens plaidait en leur faveur, mais pas leur ignorance du nom de l’officier qui leur avait confié la mission. Venant du fond du couloir, elle entendit des bruits de verre brisé, des coups sourds contre la porte, les cris des émeutiers, les menaces qui dominaient la clameur. Son cœur se serra à l’idée que l’on puisse s’en prendre aux livres, que l’on détruise ceux qui avaient été au cours des années ses maîtres, ses amis, ses confidents. Un moyen de ne pas tout oublier, elle qui n’avait plus tant de mémoire que cela séparée des siens. Clignant cinq ou six fois des paupières, elle se ressaisît, et prit la décision de mettre dehors les fils de Wiehl.

« Je crois que vous devriez vous en aller maintenant, vous n’avez pas votre place ici. Que vous soyez Miliciens ou non, vous ne pouvez rien faire contre cette foule. Si vraiment votre rôle est d’assurer la défense de cet édifice, allez chercher des renforts. Dans tous les cas, allez-vous-en ! »

« Vous commettez une erreur, madame. Nous sommes ici pour vous aider, et il s’agit de la première mission qui nous ait été confiée. De quoi aurions-nous l’air si nous revenions la queue entre les jambes avouer notre échec ? Que risquez-vous si vous nous faites confiance ? Vous êtes armés et nous pas. Laissez-nous vous aider, nous ferons de notre mieux, et nous interdirons à quiconque souhaitant porter atteinte au savoir contenu en ces lieux l’accès à la Bibliothèque. »

« Il dit vrai madame… »

« … nous pouvons, et nous devons vous aider, et pour cela nous nous battrons à mains nues s’il le faut ! »

L’âge avait depuis longtemps rendu l’esprit de Naèrän plus fin que celui d’un jeune humain encore sur le seuil de la vie, malgré les longues années qu’il a déjà derrière lui et qui sont tant ramenées au temps d’existence de leur espèce. Elle croyait percevoir dans la voix des trois spécimens qui lui faisaient face un accent de sincérité. Ils auraient pu se révolter, faire montre de colère d’être ainsi traités, mais au lieu de cela, ils avaient conservé à l’esprit leur mission et leur devoir.

(A quoi donc te sert ton savoir si tu ne peux pas régler une telle situation ? Combien de menteurs as-tu vu défiler en ces murs, prêts à te raconter n’importe quoi pour consulter un ouvrage qui ne les concernait pas ? N’as-tu pas l’habitude de la tromperie ? Ceux là n’ont pas des paroles aux accents faux, et si je me trompe, je ne crois pas être digne du poste qui est le mien, c’est qu’il est temps pour moi de passer à autre chose. S’ils sont bien les renforts de la Milice que j’attendais, eh bien ce sera ma faute si quelque chose se passe et qu’ils n’auront rien pu faire. Je vais leur laisser une chance, mais sans leurs armes dans un premier temps… voyons ce qu’ils ont dans le crâne.)

« Soit, je vais vous laisser m’aider. Mais je ne vous rendrai pas vos armes pour autant. A vous d’estimer la situation, et de faire de votre mieux pour me débarrasser de ces émeutiers. Je ne veux pas que le sang soit versé inutilement, est-ce bien clair ? Pas de massacre, sinon je crains que les évènements ne vous dépassent. »

« Nous ferons de notre mieux, et nous ne vous décevrons pas. »

« Ne faites pas de promesses que vous n’êtes pas certains de pouvoir tenir… »

Le bossu, Rogi, s’avança en boitillant vers le tas d’armes et s’en empara sans gêne aucune, se penchant avec une souplesse qu’on ne devinait pas à voir son corps si écarté des critères de normalité. Son action ne lui fit pas oublier un seul instant quelle était sa tâche première, et la lourde arbalète, dont le carreau aurait pu aisément embrocher deux personnes et finir sa course assez profondément enfoncé dans une poutre pour qu’un homme de constitution normale ne puisse le retirer sans creuser le bois, ne dévia pas du cœur d’Eriaric.

D’un signe du menton, l’elfe bleue donna à son serviteur l’ordre de prendre la tête du convoi, ce qu’il fit en allant à reculons, pour conserver en joue les trois Miliciens qu’il considérait encore en son for intérieur comme des suspects, cet qui était toujours mieux que la vision qu’il avait eu d’eux au premier instant : des ennemis à abattre. Sa démarche aurait pu prêter à rire, car mettre un pied derrière l’autre sans tomber exigeait de lui un déhanchement pour le moins curieux, et faisait osciller sa bosse d’avant en arrière, comme si elle lui permettait de garder l’équilibre. Mais Thomajan, Eriaric et Eroild ne sourirent même pas, tant la situation était pesante. Ils s’inquiétaient surtout de le voir si hésitant : s’il venait à choir, il n’était pas à exclure que dans un réflexe il serre la gâchette de l’arbalète. Le carreau libéré pourrait alors toucher n’importe qui, puisque n’ayant été pointé sur personne en particulier. Or, un carreau, ça pouvait faire très mal.

Encadrés par deux individus armés et prêts à faire usage de la force, les trois garçons finirent par sortir du couloir obscur, et gagnèrent la Bibliothèque proprement dite. Eriaric et Eroild avaient déjà eu l’occasion d’y pénétrer à plusieurs reprises, aussi ne se montrèrent-ils pas surpris par les dimensions de l’endroit et les étagères d’ouvrages qui allaient jusqu’au plafond et les échelles cuivrées qui permettaient d’accéder aux plus hauts rayonnages et…

Et une pierre vint couper court à l’émerveillement de Thomajan en brisant un des vitraux qui dispensaient de la lumière à la grande salle de lecture, entraînant avec elle quelques débris de verre qui virent rebondir sur le cuir recouvrant le plateau des tables et briller de mille feux sous les rayons du soleil. La caillasse terminait sa course en un rebond mou sur l’un des tapis aux couleurs chaudes qui étouffaient les bruits de pas là où les visiteurs étaient susceptibles de faire des allées et venues régulières, devenant par là même gênantes pour les autres lecteurs.

L’elfe bleue murmura quelques mots dans une langue que les humains ne connaissaient pas, mais qui sonnaient à leur oreilles comme un juron : il est des choses qui se comprennent, malgré la barrière du langage, et la haine qu’une personne pouvait mettre dans ses propos en faisait partie. Rogi se contenta d’un long gémissement de douleur, comme si c’était lui qu’on blessait lorsque l’on s’en prenait à la Bibliothèque.

« Vous y voilà ! Maintenant, que comptez-vous faire ? »

Les fils de Wiehl perdirent toute leur belle assurance à ces mots. Ils avaient estimé qu’il serait toujours temps d’aviser une fois sur place. Or ils étaient sur place, et il devenait urgent d’aviser. Ne sachant quoi répondre, ils se contentèrent de se balancer d’un pied sur l’autre, regardant autour d’eux, cherchant une échappatoire, un signe. Mais rien ne vint.

En désespoir de cause, les Eroild alla s’asseoir à l’une des tables, et secoua la tête de gauche à droite en murmurant une suite de « non » à peine articulés, avant de prendre son chef entre les mains et de tomber dans le silence. Eriaric le rejoignit, et tapait du poing sur le cuir en rythme, sans pour autant réussir à rassembler ses pensées. Seul Thomajan préféra faire les cents pas, comptant sur le mouvement de ses jambes pour entraîner celui de ses pensées.

(Une émeute… une émeute… une émeute… A trois pour disperser une émeute ! Et hors de question de faire couler le sang, ce serait un désastre ! Tous ces gens sont là pour protester contre les taxes, ce ne sont pas des criminels. Et pendant que tous les gardes s’occupent des émeutiers, les voleurs en profitent pour piller les boutiques… Ces gens ont peur de payer plus, d’avoir moins d’argent, de vivre moins bien… Ils ont peur… Peur… Peur… Ils agissent ainsi parce qu’ils ont peur… Ils sont contre les taxes, et ils veulent le montrer. Ils pourraient désobéir, mais ils font des émeutes… C’est quelque chose de plus viscéral une émeute…)

« Allons chercher des renforts ! »

« Bien entendu, et charger la foule ! Imaginez qu’il y ait des morts ! Imaginez ! Et les autres gardes doivent être occupés ailleurs. S’ils avaient des renforts à vous donner, vous ne croyez pas que les officiers de la Milice auraient envoyé un peu plus de trois recrues ? »

Eriaric reçut la remarque de l’elfe bleue comme une claque, et recommença à battre un rythme sur la table, plus complexe cette fois, à l’air de ces cinq doigts de la main droite. De la main gauche, il tripotait quelque chose dans sa poche. Le bossu et la bibliothécaire conservaient leurs armes pointées sur les fils de Wiehl.

(Non, pas de renforts. J’avais oublié. L’Officier avait dit qu’il n’avait plus personne à sa disposition, que les gardes étaient débordés. Et comme des idiots nous avons compté sur cette option. J’aurais dû faire plus attention à ce qu’il me disait au lieu de me gonfler d’orgueil comme un coq. J’ai foncé tête baissée. Comme tous ces émeutiers d’ailleurs. Ils foncent tête baissée, pas plus de réflexion là dedans que chez… Mais oui !)

Son exclamation intérieure s’accompagna d’un léger cri de triomphe qui fit lever un sourcil à Naèdän et grogner le bossu. Tous deux pointèrent leurs armes sur le garçon qui venait de se manifester, mais Thomajan n’en avait cure, il tenait peut-être son idée. Restait à la mettre en forme, et à convaincre les autres qu’elle pouvait les sauver. Il s’inquiétait de la réaction d’Eroild et Eriaric : ce qu’il avait à proposer était tout sauf conventionnel, et sans leur soutient, pas la peine d’envisager de convaincre la bibliothécaire.

« Madame, nous n’avons pas de renforts à notre disposition selon vous. Mais nous ne pouvons tolérer cet état de fait. Pourriez-vous m’éclairer sur quelques points ? »

« Je vais essayer de faire de mon mieux… » La suspicion et la curiosité perçaient dans la voix de l’elfe bleue, qui ne comprenait pas pourquoi cet humain accablé quelques minutes auparavant rayonnait.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Mer 27 Oct 2010 01:30 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 29 Aoû 2010 14:57
Messages: 36
L’intérêt de tous les personnages présents dans la grande salle de lecture avait été capté par le sursaut de Thomajan, sursaut qui intriguait d’autant plus les quatre individus qu’aucun d’entre eux n’avait de raison valable pour se sentir en veine.

« Madame… »

« Au vu de la situation dans laquelle nous nous trouvons, je pense que vous pouvez m’appeler Naèdän. »

« Merci. Mon nom est Thomajan Beadan, et voici mes compagnons Eriaric Trelik et Eroild Oneli. Miliciens de Tulorim et fils de Wiehl. » Thomajan désigna au cours de sa présentation ses deux camarades, qui adressèrent un signe de tête à l’elfe à l’énoncé de leur nom. La Bibliothécaire nota les informations qui lui avaient été fournies dans un coin de sa mémoire, et de sa main libre invita Thomajan à expliquer ce qui le rendait soudainement plus dynamique.


« Nous sommes bien face à un mouvement spontané de la foule, en réaction aux nouvelles taxes ? Il n’y a rien de véritablement réfléchi ? »

« En effet, il n’y a que des idiots dépourvus du moindre jugement pour vouloir s’en prendre à une bibliothèque dont ils pourraient se servir pour faire casser cette nouvelle loi à partir de textes anciens au lieu de… »

« Oui, oui. Nous sommes donc d’accord sur ce point. Avez-vous déjà essayé d’arrêter un troupeau de bovins qui a décidé d’avancer là où vous ne souhaitez absolument pas qu’il aille ? »

Les deux Miliciens tout comme la Bibliothécaire le regardèrent avec des yeux écarquillés. Les deux garçons se demandèrent s’il n’avait pas reçu une pierre sur le crâne, un coup, ou quelque chose d’approchant ; peut-être lors du combat dans la rue. L’opinion de l’elfe fut plus tranchée : si elle avait pensé pendant un moment être en face d’un personnage doté d’un semblant d’esprit, Thomajan passait maintenant à ses yeux pour un idiot fini. Campagnard mais loin d’être aussi stupide que la Bibliothécaire le pensait, il nota les réactions de son auditoire, qui n’avait rien fait pour les cacher tant la question l’avait pris au dépourvu.

« Je crois que vous ne me suivez plus. »

« Et il y a de quoi ! Que viennent faire des bovins ici ? »

« La situation est analogue à celle que peuvent rencontrer des gardiens de bétail. Quelque soit leur nombre, ils ne peuvent pas arrêter les bêtes sans les blesser, et sans être eux même blessés. On peut voir la foule comme un troupeau, qui avance avec une motivation commune en tête, mais qui ne sait pas pourquoi. Sauf qu’il ne s’agit pas de trouver de l’eau ou de la nourriture, voire de l’ombre, mais de protester contre les taxes. »

« Superbe analogie ! Qui ne nous avance pas plus. »

« Eh bien si. Le seul moyen de faire faire demi-tour aux bêtes est de les effrayer. Les gardiens de bétail peuvent crier, les chiens aboyer, bref, ils font tout pour que les bêtes aient envie de changer de direction. Pour la foule, ce doit être la même chose. Inutile de chercher à la raisonner, ou à foncer dans le tas. Contentons nous de lui faire peur, de lui donner envie de se trouver ailleurs que devant la Bibliothèque, et elle s’en ira d’elle-même. »

« Yuimen, veille sur moi et sur les livres qui sont ici ! »

L’elfe considérait le projet comme le sommet du ridicule. On pourrait voir dans cette analyse la marque de son grand âge, et de le sagesse qu’elle avait acquise auprès des livres : elle était entrée dans la période de raison depuis longtemps, et les éclats de la jeunesse lui paraissaient de plus en plus injustifiés à mesure qu’elle voyait défiler les saisons. L’idée de Thomajan ne trouva aucun écho chez Naèdän, mais elle éveilla l’intérêt d’Eriaric et Eroild, plus proches de leur enfance, qui avaient conservé de cette époque le goût des facéties et des tours qu’ils jouaient déjà à l’époque en duo : l’image du troupeau évoquée par Thomajan ne leur parla guère, mais ses explications firent émerger chez eux le souvenir de servantes fuyant la cuisine après qu’ils y aient placé un chien auquel ils avaient accroché divers éléments de bois et de tissu pour lui donner un air redoutable et proprement monstrueux.

A trois contre deux, ils auraient pu dans un système démocratique l’emporter. En l’occurrence, le pouvoir de décision se trouvait entre les mêmes mains qui brandissaient les arbalètes. La surprise pour les fils de Wiehl vint de ce qui fit pencher la balance en leur faveur, ou plutôt de celui qui fit pencher la balance en leur faveur.

« Madame… cette idée… bonne… Faut faire peur… »

Le bossu peinait à articuler les mots, difficulté due à de seuls facteurs physiques. Ce qu’ignoraient les trois Miliciens, c’était que l’aspect extérieur de Rogi ne reflétait en rien ses capacités intellectuelles. Il s’agissait d’un esprit brillant, et d’un assistant précieux pour Naèdän, qui s’appuyait sur son savoir dans bien des cas où elle doutait du livre où trouver une information. Elle l’avait pris sous son aile par charité lorsqu’il n’était qu’une petite chose déjà laide dans ses langes, et prenant mesure de ce dont il était capable, cette charité se mua en respect, puis en affection. Si Rogi considérait qu’il s’agissait d’une bonne idée, elle devait l’écouter. Bien sûr, il n’avait jamais vécu à l’extérieur de la bibliothèque, le peuple de Wiehl n’acceptant que peu les individus ne répondant pas aux critères de la société, et il voyait probablement en l’émeute l’occasion de jouer un bon tour aux gens comme il aurait dû le faire lorsqu’il n’était encore qu’un enfant. Toutefois, il avait vécu dans les livres et au contact de Naèdän, et de l’exposition à ces deux sources de sagesse il avait acquis de la mesure. Voilà pourquoi l’elfe bleue hocha la tête et capitula.

« Bien, puisqu’il faut faire peur, faites donc peur ! Mais ne comptez pas sur moi, j’ignore comment m’y prendre. Je vous rappelle qu’il ne s’agit pas de gamins dehors, mais bien d’hommes. »

« Madame… toujours solution… Faut chercher… Tout possible… Faut réfléchir… »

« Soit, soit, eh bien réfléchissez, mais faites vite ! »

Sous la pression de la foule, les battants de la porte craquaient, et des pierres se remirent à pleuvoir par les vitraux, forçant le groupe à se réfugier… sous les tables, assez grandes pour tous les abriter, mais les plaçant dans une situation assez cocasse. De plus, il était devenu impossible pour les deux gardiens du temple du savoir de menacer convenablement leurs prisonniers. Ils étaient enfin sur un pied d’égalité dans la même galère, se demandant ce qu’ils avaient bien pu aller y faire.

« De quoi les gens ont peur ? »

« Des monstres, mais on n’en a pas sous la main. Il nous faudrait peut-être une troupe de Garzoks armés jusqu’aux dents… »

« Des mages. La plupart des gens n’aiment pas la magie, ils ne comprennent pas, et ils ne savent pas ce qu’elle peut faire… »

« Nécromanciens… ça fait peur… »

« Brillante idée ! Les nécromanciens ! Si on peut leur faire croire qu’il y a un puissant nécromancien dans la Bibliothèque, il y a des chances pour qu’ils prennent leurs jambes à leur cou, et qu’ils ne reviennent pas de sitôt ! »

« Navrée, je n’ai pas de nécromancien dans mes rayons, ni dans mes fournitures. Comment voulez-vous leur faire croire qu’il y a un nécromancien dans cette bibliothèque ? Leur crier au travers de la porte ? Ils ne l’entendront même pas ! » La voix de Naèdän contenait une supplique, un appel, à une puissance divine, supérieure, susceptible de lui venir en aide, d’écarter d’elle ces émeutiers et dans la même intervention ces gamins qui lui tenaient des discours ahurissants sur des mystifications à monter contre lesdits émeutiers.

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: La Bibliothèque de Tulorim
MessagePosté: Mer 27 Oct 2010 01:48 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 29 Aoû 2010 14:57
Messages: 36
« Bon, il ne nous reste plus qu’à le créer ce nécromancien. Qui voudra le jouer ? »

« Moi… Pas beau… faire peur ! »

Un sourire étira la face de Rogi, ou du moins les autres prirent-ils cette grimace pour un sourire. En son fort intérieur, le bossu se réjouissait que sa laideur puisse servir les intérêts de la ville, et surtout rendre celle qu’il considérait comme son mentor un peu plus heureuse. Pour une fois, il n’aurait pas à se cacher de la foule, au contraire, il apparaîtrait au grand jour, et remplirait une mission pour le bien commun autre que balayer les sols, cirer les parquets et les meubles, battre les tapis.

« Bien, tu seras le nécromancien, mais sans vouloir te vexer, il va falloir te rendre un peu plus redoutable. Et surtout préparer la mise en scène. »

Tous approuvèrent, sauf Naèdän, qui prit le parti de les laisser vaquer à leurs occupations pendant qu’elle chercherait à sauver les plus précieux de ses livres. Laissant de côté sa dignité, elle gagna à quatre pattes son bureau où elle s’empara du registre des visiteurs qu’elle ouvrit et tint au dessus de sa tête en guise de casque. Elle s’éclipsa dans l’une des petites salles sur le côté, laissant à leurs réflexions les quatre humains.

Thomajan les interrogeait sur ce qu’ils considéraient comme un moyen efficace de dissuader les émeutiers d’entrer, et constituait mentalement une liste des choses qu’il devait se procurer. Eriaric proposa de faire de la fumée colorée ; dans son enfance, il avait vu un saltimbanque s’en servir pour exécuter quelques tours, et cela lui avait fait une forte impression. Eroild suggéra de faire voler Rogi, même s’il ne voyait pas encore comment procéder. Celui-ci imposa de fermer les rideaux des vitraux, non que cela empêche véritablement les pierres de tomber dru, mais l’obscurité rendrait la mise en scène plus impressionnante, et tout effet supplémentaire était bon à prendre.

Pour ce qui touchait à la fumée colorée, Eriaric croyait se souvenir que le saltimbanque avait utilisé des poudres : il se proposa d’aller en acheter avec l’argent dérobé aux brigands, mais ignorait où il pouvait s’en procurer, probablement au marché. Les autres pesèrent cette solution, et finirent par la rejeter, elle était bien trop coûteuse en temps, et trop hasardeuse puisque personne ne savait où acheter ces poudres. Mais leur évocation rappela à Rogi qu’elles ne manquaient pas dans la pièce dédiée aux copistes et aux enlumineurs, et que certaines pourraient avoir l’effet désiré. Il entraîna avec lui le Milicien, courant aussi vite qu’il le pouvait pour éviter les pierres qui continuaient à tomber à intervalles irréguliers ; Rogi poussa d’autorité Eriaric dans une pièce au bon moment pour lui éviter une nouvelle pluie de verre. Il tira de sa poche un briquet à amadou pour enflammer quelques chandelles et éclairer la pièce borgne, révélant des pupitres alignés, et des tablettes où s’étalaient des petits pots de verre étiquetés, objectifs premiers de la visite. Rogi alluma aussi un brasero au prix de quelques efforts et de beaucoup de souffle, les braises rougeoyant fort et diffusant un peu de chaleur. Le duo prit chaque pot, lança des pincées de poudre sur les charbons ardents, observant les effets : certaines noircissaient, d’autres lançaient des étincelles, mais aucune ne fumait. Se souvenant que tout ce qui était sec ne produisait aucune fumée, ils délayèrent quelques pincées de divers pots dans un peu d’eau et obtinrent des résultats beaucoup plus satisfaisants. Mieux, avec des cristaux destinés à préparer le parchemin, ils obtinrent des superbes crépitements accompagnés d’une profusion d’étincelles.

Tandis que le premier groupe se chargeait de la fumée, le second porta son attention sur les moyens de faire « voler » Rogi. Bien entendu, toute entreprise magique était à exclure, puisqu’aucun d’entre eux ne possédait de pouvoirs, et ils ne souhaitaient pas se risquer à mettre en pratique des instructions glanées dans les grimoires sans avoir la moindre idée de ce qui pourrait en découler. Plutôt que de rester inactif, Thomajan et Eroild repérèrent les cordes permettant de fermer les rideaux situés devant les vitraux, qui devraient interdire le passage à la majorité des rayons du soleil. A cette heure, ils devaient baigner l’une des façades les plus allongées du bâtiment, à voir la couleur pourpre que prenait la salle sous leur influence. Car le temps, s’il jouait en leur défaveur en permettant au groupe des émeutiers de gonfler, leur offrait aussi un avantage : ce qu’ils comptaient faire ne serait que plus marquant si la nuit venait à approcher. Filant de couloirs d’étagères en couloir d’étagères, ils reçurent leur compte de pierres, arrêtées par les casques, tout comme les éclats de verre : Thomajan écopa cependant d’une coupure à la main, peu profonde, qu’il banda sommairement avec un mouchoir pour ne pas tacher les tapis sur lesquels il évoluait. Une fois tous les rideaux fermés, il fallut aux deux jeunes hommes un petit temps pour s’adapter à la pénombre : ils admirent sans hésiter que la Bibliothèque n’était que très peu engageante privée de toute lumière, et que de l’extérieur, aux yeux baignés de la lumière du jour, elle passerait pour une grotte obscure et mystérieuse. Cela ne suffisait pas, il fallait la rendre proprement terrifiante. Faire en sorte que personne n’ose y pénétrer. Jetant un coup d’œil au plafond, Thomajan remarqua deux lustres impressionnants, qui n’avaient visiblement pas servi depuis longtemps. Pourtant, il fallait bien pouvoir les allumer en cas de nécessité… Et ces luminaires pesaient leur poids en métal. Peut-être avait-il résolu la question du vol.

Rogi et Eriaric firent plusieurs voyages pour ramener tout le stock de poudres susceptibles de dégager de la fumée colorée sous la table, où les bocaux ne risquaient pas d’être brisés : ils avaient vu gros, puisque la Bibliothèque possédait une réserve assez conséquente de certains produits, que la ville pourrait sans doute s’empresser de racheter avec l’argent tiré de la nouvelle taxe. Mieux valait perdre quelques bocaux de poudre qu’offrir une bonne partie des livres à l’ire populaire. Thomajan expliqua à ceux qui venaient de revenir ce qu’il prévoyait de faire, et Rogi étouffa un gloussement tant l’idée l’amusait. Il se proposa de faire descendre les lustres, puisqu’il savait où se trouvaient les treuils et comment les activer. Pendant qu’il fermait les rideaux, Eroild avait eu un nouvel éclair créatif, pour lequel il lui fallait tout de même un peu d’aide. Le bossu vaquant à d’autres occupations, il se mit en quête de la Bibliothécaire, pour lui demander de lui céder son stock de plumes. Le Milicien finit par la trouver, subit une cascade d’imprécation pour l’avoir dérangée dans son entreprise de sauvegarde de certains ouvrages, mais obtint tout de même l’information recherchée, et, en suivant les indications de l’elfe bleue, trouva une boîte joliment sculptée de divers oiseaux sur les côtés, au couvercle délicatement marqueté pour représenter une prairie en fleur, dans laquelle reposaient des plumes par dizaines, de toutes les tailles et de toutes les couleurs, un vrai trésor pour un scribe esthète.

Le lustre descendu, Thomajan s’empressa de défaire la chaîne qui le retenait. Il fixa aux dernier maillons un harnais improvisé avec la corde bicolore accordée aux tapis qui servait à fermer certaines sections aux visiteurs non autorisés. Une fois équipé de ces grossières bretelles, Rogi pourrait être hissé à l’aide du treuil au dessus du sol, et ainsi figurer un nécromancien en état de lévitation. Il y avait peu de chance pour que les spectateur extérieurs aperçoivent le trucage, puisque que le soleil n’entrerait pas par la porte, sans parler de l’effet de contraste entre l’ombre et la lumière du jour. Le plus important restait l’effet de surprise : il fallait à tout prix marquer les esprits pour empêcher les émeutiers de remarquer des détails qui les pousseraient à remettre en cause la prestidigitation. Mystifier était tout un art auquel s’initiaient les quatre protagonistes, avec l’assurance de celui qui veut parvenir quelque part, sans garantie que rien ne fonctionne.

Eriaric avait trouvé des tissus rouges dans une des pièces, et entreprenait de les tailler de telle sorte que ses compagnons puissent y passer leur tête et les porter comme des robes. Pour lui, un nécromancien n’allait pas sans quelques acolytes, ce qui pouvait sans aucun doute renforcer l’effet désiré. Eroild mettait la dernière main à son idée concernant les plumes : il les piquait dans les mailles des vêtements de Rogi, de sorte que le bossu ressemblait à un immense oiseau de malheur. Comme si cela ne suffisait pas, tous se peignirent des figures géométriques de différentes couleurs sur le visage avec les mélanges destinés à être versés sur les braseros.

« Je crois que nous avons fini. »

« Nous prêts ! »

« Il nous faut encore allumer les braseros, et ce sera bon. »

« Il est temps, je crois que dehors ça s’active… »

De lourds coups faisaient trembler la porte d’entrée, comme si plusieurs épaules venaient la percuter à l’unisson, et les cris de la foule dehors gonflaient. Tous voulaient en terminer au plus tôt avec cette émeute, donc faire quelque chose : partir après avoir crié devant une porte heurterait leur fierté, mais ils ne voulaient pas non plus passer la nuit dehors. Ils avaient décidé d’en finir au plus vite avec cette bibliothèque dont la plupart n’avait que faire.

Les Miliciens passèrent les « robes » improvisée, et pendant qu’Eriaric faisait brûler tous les braseros rassemblés, Eroild activait le treuil pour faire s’élever Rogi, qui avait véritablement pris l’allure d’un monstre, ou tout du moins d’un être à même de flanquer la peur de sa vie à la foule au dehors. Thomajan frappait à l’aide de livres sur la table, et entonna une mélopée d’onomatopées sans aucun lien entre elles, que ses camarades reprirent. Ce chant provoqua une réaction dans la foule. Elle cessa de s’en prendre à la porte, et le volume des protestation décrut, comme si les émeutiers souhaitaient entendre ce qui se passait à l’intérieur.

_________________


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 45 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016