chapitre 5 Retour en cellule

Deux jours déjà que je suis en cellule. Mes journées sont rythmées par les repas servis plusieurs fois dans la journée, mes crises de douleurs provoquées par ma marque maudite et les passages des gardes. Des hommes sont emmenés dans les cellules, d’autres sortent et certains font des vas-et-viens. Contrairement aux cachots que j’ai connus avec ma maîtresse, j’ai droit à une cellule pour moi seul avec ma propre couche. Des murs en pierres, mon lit est fait de paille avec un maigre tissu par-dessus. J’ai même droit à une fenêtre ouverte et son assortiment de barreaux. J’ai beau regarder, je ne vois pas le système qui évacue les excréments des personnes vivant ici. Il paraît même qu’aucun maître ne vit au-dessus, ni ne vient torturer pour son bon plaisir. Les hommes ont vraiment d’étranges coutumes. Les grilles, qui me servent de portes, me permettent de voir que la prison où je suis est constitué d’un unique couloir, servant une multitude de cellules des deux côtés. Les autres prisonniers que je peux voir sont uniquement humains et n’ont pas commis de délits très graves.

Grâce aux nouveaux locataires et à la disposition proche des cellules, j’apprends quelques nouvelles de la cité. En arrivant ici, j’ai vu beaucoup de soldats sur le pied de guerre. Chose logique puisque Omyre effectue régulièrement des raids contre la cité. Cependant, il semblerait qu’Oranan se tourne vers un autre conflit. En prêtant attention aux discussions j’apprends que des évènements majeurs auraient lieu dans un autre monde que celui-ci.

"J’ai encore vu des hordes d’aventuriers partir pour l’autre monde. Ca commence à faire un moment que ça dure et bientôt il n’y aura plus personne hormis les gardes pour nous protéger." Décrit un premier.

"Tu dis n’importe quoi ! Avant de finir ici j’en ai vu certains gravement blessés revenir. J’ai entendu des choses étranges par ma femme qui connait la cousine du frère d’un guérisseur. Il y aurait des créatures abominables, des centaines de milliers d’hommes sur le champ de bataille, d’une cité aux murs rougis par le sang des morts." Raconte un deuxième.

"Arrête de raconter n’importe quoi. Personne n’a le droit de parler de ce qui se passe de l’autre côté. Bientôt tu vas nous sortir qu’un gros barbu habillé en rouge, sillonne Yuimen avec un traîneau volant pour apporter des cadeaux aux enfants !" Braille un troisième provoquant l’hilarité des autres.

"Et toi le shaakt t’es un espion d’Omyre y paraît. Qu’est-ce que ta reine sombre compte faire. On dit que ce serait-elle qui est à l’origine de ce conflit." Reprend le second.

"Qui veux-tu que ce soit d’autre ! Alors le foncé qu’est-ce que t’en sais ?" Me demande-t-on encore.

"« Ca » pas savoir, « ça » esclave. Pas dire à esclaves quoi reine noire vouloir faire. « Ca » entendre que frère shaakt aider combat. Battre contre Oaxaca. Rumeurs être vraies ?"

"J’en ai vu oui, mais de mon avis toi et ton espèce méritez de pourrir dans votre cité de merde. Je suis sûr que ces pseudos aventuriers shaakt sont des espions d’Omyre et qu’ils vont se retourner contre nous au pire moment."

"C’est pas pour te contrarier, mais j’ai vu pas mal de ces elfes noirs servirent la cause des hommes. Celui-là par exemple aurait sauvé une éclaireuse dans la forêt d’Yronie."

"Te moques pas de nous c’est encore moins crédible que l’autre gros lard sur son traîneau volant."

"Tant que j’y pense c’est pas là qu’il y aurait eu une bataille contre une troupe d’Omyre ?"

Je me prends par l’engouement de la discussion et y amène moi aussi mon lot de détails, comme je le faisais avec les autres esclaves à Omyre.

"Bataille dans forêt sombre. « Ca » être emmené avec troupe de maîtresse. « Ca » porter équipement pour soldat et quand homme cheval venir, « ça » pas pu se battre. Chef elfe chercher tuer « ça », mais « ça » fuir dans forêt. Semi-elfe trouver et nourrir « ça », alors « ça » servir femme semi-elfe. Elle blessée et « ça » porter elle Oranan.' Dis-je assez fier de moi.

"Un vrai héros, t’as pas profité de faire des choses avec son corps au moins ?"

Au début je ne comprends pas ce que l’homme veut dire, mais les ricanements et allusions sont eux compréhensibles.

"« Ca » essayer mais femme pas vouloir de « ça »."

Etrangement mes propos provoquent l’hilarité de mes compagnons de prison.

"Je crois que c’était un piège. Je les ai vus revenir et apparemment ils ont fait croire à une fausse entrevue avec des traitres d’Omyre. Ca serait en rapport avec le conflit de l’autre monde. Ils ont piégés les troupes d’Omyre pour réduire les effectifs et les chances d’un raid contre Oranan. A la santé de nos soldats !"

Levant leur maigre verre d’eau, tous hurlèrent en faveur de leurs hommes qui étrangement les avaient aussi mis en prison.

"Vous savoir si troupe Omyre survivant ? Chef shaakt dangereuse pour « ça »."

Deux soldats bien équipés arrivent à ce moment-là et s’arrête à ma cellule. Leur armure lourde rouge est imposante et leur casque cache leur visage avec une forme qui me rappelle un garzok diarrhéique. Leurs armes sont intelligemment disposées pour intimider leurs opposants, sans risquer de se les faire prendre.

"T’auras qu’à leur demander le foncé, mais je doute que cette elfe soit le cadet de tes soucis."

Sans ménagement on m’extirpe de la prison sous les ricanements des prisonniers. Je suis ballotté, traîné comme du vieux gibier. Habitué à ce genre de traitement je préfère me laisser faire.

"C’est dommage t’avais l’air sympas le foncé ! Allez à dans une autre vie !"

Je quitte la prison sous les ricanements de mes compagnons de prison.

II-2 Entretien avec le conseil