En poussant la porte de sa main (patte?) massive, un courant d'air passait de derrière lui et faisait voler la plupart des parchemins et divers papiers qui se trouvaient dans la taverne ...
Eckmül n'émit pas le moindre bruit que l'on aurait pu considérer comme une parole, et un silence de glace se faisait, tous les regards se tournaient vers son imposante silhouette.

Il avançait, chacun de ses pas émettait un bruit sourd sur le plancher, qui craquelait et grinçait à mesure où il avançait, lentement soi dit en passant. Son regard balayait toute la pièce, il ne se sentait pas le moins du monde mal à l'aise malgré les dizaines de regards posés sur lui, et au fur et à mesure où il avançait, ceux ci se faisaient de moins en moins nombreux, tous comprenaient qu'ils n'avaient pas à faire au premier trouillard venu.

Eckmül trouvait une table inoccupée où il s'assit, posait ses avant bras sur le bois humide que constituait le table, et soupira abondamment. Après quelques minutes, un homme munit d'un tablier criblés de tâches, rouges, jaunes, et autres couleurs douteuses, s'approchait et lui demandait :

"Je te sers quoi, l'orc?" D'un ton plutôt hostile

"Mets moi une chope, ça suffira. Et dans la mesure du possible, une pipe avec ton meilleur tabac, l'humain"

Le serveur s'en allait derrière le comptoir et préparait ce qu'Eckmül lui avait demandé.
Pendant ce temps, il prenait ses aises, s'affalait dans le creux de sa chaise, les jambes écartées, les deux bras étendus et les coudes posés sur le dos de la chaise. Il essayait de déjà poser ses marques, montrer sa supériorité naturel, et il le faisait très bien, plus personne n'osait le regardait, il inspirait une certaine crainte, car de surcroît, et d'autant qu'on le sache, les orcs sont très rares dans cette région.

On pouvait donc légitimement se demander ce qu'il faisait là, ce que faisaient différents individus, ils chuchotaient entre eux, tout bas ... L'un d'eux, blond comme pourrait l'être un soleil d'été, et barbu comme le serait un nain, glissait son regard sur Eckmül tout en adressant la parole au gars à coté de lui :

"Hé, qu'est-ce qu'il fiche là celui là?"

Et ce dernier lui répondait derechef :

"J'en sais rien moi, c'est aussi la première fois que je le vois! Si ça se trouve il va nous piquer nos petites combines du coin, faudrait y prêter attention ..."

Pendant ce temps, le tavernier se dirigeait vers Eckmül, munit d'un plateau où se trouvaient une chopine de laquelle dégoulinait la mousse ainsi qu'une pipe et du tabac bien moulu. Il marchait d'un pas sur vers l'orc, et arrivé près de lui, lui dit :

"Voilà ce que tu voulais"

Eckmül le regardait, de haut en bas et de bas en haut, sans même laisser échapper un mot de sa bouche, le tavernier comprenait qu'il ne lui en arracherait aucun de quelconque nature qu'il soit. Il se retournait, et repartait tranquillement vers son bar, bien que frustré de n'avoir reçu aucune réponse de l'orc. En passant devant les deux lascars qui discutaient à voix basse, ceux-ci l'interpellaient :

"Psst, serveur, tu saurais pas d'où il vient, l'orc là bas? Et ce qu'il fout ici?"

"Désolé les gars, j'en sais pas plus que vous, mais si j'ai vent de quoi que ce soit à son propos, je vous en ferai part"

Le tavernier continuait jusqu'à son bar, d'un pas pressé, comme si l'idée qu'Eckmül l'avait regardé lors de son bavardage avec les deux gars lui faisait peur. Il se réinstallait derrière son bar, et se mettait à faire la vaisselle, toujours en jetant un regard de temps à autre vers Eckmül qui fumait toujours sa pipe de la main droite, et tenait sa chope de la gauche, les sourcils froncés, et l'air pensant ...

Gorgée après gorgée, il continuait d'avaler son doux breuvage continuellement, toujours en observant ce qu'il se passait autour de lui, et l'échange de parole entre le tavernier et les deux gars ne lui avait évidemment pas échapper, il savait qu'il n'était pas le bienvenu ici, mais était bien déterminer à imposer sa marque.
Pour cela, il lui faudra faire preuve d'une extrême patience, et d'une finesse sans faille. Bien qu'il soit relativement bourru et violent, il n'en était pas moins manipulateur.

Après sa dernière gorgée, il inspirait une nouvelle bouffée de fumée, se levait, et se dirigeait d'un pas lourd vers le lascar à la chevelure et la barbe blonde. Au fur et à mesure de ses pas, les deux individus se rendaient compte qu'ils allaient avoir à faire à lui, et leurs pensées se résumaient en une seule et unique question : (Que va-t-il bien pouvoir oser faire ?), et leur main la plus agile était déjà discrètement placée sur leur lame, pour être sur de ne pas être pris par surprise au cas où une querelle éclaterait.

Lorsqu'Eckmül se trouvait face à eux, il posait ses deux énormes main sur la table et s'abaissait tout en leur chuchotant :

"Fermez là, et écoutez moi. Je n'sais pas qui vous êtes, mais vous avez l'air de bien vous intéresser à ma personne, si brutale qu'elle puisse être ... Vous devez être de fortes têtes pour oser narguer un orc de la sorte, nous allons discuter, tous les trois, tranquillement à l'abri des regards indiscrets, sortons séparément et retrouvons nous dans la première ruelle sur la gauche de la taverne"

Et sans même leur avoir laisser le temps de placer un mot, Eckmül continuait son "chemin" vers la sortie de la taverne, sans même payer sa chope et sa pipe d'ailleurs, qu'il laissa sur la table, et le tavernier n'osa lui réclamer. En sortant, il prenait donc la première ruelle à gauche, et les attendait tous les deux, dans l'obscurité la plus profonde.

(((Suite dans le topic des ruelles)))

Post précédent :Une décision à prendre...

Myrella regarda de loin l'aller et venu des crapules. Lorsqu'il n'eut plus qu'un ivrogne totalement aviné qui essayait en vain de se relever, la semi-elfe se faufila discrètement jusqu'à la porte....
Il y avait en faite beaucoup plus de monde qu'elle ne l'aurait imaginé ! Heureusement, ils étaient tous trop occupés à chanter joyeusement une chanson paillarde sur la musique d'un ménestrel borgne au nez rouge.
La pièce était sombre, très sombre, et l'odeur n'était pas très agréable. Avec les effluves d'ordures qui filtraient jusque ici, c'était affreux ! Mais la jeune femme prit sur elle, et essaya d'être aussi discrète qu'une souris.

Mais une grande brute, avec des muscles énormes et des poings si gros qu'on aurait dit des pelles lui barra la route. Myrella essaya de ne pas pleurer, ni de paraître effrayée. Elle se racla la gorge et s'excusa. Puis elle fit un pas de côté pour continuer vers le comptoir, mais le rufian se plaça de nouveau sur son chemin.
La jeune femme essaya de ne pas soupirer de désespoir. Elle avait vécu que trop souvent ce genre d'accrochage, et elle savait pertinemment que les débouchés seraient funestes pour elle, et ce qui lui restait de vertu féminine...
D'ailleurs, cela commençait à amuser la grosse brute et sa bande de potes, tous réunit à une table ronde et sale. L'importun leva la tête de la jeune femme avec un gros doigt sous son menton.

- T'es pas mal toi ...! Mais bon sang, t'es salement amochée ! C'est affreux... Chais pas où t'as trainé, mais j'pense qu'tu d'vrais pas y retourner ! Mouhahahaha ! Sinon ta bouille d'ange va se faire tabasser !

- Viens la faire s'asseoir avec nous ! 'doit avoir soif la jolie p'tite demoiselle ! proposa une des crapules.

- Nan... nan je cherche quelqu'un... Je... nan ! gémissait Myrella qui se faisait trainée par la grosse brute sans pouvoir y faire grand chose.

- Et c'est qui qu'tu cherches ma belle ? s'enquit un scélérat en passant son bras autour de ses épaules.

La jeune femme le rejeta vivement, et essaya de s'enfuir. Mais ils eurent vite fait de la rattraper et de la pousser contre une poutre. Cela fit un gros bruit, et de la poussière tomba du plafond...
Les chanteurs, poivrots et toutes autres personnes présentes dans la salle se retournèrent pour voir le spectacle misérable d'une jeune semi-elfe tirant sa robe alors que celui qui l'avait dans les bras essayait de la soulever pour "voir ses jolies gambettes".
Une ou deux larmes coulèrent des joues de Myrella, et causa un petit fou rire à quelques mauvaises âmes entassées dans les coins sombres de la taverne. Eperdue, celle-ci s'apprêtait à dégainer un de ses couteaux, dans l'espérance de causer assez d'agitations pour s'enfuir, quand un ange-gardien lança sa choppe de bois en plein dans la tête du pervers lubrique et malintentionné.

Ce dernier se retourna vers le comptoir, d'où venait le tir, et dégaina un kriss de belle facture en jurant. Une femme émergea de l'ombre, sa belle tunique rouge rehaussant l'éclat furieux de ses yeux noir.

- On t'a jamais dit que c'était mal de soulever les jupes des filles ?! Et encore plus de les envoyer voler dans le décor ?!! demanda-t-elle avec une voix grave et forte.

Le voyou l'insulta et lui intima de retourner à ses fourneaux plutôt que de squatté cette taverne, réservée sois-disant aux hommes, aux durs...
La femme aux cheveux tout aussi noir que son humeur éclata d'un rire fort et très méprisant. Elle lui demanda alors ce qu'il faisait là, et même les amis du scélérat ne purent retenir leur rire. Son honneur bafoué par une femme, le manieur de kriss se lança sur son adversaire avec une vivacité hors du commun !
Myrella se rendit compte alors qu'elle n'aurait eu aucune chance de le frapper à temps avec un de ses couteaux. Et cette pensée l'attrista beaucoup...
Elle n'était pas forte du tout...
C'était une froussarde, et une faiblarde... Une moins que rien...
Une pauvre petite prostituée...
Perdue et maltraitée. Rien de plus...

Un vif bruit de métal s'entrechoquant ramena Mimi dans la présent. La femme qui lui avait porté secours, ou du moins qui avait fait stopper la brimade, venait de parer brillamment avec une épée courte au manche orné de fleurs de lys.
Les loubars présent se mirent à taper du pied, en scandant bien fort : "Baston ! Baston ! Baston ! Baston !"
Myrella, elle, était déjà absorbé par le combat. Cette mystérieuse épéiste détournait tout les coups du bandit, qui finit par se fatiguer vu la force et la rapidité qu'il mettait dans ses coups. Mimi comprit alors la technique de la femme. Celle-ci n'était pas assez forte pour lui asséner un coup imparable, mais pourtant suffisamment pour tenir bons sous les attaques ennemis. Aussi, elle n'avait qu'à attendre que son opposant s'épuise, et donc perde de sa puissance, pour pouvoir le corriger.
Et ce que la femme bretteur fit !
Dès que le voyou commença à haleter, elle enchaine une suite d'attaques puissantes pour finir de l'épuiser, puis une salve rapide d'attaques hautes et basses impossible à parer lorsque les muscles s'engourdissaient...
L'épéiste aux cheveux de jais eut finalement le dessus sur la bandit, et lui entailla les deux cuisses.

- Et que cela te serve de leçon ! Car la prochaine fois, non seulement je te casse le nez et les mains, mais je te donne la fessée du siècle !! Et maintenant, va donc pleurer chez ta mère, sale petit pisseux !

Myrella battit plusieurs fois des paupières, et essuya ses larmes. Quelque chose lui disait que c'était elle, Helga Garbodre ! La jeune femme reprit un peu de son assurance, mais lui demanda tout de même si c'était bien elle.

- Mon illustre nom me précède à ce que je vois ! plaisanta la dénommée Helga. Oui c'est bien moi petite... Est-ce que tu me cherchais ?

- Ah... euh, oui ! Je... je ...

- Viens donc t'assoir à mes côtés pour me raconter ce que tu m'veux ! Et garde ton sac sur tes genoux...

La semi-elfe but quelques gorgées de bières chaudes, mais pas plus. Elle expliqua alors ce qui l'amené à la chercher : le dénuement dans lequel elle vivait, ses misérables économies, son projet de voyage jusqu'à Eniod, le vieux dresseur qui lui avait parlé d'elle, et elle osa même lui dire qu'elle aimerait par dessus tout être forte.
Helga regarda pendant un moment sa bière blonde. Et Mimi crut que la femme devait la prendre pour une folle désespérée et pathétique...
Mais contre toute attente, Dame Garbodre, comme elle se faisait appelé, lui expliqua qu'elle devait également se rendre à Eniod.
Myrella osa en demander la raison, et Helga lui expliqua que la situation là-bas était devenue dangereuse à cause des shaakts qui harcelaient ces terres, et qu'un très grand ami à elle lui avait demandé son aide.

- Donc du coup si tu le souhaite, tu peux m'accompagner. Et puis en chemin, j'essayerais de d'apprendre quelques trucs sur le maniement des armes ! lui proposa-t-elle avec un clin d'oeil.

Un immense sourire de reconnaissance illumina le visage de la semi-elfe.
C'était peut-être la première fois depuis très très longtemps qu'elle fut aussi heureuse !

Dès lors, Myrella se promit de ne plus jamais baisser les bras.
Elle deviendrait forte, c'était une certitude !

J'aimais bien cette taverne, car on pouvait y taper qui on voulait sans une once de culpabilité : les clients ici sont des brutes sans cervelles .
C'est pourquoi quand je devais aller en taverne ,comme maintenant ,j'allais ici.
J'entra dans la taverne d'un coup de pied et examina les clients :
(Que-ce qu'ils tirent comme têtes !)
_Patron ! 4 bières !
_Reçu !
S'enfiler 4 bières et tirer les chopes vides à la tête des mecs qui soûlent ,voila un truc réconfortant.Pas que je sois alcoolique mais pas loin.
Une fois les bières bues ,je tira la première sur un barde qui a décidé de chanter quelques secondes et je le toucha puis je surveilla les clients .
C'est alors que je vois un petit Liykor qui prit une bouffe .Une brute voulait lui piquer son argent et lui avait enlevé son arc.
La ,mon coeur ralentit ,et je pris les chopes ,et une atterrit à coté du mec et deux le touchèrent en pleine tète . il me dit ,aprés avoir passé la stupéfaction :
_Toi ,t'es mort
_Eh ,les gars , allez vous battre dehors ! ,dit le patron
_D'ac'

Frigorifier à cause de la légère tenue qu'il portait sur le dos, Warren poussa la porte péniblement puis put découvrir ce qu'elle renfermait. Un lieu sentant la sueur et le rhum, couplé avec une sensation de renfermé tellement la pièce était étroite et remplie de toute sorte de vagabonds douteux et coupes-gorges. Avançant timidement vers le comptoir il sentait le regard des occupants se tourner vers lui, il fallait dire que vu sa démarche et son accoutrement il était suicidaire de se rendre dans cette taverne surtout la nuit. Un silence de mort régna en maitre, sauf quelques bruits de jacassements et choppes se déversant des les estomacs des poivrots. Le tavernier se retourna donc vers le jeune homme à la démarche frêle en le dévisageant de la tête aux pieds. Ce dernier une fois devant le comptoir ne plaça mot, se contentant pour le moment de fixer l'homme derrière qui le toisait. Après quelques instants de silence, le propriétaire de la taverne. Cet homme était grand, imposant, chauve et aux airs non rassurants, bref un vrai tavernier dans l'âme. Le silence se fit rompre lorsque ce dernier demanda à Warren ce qu'il voulait, à sa façon bien entendu.

-"Hey le mort-vivant ! Je te sers quelque chose ou tu vas rester planté là avec ton air abruti ?"-

Le jeune homme ne répondit à cette phrase, l'incompréhension de la situation l'avait emmené dans cette taverne mais il n'avait fait qu'errer en fait. Il se trouvait là par hasard, il ne savait même pas où allait-il exactement. Mais le fait de ne pas répondre était très inconscient de la part de Warren surtout quand la taverne était remplie de gens très peu recommandables, le tavernier en premier. Ce ne fût qu'après quelques secondes que le mage plaça quelques mots mais malheureusement ils n'étaient aucunement en rapport avec ce que lui avait demandé Kadmos quelques instants plus tôt.

-"... Qui êtes-vous ?"-

Le grand homme chauve afficha une tête surprise et mécontente à la réponse du 'client'. Il lui dit qu'il n'était pas d'humeur à plaisanter et que s'il cherchait la bagarre il l'aurait comme il se devait. Voyant que la situation déraper, il n'eut même pas le temps de réagir qu'un gros bras se leva de sa table en prenant sa direction. Le voilà qu'il était à présent à côté de l'homme au bandage, il ne semblait pas non plus apprécier ce qu'avait dit Warren. Encore un paumé se disait-il, une cible facile à dépouiller puis à tuer ... Voyant que le jeune homme ne disait rien il le prit par surprise en lui assénant un coup droit dans la figure le propulsant sur une table voisine. La douleur s'empara de lui quasi instantanément et le fît sentir en laissant échapper un léger cri. Son attaquant l'insurgea en le traitant de minable tout en s'approchant dangereusement de lui. Le soulevant par le 'col' de sa couverture il lui postillonna au visage en l'insultant aussi vulgairement que possible. La salle tout entière commençait à siffler et à encourager leur grand camarade à pulvériser le mage. La situation était en train de très mal tourner pour Warren et il fallait vraiment une chance pour qu'il puisse échapper au destin que lui réservait le poivrot. Sans force, sans 'conscience' de ce qui se passait le mage se refit projeter contre une autre table, la cassant en deux sur le coup.

Exech, quelle exécrable ville décidément … Par quel moyen le jeune homme s'était retrouvé là-bas ? Il ne le savait guère. Mais c'est alors qu'au moment où il allait se faire achever que la porte de la taverne claqua. Trois silhouettes se profilèrent alors à l'entrée de la salle et un second silence se fit ainsi imposer. Un homme en armure de plaques accompagnés de deux autres acolytes s’immisça dans la taverne. Tout le monde les dévisageaient mais ces derniers n'en avaient que faire de leur regard. Ils ne faisaient pas partis de la milice apparemment vu qu'ils ne portaient aucun symbole. L'homme en armure se dirigea alors vers Warren et d'un seul coup de regard envers son assaillant, le grand coupe-gorge s'écarta. Se penchant vers le corps plus qu'affaibli du mage il lui demanda son identité :

-"Quel est votre nom ?"-

Il ne répondit pas tout de suite, sa respiration était lente et lourde. Son cerveau mit quelques secondes à analyser la question et il finit par bouger ses lèvres aussi péniblement que possible.

-"Je … Je ne sais pa … plus. Je ne m-me rappel de r-rien …"-

L'armure ambulante se releva et fixa Warren de haut en bas. Murmurant avec ses deux compagnons, le jeune mage put entendre des éclats de leur petite discussion. Il entendait que le chef disait que c'était bien lui qu'il cherchait et qu'il était étonné de le voir dans un tel état après ce qui s'était passé. D'un claquement de doigt il ordonna aux deux autres mercenaires de le soulever et de l'épauler. Il approcha sa tête du mage et se présenta alors à lui sous le nom de 'Festenhärt', lui disant qu'il avait bien été amoché mine de rien, il ne ressemblait plus à ce qu'il était la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Évidemment, Warren ne se souvenait pas un seul moment ni de la voix ni du visage de cet homme. Les autres occupants de la taverne semblaient apeurer de voir l'individu en armure, comme s'il s'agissait d'un criminel recherché ou quelque chose dans le genre. Les évènements étaient tellement flou et intense que le fuguromancien tomba dans l'inconscience peu après que les deux hommes de Festenhärt l'avaient aidé à sortir de la taverne.

Le soir était tombé et Leyna sirotait une chope de jus de fruit à la taverne la plus mal famée de la ville. Les clients, pour la plupart à la mine plus que patibulaire, la regardaient d'un air étrange. Une sublime jeune femme avec des bijoux qui venait ici était soit une folle... soit quelqu'un qui détenait la preuve absolue qu'il n'y avait rien de plus dangereux ici qu'elle-même.
Le tavernier l'avait servi avec une certaine déférence, ne sachant à quoi s'en tenir.
Consciente qu'elle ne craignait rien, au moins pour l'instant, Leyna réfléchissait. Il y avait plusieurs sang-pourpres ici, mais pas autant qu'il aurait dû y en avoir. Où étaient-ils donc ? Qu'importe, elle devait au moins recruter ceux-là, ce serait un bon début...

Elle pourrait certes chanter le début de sa chanson sur sa quête de la dague de Moura... mais dans cette taverne, elle soupçonnait qu'une chanson triste ne serait pas bien accueillie... du moins au début. S'il y avait une chose qu'elle avait remarquée dans l'esprit des mortels, c'est qu'il tendait naturellement vers l'équilibre. Après avoir pleuré, on retrouve plus facilement le sourire... et même le dernier des soudards pouvait apprécier une belle chanson s'il avait bien rit avant.
Elle sortit le parchemin qu'elle avait pris sur le corps du pirate. Elle n'y avait jeté qu'un rapide coup d’œil jusque-là, rougissant devant les strophes d'une rare vulgarité. Mais maintenant...
Oui, elle réalisait plus clairement, à l'esprit reposé, qu'il y avait du génie dans ces mots. Ces deux chanson, elle ne les avait jamais entendue. L'homme qui était mort aurait fait un grand chanteur, même si ses sujets étaient douteux.
Elle lut soigneusement jusqu'à avoir apprise soigneusement le texte. Puis, elle se décida à se lever pour aller trouver le tavernier.

« Un peu d'animation, je souhaite apporter... le puis-je ? »

L'homme lui lança un regard torve.

« Ça te coûtera la moitié de tout ce que tu gagneras... »

« Un tiers... »

« La moitié, ou tu pourras aller te trouver un autre cabaret, catin. »

Elle le regarda droit dans les yeux.

« Douterais-tu de mes talents ? Par promesse, ils te rapporteront bien de l'argent... »

Troublé, il baissa les yeux et accepta. Avec un sourire, Leyna recula... puis, d'un bond gracieux, elle fut sur une table. La chanson monta et bientôt, tous n'eurent d'yeux que pour elle.
Les paroles, pour poétique qu'elles furent, valent à ne pas être répétées tant cette poésie était propre à faire rougir le plus endurci des boucaniers. Bientôt, toute la salle rit aux éclats, frappant les tables du plat de leur chope. Les yeux sont fixés sur les jambes dansantes, attendant un moment où la robe monterait plus haut pour voir ce qu'il y a en dessous. Hélas pour les pendards, point de vision enchanteresse, car la belle tient à garder sa vertu !
Beau spectacle, en revanche, et tous chantent bientôt en chœur le refrain, bel assemblage de mots parfois inconnus et pourtant au sens évident.
La soirée passa bien vite, et les premières pièces, accompagnées d'invitations pressantes, formaient une belle pile, de sorte que le tavernier allait gagner plus avec un tiers qu'il n'en gagnait avec la moitié pour les autres chanteuses.
Comme la nuit avançait, les clients ne partaient pas, et demandaient de nouvelles chansons, encore et encore. La semi-elfe tira une autre chanson drôle, de sa mémoire, cette fois-ci, et les applaudissements tombèrent en pluie. Alors, jugeant que le moment était venu, et que de toute façon, la fatigue la terrasserait bientôt, Leyna se lança dans sa propre composition en commençant par ces mots.

« Silence, maintenant. Silences, hommes mortels, doux sires et rude peuple d'Imiftil... car le récit qui arrive n'a été entendu d'aucune cours de roi, bien qu'elle soit faite pour esbaudir oreille de noble. Le récit, pourtant, est un récit pirate, mais sa beauté exalte la force de Moura, car il est l'ode au sang-pourpre et à la déesse de la mer. Mais trop récent il est, car récents sont les événements qu'il raconte... alors écoutez... écoutez, Ô hôte privilégiés ! Écoutez comment le grand amant de Moura, chanceux puis maudit, trouva enfin le repos... »

Elle elle chanta. Donnant toutes ses forces dans un récit qui la brûlait jusqu'au plus profond de son âme. Elle chanta une gloire passée, une malédiction cruelle que nul n'avait appelé. Elle chanta la tristesse de la déesse et ses tentatives pour se faire entendre de son clergé. Elle chanta, enfin, le combat épique contre mille monstres marins, pour briser la fureur de la malédiction, et seul le sang-pourpre pouvait accomplir cet exploit. Mieux, un seul équipage aurait eu le courage et la force : celui du chasseur des brisants !
Lorsqu'elle se tût, elle s'inclina devant la salle, ravie de voir que plusieurs soudards versaient une larme, la première depuis des années, sûrement.
Et comme elle s'y attendait, plus encore que tout autre, les sang-pourpres étaient saisis, et ils vinrent bientôt lui demander si le légendaire navire recrutait.
Et voilà que bientôt, elle se trouva à emmener cinq hommes vers le port, non sans oublier d'emporter l'argent qu'elle avait justement gagnée !

Assis a sa table au fond de la salle, le dos au mur et le regard plongé dans sa chope, Ingvar réfléchissait.
Il n'était arrivé a Exech que depuis quelques heures, et déjà il exécrait cette ville lugubre.
Dans la salle de la taverne de "la chope renversée", les conversations allaient bon train.
On criait pour se faire entendre, les uns beuglaient pour couvrir le brouhaha, les autres s'apostrophait par dessus le tumulte des voix indistinctes, ajoutant encore au vacarme qui régnait en ce lieu.
Des aventuriers en loques et aux mines patibulaires en passant par les piliers de comptoirs sales et a la mine défaite, Tout le bas peuple de la ville semblait concentré dans la taverne.
La carrure et l'apparence peu engageante d'Ingvar créait autour de lui un espace que les clients évitaient; qui aurait été assez fou ou assez saoul pour se frotter a un Fenrissien de presque 2 mètres?
Ingvar observait d'un œil menaçant tous ceux qui croisaient son regard. Ils s'amusait de les voir frémir et détourner précipitamment les yeux. Lui savait que ces pauvres soûlards ne pouvaient rien contre lui.
malgré son air rustaud, Ingvar possédait des capacités intellectuelles remarquables et semblait deviner ce que pensait les gens au vu de leurs visages, ce qui le faisait sourire. Cela néanmoins, n'atténuait en rien son apparence intimidante.
Aussi, les clients le laissait en paix et Ingvar s'en félicitait. Il vida d'un trait sa chope, ajusta sur ses larges épaules l'épaisse peau d'ours qui le protégeait du froid, saisi son casque cornu et après avoir payé son verre, il se dirigea vers la porte de la taverne.
Trois gaillards armés et menaçants lui barrèrent le passage.

"On peut savoir ou tu vas comme ça mon gars?"

Le soudard du centre, celui qui semblait être le chef, posa sa main sur la poignée de son épée et éructa en souriant narquoisement;

"Nous autres, on aime pas trop les types comme toi par ici..."

Les deux hommes a ses cotés s’approchèrent un peu plus d'Ingvar, le jugeant comme une meute de chiens circonspects.

"On vas faire un deal toi et moi." continua l'homme de tète en se rapprochant encore d'Ingvar. "T'as bien un peu d'argent non? Tu vas nous céder ta bourse et en retour, on te laisse quitter cet endroit en vie. T'es d'accord?"

"En même temps, l'a pas trop l'choix ce corniaud..." ricana l'homme de gauche.

Ingvar fixait toujours le brigand de tête, son visage ne trahissant comme expression qu'une colère sourde.
l'homme resserra sa prise sur la poignée de son épée. Autour d'eux, quelques clients avaient cessé de parler et observaient les belligérants, bien que ce genre de conflits soient monnaie courante a Exech.

"Et bien?"

Ingvar ferma les paupières, esquissa un discret sourire et dit de sa voix qui rappelait le frottement du Granit contre la glace;

"Vous voulez de l'or? Voila de l'acier."

Le coup partit si vite que les bandits restèrent interdits pendant quelques secondes, le temps de se rendre compte que leur chef tombait en arrière, la mâchoire en sang.
Ils tentèrent de réagir, mais vif comme une vipère, Ingvar se retourna et, son casque en main, il asséna un revers de ce dernier au soudard qui lui faisait face.
Le troisième larron eut la présence d'esprit de reculer et de s'enfuir en bousculant les clients.
Ingvar renonça a le poursuivre, entreprit de faire les poches des deux marauds sans connaissance a ses pieds, et après les avoir soulagés de leurs maigres possessions, il se dirigea vers la porte, se fendit d'une révérence volontairement ridicule et pressa le pas pour quitter la ville le plus rapidement possible.

(Si après ça on vient me chercher des noises, je vais finir par croire que je suis maudit...)

Il devait quitter la ville au plus vite, car nul doute que l'homme qui s'était enfui allait avertir ses comparses des événements qui s'étaient déroulés a la taverne.
Ingvar savait, comme tout ceux qui passaient a Exech, que la ville était placée sous la domination de plusieurs clans influents et ceux qu'il avait estourbis a la taverne appartenaient sans aucun doute a l'un d'eux.
Bien qu'il n'en ai cure, il était vital pour lui de ne pas s’attarder plus longtemps en cette cité décatie et puante.
Il accéléra donc le pas et sans vraiment savoir vers ou il se dirigeait, il quitta la ville et partit vers l'inconnu...

((suite dans le topic des plaines marécageuses))

Après l'avoir bâillonnée et ligotée Rosemary traîna Ingrid dans un coin de la maison et s'accorda quelques heures de repos, avant de repartir d'un pas ragaillardi par le sommeil réparateur vers la taverne. Elle dut s'armer de courage pour pénétrer dans ce taudis puant et malpropre. Quelques tables en bois occupaient une majorité de l’espace, des tonneaux et caisses et bois servant de sièges. La sueur, les effluves d'alcools et l'odeur des vomissures se mélangeaient pour le plus grand déplaisir des néophytes. Cette puanteur que les habitués appelaient fièrement, l'odeur viril, répugnait Rosemary. Se voir entourée par autant de déchets la débectait.

Elle détestait devoir être redevable, d'autant plus quand il s'agissait de ces pathétiques larves qui s'adonnaient à la luxure, se vautraient dedans... Pourtant le lieu comme la majorité à Exech s'avérait dangereux, beaucoup de membres de clans aimaient venir ici pour boire jusqu'à plus soif. Elle croisa du regard celui qui l'avait par obligation accompagné jusqu'à la sortie des catacombes et lui avait donné les informations utiles quant à sa cible. Elle ne daigna pas le saluer et continua d'avancer à travers les tables et les hommes attroupés autour.

Elle se déplaça jusqu'au comptoir sur lequel figurait des doigts plantés dans de petits pics. Kadmos, l'actuel propriétaire de la taverne exécrait les mauvais payeurs. Depuis son précédent coup d'éclat qui s'était soldé par l'amputation de plusieurs doigts d'un client vindicatif et peu désireux de payer, les problèmes liés à l'argent avaient tout bonnement disparus. Une main de fer dans un gant de fer, il était bourru, la nature l’avait doté d’une stature imposante et c’est probablement ce qui lui permettait de tenir cet établissement douteux. Son crâne dégarni était luisant de sueur et il avait des yeux enchâssés dans sa figure porcine.

Mais outre ses qualités inhérentes à la profession, Kadmos savait concocter quelques mélanges dont il préservait avec hargne le secret de fabrication. Rosemary s’accouda au comptoir et le héla alors qu’il discutait avec un autre client. Il lui jeta un regard noir et d’un geste de la main lui fit signe d’attendre. Rosemary qui avait besoin de son aide ravala son envie de vitupérer, certaine que ça ne mettrait pas le tenancier dans les meilleures dispositions.

Après quelques minutes l’homme alla se rasseoir et le tavernier alla se camper devant Rosemary. Il ne prit pas la peine de la saluer, lui demandant ce qui l’amenait ici.

Elle le regarda et demanda d’un ton complice :

« Tu fais toujours tes décoctions ? J’ai besoin d’un mélange capable d’endormir en homme en quelques minutes. Le-dit homme se sera surement murgé au préalable. »

Kadmos afficha un sourire suite à cette demande, un sourire malsain, exsudant la méchanceté.

« Pour toi probablement… Tu connais le prix il me semble. »

Rosemary hocha de la tête et prit pour quarante yus avant de les laisser dans la paume ouverte du tavernier. Il les rangea dans une poche et fit signe à Rosemary de patienter. Il baissa son immense carcasse, il devait les avoir rangés tout au fond au vu du bruit qu’occasionnait ses recherches. Il se redressa finalement, une fine bouteille dans la main. Rosemary lui demanda d’ajouter le mélange à une bouteille d’alcool, il haussa l’un de ses broussailleux sourcils et tendit sa paume. Elle reprit pour cinq yus qu’elle déposa dans la main de Kadmos. Il les rangea de nouveau et prit une bouteille qu’il ouvrit avant de faire couler le mélange dedans. Il reboucha la bouteille, la secoua avec force avant de la tendre à Rosemary. Celle-ci la tint à une main, adressant avec l’autre un bref signe et se retourna, l’esprit en ébullition.

Rosemary s’empressa d’aller dehors, le soleil était haut dans le ciel, le vent charriait l’odeur fétide d’Exech, elle préférait ceci à l’intérieur de la taverne. Il ne lui restait plus qu’à retourner vers sa cible, attendre le moment opportun, et frapper telle la vipère avant de disparaître dans l’ombre.

Une histoire de bière partie 2 : le-moulin-t25.html




Il faisait nuit mais je n'était pas fatigué, j'ai décidé d'aller parler au gens présent dans la taverne. Il y avait un nain, deux paysans, trois mages, un elf et ... un homme encapuchonnée avec à côté de lui un oiseau.

Le nain avait déjà eu affaire avec Keea Alaba, sa charrette avait été pillé au cours d'une aventure, mais il ne savait pas où il se trouvait.
Les deux paysans saoul criait que Keea Alaba était un, je cite, ''trou d'cul'' car il volait les beaucoup de plantations aux paysans.
L'aubergiste ma juste informer qu'il était venu dans son auberge il y a 3 nuits soit la nuit où les tonneaux ont été volés.
Les trois mages n'en savait rien et me disaient être éloigné des affaires humaines.
L'elf, quant à lui, m'a dit qu'il cherchait Keea Alaba mais ne voulait pas se joindre à moi (il était tellement arrogant !) .

Puis je suis allé voir l'homme encapuchonné... et je ne m'attendais pas à ça...

Au moment où je lui demanda s'il connaissait Keea Alaba il lança un énorme champ de force qui m'a balancé à terre !
Il me dit : ''Alors c'est toi qui sali notre commerce ! Je me ferais une joie incommensurable de te tuer !
J'ai quand même eu beaucoup de chance, j'ai pu sortir et j'ai pu utilisé mon arc !

à suivre

La bonne femme le lorgnait d’un œil amusé, un petit verre rempli d’un liquide ambré aux relents douteux enchâssé dans une main. S’il connaissait le fumet de la liqueur – que d’aucuns auraient plutôt nommé tord-boyau -, c’est qu’il l’avait lui aussi sous le nez et qu’elle lui agressait les narines. Ils étaient assis dans les encouragements de la foule, l’un face à l’autre, la p’tite donzelle et le gigantesque barbare, un verre dans la main et le regard franc.

La moustache blonde du nosvérien frémit un bref instant avant qu’il ne porte le liquide à ses lèvres et ne l’avale d’une traite sous les vivats des clients, le laissant glisser dans son gosier allumer un feu dans sa gorge. Il retint la toux qui remonta : il n’était pas fillette à renâcler devant un travail d’homme. D’ailleurs, en parlant de fillette, celle qu’il avait devant lui semblait encaisser son pesant d’alcool. Un p’tit brin d’femme qu’elle était, pourtant elle avait ingurgité autant de verres que lui de ce breuvage infect qu’ils servaient dans ce bouge et le regardait encore avec ses petits yeux noirs, illuminés à la lueur des torches derrières ses mèches brunes.

Il reposa le verre sur la table dans un claquement sec et les clients accompagnèrent le geste en tapant des mains et des pieds, l’un d’eux allant même jusqu’à donner une tape bourrue sur l’épaule du barbare qui lui lança une œillade de mise en garde. Depuis quelques verres, ils étaient devenus l’attraction de la Taverne de la Chope Renversée et il avait même entendu quelques paris se prendre. Hjalmar avait souri : tous ou presque étaient en sa faveur. Faut dire qu’il mettait plus d’une tête à la femme, sans compter le quintal de muscles qui travaillaient sous sa chemise.

Le nosvérien lui lança une œillade : c’était son tour. D’ailleurs, il n’avait pas la moindre idée de comment elle s’appelait.

Exech. Une taverne miteuse. Une odeur de crasse, de transpiration et de renvois alcoolisés. Deux personnes face à face.

Aeclya se tenait là assise face à une montagne de muscle barbue, le regardant fixement, attendant patiemment. Autour d'eux des gens hurlaient, exultaient, les encourageaient. Enfin les encouragements allaient plutôt au gaillard mais qui pouvait les blâmer dans ce genre de situation. Car ce duel sans enjeu - tout du moins pour les deux participants - se présentait sous une forme des plus classiques: Un duel de picole. De petits verres d'une liqueur inconnue aussi forte qu'odorante étaient alignés devant Aeclya et son massif adversaire. Tour à tour les participants en buvaient un, espérant voir l'autre concurrent s'effondrer le premier et récolter les huées de l'assemblée.

Si Aeclya avait bien une chose pour laquelle elle était confiante, c'était sa capacité à ingurgiter des gnôles de toutes sortes et être encore capable de se moquer de ses compagnons de boissons en train de rendre ce qu'ils avaient mangé les trois derniers jours. Elle avait perdu le compte mais elle pouvait encore encaisser et elle posa un regard amusé sur l'inconnu qui lui faisait face en prenant un énième verre dans sa main. La femme se pencha en avant et se laissant entrainer par l'ambiance lança une petite pique amicale.

" Alors, toujours debout Monsieur Muscle ? Vous vous êtes bien battu, n'ayez pas honte de lâcher prise!"

Et pour faire suite à sa provocation elle prit un deuxième verre dans sa main gauche avant de faire un petit clin d'oeil et d'avaler d'une traite et à la suite le contenu presque fumant des deux récipients. Elle fit une grimace mais reprit vite sa contenance et leva les deux verres vides devant la foule avant de les poser d'un coup sec et bruyant sur la table. La clameur reprit de plus belle et tous les regards se tournèrent dans l'autre direction. Allait-il relever le défi ?

La donzelle répliqua un prenant un verre, l'avala et le lâcha sur la table avant d'en prendre un second dans la foulée.

« Alors, toujours debout Monsieur Muscle ? Vous vous êtes bien battu, n'ayez pas honte de lâcher prise ! » lâcha la bonne femme avec un sourire narquois, la mine amicale en reposant bruyamment son second verre vide

Le sourcil de barbare se haussa et sa moustache frémit alors qu’un lent sourire apparaissait sur ses lèvres. La foule le regardait, retenant son souffle, attendant de voir s’il allait relever l’insulte. Lentement, il leva sa grosse paluche pour la porter jusqu’au verre, s’en saisir et l’avaler d’une traite avant de l’abattre sur la table. En vrai, il commençait à sentir le ratafia faire son œuvre et sa cervelle plus réagir correctement à ses demandes. Il en attrapa un second. Pas question de se laisser distancer par un p'tit bout comme elle.

« Chante, Rossignol, pendant que tu le peux encore, car après ce sera dans les bras de Kübi que tu dormiras ! » répliqua Hjalmar avec un grand sourire en tapant la table de son poignet.

Il n’en suffit pas plus pour que la foule l’acclame, en liesse. Il entendit malgré tout quelques paris changer de bord au profit de la gironde et lâcha un grognement de gorge profond, le regard redevenu sérieux et fixé sur le Rossignol. C’est qu’on ne rigole pas avec les duels d’alcool.

Et le défi fût relevé! Non sans être précédé - à la plus grande joie d'Aeclya - d'une petite réponse tout aussi amicale à la pique de la demoiselle. Rossignol, il venait de l'appeler Rossignol avant d'espérer la voir s'endormir dans les bras de Kûbi, grand patron de la dive bouteille. Aeclya éclata de rire quand Monsieur Muscle s'enfila lui aussi deux petits godets. Tant de confiance et de stoïcisme face à l'attaque du liquide alcoolisé dans ses entrailles c'était beau à voir, admirable même pensa-t-elle. Elle caressa même l'espoir d'avoir enfin trouvé un adversaire à sa hauteur et de voir qu'elle pouvaient bien être ses limites.

Depuis combien de temps ne s'était-elle pas amusé comme ça ? Aeclya ne s'en souvenait plus mais à cet instant, cela n'avait pas la moindre importance. Il n'y avait qu'elle, le barbu et des verres à vider. Mais au-delà de la capacité à faire disparaitre ce liquide corrosif, un duel de boissons est avant tout un duel psychologique. Paraitre confiant, rester imperturbable et faire croire à son opposant qu'il vous reste encore de la place pour quelques litres. Même si dans le cas de l'aventurière, point besoin de faire semblant. Enfin, cela ne l'empêcha pas de continuer à titiller l'autre buveur.

Elle prit un verre et déversa l'alcool dans la bouche mais ne l'avala pas tout de suite et alors que sa langue commençait à être douloureuse sous l'effet de la liqueur, elle siffla légèrement en prenant garde de ne rien recracher pour tenter de simuler le chant d'un rossignol. Le résultat était vaguement ressemblant mais pouvait sans doute paraitre très réel aux oreilles d'un homme éméché. Elle se gargarisa ensuite avant de laisser le spiritueux descendre le long de son œsophage et laissa s'échapper un "Aaah" un peu trop rauque. Haussant les épaules elle poursuivit la joute verbale.

"Je devrai peut-être affronter Kübi directement. Là j'aurai sans doute une chance de perdre. Qu'en pensez-vous ?"

C’est que la frangine éclata de rire et, loin de s’avouer vaincue par la gouaille du colosse, elle ramassa son godet avec l’œil railleur, pas le moins du monde impressionnée par la masse musculeuse barbue attablée devant elle. Hjalmar commençait à sentir un petit malaise monter, un petit pouce de doute s’insinuer dans sa caboche. Elle a l’air quand même vachement solide, la gerce, se disait-il, on dirait qu’elle sait y faire. P’têtre ben, mais qui c’est, le barbare de Nosvéris ? Qui c’est qui a du sang fenris dans les veines, hein ?

Le Rossignol, indifférent aux atermoiements dudit barbare, ingurgita une gorgée de la crique. Mais loin de l’avaler d’une traite, comme toute bonne greluche, elle garda le liquide en bouche et sifflota un petit trille rossignolesque sans un verser une goutte. Verre posé, « ah ! » satisfait et regard joueur. La garce…

Il n’en fallu pas plus à la foule en délire pour l’acclamer « Rossignol, Rossignol, Rossignol ! » Encouragée par les vivats, elle le nargua, soulignant qu’en affrontant Kübi, elle aurait peut-être une chance de perdre, poussant le vice jusqu’à lui demander son avis.

En fait, se rendit compte Hjalmar, il n’en était même pas fâché, mieux, il commençait à avoir une sacré dose de respect pour la donzelle et son aplomb. Lui, de son côté, il en menait pas large depuis quelques verres et sentait approcher le moment où il devrait choisir entre partir dignement ou la gueule dans le caniveau.

Aller, un p’tit dernier.

La main un peu tremblante, le regard vitreux, il attrapa son eau-de-vie et l’enfourna d’une traite avant de la reposer en s’ébrouant. Bordel, ça commençait à cogner sévère.

« Je crois… » dit-il avec l’impression de mâcher une patate chaude, « je crois que l’Rossignol a que d’la gueule et est pas foutu d’avaler ses quatre guindals d’une traite. »

Il acheva sa saillie d’un sourire dévoilant une rangée de dents sous sa moustache fournie, mettant la jeune femme au défi.

Et visiblement, Aeclya venait de se mettre la foule dans la poche. Était-ce par sa verve cinglante ? Était-ce par sa résistance hors norme ? Ou alors étaient-ce ses charmes qui commençaient lentement à faire leur petit effet ? Aeclya n'en avait cure, car en cet instant, c'est elle qu'on acclamait à grands renforts de "Rossignol, Rossignol" scandés en chœurs et à répétitions. Elle devenaient petit à petit l'héroïne de ce duel. La favorite. Il ne lui en fallu pas plus pour se lever de sa chaise et poser un pied sur l'assise de cette dernière avant de pousser le foule à l'acclamer encore plus en agitant les bras vers le haut, motivée par la joie ambiante et l'euphorie que la liqueur faisait enfin monter en elle. Surtout que le barbu semblait enfin montrer quelques signes de faiblesses.

Elle finit donc par se rasseoir pour se concentrer sur son compagnon de biture qu'elle commençait à apprécier de plus en plus. Contrairement à la plupart des gonzes qu'elle avait pu affronter par le passé celui-là n'était pas un complet amateur et même si elle comptait l'écraser de toute sa résilience tout puissante elle le respectait. Il s'était bien battu, mais venait lui même de signer sa défaite en lançant d'une voix trahissant son état d'ébriété un peu trop avancée, un ultime défi à Aeclya. Avaler non pas un, pas deux, pas trois, mais bien quatre verres d'un seul coup.

Montrant ses dents blanches en se fendant d'un grand sourire amusé et provocateur, elle pris une chopine qui trainait sur la table, vida la bière depuis trop longtemps réchauffée et éventée sur le sol, avant d'y déverser les quatre petits verres de liqueur. Elle leva le récipient comme pour trinquer avec Monsieur Muscle, sans le lâcher des yeux et trois grandes gorgées plus tard, lui montra à lui et à la foule à quel point sa chope était vide. L'effet fut assez rapide et enfin, Aeclya commença à sentir les effets de l'affrontement. Elle en avait encore sous le coude mais elle aussi avait quelques limites et comme n'importe quel être humain elle finit par être affectée par la boisson. Sa vue se brouillait très légèrement et l'euphorie était totale. Mais les deux protagonistes étaient encore debout, le duel n'étaient pas terminé.

"Une attaque suicide hein ? Admirable! Un adversaire de VALEUR!"

Des propos d'une sincérité palpable et imparable.

"Fiuuuu! Mais il faut avouer que ce truc cogne. J'sais pas ce qu'ils y mettent mais....BREF! Un bon guerrier sait quand s'arrêter n'est-ce pas ? Enfin...Je crois, non ?"

Elle appréciait vraiment le mastodonte qui lui faisait face et préférait juste le pousser à l'abandon que de le voir s'effondrer le nez et la barbe dans une flaque de bile.

La femme ne tarda pas à révéler deux rangées de dents blanches et à relever le défi en versant dans une chope vide les quatre verres d’alcool. Elle leva le contenant en l’air, saluant le nosvérien avant d’en ingurgiter le contenu, provoquant chez le barbare une manifestation de joie bruyante, alors qu’il l’encourageait à son tour en tapant la table de ses palmes. Cette exubérance s’accentua plus encore lorsqu’elle souligna ironiquement l’aspect traitre de sa proposition.

« Fiuuuu! Mais il faut avouer que ce truc cogne. J'sais pas ce qu'ils y mettent mais....BREF! Un bon guerrier sait quand s'arrêter n'est-ce pas ? Enfin... Je crois, non ? »

L’hilarité de Hjalmar s’amenuisa. C’était à présent son tour. Le cœur vaillant mais la flamme volatile, il attrapa un premier petit verre qu’il avala d’une traite, avant même de se donner la peine de penser. Il dut prendre un instant pour se remettre, les yeux fermés, la main crispée sur le godet. Sa tête tournait et son ventre protestait. Malgré tout, il se força à rouvrir les paupières pour attraper le second verre. Il peina à se résoudre à le porter à sa bouche, mais le fit malgré tout au prix d’un effort surhumain. Rien que l’idée de ce liquide se déversant dans sa gorge…. Son estomac n’en fit qu’un tour.

Soudain, tous les derniers verres qu’il venait d’enfiler décidèrent de reprendre en même temps leur indépendance. Il eut un premier haut-le-cœur. Il le ravala. Il eut un second et… gerba l’intégralité de ses tripes sur le sol, au pied des clients qui se retournèrent soudain. Il y eut un instant de flottement pendant lequel il crachait ses tripes avant que tous ne comprennent la signification de ceci : le Rossignol était vainqueur. La gerce, le p’tit bout d’meuf était vainqueur face au gigantesque barbare, à l’armoire à glace ambulante. Les vivats se firent entendre, les acclamations et de nouveau son surnom était scandé dans la salle.

Hjalmar se redressa, faisant brusquement reculer le banc sur lequel il était assis. Le crissement qu’il fit attira de nouveau les yeux sur lui et les vivats ovations s’essoufflèrent pour ne laisser plus qu’un silence pesant. On se demandait ce qu’il se passait dans la tête de ce barbare, ses traits en partie masqués par la barbe qui lui mangeait le visage. Son expression semblait dure et ses yeux de glace étaient polaires, fixés sur le Rossignol. Avec une lenteur délibérée, il se dégagea du banc et fit le tour de la table. Sur son sillage, les clients reculèrent, effrayés par cette masse de muscles qui s’avançait pesamment. L’un d’eux, craignant sans doute le pire pour la gagnante, tenta de s’interposer, mais il fut repoussé sur le côté comme s’il n’existait pas. Durant tout ce temps, le regard du barbare n’avait pas quitté celui de la femme.

Se tenant droit devant elle, il la dominait, autant par sa taille que par sa musculature et lorsqu’il leva lentement la main, la foule retint son souffle. Soudain, les traits du barbare se détendirent et c’est un gigantesque sourire qu’il arbora alors que sa grosse paume s’abattait sur l’épaule du Rossignol en signe d’éloge. Ne maîtrisant plus sa force à cause de l’alcool, il la déstabilisa légèrement avant d’agripper sa main et la lever au-dessus de sa tête, faisant signe à la foule de l’acclamer de nouveau.

« Que tout le monde acclame ce Rossignol, » dit-il de sa grosse voix bourrue, « car ce soir, Kübi a trouvé son maître ! »

Les clients ne se firent pas prier et rapidement ils scandèrent de nouveau « Rossignol, Rossignol, Rossignol ».