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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mar 26 Aoû 2014 01:39 
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Hrist avait été arrachée à ses songes par un chahut inattendu. Un orque avait été surpris en train de voler une parure de l'équipement de Sinaëthin. Rôk avait rapatrié le voleur sur le pont, prêt à exécuter la sentence classique mais avait préféré se référer à la commandante du navire.

La traversée touchait bientôt à sa fin et l'horizon dévoilait une irrégularité qu'on devinait être au loin la terre. Oranan n'était plus si loin, bientôt ils débarqueraient silencieusement sur les berges prêts à se fondre dans les bois pour trouver un moyen de mettre les temples à sac sans tomber sur l'armée.

Le Garzok fautif était fermement tenu par deux soldats et Rôk, le fouet négligemment posé sur l'épaule expliqua brièvement la situation à Hrist qui émergeait doucement à mesure que la bise du vent lui agitait les sens.

« Il a été surpris en train de récupérer du mithril. Comme l'Elfe n'est pas une prisonnière, j'ai pensé qu'il fallait vous prévenir. Il dit qu'on devrait pas s'embarrasser des deux drôles et que les tuer permettrait déjà de s'offrir un beau butin. Je crois que lui comme d'autres ne comprennent pas votre idée de les laisser en vie. »

Elle bailla, observant un instant le voleur. Un des orques qui accompagnait la troupe, pas un soldat mais une peau-verte qui s'occupait du détachement. Hrist savait qu'il était comme tout orque capable de sévir sur un champ de bataille mais l'exemple était l'exemple, elle pouvait se passer d'une tête et il était aussi question d'affirmer son nom auprès de ceux qui ne comprennent que la loi du plus fort.

« La sanction est de dix coups de fouet. Je propose qu'elle soit publique, comme ça... »

« Cent.»

Rôk s'interrompit un instant. Le voleur leva des yeux effarés et les soldats garzoks se regardèrent entre eux. Le Sergent hésita un instant et répéta :
« Cent coups de fouet ? »
« Cent. Je ne vais pas me mettre à négocier. Je dirige. Ceux qui ne n'exécutent pas mes ordres seront exécutés. De ma main ou de la tienne, mais la sanction sera lourde. Fouette. Qu'ils observent le sort que mérite le traître. Douter de moi est un crime puni de mort, qu'on se le dise. »


Quelques ricanements se firent entendre lorsqu'on traina le malheureux jusqu'au bastingage où ses poignets furent liés à la rampe. Les chevilles tirées en arrière à l'aide d'un cordage noué, sa chemise fut déchirée laissant apparaître un dos déjà zébré d'antiques cicatrices, longues et fines.

« Il n'en est pas à son premier coup. Mais son dernier. Amorçons la sentence. »


Rôk se plaça derrière le supplicié en silence, sûr de lui et dans un mouvement assuré il fit tourner son bras autour de lui pour donner le premier élan au cuir qui claqua et lacéra une première fois la chair verdâtre. La victime se redressa un peu. Aucun cri.

Il fut frappé encore et encore, il ne cria pas une fois. Hrist s'en mordait les lèvres de déception. Elle observait son dos découpé en longues plaies sanglantes et estima que le fouet n'était pas assez lourd et qu'il méritait un renfort de cruauté.

Elle intervint et fit cesser l'exécution. S'approchant de Rôk qui, serein, tenait le fouet fermement entre ses mains. Hrist demanda à inspecter la cordelette de cuir tressée devenue chaude et moite de sang, elle était légère et souple, chacun de ses coups était vif et puissant et n'avait rien de barbare et violent contrairement à l'image que la tueuse se faisait du fouet. Observant autour d'elle, une idée lui vint à l'esprit. Armée du fouet de Rôk, elle décrocha d'un cordage une lampe à huile de marin et la renversa le long du cuir. Ainsi graissée, elle rendit son bien au Sergent et lui ordonna de continuer.

D'abord hésitant, il frappa et le supplicié cria d'une voix rauque et cassée. Le sang coulait plus abondamment de cette coupure profonde et sale. L'huile noire avait laissé une marque grasse et poisseuse sur le corps ensanglanté.

Les soldats Garzoks observèrent en silence leur camarade se faire tuer à petit feu. Rôk fouettait de plus en plus et le fouet projetait des petites gouttes de sang et d'huile au sol. Ses bras aux muscles saillants étaient également souillés et ruisselaient de cette huile magnifique aux reflets d'arc-en-ciel suintant le pourpre. Le prisonnier ne criait plus. Son corps tombait sans vie mais le compte de coup de fouet n'était pas encore atteint.

Rôk exécuta les ultimes claquement à un cadavre à moitié coupé en deux. De son torse, il ne restait que la colonne et une compote de chair et de peau en lambeaux qui pendait sur des restes boursouflés et noirs de sang oxydé.

Déjà des mouettes gourmandes volaient au dessus du navire, avide de chair fraiche. Hrist ordonna que l'on jette le corps à la mer en morceaux, la tête fut arrachée au lieu d'être coupée, trois orques furent nécessaire pour que les os et la chair cèdent enfin. Les yeux furent crevés pour que jamais il ne puisse voir le monde d'après et ses mains brisées. Ses maigres possessions furent partagées à l'équipage et Hrist ordonna que le pont soit nettoyé du sang et de l'huile avant que le navire soit prêt à accoster la rive.

L'exemple donné, les garzoks se montraient silencieux et dociles. Rôk était de son côté à observer le fouet alourdi par l'huile et le sang, envisageant secrètement d'y attacher quelques hameçons de marin ou quelques boules de plomb afin de rendre le traitement encore plus pénible.

Hrist s'approcha du Sergent perdu dans ses pensées et dit simplement :

« As-tu confiance en tes soldats ? »

Il leva la tête. Le visage était constellé de plusieurs taches de sang mais son visage n'était pas différent de l'ordinaire, le traitement ne l'avait en rien changé ni étonné. Cela semblait être normal.

« Oui, Hrist. »

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mar 26 Aoû 2014 23:20 
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Elle sembla réfléchir, puis se décida enfin à me tendre une fiole. Celle-ci était plus grande que le contenant de l'alcool de Shaakt, recouverte d'une cire plus orangée et marquée d'une abeille stylisée gravée au couteau. J'en ouvris aussitôt le bouchon avant de porter le flacon à mon nez pour en inspirer les effluves. Du miel. Probablement de l'hydromel. Cet alcool étant sans nul doute bien plus doux que le précédent. J'avais peu de chance de goûter à l'insouciance de l'ivresse. Au moins ce nectar me rappelait-il d'agréables choses.

- Oranan n'est qu'à trois jours par beau temps. Nous prendrons un itinéraire plus long. Vous avez un peu moins d'une semaine pour reprendre vos esprits. Après vous serez disposée à vous rendre où vous voudrez.

Trois jours. Je refermai la petite bouteille et repassai délicatement ma chemise en m'efforçant de ne pas trop tirer sur ma plaie. La chose était ardue puisqu'il me fallait plus ou moins me la faire passer par dessus la tête. Je me félicitai qu'elle fut ample, et non cintrée comme les portaient les gentilshommes et leurs compagnes. J'avisai quelques livres laissés à même le sol dans un coin de la cabine. J'allais toujours pouvoir lire - si je parvenais toutefois à les ramasser par terre sans me vider de tout mon sang. Je fis donc une croix sur la lecture en renonçant à demander de l'aide à Hrist. Je n'osais même pas imaginer comment les choses allaient tourner si je devais me rendre les gréements d'aisance. Je priai donc pour que ce grand navire fût doté de lieux d'aisance plus accessibles à ma personne.

- Je vous remercie.

J'inclinai légèrement la tête et lui fis un sourire poli. J'avais hâte d'être seule. Hâte de ne plus être l'objet de tant d'attention et d'une potentielle pitié. Oui j'avais hâte d'être seule et me refusai à penser aux trois jours à venir. J'allais devenir folle, coincée dans cette cabine ou contrainte à minauder sur le pont pour ne pas me blesser. La solitude dans la petite cabine d'Hrist me semblait préférable, quoi qu'il en soit.

Bien vite, la fatigue me rattrapa et m'emmena loin de tout ceci, dans un lieu de paix et de néant. Pour la première fois depuis quelques temps, mon esprit pu enfin profiter du même repos que mon corps. Les draps défaits, j'étais parvenue à me glisser dans la couchette et m'était confortablement installée dans ce nid rudimentaire et pourtant d'un grand luxe alors.

En l'espace d'une journée, j'avais déjà perdu le fil du temps. Entre sommeil profond et somnolence, j'oubliai vite la notion de jour et de nuit, me souciant peu que ma couchette fut éclairée par la lueur du soleil ou celle d'une bougie posée à mon chevet. Je n'eu ni vraiment froid ni suffisamment chaud. On m'apporta plusieurs fois à manger et Hrist passa à plusieurs reprises mais j'étais dans un tel état de langueur que je ne daignais même plus ouvrir les yeux et la laissai sans broncher me découvrir et vérifier ma blessure lorsque ce fut nécessaire. Elle cicatrisait bien et je me rétablissais rapidement malgré mon enfermement dans une pièce exiguë et vacillante qui sentit bien vite le pot de chambre et la sueur. Ma fatigue laissa la place à une apathie sans nom telle que je n'eus même pas envie de sortir prendre l'air. À ne plus bouger de ma couchette, je me sentis finalement encore plus épuisée que je ne l'étais auparavant. J'en vins à me demander si c'était la fièvre qui me clouait au lit, le manque d'exercice ou un découragement le plus total face à ce qu'impliquait le fait de vivre.

Ce n'est qu'à la fin du troisième jour, après d'innombrables heures à patauger dans les cauchemars et l'ennui le plus profond, que je fis enfin une sortie sur le pont. Le simple fait de me lever, bien que maladroitement, et des gestes simples comme le fait de discipliner brièvement mes cheveux qui tombaient en mèches filasses, sonnaient pour moins comme de grandes victoires. Lorsque le battant claqua contre le mur et que la brise d'une fin de journée pluvieuse entra dans la chambre, j'inspirai une longue goulée et me sentis renaître. Le soleil allait bientôt se coucher mais sa chaude lumière contraste avec les nuages sombres qui s’amoncelaient au Sud. Des flaques d'or liquide paraient les planches du navire et des perles faisaient scintiller les cordages et les voiles rougies par le crépuscule. Le vent était frais et humide mais l'activité sur le bateau dégageait assez de chaleur pour me garder de le trouver désagréable. D'un pas raide, j'évitai les marins occupés et allai m'accouder au bastingage bâbord. De là, je distinguais presque les côtes au loin, ou peut-être n'étaient-ce que les nuages. Ce jour se couchait. Un autre s'était levé, bien avant, tandis que j'approchai des côtes de ce même continent, excitée de retrouver Kendra-Kâr après plusieurs années d'absence. Je lâchai un soupire. Chez soi n'était ni un lieu en particulier ni un ensemble d'individus mais un sentiment, celui d'être à sa place. Et là, accoudée au bastingage du navire d'Hrist, nimbée du soleil couchant et approchant d'Oranan, je me dis que je pouvais tout aussi bien ne pas rentrer à la Cité Blanche. En quoi y étais-je plus chez moi qu'ici même ?

Le fond de l'air fraîchit, la lumière déclina rapidement et les marins se firent plus grincheux alors qu'un nouveau quart se mettait en place. Je retournai finalement à contre-cœur dans mes quartiers, songeuse et peu enchantée par le confinement. Apaisée par la vue de la mer, revigorée par les embruns, j'étais aussi fatiguée par le vent et ne mis pas longtemps à sombrer dans un sommeil bienheureux.

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mer 27 Aoû 2014 23:11 
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«Lettre au vague.

Ne sommes plus qu'à quelques heures d'Oranan. Il faudra passer par les terres et dissimuler au mieux mes soldats. Ai repéré il y a quelques mois un village isolé et un temple à l'orée des bois. Disperser les troupes serait plus judicieux, attaquer les temples ne devrait pas demander beaucoup plus qu'une quinzaine de tête, les prêtres j'en ferais une affaire personnelle.

Je me suis promis de ne revoir Oranan et Kendra Kâr que lorsque je pourrais les voir brûler.

Tulorim aussi. J'aurais ma vengeance. Mes anciens tortionnaires se souviendront. N'oublie jamais que le corps n'oublie jamais.


Déverser sur les têtes honteuses des nuages emplis de feu de carnage. Vendue, clouée, usée. Ils se souviendront de moi.

Hrist»


La tueuse venait de passer une nuit agitée et horrible. D'intenses cauchemars meurtrissaient ses repos et ses nuits devenaient pesantes. Irritée, elle avait fait au petit matin les cent-pas dans sa cabine avant de prendre l'air. Les marins s'affairaient déjà aux manœuvres et le navire glissait vers les rivages aux rochers pointus et dentelés par les vagues. Les remous se fracassaient sur la roche et vomissait une écume dodue qui pétillait. Le bâtiment longeait les côtes inhabitées, la proximité de la terre mélangeait à l'air marin des embruns floraux et les odeurs des champs plus lourdes et chaudes.

Hrist était parée en conséquence. Les armes dissimulées sous sa longue cape noire, elle regardait d'un oeil critique les hommes hisser les chaloupes pour débarquer les orques. Rôk la rejoint au bout de quelques minutes, il mastiquait encore un morceau de cheval et déglutit longuement et renifla.

« A combien sommes-nous des temples ? C'est qu'il ne faudrait pas rester trop longtemps à découvert, les soldats sont rapides et s'ils chargent à l'aide de la cavalerie, j'ai bien peur que leur opposer une résistance solide soit difficile. »

Hrist gardait les lèvres pincées. La mauvaise humeur lui rongeait les entrailles et elle se savait aujourd'hui incapable de supporter grand chose.
« Il boit encore ? »

Rôk hésita un instant, il comprit bien vite qu'elle n'avait pas eu la réponse souhaitée par le captif.

« Il ne s'est pas manifesté. Il a deux bouteilles dans sa loge. Je n'ai pas vu l'homme depuis qu'il s'y est enfermé. »

Hrist grattait sa ceinture de cuir du bout des ongles. Elle fixait les hauteurs des falaises de pierre brune et roses, la verdure qui poussait en petits buissons tels des moutons perdus et bouclés sur les parois risquées et pentues. Les mouettes tournaient et piaillaient avec les corbeaux et quelques chouettes mécontentes de voir leur sommeil diurne interrompu.

« Ramène le ici par la peau des bourses s'il le faut. S'il oppose résistance... Tu sais quoi faire. »

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Jeu 28 Aoû 2014 23:21 
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Je fus réveillée par un claquement régulier et incessant qui faisait un contre-temps désagréable au bruissement perpétuel du bateau. Les marins parlaient, le bâtiment gémissait, les pièces métalliques grinçaient, quelqu'un donnait parfois de la voix pour faire respecter des ordres, mais ce bruit, non, ce bruit ne faisait pas partie de la rumeur à laquelle je m'étais habituée. Blottie dans les draps, je me tournai doucement, me retournai, dans l'espoir de retrouver le sommeil. Puis, comme le claquement régulier s'éloigna, je me dis que ça ressemblait fort au bruit de talonnettes. De cette considération, mes pensées dérivèrent jusqu'à des visions aussi futiles qu'idiotes.

Ce n'est que lorsque des cris retentirent que je réalisai que je venais de me perdre dans un rêve. Je me redressai avec un grognement et tendis l'oreille pour comprendre ce qu'il se passait. Je ne comprenais pas bien ce que braillaient les uns et les autre mais il ne semblait pas y avoir de danger. Ça ne les empêchait pas de s'activer avec frénésie. Je sentis comme une tension dans le navire et songeai qu'ils devaient être en train de modifier sa trajectoire, ou de tenter de le ralentir peut-être. Nous devions arriver. J'aurai pu attendre que quelqu'un vienne me chercher mais prendre l'air ne pouvait pas me faire de mal et je craignais, d'autre part, de ne pas pouvoir descendre à terre si les choses tournaient mal, ou tournaient mal trop tôt tout simplement. Je pouvais toujours prétendre être captive, ce qui n'était pas tout à fait faux, si un navire des autorités s'approchaient et décidait de couler le vaisseau de Hrist. Je fis donc surface sur le pont quelques instants plus tard, après m'être rendue un peu plus présentable.

Le soleil avait fait grisonner le ciel et jetait des ombres bleu foncé sur tout. Les silhouettes fantomatiques de l'équipage saillaient sur la nuit qui ne s'était pas encore tout à fait retirer de l'Ouest. A chaque battement de cœur, le paysage prenait des couleurs pour gagner le vert étrange des eaux profondes, l'anthracite des rochers couverts de coques, le rosé des premiers rayons de soleil et l'ocre de la verdure séchée par le sel. Le vent se levait après la chute de température de l'aube et divers volatiles nous survolaient, narquois, en tournoyant avec leurs fines ailes blanches, grises ou noires. Ils nous accueillaient de leur croassements moqueurs. Les récifs aussi nous attendaient et un coup d'oeil à la côte, qui n'était plus si loin, me fis remarquer que la bateau n'allait sans doute pas s'en approcher plus et se contenter de la longer jusqu'au point de débarquement. J'espérai que nous puissions nous amarrer à une jetée et oubliai vite cette gentille idée. Je finis par reconnaître mon hôtesse ; Drapée d'une longue cape noire, elle semblait lourdement chargée d'armes et sur le qui-vive. En m'approchant, je compris qu'elle n'était pas tant sur le qui-vive que profondément irritée. Ne souhaitant en rien la déranger, je m'absorbai dans la contemplation des manoeuvres de ses hommes - et garzoks - en attendant qu'elle m'adresse la parole, ou que nous arrivâmes.

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Dernière édition par Siiwih le Mar 2 Sep 2014 21:03, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Ven 29 Aoû 2014 02:31 
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- Heartless.

Une odeur nauséabonde envahit les narines de Rok, de pisse et de cadavre. Il vit Heartless, affalé sur la table à côté des deux bouteilles qu'il avait demandé. Il avait bu, mais il n'avait rien mangé pendant une semaine. La maigreur s'ajouta aux maux déjà visibles sur son corps, et le garzork en était venu à se demander si le pirate en face de lui était encore vivant. Sirius tourna légèrement la tête et le regarda de travers.

- On t'attend sur le pont.

Un léger souffle s'échappa de la bouche du borgne. Sa seule réponse fut le mouvement de sa main en direction de la bouteille à moitié vide, sitôt balayée par la main de l'orque.

- Tout de suite.

Là encore, pas de réponse, juste un ricanement à peine audible. Rok empoigna l'ivrogne par le col et le souleva au-dessus du sol avant de l'emmener avec lui.

Une fois traîné jusqu'au pont sur l'épaule de son infortuné gardien, Heartless prit un moment pour regarder autour de lui d'un air perdu. Le soleil se levait doucement sur les gracieuses côtes d'Ynorie, la couleur du ciel avait d'élégants relents viridiens. Sur le pont, les marins s'affairaient dans tous les sens, recevant ordre sur ordre et les exécutant avec fermeté et précision, comme dirigés par une main de fer. Main gantée qui se trouvait d'ailleurs devant lui, tantôt rejointe par la jolie sindel. Hrist n'avait pas l'air au mieux de sa joie, et la vue d'Heartless n'était sûrement pas une chose qui améliorerait son humeur.

D'un autre côté, Sirius commençait à avoir mal à la tête. L'alcool était revenu lui frapper le cerveau, et sa gueule de bois était accompagnée d'une lucidité malvenue. Il leva son regard vers Hrist, esquissant un faible sourire.

- Et moi qui m'attendait à être égorgé dans mon sommeil... Tu dois vraiment être en manque de capitaines, en fin de compte.

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mar 2 Sep 2014 04:48 
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Le bois grinçait à chaque mouvement du personnel. La voile criait et les cordes se frottaient dans un bruit qu'on prêterait au vol d'une nuée de mouches, l'air était agréable et le temps parfait. Les plages sauvages apparurent par derrière quelques rochers et c'était la destination visée par Hrist.

Elle indiqua du bout du doigt à un contre-maître qu'ils accosterait ici, l'homme était pied nu, un foulard rouge criard sur la tête et une tenue de toile. Il fit un petit signe de tête et alla à son tour transmettre les consignes. Cinq chaloupes étaient rangées sur le pont, recouvertes d'une large toile huilée, seule celle que Hrist destinait à Sinaëthin était sortie, l'Elfe serait accompagnée d'un marin jusqu'au rivage, plus loin que le point de débarquement souhaité par la tueuse, par mesure de sécurité. Par soucis d'honnêteté et pour s'assurer que la femme tiendrait à coeur sa mission, Hrist avait demandé que l'on place les effets de la femme et ceux de Sirius. Hrist avait compris que l'homme ne rejoindrait pas ses rangs et qu'il valait mieux mettre ses effets en meilleure disposition. En quelque sorte, elle cherchait d'une façon ou d'une autre à acheter une certaine relation avec Sinaëthin, quant bien même elle ne fut pas dupe, les deux femmes ne s'entendraient que par une relation cordiale.


Lorsqu'il arriva, Rôk avait presque Heartless sous le bras. Fatigué et probablement malade, l'homme avait perdu de ses couleurs et l'absence de toilette avait rendu ses cheveux et sa barbe repoussant. Il avait un air misérable mais avait toujours cette étonnante assurance.

- Et moi qui m'attendait à être égorgé dans mon sommeil... Tu dois vraiment être en manque de capitaines, en fin de compte.

Lorsqu'elle sonda ses yeux, Hrist ne vit plus rien. L'homme ne semblait pas la craindre ni même s'inquiéter davantage quant à son destin. De rage, Hrist tira une lame de sa ceinture et la colla à la gorge de Sirius, approchant son visage du sien, jusqu'à sentir son souffle.

« Parce que tu crois que je ne pourrais te tuer que dans ton sommeil ?! »

Elle serrait ses mâchoires, la colère lui montait à la tête et elle comprit que le tuer maintenant de sa main ne serait même pas apaisant. Cette rage que son coeur alimentait était celle qui devait être destinée à Oranan, aux hommes et aux Dieux, pas à ce borgne alcoolique.

Elle baisa les yeux et retira sa lame.

« On a déjà eu l'occasion de faire ça à la loyale, tu as perdu. Rôk... »

Elle tourna les talons.

« Jette moi ce déchet par dessus bord. Leste lui les jambes si le coeur t'en dit. Je ne veux plus le voir sur mon navire. »


C'est en se tournant qu'elle vit Sinaëthin, visiblement qui avait assisté à toute la scène.
Elle se força un sourire, maladroit mais qui se valait amical malgré sa colère.

« Votre voyage touche à sa fin. Embarquez dans cette chaloupe, vous y trouverez vos effets et ceux de Sirius... Disposez en comme bon vous semble mais n'oubliez pas notre petit accord.»

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mar 2 Sep 2014 21:31 
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L'homme de main de Hrist émergea sur le pont en traînant derrière lui ce qui devait être le borgne. Il avait l'air aussi peu frais que je l'étais à mon arrivée et semblait avoir sombré dans le même état de décrépitude - en ayant toutefois l'air d'avoir bien plus abusé de l'alcool. Il sentait fort le remugle de tout ivrogne et je me félicitai que la brute et son prisonnier s’arrêtassent à distance respectueuse.

- Et moi qui m'attendait à être égorgé dans mon sommeil... Tu dois vraiment être en manque de capitaines, en fin de compte, déclara-t-il le pirate en souriant.

Un léger froncement de sourcil passa sur le visage de la Sindel avant qu'elle ne bondisse, passant une lame sous le cou de l'effronté qui lui faisait face.

- Parce que tu crois que je ne pourrais te tuer que dans ton sommeil ?

La rage faisait battre ses tempes. Elle luttait manifestement contre l'envie de lui ouvrir la gorge. Il lui fallut quelques instants pour se maîtriser.

- On a déjà eu l'occasion de faire ça à la loyale, tu as perdu.

Elle avait baissé les yeux et ramassé sa lame.

- Rôk...

Elle fit signe à son homme de main tout en se retournant.

- Jette-moi ce déchet par dessus bord. Leste lui les jambes si le coeur t'en dit. Je ne veux plus le voir sur mon navire.

Elle se retrouva nez à nez avec moi et remarqua, de fait, ma présence. Elle afficha un sourire gêné, ou peut-être pas très convaincu, avant de désigner une chaloupe qui attendait en contrebas.

- Votre voyage touche à sa fin. Embarquez dans cette chaloupe, vous y trouverez vos effets et ceux de Sirius... Disposez-en comme bon vous semble mais n'oubliez pas notre petit accord.

Je ne su que répondre. La remercier me semblait tout à fait déplacer. Tout comme l'aurait été de faire une remarque désagréable. Je lui retournai donc un sourire forcé en inclinant très légèrement la tête. Dire quelque chose me sembla, de manière générale tout à fait inutile. Je m'approchai donc sans attendre du bastingage. Je ne jetai pas même un dernier regard au pont du navire et enjambai la rambarde de bois. Je craignis un instant de basculer dans le vide et me perdre dans la mer. Mes membres tremblaient sous ce nouvel effort et le manque d'exercice. Je fis tout de même confiance à mon corps. Il le fallait et il ne m'avait trahi. Lentement, je descendis l'échelle de corde qui surplombait l'embarcation qui m'attendait. Un marin y attendait - pas un garzok, par chance. Il me regarda descendre sans faire mine de vouloir m'aider. Dès que je fus assise, il mit les rames dans les dames et commença notre approche des côtes. Je pris grand soin de pas me retourner, bien qu'il me sembla sentir le regard de Hrist poser sur ma nuque - et peut-être pas que le sien.

Je baissai et ouvris distraitement le sac en jute à mes pieds pour voir ce que possédait le borgne. Des bottes, un tricorne, une veste, des brassards, un sabre, rien de très inhabituel pour un pirate. Il possédait aussi une bourse bien lestée et des gourdes et orbes identiques aux miennes. Elles correspondaient aux biens qui nous avaient été gracieusement accordés par Oaxaca. Sous ce bric à brac, une épaisse fourrure doublée de cuir couvrait le fond. Je n'avais pas spécialement pour intention de spolier le pirate de ses biens mais il n'allait sans doute plus en avoir besoin et je frissonnai. Je sortis donc sa lourde cape et la passai sur mes épaules pour m'y emmitoufler. Un bruit métallique me fis baisser les yeux sur l'étrange instrument qu'avait caché la cape : Le borgne avait en sa possession un impressionnant trident de pratiquement deux pas de long et dont le métal était sculpté de pieuvres, sirènes, coquillages et autres avatars de l'océan. Le marin face à moi le regarda d'un oeil fort intéressé et je décidai de le replacer dans le sac. J'étais sur le point du rabattre la jute sur ce fabuleux trésor quand un scintillement m'arrêta. Sortie de la poche de la veste renforcée, une chevalière dorée avait roulé à mes pieds.

Pas si grande pour une main d'homme, elle était aussi sertie d'une améthyste enchanteresse. Bien qu'ostentatoire, le bijou me plaisait. Je passai la bague au majeur de ma main gauche, là où se trouvait d'ordinaire la bague de ma mère. Le violet de la bague me rappelait les yeux de Hrist. J'avais la même peau laiteuse, bien que d'un blanc plus clair et plus pur. Je songeai que la bague me serait encore mieux allée si j'avais eu les même regard couleur iris des eaux et la même chevelure noir corbeau. Je remballai le reste des affaires et passai aux miennes, dont je tirai mes cuissardes pour couvrir mes pieds nus ainsi qu'un corset en cuir que je passai par-dessus ma chemise. Je remis finalement l'amulette de Yuia, dont je n'avais pas pour habitude de me séparer, même pour dormir. Habillée de loques et de merveilles, je devais bien avoir l'air d'une pirate moi-même. Songeuse, je reportai mon attention sur la côte qui approchait, sous le regard perplexe du marin qui ramait.

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Sinaëthin Al'Enëthan, alias Silma, Héraut de Yuia, hiniön lvl 21


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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mer 3 Sep 2014 03:29 
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La venimeuse perdit son sang-froid et son poignard fila jusqu'à la gorge de Sirius, ne s'arrêtant que pour longer la cicatrice que lui avait déjà laissé Von Klaash. Son regard brillant d'une flamme pourpre, elle rugit entre ses dents :

- Parce que tu crois que je ne pourrais te tuer que dans ton sommeil ?

Sirius avait du mal à garder son sang-froid dans cette situation, en particulier devant cette femme-là, qui lui inspirait une peur douce, de celles qui ne sont vraiment terrifiantes qu'après y avoir goûté un bon moment. Elle aussi faisait de grands efforts... pour ne pas l'exécuter ici et maintenant comme un vulgaire porc qu'on égorge.

- On a déjà eu l'occasion de faire ça à la loyale, tu as perdu.

Elle avait regagné le contrôle de sa colère et regagné son imperturbable prestance. Elle rabaissa la lame et tourna les talons, avant d'en appeler aux services du bon vieux Rôk...

- Jette-moi ce déchet par dessus bord. Leste-lui les jambes si le coeur t'en dit. Je ne veux plus le voir sur mon navire.

Heartless eut à peine le temps de reprendre ses esprits qu'il fut violemment plaqué au sol par les bras puissants de quelques orques qui s'empressèrent de le ligoter fermement, avant que son poids ridicule ne soit monté sur la gigantesque épaule de Rôk, plus obligé que jamais envers sa maîtresse.

- Avec plaisir.

Quand Hrist s'aperçut enfin de la présence de l'hinionne, elle prit un ton plus amical, même si il était évident que ce n'était là qu'une façade qu'elle s'efforçait d'adopter pour un peu plus berner son invitée. D'un mouvement de la tête, elle désigna une chaloupe sortie près du flanc du navire.

- Votre voyage touche à sa fin. Embarquez dans cette chaloupe, vous y trouverez vos effets et ceux de Sirius... Disposez-en comme bon vous semble mais n'oubliez pas notre petit accord.

Ne sachant quoi répondre, ou n'ayant cure d'en fournir une car n'ayant manifestement pas grande envie de s'éterniser en ces lieux, Sinaëthin passa par-dessus le bastingage et commença à descendre jusqu'à son embarcation, sous le regard distant d'Heartless, proprement saucissonné.

Lorsqu'il fut soulevé par son gardien et tourmenteur Garzork, et qu'il vit la mer reposée l'accueillir à bras ouverts, il ne put s'empêcher de sourire. Mourir noyé comme ça, pour un homme comme lui, ce serait tellement bête... Mais voilà que l'eau se rapprochait à toute vitesse, et dans un gentil fracas, elle l'accueillit dans sa sombre étreinte.


Il avait étrangement sommeil, désormais...
Dans ce néant, ce monde de silence et d'apesanteur.
Heartless sombra lentement.
De corps et d'esprit.
Mais alors qu'il descendait dans les profondeurs, il eut une vision.
Non, un rêve.

...


C'était un grand navire.

Il l'apercevait au loin, dans sa course effrénée.

Il n'avait jamais autant couru.

Son souffle ne suivait guère le rythme.

Il voulait y être au plus vite.

Avant tout le monde.

De peur que l'on lui prenne son trésor sous ses yeux.

Qu'on le lui vole.

Essoufflé, il s'arrêta devant la bête.

Sa coque énorme semblait pouvoir encaisser le plus tranchant des glaciers.

Son bois splendide n'avais guère changé depuis semblait-il plusieurs millénaires.

Les voiles blanches rivalisaient d'éclat avec le soleil.

Le plus rude des vents ne pouvait lui faire plus de dommage que la plus brûlante des flammes.

Ses mâts ébranlaient les nuages et perçaient le ciel bleu.

Et la cabine du capitaine...

... il ne l'avait jamais vue, mais son imagination débordante lui promettait les meilleures merveilles...

...



Ce navire, il l'avait tant désiré. Il avait gardé de l'argent de côté, beaucoup d'argent. Si bien qu'un jour, le navire fut sien. Son rêve fut atteint. Il était le plus heureux des hommes. Pour un court instant.

En effet, quand il s'accouda à la coque de son bateau, celui-ci craqua et s'émietta, ne laissant pour seule preuve de son existence que des planches de bois pourri flottant négligemment sur les eaux du port de Tulorim. Son rêve s'était effondré, son horizon, sa raison de vivre. Tout avait disparu comme un château de sable sous les vagues.

Mais il lui apparut alors une autre vision.

Alors que sa silhouette agenouillée se lamentait sur le ponton, face au soleil couchant et aux débris de ce "rêve", cette illusion si facilement brisée, un homme passablement éméché se rapprocha de lui. Il était grand et costaud, sa silhouette de gorille était vêtue d'un long manteau bleu et d'un vieux tricorne usé, ses traits grotesques entourés d'un pelage du blanc le plus sale, mais toujours du blanc. Cet homme s'assit à côté de lui, sans le regarder, et posa à ses côtés une bouteille de mauvais rhum.

- C'est pour ça que je t'ai dit d'abandonner, gamin. Tu m'as pas écouté et tu t'es obstiné, regarde où ça t'a mené.

Heartless restait silencieux, les yeux rivés sur ses jambes qui pendaient négligemment au dessus de la surface de l'eau, sur ses poignets nerveusement collés l'un à l'autre.

- T'as pris le pire chemin possible, et personne ne t'y a jamais obligé. Maintenant regarde-toi, tu ferais même vomir Phaïtos de dégoût.

Alors que sa tête s'enfonçait encore plus profondément et que ses yeux se fermaient, Heartless sentit une main puissante saisir son épaule...
Il tourna vers son ami, son ennemi, peu importe, et vit que celui-ci lui adressait un sourire obtus comme le cul d'une chaloupe. Il lui fit une grande tape sur le dos qui le força à se tenir droit.

- Hé ! Tu vas quand même pas t'arrêter en si bon chemin, si ? Regarde !



Du doigt, le capitaine désigna le soleil couchant et le ciel orangé. Il vit une ombre se former sur la surface, comme une petite onde. Vu de dessous, cela ressemblait à une embarcation. Mais ce n'était pas un grand navire, c'était une barque !

Heartless "ouvrit les yeux" et posa son regard sur les liens solides qui le retenaient. Ses bras, ses poignets ainsi que ses chevilles étaient entravés. Avec une vigueur nouvelle, il se recroquevilla d'un coup sec, luttant pour se rapprocher de la corde, et mordit dedans avec la férocité d'un chien sauvage mis au pied du mur. Il gigota dans tous les sens, ses crocs fermement ancrés dans ses maudites entraves, jusqu'à ce que des petits nuages de sang s'échappent de ses gencives.

Liberté.

La corde céda et ses mains furent à nouveau libres. Sans perdre plus de temps, il courba sa colonne vertébrale pour atteindre ses jambes et défaire le nœud. Il planta ses griffes dans les interstices et commencer à saisir, lutter, tirer, retirer. Il sentait que ses vaillants poumons ne pouvaient plus tenir très longtemps. Avec acharnement, il griffa jusqu'à ce que certains de ses ongles, par endroits, se fendirent.

Liberté.

L'emprise de ses attaches se relâcha progressivement avant de se ramollir, et la corde se mit à flotter négligemment à côté de lui. Le sang circula à nouveau dans ses jambes engourdies et celles-ci se mirent à battre l'espace pour lui permettre de s'élever jusqu'à la petite forme obscure à la surface de l'eau. Le grand navire, la grosse tache imposante, était bien plus près de lui, mais il n'était plus dupe. Il prit le chemin le plus long vers la surface en espérant rattraper la barque dans sa course. Mais ses poumons n'y tenaient plus, il n'était pas assez rapide... Ses bras étaient encore attachés, mais la corde n'était pas atteignable, l'air lui manquait et le nœud était dans son dos.

Réunissant alors toutes ses forces, il poussa ses muscles à leurs limites. Tandis qu'il avançait lentement, trop lentement vers la surface, il continuait de lutter contre la dernière barrière. Lutter, lutter, il lutta jusqu'à ce que des galeries sinueuses se mirent à rougir sur ses bras, que sa peau s'effrite lentement en de minuscules copeaux blancs, puis finalement...

Liberté.

...


La chaloupe se mit à tanguer étrangement, puis une main surgit des abysses pour s'y agripper, suivie d'un corps entier dont le poids fit dangereusement s'incliner l'embarcation avant que celui-ci ne se laisse choir au sein de celle-ci. Heartless était apparu de nulle part et avait atterri entre l'elfe blanche et le rameur humain à la botte de Hrist, surpris par la soudaine émergence d'une créature marine atypique. Heartless retrouva rapidement ses repères et trouva non loin de lui le sac contenant ses biens dérobés par l'ex-baronne. Son regard croisant celui de Sinaëthin, il se mit à rire, oubliant apparemment le soldat qui s'était levé dans son dos...

- Héhéhé...

La cabine du capitaine, il n'avait jamais vu ce qu'il y avait à l'intérieur...
Mais maintenant qu'il y repensait, ça ne devait pas être si important que ça.

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mer 3 Sep 2014 13:17 
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Quelques instants plus tard, un brusque chambardement manque de peu nous jeter tous deux à l'eau. Je m'aggripai au plat-bord de la barque, lâchant la cape en laissai échapper une brève onomatopée de surprise. Une main apparut sur ma gauche, une main tannée d'homme qu'il me sembla reconnaître, suivie de près par son propriétaire qui passa les deux coudes puis bascula tout entier dans notre barque. Tombé à quatre pattes, il se releva bientôt et éclata de rire, lorgnant déjà sur le sac contenant ses effets. Dans son dos, le marin avait laissé les rames vacantes et s'était levé. J'ignorais quels ordres il avait pu recevoir et s'il comptait tuer proprement le pirate. Le cas échéant, j'aurais bien pû aider le borgne, lui sauver la peau, mais je conclus bien vite que ce n'était pas dans mon intérêt. Ce n'étaient, d'une part, pas mes affaires et, d'autre part, je n'avais aucune envie de créer un conflit avec Hrist. J'étais déjà bien assez embêtée avec le mensonge qu'elle souhait que je porte aux autorités d'Oranan. Je ne fis donc aucun mouvement, décidée à ne rien tenter pour ou contre le mal-noyé.

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Sinaëthin Al'Enëthan, alias Silma, Héraut de Yuia, hiniön lvl 21


Dernière édition par Siiwih le Sam 6 Sep 2014 19:25, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Ven 5 Sep 2014 01:07 
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Sinaëthin, quant à elle, ne s'était pas privée de farfouiller dans les affaires d'un borgne enterré trop tôt : elle avait à côté d'elle le manteau de fourrures qu'il avait obtenu chez les Fenris, et un de ses anneaux à son doigt. D'ailleurs, c'était ce fameux anneau qu'il avait obtenu avant de voler le Masamune, son premier navire, permettant de changer la couleur de ses yeux ainsi que de sa pilosité. Heureusement, la femme lui inspirait encore trop de sympathie pour qu'il ne la prenne pour Hrist, mais tout de même... Il fit la moue, elle ne manquait pas de toupet, celle-là !

Seulement, un éclair dans son regard l'informa que le soldat derrière lui s'apprêtait à lui fondre dessus, l'épée dégainée. L'homme raffermit son appui et poussa un cri avant d'abattre son épée, mais il fut arrêté net dans son élan par le pied du borgne qui était allé se ficher dans son estomac. Il perdit l'équilibre et tomba à la renverse, éclaboussant les deux derniers usagers de la chaloupe au passage. Alors qu'il semblait encore prêt à monter chiper les jambes du pirate, il constata bien vite que ce dernier s'était déjà emparé d'une rame et se tenait prêt à lui enfoncer la tête dans l'eau d'un grand coup si il venait à tenter quelque chose. Le borgne eut un sourire cruel tandis qu'il pointait du doigt la Veuve des Mers, figée dans le lointain.

- Sur l'eau, contre moi, t'as pas l'ombre d'un chance, mon grand. Si j'étais toi, j'irais nager jusqu'à ma maîtresse...

Gelé par son immersion si soudaine, le mercenaire commença à considérer ses options, mais alors qu'il posa les yeux sur la Veuve, Heartless le frappa d'un grand coup sur le crâne, et il ne sortit plus la tête de l'eau.

- Tout compte fait, le plus tard elle me saura vivant, le meilleur. Désolé.

Il souffla un petit coup, puis son attention se reporta sur l'archère, toujours assise, témoignant d'un calme olympien.

- Et toi, mamzelle euh, Sinathéine, aurais-tu l'a-ma-bi-li-té de me rendre ce qui m'appartient ? Il n'y a qu'un seul voleur ici, après tout.

La rame qu'il tenait à la main était baissée et légèrement en retrait, il ne voulait pas paraître menaçant car il n'avait aucune rancœur envers l'elfe blanche.

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Dernière édition par Heartless le Lun 8 Sep 2014 22:36, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Sam 6 Sep 2014 19:45 
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((( Pour rappel ton rp manque de cohérence, ma PJ a les yeux violets et les cheveux noirs, la faisant ressembler à Hrist, à défaut de l'avoir remarquer au moment de monter à bord, ton PJ aurait dû le remarquer dans ton dernier rp... Et elle n'a pas la cape de fourrure sur elle, puisqu'elle a glissé quand ton PJ est monté à bord. Je sais que tu n'as pas trop le temps ni rien mais essaie de rester plus cohérent la prochaine fois. )))


L'homme de Hrist s'empara du rame, ce à quoi le borgne répondit par un sourire mauvais.

- Sur l'eau, contre moi, t'as pas l'ombre d'un chance, mon grand. Si j'étais toi, j'irais nager jusqu'à ma maîtresse...

Bêtement, l'homme avait suivit du regard le doigt que le pirate pointait vers le navire que l'on pouvait encore voir derrière nous. Il n'en fallut pas plus à l’intrus pour faire tourner la situation à son avantage puisqu'il eut tout le loisir de ramasser discrètement l'autre rame et de lui en asséner un grand coup derrière le crâne. Il tomba pour moitié dans l'eau et ne tenta même pas de se relever. Ou alors trop faiblement pour que je m'en aperçoive. Dans tous les cas, il était mort.

- Tout compte fait, le plus tard elle me saura vivant, le meilleur. Désolé.

Le borgne n'avait évidemment pas le moins du monde l'air désolé de ce qui venait de se passer.

- Et toi, mamzelle euh, Sinathéine, aurais-tu l'a-ma-bi-li-té de me rendre ce qui m'appartient ? Il n'y a qu'un seul voleur ici, après tout.

Il tenait toujours sa rame mais semblait peu enclin à s'en servir. Galant ? Non, il devait simplement s'attendre à ce que je lui rende ses affaires sans broncher. Calmement je ramassai la cape qui avait glissé et qui était à présent trempée. Tout en la posant sur mes genoux j'avais ramené mon arc devant moi et sortis dans le même mouvement une flèche. Il n'était pas à plus de trois pas de moi ce qui me permettait à peu près de tirer mais surtout de ne pas pouvoir manquer son coeur ou son seul oeil restant.

- Je te laisse ton trident, tes frusques et même ton or. Mais je garde cette jolie cape et cette charmante bague en ma possession en guise de dédommagement.

Je l'avais nonchalamment mis en joue. Je n'avais pas l'intention de l'abattre, je ne lui voulais rien dans le fond, mais il me semblait tout à fait approprié de recevoir une compensation pour cette mésaventure. Je ne savais pas ce qu'il serait advenu de moi si j'étais restée dans les marais mais quoi qu'il en soit je n'appréciais pas avoir quoi que ce soit à faire avec la capitaine de la Veuve des Mers. Et je n'aimais pas spécialement les pirates non plus.

- Ce me semble être une honnête affaire... achevai-je.

S'il avait un tant soit peu de jugeote ou de fibre commerciale il allait laisser couler pour cette fois. A moins que la cape ou le bijou n'eurent une valeur sentimentale, il n'y perdait pas grand chose.

- Si tu n'es pas d'accord, je peux tout aussi bien t'abattre et emporter tout ton butin. Je ne te dois rien après, rien si ce n'est des ennuis avec cette fichue Hrist peut-être.

Il m'avait semblé utile de le préciser. Pour éviter tout zèle inutile.

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Lun 8 Sep 2014 22:50 
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La jeune femme ramassa la cape de fourrures qui n'avait pas été épargnée par les éclaboussures dues aux précédentes actions du borgne, mais s'empara aussi de son arc et d'une flèche et ajusta son tir sur Heartless, sans néanmoins prendre une posture trop agressive. Cela ressemblait davantage à une mise en garde.

Sans broncher le moins du monde, elle annonça :

- Je te laisse ton trident, tes frusques et même ton or. Mais je garde cette jolie cape et cette charmante bague en ma possession en guise de dédommagement. Ce me semble être une affaire honnête... Si tu n'es pas d'accord, je peux tout aussi bien t'abattre et emporter tout ton butin. Je ne te dois rien après, rien si ce n'est des ennuis avec cette fichue Hrist peut-être.

Dédommagement ? L'abattre ? La confiance de Sinaëthin arracha un léger rire au pirate qui s'inclina pour placer lentement son visage devant la pointe de la flèche. Il répondit calmement, sans la brusquer parce qu'il savait qu'il n'était probablement pas assez rapide pour esquiver ce genre de projectile à bout portant.

- Dédommagement ? C'est pas ma faute si cette femme de malheur s'est montrée aux marais. C'est moi qui devrais être dédommagé. Tu parles, tu cherches juste une excuse pour te faire coquette à mes dépens... Mais bon !

Sans envahir davantage son espace personnel, il laissa tomber ses fesses à l'avant de la chaloupe, à la place du précédent rameur, engendrant de nouvelles secousses peu agréables.

- Je peux rien refuser à une jolie damzelle. Par contre, dis-moi, t'as l'air de vachement bien t'entendre avec Hrist. Vous avez parlé conquête du monde, un truc du genre ? Ou vous avez fait des trucs de filles, comme se brosser les cheveux ? Quoique, vous avez peut-être fait d'autres trucs... Hein ?

Il lui fit un clin d’œil salace.

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mar 9 Sep 2014 10:10 
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Il s'inclina, plaçant sa tête exactement sur la trajectoire théorique de ma flèche.

- Dédommagement ? C'est pas ma faute si cette femme de malheur s'est montrée aux marais. C'est moi qui devrais être dédommagé. Tu parles, tu cherches juste une excuse pour te faire coquette à mes dépens... Mais bon !

Il se laissa lourdement tomber sur le banc du rameur, faisant tanguer la chaloupe. Il appréciait décidément faire l'imbécile.

- Je peux rien refuser à une jolie damzelle. Par contre, dis-moi, t'as l'air de vachement bien t'entendre avec Hrist. Vous avez parlé conquête du monde, un truc du genre ? Ou vous avez fait des trucs de filles, comme se brosser les cheveux ? Quoique, vous avez peut-être fait d'autres trucs... Hein ?

Il me fit un clin d'oeil et sourit d'un air tout à fait déplacé. Je me contentai de le regarder d'un air parfaitement blasé, ne souhaitant pas entrer dans son jeu. Je réprimai une moue de dégoût. Je baissai finalement mon arc, tout en le gardant dans les mains, la flèche encochée.

- Bien, puisque vous avez tué mon rameur et que vous vous êtes fort à propos installé à sa place, vous n'avez plus qu'à ramer.

Impassible, j'attendis qu'il s'exécute.

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mar 9 Sep 2014 19:07 
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La tireuse ne broncha pas un sourcil mais abaissa tout de même son arme, laissant le pirate se complaire dans sa propre bêtise, tandis qu'il tirait à lui son sac et les objets que Sinaëthin avait daigné lui laisser.

Étrangement, maintenant qu'il n'était plus en joue, le silence ambiant, uniquement bercé par le mouvement de l'eau, rendait la scène apaisante pour Heartless, comparée à l'atmosphère lugubre qui régnait sur la Veuve des Mers.

- Bien, puisque vous avez tué mon rameur et que vous vous êtes fort à propos installé à sa place, vous n'avez plus qu'à ramer.

Le pirate leva les yeux au ciel. Après tout, il pouvait bien la laisser tomber et s'en aller à la nage vers les côtes en utilisant le pouvoir du trident, mais d'un autre côté, il avait envie de la cuisiner un peu plus. Il souffla puis ouvrit son sac, renfila rapidement ses bracelets saphir et sa veste rapiécée puis se saisit des deux rames avant de commencer à faire bouger la chaloupe, non sans maintenir le contact visuel avec mademoiselle-fait-la-gueule.

Après quelques coups de rames, il reprit la conversation, sur un ton qu'on lui connaissait et qui était empli d'une moquerie et d'une arrogance venimeuses :

- Plus sérieusement, t'as accepté une mission de Hrist, non ? Et si tu me disais ce que tu compte faire une fois sur la terre ferme, en guise de, je sais pas moi, dédommagement ?

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Mar 9 Sep 2014 22:31 
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Il soupira puis se mit à farfouiller parmi ses reliques pour en sortir les brassards couleur d'eau profonde et la veste de pirate rapiécée, qu'il passa par-dessus sa chemise. Je comprenais aisément l'intérêt de la veste par ce matin frais et grisaillant. En ce qui concernait les bracelets... Je fis le parallèle avec mon amulette de Yuia et convins qu'il devait rarement s'en séparer, d'où son besoin de les remettre aussitôt, et qu'il n'y avait rien de ridicule à cela. Je posai les yeux sur son propre collier, le collier dont on nous avait tous doté avant l'arrivée sur l'île, et que je portais moi-même encore. Quelle étrange allure ça pouvait lui donner...

Il se mit enfin à ramer et ne mit pas longtemps avant de se remettre à parler.

- Plus sérieusement, t'as accepté une mission de Hrist, non ? Et si tu me disais ce que tu compte faire une fois sur la terre ferme, en guise de, je sais pas moi, dédommagement ?

Ce n'était pas une impression fugace. A nouveau il me parlait de ce ton espiègle qui convenait aux enfants et paraissait déplacé chez un adulte. Je compris enfin. Trop habitué à frayer avec les femmes de petite vertu, il avait sûrement oublié comment s'adresser à une dame - si seulement lui avait-on jamais appris à se tenir correctement. En ce qui concernait mes projets... Rejoindre Oranan. Trouver une monture à louer, ou un convoi à accompagner pour retourner à Kendra-Kâr. De là... Je n'étais à vrai dire plus vraiment la bienvenue dans la Cité Blanche. Je ne m'y sentais plus chez moi. Je m'y sentais comme une parjure, bien que je n'avais rien à me reprocher. Mais je ne me voyais pas non retourner à Cuilnen, ça non. J'en avais assez de cette vie de mercenaire mais il était toujours hors de question de me plier aux traditions des miens et de gérer les terres de ma famille. J'étais persuadée qu'autre chose m'attendait.

Pendant un temps, j'avais cru être investie d'une mission divine et, Yuia ou pas, j'étais persuadée d'avancer dans la bonne direction. Mais tout ce que j'avais entrepris... La milice, les Dragons d'Or, la bataille de Pohélis, tout tournait mal et tout finissait par me retomber dessus. J'avais chercher à faire le bien, et n'étais parvenue qu'à m'attirer des ennuis. J'avais chercher à ne plus me poser de questions et me contenter de gagner ma vie, mais l'expérience était peu plaisante. Les gens cherchent l'argent, les gens cherchent l'amour, les gens cherchent une vie heureuse... J'avais cru Yuia. J'avais cru en ses nobles paroles, en cette mission pour laquelle j'avais cru devoir me battre. Aujourd'hui elle me laissait dans l'obscurité, sans un signe. Plus difficile encore, je réalisai que je savais bien peu de ses inspirations. Suivais-je aveuglement une déesse aussi capricieuse que certains le prétendaient ? Qui ne cherchait que l'attention de ses fidèles et méprisait le reste de l'univers ? Je n'avais pas compris pourquoi Oaxaca m'avait épargnée en son nom. Oaxaca représentait tout ce que l'on pouvait communément haïr. Elle était le chaos. Elle était le feu et la sang, la guerre dans nos villes et dans nos cœurs.

Je me sentais vide et perdue. Je brûlais intérieurement de cette frustration et de cette naïveté trop longtemps accumulée. Avais-je cru devoir tuer Oaxaca ? Était-ce seulement possible ? Je pris une profonde inspiration pour me calmer. Et comment osais-je calomnier la Dame des Monts Éternels ? Déesse parmi les déesses, elle était condamnée à ne plus pouvoir revenir sur les terres qu'elle aimait tant. Et moi je me plaignais que la toute puissante déesse Yuia ne s'occupasse pas en particulier de mon cas. Peu à peu, je retrouvai toute mon humilité. Au lieu de geindre comme une oie, j'avais mieux à faire pour retrouver mes esprits. Les Monts Éternels. Oui, ce devait être ma prochaine destination. Trouver la cité de Nosvéria. Si la Dame je devais voir, c'était là-bas qu'il me fallait chercher. Et si je n'y trouvais rien de divin, j'y devais au moins trouver la réponse à ma question ; à savoir si je devais finalement tirer un trait sur cette prétention rocambolesque d’œuvrer pour le monde au nom d'on ne sait quelle folie.

Je baissai le visage et secouai brièvement ma tête de gauche à droite avant de cligner des yeux pour reprendre mes esprits. J'en avais oublié le borgne. Le clapotement des rames me revint à l'esprit. Nous avancions à allure constante et la côte était toute proche. J'espérai qu'Oranan n'était pas très loin.

- Ce que je compte faire sur la terre ferme ? repris-je, la tête encore un peu ailleurs.

J'avais assez dormi comme ça. Je n'avais pas faim non plus. Ma tête me semblait lourde mais mon corps ne semblait pas plus fatigué que cela. Je pris une grande inspiration.

- Boire un coup j'imagine. Pour la suite, j'aviserai.

Je n'avais pas souhaité lui répondre, encore moins lui sortir quelque chose qui avait des chances de lui plaire. J'aurais préféré qu'il se taise, qu'il me laisse tranquille, et ne plus jamais avoir à le voir. Je m'abstins donc de tout sourire ou autre attitude qui aurait pu lui faire croire que j'étais d'humeur à lui faire la conversation.

_________________
Sinaëthin Al'Enëthan, alias Silma, Héraut de Yuia, hiniön lvl 21


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