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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Lun 5 Sep 2011 02:29 
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Finalement, Ziresh n'osa pas faire le premier pas pour rencontrer ceux qui seraient ses compagnons d'infortune. Durant les jours de voyages nécessaires, il fit beaucoup d'aller-retours de sa cellule jusqu'au pont, car incapable de rester trop longtemps dans un espace aussi reclus.
C'était la première fois qu'il naviguait, et la sensation d'être sur un moyen de transport le déstabilisait quelque peu. Peut-être était-ce son instinct animal qui s'éveillait, mais il ne se sentait pas assez à l'aise pour dormir correctement dans sa chambre. Par contre, le lutinora, lui, semblait tout à fait heureux d'être en mer! Le pont humide était devenu son terrain de jeu, alors que son maître ne faisait que passer ses journées à regarder l'horizon tout en observant les quelques mercenaires présents.

Bien entendu, le premier à le marquer fut un dénommé Aztai selon le héraut recruteur: un woran. Certains disaient que les liykors étaient cousins des worans. Pour Ziresh, ils ne pouvaient pas avoir plus tort... C'était en tout cas une créature impressionnante, qui l'intimidait beaucoup. Une force de la nature, particulièrement bien équipée. De son côté, le pauvre bratien n'avait vraiment rien pour lui, hormis sa lance, ses ridicules tassettes et un petit insecte goinfre!
Quant aux autres mercenaires, il y avait beaucoup d'humains, et étonnamment beaucoup de femmes. Non pas qu'il ait une vision sexiste des quêtes, mais il était vrai que dans celles où il avait été engagé, il n'avait vu que trop rarement de femmes. Terra faisait d'ailleurs partie des exceptions. Quoiqu'il en soit, elles étaient toutes de belles femmes, peut-être même que l'on pouvait dire qu'elles étaient toutes dotées de beautés scandaleuses, tant leur statut de mercenaire voulait de se tâcher, de se battre avec violence, de ne pas se laisser le temps pour se pomponner.
Enfin, cette réflexion ne dura pas longtemps: il se rappela lui-même à l'ordre en voyant à quel point il prenait soin de sa queue...

Quoiqu'il en soit, les jours passèrent lentement, comme il n'osait parler avec personne. A la fois par timidité, mais aussi, sans doute, parce qu'il était trop faible vis à vis de ses compagnons. Au moins, il pouvait toujours se donner l'intention de montrer que malgré son manque d'expérience, il cherchait bien à s'affirmer comme un véritable aventurier.
Le reste du voyage, il le consacra alors à l'élevage de son Lutinora, qu'il nomma Ren. En seulement deux jours, il lui accorda tant d'intention que la petite créature semblait déjà capable de répondre à son propre nom. Elle savait quand elle devait arrêter de bouger, quand elle était rappelée à l'ordre, et il semblait d'ailleurs qu'elle ait développé un certain goût pour les graines de maïs que Xavir avait laissé parmi les vivre de Ziresh. Si bien qu'il fut bien plus facile de l'éduquer, en la récompensant pour chaque tour, ou chaque chose qu'elle faisait bien.

Lorsque Lebher se dévoila à l'horizon, la mélancolie du jeune loup argent s'estompa d'un coup, comme si la seule perspective de poser une patte sur le sol l'avait ôté de toute sa peine et des souvenirs qu'il gardait de Kâhra.
De plus, cette ville n'avait rien à voir avec celle de Kendra Kâr, qu'il avait quittée: il ne pleuvait pas, et architecturalement, c'était une belle ville. On voyait que le port était important, et même sur les ponts, on pouvait voir quelques pêcheurs sereins (encore une chose qu'il n'avait jamais réussi à faire: pêcher!). Alors que le navire s'était rapproché, il se sentit mieux encore lorsqu'il vit quelques badauds habitués agiter les bras, comme pour leur souhaiter la bienvenue.

(Voilà... L'aventure commence enfin!)

Il avait désormais hâte de partir se battre. En fait, sa réaction n'était pas si différente que de celle d'un enfant qui ne voudrait pas partir en vacances au premier abord, mais qui une fois arrivé, ne peut s'empêcher de montrer sa joie! Toutefois, il y avait toujours ce petit problème: celui des autres mercenaires qu'il n'avait osé côtoyer... Il espérait seulement qu'ils ne soient pas trop difficiles à vivre...

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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Lun 5 Sep 2011 03:12 
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Localisation: quête 25 : dans une caverne rempli de fou
Quand il se réveilla, l'aube pointait, il se força à se lever, tandis que le bercement de la mer lui donnait envie de se recoucher. Il adorait dormir sur les bateaux, il n'avait acune idée de pourquoi, mais il y dormait bien mieux. Peut-être devrait-il penser à s'en acheter un petit, pour se reposer dans les ports, un autre avantage serait qu'il ne serait plus obligé de payer et pourrait même faire payer les autres. Enfin, il verrait ça plus tard, maintenant il devait disparaître des lieux avant que les autres ne se réveillent.

Il descendit jusqu'à sa cabine, où il se changea, retirant toutes pièces d'armure et armes. Il remit ses vieux vêtement usés, il allait ainsi pouvoir observer ses hypothétiques futurs compagnons tout en se faisant passer pour un marrin. Le seul problème était qu'il allait devoir bosser, ce qui ne le dérangeait pas vraiment. Il fallait juste convaincre le capitaine qui ne dirait sûrement pas non à une paire de bras supplèmentaire et gratuite. Pour ce qui était de la discrétion, il n'aurait pas de soucis à ce faire, personne n'avait vu son visage depuis la jeune femme de Tulorim. Même durant son escapade dans la maison des horreurs, il avait réussit à garder sa capuche correctement baissé. Si bien que ça lui faisait maintenant bizarre de se déplacer vers le pont supérieur, sans rien pour se dissimuler. Il devrait sûrement se rasser, ça faisait depuis plusieurs semaines qu'il ne s'était pas occuper de son corps autrement qu'en se lavant, mais cela aussi attendrait.

Une fois arrivait sur le pont, il demanda à un marin pour voir le dirigeant de se navire. Comme prèvu, il n'avait eu aucun mal à convaincre l'homme de l'engager, le simple fait de vouloir apprendre le métier pour être encore plus polyvalent avait suffit. Ce qui n'était pas tout à fait faux, ces conaissances pourrait l'aider, si jamais le besoin d'argent se faisait sentir ou encore pour négocier des traversées gratuites. Il lui confia comme premier travail de nettoyer le pont, ainsi qu'un seau d'eau plus ou moins propre et une brosse. La journée s'annonçait des plus ennuyeuses, au moins il n'était pas seul pour cette corvée et il pourrait voir les déplacements des autres mercenaires.

Enfin c'est ce qu'il avait cru tout d'abord. En effet, il remarqua rapidement un homme-tigre, qui vu son équipement serait l'un de ses futurs compagnons. Il était assez impressionnant, bien plus grand et impressionnant que le voleur, mais il savait que ça ne voulait rien dire frapper fort était bien, mais toucher son adversaire était encore mieux. Alors qu'il voulut l'observer de plus près, un de ses supérieurs, ayant été mis au bas de l'échelle tous étaient ses supérieurs, lui rappela les consignes, le forçant à refaire une partie qu'il avait négliger, pour recueillir des renseignements. Et bien sûr, durant toute la journée, il y avait quelqu'un non loin, pour l'empêcher d'accomplir son but. Sous un soleil, qui lui parraissait brûlant, il passa toute l'après-midi à grincher le sol. Quand enfin il eut finit, il était si fatigué qu'il partit directement dans sa cabine. Avant de s'allonger, il prit sa nouvelle arme et se rasa sommairement, tâchant de ne pas se couper malgré le manque certain d'un miroir.

Le lendemain matin, après avoir avalé quelques unes de ses provisions, il retourna auprès du capitaine. Il avait demandé du travail pour les trois premers jours du voyage et il était maintenant trop tard pour reculer. Cette fois-ci, le poste lui plaisait bien plus, il allait servir de vigie avec un autre. Son compagnon, lui montra comment se déplacer sur le filet avant de monter en haut du mât. Le demi-elfe le suivit avec quelques difficultés, mais réussit à atteindre le poste d'observation sans écraser sur le pont. Il s'étira et admira la vue, elle était magnifique, à perte de vue s'étendait les flots qui se mélanger avec le ciel à l'horizon. Il n'y avait pas à dire, son nouveau placement était bien mieux que celui de la veille, un peu lassant mais bien plus repossant surtout qu'étant deux, ils pouvaient se relayer.

Le jour suivant, il eut le droit à un cours sur l'utilisation des différentes cordes et même d'utilisation de la barre, bien qu'il lui fût interdit d'y toucher. Il trouva une partie de la jounée intéressante et l'autre encore plus ennuyante que le lavage du sol. Au moins ça lui permettait d'observer d'autres personnes, bien que l'attention qu'il devait porter à celui qui lui servait d'instructeur l'empêcher de savoir qui était mercenaire et qui était marin. Le grand woran blanc était souvent de sortie, le voleur remarqua un autre homme-bête qui s'avérait être un liykor, sûrement un autre futur compagnon, enfin peut-être. Lui aussi avait plus de carrure que le demi-elfe, mais était-il capable de tuer sans le moindre remord, voilà un autre point qu'il serait intéressant à connaître, savoir qui serait capable de le tuer et qui en serait incapable. À part ces deux guerriers repérés, il n'avait pas récupéré beaucoup d'informations, bien que maintenant il pouvait devenir un marin plutôt moyen, une reconversion qui lui ferait perdre pas mal de choses, tel que la richesse dont il allégeait les riches.

Décidé à passait le reste du voyages à se reposer, il rejoignit ses quartiers, s'endormant comme une masse. Il passa ainsi les trois derniers jours à osciller entre repos, nourriture, nettoyage de son équipement et entrainement sommaire. Quand la fin du voyage s'approcha, il se leva et s'habilla. Il remit son pantalon et sa chemise, par dessus laquelle il attacha son plastron. Il enfila ensuite ses gants qui ne lui posèrent plus de problème, chaussa ses bottes, puis la longue chemise blanche couverte de sang récupéré sur le cadavre de son cauchemar. Pour finir, il recouvra son corps de sa longue cape, la capuche retombait sur son visage, le rendant impossible à voir, où alors avec un angle des plus étranges. Ainsi préparé, il monta sur le pont alors que la terre n'était plus très loin.

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(de Miha)


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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Lun 5 Sep 2011 09:27 
Serpent s’en était allé dans le monde des rêves, le sommeil n’avait pas tardé à l’emporter et la magicienne était bien déterminée à en faire de même, quittant le réduit de son ami en jetant un dernier coup d’œil sur sa personne, l’air bienveillant. Depheline se rendait bien compte qu’elle s’était attaché à ce curieux personnage se voulant distant et indépendant, mais si fragile à la fois. Elle était une femme qui avait besoin de se sentir utile et précieuse aux yeux de ceux qu’elle appréciait et un sentiment d’allégresse l’envahit tandis qu’elle s’allongeait elle-même sur sa couche de fortune. Le toit n’était qu’à quelques centimètres de sa personne, mais cela lui était égal, elle avait déjà dormis dans bien pire endroit et au moins ici, elle avait une couverture et un oreiller à sa disposition. Ne restait plus maintenant qu’à espérer que les remous des vagues cognant contre la coque du bateau ne lui donneraient pas le mal de mer.

Plus ou moins calmement, les jours de voyage défilèrent alors, entrecoupés de moment d’aide sur le pont lors des moments périlleux en haute mer, secoué par des tempêtes. Mais la plupart du temps, elle le passa à méditer sur sa vie future et sur leur mission qu’ils allaient entreprendre une fois débarqués dans cette ville côtière dont Depheline ne savait rien. Jamais elle ne s’était imaginée changer de ville, alors quitter le continent était un véritable bouleversement qui lui demandait bien des efforts pour s’y faire, ne serait-ce que mentalement.

Serpent était resté bien discret durant ces quatre jours de voyage, mais ils avaient tout de même pu passer beaucoup de temps ensemble, à parler de la pluie et du beau temps. La rousse n’en avait pas demandé plus au final et avait su se contenter de sa rassurante présence, là où il était son seul repère. Si le voleur ne s’était pas montré très expressif, cela n’avait pas empêchée Depheline de l’être, à son égard.

Finalement, les cris maintenant devenus habituels de Sir Sitröm annoncèrent leur arrivée imminente sur le port de Lebher, et c’est la peur au ventre qu’ils débarquèrent, la magicienne collée au bras de son ami, la voix tremblante…

« C’est effrayant et fascinant à la fois… Dis moi que je suis dans un rêve... », lui avait-elle murmuré en esperant trouver un peu de réconfort de sa part, alors que son angoisse était montante. L'idée d'enrichissement avait déserté son esprit, remplacée par celle de l'appréhension.


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 Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
MessagePosté: Lun 5 Sep 2011 12:38 
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Localisation: quête 30
Cauchemar sur cauchemar, mes premières nuits en était devenu un théâtre de l'horreur, puis au matin de la deuxième nuit, ses illusions nocturnes et effrayante dont je ne gardais aucun souvenirs au petit matin, cessèrent brusquement.

2 éme Jour

A présent en meilleure conditions, je me permet quelques excursion sur le pont pour prendre un bon bol d'air marin et oublié le goût répugnant du pain rassis et du hareng du petit déjeuné. Les fruits volés quelques jours plus tôt me remontais heureusement le moral,c'était le "quelque chose" de frai et juteux idéal pour accommoder/supporter la pitance écœurante des marins.

Je constate que de nouvelle tête ont fait leurs apparitions, et quelle tête! Deux mi-homme, mi-animaux assez impressionnant, même pour le demi-loup, qui pourtant affichait un visage de profonde juvénilité. Le woran quand à lui, ne me donnais pas envie de tailler un brin de bavette. Pris dans mes reflexion, je suis surprit par Depheline, qui me rejoint pour finir son déjeuner en ma compagnie.
Nous discutons ainsi un moment, même si les sujet de conversation me manquent.

Le voyage continue...

Les jours passent et se ressemblent, durant tout le séjour, Je ne vois aucun autre des aventuriers que j'entr’aperçoit parfois à l'heure des repas. Un brun ténèbreux, une rouquine aux air de peste, un espèce de brigand avec une crête et une combattante aux air un peu niai. Je me demande curieusement quel surprise nous réserve cette étrange compagnie.

Le dernier jour de voyage se termine, et c'est une Depheline stressée qui piaille sur le pont, elle me demande si elle rêve ou si nous somme réellement embarquer dans une aventure. Je ne répond rien et me contente de poser ma main sur son épaule. L'aventure ne s'annonce pas, elle se vit.

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Serpent Ménestrel (origine Voleur) Niveau 15
    "Oaxaca contre-attaque." (Quête 30)

    Réputation :
    ¤ Il est beau ¤ Une navigatrice dans la quête 27
    ¤ Il est fantastique ! ¤ Un tavernier de Dahràm
    ¤ rchhhtll blll rll !! ¤ Le dieu pieuvre des mines de Lebher
    ¤ Il est trop rapide pour moi ¤ Le Dragon Noir d'Oaxaca
    ¤ Il m'a faite danser, et j'ai aimé ça ¤ Silmeria, l'anima noire


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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Jeu 3 Nov 2011 00:15 
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    « Un vaisseau s'apprête à partir pour Tulorim... Dame ? »

    Il se précipita derrière les caisses et trouva sa protégée inerte. Apeuré, Thalo la releva. Ce fut à ce moment qu'elle quitta ses songes.

    « Je ne peux pas vous laisser un instant sans que vous tombiez dans les pommes. »

    La plaisanterie passa mais elle ne réagit pas encore mal au point. Le jeune guerrier ne l'avait pas vue dans cet état depuis un long moment. En réalité la seule fois où il put la voir ainsi remontait à leur première rencontre, quelques jours après sa libération. Il n'osait pas encore faire son rôle de protecteur mais il se permit d'entrer sans sa chambre dans une auberge de Darhàm pour la découvrir blême et épouvantée. Ses angoisses restaient mystérieuses, il les auraient presque oubliées s'il ne la tenait pas, tremblante. Le wiehl ne pouvait hélas qu'attendre, il ne voyait aucun remède. La shaakt finit par se relever dans un soupire mais les mots vinrent bien plus tard.

    « Il faudrait prévenir Heartless de notre départ. Tu ne l'as pas vu ? »

    « Non, je ne l'ai pas trouvé sur la Laide. Je vais lui laisser un mot. Allez sur … Ce navire là »
    il leva le bras mais s'aperçut que l'elfe ne regardait pas.  «  Celui qui s'appelle la Veuve des mers. »

    Thalo s'empressa alors vers le navire de Sirius puis songea qu'il n'avait rien pour écrire. Il chercha et tomba sur un jeune garçon qui traînait un écritoire, occupé à rédiger sous la dictée d'un maître des quais. Le petit aux cheveux de paille regarda distrait l'armure qui s'avançait vers lui. Son employeur s'éloigna sans savoir qu'il parlait aux poissons.

    «  Dis moi, le jeune scribe. Tu as un instant pour m'écrire une brève lettre ? »

    « Oui m'sieur ! Ça fera 10 yus par demi parchemin ! »


    L'habile jeunot savait vendre son commerce. Cependant pressé, le guerrier ne prit pas le temps de négocier et lui donna les quelques pièces et dicta en vitesse :

    «  Rosa a une affaire urgente à régler à Tulorim, ne vous inquiétez pas pour elle. Nous nous reverrons si Gaïa le veut... Voilà. Fais moi voir ça. »

    « Vous savez lire m'sieur ? »

    « Oui je sais l'armure ne fait pas le moine, j'ai échappé de peu à mes vœux.  Tout ça m'a l'air correct. Du bon travail, tiens voilà un petit supplément. »

    « Eh vous, j'ai pas fini mes registres ! Faut pas vous gêner ! »


    Thalo marchait déjà loin des insultes. Il monta une dernière fois sur le pont de la Laide puis sans se faire remarquer, à la discrétion d'un harnois complet. Il glissa le mot sous la porte de la cabine de Sirius. Le protecteur salua ceux qu'il rencontra sur son chemin puis rebroussa chemin. Il adressa un dernier regard pour ce navire et son équipage puis chassa quelques vagues pensées. L'armure retrouva l'elfe quelque peu perdue, elle le regarda perplexe. Il sourit derrière son casque et lui indiqua le bon navire. La « Veuve des Mers », un nom à faire nuit blanche mais un marin de l'équipage vociféra que c'était un des navires les plus rapides.

    « Si Moura ne s'en mêle pas, nous serons à Tulorim dans moins d'une journée. »

    Ils montèrent sur le navire après que le wiehl ait payé leur voyage. Rosa voulut sortir son argent mais un gantelet habituel vint l'empêcher. Généreux qu'il était, il se moquait bien de ne pas avoir d'explications. Elle voulait lui dire mais les mots ne venaient pas. La seule pensée d'exprimer le mal qui planait sur elle paralysait ses lèvres. La shaakt tenta néanmoins sous le vacarme de l'équipage qui hissait les voiles.

    « L'homme que tu as vu. Je crois que c'était mon premier protecteur... Mon père. »

    Thalo la regarda un moment.

    « Vous ne vouliez pas le revoir ? Je l'aurai retenu. »

    « C'est … Complexe. Je ne lui ai jamais parlé. Son visage est flou et déformé par la noirceur de mes souvenirs. Je ne sais pas si le voir m'aurait aidée. Il m'a apporté ce message et je l'en remercie. »

    « Et ce message qu'annonce t-il ? »

    « Un danger que pour l'heure je ne puis évaluer. Ce que nous allons chercher permettra de m'assurer qu'il ne peut rien nous arriver. »

    « Cette menace a t-elle un nom ? »


    Un temps.

    « L'Ilhar... C'est son nom. Elle fait partie de mon passé. Ne m'en demande pas plus. »

    « Vous devriez vous reposer. Le spectacle et ce malaise ont du vous achever. »

    « Tu n'es pas obligé. »

    « Je ne vous force pas ! »

    « De me suivre. »

    « Je me moque bien du danger et mon honneur ne vaudrait rien si je faiblissais face à ça. De plus il est difficile de se débarrasser de moi, ne vous en n'êtes-vous pas déjà rendue compte ? »

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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Ven 4 Nov 2011 01:31 
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    Thalo profita un temps de l’air frais d’Exech, une dernière fois. Il rendit hommage d’une pensée à tous ces miséreux qui se battaient pour vivre face au crime et la corruption. Si la ville dégageait un idéal, c’était bien celui là, la force. Le petit qui savait écrire illustrait sa pensée, parfait exemple de la débrouillardise. L’armure se pencha contre le rebord du navire pour observer les quais. Un marin s’occupait de balayer le pont, il fixa le guerrier un temps. Son regard montrait une certaine surprise à la vue du client original probablement. Le matelot baissa la tête lorsqu’il croisa son regard.

    « Beau temps n’est ce pas ? »

    L’homme lui tourna le dos pour nettoyer ailleurs. Le wiehl songea à voir comment se porter sa protégée. Il descendit à la cale alors que le bateau s’apprêtait à lever l’ancre.

    « L’équipage n’est pas très loquace. J’ai vu des banshee plus aimable. »

    « Toi… Tu as vu des banshee ? »


    Rosa se présenta plus calme, elle se reposait sur un des hamacs. L’elfe luttait contre le sommeil et sa dernière question n’avait pour but que de la maintenir éveillée. Thalo s’improvisa alors conteur pour le plaisir de l’elfe exténuée :

    « En effet. J’ai arpenté le monde, je vous l’ai dit ! Par contre, ce n’est pas vraiment mon exploit mais plutôt celui de mon père qui m’a raconté le récit. Son bateau accostait Yarthiss pour une cargaison de fer. Les mineurs refusaient de retourner dans les galeries. Quittant son fier vaisseau, il posa le pied à terre pour aller à la rencontre de ses poltrons. Face au fier du peuple de wiehl, les malheureux balbutièrent » il tenta une voix apeurée « Maudite ! La mine est maudite ! Un cri terrifiant retentit contre les parois du plus profond des gouffres ! » ton de narrateur « Mon héros de père ne croyait qu’en Gaïa et l’argent, presque autant l’une que l’autre et habitué des superstitions de son équipage, il décida de se rendre dans la mine. Une fois à l’intérieur, avec pour seul lumière sa torche, mon père marcha lentement mais d’un pas décidé vers le bout des tunnels. Le silence pesait et il n’entendait aucun hurlement. Son pied heurta une pioche. C’est là que sa respiration se stoppa nette ! Le mutisme fut brisé par un cri strident. Il peinait à me décrire la nature de ce son tant il était épouvantable. Une femme qui hurlait mais… inhumaine, dénaturée… » Le conteur s’arrêta soudain l’air songeur

    « Et qu’a t-il fait ? »

    « Comme tout bon marchand qui tient à son commerce et à sa famille. Il a fui en hurlant la déesse lumière. »


    La shaakt ferma les yeux avec un faible rictus sur les lèvres.

    « Tu as encore beaucoup d’histoires ? »

    « Des tas ! Je fus le confident favoris de sieur Hélionis et ma mémoire préserve précieusement tous ces souvenirs afin de faire profiter les mages en proie aux luttes contre le sommeil. »


    Elle ne répliqua pas. Thalo put entendre alors des bruits de pas plus lourds que ceux des marins sur le pont. L’armure laissa la magicienne dormir pour jeter un œil aux voyageurs de dernière minute. Il écarquilla les yeux le capitaine saluait un visage familier, entourés de plusieurs gardes.

    « Bien. Levez l’ancre capitaine. »

    Une longue chevelure blonde, un visage crispé par la guerre et une voix usée par les ordres clamés, la générale de la baronne venait de monter à bord. Pas de doute, la femme en armure lui rappela une vague présence au repas funeste à Keresztur. Il tourna les talons mais on l’interpela. Le sort s’acharnait-il ? Pourquoi Gaïa ne lui venait-il pas en aide ? Courir et hurler son nom ne semblait pas la solution appropriée, d’autant qu’ils ne se trouvaient pas dans une mine.

    « Dame Lydia souhaiterait vous parler. »


    Le garde tenta de croiser les yeux derrière son heaume puis l’entraîna devant la redoutable Kendrane. Celle ci analysa de haut en bas les plates qui le constituait, d’un air détaché.

    « Je vois rarement des hommes se promener avec un pareil attirail sur nos navires. Votre nom ? »

    « Sieur Hélionis... Pour vous servir ! Pardonnez moi si je ne me découvre pas mais mon serment m’en empêche. »

    « Oui, oui. C'est de toute manière votre armure qui m’a simplement interloquée. Passons, j’ai trouvé ce que je voulais. »

    « Vraiment ? Qu’est ce qu’une dame de votre rang peut bien trouver à Exech ? »
    La question s'échappa alors même qu'il la trouvait extrêmement périlleuse et indiscrète.

    « De la vermine bien sur. Plus particulièrement, des petits voleurs … Mais je suis sure que la Baronne voudra se venger personnellement. Vous pouvez disposer sieur Hélionis.»

    Thalo redescendit pour rejoindre l’elfe, à moitié rassuré. Heartless était bel et bien traqué mais par une menace bien connue. Il s’assit près de sa protégée et décida de la laisser dormir, l’épargner pour l’heure du risque qu’ils couraient. Le bateau s’élança alors le long de la côte.

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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Dim 3 Aoû 2014 00:50 
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    Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
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    Localisation: Derrière Cromax
    « Lettres au vague.

    Départ des côtes amorcés.

    Ai quitté Omyre à la tête d'une petite troupe. Mon objectif est de mettre à sac les lieux de cultes de la République afin de saper le moral des habitants. Toutefois, sur mon chemin j'ai croisé la route d'une vieille connaissance, quelqu'un qui aurait pu être un ami. Mais au lieu de saluer cet " ami de longue date " j'ai appréhendé deux survivants de Mourakat à la suite des agitations qui eurent lieu à cet endroit précis. L'un des survivants est toujours évanoui, ai pris la liberté de lui offrir une cabine afin de gagner sa confiance et l'interroger.

    Le second survivant quant à lui a eu un traitement plus sévère. Lorsqu'il fut conduit dans ma cabine, j'ai constaté qu'il était blessé, quelques uns de mes soldats ont violenté l'homme entravé par de lourdes chaînes. Je n'avais pas voulu ceci. Toutefois, il m'est difficile de punir les coupables, ça passerait pour un manque de fermeté voire même de la trahison. »
    Notes illisibles, raturées avec vigueur, le parchemin est creusé tant la pointe de la plume l'a gratté.
    « Ca ne me ressemble pas, mais je crois avoir ressenti de la peine pour ces deux là. Ils me rappellent ma jeunesse. Ils me rappellent Silm» Illisible, brûlé à la bougie. Le reste des pages n'est que ratures, plan des alentours d'Oranan gravé de mémoire et les lieux de cultes qui s'y trouvent.

    « Ai décidé de changer mes plans, l'avenir des autres survivants m'importe peu, le dragon les pourchasse, ne m'en mêlerais que si on me le demande. Rattacher Sirius est la survivante à ma cause.

    Hrist.»


    Cabine de Hrist, départ du navire H+1

    La porte de bois de la cabine claqua fortement. Les deux orques qui maintenaient le corps du marin eurent du mal à passer la porte, ils durent s'y prendre à deux fois pour y parvenir. Le captif avait la mine basse, les cheveux couverts de boue et le visage ensanglanté du violent coup que Hrist lui envoya plus tôt. La tueuse qui ouvrait un flacon ciré d'hydromel fut étonnée d'un pareil changement. Certes, elle avait laissé Sirius entre les mains des orques, mais la maltraitance se lisait clairement sur le visage du blessé qui cherchait presque inconsciemment à se débattre puis retomba dans un sommeil léthargique. Ses doigts bougeaient lentement, sa tête basculait d'un côté à l'autre du corps en suivant le roulement du navire.

    Hrist congédia froidement les orques et ordonna qu'ils rejoignent la manœuvre du départ. Elle s'assit à même le sol, en face du marin et bu une gorgée d'hydromel. Le liquide gras et épais piquait un peu sa langue, elle déglutit difficilement, la sensation d'une gorge nouée lui monta à la tête.

    « Pas joli joli. Ce serait presque moins cruel de le tuer maintenant que de le laisser vivre son cauchemar une seconde de plus. »
    « Qu'embrasse-t-il au juste. »
    « Des putes à un Yu sur le port ? Ou ce que tout homme de sa trempe cherche. Le large, l'air et la liberté. Tu affectionnes Von Klaash alors que c'est une saloperie de tueur de femmes et de vendeur d'enfant mais tu sembles haïr ce garçon, là en face de toi, en train de pleurer dans l'inconscience alors qu'il n'y a pas de différence dans le fond, entre ce qu'il veut et ce que Von Klaash veut. La mer. Un navire. Le monde. Toi tu veux la même chose mais sur la terre. »

    « C'est vrai. Il a pu arracher la Laide des mains de mon Capitaine. Mais ce qu'il veut vraiment, on ne se contente pas de la mer sur un navire et de chier dans l'eau toute sa vie. »

    « Certains hommes ne sont pas faits pour avoir trop de poids au dessus de leur tête. Certains ne rêvent que du poids du ciel, et c'est déjà bien assez lourd, ma vieille. C'est un beau rêve à hauteur d'homme, je ne crois pas qu'il rêvait vraiment de ce genre de... De croisière. »

    « Si je te dis... Avoir de la peine pour lui. Est-ce que tu me croirais ? »

    Cèles apparu alors dans un petit éclat bleuté, pile sur l'épaule d'Heartless, elle s'était parée comme sa maîtresse, revêtant les mêmes affaires qu'elle et leurs traits étaient identiques. Elle s'assit sur la chemise de l'homme et croisa ses petites jambes blanches, perdant un petit filet de fluide magique qui tomba comme une poussière de charbon sur les genoux du captif.

    « T'es tu déjà demandée pourquoi les orques ne contrôlaient pas la ville ? Ils sont sauvages, violents et ne connaissent que la loi du plus fort, sans toi, ils les marais auraient une petite douzaine de têtes accrochées au bout de piques. La sienne comprise ! Non, Omyre et Oaxaca ont besoin de personnes tels que toi pour choisir des personnes telles que lui. C'est le choix que je ferais, à ta place. Offre lui une place, sous ton contrôle, il aura ce qu'il veut, la mer, et toi tu auras ce que tu veux, un commandant habile, malchanceux et assez... Bref, mais on ne gagne pas de guerre en égorgeant les bons potentiels et en se contentant de ce qu'il reste. »

    « Et... Trahison. Tu penses un peu à la trahison ? »
    « Flaque lui Katalina aux fesses. Ou Lydia. Elles sont sûres et toutes deux assez fines pour savoir s'il cherche à te faire défaut. Le Redoutable Jugement a besoin d'un capitaine, lorsque tu n'es pas là. Katalina ne pourra pas toujours s'en charger et Lydia fait profil bas depuis la débâcle de Keresztur.»

    Hrist soupira. Toutes deux entrèrent dans un silence pesant et Cèles s'évanouit en un petit nuage noir perlé d'or. Elle aimait les départs soignés.

    ---- ---- ----

    Hrist espérait qu'elle ne s'en mordrait pas les doigts. Elle était là, à nettoyer le visage de Sirius comme si c'était son enfant avec autant d'attention que possible. Nettoyer ses cheveux sales et collants par le sang et la terre, faire couler de l'eau chaude sur la coupure au front et essuyer le sang coagulé qui se mêlait aux poils de sa barbe épaisse et de ses sourcils.
    Jamais après le vol de la Laide-les-Maines, elle aurait imaginé faire ça. Même avec sa tête attachée au corps.

    Au départ, elle n'était pas sûre, mais il ouvrit enfin les yeux tandis qu'elle pinçait la peau de son front pour extraire le sang présent dans la bosse et s'assurer que la plaie était bien propre. Mis à part un joli bleu et un gonflement dodu, il allait bien.

    Le mal qui le rongeait était plus coriace, il était dans sa tête.

    « L'éveil. Ne crains plus rien, si tu me suis, rien ni personne n'osera jamais plus te toucher et te traiter de la sorte. J'ai quelque chose à te proposer. Tu vas sortir, voir la mer, respirer l'air du large, je reviendrais bientôt. » Elle venait d'utiliser une voix douce, le début de sa phrase était un peu déformé par les relents de l'hydromel qui piquait encore son palais.

    Elle se dressa et rajusta ses cheveux qu'elle coiffa en arrière à l'aide de l'épingle d'argent et se dirigea vers la porte. De son pas, elle jeta un dernier regard à l'homme assis par terre et dit.

    « Souviens toi, Sirius. Je peux être ton commencement, ou ta fin. »

    La porte claqua, replongeant la pièce dans une pénombre compacte. Elle ne s'ouvrira que pour laisser deux marins de Von Klaash venir chercher Sirius. Hrist venait d'ordonner qu'on l'emmène sur le pont. Un marin prisonnier en cabine, ça n'avait pas de sens.

    Conformément aux ordres reçus plus tôt, Rôk tendit à Hrist une tenue rapiécée et de facture médiocre. Son caprice avait été de se travestir en servante pour gagner la confiance de l'Elfe blanche, lui évitant des suppliques demandant à la libérer.

    Hrist les jeta par dessus bord et face au visage médusé de son Sergent, elle haussa les épaules avec un petit sourire et dit :

    « J'ai changé d'avis. C'est l'heure de recruter les jeunes talents !»

    Hrist ouvrit la porte menant à la cabine de l'inconnue. Un marin la suivait avec un seau d'eau de mer à la main, outil nécessaire à réveiller un malade lorsqu'on a besoin d'entendre son avis.

    A l'agréable surprise de Hrist, la jeune femme était éveillée, les rougeurs sur sa peau blanche au niveau des poignets indiquait que la belle avait essayé de se débattre, quoique les gardes n'avaient rien entendu de suspect.

    « N'ayez crainte, ma chère. Aucun mal ne vous sera fait, si vous avez ces entraves, c'est que votre sommeil était agité mais que je ne peux sacrifier la présence d'un marin à votre chevet... »

    Hrist laissa un temps passer, la lumière du jour entrant dans la pièce serait peut être une gêne pour la malade. La tueuse estima que l'air du large serait bienvenu.

    « Conduisez cette pauvre fille sur le pont, et prenez soin d'elle, ne brusquez pas ses mouvements. »
    Elle tira sa dague et coupa les liens de l'Elfe.

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    Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Dim 3 Aoû 2014 18:45 
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    Le bois jouait et tout le bâtiment grinçait dans le vent. Dans l'attente, j'écoutai le bruit de pas résonner sur le pont, le bruissement lointain des gens qui s'affairaient et les voix étouffées d'individus goguenards, échangeant de brefs rapports ou transmettant des ordres en haussant un peu le ton. Qui que fussent mes hôtes, tout me portait à croire qu'ils manœuvraient bien le navire et que la situation était sous contrôle - au moins le leur. Tout le monde était fort occupé et se souciait peu de moi. En de telles circonstances, je n'avais à priori rien à craindre à me manifester et pouvais peut-être être libérée ou au moins obtenir des informations. J'avais un lit, un luxe réservé au capitaine et au second d'ordinaire, et j'étais plutôt propre ; on me traitait avec soin, ce n'était à mon avis pas pour me malmener ensuite. Des bruits de pas dans la direction de ma cabine coupèrent court à mes pensées. On venait me voir. Je songeai un instant à faire semblant de dormir encore mais la porte s'ouvrit avant que je pusse juger l'idée intéressante.

    La lumière blafarde de l'aube m'aveugla momentanément. Sur le seuil de la porte, une masse monstrueuse s'avançait. Alors que mes yeux s’accommodaient de la nouvelle luminosité, je discernai mieux mon invité : il y avait en fait deux individus, une femme et un homme.

    « N'ayez crainte, ma chère. Aucun mal ne vous sera fait, si vous avez ces entraves, c'est que votre sommeil était agité mais que je ne peux sacrifier la présence d'un marin à votre chevet... » fit la femme.

    Elle retint toute mon attention et me mis sur mes gardes. Élancée, l'inconnue était habillée d'une longue robe noire de bonne facture et arborait des bracelets noirs d'une matière inconnue, des cicatrices au-delà de ces bracelets et un charmant tatouage noir que je devinai représentant un serpent au poignet droit. Ses mains étaient fines et délicates et sa peau avait la teinte d'un ciel chargé de cendres et de neige. Comme je levai les yeux, je croisai son regard. Ses yeux étaient d'un violet profond, tirant en cet instant sur le pourpre, et me semblaient habités d'un vide terrifiant. Son visage était aussi commun pour une elfe qu'il était beau pour une humaine mais ses lèvres, peut-être maquillée, ressortaient étonnamment. Elle les tordaient en un sourire à la fois amusé et vaguement boudeur. Je l'imaginai ravie, bien que son regard ne m'évoqua pas grand chose d'autre qu'un désert de poussière. Elle avait pourtant de beaux yeux, parés de longs cils noirs et chapeautés de sourcils bien dessinés. Dame oui elle était belle. Ses cheveux ébène étaient plus ou moins retenus en arrière mes des mèches folles lui tombaient négligemment sur le visage et sur les épaules - qu'elle avait d'ailleurs de musclées.

    « Conduisez cette pauvre fille sur le pont, et prenez soin d'elle, ne brusquez pas ses mouvements. »

    Elle était aimable mais ne m'inspirait en cet instant que de la méfiance. Alors qu'elle s'approchait encore de moi puis dégaina une dague je me contentai de la regarder bêtement. D'un geste rapide et sûr elle trancha mes deux liens et se redressa.

    « Qui êtes-vous ? » demandai-je en ramenant mes bras le long du corps.

    Dans le même temps, je voulu me redresser et ne pu réprimer une grimace de douleur. Il me fallut m'aider de mes coudes puis m'appuyer entièrement sur mes bras pour pouvoir me remettre sur mon séant. Je faillis lui demander ce qu'on m'avait fait mais jugea la question stupide. Il était inutile de partir du principe qu'elle me voulait du mal puisqu'elle se donnait justement du mal pour m'être agréable. Enfin assise, je pu relever un peu la chemise blanche inconnue qui me couvrait, seule, le haut du corps et admirer ma blessure. Elle était entièrement bandée de tissus bien plus propres que ceux dont je m'étais servis à l'origine et je ne souhaitai pas les défaire, pour ne pas risquer de causer des dégâts. Du bout des doigts, je palpai la zone. J'avais mal mais ce n'était pas si gonflé que ce que j'avais imaginé. Pas d'infection donc. Ou alors elle était déjà passée, comme tendait à me le faire penser la désagréable pellicule du sueur dont j'étais recouverte par endroits.

    « Depuis combien de temps suis-je ici ? »

    Avant d'avoir eu une réponse, je fus invitée à sortir de la cabine par l'homme. Je n'en retins rien d'autre que de la barbe, des frusques en toile et de grosses mains hâlées de travailleur. Il avait peut-être les yeux clairs. D'une pogne de fer, il me tint par le bras droit et "m'aida" à me lever avant de me mener dehors, la femme sur ses talons.

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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Lun 4 Aoû 2014 02:17 
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    Quelles étranges créatures, celles qui pouvaient alterner entre haine et compassion, si rapidement qu'il était incertain, même pour elles, de qui était ennemi, de qui était ami...

    L’œil d'Heartless s'était rouvert pour observer celle qui avait lavé la boue et le sang de son visage, et qui avait pansé ses plaies...

    - L'éveil...

    Une salle silencieuse. Un silence de vagues sourdes, d'une brise sourde.
    Erzébeth et lui se regardaient dans les yeux, sans qu'aucun des deux ne parviennent à déchiffrer le regard de l'autre. Il ressentait moins de douleur dans ses poignets et ses chevilles, ses liens avaient été assouplis. Il était allongé sur le sol, sa tête soulevée par la main gauche de la femme tandis que la droite finissait de suturer une plaie sur son front. Il était complètement déboussolé. Était-ce un rêve ? Un cauchemar ? Qui des deux avait perdu l'esprit ? La scène qui se déroulait là était-elle un paradoxe ou le juste cours des choses ? Il ne dit rien, l’œil rivé sur celle qui s'adressait à lui d'une voix dénuée de venin. Une sensation familière.

    - Ne crains plus rien. Si tu me suis, rien ni personne n'osera jamais plus te toucher et te traiter de la sorte. J'ai quelque chose à te proposer.

    Son haleine sentait l'alcool. Ayant achevé son œuvre, Erzébeth le lâcha, se releva lentement et réajusta ses cheveux avec une épingle d'argent. Elle avait à la fois la prestance d'une femme de noblesse et le bras d'une roturière. Elle souffla avec lassitude avant de poursuivre :

    - Tu vas sortir, voir la mer, respirer l'air du large. Je reviendrais bientôt.

    Elle s'éloigna de quelques pas. Sirius se redressa pour la voir partir. Le craquement de la porte se fit entendre...

    - Souviens toi, Sirius. Je peux être ton commencement, ou ta fin.

    Puis un léger claquement.

    Que venait-il de se passer ? Il resta immobile un moment, et tenta dans un réflexe de croiser les jambes, mais il se rendit compte que ce n'était toujours pas possible. Ses mains aussi étaient toujours attachées, mais plus derrière son dos. Il sentait le bercement des vagues et le calme d'un vent profond. Il était en mer.

    Quelle était cette mascarade ? Alors qu'il grimaçait, Sirius se rendit compte que ses joues étaient recouverts d'une fine plaque invisible, qui semblait craquer dès qu'il les bougeaient. Avait-il pleuré ? Ah, il se souvint. Avant de perdre connaissance, il avait eu un coup de folie. Cette femme... l'avait-elle pris en pitié ? Cette simple pensée le fit grimacer une fois de plus. Il sentait une boule dans son ventre. C'était le monde à l'envers. Il frotta ses épaules contre ses joues pour effacer les traces honteuses et se mit à inspecter ses environs. A son étonnement, l'endroit n'était pas dénué de fenêtres, mais elles étaient barrés de planches de bois brutes mais temporaires, sûrement prévues en cas de tentative d'évasion. Et puis, il n'y avait de l'autre côté qu'un ciel bleu marine, les rayons du soleil matinal n'entraient pas directement, laissant la pièce dans une subtile pénombre. Il y avait en face de lui une chaise et un simple bureau sur lequel étaient posés quelques ustensiles de médecine et au fond duquel trônait un petit miroir. Derrière, un lit confortable mais qui ne lui était manifestement pas destiné. Il était dans "sa" cabine ? Ce détail rendait sa situation encore plus gênante.

    Néanmoins, il se sentait encore fatigué, épuisé mentalement. Il se leva péniblement et s'installa sur la chaise. Les entraves qu'il avait aux poignets étaient trop bruts pour être arrachées avec les dents. Bien sûr, tous les ustensiles coupants étaient absent du pupitre. Il leva la tête et se regarda dans le miroir. Il avait vraiment une mine pathétique, mais cela n'était probablement rien comparé à l'état dans lequel il se trouvait avant d'entrer ici. Cette Erzébeth... mais qu'avait-elle dans la tête, au juste ?

    Alors qu'il regardait son reflet, il restait pensif, sans bouger. Ces mots... Que voulait-elle de lui, au juste ? Était-ce une méthode d'interrogatoire ou quelque chose de tordu dans le genre ? Toute cette bizarrerie lui faisait oublier sa situation désespérée.

    Soudain, des bruits de pas. Heartless se tourna vers la porte et se raidit quand entrèrent deux soldats humains, vêtus dans une alliance de cuir et de métal qui leur donnait autant l'air de mercenaires que de marins... Comme les hommes qui servaient sous les ordres de ce capitaine appelé Von Klaash, avant qu'il ne lui prenne la Laide-les-Maines. L'un des gardes le vit assis ainsi et, dans un geste brusque, sortit son épée à moitié, mais voyant que le prisonnier ne faisait rien de plus suspect que s'assoir sur une chaise, il se calma. Sans dire un mot, les deux gaillards prirent Heartless par les épaules et l'entraînèrent sur le pont du navire...

    Lui, il se laissait faire. Ses gardiens étaient costauds, mais pas aussi brutaux que les soldats Garzork, dont la race ne pouvait manifestement supporter la vue d'un homme qui s'abandonnait à sa tristesse. En vérité, il avait l'impression d'avoir été laissé en vie pour une raison bien précise. Tout cela l'inquiétait, mais il n'avait pas l'impression d'aller à sa mort.

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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Lun 4 Aoû 2014 14:34 
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    La jeune femme fraichement arrachée aux vapeurs du sommeil fut conduite hors de la cabine. Elle avait demandé son nom et aussi, combien de temps elle se trouvait sur le navire. Hrist ne répondit pas tout de suite, après une heure en mer, la côte serait encore visible et trahissait un départ récent.

    Le navire claquait sur les vagues, l'air était clair, purifié des vapeurs de goudron et de fumée qui empestaient au chantier naval. Le soleil était maintenant levé mais il n'avait pas encore inondé le navire de sa clémente chaleur, aussi, quelques flaques d'eau salée imprégnaient encore le sol et glaçait les pieds nus qui marchaient dedans. Sous le son paisible de la mer, les cordages grinçaient et les hommes silencieux s'affairaient aux tâches tout en gardant un oeil distrait sur le manège qui prenait place au milieu du pont.

    Quelques tonneaux étaient placés en batterie, entourés par de solides cordages et une demi-douzaine de caisse en bois représentait l'essentiel du mobilier de fortune qui se trouvait sur le pont. Quelques marins vidaient du poisson assis autour d'une caisse, jetant les entrailles à la mer, les mains ensanglantées et brillantes des écailles collées à leur peau. Tous étaient très silencieux, même les Garzok qui, bien disciplinés faisaient l'effort de se tenir droit et portaient une tenue impeccablement propre et entretenue. Rôk, le sergent Garzok y veillait personnellement et fouettait le premier qui faisait une entorse aux solides règles imposées.

    On conduisit l'Elfe à proximité des tonneaux, il y en avait six, dispersés autour d'un mat, solidement arrimés. Sirius ne tarda pas à être conduit ici, et tandis que l'Hiniöne fut installée, Hrist se présenta.

    « Mon nom est Hrist. Votre compagnie a été disloquée et dans leur débâcle, ils vous ont abandonnée. J'ai soigné vos blessures avant de lever l'ancre, mais il faudra que j'inspecte ça de nouveau. Si par malheur et en dépit de mes soins une infection venait, vous périrez sûrement. Nous avons embarqué il y a peu. Le soleil venait à peine de se lever. »


    Puis, estimant que les Garzoks pouvaient mettre un froid dans les conversations, elle ajouta :

    « Ne craignez rien, ici, personne ne vous fera rien sans mon autorisation. Maintenant, dites-moi, qui êtes-vous et pourquoi vos compagnons ont lâchement abandonné votre corps aux marais ? Leurs eaux sont avares, elles ne rendent jamais ce qu'elles trouvent. »

    Sirius rejoint alors la petite assemblée. Les marins curieux s'arrêtaient pour certains et écoutaient les conversations. La jeune Elfe blanche sortait d'une période difficile, de même que pour Sirius et Hrist, avant d'écouter une réponse, demanda à ce que l'on apporte une écuelle aux deux captifs, après leurs mésaventures, elle était prête à parier qu'ils mourraient de faim, et la femme aurait besoin de reprendre des couleurs pour être prête à guérir convenablement.

    Les marins avaient sur le pont une petite marmite logée dans un réceptacle de fer. Jamais celle-ci n'était vide, tour à tour, ils entretenaient le feu et y ajoutaient quelques ingrédients avec de l'eau claire, au départ d'une expédition on y mettait des mets de qualité, pour donner du baume au coeur à ceux qui quittaient la terre ferme. Au fil des jours, le brouet était composé de ce qu'on trouvait, les vieux légumes, les poissons et les oeufs pondu par les poules qui se trouvaient dans la cale. Par des voyages plus long, une chèvre ou deux était même tuée pour apporter du sang et de la viande. Pour ce voyage, il n'y aurait principalement que du poisson qui restait cuire lentement jusqu'à ce que leurs arrêtes soient cassantes et que la chair se soit mélangée avec les légumes dans une sorte de purée peu avenante mais qui tenait au corps et qui avait du goût grâce aux herbes ajoutées comme le thym arctique ou les agrumes.

    On leur apporta deux écuelles pleines et encore fumantes et une cuiller en bois. Hrist contempla les deux survivants et attendit une réponse.

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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Lun 4 Aoû 2014 15:37 
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    Le jour venait de se lever. Le ciel virait lentement du gris au bleu clair. Des nuages menaçant étaient chassés vers l'est tandis qu'une brise fraîche soufflait dans les gréements. L'air était humide, comme souvent en mer, mais plus encore après une pluie ou à l'aube. Au vu des reflets miroitant sur les caisses et des perles scintillant sur les voiles, il ne s'agissait pas seulement de la rosée. Mes cheveux ondulaient au vent et me gênaient. D'un geste agacée je la coinçai derrière mes oreilles et émis un grognement sans équivoque en croisant les bras sur ma poitrine pour bloquer le décolleter de ma chemise. Il n'était pas vraiment adapté à la morphologie filiforme d'une elfe. Mes affaires me manquaient rudement. Des chausses m'abritaient les jambes mais ma paire de bottes n'aurait pas été de refus. A la place, j'allais nu-pieds sur le pont, comme un bon marin - que je n'étais pas. Le navire était de belle taille. Il était loin d'égaler la Mürga en volume de cale mais il était bien plus élégant et sans doute mieux taillé pour la vitesse.

    Je fis un arrêt en découvrant son équipage. Des garzoks. Il y avait des humains aussi, mais surtout des garzoks. Ils étaient vêtus d'un genre d'uniforme et avaient tous une posture et un comportement assez similaires à ceux des soldats de n'importe quelle autre race. Moi qui n'en avais jamais connu que des brutes sans cervelles, je découvris à cette occasion que même sans cervelles ils pouvaient au moins être vaguement disciplinés. Ça ressemblait beaucoup à des sbires d'Oaxaca, trop, même, à mon goût. Certains marins s'échinaient à vider des poissons sur une caisse amarrée là, un peu comme au hasard, tandis que d'autres allaient et venaient silencieusement, pressés par des tâches qui me demeuraient obscures. Je fronçai les sourcils.

    « Mon nom est Hrist. Votre compagnie a été disloquée et dans leur débâcle, ils vous ont abandonnée. J'ai soigné vos blessures avant de lever l'ancre, mais il faudra que j'inspecte ça de nouveau. Si par malheur et en dépit de mes soins une infection venait, vous périrez sûrement. Nous avons embarqué il y a peu. Le soleil venait à peine de se lever. Ne craignez rien, ici, personne ne vous fera rien sans mon autorisation. Maintenant, dites-moi, qui êtes-vous et pourquoi vos compagnons ont lâchement abandonné votre corps aux marais ? Leurs eaux sont avares, elles ne rendent jamais ce qu'elles trouvent. »

    Le marin et la dénommée Hrist me firent signe de m'installer auprès de l'un des tonneaux arrimés près du mat. Ne sachant que faire au juste, je m'installai face à la femme, mi-assise sur le bord d'un tonneau, mi-debout et simplement adossée à la chose. J'ignorais que penser de la déclaration d'Hrist. A ma grande surprise, un deuxième invité fût convié à la petite sauterie et cet invité n'était autre que le borgne rencontré devant les fourneaux du dragon. Il n'avait pas l'air en grande forme ; de multiples hématomes bariolaient son visage et toute autre zone de peau que l'on pouvait apercevoir. Des fleurs violacées, jaunes ou encore d'un vert glauque déployaient leur pétales sur la peau hâlé du personnage. Je tentai de me rappeler son nom, sans succès. Devant Oaxaca, il avait préféré la fuite en compagnie d'un humoran tigré. Bien que grossier, et n'ayant pas brillé par son intelligence, le borgne m'attirait bien plus de confiance que notre hôtesse. Pas cruelle pour autant, celle-ci nous fit apporter deux écuelles pleines d'un brouet visuellement peu attrayant mais dont le fumet rappela à mon bon souvenir les besoins du corps. Je n'avais rien mangé de chaud depuis ce qui semblait être une éternité. Je remerciai l'homme qui m'avait apporté la soupe d'un subtile hochement de tête et entrepris de faire un sort à ma pitance dans en silence proche du sacré. Ce fut chose rapide. Rassasiée et réconfortée, je me sentis presque somnolente.

    Je posai l'écuelle en bois derrière moi, sur le tonneau, et en revins à nos affaires. Je n'avais rien à cacher. Que pouvais-je avoir à perdre ? Nul ne battait de croisade contre la Dame des Monts Éternels et elle me garantissait une précieuse immunité, comme me l'avait si gracieusement prouvé Oaxaca.

    « Compagnie est un bien grand mot. » commençai-je après m'être bruyamment raclé la gorge. Elle me semblait douloureuse et engourdie et je ne voulais pas avoir la voix de sont qui sont malades ou sont rongés par la peur.

    « Notre rencontre fût fortuite. »

    Je n'osai parler de ce qui s'était passé au chantier et du dragon. J'ignorais si une maladresse de ma part ne risquait pas de faire condamner le borgne.

    « Notre présence même sur ce territoire était un très désagréable hasard. »

    Je décidai que ceci allait suffire en ce qui concernait l'incident des marais. Je laissai au borgne le soin de compléter à sa guise ces maigres paroles.

    « En ce qui me concerne je me nomme Sinaëthin Al'Enëthan, fille de Dehethir, de l'Anorfain, et archère au service de Yuia, Reine des Monts Éternels. »

    J'espérai que ceci lui conviendrait tout autant et ne vis pas ce que je pouvais ajouter qui pusse être d'un quelconque intérêt pour elle.

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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Mer 6 Aoû 2014 00:16 
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    Lorsqu'Heartless arriva sur le pont, il put voir l'astre du jour et l'horizon infini d'un côté, et les côtes omyriennes, réduites à un fil dans l'espace, de l'autre. Les environs n'étaient pas aussi macabres qu'il s'y attendait, certes, orcs et humains aux gueules patibulaires étaient mêlés et participaient aux tâches du navire, aussi bien à la manœuvre qu'à l'étripage des poissons fraîchement pêchés, mais tout cela se faisait dans un calme spartiate et leurs manières jusqu'à leur tenue étaient digne de la prestance d'une légion de kendrans.

    En vérité, si ce n'avait été pour les peaux vertes et les uniformes, cela aurait très bien pu être une frégate kendraine.

    Apparemment, Erzébeth accordait beaucoup d'importance à la discipline et à la dignité. Tout geste inadéquat, rebelle ou trop vulgaire était puni d'un coup de fouet de la part de Rôk, le chef des Garzork, le même qui guettait les batailles monté sur un loup de guerre. L'air sur le navire était frais et pur, et parfumé d'une odeur de ragoût. En effet, une grande marmite trônait au milieu du pont, alimentant sans cesse les troupes pour qu'elles ne soient jamais affamées. Cela non plus n'était pas vraiment ce qu'Heartless s'attendait à voir sur un bâtiment appartenant à la dame de Kerezstur.

    Certains marins s'arrêtèrent pour jeter un œil au nouvel arrivant, d'autres n'avaient que faire d'un brigand perdu au visage bourré de bleus. Ce dernier s'arrêta devant les deux femmes qui parlaient : l'évidente maîtresse des lieux, et l'archère inconnue qui avait été capturée en même temps que lui.

    - ... lâchement abandonné votre corps aux marais ? Leurs eaux sont avares, elles ne rendent jamais ce qu'elles trouvent.

    Erzébeth regarda Sirius un court instant et fit un signe à ses hommes qui apportèrent de la nourriture sortant directement de la marmite : une espèce de purée informe de poisson broyé mélangé à de la soupe fumante et parfumée. L'autre jeune femme, visiblement affamée, se posa contre un tonneau et commença à consommer. Heartless la regarda un peu gêné, elle faisait bien confiance à leur hôte pour ne même pas se poser la question du poison, ou bien elle était vraiment courageuse. Ou vraiment affamée.

    Trop de réflexion pour de la simple bouffe, Heartless se contenta de soulever l'écuelle et de tout laisser couler à l'intérieur. Sa gorge le brûla au début mais c'était un stimulus plutôt bienvenu pour le sortir de sa torpeur. Il y avait aussi une sorte de défiance dans ce geste, il n'avait à aucun moment cherché à ajuster ses manières à celles des chienchiens d'Erzébeth. Et il avait faim.

    Tout cela pour dire qu'en vérité, il y a des tonnes de raisons valables pour manger le plat que vous sert un ennemi.

    L'archère toussa un peu et se mit à parler : elle aussi avait l'air méfiante.

    - Compagnie est un bien grand mot. Notre rencontre fût fortuite. Notre présence même sur ce territoire était un très désagréable hasard.

    Après avoir dit ces mots, elle accorda un rapide regard au borgne qui regardait les voiles et ne disait mot. En étant aussi vague que possible, elle cherchait à le protéger. Lui n'avait retenu que le mot "désagréable". L'ingrate, ils s'étaient à peine parlés.

    - En ce qui me concerne je me nomme Sinaëthin Al'Enëthan, fille de Dehethir, de l'Anorfain, et archère au service de Yuia, Reine des Monts Éternels.

    Sirius émit un sifflement. Cette Sinaëthin n'avait aucune pudeur à se présenter de cette manière. Ou alors un orgueil gros comme ses cuisses. Quant à lui, la taille du sien n'était plus à démontrer, et il s'était muré dans une attitude insolente et désagréable. Chez lui, la tristesse s'était lentement muée en frustration, il était toujours furieux envers tout. Il ne voulait pas être là. Il se sentait lâche de ne pas faire face ou même dos au dragon avec les autres, et il n'aimait pas le ton bienveillant que prenait cette veuve noire.

    - Erzébeth. C'est toi qui parle de lâcheté, alors que tu nous est tombée dessus avec quoi, cent d'tes gars ?
    - Soixante.
    corrigea Rôk avec un ton à la fois calme et menaçant.
    - Soixante, si tu veux. Tout ça à cause que j't'ai volé un bateau y'a des années ?
    - Pas des années.
    - Pour moi on dirait des années... Ma bourse est pleine. S'tu veux je te le rembourse et on est quittes.


    Cette femme, elle avait été trop gentille avec lui. Elle l'avait soigné comme une mère soigne son enfant, et Heartless, entre tous, étaient de ceux qui détestaient le plus ce genre d'impostures. Gratitude égalait soumission, il n'allait pas faire comme si il lui était redevable !

    Pour cet homme qui avait été rendu fou par un grand désespoir, la haine envers cette femme était un hydromel acide qui emplissait son âme d'un magma nouveau. Il se sentait comme un condamné à mort dont le bourreau offrait une miche de pain avant de mourir. Sirius était bien décidé à lui mordre le bras, fier qu'il était désormais !

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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Mer 6 Aoû 2014 02:18 
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    La jeune Hiniöne mangeait avec appétit, chose qui ravissait Hrist, sa captive était en bonne voie de guérison et l'estomac plein, oublierait bien vite la faiblesse que le mal lui infligeait. Quelques marins que le fumet avait affamé se servirent également et s'installèrent pour déjeuner ça et là sur le pont. Les Garzoks s'échangeaient des regards, visiblement, ils n'appréciaient guère Sirius et ne comprenaient pas le petit manège qu'orchestrait leur supérieure.

    Lorsque l'Elfe blanche eut terminé, elle se présenta. Bien que Hrist ne décèle dans sa voix ne méfiance mal dissimulée - qu'elle savait principalement provoquée par ses soldats -;
    Elle admirait la franchise de cette Sinaëthin. Autre propos qui frappa la tueuse, c'est qu'elle se disait au service de la Dame Yuia. Or c'était un nom que l'on entendait peu, Reine discrète dans les cultes tentaculaires des Dieux noirs et des Dieux vénérés par les humains. Hrist ne connaissait que peu les histoires divines, elle avait toujours eu une rancœur terrible face aux très-Hauts. Alors, à ce jour, elle ne servait Oaxaca que pour ses propres intérêts et sa soif de vengeance sur le monde des hommes et plus particulièrement sur le Roi lui même.

    Hrist s'approcha de la femme et se pencha vers elle, c'était peut-être vu comme grossier que de dévisager quelqu'un, elle ne se souciait actuellement pas des conventions et dit, en faisant glisser lentement son doigt sur la cicatrice que Sinaëthin portait à la joue :

    « Yuia semble avoir fait ce visage de ses propres mains, quel dommage que ce monde ne vous le rende ainsi. »

    Hrist releva doucement le visage et posa son doigt sur le menton, y montrant également une cicatrice issue d'une longue séance de torture dans les logements d'Omyre.
    « Les cicatrices ont le mérite de nous rappeler que le passé n'était pas qu'une suite de mauvais rêves. »

    Sur le côté, Sirius buvait avidement à même l'écuelle, le brouet qu'on venait de lui servir. Visiblement, lui aussi avait faim et le comportement du maraudeur n'était pas pour surprendre Hrist qui ne s'attendait pas à une grande maîtrise des convenances. L'air misérable dans sa tenue, il tenait encore tête à la tueuse lorsqu'il me moqua de sa notion de lâcheté. Rôk intervint et corrigea le malpoli jusqu'à ce qu'il n'offre à Hrist de lui payer son navire afin d'être quittes et de payer sa dette.

    Hrist détourna son regard des yeux enivrants de l'Elfe blanche et s'approcha de Sirius.

    « Tu me sembles bien en vie pour quelqu'un qui a subit pareil assaut de ma part. T'es tu seulement demandé pourquoi tu étais ici ? Et pourquoi les autres sont encore vivants, là bas, au loin, quelque part dans les marais ?... »

    Elle marqua un silence et s'approcha doucement, à pas feutrés. Les marins de Von Klaash avaient entendu Sirius parler d'un vol de navire et cette histoire familière attira leur attention. Rôk, de son côté, serrait les dents et ronchonna lorsque Hrist le repoussa doucement d'une main sur le bras. Il recula de quelques pas en serrant son fouet entre ses mains puissantes.

    Hrist se pencha doucement devant Sirius.

    « Nous sommes déjà quittes, je t'ai frappé. Mais n'oublies pas quelle était ta punition, tu as libéré un de mes prisonniers, tu as été puni pour ça, toi et ton équipage. D'ailleurs... »

    Elle se retourna, tournant le dos à son captif.

    « Je te croyais mort. »

    Quelques marins s'avançaient, comme pour vérifier le visage de Sirius, certains n'avaient pas oublié cette honteuse défaite, d'autres avaient simplement entendu parler de celle-ci. Hrist fixa l'horizon et son voile matinal. Le prisonnier n'était pas très coopératif, encore moins disposé à accepter une offre. Hrist ne savait pas comment avancer ça, elle aurait pu se moquer de lui, dire qu'elle avait retrouvé son navire et que tout l'équipage de voleur a été passé au fer mais qu'il n'était pas à bord. Elle poussa un long soupir, l'air froid lui titillait les narines et refroidissait ses oreilles, lui donnant un léger mal de crâne. Elle se retourna, lentement et dit aux captifs :

    « Quel malheur t'aie-je infligé, Sirius. Que tu n'ai infligé le premier... Quant à vous, Dame Sinaëthin, vous qui avez compris depuis longtemps que mon dessein suit celui de la Reine Noire, me considérez-vous actuellement comme votre ennemie ? »

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    La petite ombre de la Mort à Elysian.

    Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
    Au milieu des cercueils,
    Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


    Némésis d'Heartless


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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Mer 6 Aoû 2014 11:27 
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    Le borgne émit un sifflement qui me parut moqueur. Je lui accordai un regard à la fois blasé et déçu et passai à autre chose. Sans doute n'était-il pas familier des coutumes de mon peuple. Hrist me regarda alors d'un étrange regard et s'approcha de mon visage, une lueur de curiosité - ou peut-être était-ce de la compassion ? - dans les yeux. Délicatement, elle caressa du bout des doigts la cicatrice qui coupait le bas de ma mâchoire et remontait légèrement sur la joue. Je frémis, un peu gênée par cette attitude. Ce n'était pas tant d'entendre son souffle ou de sentir son parfum épicé. C'était cette manière de ne pas se soucier de l'autre, le traiter comme un enfant ou une bête, que l'on examine souvent amour, sans doute, mais aussi en considérant qu'ils n'ont d'autre choix que de se plier à celui qui a le contrôle et la sagesse. Peut-être était-ce inconscient, mais elle rappelait très clairement qui avait effectivement le contrôle en cet instant, me reléguant au rôle de patiente ou de prisonnière. Une démarche maladroite pour quelqu'un qui cherchait à gagner notre confiance ou notre soutien. Je ne fis pourtant aucun mouvement de recul et gardai un visage impassible.

    « Yuia semble avoir fait ce visage de ses propres mains, quel dommage que ce monde ne vous le rende ainsi. »

    Comme pour témoigner de sa compassion en ce qui concernait mes cicatrices, elle s'écarta et leva le visage pour me montrer la cicatrice très peu plaisante qui balafrait son menton. Je ne l'avais pas vraiment remarquée jusqu'alors.

    « Les cicatrices ont le mérite de nous rappeler que le passé n'était pas qu'une suite de mauvais rêves. »

    Je fronçai les sourcils, un peu perplexe, et laissai couler. Il fallait que tout son être tenta d'oublier ce qui lui était arrivé pour qu'elle eu du mal à accepter la réalité. Sans doute avait-elle vécu des choses terribles, sans doute les refusait-elle d'une manière ou d'une autre. Je n'avais besoin d'aucune cicatrice pour que le passé reste bien présent à mon esprit. Peut-être craignait-elle de devenir folle si elle acceptait pleinement ses souvenirs. Qu'en savais-je. Et dans le fond, en quoi avais-je le droit de la juger ? J'avais eu des années et des années pour apprendre à prendre de la distance et accepter les épreuves et les regrets comme des choses que tout être doit affronter. Il suffisait de se concentrer sur ce qu'il y avait de beau et de bon dans ce monde pour que les cicatrices et les souvenirs perdent de leur horreur.

    « Erzébeth. C'est toi qui parle de lâcheté, alors que tu nous est tombée dessus avec quoi, cent d'tes gars ? » lança le borgne à l'intention de notre hôtesse.

    Pour la tutoyer, il devait bien la connaître. Pour l'appeler d'un autre nom, il devait vraiment bien la connaître. Ce devait être son prénom, tandis que Hrist devait être son patronyme.

    « Soixante. » repris un garzok fort bien bâti et fort bien habillé, d'un ton qui n'admettait aucune réplique. Il semblait défendre Hrist. Sans doute était-il un allié à elle, s'élevant au-delà du simple rang de soldat ou de matelot.

    « Soixante, si tu veux. » admit le borgne de mauvaise foi. « Tout ça à cause que j't'ai volé un bateau y'a des années ? »

    Je me retins de faire une grimace devant son phrasé lamentable. Pas étonnant qu'il se soit moqué de mon ton solennel et de mes titres. Un voleur. Un pirate. Guère plus.

    « Pas des années. » corrigea le garzok avec autant de calme et de colère en couveuse que la première fois.

    « Pour moi on dirait des années... Ma bourse est pleine. S'tu veux je te le rembourse et on est quittes. »

    La femme daigna enfin se détourner de moi et fit face à l'importun.

    « Tu me sembles bien en vie pour quelqu'un qui a subit pareil assaut de ma part. T'es tu seulement demandé pourquoi tu étais ici ? Et pourquoi les autres sont encore vivants, là bas, au loin, quelque part dans les marais ?... »

    Je n'aurais pas mis ma main à couper que les autres fussent encore vivant. Un dragon, ça devait voler assez vite tout de même et la troupe n'était ni très rapide ni très bien organisée la dernière fois que nous nous étions vus. Depuis, le jour s'était levé et le reptile avait dû se lancer à leurs trousses.

    Reprenant son attitude de reine devant de pauvres bêtes, Hrist, ou Erzébeth, s'approcha du grossier personnage avec un grand calme, tandis que le grand garozk semblait bouillir intérieurement. Elle repoussa gentiment ce dernier pour qu'il n'intervienne pas et se pencha vers son prisonnier.

    « Nous sommes déjà quittes, je t'ai frappé. Mais n'oublies pas quelle était ta punition, tu as libéré un de mes prisonniers, tu as été puni pour ça, toi et ton équipage. D'ailleurs... » Elle lui tourna à nouveau le dos. « Je te croyais mort. »

    Pendant ce temps, des marins s'étaient approchés de toute parte pour nous jeter un oeil. Non, pour jeter un oeil au borgne. A lire les expressions sur leurs visages, le voleur risquait beaucoup s'il tombait entre leurs mains. En comparaison, Hrist me semblait très conciliante et avait visiblement passé l'éponge sur l'incident. Ceci dit, si elle avait vraiment tourné la page, pourquoi l'avoir capturé - puisqu'il n'y avait pas d'autre terme. Et surtout, pourquoi m'avoir capturée - ou récupérée si elle préférait - moi. Je n'avais rien à voir dans leur histoire...

    « Quel malheur t'aie-je infligé, Sirius. Que tu n'ai infligé le premier... »

    Ah, Sirius donc. Et de la rancœur. Des sentiments peut-être ? Des regrets ? De la peine oui. J'aurais parié qu'une peine de coeur, même inavouée, venait se mêler à cette histoire de bateau volé et de voleur disparu.

    « Quant à vous, Dame Sinaëthin, vous qui avez compris depuis longtemps que mon dessein suit celui de la Reine Noire, me considérez-vous actuellement comme votre ennemie ? »

    Elle m'avait surestimée. Rien n'était certain, jusqu'à ce qu'elle l'avoue elle-même. Que pensais-je de la Reine Noire ? Rien de bien sympathique. Allais-je lui exposer les choses clairement ? Non. Je n'étais même plus vraiment sûre de ce que je pensais. J'avais longtemps cru bon de lutter contre Oaxaca, pour toutes les horreurs qu'elle pouvait commettre. Je m'étais battue contre elle, contre ses sbires, j'avais souffert pour cette cause. Pourtant la Dame me demeurait silencieuse, me laissant de le flou absolu. J'avais pensé que c'était le genre de chose qu'elle attendait de moi, mais peut-être m'étais-je trompée. Aujourd'hui je remarquais que sous son aile, je me retrouvais dans une position privilégiée qui me rendait d'une certaine manière intouchable par Oaxaca elle-même tant que je ne lui faisais pas front et restais neutre. Il était hors de question de me rallier à elle. Restait à déterminer si j'allais rester parfaitement neutre... Je ne pouvais décemment pas assister à des massacres sans réagir. Mais valait-il la peine que je me sacrifie au combat pour une cause pour laquelle les victimes, les humains principalement, ne daignait même pas se lever ? Lâches, beaucoup fuyaient en laissant leurs pairs périr. Et moi ? Je n'y gagnais rien d'autre que l'ignorance, et du mépris lorsque j'échouai. Le comportement des kendrans, surtout depuis l'affaire Nimar, me laissait un goût amer en bouche. Des ingrats. Des ignares. Qui se repaissaient des malheurs des autres dans leur belle cité blanche. J'aurais préféré qu'Oaxaca laisse de côté les innocents des campagnes et s'en prenne plutôt aux déplaisants bourgeois. Mais je m'égarais. Curieux comme l'esprit peut faire des boucles et des détours à en perdre le fil. Était-elle une ennemie ? Tout dépendait...

    « Quelles sont vos intentions ? »

    _________________
    Sinaëthin Al'Enëthan, alias Silma, Héraut de Yuia, hiniön lvl 21


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     Sujet du message: Re: La Veuve des Mers (Joueuse : Silmeria, v=x2)
    MessagePosté: Ven 8 Aoû 2014 17:29 
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    Alors qu'elle contemplait la dénommée Sinaëthin, Erzébeth reporta son attention sur le va-partout insolent, irritée. C'était le résultat qu'il cherchait, même si il n'y avait aucun intérêt pour lui à faire cela. Il avait juste envie de le faire. Cependant, elle conservait une voix calme.

    - Tu me sembles bien en vie pour quelqu'un qui a subit pareil assaut de ma part. T'es tu seulement demandé pourquoi tu étais ici ? Et pourquoi les autres sont encore vivants, là bas, au loin, quelque part dans les marais ?...

    Il ne dit mot. Quelque part, elle avait raison. Avec les troupes à sa disposition, elle aurait pu presser les fuyards pour les forcer à se diriger vers une impasse. Non, même seule sur sa monture avec Rôk pour seule aide, elle n'aurait probablement pas eu beaucoup de peine à les arrêter. Non... Pour lui, ça revenait au même. Il y avait le dragon. Elle cherchait juste à l'amadouer.

    - Nous sommes déjà quittes, je t'ai frappé. Mais n'oublies pas quelle était ta punition, tu as libéré un de mes prisonniers, tu as été puni pour ça, toi et ton équipage. D'ailleurs...

    Un coup pour un navire. Cela semblait bien peu. Ce n'était pas du recouvrage de dettes, ça tenait presque du pardon. Elle, capable de pardon ? Soudain, la femme lui tourna le dos.

    - ... Je te croyais mort.

    Ces mots avaient un son étrange et mystérieux. Heartless fut gêné, il eut un moment l'impression de s'adresser simplement à une vieille connaissance. Essayait-il de s'attirer sa sympathie, ou bien la mort du pirate était-elle le genre d'événements qui auraient pu l'attrister ? En tout cas, désormais, il en était sûr : Erzébeth allait lui demander quelque chose. Si elle considérait bien que toutes les dettes avaient été payées... Alors il n'avait rien à faire là. Et le fait qu'elle l'ait soigné... qu'est-ce que tout cela pouvait bien vouloir dire ? Qu'est-ce qu'un vaurien dans son genre pouvait bien avoir d'intéressant pour cette femme qui semblait posséder tout ce qu'il n'avait pas ? Puis quelque chose d'autre attira son attention.

    Les marins. Ils le regardaient, certains avaient les yeux rivés sur lui. Il reconnut des visages qu'il avait vu sur la Laide, d'anciens ennemis qu'il avait humilié. Ils étaient calmes. Bien qu'il sentait la rancune en eux, ils ne faisaient que l'observer, comme si ils attendaient quelque chose. Il tenta de se tenir droit malgré son allure pitoyable, de conserver le plus de dignité possible.

    Erzébeth observa l'horizon et soupira. Elle revint à lui :

    - Quel malheur t'aie-je infligé, Sirius. Que tu n'ai infligé le premier...

    Aucun en vérité. C'était lui qui avait fait le premier geste. Pour aider un ami. Du moins, quelqu'un qu'il considérait comme tel. Heartless ne savait que répondre. Elle avait le don de semer le doute dans son esprit à chaque parole.

    - Quant à vous, Dame Sinaëthin, vous qui avez compris depuis longtemps que mon dessein suit celui de la Reine Noire, me considérez-vous actuellement comme votre ennemie ?

    Sirius, intrigué, se mit à observer la réaction de la jeune elfe. Elle qui semblait si droite, si pieuse, si arrogante. Maintenant que les mots avaient été délivrés, quelle allait être sa réaction ? Il repensa à ce prêtre idiot qu'il avait secouru aux côtés de Thalo, cet incident qui planta les graines de la haine entre la baronne et lui. Cette fois, il n'irait pas l'aider si elle en venait à traiter son hôte d'hérétique.

    Heureusement, elle semblait plus lucide que ça. Troublée, elle mit un temps pour réfléchir, puis demanda à Erzébeth quelles étaient ses intentions. Sirius resta en retrait avec un air sombre. Il attendait la réponse de la commandante avec une appréhension qui n'était pas naturelle. Des dizaines de questions le tourmentaient. Qui était-elle au juste ? Que voulait-elle ? Qu'essayait-elle de lui dire ?

    Le monde semblait se rapetisser autour de lui.

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