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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 14:25 
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Yurlungur arriva bien vite à l'étage suivant, qui s'avéra, cette fois-ci, ne pas être le même qu'elle venait de quitter. Elle était en effet dans un long couloir relativement bien éclairé, tant par les rayons lunaires qui passaient par les nombreuses fenêtres sur la gauche que par les quelques chandeliers pendus au plafond tout le long. A droite, il y avait plusieurs portes simples fermées, ainsi qu'une double, plus grande et plus décorée, tout au fond. Mais, au sol, une flèche de sang indiquait à la petite fille de s'engouffrer dans la toute première des pièces, dont la porte était très légèrement ouverte. Ferait-elle, une fois de plus, confiance à cette étrange présence ?

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 14:55 
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Ce fut un soulagement intense pour Yurlungur lorsqu'elle s'aperçut qu'elle venait d'arriver au deuxième étage et non pas à nouveau au premier. C'était un long couloir, étrange, sans d'autre escalier plus loin apparemment. Elle lança un coup d'œil derrière elle en reprenant sa respiration avant de se tourner à nouveau vers les portes alignées sur sa droite. Il était probable, avec l'allonge qu'il possédait, qu'Armont puisse la toucher dès le moment où elle le verrait, ce qui ne laissait plus qu'une seule solution : fuir plus loin. Et puis, dans l'heureuse éventualité où il ne pourrait pas monter ici, il était évident que la vieille femme qui l'avait relâché trouverait un moyen de pourchasser ici encore, avec un autre monstre par exemple, l'impertinente petite fille qui avait troublé son repos entre ces murs. Le Sieur Enulcard serait-il une femme ?

Refusant de songer davantage à ces questions qu'elle aurait du mal à qualifier d'existentielles, Yurlungur ramena ses pensées au choix qui s'offrait à elle. Parce que du pain, elle en avait sur la planche. Par la fenêtre, elle put constater qu'il faisait effectivement nuit, à moins que ce ne soit encore une illusion des fenêtres, mais elle n'avait aucun moyen de le vérifier. Observant rapidement les portes du couloir, son regard ne s'arrêta que brièvement sur la double porte décorée, sans avoir davantage le temps de se questionner, puis sur celle désignée par la flèche.

Le spectre voulait l'aider, soit. Mais si elle entrait ici, Armont la trouverait rapidement, certainement ; de plus elle n'avait aucune idée de la raison pour laquelle le spectre souhaitait la protéger. Elle pourrait l'avoir véritablement attendri, mais tout de même, c'était un spectre...

(Papillon !)
(Euh, oui ?)
(Je sais que tu es là. Reste invisible, descends les escaliers et informe-moi de la position d'Armont. Je veux savoir ce qu'il fait, s'il monte, tout !)
(D'acc... D'accord.)

On sentait la Faera troublée, intimidée dans cet environnement plutôt glauque face à des ennemis mortels. Mais ce qui était mortel pour la petite fille ne l'était pas pour la fée bleue et elle qui avait toujours gardé une attitude couarde face au danger, danger magique cela s'entend, n'avait guère l'habitude qu'on lui donne de tels ordre, ce qui expliquait sans doute pourquoi elle n'y résistait pas. Se concentrant à nouveau sur la flèche au sol, la fillette s'approcha et tendit une main vers la poignée, une main qui tremblait malgré elle, non pas à cause d'une quelconque peur mais de l'excitation, de la tension qui étreignait tous les muscles et tendons de la petite fille.

(Pourquoi Papillon ne m'a-t-il pas aidé plus tôt ?)
(Parce que tu ne le lui as pas demandé, mais il était là. Chut, maintenant.)

L'Autre n'était guère plus porté sur les longs discours que Papillon sur les marques de courage. S'approchant davantage de la pièce, elle tira d'un coup sec sur la poignée pour ouvrir complètement la porte et dévoiler ce qui se cachait derrière. Il était inutile de préciser qu'elle n'allait pas s'y engouffrer aussi rapidement sans avoir vérifié que tout était bien sûr. Yurlungur faisait peut-être confiance au spectre, l'Autre avait encore quelques soupçons quant à la qualité bienveillante d'un être, quel qu'il soit, d'autant plus s'il s'agissait d'un spectre qui vivait dans le même lieu que cet “Armont”...

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 15:25 
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En bas, Papillon pouvait voir qu'Armont approchait bel et bien. Il commençait déjà à monter les marches, faisant entendre son pas lourd, que même Yurlungur pouvait entendre. Il serait là d'une seconde à l'autre, tant il les enjambait avec facilité, les dévorant cinq par cinq.

Face à la petite fille, la porte s'ouvrit sans le moindre problème, révélant une salle très sombre. Il y avait quelques meubles poussiéreux et, sur une table près de l'entrée, ce qui ressemblait fort à des instruments de torture. Au mur en face, des chaînes attachées au mur étaient assombries à certains endroit... du sang séché ? En tout cas, la destination que lui réservait l'esprit était claire : une large croix de sang était peinte au centre de la pièce, et une flèche la désignait.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 16:08 
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Un piège. C'était forcément un piège. Les pensées de la petite fille étaient focalisées sur la possibilité que ce soit un piège, un vulgaire guet-apens qu'on lui aurait tendu. Il suffisait de voir la situation : un monstre trop puissant pour être combattu qui arrivait derrière, coupant les issues, des flèches miraculeuses qui semblaient vouloir l'aider avant de l'amener à une salle de torture, du sang, partout du sang, encore du sang. Comment être sûr que les intentions du spectre, si c'était bien lui qui écrivait ces messages depuis le début, comment être sûr qu'il ne faisait pas tout cela dans le but de boire l'âme de la fillette, de l'emprisonner pour pouvoir la persécuter seul, sans les autres pour le déranger, ou encore de la déposséder de son corps pour le prendre pour lui ? Une multitude d'hypothèses toutes plus farfelues et plus effrayantes les unes que les autres se précipitaient dans l'esprit de Yurlungur lorsque Papillon sonna le signal d'alarme.

Car Armont montait, contrairement aux espoirs de la fillette, et vite - trop vite. Elle devait faire un choix, mais si elle n'entrait pas maintenant dans la salle de torture, le colosse la verrait dans le couloir et saurait où elle était. D'un autre côté, il était fort probable qu'il vérifier les pièces une par une en commençant par celle-ci dans le cas contraire, et Yurlungur n'avait pas suffisamment de temps pour se payer le luxe d'aller vérifier si ces autres portes étaient ouvertes. Prise en tenaille, accablée, sous pression, elle prit le risque de croire ces flèches et s'engouffra à l'intérieur, refermant derrière elle la porte pour la replacer dans la configuration initiale, sans bruit.

Avançant dans l'obscurité de la salle, crispée sur sa dague et les épaules trop hautes pour être détendues, elle avança doucement à pas de velours jusqu'à la croix, observant avec une certaine angoisse les instruments exposés sur la table, les chaînes attachées aux murs. Elle se souvenait de la torture qu'elle avait elle-même subie, dans les cachots de la milice de Dahràm, et elle tremblait. Ce n'était pas une peur de l'esprit, qu'elle aurait sans doute pu contrôler, mais une peur plus instinctive, qui venait du corps même, un corps qui souffrait à la vue de ces outils si spécifiques à leur art, ces outils qu'elle avait déjà vus pendant maintes heures étendus devant elles, prêts à être utilisés. Le fait qu'elle ignorât encore comment les utiliser, à quel point ils pouvaient faire mal, n'ayant goûté qu'au cuir du fouet à Dahràm, cela la poussait sans doute à les craindre plus que raison : mais son imagination avait toujours été débordante. N'était-ce pas à cela qu'on reconnaissait un enfant ?

Elle vint se positionner pile au-dessus de la croix et se tourna vers la porte, attendant avec appréhension la suite des événements et de voir si Armont allait entrer à sa suite. Elle était prise au piège, ici, et n'avait aucun moyen de s'enfuir. Mais si elle ne pouvait même plus faire confiance à celui qui la guidait, c'était que sa position était vraiment désespérée et que, de toute manière, elle aurait eu à combattre.

« Courage ! chuchota-t-elle, d'une voix si faible qu'elle en était inaudible même à côté de la fillette. »

Qu'allait-il se passer ensuite ? Qu'avait-elle encore à redouter ici ? Pourquoi seulement était-elle venue jusque là, était-ce simplement afin de combattre ? Il fallait se recentrer sur sa mission initiale, celle qu'elle s'était elle-même donnée de repartir avec une relique. Enfin, avant ça, il faudrait se débarrasser d'Armont, et pourquoi pas trouver le Sieur Enulcard. Ce serait tout de même un bon début.

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Dernière édition par Yurlungur le Jeu 23 Juin 2016 17:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 16:20 
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Si Yurlungur avait levé les yeux au plafond avant de se placer sur la croix, sans doute aurait-elle vu l'immense cage qui y était pendue, juste au dessus de la cible dessinée par l'étrange esprit muet. Derrière la porte, les pas d'Armont se firent rapidement entendre, et, sans la moindre hésitation, il défonça la porte d'un coup de talon et s'engouffra à l'intérieur, non sans mal, devant se plier en deux pour passer la porte. Mais alors qu'il s'approchait de la petite fille, la cage s'abaissa pour emprisonner sa cible. Le colosse esquissa un geste de recule, et, quand il vit la petite fille dans la cage, hors de sa portée, sa colère se fit... visible. Il s'approcha de la cage en hurlant d'un cri guttural et bestial et tenta de défoncer les barreaux à coup de hache. Quand il fut clair que c'était inutile, il lâcha son arme et tenta de les tordre à mains nues, s'acharnant tant bien que mal sur les barreaux qui semblaient faits d'un métal noir particulièrement solide.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 17:38 
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Le piège se referma sur Yurlungur, habile et inévitable, bien que pourtant si prévisible. Elle vit avec horreur Armont défoncer la porte sans même prendre le temps d'hésiter. Elle aurait pu fuir, constatant une fois de plus à quel point elle était ridicule face à un tel géant lorsqu'il se courba pour passer la porte, devenant d'autant plus grand une fois à l'intérieur. Mais ses muscles refusaient d'obéir. Où aller, de toute façon ? Il fallait combattre, essayer de fuir l'aurait conduite à la mort. Elle regardait avec amertume celui qui allait la tuer d'ici peu s'approcher à grand pas, réduisant effroyablement vite la distance qui le séparait de sa victime impuissante. C'était un titan trop grand pour elle, un mastodonte fatal et implacable, or elle se trouvait sur sa route. Songeant que ce seraient sans doute les derniers instants de sa vie de mortelle, Yurlungur ne put que sourire. Avait-elle donc été si orgueilleuse qu'elle avait cru possible de venir voler, au nez et à la barbe d'être aussi puissants, une relique à la valeur inestimable ? C'était une bonne leçon pour elle. Oui, elle aurait mieux fait d'écouter Liniel. Mais la leçon n'aurait pas d'aboutissants puisqu'elle allait mourir.

Voit-on réellement sa vie défiler devant ses yeux lorsqu'on va mourir ? Yurlungur crut voir quelque chose défiler devant elle et elle se laissa tomber, relâchant tout jusqu'aux muscles mêmes de ses jambes et s'effondrant au sol, venant cacher son visage entre ses mains, ou plutôt venant cacher ce monde affreux à ses yeux trop sensibles, un mot bien doux pour dire qu'elle était dégoûtée de finir aussi lamentablement que cela.

En attendant l'inéluctabilité de la mort, elle pensa à Liniel, qui la chercherait sûrement longtemps sans jamais la retrouver. Peut-être viendrait-elle ici, connaissant le caractère impulsif de la petite fille, mais ce serait trop tard - peut-être les restes de la fillette ne seraient-ils alors même plus là, dévorés par Armont, son sang dans l'un de ces sabliers. Elle pensa à Calua, le beau et timide Calua. Avait-elle réellement réussi à aimer quelqu'un ? L'aimait-il seulement, lui ? Pourquoi, d'ailleurs, s'était-elle entichée d'un tel garçon alors qu'il y avait quantité de jeunes hommes - ou plus vieux - bien plus puissants que lui qui auraient sûrement pu la sauver en cet instant ? Trop d'interrogations restaient à ce sujet. Elle pensa aussi à sa mère, sa pauvre mère qu'elle n'avait même pas prévenu avant de partir de Dahràm. Elle avait souvent fait des escapades de quelques jours sans revenir se placer sous le giron familial, mais jamais aussi longtemps. Elle devait s'inquiéter... Elle pensa aussi au Gros Néral, qu'elle avait défié et qui l'avait vaincue. Elle ne pourrait donc jamais se venger de lui ? Elle pensa...

Elle n'avait plus personne à qui penser, en fait, ou plutôt elle s'impatientait de cette mort qui mettait si longtemps à arriver. Non pas que ces adieux au monde fussent déjà finis, mais plutôt parce que les cris de rage d'Armont qu'elle entendait alors, la tirant de la réflexion qu'elle pensait être sa dernière, avaient de quoi l'intriguer. Pourquoi criait-il donc ainsi, le bougre, au lieu d'achever la fillette qui était à sa merci ?

Relevant des yeux bruns et inquiets devant elle, elle constata avec effarement qu'elle se trouvait complètement emprisonnée, plus prise au piège que jamais. Effrayée devant un tel sort, ne sachant quoi faire pour se tirer d'affaire, elle s'affola, se releva, regarda dans tous les côtés. Mais la chose qu'elle avait vue défiler juste avant, c'était bien ça, cette cage qui tombait, et il avait suffi d'un instant d'inattention et de trouble pour que le fracas de cette prison qui tombait devienne dans son esprit la simple manifestation de son bouleversement et de la mort qui s'abattait sur elle.

Mais il n'en était rien. Elle constata avec un étonnement dépassant même le gigantisme d'Armont - c'est dire - qu'elle était certes coincée, mais protégée. Car les barreaux étaient trop étroits pour les mains du géant, trop solides pour sa hache, trop résistants pour ses biceps, aussi volumineux ceux-ci fussent-ils. À vrai dire, la petite fille ne savait trop quoi faire face à ce déchaînement de violence qui, s'il avait été appliqué sur elle, ne lui aurait même pas laissé le temps de souffrir. L'armure qu'elle portait sur elle, en-dessous de ses vêtements, aurait ployé tel un vulgaire tissu sous les coups spectaculaires que le monstre infligeait à ces barreaux, tandis que ses os auraient craqué et qu'elle serait décédée dans l'instant.

Soudain, une idée lui vint alors qu'elle voyait Armont, celui qui l'avait tant effrayé jusqu'ici, se démener vainement sur les barreaux inflexibles. Encore contrôlée par l'Autre, elle retrouve son sourire de tout à l'heure, cette fois agrémenté d'une pure joie, joie anticipée à l'idée d'une vengeance odieuse envers celui qui a réussi à inspirer en elle la crainte de la mort. Tout en veillant à faire ses gestes aussi calmes et lents que possible, elle saisit sa dague dans ses deux mains puis, d'un coup, s'approcha pour l'abattre sur les doigts du géant. Dans son esprit se dessinait déjà la chute au sol, dans un torrent de sang, de ces protubérances énormes qui lui servent de doigt tandis que son regard, aussi fou de sang qu'haineux envers Armont, se délectait à l'avance de la souffrance du géant.

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Dernière édition par Yurlungur le Jeu 23 Juin 2016 18:55, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 18:11 
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Yurlungur : attaque : réussite


L'attaque portée par Yurlungur fit mouche : la dague pénétra profondément dans les espèces de gants qu'il semblait porter, et qui s'avéra faire partie intégrante de sa chair. L'acier creusa un sillon profond dans les doigts, cognant finalement sur l'os, et la créature recula vivement en poussant un nouveau hurlement guttural. Il ne lui fallut pas bien plus longtemps, cependant, pour revenir à la charge, se ré-attaquant aux barreaux de métal malgré sa blessure. Et les tubes cédaient du terrain : ils mettaient le temps, mais ils commençaient à plier.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Jeu 23 Juin 2016 18:54 
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Le coup fit mouche mais Yurlungur, surprise par la faible résistance de ce gant qui aurait dû protéger le monstre puis de ces chairs en-dessous - si tant est qu'il s'agissait de chairs et non d'autre chose -, elle s'arrêta à l'os, reculant vivement afin de se maintenir hors de portée d'Armont. Craignant une contre-attaque de celui-ci, rien ne vint cependant si ce n'était ce hurlement, rauque et puissant. Allait-il s'emporter, foncer sur la cage et l'aplatir tel une vulgaire crêpe ? Allait-il simplement attendre en observant la prisonnière d'un air mauvais que celle-ci crève de faim à l'intérieur de sa cage avant de devenir étique et complètement impuissante ? Ou allait-il encore appeler la vieille femme à l'aide pour qu'elle soulève, par Magie bien entendu, cet obstacle qu'il ne pouvait passer ?

Elle surestimait apparemment les capacités mentales de son adversaire qui, ou bien certain de sa force, ou bien incapable de la moindre réflexion, se lança à nouveau à l'assaut des barreaux pour essayer de les faire céder. Il avait pourtant souffert de sa blessure, comme en avait témoigné son cri de douleur - ou de rage ? Mais il faisait véritablement preuve d'une opiniâtreté et d'une persévérance tout à fait remarquable. Ceci ajouté à son enfermement, l'absence apparente de toute intelligence et son obéissance délibérée à ceux qui le séquestraient ici menaient à une seule conclusion : il s'agissait d'u vulgaire mort-vivant. Comme pour vérifier sa thèse, la petite fille croisa ses bras dans son dos et demanda, remarquant au passage avec une certaine inquiétude que les barreaux qu'elle croyait inébranlable commençaient à fléchir face au géant :

« S'il vous plaît, monsieur, pourrions-nous discuter ? Actuellement, la situation ne me convient pas et sûrement à vous non plus. J'arrive à vous toucher d'ici, vous pas : mais je ne parviendrai jamais à m'en sortir seule alors qu'avec tous vos muscles... Vous pourriez m'aider. Signons une trêve momentanée, rassemblons nos réflexions pour me sortir de là puis reprenons notre duel. Qu'en pensez-vous ? »

Elle l'avait vouvoyé, sûrement à tort. Ce ne furent que quelques grognements indistincts et menaçants qui lui répondirent, elle-même ayant un rictus de dégoût face à cet être qui, s'il était un minimum plus intelligent, aurait essayé de soulever la cage et non de la tordre. Quoiqu'elle aurait sûrement essayé de s'enfuir à ce moment-là et qu'elle aurait eu de bonnes chances de sortir pendant qu'il récupérait sa hache.

Elle tourna la tête et fit mine de contempler les instruments de torture, se balançant d'un pied sur l'autre en écoutant vaguement les grondements d'Armont, mais il aurait été présomptueux de croire qu'elle avait déporté son attention du monstre. Au contraire, c'était lui qui accaparait toutes ses pensées - quoi de plus normal dans sa situation ? - et elle préparait une attaque censée décrocher pour de bon l'un des doigts du colosse, au moins. Il fallait qu'elle y arrive, car c'était l'un des seuls moyens de l'empêcher de faire ployer les barreaux et elle serait alors très bien protégée à l'intérieur de sa cage, paradoxalement.

Brusquement, croyant voir un instant de relâchement chez Armont, elle se tourna prestement vers lui et asséna un second coup de dague, au même endroit que la dernière fois. Elle visait les os et souhaitait simplement un coup assez fort pour faire craquer celui-ci et détacher l'un des doigts, ou plusieurs si les premiers n'opposaient pas trop de résistance, du reste du corps. Il ferait moins le malin, le balourd, une fois privé d'une de ses imposantes paluches...

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Dernière édition par Yurlungur le Lun 27 Juin 2016 15:03, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Lun 27 Juin 2016 12:50 
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Yurlungur : attaque : réussite


Le coup porta de nouveau, arrachant un nouveau morceau de chair. Mais cette fois, malgré un râle de souffrance, il ne recula pas, ne lâche pas les barreaux. A la place, il continua sa besogne, tordant toujours plus les barreaux. Et ils plièrent. Intégralement. Armont en profita pour y engouffrer son bras et tenter d'attraper Yurlungur.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Lun 27 Juin 2016 14:47 
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Foutue main qui ne partait pas ! Une expression d'insatisfaction profonde mêlée à une légère fureur apparut sur le visage de Yurlungur alors que le cri d'Armont tardait à éclore, signe de la victoire de la fillette sur son ennemi mortel. Mais le cri, au lieu de simplement traîner - ce qui était déjà rageant en soi - ne vint même pas. Le colosse, au lieu de montrer une quelconque douleur, au lieu de hurler en dévoilant une souffrance exaltante, au lieu de faire bondir le cœur de la petite fille d'une plainte gutturale et de lui accrocher sur les lèvres un sourire de consécration : au lieu de tout cela, il ne lâcha rien à son affaire et continua à forcer sur les barreaux métalliques, laissant à peine une protestation sortir de ses entrailles, trop faible pour être considérée comme le signe d'un réel tourment. Il fallait croire que ceux-ci n'étaient pas fait d'un si dur métal, ou que les paumes du géant avaient le pouvoir de les faire fondre, car elles finirent par ployer, laissant une vague de terreur se déverser dans tout le corps de l'emprisonnée.

Son visage se figea, ses yeux s'écarquillèrent et sa peau blêmit tandis que sur ses traits se dessinaient à la suite d'une fougue intense une figure de frayeur : les prémisses de son sourire disparurent en faisant chuter les extrémités de ses lèvres le long de ses joues, sa bouche elle-même s'ouvrit légèrement, comme pour crier, mais aucun son n'en sortit, enfin dans ses yeux apparut une lueur de crainte et d'étonnement qui, à la différence de l'impassibilité stoïque de son adversaire, devaient sans doute éveiller chez celui-ci un soupçon de victoire après avoir résisté aux attaques bien faibles de tantôt. Yurlungur, par réflexe, recula cependant, voyant fondre sur elle cette imposante, cette terrifiante main qui la broierait sans effort si jamais elle se faisait attraper. Il ne restait donc plus qu'une seule solution viable : esquiver, au possible.

Mais le bras s'approchait, tandis que le temps semblait ralentir dans l'esprit de la fillette. Était-ce l'urgence du moment ? Était-ce la lenteur d'Armont ? Était-ce simplement une hallucination visuelle ? Préférant ne pas songer davantage à cela, elle s'accrocha de toutes ses forces à sa dague pour essayer de faire dévier cette masse qui s'avançait, implacable, droit sur elle. Ses chances de survie étaient faibles, face à un tel ennemi : elle le savait pertinemment mais pourtant, elle n'avait cessé de fanfaronner face à lui depuis le début. À nouveau, elle se questionnait sur son attitude, complètement idiote. Un spectre, aussi serviable soit-il, n'était pas d'une grande utilité contre un tel adversaire, à la puissance et la musculature significatives.

Néanmoins, Yurlungur voyait déjà l'avenir proche se profiler. L'enseignement de Liniel semblait porter ses fruits et elle parvenait à prévoir, à peu près, un laps de temps d'incrédulité chez Armont qui pourrait lui être utile dans le cas - ô combien espéré ! - où elle parviendrait effectivement à dévier son coup. Son bras, pris par son élan, ou piqué par la dague de la fillette, se verrait envoyé sur le côté et elle aurait tout le loisir de s'approcher prestement pour se ruer à l'attaque, vengeresse impitoyable. Là, elle viserait la tête, qui s'était rapprochée de l'ouverture pour faire passer le bras, visant entre les interstices du masque de fer d'Armont. Les yeux, oui, les yeux seraient un excellent choix : peut-être même qu'elle atteindrait le cerveau par là, si elle enfonçait suffisamment sa lame.

Mais il fallait éviter de se déconcentrer : le bras arrivait et elle plaçait sa dague, prête au meilleur comme au pire. Et, dans l'éventualité du pire, elle pouvait espérer que la main d'Armont souffrirait un peu de ce choc frontal avec la dague. Espérer, oui, c'était ce qu'il fallait faire...

(((Tentative d'utilisation de la CC Contre-attaque fatale au niveau 10)))

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Dernière édition par Yurlungur le Ven 8 Juil 2016 17:12, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Ven 8 Juil 2016 15:51 
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Armont : attaque : réussite



Malheureusement, bien qu'imposant, Armont s'avéra trop vif pour la ruse de Yurlungur. En restant à sa portée, elle s'exposa à sa poigne puissante, et le colosse l'attrapa sans mal, broyant rapidement son corps frêle. Mais il n'eut pas assez de temps pour la sortir de la cage, car des bruits de ferraille se firent entendre, suivis de bruit de métal pénétrant de la chair. Armont hurla de nouveau et se tourna vivement. Le corps de la jeune fille fut accompagné jusqu'aux barreaux, lui provoquant un choc terrible, mais au moins le colosse l'avait-il lâchée. Il était maintenant dos à elle, et plusieurs instruments de torture étaient plantés sur celui-ci. Mais il ne resterait pas tourné bien longtemps, aussi Yurlungur, bien que sonnée, devrait prendre une décision rapide.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Ven 8 Juil 2016 17:12 
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De simples calculs pouvaient, en théorie, invalider tout espoir d'esquive de l'attaque de Yurlungur. À vue de nez, Armont pesait bien au moins quelques centaines de kilos. Une telle masse était inconcevable à soulever pour la fillette, aussi s'imaginait-elle le colosse qui lui faisait face comme un vulgaire balourd, gros et lent, lourdaud phénoménal, aussi lent de l'esprit que malhabile dans ses coups. Une telle hypothèse était en sa faveur : il lui suffisait alors d'esquiver toutes les attaques du géant et de répliquer par des coups, même légers, pour réussir tôt ou tard à l'épuiser puis à l'achever. C'était un plan diablement long à mettre en place, mais dans sa situation, il était impensable que Yurlungur chicane sur telle ou telle possibilité de rester en vie à l'issue de cette confrontation. De plus, elle aurait pu utiliser l'une des techniques de Liniel pour s'en sortir plus vite : sa dernière contre-attaque était par exemple très bien ficelée - à son goût. En théorie, donc, il aurait dû être blessé, ce qui aurait rapporté un peu d'espoir à la petite fille...

La pratique se révéla différente - trop différente. Sans qu'elle s'en aperçoive, Armont outrepassa sa garde et, alors qu'elle croyait être sur le point de lui porter un coup dévastateur, ce fut une main gigantesque qui vint la saisir directement par la taille telle un jouet ordinaire, un jouet qui allait casser si l'on persistait à le broyer comme le faisait le titan face à elle. En cet instant, elle aurait presque préféré en être un, de jouet. En principe, ceux-ci ne souffrent guère dans les mains de leurs maîtres, si l'on prend en considération qu'ils n'ont aucune conscience - ne serait-ce pas beau ? Perdue dans une peur difficilement contrôlée et un défaitisme certain, Yurlungur gardait toute son attention obnubilée par la douleur lancinante qui traversait ses chairs et ses os, se déversant tel un torrent furieux dans son frôle corps. L'une de ses côtes était peut-être déjà cassée, mais Sephon était loin, et le Rebouteux de Dahràm aussi, soit les seules personnes plus ou moins habilitées à lui procurer des soins, aussi rudimentaires ceux-ci fussent-ils.

Une lueur d'espoir apparut à l'horizon lorsqu'Armont hurla, brisant cette nuit noire de sombres présages qui s'était peu à peu imposée. L'avait-elle tout de même atteint ? Les pensées de la fillette, trop accaparée par la douleur, n'étaient que trop floues et vagues pour se souvenir avec exactitude de ce qui lui semblait déjà être les derniers instants de sa vie. Elle se sentit voler, sans comprendre vraiment pourquoi, mais il lui sembla qu'Armont venait de la lâcher - heureux événement ! Il valait mieux se satisfaire de sa chance plutôt que de songer au pourquoi du comment. Ne s'était-il pas tourné, dans le même mouvement ? Oh, et puis, quelle importance ! Il était presque agréable de flotter ainsi dans les airs, à simplement profiter de cette diminution progressive de souffrance, l'étreinte mortelle maintenant relâchée... Un sourire aurait pu apparaître sur ce visage poupin, maintenant que le sang circulait à nouveau en toute liberté à travers les veines et les artères de la petite fille Varockienne.

Mais elle frappa brutalement les barreaux de la prison et la souffrance revint, aussi pure et violente qu'avant, mais contrastant désagréablement avec l'infime instant de douceur qu'elle avait ressenti dans les airs. Bizarrement, bien que cela la sonnât un peu, elle se réveilla toutefois de la torpeur qui avait failli l'emporter avec elle, reprenant rapidement le fil de ses pensées pour se sortir d'un incongru pessimisme. Elle avait plus mal que tout à l'heure, certes, mais elle n'allait pas flancher pour si peu. Qui était-elle, après tout ? Elle avait réussi à récupérer la capuche aux mille visages aux griffes mêmes d'un des généraux d'Oaxaca ! Elle avait retrouvé la Cape Scorpionne ! Elle, qui s'appelait...

L'Autre eut un instant de doute, cassant sans qu'elle y prête garde sa mini-séance de regain de confiance en soi. Comment s'appelait-elle, puisqu'elle n'était pas Yurlungur ? Elle se releva en serrant les dents, les nerfs à feu et le corps en sang, fixant le dos d'Armont lardé de divers instruments de torture. En d'autres circonstances, elle aurait pu admirer avec une certaine délectation la composition effectuée sur ce dos aux muscles saillants, apparemment hasardeuse mais pourtant si magnifiquement répartie, avec ces filets de sang qui commençaient à peine à s'échapper des plaies ainsi ouvertes. Mais même Armont, malgré son manque évident de réflexion (pourquoi n'avait-il pas tenté de soulever la cage ?), la domination de ses instincts et de ses sensations pures sur son intellect (pourquoi l'aurait-il lâchée, si ce n'était pour ces quelques picotements dans son dos ?), avait un nom. Lui qui ne servait qu'à l'éradication pure et simple des intrus, il revêtait aux yeux de ses maîtres suffisamment d'importance pour recevoir une dénomination, contrairement à l'Autre, qui n'était désignée que par un banal adjectif substantivé mettant en avant le rejet qu'elle subissait.

L'Autre aurait voulu demander à Yurlungur son nom, mais cette dernière contemplait la scène de l'intérieur, terrorisée, lui adressant des petits cris hystériques censés la faire réagir face à la menace que représentait l'être - nommé - devant elle. Remettant la question à plus tard, sur le visage du corps aux deux âmes s'afficha néanmoins une expression presque triste, contrastant avec les deux seules qui, d'ordinaire, dominaient successivement - à savoir la colère aveugle ou l'insolente assurance. Sans aucun doute, le colosse était bien trop puissant pour elle. Ce n'était en principe pas une raison pour fuir, pas pour l'Autre en tout cas, mais il fallait qu'elle vive pour se trouver un nom.

Sans même vraiment y réfléchir et toujours à moitié sonnée, la fillette fonça donc droit vers l'unique échappatoire de cette lugubre salle, bondissant au-dessus de la porte brisée - avant de se rendre compte en manquant de trébucher que son oreille interne était elle aussi un peu déboussolée par le coup puissant qu'elle avait reçu - et débouchant dans le couloir, où elle regarda sans parvenir à se décider les escaliers descendants. Devait-elle fuir face à cet ennemi qu'elle savait trop fort ? La porte du rez-de-chaussée était de toute façon fermée, si elle se souvenait bien, aussi lança-t-elle un regard à droite, vers le reste du couloir, dans l'espoir d'une porte ouverte. À moins que l'ultime échappatoire soit l'une de ces fenêtres...

Mais son indécision ne put durer bien longtemps car un grondement sourd la fit frémir, parcourant son échine et excitant incroyablement ses nerfs. Armont avait remarqué son départ et, d'ici quelques instants, il serait sur elle. Était-ce un soupçon de joie qui se faufilait entre toute cette frayeur ? La joie de se sentir vivante, peut-être pour quelques minutes seulement, ou quelques secondes, mais une joie tout de même... La joie d'avoir réussi à échapper - jusqu'ici - à un adversaire en principe bien plus fort qu'elle, l'orgueilleuse flatterie qu'elle s'adressait à elle-même de lui avoir résisté... C'était un sentiment profond, propre aux êtres qui s'épanouissaient dans l'action, dans le sang et dans les armes. Il était presque jubilatoire, malgré tout, d'être présenté face un adversaire incroyable. La victoire en devenait une apothéose tandis que toutes les pensées dérangeantes disparaissaient, ne laissant place qu'à l'action pure, la mise en jeu de toutes ses ressources dans un seul but : survivre. Or, pour survivre, il fallait généralement tuer. Il lui était impossible de tuer Armont loyalement : qu'à cela ne tienne, elle l'abattrait sournoisement.

Était-ce un sourire qui faillit apparaître sur le visage de la petite fille alors qu'elle se remettait à courir vers le bout du couloir, toutes inquiétudes soudainement renfermées en elle-même, n'écoutant que le faible grincement du plancher sous ses pieds et les plus sonores gémissements, derrière elle, des planches de bois au passage de l'imposant Armont, sentant son cœur battre dans sa poitrine, si fort et si rapide - comme elle ! Il y avait aussi son souffle rauque, retentissant dans un manoir qui aurait pu être paisible sans sa venue, tous les autres sons qui auraient pu s'élever - le hululement d'une chouette, le hurlement d'un loup, ou même le vrombissement d'une mouche - étant écrasés dans l'action, simplement ignorés par les sens affûtés de la fillette. Yurlungur ne savait pas exactement pourquoi elle était partie par là, renonçant à la solution de facilité des escaliers, solution qui aurait rendu sa fuite plus aisée si jamais elle se trouvait à nouveau en mauvaise posture face au géant à la hache. Ce n'était sûrement que pure vantardise, comme si elle criait au monde qui l'entourait, à la vieille femme et à Armont qu'elle refusait la simple fuite, se condamnant peut-être elle-même mais toujours dans l'arrogance et l'impudence qui lui étaient propres. Que ne ferait-elle pas pour énerver à nouveau la rombière qui avait cru pouvoir la faire fuir avec un simple sablier ! Bien qu'il faudrait sans doute pour cela vaincre Armont, chose impossible dans l'immédiat.

Quelques portes simples défilèrent sans attirer son regard et ce ne fut qu'arrivée devant les imposants battants de la double richement ornée qu'elle ralentit, son esprit enfin remis du choc de tantôt et carburant maintenant à plein régime dans l'atmosphère fraîche du manoir au milieu de la nuit. Si elle n'avait pas pu se résoudre à ouvrir l'une des multiples portes apparemment identiques qui se présentaient à elle, la fillette n'avait désormais plus le choix puisqu'il n'y avait plus aucune salle à laquelle accéder plus loin dans le couloir. Dans sa précipitation, elle n'avait pas pu songer en arrivant à la signification de la présence d'une telle porte ici, ni à la raison pour laquelle il y avait autant de dorures tout autour de cette dernière, mais tout lui paraissait maintenant clair et limpide. Pour qui d'autre qu'Aethalin aurait-on mis en place de telles décorations, plutôt superflues autrement ? Yurlungur avait songé, suite aux indications de Papillon, que le château était encore habité par son maître, mais ce n'était sûrement pas vrai. Ni la vieille femme, ni le spectre ni Armont ne s'étaient désignés comme des membres de la famille Enulcard et il semblait s'agir de genres de fantômes plus que de véritables êtres vivants, à l'exception d'Armont qu'elle suspectait fort être un mort ramené à la vie par une obscure magie.

Il n'y avait donc aucune raison particulière pour qu'Aethalin soit encore vivant. C'était possible, oui, mais il était tout de même probable qu'il soit mort, après autant de temps, et que seule son ombre hante encore ces murs : ce qui ne laissait place derrière cette porte qu'aux anciens appartements du maître, ou à sa salle au trésor, ou encore à celle où l'on aurait pu laisser ses restes après son décès, dans tous les cas également les reliques tant recherchées. Quand bien même il serait encore vivant et qu'il s'agissait donc de ses appartements, ses reliques devaient se trouver prêt de lui... Ainsi, où que soit la vérité dans l'énigme, la petite fille s'imaginait déjà les trouver derrière. La conclusion était arrivée, brillante et évidente, au même moment qu'Armont dans le couloir, toujours aussi impressionnant et sanguinolent. N'osant pas se risquer à le narguer d'un sourire, Yurlungur se précipita sur la double porte et tenta d'ouvrir la porte. Ô combien elle désirait entrer ! Ses mains tremblaient légèrement, mais elle s'agrippa fermement à la poignée et appuya dessus, son regard empreint d'une excitation sans pareille mêlée à une touche de folie, étincelle inaltérable engoncée depuis trop longtemps aux fond de ces deux yeux bruns. Bientôt, elle serait reine, couverte de gloire et de reliques, et elle pourrait aller se reposer dans la douceur et la paix à Dahràm, dans les bras de sa mère. Bientôt, le Gros Néral lui pardonnerait tout au vu de ses accomplissements et l'accepterait à nouveau parmi les siens. Un grognement bestial l'arracha de ces douces pensées alors qu'Armont la repérait enfin. Bientôt, si elle ne faisait rien, il la tuerait... La porte, la porte ! Qu'elle s'ouvre maintenant ou que Yurlungur se taise à jamais...

(Sésame, ouvre-toi !)

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Lun 25 Juil 2016 10:02 
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La porte s'ouvrit sans problème devant Yurlungur, révélant une pièce absolument noire, que même ses yeux adaptés à la vision nocturne ne pouvaient percer. Une bourrasque la poussa en avant dès que la porte fut complètement ouverte, et lorsqu'elle fut à l'intérieur les battants claquèrent. Très vite, un bruit sourd se fit entendre : celui, très certainement, d'Armont se cognant contre la porte. Ce bruit fut très vite suivit d'une succession d'autres : c'était la porte qui vibrait sous les coups de la créature à l'extérieur, et qui sonnait comme un glas pour Yurlungur. La pièce était complètement noire, et elle devrait user d'autres sens que la vue pour s'orienter, et vite, car la porte ne tiendrait pas bien plus longtemps. C'était déjà un miracle qu'elle soit toujours en place.

Mais la gamine n'était pas seule, car une voix se fit entendre. Une voix gutturale, écoeurante, qui semblait appartenir à une femme mais était entrecoupée de gargouillis immondes.

« Le feu. Il a peur du feu, » disait-elle.

Elle semblait venir de quelque part devant Yurlungur.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Lun 25 Juil 2016 11:31 
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Les deux battants s'écartèrent à la première poussée de la fillette, sans opposer aucune résistance. Presque surprise par cette ouverture facile - trop facile ? -, elle trébucha en avant, se rattrapant finalement après quelques pas à travers ces ténèbres insondables, lorsque la bourrasque qui l'avait aidée malgré elle à y entrer s'arrêta brutalement. Tout aussi brusquement, la porte se referma derrière elle, le claquement se répercutant lugubrement dans la pièce où elle était entrée. Était-ce encore ce spectre qui l'aidait avec ces phénomènes étranges et inexplicables ? Il y avait de la magie derrière tout cela, que ce soit le coup de vent subit ou la fermeture des portes. Bien que son esprit fût préoccupé par ces questions, Yurlungur ne perdit pas une seconde et se retourna, avança les bras devant elle jusqu'à la porte afin de la fermer à clé, peut-être avec le fol espoir de la maintenir fermée lorsqu'Armont tenterait de la forcer, ce qui n'allait certainement pas tarder à arriver.

Le premier coup, violent, la fit reculer par réflexe et par frayeur. Le colosse, déjà, tambourinait sur la pauvre porte qu'on sentait d'avance trop faible face à cet adversaire. Elle tiendrait un tant soit peu, mais elle céderait. Ce qui laissait néanmoins un peu de répit à la petite fille qui, le souffle devenu rauque et rapide, se retourna vers l'obscurité de la salle où elle était entrée. Derrière elle, les coups sur la porte s'enchaînaient au même rythme que les battements de son cœur affolé, qu'elle sentait battre, fou et déchaîné, à l'intérieur de sa poitrine. Étrangement, bien qu'elle eût réussi tantôt à percer l'ombre d'une des pièces de l'étage d'en-dessous malgré l'absence de lumière, elle n'y parvint pas dans celle-ci. Elle ne pouvait que plisser et se frotter les yeux, essayer de balayer l'air devant elle comme si un brouillard étrange s'y était immiscé, rien ne changeait et la conclusion s'imposa à elle : cette salle était volontairement, certainement par magie, plongée dans une nuit opaque et permanente. Elle serra les dents, l'expression sur son visage se muant en celle d'une frustration profonde.

(Je crois bien que je hais la magie...)

Malgré tout, elle ne pouvait que penser à des emplois favorables de cette pièce. Si il lui était impossible de voir plus loin que le bout de son nez, ce devait sûrement être également le cas d'Armont. Alors qu'elle se préparait à s'aventurer dans l'obscurité, une voix s'éleva et la fit sursauter, elle-même reculant instinctivement jusqu'à avoir le dos contre le mur à la droite de la porte qui continuait à frémir et à trembler, proche de la capitulation face à la force incroyable du géant. La voix, en effet, n'avait rien d'humain : il ne s'agissait que d'immondes gargouillis entremêlés de mots, eux-mêmes rauques et déclenchant quelques frissons à travers l'échine de la fillette. L'indication donnée par ce biais était extrêmement précieuse pour Yurlungur, si jamais elle s'avérait véridique, néanmoins une forme de méfiance s'imposait. Comme si l'intonation, cette manière indistincte et sourde de prononcer ces syllabes, cette voix de femme qui n'en était certainement pas une, était une raison valable de refuser d'y croire. Mais dans un manoir où l'on avait tenté de la faire entrer, puis de la faire sortir et maintenant de la tuer, que penser de ce qui ressemblait à une aide émanant du manoir lui-même ? La dernière chose à avoir une voix de femme n'avait guère été bien sympathique vis-à-vis de la petite fille, c'était le moins qu'on puisse dire.

Sitôt le dernier mot énoncé, un craquement plus sonore remit Yurlungur en face de sa préoccupation du moment : rester en vie. Refusant de se diriger à l'aveugle tout droit, elle plaqua sa main droite contre le mur, tendant l'autre devant elle et avança, pas à pas, agitée d'un léger tremblement. Il lui faudrait du feu, pour vérifier l'indication qu'on lui avait gentiment adressée, mais elle n'avait aucune idée d'où ni de comment. À la maison, sa mère faisait bien du feu de temps à autres, avec du bois sec et des pierres à feu qu'elle frottait entre elles ou avec d'autres rocailles plus ou moins efficaces, mais encore fallait-il en trouver... Pour le moment, la fuite semblait être l'option la plus efficace. La porte n'allait pas tarder à être défoncée, mais elle espérait qu'elle serait alors suffisamment enfoncée dans l'obscurité du lieu pour échapper à Armont... Se souvenant subitement de la capacité de certains animaux à flairer leur proie même dans le noir, elle sentit une goutte de sueur couler le long de sa tempe, quintessence de tout le stress qu'elle subissait depuis son arrivée dans le manoir.

Cependant, Yurlungur ne pouvait s'empêcher de songer à de multiples questions qui se précipitaient dans son esprit. Celui-ci, peut-être soulagé par l'absence d'information visuelle à traiter, ainsi que par la certaine protection qu'offrait l'absence de lumière, se rabattait sur d'autres choses auxquelles penser, incapable de rester inactif dans un tel environnement avec autant de stimuli. D'où provenait donc cette voix qui semblait amicale ? Était-ce celle du spectre ? Pourquoi le spectre tentait-il lui aussi de l'aider, qu'avait-elle fait pour recevoir son aide ? Pourquoi Armont obéissait-il à la femme et pas audit spectre ? - Et qui était-elle seulement, cette femme ? Elle se trouvait dans le castel Enulcard, certes, empli de phénomènes magiques, mais d'où ceux-ci provenaient-ils ? Y avait-il un véritable maître dans le château, Aethalin était-il encore vivant, comme elle l'avait supposé ? Après les interrogations concernant les personnes, cependant, d'autres vinrent, plus terre-à-terre, dans un flot aussi puissant qu'incontrôlable. Le spectre, apparemment, ne devait pas connaître les intentions réelles de Yurlungur, mais comment réagirait-il lorsque ce serait le cas ? Où pouvait-elle trouver du feu par ici ? Et, également, où se trouvaient les reliques d'Aethalin ?

Elle s'en voulut presque, un instant, d'avoir désobéi à Liniel qui lui avait interdit de se rendre ici. Elle ne savait même pas pourquoi elle ne l'avait pas crue lorsque la Semi-Elfe l'avait mise en garde contre les dangers de l'endroit... Mais en fait, elle l'avait crue. Simplement, par pur orgueil, elle s'était crue capable de les braver et d'en revenir vivante... Un nouveau craquement retentit et de nouveaux frissons parcoururent tout le corps de la fillette tandis qu'elle continuait à avancer à tâtons, une main contre le mur, dans l'obscurité la plus complète.

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Dernière édition par Yurlungur le Mar 26 Juil 2016 20:38, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Castel Enulcard
MessagePosté: Mar 26 Juil 2016 19:21 
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Après quelques pas, Yurlungur put sentir sous sa main droite la poignée d'une porte, qui s'ouvrit aussitôt, offrant devant elle l'exact reflet du couloir qu'elle venait de quitter. Elle avait vraisemblablement traversé la pièce jusqu'à arriver de l'autre côté de l'étage, qui était le jumeau du couloir précédent. Sur sa gauche étaient donc des vitraux laissant apparaître la faible lueur de la nuit extérieure, tandis que des portes fermées étaient sur sa droite. Et face à elle, l'escalier qui la mènerait à l'étage du dessous. La porte derrière laquelle était Armont allait cependant se briser d'une seconde à l'autre.

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