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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 26 Fév 2011 17:04 
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Erzébeth venait seulement de terminer ses propos menaçant que la jeune guerrière tremblait déjà de colère, de rage, les sanglots au bord des yeux, elle vomissait son venin infâme, écœurant sur la maîtresse du domaine. Teresa sentait une menace grandir, elle s'approchait par crainte, vers la Dame pour se blottir presque contre elle. L'étrangère était devenue folle de colère, animée par un poison stupide, elle quitta son assise brusquement, arrachant à ses parures une lame aiguisée habillement dissimulée. Le seul garde présent de la pièce n'avait pas retiré sa main du manche protecteur de son épée. Erzébeth avait ordonné une fidélité extrême de ses serviteurs, il était d'usage maintenant, que chaque homme armé affecté à la protection d'Erzébeth conserve la main sur la paume de l'épée en symbole de protection et de respect.

L'homme était tendu, ses muscles dissimulés sous l'armure grise et noire, il tira l'épée au clair presque aussi vite que la furieuse qui se jetait contre Erzébeth. L'action semblait se décomposer en silence. Elle qui était habituée aux combats, elle aurait pu se défendre et faire payer cet affront à l'imprudente qui prenait trop d'élan, mais elle n'était pas armée. Le soldat lui, saisissait son épée des deux mains, penchait son corps légèrement en arrière, l'arme tranchante droite en face de lui, il attaqua en fendant l'air. L'épée avait frappé vite et juste, la gorge de la femme était la cible, maintenant rougie de petits jets de sang qui ne tardaient pas à rouler sur l'acier vierge de son arme. Les lèvres se coloraient, elle bavait des glaires de sang, hoquetait, toussait et dépérit finalement. La petite étincelle de fureur s'éteignait finalement dans ces yeux qui montraient maintenant... Le vide pâle et froid de la mort.

Teresa cacha ses yeux de ses mains avant de se blottir, comme une enfant sur Erzébeth. Se montrant maternelle, elle lui caressait ses cheveux d'or en retour, elle apaisait doucement ses larmes en lui susurrant à l'oreille que tout était terminé, que sa vie n'était plus en danger. Tout en regardant la dépouille de la femme encore droite, elle faisait glisser ses doigts entre les cheveux fins de la petite servante. L'homme tira brusquement l'épée après avoir donné un quart de tour afin de s'assurer de la mort certaine de la guerrière. Elle n'était plus qu'une triste enveloppe charnelle dont les parures étaient souillées de ce sang que ce trou béant vomissait par litre. Et finalement, la fontaine se tarissait et ce tas de chairs molles s'écroula sur la pierre froide.

«Teresa, Ursula, mes chéries, allez-vous reposer. Comme la journée vous était éprouvante... Faites venir Zsuzsanna qu'elle nettoie le sang.»

Comme des enfants pressées, les deux jeunes femmes s'éclipsaient en silence, éclatant en sanglots sonores après avoir passé la porte. Erzébeth elle, s'approchait du corps sans vie de Lëyla. La toilette de Mircalla risquait d'être irrécupérable, le sang s'était imprégné dans toutes ces petites mailles de soie, rendant le nettoyage long et fastidieux. Elle s'en moquait intérieurement de la parure qu'elle portait, elle jugeait les hommes et les femmes comme des bêtes. Elle allait donner des lois, des règles plus strictes, avec des sanctions violentes. La dissuasion... Il n'y avait plus que ça de vrai, plus que ça de juste. La seule chose que la race humaine puisse comprendre. Les dompter, tous...

« Et tandis que l'acier mordant la douceur de sa matière... Vous ne savez rien de la souffrance, mon enfant...»

Avec toute la splendeur de sa langueur naturelle, elle s'adressait à la dépouille d'un ton normal, bien trop normal, comme si elle espérait qu'intérieurement, une petite étincelle de vie puisse entendre cette provocation et l'emporter avec elle, que sa voix la tourmente à jamais. Un bagage infernal qui la suivrait dans les dédales infinis de la mort, elle en était passionnée. Voir cette étincelle vivace s'étouffer dans une mer de sang. Magnifique, pensa-t-elle. Cette chaleur moite qui se dissipait pour ne devenir que chair pâle et nécrosée.

Le garde n'avait pas rangé l'arme, tel un coq, il se tenait prêt à frapper l'éventuel prochain agresseur d'Erzébeth. Ali, l'homme qui accompagnait Lëyla en était secoué, il resta confondu dans cette expression de stricte incompréhension. Erzébeth était fascinée par cette ambiance, les combats contre les orcs étaient différents, la même odeur, la même expression et ce même faciès répugnant lorsque la lame déchire l'âme.

Chez Ali, tout n'était plus que confusion, doute, colère et regrets. Lui qui était passé si facilement de la colère à la peine pour cet amas de chair... Elle jouissait intérieurement du mal qui rongeait cet esprit devenu si rapidement tourmenté par la folie qu'elle ignorait, et qui pourtant était sienne.

Il déchirait l'air, hurlait à gorge déployée risquant d'attirer l'attention. Cependant, malgré le caractère divertissant qu'elle donnait à la chose, Erzébeth ne tenait pas tellement à trouver la moitié du personnel de Keresztur venu en catastrophe dans la grande salle. Le garde reculait, lentement, la main gauche ouverte vers Erzébeth, comme s'il voulait qu'elle recule, craignant un danger qu'elle ne voyait pas. L'étranger était accablé de peine et de fatigue, il ne risquait pas d'être une sérieuse menace pourtant. Son attitude était sensiblement différente, changée, disparue et de nouveau là, métamorphosée. Un autre homme, devenu une victime potentielle, il cracha à son tour ce poison stupide, vomissant sa colère insignifiante sur la Dame avant de prendre le large en courant, échappant à l'ombre noire qui grandissait dans ces lieux. Le sang ruisselait entre les dalles de pierre... Une rivière pourpre dans laquelle se reflétait les candélabres étincelants. Mort et lumière, une oeuvre splendide songea Erzébeth. Le garde demanda sur le champ s'il devait ordonner la chasse à l'homme, ce à quoi elle répondit que non. Il était inutile de courir après Ali, qu'il s'en aille, de toutes façons elle le savait, que par sa main ou une autre, toute vie doit cesser.

Zsuzsanna entra horrifiée dans la salle accompagnée d'un homme vêtu comme les valets de Mircalla. Son attention se porta immédiatement sur l'homme, pensant que sa compagne était enfin revenue de Kendra Kâr; quelle ne fut pas sa déception lorsqu'il lui annonçait qu'il était envoyé par elle, justement à cause d'une absence prolongée. Les réunions de la noblesse prenait plus de temps en raison de nombreux retards provoqués par la guerre. Elle avait fait venir un valet porteur d'une lettre et un collier destiné à sa bien aimée.

Erzébeth adorait les bijoux, surtout les rubis, cette profondeur pure et vierge de rouge sang qui ne se décolorait jamais... Le bijou était un collier d'un métal noir orné de nombreuses pierres rougeoyantes. Une beauté. La lettre qui l'accompagné portait le sceau de Keresztur. Un bouclier en forme de feuille de laurier où, se trouvait dans son sein une grande croix. Symbole des hommes d'armes du château, la croix était rouge sur le bouclier gris foncé. Elle brisa le sceau pour s'empresser de lire tout en écoutant les salutations respectueuses du porteur.

Ma chère et tendre,
ici les choses sont trop longues. Un doute horrible me vient, la haute noblesse confisque les terres trop proches des lignes de la guerre pour en faire des places fortes. Keresztur fait partie d'un de ces terrains convoités par un noble qui se trouve être en rivalité avec ma famille. Des hommes très puissants cherchent à s'accaparer honteusement ces biens, j'avais tant de peine et de peur pour toi, si loin de ces conflits. C'est ainsi qu'une idée m'est venue. Je voulais t'annoncer que j'ai demandé à mon estimé parent, mon oncle de te céder Keresztur, vois ce geste comme un signe d'amour et de reconnaissance éternelle. Ainsi, le domaine et ses habitants sont hors de portée de ce conflit politique, la guerre dévore le monde, mais la noblesse est ravagée de ces petites guerres intestines aussi puériles que dangereuses. Tu es donc, par ce geste, attirée Baronne de Keresztur, car telle est la règle et le titre pour ceux qui reçoivent un domaine. Je reviendrai d'ici de longues semaines. Tu me manques affreusement, tout est si différent ici... Accepte ce collier, gage de mes pensées pour toi. Porte le, et promets moi de penser à moi chaque jour malgré tes nouvelles occupations. Le peuple est dissipé ici, il faudra te montrer ferme mais je te sais à la hauteur de mes espoirs.

Avec tout mon amour...
Ta Mircalla.


Erzébeth se sentait étrangement investie d'un pouvoir, comme si une magie opérait et changeait son esprit. Mircalla était dans un jeu complexe, dont elle était loin d'imaginer les rouages, cependant, la voilà propulsée à la tête des habitants du domaine, la garde sous son joug, les servantes, les paysans... Le pouvoir.

_________________
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Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
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Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Mer 2 Mar 2011 23:55 
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Erzébeth se pâmait devant le miroir. Elle avait décidé de faire les choses en grand. Très grand, à l'image du miroir qu'elle avait fait installer dans le salon, celui-ci était parcouru à la tige de nombreuses plaques dorées qui étaient pour elle, symbole de richesse et de beauté. Seule avec sa maîtresse, Celes se montrait, sa forme de petite fée timide aux parures rouges était presque dissimulée lorsqu'elle prenait assise sur le bord du vase que quelques roses occupaient.

Celle-ci s'inquiétait de moins en moins, elle aimait Silmeria, devenue Erzébeth devenue soudainement l'éminente Baronne de Keresztur. Comme la politique lui était favorable... Il était rare qu'elle s'entretienne avec sa confidente invisible, elle profitait que Teresa soit partie changer le linge de table que la Baronne avait fait exprès de tâcher à l'aide d'un hypocras pour se retrouver seule.

« Dis moi... Combien aura coûté cette robe rouge ? Elle vient de chez Madame Boisant faite et amenée de Kendra Kâr uniquement pour toi. »
« Au bas mot ? Sept. »
« Eeerk. Sept mille ! » Celes manqua d'étouffer. Pour ça il aurait fallu qu'elle soit dotée de poumons, mais elle ne trouvait pas cette somme correcte. Elle se lança à nouveau dans de longues explications qui revenaient toujours au même sujet. Les nouvelles responsabilités. Celles qui faisaient d'Erzébeth la femme la plus puissante de ses terres. Elle avait sous son joug, des centaines d'hommes, acharnés à travailler la terre ou à vendre divers objets.

Quatre village, un château, trois moulins, un peu plus de deux mille âmes, des soldats, une grande écurie... Et toutes ces terres... Toutes ces vallées, ces rocs, cette terre, l'air et le ciel. Elle se sentait bien, elle n'avait plus à s'en faire.

« Erzébeth, n'oublie pas, ici il n'est pas question d'aventure. Tu es désignée pour protéger des centaines et des centaines d'âmes ! Heureusement que Hrist n'était pas là pour voir ça d'ailleurs... »
« Comme cela ne te va pas d'être médisante. »

« Tu es nerveuse ? Tu n'as pas cessé de caresser les pointes de tes cheveux aujourd'hui. Tu n'as même pas mangé ton déjeuner. »
« Mouton à la broche et quelques haricots... Tu en veux ? Non. Inutile, je sais que tu n'en mangera pas. Je vérifie que mes cheveux reste bien noirs. »
« On est sûre de rien avec la ratatouille de l'autre oie. Un mage avait trouvé un moyen excellent de les garder noirs, fait quémander de la litharge pilée et autant de chaux vive, ordonne à ce qu'elle soit délayée dans l'eau tiède et tu rincera les cheveux avec ça. »

Erzébeth se tourna brusquement vers le vase de fleur, elle allait demander d'où elle tenait ces propos lorsque, de la porte ouverte apparût le petit visage d'enfant de Teresa. Cette dernière venait de rapporter bien sagement une nappe pour remplacer celle de la maitresse et constata avec peine qu'elle n'avait pas mangé. Elle s'inquiéta de savoir sur-le-champ si les mets n'étaient pas à sa convenance, mais Erzébeth assurait avoir nullement faim, elle proposa à Teresa de manger le repas si elle le désirait, à l'intérieur de la chambre pour susciter aucune convoitise. La pauvre chambrière ne comptait plus les fois où la maîtresse lui faisait des propositions de la sorte, sortie de tout rang et de l'étiquette car jamais on ne voyait la maîtresse laisser la servante manger à son siège. La Baronne quitta la chambre et Teresa ayant pour seule compagnie le mouton encore un peu fumant. Cette dernière trop suspicieuse avait rapporté le mouton dans les cuisines après en avoir secrètement mangé une partie. Dans sa journée Erzébeth ne faisait que rédiger de nombreux articles de lois. Elle ne savait que trop penser des bohémiens qui vivaient au pied de son château. Et cet étranger qui était prétendument échappé mais que personne n'avait vu sortir. Elle avait fait doubler la garde au cas où.

Keresztur était entouré de mont rocheux, elle appréciait le contraste, lorsque le soleil fatigué de sa journée venait mourir sur les pierres difformes de ce mur naturel. Lorsque l'air n'était pas glacé par les vents, elle se rendait de temps à autre sur les remparts. Observant la paisible vie de son domaine. Parfois, avec un peu de chance on pouvait voir des lapins au pied du mur, sinon au loin des torches éclairaient de petits villages. Les gardes, eux, saluaient son passage. Elle se demandait ce qui se serait passé, si à l'inverse, elle avait été garde et eux Barons. Aurait-elle salué le passage de ces gens ? Daignerait-elle porter respect et attention sur des hommes qu'elle ne connaissait que de titre ? Elle trouvait ces manières étranges, si bien qu'elle assistait aux entrainements militaires dans la cours d'armes du château. Keresztur disposait de sa troupe de garde personnelle, en raison de la guerre, sa première action en tant que Baronne était de taxer les paysans, une somme modique pour commencer. Mais avec ça, elle espérait pouvoir renforcer sa capacité militaire, car pour l'instant, elle était assurément loin de pouvoir se passer de soutien lors de la guerre. Mircalla avait parlé dans sa lettre d'une place forte, Bouhen était souvent attaqué, mais Keresztur se trouvait plus au sud. Elle ne craignait pas les troupes d'Oaxaca, elle les savait stupide au point de préférer attaquer la massive forteresse de Bouhen. Keresztur lui était au bord des monts, si assaut il y avait, les troupes adverses seraient vues de loin, par les villages, par les tours, ils devraient traverser les bois, les bosquets, il y avait de nombreux endroits où faire des embuscades et s'ils arrivaient au pied du château, ils n'auraient plus qu'à le contourner pour rejoindre la grande porte, face aux roches. Non, ce qui lui faisait presque peur, c'était les révoltes paysannes.

Depuis qu'elle était Baronne, elle faisait attention aux rumeurs, écoutait les servantes parler dans les couloirs. Des paysans furieux à cause des taxes dans les autres villes qui incendiaient les châteaux, violaient les femmes, servantes, nobles... Quelques paysans étaient faciles à mater, plusieurs villages … C'était différent. Elle allait devoir trouver de quoi maintenir son pouvoir, coûte que coûte...

« Baronne ? Quelqu'un demande à vous voir, je pense... Que vous devriez venir. »

Svetjana était venue à pas de velours l'annoncer à Erzébeth qui n'attendait pas de visite avant quelques jours. Elle céda à cette requête et suivit la jeune femme jusqu'à l'intérieur de l'enceinte de Keresztur. L'attendait dans la grande salle, un petit garçon et sa petite soeur, celle-ci trainait une lamentable poupée de chiffon en lambeaux, faite à partir des chutes d'un sac à patates. Tous deux semblaient venir d'une famille de paysans, le garçon avait déjà le visage marqué, les traits austères, presque brutaux pour un mioche de son âge. Elle arrivait face à ces enfants, vêtue de la robe Kendranne rouge. La petite fille triturait machinalement son chiffon avec gêne, le luxueux décor ne mettait en rien les enfants à l'aise. C'était Svetjana qui prit la parole, voyant que les deux enfants étaient intimidés face à la Baronne.

« Allons les enfants, expliquez à la Baronne pourquoi vous avez demandé à la voir. Ho, Erzébeth, ils sont si touchants. Ils vous apportent un cadeau. »

Erzébeth était de glace, c'était ça qui effrayait les demi-portions. Ils expliquèrent avec peine que lors d'une chasse au lapin, ils avaient capturé un madrigal rouge, un petit oiseau des forêts qui chante à la lune. Ils avaient pensé à l'offrir à la maîtresse du domaine. La petite fille leva une cage en osier dans laquelle battait des ailes, visiblement apeuré le petit Madrigal. Un oiseau qu'Erzébeth ne connaissait que de nom, mais la beauté du petit volatile à la robe rouge coiffée de noir - comme elle - la laissait presque sans voix.

« Mes enfants, il ne sera pas dit que votre geste ne sera pas récompensé !»

Elle ordonna à ce qu'on dresse une table dans la salle pour offrir un repas aux deux enfants. Ils étaient maigres, mais elle récompensait leur tendresse, cette innocence qui n'était pas encore polluée par le travail brutal des champs. Il fut servi aux enfants un grand bol de lait de chèvre tiède, du pain blanc, une poire, quelques fruits secs, du fromage et quelques tranches de viande de lard salée.

Les cuisiniers n'avaient pas tenu compte de la faible carrure des enfants, et ces derniers se retrouvaient avec plus de victuailles qu'ils n'en avaient jamais vu. Ils entamaient le repas avec timidité, la Baronne elle, avait fait venir le chantre qu'il puisse leur raconter une histoire. La scène avait ça d'étrange, les enfants crottés assis à la table noble. Ils souriaient, semblaient presque en oublier la vie d'en bas, celle du pied des murs. Ou même plus loin, dans les villages.

Le Madrigal changea de cage, échangeant l'osier pour une cage de fer située dans la pièce des fontaines. Il y trouvait plus d'espace, mais pas autant que dans les bois, cependant, il ne semblait en rien peiné. Erzébeth était fascinée par ce petit animal, vivre cloitré, dépendant totalement de la volonté de sa maitresse pour la nourriture et l'eau... Il trouvait son bonheur dans cette situation. De même pour les enfants, ils étaient venus avec la peur au ventre mais repartaient récompensés. Escortés par deux soldats, ils avaient eu le droit d'emporter dans un linge les restes de leur copieux repas.

« Ils sont si mignons. N'avez-vous jamais désiré avoir un enf...»
Svetjana cessait sa phrase, comprenant qu'elle n'était pas à sa place, l'oeil glacé d'Erzébeth ne fixait que l'horizon, le soleil qui allait mourir derrière le monde, pour revenir le lendemain, encore et toujours. Elle comprenait, la visite des enfants été salvatrice. Récompenser... Et punir. C'était la guerre, les paysans voulaient une protection, ils l'auraient au prix d'un yus par foyer et semaine...

La punition, Mircalla lui avait confié qu'il fallait se montrer ferme. Une main de fer dans un gant de velours ?...

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Jeu 10 Mar 2011 02:46 
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[:attention:] âmes sensibles, passez votre chemin, séance de torture [:attention:]

« Teresa, vu l'usage actuel de vos mains, je pourrais vous les faire trancher qu'il n'y aurait aucune différence ! »

C'était la énième fois qu'un vase tombait dans les couloirs sombres de Keresztur. La chambrière prétextait voir des ombres se faufiler entre le mortier des roches, étouffer les torches d'un aura maléfique. Erzébeth l'aurait prise pour folle si ça n'avait pas été les mêmes échos qui venaient des cuisines, des chambres des servantes. Tous et toutes rapportaient chaque jour des faits étranges au château. Un grincement de porte le soir. Un garde faisait ferme toutes les portes des locaux de matériel le soir. L'homme qui en était chargé assurait que dès que la porte était fermée à double tour, lorsqu'il tournait le dos à celle-ci, elle s'ouvrait comme si elle était victime d'un odieux maléfice moqueur. Les torches neuves ne s'allumaient plus, les servantes dérapaient dans les escaliers...

Erzébeth n'était victime que du désordre et de la gêne occasionnée, mais ça suffisait déjà largement à la mettre en rogne. D'autant plus que ce jour était celui de la venue d'une femme qui allait être chargée de la sécurité et du corps armé de Keresztur. La guerre avait coûté des âmes, dont celle de celui qui fut autrefois attitré à ce poste honorifique. La guerrière arrivait, sa monture battait les dernières neiges des plaines jusqu'à pointer le bout de son museau devant la grande porte de Keresztur. Elle se nommait Lydia. Une jeune femme à l'éducation aboutie qui maîtrisait à la quasi-perfection l'art du tir à l'arc. Erzébeth n'avait rien contre le fait d'une femme à la tête de ses troupes. D'autant plus qu'elle ne laissait pas le choix. Elles feraient ensemble le tour des installations de Keresztur. La garde était omniprésente depuis les curieux accidents. Erzébeth y pensait, elle cherchait une solution, questionnant chaque servante, chaque garde, allant même parfois interroger les cuisiniers. Le chef du château n'appréciait pas d'ailleurs, que la Baronne vienne mettre son nez dans les cuisines. Il était bedonnant, une énorme moustache qui lui servait lorsqu'il désirait s'essuyer, preuve en était, le luisant du poil à cause des graisses et la quantité de nourriture qui s'y trouvait coincée entre ces poils épais et noirs. Il ne manquait pas d'en faire la remarque, demandant quand ils seraient enfin tranquilles et quand elle cesserait de venir toutes les heures prendre un rapport. N'appréciant guère le ton employé, Erzébeth lui jeta des tripes de paon au visage.

Lorsque la Baronne vint accueillir la guerrière, Cèles lui confia immédiatement qu'elle sentait la présence d'une seconde Faera... Lydia, la guerrière en possédait également une. Cette guerrière avait négligemment attaché ses cheveux en arrière, ça donnait un air plus jeune à la demoiselle, quant bien même elle venait juste d'être arrachée par la guerre à sa jeunesse, elle avait de ces allures de femme qui imposait souvent le respect aux hommes. Cette sensation étrange qui semblait la rentre totalement intouchable, le regard presque hautain caché sous ses cils délicats, tueuse, guerrière, combattante, elle n'avait en rien perdu de cette beauté. Toutes deux se dirigèrent vers la cours intérieure du château. Un cordon de soldat y était préparé. Lydia ne tenait pas à se reposer de son voyage, Erzébeth jaugeait son caractère, ça lui plaisait au plus haut point.

Droits comme des piques de guerre, les soldats, combattants de Keresztur et gardes d'Erzébeth attendaient en armure. Le cuir était ciré et vernis, les épées au fourreau, les pavois lustrés. Un effectif de vingt personnes au château, sans compter les vingts autres gardes qui sillonnaient les couloirs à la recherche du fauteur de trouble. Quatre-cents autres étaient dispersés sur les terres, dans les villages, en patrouille... Près de cinq-cents hommes d'armes entrainés, commandés, disciplinés. Lydia connaissait ce genre de groupe, elle avait déjà conduit des groupements de soldats malgré son âge peu respectable. Erzébeth elle, avait augmenté les taxes des paysans pour augmenter l'armement et les contingents de soldats. Elle tenait à cette indépendance qui faisait que Keresztur était libre de ces satanés prêtres, conseillers, scribes royaux. Elle ne tenait pas particulièrement à demander de l'aide au Roi. Si le domaine était attaqué, elle serait capable de venir à bout des adversaires seule !

Un nouveau bruit suivi d'un hurlement strident. La voix était singulière, ô combien connue, celle de Svetjana. Sa seconde servante favorite était-elle aussi victime de cet créature indicible, cette chose que personne n'était capable d'appréhender ? La Baronne demanda à Lydia de rester avec les hommes, elle alla vérifier l'état de la servante. A terre, un garde la ramassait en s'assurant qu'elle aille bien. La pauvre enfant était pâle comme la mort. Elle balbutiait des propos incohérents comme quoi, sa propre ombre se serait détachée d'elle même pour prendre une forme hideuse au point de lui faire perdre connaissance.

Erzébeth fumait de l'intérieur. Sa Faera lui expliquait qu'il s'agissait de l'ancien résident du château.
« L'ancien résident ? Tu dois faire erreur, le château est habité depuis des années par la famille de Mircalla. »
« Ouiii je sais, mais il y vivait avant. »
« Avant ? Je n'ai rien entendu de tel. Il y a combien de temps ? »
« Sept !»
« Quoi ?! Sept mille ans !? »
« Mais non ! Sept cents ans. »
« C'est donc un Elfe qui est revenu au château ? Pourquoi il ferait ça ? »
« Heu, c'était un humain...»
« Non sens ! Un humain serait mort. Ils ne reviennent pas à la vie à moins... »
« Tu y es presque... Necrooo ? »
« GAAAARDES !»

Jamais les servantes n'avaient vu Erzébeth dans une telle colère, elle en refusait même de manger. Son premier ordre était de traquer et de retrouver le nécromancien qui était la cause de tout ceci, Lydia avait se première mission et se rendait avec un groupe de quinze hommes dehors, enchantée de pouvoir mettre des talents à profit. Teresa était cloitrée dans sa loge de peur qu'un mort vivant vienne la chatouiller dans son sommeil. Svetjana se réveillait pour mieux retomber dans les pommes, Erzébeth était repartie en cuisine, sans poser de question, pour le seul plaisir de relancer des tripes au visage joufflu du cuisinier qui n'avait rien vu venir. Elle devait faire passer sa colère, accompagnée de trois soldats du corps militaire, elle inspectait les geôles.

« J'espère que les barreaux sont assez solides... Vérifiez !»
Aussitôt dit, l'homme venait secouer brutalement les barreaux pour s'assurer qu'ils restaient solidement ancrés dans la roche. C'était le cas, la rouille ne piquait que peu le fer et les serrures épaisses.
« Vous serez chargés de la surveillance, si le nécromancien s'échappe, vous prendrez sa place. »

Les hommes n'avaient rien dit. Ils connaissaient les lieux, la magie ne les effrayait pas et ça ne devait pas être leur première garde de prisonnier. A supposer que Lydia revienne accompagnée de la précieuse personne... Savoir que Lydia était accompagnée d'un Faera la rassurait, Cèles savait qu'elle trouverait, cependant, faute de question de la Baronne, elle ne disait mot. Erzébeth en avait assez de ces souterrains puants, elle souhaitait le grand air, les remparts, le jardin, n'importe où, qu'elle puisse respirer.

Ce n'était que plus tard, dans la soirée, alors qu'elle buvait un verre d'hydromel confortablement assise dans un tas de coussins de velours qu'un garde se planta au garde à vous, annonçant le retour des troupes de Lydia, celle-ci avait fait le tour des villages voisins. Ils avaient trouvé une jeune femme dans un taudis, elle possédait des ouvrages anciens, des runes aux caractères étranges ainsi que de nombreux fluides obscurs. Au bout de quelques heures, elle avait déjà un résultat... Cette perspective lui était des plus plaisantes. Elle se dirigea, escortée du soldat jusqu'à la salle où Lydia, triomphante lui montrait d'un geste de la main, un corps de femme dont le visage était dissimulé à l'aide d'un sac de toile noire. Les bras entravés par des chaînes claires, on y voyait de nombreuses brûlures, probablement venues de rituels incertains en l'honneur de Dieux maudits. Des lacérations, ce corps féminin avait été découpé de nombreuses fois au niveau des bras - rien par rapport à ce que lui réservait la Baronne -

Elle ôta le sac de toile, découvrant les cheveux noirs emmêlés qui tenaient prisonniers dans leurs boucles quelques fétus de paille.
« Elle avait essayé de s'enfuir en se cachant dans une grange, ça ne lui a pas réussit... »
Quoiqu'en était les moyens, Lydia venait de remplir sa première mission avec brio, Erzébeth questionna, demandant en quel nom elle faisait surgir ces esprits infâmes qui perturbaient ses servantes. Elle cracha au sol devant la Baronne. Lydia fit un signe de la main, l'homme qui l'entravait par la gauche envoya son poing dans le ventre de la nécromancienne qui tomba à genoux, rapidement relevée. Lame sous la gorge, elle refusait toujours de parler... Il ne restait qu'une seule solution selon Erzébeth...

***


La Baronne avait quitté ses belles parures, elle n'avait que cette robe sans broderies et une tiare de fer noir pour empêcher ses mèches de lui couper la vue. Elle descendait pour la cinquième fois aux cachots. Cela faisait deux jours que la femme y était séquestrée et torturée. Elle avait pour instrument des baguettes de plomb, des lames, des pinces, tenailles, aucun instrument mécanique mis à par un chevalet hors d'état qui ne servait qu'à maintenir la fanatique en place. Le nez brisé, le sang coagulé sur sa peau blanche, elle refusait de parler. Erzébeth quant à elle, restait étonnamment fraiche, les hommes de main la détachèrent une nouvelle fois à son arrivée pour la placer devant un tonneau d'eau. La Baronne perdait peu à peu patience.

« Pourquoi ?!»
« Je ne di... Dirais rien ! »

Les doigts accrochaient violemment les cheveux pour plonger son visage dans l'eau, elle laissait jusqu'à ce qu'elle n'ait plus d'air dans les poumons, peu avant qu'elle ne s'évanouisse. Et répétait l'opération... Encore et encore. Lorsque ça ne suffisait pas, elle laissait choir le corps meurtri de la femme au sol et claquait des doigts. Le signal que ses hommes de main attendaient pour la bastonner. Le premier jour, elle avait bien essayé de se montrer plus humaine, voire confidente, en passant doucement sa main dans les cheveux de la fanatique pour comprendre pourquoi elle faisait venir ce monstre dans son domaine. Elle gardait les lèvres scellées... Erzébeth retourna dans les cuisines, passant devant le chef qui cette fois-ci se protégeait derrière un cuisinier. Elle venait simplement chercher de quoi nourrir la suppliciée. Elle essayait la bonne méthode... Celle qu'on pouvait qualifier de douce, voyant que ça ne mènerait à rien, elle avait perdu patience. Seuls ses hurlements et plaintes trahissaient le fait qu'elle n'était pas muette. C'était un bon départ.

« Baronne, je ne connais pas les méthodes d'usage ici, mais je ne sais pas s'il est vraiment nécessaire qu'elle soit torturée... »
Erzébeth appréciait cette remarque ô combien juste, en effet, il n'était pas nécessaire, mais si elle n'était pas la cause des tourments de ce château, la rumeur de cet acte ferait vite le tour des villages, c'était ce qu'elle voulait, si ça parvenait aux oreilles de la personne concernée, peut être qu'elle cesserait ces arts maudits.

Lydia était une femme délicate, mais ferme, elle comprenait ce que voulait Erzébeth, approuvant qu'à moitié de telles méthodes, elle se doutait néanmoins du caractère que cachait la jeune Baronne.

« Pourquoi ! Je veux savoir pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Parlez ! »

La nécromancienne recommençait à cracher, du sang cette fois-ci, elle déglutissait avec peine et n'arrivait que difficilement à rester éveillée tant elle était meurtrie et fatiguée. Erzébeth tirait ses cheveux, en arrachant des poignées entières, sa fureur faisait pâlir de peur sa garde. A ce jour, les séances de torture effrayaient plus le personnel du château que l'esprit malin qui y rôdait parfois...

« Ca suffit ! Je me débarrasserais de vous ! Ça suffira peut être à faire mourir ce puits maléfique qui vit sur mes terres. »

Elle déposa sur une plaque creuse de fonte une de ces baguettes de plomb qu'elle utilisait pour frapper les doigts pour la placer au dessus du feu. Au bout de quelques minutes d'effroyable silence, et lorsque le plomb fut liquide, elle dit à ses gardes :
« Ne l'égorgez pas, versez lui une goutte de ce plomb sur chaque œil, versez le reste dans sa bouche, qu'elle ne puisse ni voir ni parler. Déshabillez la, et abandonnez cette vermine dans les bois... »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Ven 11 Mar 2011 04:23 
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Dans le domaine, des hurlements. Il y avait de quoi glacer le sang, cette monstruosité semblait s'être doucement calmée, mais je la sais toujours présente, j'ai cette effroyable sensation d'être épiée, d'être regardée par quelques monstres tapis dans l'ombre, me convoitant non sans un certain appétit que je me refuse d'imaginer. Erzébeth a doublé la garde dans nos quartiers, elle m'a même donné l'autorisation de porter une arme, privilège que toutes les servantes n'étaient pas dignes d'avoir. Aussi, pour ne pas susciter de jalousies, j'ai décliné la proposition de la Baronne. Comme je l'attendais, elle me traita d'idiote avant de me renvoyer dans mes appartements, m'ayant temporairement confisqué l'escorte. J'ai peur. Nous sommes ici, seules, toutes probables victimes, telles des proies qu'une créature noire mangeuse d'ombres cherche à attirer dans ses griffes...
Journal de Svetjana


Erzébeth souhaitait savoir d'où pouvait bien provenir cette créature, suivant les indications de Cèles, elle avait fait détruire le mur qui barricadait les anciennes catacombes. Elle espérait d'ailleurs que ce n'était pas la raison pour laquelle Mircalla lui avait confié le domaine. Les pierres n'étaient tenue que grâce à leur poids, il n'y avait aucun mortier, une construction rapide mais à l'épreuve de l'érosion, phénomène étrange car les caves étaient enfoncées dans le sol, gelé et noyé de nombreuses pluies.

Les hommes, armés de piques éclataient les pans de mur pour chercher un accès qui mènerait aux boyaux souterrains où ils espéraient trouver l'endroit secret où la créature se reposait. La Baronne s'était montrée très ferme, les quatre valets chargés de trouver ce lieu maudit avaient plus peur de la femme que de la créature. Car la règle était simple, si à la fin de la journée ils n'avaient rien trouvé, ils seraient emmurés dans les catacombes pour servir de pitance à cette abomination. D'autant plus que les soldats impitoyables étaient là pour veiller à ce qu'en aucun cas ils ne ralentissent la cadence. Elle regrettait presque d'avoir fait tuer la nécromancienne, elle aurait pu l'utiliser pour gratter la pierre de ses ongles jusqu'à ce qu'elle trouve le lit démoniaque où se terre l'essence de l'horreur des servantes. Ces oies devenues maladives craignaient chaque fois le moment où elles sortaient de leurs loges. Il n'était plus question de jeux, de rire dans le château. Erzébeth était redevenue de givre et de glace.

« Dame Erzébeth ? »
La voix de Katalina lui était devenue si singulière. Cette servante, bien que discrète plaisait beaucoup par ses manières à la Baronne. Elle avait ce comportement animal, à sang froid. Ce regard noir, son sourire cruel comme si chaque fois qu'elle tendait la coupe, elle y avait déposé avec soin une sournoise boulette de coquelicot. Elle était de toute évidence bien plus instruite que les oies comme Teresa et Zsuzanna. La Baronne lui rendait ce sourire sinistre en acquiesçant :
« Et bien ? Ne reste pas plantée là comme un cèpe, parle.»
« Je suis porteuse d'une missive qui captera probablement l'attention de madame. »
Elle avait de ces allures de vipères, ses lèvres rouges semblaient prêtes à laisser s'échapper une langue fourchue, à l'image de ces reptiles rampants mais tout aussi mortels.

« Soit. Lis donc. »

"Madame la Baronne,

J'ai entendu le plus grand bien de votre domaine et serais réellement intéressée par une rencontre avec vous. J'ai ouïe dire que votre présence à la Cour n'était pas des plus fréquentes et, de même, il m'est difficile dans mon état que de m'absenter.

Vous ne m'en voudrez très certainement pas, je l'espère, de vous avertir que j'ai envoyé mon plus fidèle chevalier à votre rencontre. Tisis possède toute ma confiance et s'exprime en mon nom. Je vous prierais de bien vouloir croire que chacune de ses paroles est dite par moi-même.

Encore toutes mes excuses pour l'arrivée rapide, mais hélas le temps n'est en ce moment pas en mon loisir.

Vous donnant toutes mes sincères salutations, dans l'attente de nous rencontrer in personne.

Victoire de Blanchefort,
Fille de feu le duc Pierre de Blanchefort."


S'en suivit un long silence, Erzébeth était pour le moins étonnée, une personne qui désirait selon ses dires, ardemment la rencontrer et qui envoyait en tout et pour tout un servant ? Pour elle, ceci n'avait guère de sens. Mais, faute de connaissances approfondies sur les usages de la noblesse hors de ses terres, elle n'en tiendrait pas rigueur, d'autant plus qu'elle était à cet instant plus préoccupée de savoir si les éboulements de murs à répétition servaient à quelque chose. Cèles resta sur ses positions, affirmant que dans l'une de ces galeries, elle trouverait le lieu de repos du monstre.

« Désirez-vous répondre madame ?»
« Certes, vous ordonnerez que la lettre que je vous confierai soit conduite à Tisis, non pas à Victoire de Blanchefort, après tout, c'est son chevalier que je rencontrerai... »

Deux hommes armés se détachaient de sa garde personnelle pour renforcer les rangs des officiers qui se chargeaient de surveiller les travaux, les galeries étaient scindées en plusieurs petits couloirs. D'anciennes oubliettes... Les servantes apportaient de l'eau, des torches neuves et de la cordelette de lin afin que les valets puissent retrouver leur chemin. L'odeur était pensante, l'humidité rendait l'air presque irrespirable, d'autant plus qu'il était chargé d'odieux relents suspects.

Erzébeth se rendit à son office pour écrire la réponse. Si sa correspondance était si pressée, il ne fallait pas perdre davantage de temps pour rédiger une réponse. Elle se demandait que dire, préférant rester sobre, elle rédigea quelques lignes, simples mais presque chaleureuse, totalement à l'encontre de son humeur actuelle...

Mon amie
Bienvenue sur les terres de Bouhen.
Je suis impatiente de vous connaitre.
Sur les routes, mes troupes patienteront
votre arrivée afin de vous escorter jusqu'à mon château.
Je souhaite que votre voyage depuis
la Cité Blanche se soit déroulé dans
la joie, et que vous vous félicitiez
de votre venue sur mes terres.

Votre amie.


Katalina patientait sagement derrière elle, s'approchant à pas de velours, à pas de femme lorsqu'Erzébeth faisait couler la cire noire sur le parchemin afin de le sceller. Le symbole de Keresztur que chacun de ses hommes arborait à l'épaule et sur le bouclier. La croix rouge sur fond noir. Elle ordonna qu'on fasse préparer un cheval rapide, qu'elle ne tolérerait aucun retard, et gare si Tisis annonçait à son arrivée l'ignorance de cette lettre.

Plus bas, les valets travaillaient avec peine dans ces galeries étroites et glissantes, cependant, l'un d'eux semblait approcher du but à en juger l'odeur terrible qui émanait de la végétation noire et gorgée d'un liquide étrange qui tapissait les murs...

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 12 Mar 2011 17:52 
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« Cela faisait déjà quelques jours, l'esprit avait provoqué la chute d'un valet dans les escaliers, il s'était brisé le poignet. Erzébeth avait fait aménager un espace dans les étages supérieurs qui faisait office d'hôpital pour les effarouchés et les blessés. Lydia était occupée à la formation des archers, Erzébeth quant à elle cherchait un maître d'armes pour les entrainements à l'épée de ses troupes. Au moins, l'esprit farceur donne un peu d'animation au château, c'est pas un mal...»

Les séances de doléances étaient régulières, aujourd'hui, Erzébeth était assise à la grande salle et patientait les visiteurs. Le plus souvent, il s'agissait d'un problème de voisinage, ou des voleurs, bandits de grand chemin. Les forces armées était trop faibles pour couvrir efficacement la totalité des terres de Keresztur, elle peinait à assurer le confort et la sécurité des marchands inopinés. D'ordinaire, lorsqu'ils envoyaient une missive, elle prenait soin d'envoyer un groupe de cavaliers pour assurer l'escorte.

Essentiellement obsédée par la sécurité, l'ordre, et la fidélité. Elle songeait même à ouvrir une institution, créer un ordre sacré que rejoindront les âmes désireuses de cette utopie. Keresztur était au milieu de bois, rocs, et terres souvent enneigées. Il y avait quelques brigands qui sévissaient près de sa frontière, les bohémiens qui vivaient au pied du château n'étaient pas pénibles, on entendait pas parler d'eux.

Elle s'ennuyait à attendre la venue d'un marchand qui lui avait adressé une missive. En picorant quelques grains de raisin, elle songeait aux propos qu'elle lui avait adressé en cherchant une idée.

La lettre en question lui indiquait qu'un marchand venait aux alentours du château avec son chariot, elle lui avait répondu qu'il pouvait profiter d'une maison aux abords de Keresztur en laissant son chariot dehors. Or, il avait demandé audience, escorté par Zsuzsanna, il arriva, se présentant comme venant de Kendra Kâr.

« Baronne, comme vous me l'aviez demandé, j'ai laissé mon chargement dehors lorsque je dormais. Mais un voleur est venu s'emparer dans mes affaires d'une somme de 457 Yus. »

Il ne parlait pas très fort, il avait la mine basse et ne cessait de triturer son couvre chef qu'il avait pris soin d'ôter en voyant la maîtresse de ces terres. Erzébeth soupira, elle semblait lasse des voleurs qui sévissaient sur les terres malgré la peine de mort imposée. Pour cause, elle ne pouvait affecter un garde propre à chaque visiteur. Mais la peur, elle savait se répandre partout. Une idée aussi infâme que terrifiante vint éclore dans son esprit torturé.

« Sois donc tranquille, ton or te sera rendu et le voleur châtié. »

Elle ordonna à Lydia de détacher quarante de ses hommes de main pour investir le village où le marchand avait été volé.

« Lydia, trouvez cet individu avant la tombée de la nuit, sinon, exterminez le village ! »
Lydia comprenait parfaitement le petit jeu de la Baronne, elle savait que de peur, les habitants finiraient par dénoncer le voleur s'il ne le faisait pas lui même. C'était le joug de la peur...

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Sam 12 Mar 2011 22:02 
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Les deux femmes et le ménestrel parvinrent à trouver leur chemin, celui-ci se faisant de plus en plus escarpé à mesure qu'ils avançaient. Les bois se firent sombres et lugubres, des plateaux aux pics marqués se dessinant dans les hauteurs. Tisis était déjà habituée aux chevauchées en montagne, mais elle se rendit bien vite compte que ce n'était pas le cas de Millana, devant de fait ralentir la marche.

Bordant les bois et la forêt alpine se trouvaient des champs, plutôt maigres, bordés de fermes sales et dans un mauvais état pour la plupart. Arrivant dans un hameau, Tisis se rendit compte que la richesse ne semblait en effet pas être d'actualité, Adenisio ne manquant pas de rappeler la légende de la baronne qui non seulement buvait le sang, mais surtout l'argent des habitants de ses terres.

La peur semblait cependant bien présente, elle: à peine furent-elles dans le premier village, passant sans démonter, que les portes des maisons de fermaient et que les femmes rangeaient leurs enfants, regardant avec méfiance les étrangères. Tisis se demandait ce qui pouvait créer ce genre de frayeur, l'hospitalité ayant toujours été de mise à Blanchefort, aussi loin qu'elle s'en souvienne. Ceci dit, elle s'y était toujours présentée en temps que fille du duc, ce qui devait rassurer les serfs.

Finalement Tisis aperçut le château du domaine, qui dominait une falaise à plusieurs lieues. A pic, le castel était idéalement placé, dominant toute la région. De loin il ne semblait pas accueillant, de pierre noire et à l'aura menaçante. Alors que le petit groupe se préparait à longer une grande faille, se dirigeant vers une piste de montagne abrupte, les son de chevaux les firent s'arrêter.

Par instinct la sœur du duc porta la main à son arc, qu'elle fit lentement glisser, prête à réagir s'il s'agissait de bandits. Elle n'avait jamais tiré à cheval, mais sa monture était suffisamment stable pour qu'elle s'y essaye., à son avis.

Un groupe de cavaliers armé les rejoignit, bien équipés et organisés, ce qui dissipa tout de suite l'idée de maraudeurs. Les hommes se séparèrent, encerclant Tisis et sa suite, les armes prêtes à être brandies:

"Déclinez votre identité et votre affaire sur les terres de Keresztur. Toute résistance sera punie par la mort."

L'homme qui avait parlé semblait être un sergent, ou en tout cas le premier gradé des cinq cavaliers en armes. Adenisio fit mine de s'avancer pour parler, mais Tisis lu barra le passage du pied, avant de s'adresser aux gens d'armes:

"Mon nom est Tisis, Dame Chevalier de Blanchefort. Mon arrivée a du vous être avisée par coursier.
-Ne deviez-vous pas venir par les routes de Kendra Kâr?
-Pas avec les brigands qui y sévissent. Maintenant, vous semblez au courant de ma présence, dirigez moi donc vers la demeure de la baronne.
-Oui, nos excuses Madame, nous chassons une bande de voleurs, nous ne voulions pas vous effrayer. Suivez nous je vous prie."

Adenisio eut le loisir de monter derrière un jeune garde, visiblement soulagé de ne plus devoir marcher, ne serait-ce pendant quelques haltées. Les cavaliers accompagnèrent Tisis et Millana par un chemin sinueux, ne les lâchant pas une seconde. Était-ce par souci de sécurité, ou de contrôle? La jeune fille n'aurait su dire et, au final, cela ne l'intéressait guère.

A mesure que se rapprochait le château, de la neige et des restes de gelés matinales se laissaient apercevoir, sur le sol et dans les arbres. Le seul son pleinement audible était celui des sabots et le cliquetis des armes, la nature semblant silencieuse, comme dans un demi-sommeil. Il y avait bien des traces d'animaux de-ci de-là, mais elles n'étaient pas légion.

La servante de Victoire ne semblait pas sûre d'elle, maintenant son cheval à une cadence décente, mais son regard se perdant régulièrement dans les profondeurs boisées, sombres malgré le blanc duvet. Un moment, quelque chose attira l'œil de Tisis, une tache brune sur un arbre, quelque chose semblant se trouver sous la neige à côté. Elle n'aurait pu dire de quoi il s'agissait, mais la forme lui rappela vaguement celle d'un corps de femme. Elle en frissonna, se disant qu'elle se faisait certainement des idées.

La troupe parvint finalement au pied de la colline escarpée, un chemin sinueux se dirigeant vers les lourdes portes de bois du château.

"Faîtes attention à vos chevaux, la route est difficile."

Le sergent avait raison, de nombreux nids de poule de profilaient, manquant irrémédiablement de casser une patte de la monture si le cavalier n'y prenait garde. Tisis flatta l'encolure de Caelia, la guidant lentement, ne prenant aucun risque. Elle imagina un instant devoir s'enfuir en catastrophe des lieux, aucune solution convenable ne lui venant à l'esprit. Ce n'était pas rassurant...

Après la longue montée, le château avait l'air beaucoup moins grand, une fois aux pieds de celui-ci. Il restait très facile à défendre, aucune attaque de front n'étant possible sans souffrir des pertes titanesques, mais il demeurait de taille modeste. De même les défenses étaient entièrement orientées vers le long chemin descendant, les défendeurs n'ayant véritablement qu'un versant à occuper. Il devait pourtant y avoir plusieurs passages souterrains pour sortir au loin, la demeure étant sinon très vulnérable à un siège ou un blocus.

Le crissement de la lourde herse arracha Tisis à ses pensées, avant qu'elle ne fasse entrer sa jument à l'intérieur. Comme à son impression, les lieux étaient finalement peu impressionnants une fois dans la grande cour, même si elle releva un souci du détail qui n'avait que peu à voir avec l'efficacité martiale. Elle remarqua néanmoins que beaucoup de soldats étaient stationnés, davantage que les lieux ne l'exigeaient, à première vue. Cela donnait un sentiment de sécurité, mais l'arrière goût de la guerre n'était pas loin.

Un palefrenier ne tarda pas à s'approcher, répondant à un signe du sergent qui souhaita une bonne journée à la sœur du duc, avant de s'excuser, ressortant de la petite citadelle. Tisis et Millana mirent pied à terre, confiant leurs montures à la garde du jeune homme qui semblait vraiment très concentré sur la tâche qui lui avait été confiée. Une servante aux cheveux blonds ne tarda pas à s'approcher:

"Dame Chevalier Tisis?
-Oui c'est moi-même.
-Si vous aviez l'obligeance de me suivre, la Baronne vous attend avec impatience."

Tisis suivit la servante, qui la dirigea non pas vers le logis mais vers une petite porte qui donnait directement sur la cour. Un homme en sortit d'ailleurs, plutôt bedonnant, tenant toujours à la main un chapeau de couleur sombre. Il semblait visiblement satisfait, se déplaçant d'un pas pressé, ne saluant pas la Dame Chevalier au passage.

La servante fit patienter Tisis quelques instants, allant s'enquérir auprès de la maîtresse des lieux de sa disponibilité. Elle ne mit pas longtemps à revenir, faisant signe à la jeune fille et à sa suite d'entrer.

A peine eut-elle mis les pieds à l'intérieur que Tisis se figea: une belle femme aux cheveux sombres et aux vêtements luxueux était assise derrière un bureau, visiblement lasse, s'adressant à quelqu'un que la sœur du duc reconnut immédiatement: Lydia. la jeune fille réfléchit très vite, se demandant comment elle allait pouvoir se faire passer pour une Dame Chevalier auprès de la Baronne et surtout si son amie la soutiendrait dans ce jeu dont elle ne connaissait pas encore les tenants et les aboutissants. Son cœur battait la chamade.

Son regard croisa celui de l'archère, qui resta elle aussi perplexe un instant. Tisis aurait volontiers profité de ce moment de latence pour se présenter, en espérant que cela serait convainquant, si Adenisio ne l'avait pas devancée:

"Madame la Baronne, nous vous remercions chaleureusement pour votre accueil si prompt. Les légendes qui vantaient votre beauté étaient bien éloignées de la réalité, je puis vous en assurer. Et pourtant elles étaient déjà des plus flatteuses!"

Il marqua une très courte pause, reprenant de manière plus respectable:

"Laissez-moi vous présenter la Dame Chevalier Tisis, la plus fidèle servante de Mademoiselle Victoire de Blanchefort, fille de feu le duc Pierre de Blanchefort, ainsi que son humble serviteur, Adenisio, Barde et Poète de son état. C'est un ravissement que de faire votre connaissance, au nom de tout Blanchefort."

L'intervention du ménestrel aurait pu être agaçante, mais il avait expliqué en peu de mots le message que Tisis voulait faire passer. De plus, un chevalier accompagné de son barde était signe de succès et de qualité et au final était assez crédible, bien que l'accoutrement de l'homme n'avait rien d'élégant.

Tisis profita du court silence pour rebondir, ses yeux passant de Lydia à la Baronne:

"Je vous présente tous mes remerciements pour votre accueil si rapide. Je vous présente aussi toutes mes excuses, Mademoiselle Victoire aurait voulu se présenter elle-même, mais hélas des affaires ennuyeuses l'ont gardée à la Cité Blanche. J'espère que vous pourrez lui pardonner ma présence, qui ne saurait égaler en aucune manière la sienne."

Se disant elle s'était inclinée quelques peu, saluant les deux femmes respectueusement, imitant ce qu'elle avait vu mille fois dans son propre château.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 13 Mar 2011 01:11 
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Tandis qu'elle achevait ses dernières directives auprès de son éminente archère, Erzébeth ne ratait rien de l'entrée de la tant attendue Tisis. Zsuzsanna avait compris la leçon en allant immédiatement introduire les visiteurs à la Baronne...

Lydia prit congé, s'approchant lentement de la Dame chevalier fraichement venue de la Cité Blanche. Portant son regard sur elle, amusée, elle quitta la pièce, prête à traquer le brigand et le ramener au plus vite. Ainsi était le début de la vie à Keresztur, des petits vols qui nuisaient à la réputation de ses terres. En aucun cas elle permettrait que cela cesse. Les taxes augmentaient, l'armée grossissait, ses troupes se perfectionnaient. Si Tisis était arrivée un peu plus tard, elle aurait pu terminer une transaction avec un homme des Dunes. Elle enviait leurs chevaux rapides et résistants et envisageait d'en acheter des dizaines pour renforcer ses rangs équestres. Toutes ces petites affaires de la vie courante devraient patienter durant quelques temps. L'esprit malin qui croupissait dans les douves, les voleurs, Tisis.

« Venez, approchez-vous sans craintes et soyez les bienvenues dans mon humble demeure. »

Elle jeta un regard noir au barde qui, selon elle avait la langue trop pendue. Elle n'appréciait pas les flatteurs, encore moins les menteurs depuis qu'elle punissait le mensonge de la peine de mort. Aussi, elle ne comprenait pas pourquoi elle venait accompagnée d'une servante, elle aurait tout ce dont une femme de son rang pouvait espérer sans avoir à ramener ses breloques.

« Pardonnez moi ce bien piètre accueil, j'ai plusieurs affaires qui requièrent malheureusement, une grande partie de mon attention. »

D'un signe de la main, elle demanda à Teresa de venir s'approcher, elle lui murmura au creux de l'oreille qu'ils devaient probablement avoir faim, que l'idée de leur proposer quelque chose à manger ne serait pas vaine. Elle eut donc pour directive de faire venir de quoi satisfaire la faim des voyageurs. A commencer par quelques fruits et tranches de pain pour patienter l'appoint des cuissons des viandes.

La première chose qu'elle remarqua, fut le respect des usages de Tisis, les manières de son barde lui évoquait celle de son chantre, aussi, elle songeait à l'ignorer afin de ne pas se montrer trop sévère dès l'arrivée de cette femme qu'elle attendait avec grande impatience.

Le caractère politique de cette relation cachait quelque chose d'incertain, elle le savait parfaitement, elle se montrerait patiente pour savoir quoi. A ce jour, Erzébeth considéra Tisis non pas comme Dame chevalier, mais comme assistante à sa propre cour. Quoi de mieux qu'un jour de doléances pour jauger ses réactions.

« Tisis, approchez. Un homme vient de quitter cette salle, un fourbe lui aurait dérobé dans son sommeil 457 Yus. Mes hommes ont ordre d'exterminer le village au soir si le voleur court toujours. Ai-je bien agis ?»

Tandis qu'elle plissait les yeux pour plonger son noir regard dans celui de la femme, elle faisait rouler un grain de raisin entre des doigts, monopolisant toute son attention au regard de la jeune femme, espérant trahir quelque chose dont elle n'avait pas connaissance...

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 13 Mar 2011 01:52 
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Lydia ne fit pas de commentaire, sortant de la pièce avec des ordres, de ce que pouvait en juger Tisis. La Baronne lui souhaita alors la bienvenue, semblant être plus nuancée quant à la présence d'Adenisio et de Millana. Tisis se rendait bien compte qu'une servante accompagnant une noble dame était on ne peut plus normal, mais qu'avec une Dame Chevalier, on aurait d'avantage attendu un écuyer. Ceci dit, Dame Odeline n'avait pas eu vent de cela et la sœur du futur duc ne voulait pas attirer des soupçons. Pour l'instant seul la servante était au courant, Lydia ayant très certainement compris le gros de l'affaire.

Tisis avait une impression étrange quant à son hôtesse, ne pouvant mettre le doigt dessus. La femme semblait dangereuse, son regard n'était pas celui d'une jeune noble nouvellement baronne, elle semblait quelque peu déplacée. De plus, l'accueil avait été fait par elle en personne et Tisis n'avait pas entendu parler du Baron. Si cela ne la gênait pas plus que cela qu'une magicienne vive de manière indépendante, c'était dans ce cas assez peu commun. Ceci dit, tout ce qu'elle avait entendu provenait du barde, qui n'était probablement pas de ceux à compter les hommes dans leurs palabres.

Une enfant aux cheveux châtains se vit confier la tâche d'apporter de quoi se restaurer à Tisis et sa suite, en attendant que le repas soit prêt. La jeune fille fut alors totalement prise au dépourvu par une question de la Baronne, demandant si elle avait bien fait d'ordonner l'exécution d'un village pour un simple vol. Ce n'est pas tant le problème en lui-même qui décontenança l'adolescente, mais le fait qu'elle soit posée aussi abruptement et tôt dans la discussion, avant même qu'elle n'ait pu s'installer.

C'était de toute évidence un test, voire un jeu, mais ce n'était pas le genre qu'elle aurait attendu à ce moment. Elle répondit néanmoins, gardant le visage haut et droit:

"Je ne pense pas que ce soit à moi d'en juger. Mais puisque vous me demandez mon avis, je jugerais qu'il s'agit avant toute chose d'une question économique. Si vous devez éliminer tous ces habitants, ce sera autant de récoltes et d'impôts de perdus, qui au final dépasseront au bas mot dix fois la somme perdue."

Tisis n'aimait pas l'idée de tuer des innocents. Elle avait passé sa vie à apprendre que le duché passait par les habitants et qu'il fallait être juste. Les despotes ne duraient qu'un temps, du moins à ce qu'elle en savait, le peuple devant toujours soutenir celui qui était à sa tête. C'était d'ailleurs entièrement là-dessus qu'elle devrait compter quand elle irait reprendre Blanchefort: la haine de l'envahisseur et l'amour de feu le duc Pierre.

Cela lui en apprit cependant long sur la femme qui se tenait en face d'elle: elle ne semblait pas comprendre ce qu'était la pitié et avait l'air autoritaire, voire cruelle. Cela n'était pas pour plaire à Tisis, mais si la Baronne maintenait autant qu'on le disait son indépendance, c'était quelqu'un avec qui compter.

"Peut-être que vous pourriez simplement récupérer pour exactement 457 yus dans le village, de manière arbitraire. Si les villageois connaissent le coupable, ils le dénonceront, mais vous passerez à la fois pour quelqu'un de juste et de stricte. Je ne pense pas que cela fonctionnerait dès le premier vol, mais au bout d'un certain nombre, les voleurs perdraient tout soutien de la population et vous n'auriez aucun risque de révolte."

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 13 Mar 2011 02:25 
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Erzébeth écoutait avec une certaine attention les propos de la Dame chevalier, tandis que Teresa revenait souriante avec un plateau de lait de chèvre tiède, pain blanc, poire et une graisse salée froide additionnée d'oignons. Son sourire fut rapidement avalé lorsqu'elle vit les expressions des femmes et le pieu silence qui régnait dans la pièce.

En effet, le risque était de perdre les récoltes, les impôts auraient été augmentés dans les autres villages alentours. Cependant, le propos était à la fois plausible. Erzébeth ne voulait pas être juste, elle voulait être ferme. Une femme seule, à la tête d'un domaine était un défi quotidien. Non pas seulement au point de vue de la politique, mais tout également sur celui de la considération, un groupe de paysan en colère pouvait bien surprendre un cordon de gardes entrainés et par la suite provoquer la chute du noble.

Elle devait protéger les terres et s'assurer la fidélité de ses habitants vaille que vaille. Elle répondit à la jeune femme, elle savait qu'elle avait raison dans un sens, mais n'approuvait en rien ses propos.

« Et si... J'ordonnais que votre barde trop bavard et votre servante soient tous deux empalés si vous ne me donniez pas immédiatement la somme réclamée par le marchand ? Vous choisirez de les laisser périr ?»

Erzébeth se leva, et s'empara immédiatement du plateau des mains de Teresa, la jeune femme recula, trop habituée à ce genre de situation et craintive d'un débordement qui ferait que les trois individus soient torturés et empalés sur la croisée des chemins.

« Assurément madame de Blanchefort a su vous estimer à une valeur qu'elle ignore encore. Soyez ici chez vous. »

Erzébeth souriait cruellement, elle appréciait le franc parler de la jeune femme, quant bien même leurs propos divergeaient, elle trouvait de la valeur, non pas dans l'idée mais la femme. Si elle avait menti, Cèles n'aurait pas tardé à le découvrir, et la sanction serait vite tombée. Elle savait déjà se passer de l'aide du roi, il en était pour l'instant de même pour celle du domaine de Blanchefort. Cependant, cette petite intrigue l'intéressait et titillait son impatience.

« Les villageois trahiront le voleur avant ce soir, pour eux, leurs enfants ont plus de valeur qu'un malfrat. C'est bien pour ça qu'ils ne se révolteront pas, à leurs yeux, je suis bien plus cruelle que les Orques... »

Elle demanda Katalina. La brune vicieuse et nocive ne tardait pas à accourir de toute sa langueur, elle était différenciée des autres servantes, sa tenue ressemblant aux teintes d'Erzébeth, sa robe noire aux collerettes de jupon pourpres. Teresa, sa chambrière n'appréciait pas cette femme pour ses manies sinistres, comparant constamment son ombre à celle d'un odieux serpent rampant dans les couloirs. Ses petites lèvres se tiraient, remuant son menton rond. Un manège emprunt du vice lui même qui fit détourner le regard de Teresa.

Elle ordonna que l'on donne 458 Yus au marchand, que cette somme soit replacée dans son chariot. Elle ne fit pas prévenir les soldats, elle savait que trop bien selon les indications de Cèles que tout ceci allait être porteur.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Dim 13 Mar 2011 08:59 
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La servante revint avec un plateau d'encas rustiques qui n'était pas pour déplaire à l'adolescente qui n'en montra rien cependant, attendant simplement que ne parle la baronne.

La femme réagit vivement, demandant ce que Tisis ferait si elle demandait que sa suite soit empalée pour cette affaire. Millana blanchit, devenant presque livide, le barde s'étant tu quant à lui, ce qui relevait de l'exploit.

La peur. La baronne en usait, elle voulait créer une aura de terreur autour d'elle, se faire craindre de toutes et de tous. C'était son arme et sa manière de gouverner ses terres. Tisis ne se laissa pas aller à cette peur cependant. Manquer de se faire violer et égorger dans sa propre chambre, voir sa mère suppliant la mort, faire l'appât dans un village jonché de dizaines de corps, tout cela lui avait appris le vrai sens de la terreur et de la fragilité.

Mais elle n'était pas venue sur ces terres pour avoir peur. Elle était venue pour la guerre qu'elle comptait mener et le seul sentiment qu'elle devait laisser était celui de la vengeance. Peu importait les événements, elle n'avait pas le droit de mourir ailleurs qu'à Blanchefort, pas tant que la vérité n'aurait pas éclaté.

"Je suis tout à fait encline à rembourser les dettes que j'ai moi-même contractées, ainsi que celles de Mademoiselle Victoire, mais ce n'est là résolument pas le cas. Je tiens aussi à vous informer que, même si le barde me doit la vie, je n'ai pas encore trouvé son utilité. Il parle en son nom et assumera les conséquences s'il vous insulte de quelque manière que ce soit, selon les lois de vos terres."

L'homme jeta un regard noir à sa sauveuse, qui ne se laissa pas décontenancer:

"Millana, cependant, m'a été confiée par une amie chère. Ses fautes sont les miennes et j'assumerai l'entière responsabilité de ses erreurs."

Tisis savait qu'il fallait se montrer ferme, comme devant un animal prédateur. Fuir de quelques manière que ce soit était bien plus risqué que de faire face. De toute façon, elle n'avait guère l'intention de se dérober.

L'hôtesse sembla apprécier la franchise de son interlocutrice, se levant pour aller s'emparer du plateau, complimentant de manière mystérieuse la jeune fille. Tisis n'avait rien manqué de la démarche de la Baronne, qui n'était pas celle d'une femme de Cour, mais quelque chose de bien plus fluide et félin. Elle sentit que les muscles de la créature étaient tendus, comme ci elle était prête à en découdre personnellement. Il était compréhensible que sa place à la tête du domaine soit un mystère pour les nobles de Kendra Kâr, avec lesquels elle ne partageait guère de point commun.

Finalement, elle informa Tisis que le but de la manœuvre était la dénonciation du coupable, tuer les enfants étant le dernier recours. Même si elle trouvait l'idée ignoble, la jeune fille se rendit compte qu'au fond, elle n'était pas choquée par celle-ci. Elle savait qu'elle aurait du réagir, être révoltée et pourtant cela la laissait indifférente, comme vide. Dans un sens, c'était même quelque part bon signe: la baronne de Keresztur savait prendre des décisions difficiles sans sourciller. Elle avait cependant tort de ne pas craindre de révolte. Le moindre signe de faiblesse, la moindre maladie d'hier, le tout couplé à des espions du roi et la baronnie risquait de s'embraser comme un feu de paille. Tisis avait déjà entendu nombre d'histoires similaires, son précepteur ayant été très clair quant à la gestion du domaine qu'elle se verrait octroyer une fois mariée.

"Millana, allez chercher dans mes sacoches le cadeau que Mademoiselle Victoire m'a donné."

La servante s'inclina, saluant d'abord sa maîtresse puis celle des lieux, avant de se diriger vers la sortie. Une jeune fille du nom de Katalina avait entre temps eu pour mission de payer le marchand. A priori, et à raison, il semblait important que ceux qui apportaient la richesse soit bien traités. Il y avait très certainement peu de routes commerciales reliant la petite baronnie, un point sur lequel Tisis pourrait très certainement appuyer pour obtenir du soutien militaire.

Millana revint assez rapidement, tenant entre ses mains une amphore de vin de Beauclair. L'adolescente lui prit des mains, s'approchant de la baronne:

"Ce n'est hélas que peu, Mademoiselle Victoire en est désolée. Elle espère que cela vous plaira néanmoins, s'agissant de la fierté du duché."

Malgré son armure, Tisis faisait frêle et légère, les mains qui tendaient le vin bien trop fine et sans rugosité. Au mieux elle ressemblait à une Dame Chevalier d'apparat, au pire, à une duchesse en devenir. Son âge ne jouait pas non plus en sa faveur, car même si l'échappée de Blanchefort avait marqué ses traits, elle restait une demoiselle bien jeune.

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MessagePosté: Dim 13 Mar 2011 16:54 
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« Soyez certaine Tisis, que je n'oublierai pas le geste de votre maîtresse... »

Quant bien même il ne s'agisse que de vin, Erzébeth appréciait les attentions, ça avait tout à envier à la parure de bijoux offerte par Mircalla, toujours absente. Cependant, elle proposa de partager le vin lorsque les viandes et autres victuailles viendront à table. Elle écouterait à ce moment les propositions de la Dame chevalier.

Cèles partageait ouvertement ses interrogations au sujet du véritable statut de cette femme. La Baronne ne tarda pas à soulever les troubles venant de sa Faera. La créature éthérée attendait la question fatidique pour dévoiler la vérité. Les propos de la jeune femme semblaient appuyés. Erzébeth avait probablement sous-estimé cette jeune femme. Le petit jeu avait eu un résultat qu'elle peinait maintenant à comprendre correctement. Ce manège ne faisait qu'alimenter le doute quant à son identité, Cèles perturbait le flot prolixe de ses pensées par son agitation. Trop tentée de dévoiler la vérité, la seule chose qui l'en empêchait, c'était que le mensonge était puni de la peine de mort après que la langue eut été arrachée à vif. Elle savait par avance que cet entretien serait des plus prometteurs.

« Veuillez m'excuser un moment je vous prie. » Dit elle en déposant l'amphore au centre de la table, comme triomphante sur le reste des denrées. Elle invita les trois visiteurs à s'alimenter tandis qu'elle voyait avec Teresa quelque chose, à part, seule à seule.

Elle accompagnait la petite brune, toujours indisposée de l'existence de Katalina au pas de la porte. Questionnant sur l'avancée des recherches dans les souterrains. Teresa lui répondit qu'un valet avait chuté sur des petits pendentifs de bois, tous incrustés de signes anciens. Cependant, aucune trace de statue funéraire, ou même de cadavre. Ils approchaient du but certes, mais sans le voir. L'échéance arriverait bientôt pour les valets qui, morts de peur, s'acharnaient à découvrir le lieu maudit qu'ils devaient détruire. Or, Erzébeth demanda tout de même à voir le dit lieu de ses propres yeux avant d'en ordonner la destruction. Pour le seul plaisir de satisfaire sa curiosité.

Lorsqu'elle revint en salle, d'autres servantes disposaient sur table des plats, il y avait une pièce de viande rouge à la croute brune et fumante qu'elle découpait en larges tranches devant les invités. Des fruits en panier, un poisson aux yeux révulsés... Elle n'avait pas particulièrement faim, d'autant plus que ses séances n'étaient pas terminées. Elle s'attendait à encore quelques villageois mais plus le temps passait, moins l'espoir d'en croiser un grandissait. On ordonna que les bougies soient allumées, le foyer lui même s'embrasait et inondait la pièce d'une douce chaleur. Katalin revint de sa commission, annonçant non sans un sourire sadique que la somme était rendue avec une pièce de trop...

Erzébeth ne rendit pas le sourire, préférant la congédier. N'appréciant pas avoir Teresa dans la même pièce que Katalina, elle savait bien que la présence de l'une insupportait l'autre. Elles n'avaient qu'à faire semblant, le reste, elle s'en moquait.

C'était la baronne elle même qui retira le bouchon de cire du vin pour en servir aux invités, commençant par Tisis, la servante et en dernier le barde imbécile qu'elle n'appréciait pas. Ne prenant pas assise, elle s'excusa de ne pas vraiment partager le repas, elle se contentait à l'heure de quelques fruits et de pain blanc.

« Donc, Victoire de Blanchefort tenait à cette entrevue, mais au lieu de ça, vous voici porteuse d'un message. Je serai bien curieuse de savoir lequel... »

Elle reprenait son manège, fixant la Dame chevalier dans les yeux. Toujours pour espérer y déceler quelque chose, les servantes elles, tournaient le regard. Il était impressionnant de voir ô combien les yeux et le regard avait de poids sur le comportement d'un être. De nombreuses personnes tournent les yeux lorsqu'ils sont trop observés, selon la Baronne, les yeux reflètent la valeur de l'âme et l'aura du caractère. Tisis était Dame chevalier d'une Duchesse d'un compté autrement plus important que Keresztur, il y avait là un intérêt politique trop floue qu'elle ignorait.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 14 Mar 2011 00:20 
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La baronne remercia pour le geste d'une manière qui semblait véritablement sincère. Tisis avait du mal à saisit le comportement de son hôtesse, qui passait des menaces aux remerciements avec une facilité déconcertante. Son esprit semblait aussi travailler rapidement, son regard jaugeant avec insistance la soeur du futur duc, semblant troublé.

Elle proposa que l'on consomme le vin le soir même, lorsqu'un plat de viande serait servi. En attendant, elle avait une petite affaire à régler, laissant ses invitées quelques instants seules, leur laissant tout à loisir de se servir de l'encas.

Le barde ne s'en priva pas, commentant sur le froid de la baronne alors même que la garde n'avait pas quitté les lieux. Tisis le reprit, lui suggérant aimablement de se taire, car cette fois ce ne serait pas une cage au bord du chemin qu'il l'accueillerait s'il agaçait par ses sarcasmes. Il en prit note, se concentrant avant tout sur le pain et le lait de chèvre. L'adolescente se servit aussi, la faim lui nouant le ventre, sans pour autant abuser des mets. Elle autorisa Millana à faire de même, la jeune servante obéissant respectueusement.

La grande salle se vit rapidement transformer par le ballet des servantes qui, avec organisation, transformèrent rapidement les lieux d'une salle de doléance à la salle à manger de la demeure. La nuit tombant, des chandeliers furent installés, le feu ravivé. Les plats de viande ne tardèrent pas. L'hôtesse revint à ce moment, s'occupant de découper une pièce d'agneau qui était fort appétissante.

Ce fut la baronne en personne qui ouvrit l'amphore, servant dans un verre à vin Tisis, mais aussi sa servante et même le barde, qui la remercia d'un grand sourire. Il ne semblait pas comprendre que la femme ne l'aimait pas, à moins qu'il prenne cela pour un défi à relever. La baronne se servit en dernier, s'excusant de ne pas partager un repas complet, se contentant de les accompagner.

Dans tous les cas, c'était l'un des seuls sourires de tout le repas, l'ambiance étant vigoureusement tendue. Les deux nobles dames étaient comme deux lionnes, se fixant l'une et l'autre, poliment, mais de manière menaçante. Ce fut la maîtresse des lieux qui ouvrit la marche, demandant quel message était à la fois important, sans que pour autant la future duchesse ne prenne la peine de se déplacer.

Reposant le verre de vin, l'adolescente posa les yeux dans ceux de la baronne, s'exprimant comme elle l'avait toujours appris, sans trembler, avec fermeté mais sans agressivité.

"Mademoiselle Victoire m'a fait venir en vos terres pour deux raisons, qui son étroitement liées. Tout d'abord, elle souhaitait que j'améliore ma maîtrise des armes, qui est bien plus faible qu'elle ne le devrait être. Elle m'a informé qu'une certaine Lydia se trouvait à la tête de vos troupes, cette Lydia se trouvant être quelqu'un que ma maîtresse considère comme proche. Elle pense que je pourrais profiter de son expérience, si cela vous sied et lui convient, bien entendu."

La jeune fille marqua une pause, passant ensuite à la seconde raison, toute aussi importante:

"En second lieu, votre réputation à la Cour l'a intriguée et elle pense que ensemble, nos deux domaines pourraient surmonter les difficultés qui les accablent, ou en tout cas trouver des solutions."

Tisis pensait qu'il fallait jouer franc jeu, mais elle n'amena pas la discussion immédiatement pour autant. Agencer son discours était extrêmement important, la forme étant tout autant importante que le fond. Combien d'alliances avaient été brisées par des erreurs de protocole? Combien de guerres s'étaient déclarées sur des imbroglios? La jeune fille ne se permettrait pas ce genre d'erreur.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 14 Mar 2011 02:01 
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Erzébeth croisa les bras durant le discours de la jeune femme, ayant laissé tomber le grain de raisin sur la table. Les propos de la jeune femme étaient à la fois flous mais tout aussi intéressants. Comme lorsqu'on désirait susciter l'envie ou le désir, à savoir qu'est ce qui pouvait bien se cacher derrière des paroles aussi vides de sens que claires. En résumé, l'idée de fond était militaire...

« Donc, l'idée de votre venue est pour créer un aboutissement militaire ? » fit la Baronne, car c'était les dires même de la jeune Dame chevalier, elle prononçait deux idées soit disant étroitement liées, parlant de compléter sa formation militaire et enfin les deux domaines pouvant trouver des solutions aux difficultés qui les accablaient... Le domaine d'Erzébeth avait un problème clair : le manque de terre et d'habitants. Celui de Blanchefort... Son esprit de déduction lui susurrait qu'elle cherchait peut être une assistance militaire. Cependant, pour en être sûre, il fallait le lui demander. Erzébeth s'approcha du barde, restant plantée derrière lui les bras croisés, à le toiser en long et en large. Elle affichait une mine pensive, Teresa commencer à desservir les plats vides, bon prétexte pour s'éclipser. Dès lors qu'elle eut passé la porte, Katalina et sa langueur que seule Erzébeth supportait vinrent dans la grande salle.

La brune sournoise vint s'enquérir que tout se passait bien, mais elle avait également une autre nouvelle. Lydia, le marchand et un homme entravé entraient également dans la pièce. L'archère présenta fièrement le voleur qu'un couple avait trahit. Le marchand avait été invité à participer au procès dont la sentence était connue d'avance...
Elle ordonna que le voleur soit empalé par le fondement après écartèlement sur la place publique.

Le marchand s'approcha timidement, tandis que son voleur fut trainé dehors par deux gardes. Lydia se tenait à la droite d'Erzébeth, lançant de furtifs regards à la Dame chevalier. Katalina ne manqua rien du manège qui l'intriguait, aussi, le serpent s'approcha de Tisis et se planta juste à côté d'elle. Caressant son tablier noir et pourpre, souriant aux invités d'un air mauvais.

« Baronne, je voulais vous annoncer, je crois qu'après avoir compté ma fortune deux fois, qu'il y ait une pièce de trop dans la bourse. »
Lydia recula de quelques pas, la Baronne elle souriait sincèrement, l'air ravis, elle dit :
« Va en paix, si tu ne m'avais pas parlé de cette pièce de trop, j'étais prête à te faire empaler en compagnie de ce voleur. »

L'homme en perdit presque son chapeau, il sortit rapidement, comprenant avec peine la sentence qu'il venait de risquer. Au fond du couloir, les hurlements du voleur qui suppliait qu'on le relâche, comme s'il venait tout juste de réaliser qu'au lendemain, il y aurait un jour monde dont il n'aurait pas conscience...

« Voyez Tisis, la justice et la vertu récompensée... Vous voulez être entrainée par Lydia, nous avons des centaines de soldats qui, je le sais, sont tous capable de vous enseigner. Mais si elle consent à votre demande, je n'ai aucune objection à cela. Maintenant sortez tous et toutes. Seule Tisis et Katalina restent... »

Dès lors que tout le monde fut sorti, le barde et la servante de Tisis raccompagnés par Lydia et les gardes, elles se retrouvèrent seules. Katalina servirait le vin et alimenterait le feu, tout en prêtant son éternelle oreille attentive aux conversations.

Erzébeth vint s'assoir près de la Dame. Elle caressait une mèche de ses cheveux de jais avant de déclarer simplement à la femme qu'elle appréciait déjà pour son parler.
« Je ne connais pas la Cour, et elle ne me manque en rien ici. J'accepte votre requête, vous serez formée à supposer que vous fassiez partie intégrante de mon contingent personnel. Pour la suite, le reste est plus politique, c'est une faveur que je vous offre.

Qu'est ce que Blanchefort aurait à envier à ces terres sans cesse attaquée par Oaxaca ? »

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 14 Mar 2011 13:41 
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La baronne conclut de manière fort à-propos que la présence de Tisis était avant tout à vocation militaire. La discussion fut quelques instants interrompue par l'entrée de Lydia accompagnée du marchand et du voleur, qui avait été dénoncé en bonne et due forme. Le châtiment pour ce dernier fut des plus cruels, mais était hélas adapté à la situation.

L'adolescente fut surprise par la réaction du marchand, qui mentionna la pièce reçue en sus de ce qu'il avait perdu, sauvant par la même occasion sa vie. La baronne avait en effet été des plus retorde sur cette affaire, mais cela semblait avoir fonctionné et démontrait son autorité.

Le sombre interlude fini, la discussion reprit son cours, l'hôtesse exprimant que chacun des soldats saurait enseigner l'art de la guerre à Tisis, mais que si Lydia acceptait la demande, elle n'y verrait aucune objection. La jeune fille se contenta de se taire, ne mentionnant pas que seul l'apprentissage avec sa protectrice l'intéressait, apprendre avec de simples gardes pouvant se faire tout aussi bien à Kendra Kâr.

Tout le monde fut alors congédié, mis à part une servante qui avait l'air moins soumise que les autres. Tisis fit signe à Millana qu'elle pouvait disposer, lui commandant de prendre un peu de repos et de ne pas l'attendre. Seules restèrent donc les deux femmes et la servante, qui semblait attentive à la discussion.

La baronne vint s'asseoir juste à côté de son invitée, entrant dans son espace personnel, sans doute là-encore pour tester la résilience de la jeune fille. Elle fit une proposition presque scandaleuse, qui n'étonna cependant pas Tisis plus que cela: si elle devait recevoir l'enseignement de Lydia, il faudrait qu'elle se mette au service de la maîtresse des lieux. Elle se voyait difficilement participer à des rapts et des écartèlements, mais elle savait qu'il lui faudrait s'entrainer pour reprendre le duché, ce qui était sa priorité ultime.

Elle répondit donc, mettant un bémol des plus justifiés:

"Et bien soit, il en sera ainsi. Ma fidélité restera cependant entièrement vouée à Blanchefort: je ferai donc partie de ce contingent tant que cela n'ira pas en contradiction avec les intérêts de Victoire ou de mon duché."

En parlant de Blanchefort, la baronne demanda ce qui pouvait bien intéresser le duché dans ses terres si vulnérables aux troupes ennemies. Tisis se tourna d'avantage vers l'hôtesse, lui faisant à présent face:

"Comme je le disais, Victoire pense que nous aurions des intérêts à travailler ensemble. La situation de votre Baronnie semble des plus précaires: elle n'intéresse pas encore vos voisins parce qu'elle n'est pas riche et n'est pas structurée, ce que vous semblez être en train de changer. Cela dit, votre armement provoque des émois et il y a fort à parier que la noblesse kendranne interviendra. Elle n'interviendra pas militairement, cela ne passerait pas auprès du roi, mais au contraire ils essayeront de vous vaincre économiquement. Vos terres sont dures, vous dépendez des marchands qui ne sont déjà pas nombreux. De même pour votre armée, je n'ai guère vu de forge suffisante pour l'équiper, vous êtes donc dépendante là encore du commerce."

"Vos soutiens à la Cour, qui certes ne vous manque pas, sont néant. Cela signifie que personne n'agira en votre faveur, les comtes voisins auront les mains libres pour envoyer des espions sur vos terres pour fomenter des révoltes, pour armer les voleurs et pour décourager les marchands, vous ruinant. Cela n'est pas pour tout de suite, mais quand votre armée personnelle et votre indépendance seront vraiment jugées dangereuses, les vautours vous tomberont dessus pour s'approprier vos terres. Votre manque d'héraldique sera là encore une raison pour que personne ne vous aide."

Tisis avait exprimé tout cela en regardant la baronne dans les yeux. Elle savait que ses mots ne plairaient pas, mais elle savait que son interlocutrice avait conscience des faiblesses qu'elle venait de lui adresser. Mettant de l'eau dans son vin, la future duchesse reprit:

"Croyez bien que je ne veux point vous insulter ou vous humilier, je ne suis pas une dame de Kendra Kâr jacassant sottement. Je ne peux juste point me permettre de complaisance. Pour vous faire justice, laissez moi vous montrer les failles de Victoire, qui croyez-le bien sont toutes aussi importantes que les votre:"

"Le duc de Blanchefort, sa femme et le fils héritier ont été tués dans une sombre affaire politique orchestrée par le duché voisin, celui de Valorian. Victoire a du fuir à pied, ne devant sa vie qu'à Lydia, que le destin a mis sur son chemin. Le roi lui a fait savoir qu'il ne saurait ordonner de sanction sans preuve. Pire encore, Victoire a appris que son frère ainé, le cadet de l'héritier, était encore en vie et a même tenté de l'assassiner, étant lié ou otage à Valorian. C'est là la triste situation de la fille de feu le duc: son frère doit se faire remettre le titre de duc dans vingt neuf jours, date à laquelle Victoire veut clamer son dû et ordonner l'ordalie."

La voix de la jeune fille avait cette fois-ci un peu tremblé, l'émotion se frayant un chemin dans son énonciation pourtant froide. Elle conclut par la proposition qu'elle comptait faire à son hôtesse:

"Pour se faire, elle aura besoin d'hommes entrainés. Suffisamment pour prendre rapidement et discrètement possession du château. C'est cela qu'elle souhaiterait obtenir de votre part. En échange, elle vous proposera de nouer, une fois qu'elle sera à la tête de son duché, d'étroites relations commerciales. Les marchands de Blanchefort seront dirigés au mieux vers Keresztur, de même que les taxes sur les marchandises provenant de votre baronnie seront réduites."

Tisis laissa finalement le silence, relativement satisfaite du déroulé de sa proposition, qui était loin d'être plate ou inintéressante, pour elle comme pour la baronne. Elle guetta les réactions de l'hôtesse, espérant ne pas avoir franchi la limite de ce que celle-ci pouvait supporter.

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 Sujet du message: Re: Château de Keresztur
MessagePosté: Lun 14 Mar 2011 21:50 
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Katalina attendait à la gauche d'Erzébeth comme un gentil bouffon, silencieuses après le discours de l'éminente Dame Chevalier. La situation de Keresztur était ô combien vraie, tristement peinte par ses paroles, mais si véridiques. La terre était trop pauvre et caillouteuse pour suffire aux paysans de quoi se nourrir, c'était bien les marchands qui faisaient l'alimentation, les armes étaient forgées sur place, mais l'objectif principal de la Baronne était de lever une puissante armée. Elle disposait même d'un corps d'élite, crée sous les conseils de Cèles.

En claquant des doigts, elle fit s'approcher Katalina qui baissa son visage pour que la maîtresse lui susurre quelque chose. Une fois fait, elle tira révérence et quitta les lieux en tapotant des talons. Tisis et Erzébeth étaient seules.

« Vous parlez de votre Duché, cependant, je croyais que les chevaliers parlaient d'un Duché auquel ils appartiennent, qu'en aucun cas ils ne se l'appropriaient de la sorte. Qu'importe, il va de soit que de suis plus que ravie de vous savoir dans mon corps militaire. Vous n'avez rien à craindre des ordres donnés, je souhaite que notre relation amicale soit des plus longues et prospères. En aucun cas vous ne serez forcée d'aller à l'encontre de votre idéal, soyez en sûre telle mon amie. »

La Baronne se releva, elle avait demandé à Katalina de faire venir trois soldats. Ils n'allaient plus tarder. Elle assurait qu'elle ne prendrait pas la visiteuse pour une mijaurée trop bavarde, ses faiblesses était connues, mais elle savait que la proposition était des plus alléchantes. Aussi, elle avait une idée pré-conçue dans son esprit qui pétillait d'excitation au point d'en avoir du mal à le cacher, elle souriait, non pas un sourire mauvais, presque jovial.

S'étant placée derrière la jeune femme, elle lui servit du vin.

« Le vin de votre domaine est un réel nectar, j'ai une proposition à ajouter. »
« Un nectar ? Silm... Zébeth, je crois que personne n'a manqué ta superbe grimace en ouvrant l'amphore... »

Erzébeth demanda, pour sceller l'offre, qu'on lui cède un vignoble de Beauclair, un petit bout de terre en échange d'un soutien militaire de qualité. Cette perspective était certes trompeuse, le vin ne l'intéressait en rien mais avoir un bout de terrain, même petit, annulerait l'influence des taxes sur ses convois car d'une certaine façon, ils ne quitteraient pas ses terres. Elle ferait faire le commerce sur place, mais sous le joug de Keresztur.

Concernant le soutien militaire, il était parfaitement possible. Sa garde personnelle était formée de soldats entrainés et très efficaces, c'était à eux de se charger de la sécurité des terres, ne rendant de compte qu'à Lydia, Katalina et la Baronne elle même.

« Mes troupes sont capables de prendre un château, effectivement, un siège serait impossible mais le prendre de l'intérieur est chose plus aisée. Sachez que, j'ai de nombreux ennemis, par exemple le Baron de Bouhen, je sais parfaitement que des hommes risquent de venir semer le trouble... C'est bien pour ça que je dois être inflexible...» Dit-elle après un court silence. Elle attendait Katalina, sa "conseillère". Elle vint au bout de quelques secondes, accompagnée de deux hommes en armure grise, une cote de maille doublée de cuir, sur l'épaule, une autre couche de cuir noire renforcée de petits clous argentés. Un troisième homme vint rejoindre ses compères quelques secondes plus tard. Tous trois avaient cependant un blason au cœur différent. Le symbole était identique, cependant, c'était la forme qui marquait la différence, le premier arborait un fond noir sur une image de zéphyr dorée. Le second un fond bleu sous un zéphyr rouge, et le troisième un blanc sous le même symbole, celui-ci noir.

« Une troupe riche de soixante-dix soldats. Cela peut paraître peu, je peux détacher un contingent de cent soldats réguliers si vous le souhaitez pour surveiller les lieux, cependant, un afflux de la sorte serait trop visible...

Ces hommes sont de ma garde personnelle. Les Ieles. Connaissez-vous la légende ? Le symbole à leur coeur représente le vent, dans un langage courant, ont les nomme les Elles. Des esprits malfaisants trop dangereux pour être appelés par leur nom. Trois fées maléfiques, maîtresses des airs, nommées Catrina, Marina et Zalina. Elles commandent les mauvais vents, qui provoquent les tempêtes et rendent les garçons impuissants. Elles sont tellement craintes qu'on ose même pas leur donner de surnom de crainte de les vexer. On peut aussi les appeler les Frumoase, qui voudrait dire : Belles, Maiestre pour Maîtresses et enfin Dînsele : Les Elles. »


Elle faisait les présentations, chaque couleur présentait un corps militaire. Les Elles étaient partagées en trois corps, comme ces Fées démoniaques : La troupe au fond noir se nommait la Catrina, le fond bleuté portait le surnom de Marina, et enfin, le fond pur et pâle, le blanc était nommé Zalina. Elle ajouta quelque chose, qui lui semblait important. C'était les prisonniers que ces soldats feraient, à supposer qu'elle donne l'autorisation.

« Je souhaites que les hommes capturés, vos adversaires soient punis à ma façon, les vieux seront empalés sur mes terres après avoir marché la distance qui sépare nos deux domaines. Les autres, les valides construiront un édifice marquant ce jour sur le pan de terre que vous voudrez bien me confier à Beauclair. Jusqu'à ce que mort s'en suive... »

Elle savait que Blanchefort était bien plus riche que Keresztur, sa postérité et son ancienneté faisait de ce domaine quelque chose de connu et de réputé, encore à l'encontre de Keresztur. Les soldats, silencieux attendaient l'ordre de pouvoir sortir. Elle demanda à chacun d'eux, s'ils étaient prêts à risquer leur vie pour assurer la puissance du domaine. Chacun d'eux répondit sans la moindre hésitation que oui.

Le sourire satisfait, la Baronne se retourna vers la Dame, encore une fois, elle appréciait montrer son autorité. Elle fit sortir les soldats, Katalina restait sur le pas de porte.

« Ma chère amie, vous resterez sur mes terres tant que vous le voudrez, mais j'imagine que d'ici l'échéance de votre Duché, vous serez partie. C'est un temps bien court pour assurer un entraînement sûr... Je vous affecterais au groupe Zalina. Votre armure semble claire, et faite pour vous. Vous n'aurez pas besoin d'en changer, arborez juste fièrement le blason qui fera un jour la liberté et la justice pour votre peuple. Katalina ma chère, approchez.»

« Baronne ?» Dit la demoiselle de sa voix suave en s'approchant à pas de velours, ses derniers mots sifflaient comme le ferait un serpent, la femme glaciale et lugubre s'approchait de Tisis.

« Que penses-tu de notre arrangement, avant de laisser la parole à notre chère invitée, as-tu quelque chose à conseiller ? »

« Et bien, Madame, je pense qu'un dédommagement pourrait être envisagé à l'avance, le domaine qui persécute le Duché de Dame Victoire pourrait tenter représailles, voire réduire votre garde à néant... Il faudrait une garantie, soit en terre soit en or... Ou en âmes... »

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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