La pièce dans laquelle les gardes projettent Maeglin est sombre et humide: une odeur de putréfaction vient bientôt agresser ses narines. Le plafond, creusé en son centre, laisse filtrer un rayon de lune qui éclaire le milieu de la salle. A première vue, un chevalet s'y dresse, unique élément visible dans ce trou... quatre sangles pour quatre membres dont les lanières en cuir pendent sinistrement.
Maeglin n'a pas le temps de dire un mot qu'un colosse surgit de son angle mort pour le saisir à la nuque. Le faisant avancer sans peine vers le halo de lumière, il lui attache avec force les bras, et les jambes ensuite.

Lâchant un sourire vicieux, le garde s'en retourne vers la porte pour dispraître de la vue de son prisonnier.
Le silence se fait, lourd et pesant, accompagnant une solitude pour l'instant... lorsqu'enfin, derrière Maeglin attaché et impuissant, une voix s'élève. Le ton est calme mais il crépite de colère:

-Ainsi donc nous avons tous deux une épreuve à passer...

Dans un claquement de botte sur la pierre, Nashaa vient se poster dans la mire de sa victime, le regard d'acier:

-Surmontons-les ensemble! Si tuer Pestillus t'a valut l'intérêt du Grand Prêtre, te faire souffrir devrait m'en valoir autant. Il s'agit d'ailleurs de son idée...

Elle fait volte-face et rejoint un recoin sombre de la pièce. Tirant une chaise et s'asseyant à califourchon dessus, elle fixe Maeglin et lâche tout simplement:

-Mon ami, pour prouver ma valeur... je dois te faire mal. Retiens tes cris, tu demanderas la mort avant la fin.

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Je te laisse rp ces retrouvailles avec tous les moyens que tu veux

Suite aux paroles de Naasha, Maeglin éclate de rire.

Me faire souffrir hein... ? Comment comptes-tu t'y prendre ? Tu vas me mutiler, me frapper ? Fais donc ! Mais sache que tout ce que tu pourras me faire n'égalera jamais tout ce que j'ai dû surmonter jusqu'ici.

Tu ne m'impressionnes pas Maeglin. Aujourd'hui tu m'appartiens, et je compte vraiment prendre soin de toi.

Alors Naasha disparaît dans l'ombre quelques instants avant de réapparaître quelques secondes plus tard, un poignard à la main. Elle s'approche alors lentement de Maeglin et se met à tourner en rond autour de lui, tout en caressant sa lame.

Par où dois-je commencer ?

Dit-elle en frottant légèrement sa lame sur l'une des joues de Maeglin.

Le visage peut-être ? Non... Le tien est déjà bien assez amoché comme ça.

Maeglin crache alors à la face de Naasha. Celle-ci reste immobile quelques secondes avant de s'essuyer à l'aide de son avant bras. Une fois celui-ci baissé, il laisse apparaître une expression de colère sur son visage. Après avoir prit une profonde inspiration, elle plante son poignard en plein dans l'annulaire de Maeglin qui tombe directement au sol. La douleur est alors visible sur le visage de celui-ci. Cependant, il se retient de crier ou même de pousser un simple soupir de souffrance. Il se met ensuite à ricaner.

Tu pourrais faire preuve d'un peu plus d'originalité !

Le fait que Maeglin la nargue fait entrer Naasha dans une rage profonde. Elle se penche alors au dessus de lui et pose la pointe de son poignard sur sa poitrine, au niveau de son coeur.

Peut-être devrais-je t'ouvrir la poitrine histoire de vérifier que tu possèdes vraiment un coeur, chose dont je doute réellement.

Il me semble que les ordres que t'a donné le grand prêtre étaient de me faire souffrir. Tues moi, et je suis sûr que tu subiras le même sort.

Naasha relève alors délicatement sa lame, elle tremble énormément. Cela est du fait qu'elle n'a qu'une envie: celle d'abattre Maeglin sur le champ.

Mais je peux comprendre ton envie... Tu veux te venger, c'est tout naturel.

La ferme ! LA FERME !

La jeune Shaakt envoie alors un puissant coup de pied dans l'abdomen de Maeglin. La douleur que cela provoque fait qu'il tente de se courber mais le fait qu'il soit attacher ne le lui permet pas. Et cette fois, Maeglin pousse un léger grognement.

Alors Naasha commence à ruer de coups de poing le visage de Maeglin, elle n'est plus elle même, la haine vient de prendre possession de son corps. Au bout d'une vingtaine de coups, Naasha s'arrête brusquement et tombe au sol, à genoux. Le visage de Maeglin est en sang, son nez est fracturé et il semblerait qu'il se soit accidentellement mordu la lèvre inférieure puisque celle-ci est partiellement déchirée. Naasha, elle, est essoufflée. Elle vient porter ses mains sur son visage avant de pousser un cri de rage.

Je te déteste ! J'aimerai que tu sois resté croupir dans ta vieille maison de Khonfas. Mon pauvre... Mon pauvre Pestilus... Tu me l'as pris, je ne le reverrai jamais, jamais !

Maeglin se met une nouvelle fois à ricaner.

C'est là que tu te trompes ma cher... Je peux te jurer que tu le reverras d'ici peu. Mais lorsqu'il sera de retour, il ne sera plus le même. Il ne servira qu'à une chose: tuer, et en mon nom ! Sache que je te permettrai de le voir, de sentir sa présence. Mais jamais, Ô grand jamais tu ne retrouveras la complicité que tu avais avec lui autrefois, il m'appartiendra et n'obéira qu'à mes ordres.

Tu comptes... ?

Un large sourire se dessine alors sur le visage ensanglanté de Maeglin.

Le faire revenir du royaume des morts, effectivement.

Alors Naasha change littéralement de ton, elle ne peut pas envisager que l'âme de son ami puisse servir Maeglin éternellement, dans le plus profond des tourments.

Par pitié non ! Ne lui fais pas ça ! Tu ne crois pas l'avoir assez mal traité comme ça ?!

Pitié ? Pitié ?! Tu es ici pour me torturer et tu me supplies ?! Ah ! Tu es pathétique, faible, inutile ! Regarde toi, tu es là à te lamenter pour une simple bête sauvage, tu me dégoûtes...

Naasha est anéantie, elle est paralysée. Quelques larmes commencent à couler le long de son visage jusqu'à ce qu'elle éclate en sanglots.

Tu es un monstre ! UN MONSTRE !

Prise de colère, elle saisit fermement son poignard puis se relève. Elle s'apprête à porter un coup mortel à Maeglin quand soudain la porte de l'aile du cauchemar s'ouvre brusquement.

Marais perdu, temple caché.

Dirigé de Maeglin

La pointe de Nashaa se bloque en pleine course, des larmes de râge perlant des paupières de la shaakt. Sur le seuil de la porte, la silhouette d'un humain encapuchonné à fait son apparition. Tout de noir vêtu, il brandit une main vers la tortionnaire, un sourire en coin:

-Nashaa, Nashaa... du calme, fit-il d'une voix trainante.

La shaakt laisse tomber son couteau et vient faire face à l'intrus. Le foudroyant du regard, elle peine à cacher sa colère:

-Il s'agit de ma victime, prêtre, mon épreuve!

Elle pointe Maeglin d'un doigt haineux et hurle presque:

-Je me chargerai de le punir, moi, comme convenu!

-Sans mon intervention tu l'aurais tué! Réplique le prêtre d'une voix glaciale, intimant le silence et le respect à la shaakt. Puis-je en conclure que tu a échoué?

Sans un mot, l'homme s'approche et abaisse son capuchon. Le crâne lisse, il arbore une cicatrice à la tempe, descendant le long de sa mâchoire. Ses petits yeux sombres scrutent avec intérêt le visage tuméfié de Maeglin.
Se retirant du halo de lumière qui entoure le prisonnier, Nashaa semble vouloir se faire toute petite dans l'ombre dans la pièce.

-Abréger ses souffrances n'est pas la solution, semble conclure le prêtre en baissant le regard.

Il ramasse alors la lame de la shaakt, la laissant courir doucement le long du torse de Maeglin. Le regard calculateur, il reste concentré un instant avant d'afficher un sourire satisfait:

-Là, ce sera parfait.

Sans crier gare, il enfonce jusqu'à la garde le couteau dans le flanc de l'Hinion. Se déléctant des cris de sa victime, l'homme laisse courir ses doigts le long de la plaie ensanglantée avant de les porter à ses lèvres.

-Ce n'était quand même pas compliqué...

Tournant alors les talons, il laisse ainsi l'arme fichée dans le corps de Maeglin.

-Nashaa, retrouve tes quartiers et laisse donc ce garçon souffrir en paix. Rassure-toi, aucun de ses organes vitaux n'est touché: il tient la douleur pour seule compagne pendant plusieurs heures, et libre de ta colère.

Prestement et sans un mot, la shaakt le rattrape et franchit le seuil sur ses talons. Avant de refermer la lourde porte, elle accorde un dernier regard à sa victime, plein de haine. Par dessus son épaule, Maeglin pourra entendre la voix du prêtre résonner:

-La nuit sera longue, Tinùviel! Ton calvaire prendra fin lorsque les derniers rayons de Lune quitterons cette cellule.

-----

(Je te laisse rp la fin de cette looooooongue nuit, ainsi que la suite de cette punition)

Dès lors que la porte se referme, Maeglin pousse un cri de rage qui résonne dans toute la pièce. Il est désormais seul et va devoir tenir toute la nuit avec ce poignard enfoncé dans sa chair. L'hinïon respire profondément à cause de la douleur, mais ce n'est pas le fait d'avoir mal qui le met dans de tels états. Il va falloir qu'il attende, ici, enchaîné comme un vulgaire animal, Maeglin déteste être traité de la sorte.

Malgré tout cela, un léger sentiment de fierté s'empare de lui. Naasha était sensée le torturer mais au final, simplement par les mots qu'il a prononcé, il a réussi à la faire souffrir plus qu'elle n'a su le faire pour lui. A vrai dire, il ne la pensait pas aussi faible. Maeglin n'a donc plus aucune estime pour cette shaakt psychologiquement fragile.

Alors qu'il est en plein dans ses pensées, d'un coup, Maeglin entre à nouveau dans une de ces colères qui le définissent si bien. Il se met alors à gesticuler dans tous les sens et ses mouvement font bouger la lame dans sa plaie. La douleur s'amplifie alors d'un coup et Maeglin hurle de toutes ses forces, d'un tel point que les fanatiques se trouvant dans les endroits les plus proches du temple sont capables de l'entendre.

Plusieurs heures plus tard, alors que le silence règne depuis ce qui semble être une éternité, Maeglin commence à divaguer. Sa vision se trouble et il voit des formes indistinctes apparaître devant lui. Il ne pense plus à rien, à part à ne pas perdre connaissance pour rester digne, ses dernières ressources vitales y sont donc dévouées. Cependant, les formes qu'il voit apparaître l'inquiètent de plus en plus, elles se font plus distinctes à chaque instant. Jusqu'au moment où Maeglin est témoin de l'une des scènes les plus éprouvantes de sa vie. Ses parents, sa soeur et tous ses anciens proches d'Hidirain se tiennent là, devant lui. Cette vision lui rappelle fortement le jour de son départ des monts elfiques, où il fut exilé. Tout cela, malgré le fait qu'il ne lui reste presque aucune énergie, fait encore une fois entrer Maeglin dans une rage sombre. Il se remet alors à gesticuler, faisant bouger encore une fois la lame dans sa plaie. Seulement cette fois, il ne laisse aucune place à la douleur, ce qui se trouve face à lui est une horreur à ses yeux, surtout qu'il ne distingue plus le réel du faux. Pour lui, les hinïons sont vraiment là.

Il se débat de toutes ses forces afin de pouvoir se libérer et égorger tous ces chiens qui se trouvent face à lui, en vain. Au bout de quelques instants, épuisé, il cesse de gesticuler et baisse la tête, reprenant une respiration profonde et laissant couler du sang de sa bouche. Néanmoins, quand il remarque que tous ces sens sont en train de s'affaiblir, il remue la tête de droite à gauche, espérant toujours ne pas perdre connaissance. Mais ses blessures et la folie prennent peu à peu le dessus, et il ne tardera pas à s'évanouir. Alors, lors de son dernier souffle, il relève la tête...

Je jure... Je jure que je vous tuerai tous ! Je le jure sur Phaïtos, sur Iralis, et sur tous les membres de ce foutu temple ! Vous allez... Crever !

Puis ses yeux se ferment lentement, et la dernière chose audible pour Maeglin est son souffle, lent et prononcé... Au bout de plusieurs respirations, il perd finalement connaissance.

Marais perdu, temple caché.

Lorsque Maeglin reprend conaissance c'est pour ne plus sentir ses chaînes le torturer. A la lueur d'une lampe à huile, l'hinïon est couché sur un matelas de fortune, revêtu d'une simple toge de nuit. Aux pieds de sa paillasse, ses affaires sont soigneusement posées, n'attendant que de prendre la poussière.

Sous le tissu qui lui couvre le corps, un épais bandage lui couvre le flanc et la blessure est à peine refermée.

Enfin, à l'extrémité de la couche du hinïon, le loquet d'une lourde porte en bois se fait entendre. Dans la vague de lumière que produisent les torches suspendues au couloir, une toute petite silhouette se dessine. Les oreilles longues, le teint blafard, s'approche du rescapé un minuscule sekteg, à peine plus haut et plus musclé qu'une gamine de six ans.

-Iralis fieeeeeer de Maeglin, croasse la petite créature. Toi venir à lui... vite!

Il désigne d'un doigt très long les affaires de son interlocuteur. Fronçant ses épais sourcils, il tourne alors les talons et s'en retourne prestement vers les couloirs du temple.

Prestement, Maeglin enfile sa robe et attache son bâton dans son dos, comme à son habitude. Chaque fois qu'il bouge, il souffre un peu de sa blessure mais il tente de masquer sa douleur. Une fois prêt, il s'avance donc vers la sortie de la pièce et commence à suivre le sekteg tout en le regardant d'un air curieux, comme si la créature l'intriguait. Le gobelin a le dos constamment courbé, il se déplace donc penché vers l'avant à longueur de temps, ce qui lui donne un air perfide. En l'observant, Maeglin se souvient qu'il n'a jamais vu ce sekteg auparavant, il commence donc à se poser des questions. Au bout de quelques instants, il décide de les éclaircir.

Je ne t'avais encore jamais vu ici, qui es-tu ?

Moi être esclave, servir Iralis, le maître !

Et comment se fait-il que je ne t'avais encore jamais vu ?

Alors la créature marque un point d'arrêt, ne disant plus rien. Au bout de quelques secondes, elle se retourne, l'air mécontent.

Toi poser beaucoup de questions ! Iralis veut voir Maeglin ! Suis moi !

Elle reprend alors sa marche, suivie de près par Maeglin. Après avoir franchi la porte du bout du couloir, tous deux se retrouvent dans le hall principal du temple, où sont regroupés beaucoup de fanatiques. Lorsqu'ils voient Maeglin suivre le gobelin, beaucoup d'entre eux se mettent à rire, surtout quand ils remarquent que Maeglin tente de masquer sa blessure. Celui-ci lance alors un regard haineux à la plupart d'entre eux, et en les scrutant un par un, il finit par remarquer Naasha, riant elle aussi, le bras autour de l'un de ses camarades. Il serre alors les poings et accélère la cadence, montant rapidement les escaliers menant au premier étage. Une fois monté, Maeglin est rassuré par le silence, peu de fanatiques sont présents dans les couloirs du premier étage et ceux que l'on peut croiser ne font même pas attention à lui.

Devoir nous dépêcher, Iralis attendre toi avec impatience !

Finalement, après avoir traversé les couloirs sombres du premier étage, Maeglin et le sekteg arrivent face au grand escalier menant aux quartiers du grand prêtre. Alors, le gobelin fait signe à l'hinïon d'y monter en tendant son bras dans la direction de celui-ci. Maeglin s'exécute alors instantanément tout en fixant la porte se dressant un peu plus haut. Une fois les escaliers gravis, il ouvre la porte des quartiers du grand-prêtre et pénètre dans la grande pièce où Zoltun Iralis l'attend.

Marais perdu, temple caché.

Cette fois-ci, lorsque Maeglin franchit le seuil, aucune entrave ne vient immobiliser ses membres. Les appartements du Maître sont plongés dans la pénombre, seules deux chandelles éclairent le bureau couvert de grimoires et de paperasses. Iralis est assis derrière ce dernier, tapotant négligeament l'accoudoir de l'un de ses longs doigts. Les flammèches vacillantes projettent des ombres inquiétantes sur les traits de son visage.

Accordant à peine un regard à son visiteur, le prêtre noir referme un imposant volume et s'exclame d'une voix glacialement douce:

-Belle réussite, c'était le minimum à attendre.

Se relevant prestement et dans un silence parfait, Iralis se poste dos à l'hinïon et se râcle la gorge. Caressant le crâne d'une étrange créature posé sur une étagère, le maître laisse échapper un sourire:

-Vouloir ne faire qu'un avec la mort... et s'accrocher si piteusement à la vie: il fallait te voir pour croire à un tel paradoxe. (Il fait volte-face et s'approche lentement de Maeglin, captant son regard) Les dégâts infligés par la dague te retiendront içi, au temple, durant environ une semaine. Cependant, et au nom de Phaitos, tu ne seras pas ménagé... vois cela comme une préparation.

A présent le prêtre est tout près de Maeglin, la malveillance transpirant de ses fluides en éveil. Parcouru d'un frisson, le fidèle ferme un instant les yeux comme s'il s'apprétait à lancer un sort. Il prit un air satisfait et désigna la porte:

-Le sekteg qui t'a conduit à moi va te guider. Senreï Biran... tu ne connais pas ce nom n'est-ce pas? C'est un prêtre obscur de ce temple, il y réside depuis plusieurs décennies: peu de fidèle peuvent se vanter de l'avoir rencontré.

Laissant son interlocuteur analyser ses propos, il reprend après un court instant:

-Biran compte parmis les personnages les plus puissants de ce domaine, il excelle dans beaucoup de matières. Ses connaissances te seront précieuses, ces quelques jours en sa compagnie sont un véritable présent. La... hum, quête que je te réserve sera à la hauteur de l'entraînement qu'il te fera subir.

Sans en dire plus, Iralis fait un geste impatient de la main pour faire dégager son visiteur.

-Va-t-en retrouver le sekteg... je viendrai te trouver dans sept nuits.

Une fois qu'ils eurent encore une fois traversé les couloirs principaux du temple, le sekteg et Maeglin se retrouvent dans un endroit du temple que le fanatique n'avait encore jamais visité. Décidément, il semblerai que cet endroit recèle de très nombreux secrets. Tous deux se trouvent dans une pièce circulaire avec un plafond en voûte. Plusieurs symboles disposés en cercle partent des extrémités de la pièce pour arriver à son centre, où se trouve un symbole plus imposant que les autres. Dès que Maeglin est entré dans la pièce en compagnie du gobelin, il a remarqué que l'humeur de celui-ci a radicalement changé, la pauvre petite créature semble terrifiée. Et après qu'elle eût scruté chaque recoin de l'endroit, elle montre du doigt le centre de la pièce.

T.. Toi aller là ! Maintenant !

Maeglin hésite quelques instants en voyant le gobelin si terrifié, mais au final il décide de s'exécuter, il n'a de toute façon pas le choix. Dès lors qu'il se trouve au centre, en plein sur le grand symbole, le sekteg se cache les yeux à l'aide de sa main droite et commence à trembler de la tête au pied. Maeglin commence vraiment à s'inquiéter, ce Senreï Biran est-il si effrayant ? Et pourquoi le serait-il ? Tant de question sans réponses qui vont d'ailleurs sûrement le rester puisque rien ne s'est passé depuis que l'hinïon est au centre de la pièce. Au bout de quelques instants, le gobelin retire sa main de devant ses yeux et scrute une nouvelle fois chaque recoin de la pièce.

L... Lui être pas là ?! Haha ! Lui être pas là !

Il se gratte alors la tête et fronce quelques-peu les sourcils, l'air pensif.

Mais... Lui jamais sortir... Mort ?

Dès lors qu'il prononce ces mots, des bruits de pierre se frottant les unes sur les autres se font entendre et tous les symboles de la pièce s'illuminent, aveuglant Maeglin et la petite créature, le fanatique porte d'ailleurs immédiatement son avant bras gauche devant ses yeux afin de les protéger. Quant au sekteg, il s'enfuie en courant et en criant.

Lui être là ! Lui être là !

Alors Maeglin comprend qu'il sera bientôt confronté à Senreï Biran. Il entend de plus en plus ce son que produisent les pierres lorsqu'elles se frottent entre elles, il est désormais plus proche et tout autour de lui. Mais au bout de quelques instants, une sombre et inquiétante mélodie vient se mêler avec ce vacarme qui s'assourdit désormais peu à peu. Une fois qu'il prend fin, Maeglin retire son bras de devant ses yeux et se rend compte que la pièce a radicalement changé, plusieurs pierres se sont disposées en escalier face à lui, elles semblent mener à une caverne.

((( https://www.youtube.com/watch?v=uIfoc-OLCGA Mélodie qu'entend Maeglin, A ECOUTER ABSOLUMENT A PARTIR DE CET INSTANT ! Ca vous mettra dans l'ambiance )))

Il regarde alors tout autour de lui et décide de descendre l'escalier. Une fois arrivé en bas, Maeglin remarque qu'il se trouve bel et bien dans une caverne, même si l'on se croirait presque dans un couloir tellement le chemin est bien tracé. Les escaliers, eux, commencent à bouger afin que les pierres qui les constituent reprennent leur emplacement d'origine. Il progresse alors lentement et prudemment, profitant de cette inquiétante mais non moins magnifique musique. Il n'y a ici aucune visibilité mais heureusement, le chemin semble aller tout droit, Maeglin tend tout de même un bras en avant pour se prévenir de ce qui se trouve face à lui. Au fur et à mesure qu'il progresse, l'air se fait de plus en plus froid et de temps en temps, l'hinïon a l'impression qu'on le touche, soit à l'épaule, soit en plein milieu du dos, soit à d'autres endroits, mais toujours derrière lui. Les premières fois, il essaie de ne pas y faire attention, mais lorsqu'une main semble venir serrer fortement son épaule gauche, il se retourne brusquement et effectue un violent mouvement avec son bras, comme pour frapper quelqu'un. Seulement, quand il se retourne il n'y a absolument personne derrière lui. Maeglin est dans un premier temps surpris, puis effrayé, chose qui ne lui arrive pas souvent. Il se dit que si il reste dans cette obscurité plus longtemps, il ne lui arrivera rien de bon. Le fanatique décide alors de courir en direction de la musique malgré sa blessure qui le fait souffrir.

Au bout de deux minutes environ, il aperçoit la lumière au bout du tunnel et après quelques instants, il se retrouve dans une énorme grotte où se trouvent une quantité impressionnante de cristaux géants. Ceux-ci, disposés un peu partout, éclairent l'endroit d'une lumière bleuâtre. Aux extrémités de droite et de gauche de la grotte se trouve une montagne de crâne, toutes deux sont hautes d'environ cinq mètres. Entre celles-ci se dresse un escalier taillé dans la pierre immense, autant en largeur qu'en hauteur. La musique semble provenir du haut de celui-ci. Maeglin commence alors à s'avancer vers l'escalier, puis il débute son ascension. Au fur et à mesure qu'il monte, la musique est de plus en plus audible, elle est maintenant toute proche. Et c'est au bout de quelques minutes, alors que l'escalier est désormais beaucoup plus étroit que Maeglin arrive enfin en haut.

Cette fois-ci il voit devant lui une grotte plutôt bien aménagée, l'endroit est éclairé par plusieurs chandeliers, on y trouve des tables, des chaises et même des couchages. Il y a aussi plusieurs tableaux représentant des scènes morbides accrochés un peu partout sur les murs. Et au milieu de tout ça, à l'extrémité nord de la pièce, se dresse un orgue qui semble être fait entièrement d'os. Un homme vêtu d'une grande robe noir et portant un masque blanc sur lequel plusieurs symboles s'ont inscrit est en train d'en jouer, c'est donc de là que venait la musique. Et alors que Maeglin commence à s'avancer vers cet individu qui ne peut être que Senreï Biran, celui-ci s'arrête instantanément de jouer, se retourne puis se lève. L'hinïon s'arrête alors net et fixe l'homme qui se trouve face à lui, ne sachant quoi en penser.

Bienvenue... Je vous attendais, vous avez prit votre temps, j'espère que mes amis n'ont pas été trop inhospitaliers.

Vos... Vos amis ? Vous voulez dire que cette main que j'ai sentie, c'était l'un d'eux ?

Oui, sûrement. Tous sont des âmes qui n'ont pas su trouver le chemin vers le royaume de notre seigneur, alors je les garde ici, dans mon domaine. Seulement, certaines d'entre elles sont ici depuis très longtemps... Et mes capacités à contenir les morts ne sont pas aussi grandes que celles du seigneur des enfers, j'en suis désolé.

Je vois... Ce n'est rien.

(Pourquoi le gobelin avait si peur de lui... ? C'est la personne la plus aimable du temple que j'ai pu rencontrer jusqu'ici.)

Enfin bref, vous êtes ici pour que je vous transmette un peu de mon savoir n'est-ce pas ? Alors soit ! Mais avant je vais vous plonger dans un état qui vous préparera à ce qui vous attend, et vous n'aurez nul besoin de dormir d'ici les sept prochains jours, attention...

Avant que Maeglin n'ait le temps de faire ou de dire quoi que ce soit, l'homme tend son bras vers lui, main ouverte et paume vers le haut, faisant instantanément sombrer l'hinïon qui s'écroule au sol dans un profond sommeil.



Temple caché, domaine de Senreï Biran.

Au bout de plusieurs heures, Maeglin se réveille en sursaut. Lorsqu'il était endormi, il a une fois de plus été confronté à cette chose qui semble le hanter. Il n'a cette fois-ci aucun souvenir de ce qu'il a vu, mais il sait qu'il s'est passé quelque-chose et cela le frustre au plus haut point. Au fur et à mesure que le temps passe, Maeglin a l'impression constante que quelque-chose est là, près de lui.

Après avoir retrouvé ses esprits, le fanatique regarde tout autour de lui et remarque que Senreï Biran est absent. Sans se poser de question, il se lève difficilement, le sort que lui a lancé le prêtre obscur était extrêmement puissant et il peut encore en sentir certains effets. N'ayant rien à faire, Maeglin décide de se pencher sur le parchemin de sort qu'il a acheté avant son retour au temple. Il se met donc à fouiller dans la poche intérieure de sa robe et au bout de quelques secondes, il en ressort le morceau de papier, enroulé. Rapidement, il le déroule et se met ensuite à le lire très attentivement tout en faisant le vide dans son esprit. Et lorsqu'il arrive à bout du texte, le parchemin se met à briller d'une lumière bleue claire très intense avant de se décomposer entièrement, laissant un petit tas de cendre sur le sol. Directement, Maeglin sent quelque-chose de changé en lui, il vient d'acquérir un nouveau sort, un nouveau savoir. L'hinïon repense ensuite au fluide d'ombre qu'il avait acheté en même temps que le parchemin, le consommer maintenant serait une bonne idée étant donné qu'il va devoir redoubler d'efforts afin d'apprendre de nouvelles capacités, une meilleure puissance magique serait en effet un bon avantage. Alors, en deux ou trois mouvements, il se saisit de la petite fiole contenant le fluide qui était jusque-là logée dans la poche droite de sa robe. Avant de l'ouvrir, il l'observe attentivement, fasciné par cette petite chose pouvant créer tant de puissance. Puis, au bout de quelques instants, Maeglin se décide enfin d'ouvrir la fiole. Instantanément, le fluide s'échappe de celle-ci puis virevolte quelques-peu dans les airs avant de rapidement s'approcher de la poitrine de Maeglin et de disparaître à son contact. Le fanatique se sent alors plus puissant qu'avant, il sent que la puissance des ombres vient de plus ou moins grandir en lui.

Alors qu'il se réjouit de ses nouvelles acquisitions, il entend soudain des bruits de pas derrière lui. Sûrement Senreï, se dit-il. Il se retourne alors et voit en effet le prêtre obscur venir à bout des escaliers reliant la caverne de cristaux à la petite pièce où loge celui-ci. En arrivant dans la salle, Biran n'adresse aucun regard à Maeglin et se contente d'aller se poster devant son orgue, le dos face au fanatique. Au bout de quelques instants de silence, Maeglin décide de rompre celui-ci en engageant la conversation.

Alors, quand commence-t-on ?

Une fois ces mots prononcés, le prêtre tourne légèrement la tête vers Maeglin mais ne dit toujours rien.

Est-ce qu'il y a... Un problème ?

Alors le prêtre s'approche lentement de Maeglin et une fois arrivé à environ un mètre de lui il se met à lui tourner autour en l'observant attentivement.

Qu'est-ce que...

Lorsque vous étiez sans connaissance, je vous ai longtemps observé... Quelque-chose semblait vous perturber énormément. A mon avis, ce n'était ni un rêve, ni un cauchemar. C'était bien plus que ça, vous avez peut-être une idée ?

En entendant Senreï lui dire ceci, Maeglin est des plus stressé, il n'imaginait pas que quelqu'un remarquerai ce qui est en train de lui arriver et il comptait garder cela pour lui le plus longtemps possible.

Je ne vois pas de quoi vous parlez. Je vais très bien.

Le prêtre continue alors d'observer attentivement l'hinïon, il remarque qu'il n'a pas du tout l'air fier, pour lui il ment, c'est clair et net. Il arrête alors sa ronde et se poste juste en face de Maeglin. Au bout de quelques instants, le fanatique est plongé dans l'ombre, la silhouette de Senreï Biran s'agrandit et il se met à parler d'une voix des plus inquiétante, résonnant partout autour de l'hinïon. Celui-ci est alors prit de terreur comme il ne l'a jamais été.

Pensez-vous pouvoir me duper ?! Quelque-chose réside en vous, et vous le savez aussi bien que moi, aucun de nous deux ne peut savoir si cette chose vous veut du mal ou du bien. Vous pensiez peut-être garder ce secret longtemps, et je vous comprends, mais ces choses ne peuvent m'échapper, alors, que dites-vous ?!

Maeglin est totalement paralysé, il ne sait que dire. Pour lui il est hors de question de parler de cela à qui que ce soit, même si le prêtre en sait quelques-peu, il ne peut pas savoir ce qu'il a vu et ressenti jusque-là.

Parlez !

Je... Je ne me souviens de rien...

Soudain, tout revient à la normale, l'ombre se dissipe et le prêtre reprend sa taille initiale. Maeglin, lui, est toujours remué par ce qui vient de se passer.

Je ne vous crois pas... Mais si vous voulez vraiment affronter ce calvaire seul, alors soit, mais ne venez pas me demander mon aide si cela s'aggrave. Bon, nous avons beaucoup à faire, veuillez me suivre.

Le prêtre se redirige alors vers le grand escalier. Maeglin met quelques instants à reprendre ses esprits, il se met à le suivre de près une fois cela fait.

Senreï t’emmène dans une petite pièce sombre. Il s'y trouve un autel derrière lequel se dresse une statue mi-homme mi-corbeau. Son sanctuaire personnel Il s'assoit au centre d'un cercle gravé dans le sol de pierre, devant l'autel, et, pendant un long moment, reste silencieux, t'invitant à la prière.
Puis, il prend la parole d'une voix sombre :

« Maeglin, tu as commis un crime impardonnable contre le temple. Mais ta dévotion, reste exemplaire. Durant ces jours que nous allons passer ensemble, je vais t'instruire, mais aussi te transmettre une mission... particulière. Si tu la refuses, tu pourras mourir en paix et rejoindre mes âmes. Il y a des sorts pires que cela, crois-moi... Mais si tu acceptes, et que tu réussis, tu t'élèveras au-dessus de la multitude. Tu deviendras un vrai nécromancien. Mais tu dois choisir maintenant : une mort rapide et indolore ? Ou une mission périlleuse dans laquelle tu peux tout gagner... ou tout perdre ? »

Le silence retombe pendant qu'il attend ta réponse.

Après avoir prié quelques instants Maeglin écoute attentivement ce que le prêtre obscur a à lui dire. Voilà que celui-ci lui demande de faire un choix: soit la mort, soit un grand péril et à sa fin l'un de ses objectifs ultimes qui est de devenir un véritable nécromant. Autant dire que l'hinïon ne met pas longtemps à se décider. En effet, même si il est un fanatique vénérant Phaïtos et que plusieurs de ses semblables semblent croire que la meilleure chose que l'on puisse faire pour prouver sa dévotion à celui-ci est de mourir, Maeglin est d'un tout autre avis. Il pense qu'il vaut mieux vivre longtemps pour répandre le plus possible la mort sur le monde et donc ne pas offrir qu'une seule âme au seigneur des enfers. C'est alors qu'après un moment de silence plutôt conséquent, l'exilé se décide à prendre la parole.

Je doute que mon heure ne soit venue. Et je n'ai pas fait tout ce chemin depuis mon exil pour m'éteindre ici en ne laissant qu'un léger souvenir de mon passage en ce monde. Le nom de Maeglin Tinùviel sera craint sur tout Yuimen, il rappellera la mort, la dévastation et tous se souviendront de lui comme celui qui a fait chuter la grande Hidirain, sans quoi je ne mourrai point. Alors, puissant prêtre Biran, je m'engage à accepter votre mission quelle qu'elle soit, qu'elle me mène dans les endroits les plus répugnants et dangereux de ce monde, peu m'importe, je deviendrai un nécromancien.

Ayant prononcé ces mots, Maeglin se sent comme délivré. Il semblerait en effet que son attente ne touche à sa fin. Il sera, s'il réussi la mission qui va lui être confiée par Senreï Biran, un nécromancien et cela d'ici peu. Alors l'hinïon attend les explications du prêtre avec impatience, appréhendant cependant quelques-peu ce qui l'attend car il sait que quelle que soit la tâche, elle sera loin d'être aisée.

Il est impossible de voir l'expression du grand-prêtre, mais tu sens son sourire tandis qu'il répond :

« Je n'en attendais pas moins de toi... »

Il se lève et ramasse un crâne qui traînait près de l'autel pour le regarder pensivement.

« Mais d'abord, je vais te raconter l'histoire des nécromanciens. Entends bien mes paroles, car c'est un savoir essentiel pour qui veut devenir l'un des nôtres. Notre pouvoir existe bien sûr depuis l'aube de la magie, mais son utilisation en tant que nécromancie s'est vraiment développé il y a près de cinq mille ans, lorsqu'une épidémie de peste répandit la mort à travers le monde. De nombreuses personnes se découvrirent le pouvoir de contrôler ces morts. Ils furent les premiers nécromanciens et semèrent la terreur... Mais avec le temps, des divergences d'idées apparurent et deux idéologies se formèrent. Les mortifères, dont nous sommes les héritiers spirituels, considéraient que ce pouvoir nous venait directement de la mort, tandis que les théo-sourciers estimaient que ce pouvoir nous venait de Phaïtos en personne. Tous s'accordaient sur le fait que plus grand était le nombre des âmes en souffrance, plus notre pouvoir était grand. Il fallait par conséquent propager la mort, remettre toutes les âmes entre les mains de notre dieu. »

Il marque une pause pour te permettre de bien assimiler la chose. Puis il reprend :

« Mais parmi les théosourciers, apparu un groupe particulier. Menés par une certaine Zéphanie d'Endor, ils étaient cinq nécromanciens très puissants. Ils disparurent quelque temps, nul ne savait où ils étaient partis, mais quand ils revinrent, il avaient fondé ce qu'ils appelaient l'ordre des lord nécromants. Pour eux, Phaïtos ne nous avait pas donné le pouvoir pour répandre la mort, mais au contraire pour la limiter dans les périodes de grande souffrance. Ainsi, notre réaction à la grande peste... aurait dû être d'aider les gens ! »

La voix de Senreï n'exprimait pas grand-chose en temps normal, mais il eut cette fois une exclamation, et tu compris qu'il devait s'agir de ce qui s'approchait d'une marque d'amusement.

« Oui, tu as bien entendu : des nécromanciens qui voulaient détruire le pouvoir des nécromanciens ! »

Il marqua une nouvelle pause. Cette fois-ci, il attendait visiblement ta réaction à ce cours magistral, car les orbites de son masque étaient fixées sur toi.

Une fois de plus, Maeglin reste très attentif aux paroles de Senreï Biran. Il y a longtemps de cela, en Hidirain, il avait déjà entendu des histoires semblables à celle de la peste qui révéla la nécromancie au monde. C'est bien entendu son défunt mentor, Huor Aldarion qui les lui avaient contées. Mais jamais il n'avait entendu parler de l'ordre des Lord Nécromants. Et c'est alors que le prêtre obscur lui dévoile leur existence, au premier abord Maeglin semble être en admiration en entendant parler de ces puissants nécromanciens. Mais lorsqu'il comprend que leur but n'était point de propager la mort mais de la limiter, il entre dans une confusion des plus totales. Comment cela est-il possible ? Pourquoi de si puissants individus se seraient-ils amusés à gâcher leur pouvoir ? Heureusement, en remarquant le ton d'amusement que prend Senreï Biran lorsqu'il parle d'aider les gens, il comprend que même si certains nécromants croient en de telles calomnies d'autres, les mortifères, dont il sait désormais qu'il en fait partie croient en ce qui semble être pour Maeglin le seul véritable moyen de vénérer la mort et son seigneur, et cela le rassure au plus au point. Une nouvelle idée s'installe alors dans l'esprit de l'hinïon: si les théosourciers veulent détruire le pouvoir des nécromanciens, ils sont alors ses ennemis car du pouvoir, Maeglin en aura besoin pour parvenir à ses fins. Après avoir prit connaissance de tout cela et s'être fait sa propre idée sur la question, le fanatique prend la parole.

De biens étranges nécromants que sont ces thésourciers ! Des hérétiques ils sont et leur oeuvre est un sacrilège ! J'ajoute ceci au serment que je fis il y a de cela quatre-vingt-dix ans quand je promis un jour de revenir en Hidirain et de la mettre à sac: qu'un seul de ces individus ne croise ma route, si j'apprends qui il est, je le tuerai de mes mains ! Et aujourd'hui je me dis qu'il est fort bien que j'eût renoncé aux projets de mon défunt mentor, car la vie éternelle n'a pas lieu d'être, alors jamais la nécromancie ne servira sa cause. Seul la mort il doit y avoir et seul la mort il y aura.


Maeglin marque alors une pause de quelques secondes avant de tourner son regard vers Senreï et de lui adresser directement la parole.

Est-ce là tout ce que je dois savoir, ou alors y a-t-il d'autres histoires concernant des abrutis n'ayant rien compris à notre pouvoir que je dois entendre ? Peut-être ma mission est-elle directement liée à ces théosourciers ?

Alors l'hinïon fixe le prêtre obscur dans les orbites de son masque avec admiration car il aime acquérir du savoir sur l'histoire de la nécromancie et il y a fort longtemps qu'on ne la lui avait pas si bien enseignée. Le dernier à l'avoir fait étant Huor Aldarion lui-même. Il attend une réponse, espérant en apprendre un peu plus. Mais d'un autre côté il reste toujours si impatient d'apprendre en quoi consistera sa mission.

Senreï secoua la tête.

« Tu m'as mal compris, jeune fanatique : Les théosourciers partagent notre conviction dans la nécessité de répandre la mort. Personnellement, j'ignore si nos pouvoirs viennent de la mort ou de Phaïtos, mais je suis le seul ici à envisager la deuxième possibilité. Elle n'aurait rien de surprenant. Et j'espère que tu ne me trouves pas ridicule. J'en serais déçu... »

Il éprouve visiblement un plaisir évident à te faire transpirer d'angoisse, tant sa voix est chargée de menace. Mais le jeu ayant assez duré, il reprend sans te laisser répondre :

« Ce sont les Lords qui cherchent à saper notre pouvoir. Ils en avaient tant pour eux-même après tout... Car en vérité, les plus grands des Lords étaient si forts qu'il apparut bien vite que nul ne pouvait leur résister. On raconte même qu'un seigneur nécromancien qui tenta de leur résister, massacra ses lieutenants avant de se suicider de folie en apprenant une énième défaite écrasante ! Car à chaque victoire, bien sûr, un nécromancien s'appropriait l'armée de son ennemi, et ainsi, les Lords bâtirent une armée invincible ! Le temple que tu vois ici fut fondé par des mortifères qui fuirent Nirtim lorsqu'il devint évident que la victoire était hors de portée. »

Il soupira, maintenant perdu dans ses pensées. Il semblait presque vivre ce qu'il racontait.

« Mais peu importe. Le règne des anciens Lords dura moins d'un siècle, avant que la corruption ne les gangrènes. Le dernier et le plus puissant trahi et tenta de s'approprier leur pouvoir. Il échoua de peu. Tu le connais sûrement de nom : Il s'appelle Tal'Raban. »

Il laissa sa phrase faire son petit effet avant de reprendre :

« Tu comprends donc qu'il y a peu de chance pour que tu croises un Lord de nos jours ! Nombre de serviteurs d'Oaxaca se donnent ce nom, mais comme nous, ils ne font que rêver de ce qu'étaient vraiment les Lords. Comme nous, ils recherchent dans les anciens écrits la source de leur pouvoir. Car aussi fous soient-ils, il y a une chose qu'il faut reconnaître aux Lords : c'est qu'ils n'avaient pas leur pareil pour accomplir des miracles de magie qui nous dépasse aujourd'hui ! Tous rêvent de retrouver les parchemins perdus de Chandakar... et bien sûr, les reliques des quatre Premiers, les fondateurs de l'ordre. Tu vois où je veux en venir ? »

Une fois de plus, il marqua une pause, attendant de juger de tes talents de déduction.

En écoutant Senreï, Maeglin comprend rapidement son erreur de jugement sur les théosourciers tout en continuant à penser que leur vision sur la nécromancie est erronée. Selon lui Phaïtos n'est pas son créateur mais simplement celui qui a réussi à la hisser au plus au point en créant par la suite un sorte de recueil permettant de trouver plus facilement les âmes destinées à être rappelées par les nécromanciens: les enfers. Celui-ci se serait alors hissé au rang de Dieu. Pour faire simple, l'hinïon voit en Phaïtos le dompteur de la mort.

Quand le prêtre obscur évoque la raison pour laquelle les Lords sapaient le pouvoir des autres nécromants, le fanatique reprend un peu d'estime pour eux. En effet, il ne voit pas vraiment de problème à saper le pouvoir d'autrui pour rendre le sien plus grand. Cependant, comme ils restaient des théosourciers mais surtout parce-qu'ils ont chassé ses semblables de Nirtim, il les voit toujours comme l'ennemi. Mais puisque Senreï lui affirme qu'il y a peu de chance pour qu'il croise un Lord de nos jours, il cesse de penser à pouvoir un jour en affronter un pour venger ses semblables mais il continue à envier leur pouvoir. Et voilà que le prêtre lui parle des reliques des fondateurs de l'ordre. Maeglin voit directement où il veut en venir et se réjouit d'avoir l'occasion de s'approprier l'une de ces reliques. Car n'est-ce pas là le meilleur moyen d'au moins pouvoir effleurer la puissance des anciens Lords ? Alors l'hinïon s'empresse de reprendre la parole.

Je vois ! Et je m'en réjouis ! Je ne pouvais rêver meilleure quête que de partir à la recherche d'une de ces puissantes reliques. J'en déduis aussi que je vais devoir partir pour Nirtim, un long voyage m'attend semble-t-il. Mais une fois là-bas, où devrais-je chercher ? Je viens seulement d'apprendre l'existence de ces reliques et je devrais être capable de m'en procurer une ? Seul qui plus est ?

Maeglin s'arrête alors de parler en espérant que Senreï puisse et accepte de lui donner plus d'indications.