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 Sujet du message: Le Marché Conclu
MessagePosté: Mar 30 Aoû 2011 16:30 
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Le Marché Conclu

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Une petite place a été aménagée au centre de Bouh-Chêne pour y installer le marché. Vrai paradis pour les yeux et les narines, le Marché Conclu est un des lieux les plus fréquentés du village. On y trouve tout ce qu'il faut pour un lutin digne de ce nom. Le stand de crêpes de Bobine, les appeaux de Myrtille et de temps en temps, un Lutin du nom de Puck Dorris, vient distraire les Lutillons avec ses démonstrations de "Cas Raté".

Le Marché Conclu est ouvert de jour comme de nuit et personne ne saurait oublier de vous conseiller d'aller jeter quelques yus dans la fontaine centrale dont la statue représentant une oracle centaurée serait en mesure d'exaucer les souhaits des cœurs les plus purs...

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 Sujet du message: Re: Le Marché Conclu
MessagePosté: Ven 9 Nov 2012 22:13 
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Installé sur une marche de la place du marché, Adrayk regardait le va-et-vient matinal des lutins marchands. Cela faisait plusieurs semaines qu’il avait élu domicile dans la cité de Bouh-Chêne, la solitude des chemins avait eu raison de sa volonté de découvrir le monde. Le petit guérisseur avait même réussi à trouver une logeuse dans la ville en échange de ses services. Jusqu’ici il n’avait pas eu à forcer son talent étant donné qu’il ne s’agissait seulement de préparer des baumes apaisants pour les pieds.
Myrtille, sa logeuse, était aussi fabricante d’appeaux ce qui l’obligeait à être debout tous les jours de l’aube jusqu’au coucher du Soleil. Pour l’instant aucun effet secondaire n’était à déplorer, ce qui rendait fier le petit guérisseur : il avait enfin trouvé une place où il se sentait à l’aise.

Mais pour l’instant Adrayk contemplait la beauté simple de la place. La statue du centaure dominait le centre du marché et ressemblait à un Dieu d’un autre temps auréolé de la lumière enflammée du Soleil levant. Dans peu de temps la place ne tarderait pas à être envahie par les lutins matinaux venus marchander les produits de première nécessité ou encore le péché mignon de tout lutin qui se respecte : la tarte à la framboise. Aucun habitant de Bouh-Chêne ne pouvait résister à l’odeur entêtante de la pâte chaude et croustillante sortant du four du boulanger, reconnu d’honneur de lutin, comme le meilleur de tout le continent. Chaque korrigan, lutin, farfadet de Bouh-Chêne se réveillerait avec l’envie de s’engloutir une tarte entière tellement l’odeur était alléchante.
Puis les enfants envahiraient la place courant, jouant entre les passants, s’amusant à embêter les marchands avant d’aller à l’école. Ainsi allait la vie à Bouh-Chêne.
Plus les jours passaient et plus Adrayk se sentait à l’aise dans cette ville lutine, sa logeuse commençait même à l'apprécier plus pour sa personnalité que pour son utilité, ce qui était un grand pas.

(Bon il est temps de se bouger), se dit-il (le baume ne va malheureusement pas se préparer tout seul…). La veille il avait été obligé de partir dans la forêt récupérer tous les ingrédients nécessaires à la préparation de la pommade. Des baies encore bien vertes de genévrier, de l’écorce de saule pleureur, deux brins de menthe, de la peau de serpent (Beuuurk) et enfin pour apaiser l’odeur, quelques herbes aromatiques. Le plus périlleux est bien sûr de récupérer la peau du reptile car il faut souvent trouver la tanière de celui-ci et lui voler sa mue, ce qui bien sur peut le rendre passablement énervé…

Adrayk se leva de sa marche se frottant ses fesses endolories par les dures marches de pierres et prit la direction de l’échoppe de Myrtille. Descendant l’escalier sur lequel il était, Bobine la lutine des crêpes l’interpela.


Adrayk, il faut absolument que tu me donnes ton secret pour mettre la vieille Myrtille dans ta poche ! D’habitude elle est rabougrie, mais depuis que tu es là, elle change du tout au tout ! Comment fais-tu ?
- Ca, ma chère amie est un secret de guérisseur gardé depuis des générations, dit-t-il en souriant
- Ahaha, es-tu bien sûr qu’il ne s’agit pas plutôt d’un secret de mâle plutôt ? Ajouta-t-elle avec un sourire qui en disait long sur son sous-entendu mutin.
- Peut-être…
Et le guérisseur partit, riant avec Bobine, rejoindre sa logeuse. Celle-ci d’ailleurs l’attendait de pied ferme les traits fendus par une ride de haine non contenue.
Lorsqu’Adrayk la vit devant sa boutique, il sentit qu’il risquait de passer un mauvais temps. Et il était encore loin du compte…
Adrayyyyyyk ! Sa voix haut perchée perça littéralement les tympans du lutin qui se demanda s’il ne devait pas plutôt prendre ses jambes à son cou. Explique-moi CA !!
Elle enleva une de ses chausses et en sorti un pied affreusement velu.
« Hum…. Heu….. C’est un pied…
- Oui c’est mon pied, et il est POILU !! Que m’as-tu fais ? Explique toi avant que je te donne à manger au premier ours qui passe !
- Ma… ma douce Myrtille, je vois que tu es un peu énervée, mais calme toi je vais trouver une solution…. (enfin j’espère).

Le petit guérisseur se mit alors en quête des ingrédients qui lui restaient de sa dernière préparation espérant trouver ce qui clochait dans son onguent.
Rien ne lui venait pour expliquer cette soudaine apparition de pilosité dans ses ingrédients quand il fut pris d’un doute. Il chercha dans son sac quelques secondes sous l’œil acéré de Myrtille, et en sorti son livre de sortilèges qui lui servait aussi pour les potions et préparations curatives. Adrayk feuilleta pendant un court instant son grimoire et lâcha :


Oh…..
Heu….. Je crois que j’ai trouvé pourquoi. Il semblerait que je me sois trompé de ligne, en fait je t’ai préparé une lotion pour les chauves.


Si avant on pouvait penser que la vieille femme était furieuse contre le lutin, à ce moment précis elle aurait pu le carboniser sur place si elle avait pu rien qu’avec ses yeux. Elle devint toute rouge, puis écarlate, avant d’exploser totalement.

HORS DE MA VUE CHARLATANT !! MANGEUR D’ENDIVES ! DESTRUCTEUR DE LAPIN DU LUMINION! FACE DE POULPE INVERTEBRE !!
Finissant son laïus, elle s’empara d’un de ces appeaux et frappa le guérisseur penaud, mais ne rencontra que du vide. Il avait déjà pris ses jambes à son coup avant même qu’elle finisse sa phrase.

CE N’EST MÊME PAS LA PEINE DE REVENIR ICI !

Et elle lança l’objet vers le lutin courant au travers des rues. Myrtille eu au moins la satisfaction de voir son projectile toucher son but, faisant trébucher le lutin qui repris sa course tant bien que mal.

Ainsi Adrayk se retrouvait de nouveau sur les routes, mais cette fois-ci d’une bien pire humeur qu’auparavant…


Suite

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 Sujet du message: Re: Le Marché Conclu
MessagePosté: Dim 28 Déc 2014 14:53 
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Je suis crispé. Fichus lutins. Bavards sur des sujets inintéressants ou incapables de servir leur client sans se briser le dos. Je ne suis pas spécialement pressé, mais ce n'est pas une raison pour me faire perdre mon temps ! Je suis maintenant encombré du sac de ma monture, trop orgueilleux pour laisser le brun m'aider. Et il me faut acheter encore, mais des provisions indispensables cette fois. Une chance finalement que Dae'ron m'ait montré quelques astuces pour trouver de quoi les économiser en voyage.

Tandis que je pense à mon congénère, ce dernier arrive prestement à mon niveau. Coïncidence ? Bras croisés, allure presque sereine, il évite le contact avec un trio de lutins jovials puis m'adresse la parole.

"Tu sais, cela ne coûte rien de se montrer..."

"Poli ?", le coupe-je.

Le brun acquiesce et je hausse les épaules, un rictus sur le visage. Amèrement, je l'informe considérer cela comme paroles inutiles et hypocrites. Silencieusement, nous avançons à la suite d'habitants des lieux. Eux discutent et rient, paniers au bras. Cette ambiance me frustre mais visiblement pas mon congénère à l'expression nostalgique. Bientôt, odeurs et voix invitant à s'approcher nous parviennent. Dès cet instant, Dae'ron semble retomber en enfance. Son visage curieux se tourne vivement d'étal en étal.

Tout son être est si rayonnant que j'ai du mal à ne pas en sourire, et dois allonger le pas pour rester à proximité.



Il atteint d'abord un étalage coloré où plusieurs masques sont présentés. Il les observe un instant, et le large lutin qui en porte au moins un par zone de son corps sourit à son intérêt. Parures de feuilles ou d'écorce, taillées dans différentes formes, sont appliquées contre son visage. Lapin, belette et chouette remplacent ses traits, avant qu'il s'attaque aux expressions faciales. Finalement, ce grand gamin oriente un masque coloris rouge semblant en colère dans ma direction.

"Si tu penses à ce que je pense, n'essaie même pas." le préviens-je, sans animosité.

Dae'ron affiche un sourire ravi. Comme avant toute cette sale histoire avec la Voix Sombre. Il s'en est remis, apparemment. Tant mieux. Il est donc temps de rompre ce lien grandissant. Mais pas tout de suite. Pas quand je me sens presque calme, malgré la présence de porteurs de bonnets partout. Mon congénère a un effet apaisant ou alors il m'a juste lancé un sort qui réduit ma colère momentanément.

Nous quittons cet étalage pour nous approcher de celui d'un fripier. Toutes ses confections utilisent des plantes comme matériau de base. Pris par surprise, je me vois coiffé d'un bonnet affreux, blanchâtre, et à deux sommets pendants jusqu'à ma nuque. Le brun semble remarquer l'aspect intrusif de son geste quand je retire l'objet avec une lenteur presque théâtrale.

"Un bonnet, soit... Mais à pompons ? Vraiment ?", fais-je, blasé.

"Je... Pensais que cela ferait couleur locale."

Je retourne son geste et l'observe, coiffé de cette chose ridicule à son tour. Nulle colère en moi, juste une envie de comprendre ce qui lui est passé par la tête. C'est certainement la première fois que je me sens aussi peu contrarié, même en présence de lutins de tous âges et genres. L'attente anxieuse de mon congénère manque de peu me faire sourire.

Je m'empare d'une fleur violette et odorante de la taille de ma main, dotée d'une tige souple où naissent quelques boutons de la même teinte. Je place la plante contre ma tempe gauche, me servant de la longue partie verte pour retenir mes mèches blondes. Je désigne alors le végétal qui aide à dégager mon profil intact et dévoiler ma gorge.

"Je préfère encore ça."

Si j'en crois les yeux ronds de mon interlocuteur, ma coiffure est pire que le bonnet. Mais après avoir servi de mannequin vivant en taille poupée à la grosse moche, me coiffer de cela de mon plein gré est franchement appréciable. Je tends la main pour l'arracher et perçois une traction sur ma manche. Dae'ron a retenu mon geste. Vu l'embarras qu'il affiche, il n'a pas songé aux conséquences. Au bout de quelques secondes, il me lâche soudain et se détourne vivement pour poser son bonnet. Il inspire profondément puis se retourne.

"Toi ? Aimer les fleurs ?", finit-il par pouffer.

"Non. Elles m'apprécient. Les garces.", réplique-je, impassible.

Ma tirade le fait rire, et j'ai du mal à ne pas y répondre. La fleur rendue, nous poursuivons bientôt notre chemin. Étals de savons, bottines lutines en réparation, stands de fruits et denrées, forestières ou pas. Suspicieux, j'arrête mon congénère, invité à mordre dans un échantillon d'un rouge profond. Je découvre une nouvelle insulte lutine : rabat-joie. Vraie girouette, la femelle oublie sa querelle avec moi en faisant le même coup à un lutillon de passage. Lui n'a pas autant de chance. Il mord goulument dans ce qui s'avérait être une épice très forte, avant de courir à toutes jambes jusqu'à la fontaine et de plonger tête la première dedans. De nombreux passants se mettent à féliciter chaleureusement la farceuse triomphante, tandis que d'autres aident la victime à sortir de l'eau.

Cette scène me prend au dépourvu. C'est si ridicule. Si... Banal... Un souffle m'échappe, puis un autre, et pour finir je me laisse aller à un petit rire de gorge. Le brun fait de même. Son regard approbateur chasse un peu la culpabilité de cette réaction.

"Je crois que c'est la première fois que je t'entends rire."

Je prends mal sa remarque. Mettre le doigt sur ce genre de détails m'irrite. Pour m'ôter cela de l'esprit, je me décide à négocier avec certains marchands, afin de me fournir en provisions. Heureusement que je ne tends pas la spirale à tous leurs arguments. À les entendre, tout leur étalage est indispensable à un bon voyage.

Nous optons bientôt pour un instant de repos, près de la fontaine au centre du marché. Le calme me fait perdre la notion du temps. Même ma corruption semble s'être assoupie. Assis à droite de mon congénère, je demeure attentif au clapotis de l'eau, versée par une représentation féminine et à moitié équine. Non loin, des habitants se placent dos à elle, serrent quelque chose puis le jettent à l'eau.

"Tu comptes essayer aussi ?", s'enquiert mon voisin.

"Hum ?"

"Cette fontaine exaucerait des vœux. S'il en fait un et jette un yû, le cœur pur peut voir son souhait se réaliser."

Muet, je ne fais qu'aviser ma main touchée par la corruption. Poussant sur mes paumes, je saute du rebord de la fontaine et serre lentement les poings.

"Sans moi.", déclare-je froidement.

"Nessandro..."

D'un geste rapide, j'envoie une pièce à mon congénère. Vif, il l'attrape puis me regarde avec une certaine peine. Je m'en détourne, reportant mon attention à ma droite. Un stand aux odeurs sucrées et chaudes s'y tient. Une certaine fringale m'étreint, m'amenant à ne pas m'attarder sur ce qui vient de se passer.

"Je vais nous chercher quelque chose à manger."

Je m'éloigne rapidement, et plus vite encore lorsque j'entends ses ailes se déployer et qu'il se pose derrière moi. Les rires des lutins recommencent à m'agacer, mais peut-être est-ce simplement lié à la fatigue qui arrive.



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Dernière édition par Nessandro le Mer 14 Jan 2015 22:17, édité 7 fois.

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 Sujet du message: Re: Le Marché Conclu
MessagePosté: Dim 28 Déc 2014 22:28 
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Pendant que j'approche de l'étalage, je cogite. Dae'ron ne pensait pas à mal, je le sais. Et cela m'agace. Un autre que lui aurait reçu mon fiel avec véhémence. Ces histoires de vœux sont pour les faibles, les incapables, ceux qui sont infoutus de se prendre en main et d'améliorer leurs conditions par eux-mêmes. Et encore une fois, je n'ai pas pu. Cela ne me ressemble absolument pas. C'est de ma faute. J'ai suivi mon envie idiote de créer de bons souvenirs avec lui. Il est vrai que jusque-là, ils sont globalement positifs.

Cette idée me cause un frisson étrange. Je jette un coup d’œil par-dessus mon épaule pour apercevoir mon congénère, mais ces grands couillons à bonnet derrière moi m'en empêchent. Toujours là où je ne veux pas les voir, ceux-la ! Mes achats en préparation, je fais un pas de côté, cherchant à le voir. Dae'ron est immobile, yeux clos, tenant entre ses doigts le yû que je lui ai donné.

Retour de mon agacement.

( Et te voilà en train de le chercher dans la foule, comme un poussin qui aurait perdu sa mère. Pitoyable... )

La lutine cuisinière discute longuement, au point que mon achat finit par sentir le brulé. C'est bien une femelle, ça. Incapable de s'atteler à une tâche correctement et de la mener jusqu'au bout ! Et ça sourit, comme si cela allait suffire à réparer sa crétinerie ! Et je dois encore attendre ! Toute cette contrariété me coupe l'appétit. Usant des ailes, mains chargées des crêpes, je me fraie un passage entre les estomacs sur pattes. Regard vers la fontaine. Déferlement d'amertume.

Dae'ron semble mal à l'aise, presque adossé à la pierre. Et il a de quoi. Entre lui et moi, trois paires d'ailes se dressent. Les silhouettes dépassent mon congénère de deux têtes pour la plus petite. En tenues florales respectivement rouge, blanche et bleuet épousant leurs immondes formes, c'est un trio féminin qui se trouve là. La rouge est la moins grande, arborant un affreux chignon posé sur le sommet de son crâne. Penchée, elle avance ses formes écœurantes vers le brun. La femelle à haillons blancs, tignasse courte et d'un blond paille souillée, a la main rivée au poignet de Dae'ron. La dernière, en bleu, se tient un peu en retrait. Elle doit être aussi grande que Lyïl, mais se voûte comme une vieille peau.

J'allonge les pas, hargneux.

"Mais puisque je vous dis que j'attends quelqu'un.", tente le brun.

"Ce n'est pas notre problème., affirme la garce rouge. En plus, si c'est une aldryde, ce sera bien fait pour elle. Elle n'avait qu'à pas laisser trainer ses affaires."

"Bien vrai ! Maintenant, tu es à nous. Et tu vas faire ce qu'on te dit, docilement.", s'amuse la blanche.

L'immense femelle courbée tente d'intervenir, mais elle est sèchement coupée par les autres. Visiblement, son avis leur est indifférent. Elle tente encore de calmer le jeu, demandant d'une façon détournée à mon congénère le genre de personne qu'il attend. Dae'ron s'est à peine fait silencieux un instant que les autres voix s'élèvent.

"J'veux pas l'savoir !", coupe la rouge. Tu te tais, tu nous suis. J'suis en colère et en retard. J'repars pas d'ici les mains vides !

"Obéis, ma magie me démange.", glousse la blanche.

Subitement, Dae'ron m'aperçoit mais ne trahit pas ma présence. Profitant de cet avantage, je lance tour à tour mes crêpes dans le dos de la rouge et la trogne de la blanche. Toutes deux émettent un son surpris, et j'attire ainsi l'attention de la bleue sur moi. Pourtant, à part lever la main vers son visage, cette dernière ne semble guère réagir à ce que je viens de faire. Elle n'aide même pas les deux autres à se défaire des projectiles comestibles. Voyant que celle qui l'a agrippé ne l'a toujours pas lâché, je m'avance aussi vivement qu'un félin et frappe résolument sur ses doigts de ma main sombre.

"Bas les pattes, mocheté.", siffle-je dangereusement avant de m'adresser au mâle. "Nettoie vite. Qui sait où ces créatures puantes ont trainé."

Derrière moi, Dae'ron a l'air de se calmer assez rapidement. Il avance sur ma droite pour venir à ma hauteur. Une brève analyse des femelles m'apprend que la cicatrice que je leur présente les dérange. La blanche en particulier. Elle imite même quelqu'un sur le point de rendre son repas. Je la dégoûte ? Tant mieux ! Si elle pouvait s'étrangler avec sa bile, celle-la !

"Ecoutez.", tente courageusement le brun. "Il est inutile de vous énerver. C'est juste un malentendu."

Pour toute réponse, encore la même rengaine. Deux mâles dehors, sans chaperonne, et dont un ressemblant à un chien sans laisse. Maudites femelles. Il faut qu'elles ruinent ma vie, encore et encore. Et cette fois, elle gâchent le dernier jour que je veux passer avec Dae'ron ! Ma magie sombre gronde au fond de moi. Ma soudaine haine aussi, réveillant la corruption. La fièvre s'accentue, mordant mon pectoral droit et ma hanche. Dae'ron tente encore de calmer le jeu. Moi, j'ai envie d'en découdre. De leur faire ravaler leur langue jusqu'à les faire s'étouffer avec !

Non seulement elles ne veulent rien entendre, mais elles agissent comme pensant nous être supérieures. Mon compagnon est qualifié de beau brun, mais menacé tout de même de regretter sa bravoure s'il persiste à leur tenir tête. Elles ne m'accordent aucune importance. La blanche ne verrait même aucun inconvénient à m'abimer un peu plus et, insulte supplémentaire, considère que je ne suis guère plus que l'animal de compagnie de Dae'ron ! Le bref regard que j'échange avec lui m'apprend que lui-même a du mal à digérer ces paroles. Les femelles font un pas de plus vers nous avec assurance. Nous les accueillons à la manière aldryde, version mâles indépendants.

"Arrière !", ordonne le brun, la javeline menaçante.

"Emplumées ridées.", ajoute-je, la main liée à l'orbe pointée vers elles.

"Sachez que si nous devons nous défendre, nous le ferons.", affirme un Dae'ron résolu. "Même si le lieu n'est pas propice. Vos menaces ont attiré l'attention sur nous."

"Pas que cela me gênerait de vous plumer en public, ceci dit.", grince-je avec froideur.

Les trois imbéciles semblent décontenancées par les regards des lutins braqués sur la scène. Croiser des mâles de notre trempe doit être leur première fois. Surprenants car capables de se défendre aussi bien par les mots que par les actes. Gênée, la rouge siffle, prétendant pouvoir et vouloir nous traquer jusqu'à nous faire redouter notre ombre. L'abrutie. Me dire ça, à moi, alors que dans ma paume évolue de la magie obscure. D'ailleurs, des trois, seule la grande penchée a l'air de s'en apercevoir.

Mauvais, je prends la parole avec violence, menaçant ces imbéciles de leur faire pourrir la trogne si jamais leur chemin croise de nouveau le mien. J'ai à peine le temps de comprendre qu'Al'Inka est le nom de la blanche que cette mégère utilise un sort contre moi. Le choc est brutal, douloureux, effrayant. Mes muscles se crispent tandis que l'énergie électrique les dévale. Mon cœur rate un battement puis un deuxième, comme agrippé par le fluide de foudre matérialisé. La pression sur mon muscle cardiaque me fait redouter une issue dangereuse. Seul mon orgueil me permet de ne pas mettre un genou à terre. Alourdies et parcourues de soubresauts, mes ailes m'entrainent vers la fontaine. Je me laisse l'atteindre pesamment, gardant le silence malgré la peine.

Je respire péniblement lorsque le sort se dissipe. La charogne... Ma gorge me fait mal, au point que je ne peux pas répondre quand Dae'ron m'appelle, inquiet. J'ai été pris par surprise et ai manqué choir aux pieds de femelles. L'humiliation, encore, évitée de justesse. Haineux, je riposte avec une froideur meurtrière, matérialisant mon sort d'ombre préféré. La main noire agrippe la gorge de celle qui m'a blessé avec une telle vivacité qu'elle n'a pas le temps de bouger.

"Sol'Aïna !", hurle la garce en rouge, en tentant d'attraper ma magie. "Fais quelque chose ! Empotée !"

La femelle en bleu me scrute à travers sa frange, puis effectue un signe de tête. Négatif.

"Non, Bel'Inka. Vous l'avez cherché."

Et pour asseoir sa décision, la crétine en bleu se redresse et croise les bras. Je broie partiellement la gorge de mon attaquante. Quand le sort se dissipe, celle-ci a tant de mal à respirer qu'elle ne tient plus debout. Sa consœur en coloris sanguin me lance un regard colérique, mais elle semble principalement en vouloir à la femelle immobile. Cette dernière ne tressaille même pas, la regardant avec une expression impassible. Aussi froide que la statue.

Le brouhaha lutin semble se faire un peu plus fort. Sans que je lui demande quoi que ce soit, Dae'ron place sa main dans mon dos, entre mes omoplates, m'offrant un léger appui. Je lis de l'inquiétude dans son attitude, mais m'efforce de ne pas y prêter attention. Je refuse de laisser à ces garces la possibilité de croire que cela m'a affecté.

"Debout.", fait sèchement la géante en bleu. "Nous partons."

L'aldryde vêtue d'écarlate ouvre la bouche, affiche une grimace mécontente puis se met à bleuir comme une aldronne en faute. Elle aide la magicienne pâle à se relever, déploie ses ailes et décolle. De son côté, la grande idiote les regarde faire, puis nous tourne le dos.

"Prudence.", conseille-t-elle, avant de décoller à son tour.

Quelque peu incrédule face à ce qui vient de se passer, je sens ma hargne encore bien vive en moi. Et ce sort m'a donné la nausée. Autour de nous, les lutins murmurent, froncent les sourcils voire nous désignent. J'avais oublié. Ces crétins à bonnet n'aiment pas ma magie. Célestin m'a prévenu, mais sur le moment, je voulais broyer le cou de la femelle, pas attirer la sympathie lutine.

"Je pense... Qu'on devrait s'éloigner.", me souffle coupablement le brun.

Prenant conscience de sa paume contre mon dos, je m'écarte vivement de lui. Aux visages interloqués, désapprobateurs ou encore inquiets tournés vers moi je réplique par des regards meurtriers, et bouscule les lutins pas assez rapides pour s'écarter de mon chemin. Je me fous de ce qu'ils pensent ! Pour qui se prennent-ils de toute façon ?

S'il faut blâmer quelqu'un, ce sont ces maudites femelles, par mes ailes !



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