L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Lun 29 Nov 2010 13:01 
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L'être étrange se mit à nouveau à se justifier sans nous donner plus de preuves encore une fois. Il était difficile pour moi d'accepter que l'être avec qui je parlais pouvait avoir une telle enveloppe. Laissant cette pensée se balader dans mon esprit, l'homme chien nous apprit qu'il portait le nom de Imaro. Curieux, mais soit ...

Je ne dis rien, avant que l'homme nous dirigea vers leur campement placé hors de la ville. La mageresse à mes côtés, je tournai parfois mon regard dans le sien afin de trouver du réconfort. elle paraissait la seule personne normale dans cette ville puante. Enfin ... Pour ce qui était de la normalité, ma coéquipière ne l'était pas vraiment, pas après ce que j'avais vu durant notre dernier voyage ...

nous arrivâmes rapidement dans un lieu vert, où la jeune femme encore très courte vêtue vint nous accueillir. Une charrette se présentait également face à moi, où la jeune fille semblait somnoler. Je gardais un oeil mauvais sur la femme ou plutôt la fille de joie qui tentait de connaître nos noms.

D'une voix calme et presque neutre, j'énonçai mon nom en prenant le temps de citer toutes les syllabes présentes. "Agleaka." L'être sembla extrêmement pressée et sembla déjà prête à partir pour la ville pauvre. Quelque peu intriguée par cette rapidité, j'avançai jusqu'au transport d'une manière lente.

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Lun 29 Nov 2010 18:52 
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Nous nous dirigeâmes assez rapidement vers la sortie de la ville, dont l'air glacial gardait malgré tout une odeur putride. Les mendiants étaient toujours là, entassés dans des allées sombres, de vulgaires planches de bois les protégeant maigrement du froid. Je comprenais qu'Imaro, l'homme-chien, soit pressé de quitter les lieux.

La garde ne nous arrêta pas à la sortie, les quelques miliciens bien trop occupés à se réchauffer autour de vin chaud. Aglaeka semblait encore tendue, me lançant régulièrement des regards, comme cherchant mon appui. Je n'étais pas tout à fait à l'aise, comprenant difficilement pourquoi un coup elle était distante et un coup elle était proche.

En fin de compte nous arrivâmes devant une carriole un peu à l'écart, la jeune femme ayant l'air toujours intact. La voir à moitié nue me rappela mon mal de gorge tandis que je déglutissais douloureusement. Quant à la fille, elle était visiblement assoupie.

Aglaeka prononça son nom. Je reportai mon attention sur elle et sur la jeune femme, qui semblait attendre quelque chose. J'avais du avoir une absence, mais je répondis malgré tout:

"Isulka pour ma part. Je ne suis pas mariée, mais vous pouvez m'appeler Dame Isulka si vous voulez. Damoiselle fera l'affaire aussi."

Je marquai une pause dans mon discours, portant le regard sur un ciel qui commençait à bien s'éclaircir.

"Quand partons nous? Et comment nous organisons-nous pour le voyage?"


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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Jeu 2 Déc 2010 05:22 
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Dirigé de Pré-quête 23 Isulka, Aglaeka et Loys(Abs)


Elina te regarde et te fais un grand sourire.

"Et bien nous partons maintenant. En pressant le pas, nous devrions arriver à Kendra-Kâr d'ici trois ou quatre jours. Nous ferons de petite pause tout les quatre heures environs jusqu'à la tombée de la nuit, mais si le besoin se fait sentir, n'hésitez pas à demander pour que l'on s'arrête"

Elle vous regarde comme pour voir si la réponse vous convient et quelques secondes plus tard, vous êtes partis. Le voyage se fait en silence, jusqu'à ce qu'Imaro sorte une magnifique flûte de verre. Il entame une air, qui semble faire réagir Elina.

"Mais c'est L'épopée de pépé Pipeau! Attends un peu, je vais chanter."

Et c'est avec une magnifique voix, douce et envoutante qu'Elina entame sa chanson:

"Pépé Pipeau tel était le nom
D'un lutin triste et sans compagnon
Toujours la solitude et la tristesse l'accompagnaient
Et il croyait que jamais il ne s'en débarrasserait.
Il faut dire qu'une vie facile il n'avait pas eu
Il en avait marre et d'en finir, il était résolu
Selon lui, partir à l'aventure était la solution
Mais pour aller où ? Vers quelle destination ?
A l'aveuglette il partit alors
Pour chercher ce qui serait son trésor.
Des amis heureux, gentils et aimants
Forts courageux et marrants
Dangereux le voyage promettait d'être
Mais ces dangers il allait envoyer paître.
Car dans son cœur une grande force résidait
Celle de rire et de faire ce qui lui plait."


Puis soudain elle s'arrête, au moment même où le tempo allait accéléré et se met à rire.

"Ahahaha, zut, j'ai oublié la suite!"

Imaro continua à jouer tranquillement, jusqu'à que le nuit vienne déposer son voile d'ombre sur vos têtes. Le feu de camp est allumé, et Imaro apporte quelques morceaux de viande séchée ainsi que du pain et du fromage. La Kender s'est réveillée, et c'est à moitié encore endormie qu'elle se joint à vous sans un mot.

"Mangez, nous avons largement assez de vivre pour le reste du voyage, contrairement aux kendrans qui pourraient devenir nécrophage."

(((HRP: pour la réponses, c'est ICI que ça se passe. Bon RP!)))

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Lun 8 Aoû 2011 16:06 
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- Nous marchons gaiement, vers notre camp d'entraînement...!
- C'est vachement duraille d'être avec de la marmaille !
- C'est un vrai guêpier, d'être écuyer, quand on a mal aux pieeeds !
- Hé ! Vaut mieux rêver, d'une lutine à aimeeer !
- Hein ?!
- C'est ce que j'ai dit ! Une lutine à aimeeer ! Je l'imagine Tuile-aux-rimoise, avec des yeux turquoiiises...
- Moi je veux qu'elle admire ma force ! Les cou-tures sur mon torse !
- Moi, qu'elle soit grosse ou qu'elle soit fine, j'suis pas mysogine ! Du moment qu'elle fait bien la cuisine ! Oeufs, pommes, noisettes, huuum !
- Vaut mieux rêver, d'une lutine à aimeeer !


En entendant chanter ses amis, Pépin dévala le long d’une racine où il s’était posté pour les chercher du regard. Ils n’étaient pas loin, à peine à trois chênes un frêne de là, à vadrouiller entre les arbres noueux et les fougères plus hautes qu’eux. Si, si, il avait bien passé les portes de Bouh-Chêne en même temps que la troupe, mais après quelques minutes de marche, il s’était rendu compte que son casque-noisette adoré était resté à la maison. En fait, il faut bien l’avouer, il l’avait fait exprès pour pouvoir faire un dernier bisou à sa maman, qu’il avait trouvé très inquiète, et puis aussi un peu parce qu’il avait senti juste avant de partir les petits gâteaux de semoule aux amendes qu’il aimait tellement. Partir si longtemps et ne même pas avoir de pâtisseries cuisinées par sa maman, ça jamais !

- Hé ! Attendez-moi !!

Trêve de gâteaux, il avait une mission, et pas des moindres. Il fallait qu’il se dépêche de rentrer dans les rangs de Fauche-le-vent, le Capitaine lutin à moitié chauve qui les emmenait, plutôt pour son malheur à lui, dans un sanctuaire des Duchés afin qu’ils y apprissent à être de vrais Chevaliers. Tandis qu’il courait pour les rejoindre, il songea que deux douzaines de lutins espiègles dans les pattes, ça ne devait pas être de tout repos. On lui avait même raconté une histoire inquiétante selon laquelle Fauche-le-vent aurait perdu ses cheveux quelques années auparavant alors qu’il conduisait le même genre de régiment. A chaque fois qu’il pensait à ça, Pépin ne pouvait empêcher une sueur froide de perler à son front et de sentir une vague d’empathie pour le pauvre vieux Lutin. En même temps, il ne voyait pas vraiment comment ça pouvait être vrai, car le Capitaine était d’une nature très calme et conciliante, et toute sa troupe l’aimait franchement bien.

Pépin courut encore quelques minutes en faisant bien attention de ne pas se prendre les pieds dans un caillou malvenu, et au moment où la silhouette de son archi-cousin Calembour se dessina devant lui, il bondit dessus en étouffant un fou rire. Alors, toute forme de commisération pour Fauche-le-vent disparut, et les deux amis ne purent réprimer leur joie.

- T’en as mis un temps, dis donc !

Calembour reposa son cousin par terre d’un roulement d’épaule. Il joua avec son biceps et donna une pichenette sur le menton de Pépin, qui fronça un instant les sourcils en bougonnant avant d’éclater de rire. Le rouquin était l'arrière-petit-neveu de la cousine de la mère de l'oncle du cousin de Pépin, ce qui en faisaient de proches parents, et surtout de grands amis d'enfance. Toujours partants pour faire les pitres et se lancer des défis, ils avaient décidé de s’engager ensemble. Alors qu’il lançait un sourire à un lutin qu’il n’avait jamais vu, Pépin sentit une main ébouriffer un peu plus ses cheveux châtains en bataille.

- Hé, mais tu sais que tu sens bon ?

Il se retourna pour voir Gaudriole, qui quant à lui était le fils du petit-neveu de la grande-cousine par alliance de la mère de Calembour, mais comme les naissances advenaient tard dans leur famille, cela expliquait qu’ils eussent à peu près le même âge. Il tenait de son père sa fameuse constitution et son appétit de géant : né dans la famille d’oiseleurs la plus réputée de tout Bouh-Chêne, il devait bien faire une tête ou deux de plus que la moyenne des lutillons de son âge. Parce que n’empêche, tenir à carreau un rapace, ça demande un certain allant quand on fait moins de deux empans ! Et ceci expliquait cela, car quand il s’agissait de nourriture, Gaudriole et son estomac étaient les premiers d’attaque. Pépin songea aussitôt aux gâteaux dans son sac qui devaient propager des effluves délicieuses, et espéra de tout son cœur qu’il y en eût suffisamment pour pouvoir partager – sans quoi il pria aussi pour que cette bonne odeur soit un résidu du parfum de sa maman, comme ça il pourrait faire semblant de rien.

- C’est encore Fibule qui t’a fait des gâteaux de semoule aux amendes ?
- Hé, Pépin
, dit Calembour pour venir au secours de son ami, je te présente Fil.
- Salut ! dit simplement le lutin inconnu à qui Pépin avait souri un peu plus tôt.

(Nom d'un poil de grenouille !)

Chose très rare, effectivement, que le poil de grenouille (et par conséquent et indubitablement, très recherché, convoité, voire fantasmé) - très rare, tout comme les lutillons inconnus de Pépin. En fait, toute la troupe était une bande de joyeux lurons, voisins plus ou moins proches et qui s’aimaient tous beaucoup. Et puis, ils nourrissaient le même rêve : devenir un jour un Chevalier-Corbeau – ceux dont parlaient les légendes.

- Il ne vient pas de Bouh-Chêne, précisa Calembour, et l'esprit de Pépin soupira de compréhension.
- Mes parents se sont installés à Tuile-aux-rimes mais je suis de la famille assez proche de Asdubabil !

Il leur raconta un peu son histoire, et ils échangèrent tous des anecdotes croustillantes (c'est le mot) sur les spécialités culinaires de leur village respectif - et puis un peu aussi sur les plus jolies lutines qu'ils avaient eu la chance de croiser dans leur jeune existence. Ils rirent de bon coeur devant la pudeur amusante de Fil, qui rougissait dès qu'on parlait de filles. Et puis ils passèrent le reste de la journée à papoter tout en marchant au pas rythmé de Fauche-le-vent, fièrement juché sur sa buse à l’avant du convoi. Une humeur enjouée flottait dans l'atmosphère, et les quatre lutins rirent une bonne partie du chemin. Les trois cousins se félicitaient d’avoir fait la connaissance de ce Fil si sympathique, et celui-ci avait l’air d’en être aussi content qu’eux. Ils évoquèrent ensemble les contes des plus grandes actions des Chevaliers-Corbeaux, partagés entre l’enthousiasme de secourir des demoiselles en détresse et la peur des monstres géants à dix-huit têtes et quarante pieds qu’il leur faudrait peut-être affronter.

A mesure que le temps passait, ils se rapprochaient de l’orée de la forêt. Mais aussi, même si la lumière déclinait rapidement avec la tombée du jour, Pépin se disait qu’il avait déjà vu la frimousse taquine de Fil quelque part : ces yeux là, de cette jolie couleur verte avec des paillettes, lui rappelaient quelqu’un.

(Ca doit être le Asdubabil tout craché...!)

C'était sans compter que Asdubabil avait les yeux gris.


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Dernière édition par Pépin le Sam 19 Mai 2012 18:22, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Lun 12 Déc 2011 19:04 
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Évènements précédents~

Cycle.
Série de phénomènes ou d'entités, liés dans l'enchaînement du lien qui les unit. Régulier. Infini.

***


Sans la peur qui tirait mes entrailles et la fatigue qui brûlait mes yeux, j'aurais couru comme un diable jusqu'à ce que mes chausses se désintègrent d'usure. J'avais titubé à en perdre haleine dans le petit sentier sinueux qui s'échappait de la forteresse et j'eus tôt fait de le dégringoler jusqu'à la base du socle rocailleux qui retenait le domaine dans son trône massif. Le souffle coupé et les yeux pétillants dans la pénombre nocturne, mon intuition contrôlait chacune de mes enjambées qui semblaient me mener, petit à petit, vers celle qui obsédait mon esprit.

Le froid de la saison s'engouffrait dans ma peau pulsée d'adrénaline. Je n'en captais qu'une sensation quasi superficielle tant mon objectif se plantait devant moi comme une seule et unique préoccupation. Une fine couche de neige se matérialisait sur la terre plane de la sente et se soulevait en petits éclats blanchâtres lorsque mes pieds l'effleuraient. La végétation défilait de parts et d'autres et je crus pendant un instant n'être qu'immobile, aspiré par la forêt elle-même. L'odeur amère du sang sur mes vêtements ne faisait qu'attiser mon excitation animale. Un sourire plana sur mes lèvres bleuissantes et j'éprouvai enfin ce qui s'organisait en moi comme un sentiment de pure allégresse. Cette liberté que je goûtais filtrait chacun de mes battements et m'entraînait à sa suite dans un tourbillon de vitalité.
J'étais vivant.

***


(courir, courir... Tiens bon Kaali. J'arrive.)


Mon cœur cessa de battre lorsqu'un rugissement résonna dans mon dos. J'eus à peine le temps de faire volte-face que deux pattes frappèrent ma poitrine. Un effluve de fauve m'imprégna et je roulai à la renverse sur le tapis humide et glacé de la forêt. Une crinière dense s'ébouriffa dans la bousculade d'où une gueule aux dents acérées s'ouvrit en libérant une haleine fétide d'animal. Par la noirceur de la nuit et la rapidité du moment, un clin d'œil suffit pour que l'être qui m'avait frappé de plein fouet se matérialise maintenant sous l'apparence d'un homme à la chevelure aussi brune que la fourrure de l'animal. Deux bras s'appuyaient maintenant sur mon torse et me retenaient d'une surprenante force. L'individu et moi-même roulions dans l'élan de ma propre course au travers du sentier et le tronc d'un bouleau que nous frappâmes mit fin à la brusque roulade. Un bras solide me plaqua l'épaule dans le sol et je retroussai les lèvres pour exhiber mes canines d'homme.
Il était rapide. Il m'avait rattrapé.

(Fuir, fuir. Homme-bête trop fort. Homme-bête empêcher progression)


Je mordis son avant bras de toutes mes forces tant la peur percutait ma conscience. Mes papilles s'excitèrent lorsque je gouttai le sang qui s'infiltrait dans ma gueule, mais je repoussai la tentation de retourner dans le bras sanguinolent. L'homme vacilla d'un cri et retira vivement l'emprise qu'il avait sur moi. Dans un impulsion d'espoir et par la faille qu'il m'offrait, je tentai de m'arracher à sa poigne, mais son autre bras se plaqua brusquement sur mon cou. Un genou dans mes côtes, il approcha son visage du mien et j'entendis sa voix... Elle ressemblait un peu trop à celle de l'homme prisonnier dans la grosse tanière.

- « Pourquoi libères-tu tes pulsions ainsi? Espèce d'inconscient! Ton maître ne vaut pas mieux qu'un Sicayas! Et comment peux-tu encore être animal qu'à l'intérieur de ta tête à cet âge? »

Son odeur âcre m'indiquait que c'était bel et bien l'homme que j'avais libéré de l'abri sombre où ma soeur avait perdue la vie. Les traits de son visages étaient rudes et imprégnés d'un vécu propre à une longue exposition au soleil. Un caractère sauvage courrait dans son expression éclairée par les reflets de la lune. Ses cheveux emmêlés tombèrent obstinément sur son facial jusqu'à une barbe hirsute lorsqu'il étira ma paupières gauche du pouce et de l'index. Je convulsai en soulevant mes épaules, mais ceci n'eut comme conséquence que l'affermissement de l'emprise qu'il avait sur moi. Il fronça ses sourcils broussailleux et son expression de révulsion sembla se métamorphoser en pitié, presque en tristesse. Sa voix changea littéralement comme s'il me considérait maintenant sous un tout nouveau regard.

- « Du calme petit. Je ne te veux aucun mal. »

Mon cerveau reçut l'information sans même prendre la peine de la traduire. Sentant sa poigne oscillant faiblement sous le coup d'une inattention qu'il avait à tenter de déchiffrer mes traits, je rugis en rabattant mon crâne sur le sien et il bascula brusquement de côté en plaquant ses mains sur son visage. Sur le dos, je propulsai mes épaules dans une vive roulade et me remis sur pieds, l'air éperdut. Sans hésitation, je tournai les talons. Un cri de douleur déchira le silence nocturne.

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Sam 28 Jan 2012 18:10 
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DANS LA GUEULE DU LOUP


L'ambiance pesante de la forêt commençait à se faire ressentir chez Rägrok, qui avançait de plus en plus prudemment alors que la pénombre commençait à gagner les lieux.
Rapidement, l'explorateur du dimanche se retourna et jeta un rapide coup d'oeil à la ville derrière lui, ainsi que la route qu'il avait emprunté plus tôt pour atteindre Bouhen, si les choses tournaient mal, il pourrait toujours rebrousser chemin ou tenter de rejoindre la voie pavée histoire d'éviter les mauvaises surprises.

Très vite, la lisière éclairée des lieux laissa place à une atmosphère sombre et encore plus pesante pour le Rägrok, qui ne se sentait pourtant pas mal à l'aise, ses gênes devant probablement le rappeler à l'ordre, en même temps que son cerveau qui lui donnait l'ordre de s'en aller de là rapidement, quitte à laisser tomber cette histoire de clan détruit.
Si quelqu'un savait quelque chose sur les Mâchefers, c'étaient bien les peau-vertes locaux et un interrogatoire semblait être la solution la plus facile pour découvrir les raisons du passage de la tribu dans les environs.

Un craquement de branche attira alors son attention, raffermissant sa poigne sur son bouclier et son hachoir pour se préparer au combat avec le possible adversaire près de lui, qui n'avait vraisemblablement pas choisi le bon moment pour pointer le bout de son nez face à Rägrok.
Un long silence fit place au signal d'alerte de l'orque, mais la tension qui régnait maintenant ne pouvait laisser plus longtemps planer le doute quand à la présence de quelqu'un, car l'instinct du Mâchefer était aiguisé et il devinait que son adversaire se déplaçait, soit de branches en branches, soit de bosquets en bosquets, essayant malgré tout de...le contourner ?

L'idée frappa l'esprit du guerrier qui fit un superbe demi-tour, son bouclier soudainement heurté par un projectile qui manqua de peu de le déstabiliser dans sa manoeuvre et le faire choir, mais la masse de muscle se contenta de quelques pas de déséquilibre avant de pouvoir reprendre ses appuis et observer le tireur, planqué derrière un arbre massif, en train d'encocher une seconde flèche et se préparer pour tenter un nouveau trait mortel.
La fourberie était l'une des choses qui énervait le plus les orques, ça et l'eau, mais aucune rivière ne venait ici s'ajouter au bilan des raisons de s'énerver de Rägrok, simplement un archer gobelin planqué dans son coin et dont les pas froissaient la litière forestière, trahissant le moindre de ses mouvements alors qu'il tentait veinement de profiter de la pénombre ambiante pour réussir à prendre l'orque par surprise, ou tout simplement réussir à se faire oublier par ce dernier, l'affaire de quelques secondes seulement.

Manque de chance pour l'avorton, la visibilité de l'orque, bien que nomade et ayant perdu bon nombre de caractéristique que les véritables garzoks possèdent, était aussi efficace de jour que de nuit, et il n'avait absolument aucune difficulté à distinguer la masse verte se pavaner d'une manière absolument ridicule en tentant de masquer le bruit de ses pas, joignant l'arbre le plus proche de lui, tendant de nouveau son arc.

Par réflexe, Rägrok se protégea une fois de plus de son bouclier, mais cette fois-ci, le trait fila à quelques centimètres de la bordure de ce dernier, arrachant quelques copeaux de bois avant de tournoyer dans les airs et s'échouer lamentablement sur le sol.
D'un bond, le garzok chargea alors en direction du petit être, abattant furieusement son hachoir sur ce dernier qui, dans un mouvement de désespoir, se balança à terre et roula de côté, évitant de justesse le coup mortel mais perdant dans la foulée son arme, se relevant à l'aide d'un sublime saut carpé pour prendre ses jambes à son cou, fuyant vers le coeur de la forêt, désormais poursuivi par le garzok furieux qui, de rage, brandissait son arme et effectuait de grands et larges moulinets dans les airs, découpant quelques branches au passage, se perdant entre les dédales de végétaux, manquant de trébucher dans les racines, frappant parfois les chênes centenaires du plat de sa lame pour débusquer le fugitif : peu à peu, le côté bestial prenait le contrôle de la traque, au grand malheur du sekteg qui ne manquait pas de cachettes, mais se retrouvait toujours à portée du guerrier enragé et devait sans cesse fuir plus loin pour ne pas se faire repérer et tuer.

Zigzaguant entre les arbustes, piétinant champignons et branches mortes, le gobelin se retrouva bien vite dans un couloir de chênes, Rägrok à ses trousses ayant cessé ses moulinets pour se concentrer sur sa proie, dont la distance se réduisait comme peau de chagrin et qu'il commençait peu à peu à rattraper, bien décidé à lui faire la peau.
Alors que les jambes du petit être semblaient atteindre une vitesse inimaginable, et que son souffle devenait un râle, un sifflement aigü témoignant de la fatigue extrême de la bestiole, cette dernière fut confrontée à un choc violent et brutal sur tout son flanc, le large panneau de bois rond qu'était le bouclier de Rägrok heurtant le sekteg avec une force à la hauteur de la musculature du garzok et qui détacha la petite silhouette du sol pour l'envoyer rebondir contre un arbre, un craquement se faisant entendre, probablement un os brisé ou une mâchoire déplacée.

Pour Rägrok, le combat était terminé, il ne lui restait plus qu'à offrir le petit-être à Thimoros en le démembrant lentement et le tour serait joué, il pourrait continuer sa petite ballade paisiblement, mais une fois de plus, son instinct d'orque civilisé prit le dessus et, délaissant sa proie mourante, le garzok jeta un long regard circulaire, tentant de trouver une route ou la silhouette d'une ville, cherchant à ne pas être officiellement "perdu" si près d'une ville Kendrane, ne remarquant qu'à la dernière minute les froissements de feuilles mortes dans son dos.
Se retournant, un objet assez lourd vint violemment heurter son visage, arrachant un râle de douleur au peau-verte massif qui, sous le choc, plia les genoux et se retrouva bien à quatre pattes, têtes baissée vers le sol, observant de nombreuses gouttes de sang s'écouler de sa blessure pour tâcher la pierre qu'on venait de lui jeter au visage, et qui commençait peu à peu à virer au rouge.

Plus que la douleur, ce fut la colère qui regagna une fois de plus le contrôle du garzok, alors que ses jambes, prenant appui sur le sol, relevaient l'imposante carcasse de Rägrok et le faisaient avancer lentement en direction du sekteg jeteur de cailloux, hachoir en main, prêt à effectuer le sacrifice à Thimoros plus tôt que prévu, tenant de son autre main sa balafre sanguinolente, comme pour tenter de contenir le sang s'écoulant de sa future cicatrice, ouvrant bien grand son autre oeil pour fixer la bête chétive qui tremblait déjà de peur face à lui.

Dans un ultime réflexe de survie, le gobelin prit une fois ses jambes à son cou, boitant comme un vieux rat vers une direction qu'il semblait bien connaître, car à la différence de Rägrok, il devait être habitué à cette forêt et pouvait ainsi s'y déplacer avec plus de facilité, mais l'une de ses rotules était en bouillie et son expérience du terrain ne l'aidait plus tellement, maintenant qu'il avait l'orque à ses trousses.
La course poursuite des deux éclopés dura un petit instant alors que l'orque, aux jambes intactes, filait toujours plus vite en direction de sa victime, brandissant déjà son arme au dessus de sa tête pour tenter de l'abattre sur celle du gobelin.

Au moment ou son attaque allait débuter, une forme étrange se détacha du paysage, semblant se rapprocher de son visage à une vitesse plutôt rapide, mais de toute manière, dans sa direction.
Alors que l'objet contondant s'écrasait violemment sur le visage du nomade, ce dernier put alors détaillé la surface rugueuse, peu détaillée et découpée primitivement d'un authentique gourdin ennemi, qui semblait à se moment là s'être attaché à son visage et lui déchirer chaque parcelle de peau, y compris la blessure qu'il avait cessé de se protéger, balançant une gerbe de sang sur l'arme qui venait de le frapper.

Stoppé net dans sa course, Rägrok détailla presque un arc de cercle parfait alors que l'arrière de son crâne s'écrasait sur le tapis de feuille moelleux qu'était la litière environnante, désormais tachée de sang et dont la chute lourde et non contrôlée du garzok avait fait voler dans les airs une dizaine de feuilles qui virevoltaient maintenant autour du blessé.
Assommé, la vue du Mâchefer se troublait à une vitesse alarmante, alors que la force de tenir son bouclier et son arme l'abandonnait déjà, la chaleur douillette et réconfortante du sommeil prenant bien vite la place de la douleur.
Ce ne fut qu'une question de secondes avant que les yeux du garzok ne se ferment, ce dernier perdant conscience après cette attaque déloyale en pleine tête :


- "Quand Zwiffy dire amener viande fraîche, Zwiffy pas prévenu viande attaquer Gyldas !"

- "Sekteg se taire, Ork être Mâchefer, et Bröm avoir tué Mâchefer, donc Bröm emmener Ork Mâchefer au Chef."

S'il avait été conscient, Rägrok aurait certainement peu apprécié le sentiment d'être traîné comme un simple cadavre sur plusieurs dizaines de mètres, vers une destination qu'il ne connaissait pas vraiment...

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Ven 3 Fév 2012 21:17 
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Feinte, Dédoublement, Fente et Redoublement...


Le réveil du garzok fut bien plus délicat qu'il ne pouvait l'imaginer, alors qu'il bougeait lentement sa tête de droite à gauche, appréciant le contact des coussins de soie brodée sur ses joues, laissant la chaleur des couettes envahir son corps et le réchauffer jusqu'aux os, alors que le sommeil tentait en vain de lui éviter l'inévitable réveil.

Tranquillement, Rägrok roula de côté et lança un long regard à la pièce où il se trouvait, et si l'architecture extérieure laissait facilement penser à la tour où logent habituellement les treizes d'Oaxaca, l'intérieur semblait directement tiré des rêveries enfantines du guerrier fraîchement réveillé, les meubles de fer forgés emplissant la pièce, un feu établi au centre de cette dernière relâchant de longues vagues d'air chaud dans toutes les directions, et lorsque ces dernières, ayant rebondi sur les murs, revenaient emplies de fraîcheur, une seconde déflagration de tranquillité redonnait à la pièce une atmosphère paisible et capable de repousser tous les problèmes extérieurs.

Un rapide coup d'oeil indiqua au Mâchefer qu'il était complètement nu, mais un second devina une armoire, façonnée d'une forge caractéristique à celle de son clan, dans laquelle il ne tarda pas à trouver de quoi se vêtir, ici, pas d'armures lourdes, simplement un tabard bien entretenu arborant fièrement le blason des guerriers de la tribu nomade, excepté quelques changements dans ce dernier, qui semblait avoir été détourné de la tribu initiale pour en désigner une nouvelle, peut-être un nouveau clan ?

Une fois habillé confortablement, Rägrok se risqua à pointer son nez près de la fenêtre, du moins, si fenêtre il y avait, car il semblait plutôt que l'on ait découpé la pierre du mur, laissant quelques piliers, jusqu'à ce que cette dernière en devienne transparente, et malgré un gros effort, l'orque ne pouvait déterminer la matière qui empêchait sa main de rejoindre l'extérieur de la bâtisse.

D'ici, on pouvait voir Omyre, toute la partie de la ville adjacente aux Portes Noires, la vie semblait continuer tranquillement son cours, les voleurs volants, les tueurs tuant, les militaires s'entraînant, tandis que certaines dames orques offraient d'autres services aux braves qui s'aventuraient dans les rues.
Emerveillé, le Mâchefer se frotta les yeux avant de réfléchir à l'endroit où il se trouvait, car s'il logeait là où siégeaient habituellement les treizes, c'était qu'il devait être devenu...

Un bruit léger le tira de ses pensées, une porte coulissante qui laissa place à deux soldats garzok à la peau noire, armés de kikoup et d'une carrure vraiment impressionnante, de quoi faire réfléchir même le plus idiots des roublards, et tout deux arboraient le même tabard que lui, le symbole du clan Mâchefer, accompagné de deux épées donnant au tout une allure de drapeau pirate, mais qui plaisait énormément à Rägrok :


- "Krual ! Elle vouloir vous voir !"

Le deuxième garde, visiblement à son service, hocha la tête pour confirmer les dires de ses camarades, "Elle" ne pouvait être quelqu'un d'autre qu'Oaxaca, celle qui dirige Omyre et mène des campagnes un peu partout.
Alors qu'il allait faire un pas, une grande secousse l'envoya à terre, et comme si l'appartement lui-même flanchait, le garzok effectua une longue glissade sous le regard impuissant mais surtout inexpressif des deux Mâchefers, qui regardaient leur chef heurter la baie vitrée sans rien faire, et dans un bruit de verre brisé, Rägrok bascula dans le vide.


- "Chayf ! Chayf ! Mâchefer pas mort ! Moi avoir vu Mâchefer bouger ! Moi sûr !"

Le vague bruit d'un gobelin poussé dans un tas de feuille mortes manqua de peu de réveiller d'un coup le guerrier garzok, mais ce fut la main qui l'empoigna par le col et le souleva d'une traite qui acheva de le tirer définitivement de son petit sommeil.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, la même forêt était là, mais avec quelques centaines de mètres de plus par rapport à sa position précédente, et une grotte se profilait à l'horizon.
Devant lui, en gros plan avec un angle large, la tête d'un congénère visiblement très remonté face à la résurrection inattendu du type qu'il pensait avoir réduit en tas d'os brisés entourés de chair. Voulait-il en faire un repas ? Une offrande ? Un cadeau ?
Dans tous les cas, son petit manège tombait à l'eau et c'était une carcasse encore capable de bouger qui lui faisait désormais face, encore endormie du coup qu'il jugeait comme une frappe digne des plus grands contes garzoks, car tuer un adversaire d'un seul coup, même lâche, était un acte de force considérable et il aurait pu s'en vanter avant le réveil de Rägrok :


- "Krapul pas mort ? Urk, Krapul DEVOIR être mort !"

Un magnifique coup de poing vint alors détailler l'abdomen de Rägrok qui était pour le coup réveillé, impliquant aussi la reprise de son système nerveux cherchant encore et toujours à lui indiquer que pour le coup, il a vraiment très mal, et de ce fait, lui arracher un léger râle de douleur alors que son adversaire sourit, décidé à régler son problème le plus simplement possible.

Tandis qu'un deuxième coup se préparait, le guerrier garzok fit un pas de recul et le poing de son adversaire ne fit que brasser de l'air, l'humiliant quelque peu face au spectateur sekteg qui n'avait pas l'air en meilleure forme qu'après la rencontre avec l'orque et son bouclier, bouclier qui se trouvait d'ailleurs en sa possession, ainsi que le hachoir tout neuf du Mâchefer.
D'un bond, l'épaule de Rägrok s'écrasa avec puissance entre les côtes du brigand garzok, lui coupant le souffle et, sans le vouloir, le faisant trébucher à cause d'une racine placée ici par on ne sait quel dieu farceur, lui laissant seulement l'initiative de balancer une injure à l'encontre de son sacrifice/repas/cadeau vivant, qui lui était déjà arrivé à hauteur du gobelin blessé en trois bonnes foulées.

Empoignant le peau verte chétif, l'orque lui serra la gorge tout en lui assénant une série de coups de poing en pleine figure, lui écrasant l'arrête du nez pour peu à peu lui enfoncer dans le crâne, et ce jusqu'à ce que tout signe de vie ne quitte enfin le petit corps malmené, qui jusque là n'avait pas eut le temps de comprendre ce qui lui arrivait et reposait désormais en paix, jeté en dehors du chemin naturel qu'avaient suivi les deux agresseurs.

Néanmoins, alors qu'il était maintenant en possession de son équipement au grand complet, ce fut à un garzok enragé et lui aussi armé d'une hache et d'un large bouclier qu'il fit face en se retournant, ayant tout juste le temps de se protéger face au coup de pied qu'on lui assénait, faisant rouler le Mâchefer un bon mètre plus loin mais sans blessures.

Revenu sur ses pieds, le brigand était déjà revenu à la charge, son arme brandit au dessus de sa tête, clamant diverses injures et des cris de guerres, le tout mélangé pour obtenir un dialecte incompréhensible pour le commun des mortels, mais qui n'effrayait pas le moins du monde Rägrok, et ce dernier se préparait déjà à riposter, ce qui n'incluait pas forcément de réfléchir à la manière dont il allait éviter les coups, mais plutôt comment il allait en mettre.
D'instinct, le bouclier de bois qui protégeait le flanc gauche du guerrier Mâchefer s'écrasa lourdement sur la main du bandit orque, bloquant son attache alors que le hachoir du guerrier orque venait s'abattre entre deux côtes, un coup qui devait faire terriblement mal mais qui face à un adversaire de cette carrure n'était pas particulièrement mortel, et qui n'empêcha pas le garzok des bas fonds de donner un coup de bouclier dans celui du Mâchefer, l'écrasant contre le nez de ce dernier dont un fin filet de sang ne tarda pas à sortir, et à le faire reculer par la même occasion.

D'un côté, nous avons un orque brigand blessé et de l'autre un ancien mercenaire orque blessé au visage, tout juste sorti des vapes, autant dire que la suite du combat, même si elle paraît incertaine, reste tout de même jouée d'avance, car sorti d'un sommeil court mais réparateur, Rägrok est déjà à hauteur de son adversaire, et plutôt que de taper haut, suit son instinct pour plonger le tranchant de sa lame profondément dans la cuisse de son adversaire qui, lui, fut quelque peu dévié dans son attaque par le bouclier Mâchefer mais parvint tout de même à planter une partie de sa hache dans l'épaule du guerrier orque, lui arrachant un râle plus long, avant, une fois de plus, que les deux bélligérants ne se poussent mutuellement et reprennent une certaine distance, l'assaut pouvant dès lors reprendre.

Blessé, le brigand orque ne fut pas en mesure de charger, et ce fut encore une fois Rägrok qui entama le bal, donnant un coup furieux et peu calculé qui alla s'échouer sur le pavois de l'orque des forêts, tendis que ce dernier était trop concentré sur sa parade pour tenter une attaque, et lorsque le Mâchefer pivota sur lui même pour redoubler son attaque, il ne put parer le hachoir s'abattant une fois de plus dans ses côtes, pas loin de la première entaille, et cette fois si le coup se rapprochait plus du coeur de la bête, tandis que la douleur elle aussi s'intensifiait et pliait l'un des genoux du brigand sanguinolent, qui, se protégeant derrière son pavois, subit sans contre-attaquer la troisième attaque du sekteg'a'krig, le bousculant de son bouclier protecteur pour reprendre quelques forces et se redresser.

Dans un effort impressionnant, le bandit orque s'élança et, dans un coup large, planta sa hache dans le bouclier de Rägrok, manquant de peu de le traverser entièrement et entaillant seulement son avant bras, le privant pour le moment de défense et se permettant de redoubler son attaque qui, cette fois ci ne pouvait être déviée.
Son bras s'abattit sur le garzok blessé au bras mais aucun coup ne vint frapper ce dernier, l'incompréhension gagnant le bandit plus vite que la gangrène, et ce fut avec horreur qu'il contempla son bras fraîchement amputé, coupé un peu plus loin que le poignet, pas vraiment loin du coude non plus, à mi-hauteur de l'avant bras, ne laissant qu'un moignon sanguinolent et un morceau de bras à terre tenant fermement son arme encore tâchée du sang de Rägrok.

Profitant de l'attaque au bras qu'il venait de faire au détriment du sien, le garzok planta cette fois ci son arme dans la jambe de son adversaire, la laissant fichée dedans alors que, dans un élan commun, il empoigna la hache au sol que l'avant bras tranché tenait encore, avant de planter cette dernière avec une violence et une rage qu'il n'avait pas pour habitude d'employer, en plein abdomen du brigand qui le croyait il y a peu mort et enterré, et dont le sang coulait à plusieurs endroits de son corps encore chaud.
La lourde carcasse encore fraîche de son adversaire oscilla un instant avant de tomber à la renverse, aidée dans la décision de sa chute par le coup qui lui fut administré et l'envoya au tapis, tandis que, dans les fourrés, la petite silhouette du sekteg se mouvait de nouveau et rampait à travers les buissons, quittant ainsi le champs de vision de Rägrok, empêchant toute poursuite.

Victorieux, le Mâchefer s'empara de son arme figée dans la jambe meurtrie du cadavre en face de lui et alla s'échouer contre un arbre adjacent, laissant la litière sécher le sang du combat comme un mouchoir nettoierait les joues d'une veuve, se calmant, observant la tension du combat quitter les lieux, semblant se faufiler entre les branchages à la manière d'un serpent, ce combat avait été bien trop éprouvant pour qu'il puisse continuer son avancée, et si la grotte au loin n'était peuplée que de pillards, alors il ne pourrait pas y aller aujourd'hui, pas seul, et pas aussi faible, il se devait de garder toutes les chances de son côté sans quoi la mort de sa tribu resterait un mystère.

Le soleil, il ne pouvait l'apercevoir, mais sa vision nocturne semblait s'éclaircir un peu plus, et la pénombre des branchages se faisait moins lourde, il en déduisit donc qu'il devait être le début de la matinée et qu'il avait la journée pour se sortir de cette forêt, s'il parvenait à rejoindre les caravanes marchandes, alors il pourrait certainement rejoindre Oranan sans encombre et sans combats, car la furie qui l'habitait le quittait et le laissait là, blessé, meurtri, mourant, suitant la haine et la guerre à travers ses plaies ouvertes...

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Sam 19 Mai 2012 18:39 
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(Nom d’une crêpe décrépie…)

Voilà qui n’était pas du petit blasphème dans la bouche d’un si mignon lutillon, mais tout s’explique : lorsqu’il déboula hors du temple, le cœur battant à tout rompre et l’angoisse inondant ses prunelles noisettes, une poignée de Chevaliers novices pas plus hauts que trois pommes croisaient le fer avec un gang de gobelins assoiffés de sang et armés jusqu’aux dents. (Ils sont au moins… DEUX !) A entendre le trémolo dans les pensées de Pépin, il était aisé de comprendre combien la situation était dramatique. Il défit prestement les harnachements de son sac et l’envoya bouler entre des racines. Car c’était le temps de passer à l’action ! La mêlée lui tendait les bras, et il s’y fit accueillir à grand renfort de hurlements sauvages… si l’on peut dire. Ses jeunes muscles étaient passés en mode automatique, et grand bien lui fît, car cerveau ralenti point ne dupe l’ennemi. Et en l’occurrence, son encéphale… Bref. Pour l’intégrité de notre héros, laissons ça de côté.

Voilà qu'il se servait enfin de son kunai tout neuf ! Il tapait des phalanges, ne sachant pas vraiment comment le manier, mais n’empêche qu’il le maniait. Le gobelin, lui, frappait d’une matraque dont de lunaires reflets argentés dessinaient les contours à pointes. A tort et à travers, quoi qu’il en fût, et sans plus d’application qu’y mettrait un… – la consternation s’abattit sur Pépin lorsqu’il comprit que, dans l’effusion de la lutte, il n’avait même pas le temps de trouver une comparaison potable. Subitement, le monstre balança d’un geste deux troupiers dans les fourrés, mais demeurait harassé par Pépin et quatre autres, tandis que son homologue casqué cognait des poings, pas plus rusé. Ca glapissait, ça grognait, ça criait de tous côtés, tout cela emmené par les vociférations animées d’un guerrier qui reprenait du service. Fauche-le-vent paraissait aux anges malgré le tragique de la situation. Envolé sur le dos de Calicute, il asticotait le matraqueur de ses deux aiguilles à tricoter, antédiluviennes piques jadis offertes lors d’une bataille épique. Pépin apercevait aussi la silhouette de Gaudriole, géant parmi les lutins, sur les contreforts des sylves. Comme à son habitude, il rentrait dans le tas, pas plus armé que protégé. Le matraquage lui arriva en plein dessus, mais une rapide esquive l’en sauva.

Mais alors qu’il se relevait, non sans mal, un revers inattendu balaya les jeunes lutins. Pépin ne fut pas en reste cette fois et il rencontra une pierre sur le sol en tombant. Une douleur cuisante lui chauffa les fesses à blanc, et il voyait venir d’ici les jolies ecchymoses bleuâtres, très esthétiques. Néanmoins, le pire n’était pas la douleur physique, mais cette pichenette ressentie dans son ego naissant de héros fanfaron en puissance… et aussi un peu cette trouille terrible qui déferla en lui lorsqu’il vit quelle était la source de cette traître attaque : décharné, un tas d’os aux orbites vides les avait frappés de son bras. Littéralement. Tenant le gauche en main droite, il avait mis six lutins au tapis.

- Soldat Godelureau, hurla l’auguste Capitaine à la vue du désastre, montrez-leur de quel bois l’on se chauffe ! Calembredaine, cinq, six, sept, huit, neuf, et que ça saute ! Trucarion, avec lui. Métalepse, on se r…

Pépin n’écoutait plus la voix tonnante mais somme toute réconfortante : il avait une mission, désormais ! A terre, il roula, il boula, en plein dans un tibia – celui du squelette ou d’un gobelin, qui sait ? Mais la bête tangua. Il ne s’arrêta pas là, droit comme un i, redressé de tout son long, il ne prenait plus garde à ses autres compagnons. Tapant de droite, de gauche, du pied ou des phalanges pour sortir de la foule, il cherchait Calembour du regard, lorsque les futaies s’allumèrent de mille feux inconnus. La lumière était faite, Pépin ne cherchait plus. Il bondit et rebondit, attiré par l’œil pers malicieux de son cousin caché dans les fougères. Le code cinq, six, sept, huit, neuf, comme on le verrait plus tard, était inscrit dans le raisonnement immanent de milliers d’écuyers et Chevaliers comme l’appel du point soixante-dix-sept, alinéa e, de la déontologie militaire lutine. En une fille à dreadlocks ne jamais avoir foi ? Non ! Point n’oublier jamais d’avoir poulie sur soi !

- Tu n’en as pas ?
- Non-pas ! Et toi ?

Dans la mélasse de limace jusqu’au cou étaient les deux amis, eux qui avaient failli à un si grand édit. Mais l’esprit de Calembour n’avait pas son pareil pour se sortir de toute sorte de pièges, et à merveilles. La lumière une nouvelle fois jaillit à la surprise générale – en attestèrent force « Ohhhh » et « Ahhhh » parmi les troupiers, ainsi que d’immondes borborygmes d’on ne savait où… et on préférait que cela restât ainsi. L’éclat industrieux qui naquit alors dans les yeux de Calembour promettait l’élaboration d’un nouveau plan.

- Changement de programme, chuchota-t-il. Coup sept-cent-cinquante-trois.

Cette proposition illumina le visage de Pépin d’un sourire espiègle, car, comme chacun sait, le code marguerite-des-prés était une des plus chouettes façons de rigoler. Qu’arrivait-il en effet lorsqu’une corde bien solide et bien tendue (d'où le nom, CQFD) reliait d’un trait deux arbres et qu’une armée gobeline s’y jetait à corps perdu ? A bon entendeur, salut. Aussitôt dit, aussitôt fait. Il n’y avait plus qu’à attendre que les gobelins s’y prissent… – s’ils arrivaient un jour. Une poignée de minutes plus tard, toujours rien, et se rendant compte d’une faille dans le système, Pépin se gratta la tête d’une moue dubitative. Une certaine histoire de mot-clé…

- PAPILLONS GEANTS ! hurla-t-il lorsqu’il lui revint en mémoire.

Le résultat ne se fit pas plus attendre, et tandis que le Capitaine sonnait retrait – hinhin – et que la troupe entière se repliait sur Pépin et son archi-cousin – houhou – leurs assaillants amusés et prêts à festoyer de cette victoire si aisée les suivaient d’un air goguenard. Bientôt toutefois leur pas s’accéléra, et ils en vinrent à courir, la face transfigurée par la hargne et la mousse qui écumait leurs naseaux. Et ce brusque changement, à qui le devait-on ? A nul autre qu’aux lutins eux-mêmes, jouant de minauderies et de taquineries verbales proprement insultantes – à noter qu’appeler « mon petit choubidou » des gobelins sans cervelles, mais animés par la rage, n’est pas du meilleur effet si l’on veut rester en vie. Et tandis que les lutillons caracolaient et passaient sans mal rochers et fougères, et racines, et collet, leurs ennemis dans leur course ne virent pas la duperie. L’hameçon fut magistral, car les gobelins mordirent en plein dedans, s’emmêlant les pinceaux dans la corde, ils s’effondrèrent de tout leur long. Tout de suite, une marée inénarrable de lutins déferla sur eux et les écrabouilla un bon coup. C’était bien fait pour eux, après tout !

- Ça vous apprendra ! fit Pépin d’un ton impérieux en tirant la langue au gobelin matraqueur.

Mais si ce genre de pirouettes techniques défrayait la chronique dans un village lutin, il en fallait un peu plus pour mettre à mal deux gobelins.


vv

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Dernière édition par Pépin le Ven 8 Juin 2012 19:53, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Ven 1 Juin 2012 23:05 
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^^

Un petit vent faisait frissonner les frondaisons lorsque Pépin se demanda comment il avait atterri là. Enfin, atterri… Comment il s’était retrouvé là, expression plus exacte pour désigner son vol plané depuis la main d’un gobelin furieux et certainement vilain lut-nappeur, son roulé-boulé sur son crâne velu sinon chevelu, et, au point de tomber de quatre pieds de haut (Mamaaan !), son rattrapage in-extremis aux poils gluants jaillissant de son oreille. Sitôt tombé, déjà relevé, le vert matraqueur l’avait empoigné, et désormais c’était bien de là que Pépin pendait, assez lamentablement, ses petits pieds battant l’air sous la mélopée charmeuse qu’émettait son hôte d’une nuit, relevée d’une terminologie des plus gracieuses, à grand renfort de grognements et d’invectives diverses et par trop exotiques.

S’entendant dire qu’il était le fils, apparemment et contre toute attente, d’une femme de race jusqu’alors inconnue de lui et qui commençait par p (allez savoir de quoi il s’agit), le lutin pensa soudain à sa maman Fibule. Elle l’avait pourtant prévenu, que ça arrivait. Cent fois, même. La perspective de rencontre sekteg ne lui avait pas échappée, et elle en faisait un admirable portrait (à croire qu’elle en avait rencontrés !) : ni les trois cheveux sur le caillou, ni les crocs acérés, ni les poils partout et jusqu’au-dedans du nez elle n’avait oubliés. Mais elle lui avait aussi souvent seriné que la peur n’évite pas le danger, alors pensez-vous ! Ça ne lui effleurait même pas l’esprit de paniquer… enfin presque. A peine une nausée quand le gobelin l’avait pris pour un prunier, ce serait cela qu’il s’évertuerait à raconter à ses amis troupiers, mais il omettrait aimablement les vertiges et les sueurs froides…

… ainsi que le millier de fourmis glacées qui lui chatouillèrent les trippes quand il se retrouva seul face à l’adversaire. Sur l’adversaire. Presque dedans, au seuil en fait. Bref. Le matraqueur, ne lui épargnant ni les cris ni les relents d’une bouche pas lavée depuis la nuit des temps, emmenait Pépin ailleurs, tout contorsionné et congestionné par une attaque aussi rondement menée. Tordu sur le côté, les traits crispés sous la férocité de l’algie provoquée, il titubait, cahin-caha, parmi les arbres étouffés par la nuit.

Hé ? Pourquoi ne pas profiter de cette opportunité inespérée ? Une pichenette mentale fit valser les frousses de Pépin dans les taillis, tout de suite remplacées par une véhémence toute guerrière. Ahem. D’une brusque pirouette, il envoya ses deux pieds en plein de la mâchoire de l’ex-assaillant devenu assailli, lui arrachant un craquement sonore. D’un salto arrière, le lutin se retrouva par terre, tandis que le gobelin se tenait la tête entre deux mains. Bien sûr, notre héros ne ferait pas cas de la douleur subite qu’il ressentit dans les chevilles et les genoux à l’atterrissage, préférant évoquer la superbe de son acrobatie. Il oublierait aussi d’évoquer comment il ne se rétablit pas sans un tournis fameux, ce qui, à coup sûr, aurait pu lui être fatal. En effet, la main du segtek haineux s’approchait déjà de lui, sans qu’il pût prendre sa posture de guerre préférée, quand le destin fit son apparition… en la personne de Fil. Une giclée de graviers sauva pour ainsi dire la mise des deux lutins, quand elle jaillit directement dans les yeux du gobelin, hurlement à la clé. On s’en serait douté.

Pépin saisit l’instant au vol, et tenta une bousculade tout droit sur l’ennemi, la pointe du kunai dardée sur son jarret. Malheureusement pour lui, la nuit opaque ne lui permit pas l’effet escompté, et le voilà alors rebondissant sur le bombé du mollet et virevoltant à quelques pieds du gobelin rescapé. Voyant le segtek fondre sur lui, il n’eut le temps que de sauter de fougère en champignon, et d’escalader comme un damné le premier tronc à portée. Lorsqu’il vit l’ennemi approcher, il attira une brindille à lui pour qu’elle le fouettât avec force – en plein dans le mille, témoigna un grognement, mais Pépin partit avec, jeté à travers les airs comme un oiseau. Ou une fléchette, au choix.

- WOOOOOOOOOOOOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaah !

Un bruit sourd accueillit sa chute au sol, ainsi que des souffrances féroces dans les épaules, l’échine et surtout derrière la tête. Dix neurones en moins, dit-on, déjà que… Enfin, laissons ça de côté. Un goût de fer emplit la bouche de Pépin. Pouah, dégoûtant. Alors que son esprit se nimbait de brumes, il eut souvenance des tartes au citron meringué de sa maman. Il distingua alors, dans les minces halos lunaires, la haute silhouette du Grand-Cornu, et dans sa tête le goût familier du citron devint étroitement lié à l’arrivée salutaire du dieu – un dieu ? C’était quoi, ça, déjà ? Hm. Peu à peu, le lutin sombra dans la plus nébuleuse des nuits.


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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Jeu 15 Nov 2012 20:06 
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<-- Premiers pas dans Bouh-Chêne

Adrayk poussa un long et profond soupir. Lui qui pensait que sa malédiction, comme il l’appelait dans ces moments-là, n’était plus d’actualité et voilà qu’elle revenait au galop. Etrangement, la descente du Grand Chêne abritant la ville lutine se passa sans aucunes anicroches, lui d’habitude si maladroit se trouva aux racines de l’arbre en un rien de temps. Mais il n’y faisait même plus attention ressassant sa petite vie paisible qu’il menait à Bouh-Chêne se demandant comment cela avait pu clocher en si peu de temps.

Il marcha des heures durant sans réel but, déambulant au rythme de ses pensées décousues. Au détour d’un chêne bicentenaire, Adrayk déboucha sur une petite clairière baignée de la lumière aveuglante du Soleil du midi. La clairière s’étendait sur une cinquantaine de pas humains, et environ le triple pour un lutin de la taille du guérisseur.
Cette petite étendue sans arbres ressemblait à un paradis pour le lutin avec ses lilas violets tapissant de mauve l’endroit. Çà et là on pouvait reconnaitre quelques orchidées qui ajoutaient une petite touche orangée au tableau. Une famille de cervidés profitait de la chaude après-midi qui s’annonçait pour brouter tranquillement le parterre de fleurs, tandis qu’un petit lapin suivait sa mère sautillant et heureux d’être là.
Adrayk profita de l’instant et grimpa sur une branche d’un bouleau pour profiter de l’image qu’il avait devant ses yeux. Il resta là à observer ce petit monde vivre inconscient des menaces et des soucis. Ou peut-être qu’ils ont simplement décidé de vivre sans y faire attention faisant le choix de profiter de la vie tant qu’ils le pouvaient.

Soudain, troublant cet instant magique, un hululement strident perça les tympans du lutin, qui sans réfléchir plongea au sol la tête la première pensant sa dernière heure venir. Mais il n’en était rien, la chouette n’en avait pas après lui mais visait le lapereau qu’elle tenait maintenant entre ses serres acérées. Le chasseur diurne entamait sa remonté dans les airs avec son diner terrorisé qui essayait de se débattre. Mais la chouette tenait son gibier fermement et arrivait bientôt au bout de la clairière, volant vers son nid pensant déjà au festin qui l’attendait. Mais soudain le lapereau profita de l’excès de confiance du rapace, réussi à desserrer légèrement l’étau meurtrier et mordit la patte de la chouette. Celle-ci, sous la douleur non attendue, lâcha son fardeau et dévia son vol qui la fit s’abimer contre la branche d’un arbre proche. Le rapace repris, tant bien que mal, son envol sonné et déviant légèrement sur la droite. Si on se rapprochait assez on aurait pu voir des gouttes de sang perler sur son aile gauche.
Le lapereau, lui, alla finir sa chute sur le sol recouvert, fort heureusement, de mousse. Ce fut cette chance qui lui permit de ne pas mourir sur le coup.

Adrayk sorti de son hébétude et pu voir la proie tomber au sol, sans réfléchir il sauta sur ses deux jambes et couru sur les lieux de la chute. En arrivant aux côtés du petit mammifère il regarda en l’air, cherchant le rapace et le vit au loin peinant à reprendre son vol.
Le lutin s’agenouilla aux côtés du blessé tentant de l’apaiser avec des mots.


Tout doux mon petit ami, ne bouge pas, je m’appelle Adrayk et je suis là pour t’aider

Si l’animal le compris il n’en laissa rien paraître et continua de se tortiller de douleur. Le guérisseur apposa ses paumes vers l’endroit de la blessure, psalmodia une antique formule faisant référence à Gaïa. Une lumière bleutée éclaira ses mains les faisant brillées de mille feux, et une sphère bleue passa du lutin vers le lapereau. On vit alors le halo lumineux se propager dans le corps du mammifère pour finir sa course et se concentrer à l’endroit de la blessure. Le lapin fini par se calmer regardant avec stupeur la magie s’opérer, puis ferma les yeux, sans doute appréciant la douceur du sort.
Plus rien ne bougeait, plus personne, animaux comme lutin, ne respirait attendant un signe miraculeux. Deux minutes s’écoulèrent sans aucun signe de vie. Se rendant à l’évidence, Adrayk se leva abattu de n’avoir rien pu faire. Son patient était mort…

(A quoi bon continuer à être guérisseur s’il ne pouvait rien faire comme à l’instant ?)

Une toute petite voix au fond de lui-même lui susurra une réponse et un souffle positif :

Pour ne plus jamais avoir à vivre une scène pareille et aider ceux qui ont besoin de ses modestes talents. Voilà la raison pour laquelle tu as décidé d’être guérisseur et la raison pour laquelle tu vas continuer à l’être malgré les échecs et les obstacles sur ton chemin.

Jamais il ne sut si cette voix au fond de lui venait d’un être céleste, mais ces révélations le décidèrent à se relever, comme nouvellement motiver.
Oui ! Oui il n’allait pas rester sur une défaite, il ferait tout pour que cela n’arrive plus car il voulait se prouver à lui-même, tout comme à la voix qui lui portait tant de confiance, qu’il avait raison de croire en lui.
Il décida de faire une rapide sépulture au mort le protégeant ainsi des éventuels charognards, puis il partit vers l’Est, en direction de Kendra Kar dont il savait, grâce à son ancienne logeuse Myrtille, que c’était une plateforme du commerce de tout le continent.

Aventures à suivre.

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Ven 11 Oct 2013 13:52 
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La brume commençait à peine à se dissiper. L'aspect fantomatique des cimes des arbres laissait peu à peu place à des formes verdoyantes beaucoup plus rassurantes. L'aurore était pourtant loin derrière eux. Des heures pendant lesquelles la tension se faisait aussi palpable que le brouillard environnant.
Le voyage de la troupe était sur le point de s'achever. Mais hors de question pour autant de relâcher la vigilance.
Les roues du chariot crissèrent sur une pierre. Easley releva la tête prestement, abandonnant la lecture du grimoire posé sur ses genoux. Mais il était le seul à réagir à ce bruit. Les six mercenaires armés, entourant le convoi lourdement chargé de marchandises en tous genres, ne bronchèrent pas. Des années sur les chemins de Nirtim les avaient forgés à ne plus s'inquiéter pour un rien. Ce qui n'est pas le cas pour le jeune Kendran âgé de tout juste 22 ans.
Sur la route qui mène de Kendra Kâr à Bouhen, les attaques ne sont pas fréquentes. Quelques raids d'orcs ou de pilleurs tout au plus. Mais rien qui ne devrait inquiéter ce convoi lourdement armé.
Encore une fois, l'apprenti mage ne vit rien dans les alentours. Mais dans les bois qui les entouraient, une embuscade pouvait facilement être tendue.

(Cela fait des semaines que nous sommes partis. Quelle lenteur avec ce chariot. Mais, après tout, c'était le meilleur moyen d'effectuer la liaison entre les deux villes sans trop de risques. J'espère que père ne m'attend pas depuis trop longtemps.)

Une fois rassuré, Easley jeta un coup d'œil à l'avant du chariot. Là se tenaient Mirvin et son apprenti, qui portait le sobriquet de “bon à rien”. A moins que cela soit son vrai nom? Cet homme corpulent, d'une cinquantaine d'années, avait accepté de prendre en charge le mage gratuitement pour le guider à Bouhen. Non pas qu'il soit d'une grande bonté d'âme. Cela lui permettra surtout d'effacer une dette qu'il avait envers le père de ce dernier.
C'est à contrecœur également que le marchand avait laissé Easley embarquer à l'arrière de son chariot, près des marchandises qu'il choyait comme des joyaux.
Ce n'était pourtant pas la marche qui posait problème au jeune homme. Mais le temps gagné à ne pas marcher lui permettait de se concentrer à l'étude de son grimoire.
C'est justement vers celui-ci que ses yeux se portèrent à nouveau. Easley referma l'ouvrage et le contempla pour la millième fois. Le cuir de sa couverture s'écaillait, mais toute la richesse du grimoire était encore visible. Un symbole représentant une bourrasque de vent peint en couleur d'or était placé en son centre. L'intérieur était tout aussi ancien, et aussi majestueux. Les couleurs des illustrations avaient perdu de leur éclat. Il n'y avait pas besoin de ça pour se rendre compte qu'il avait fallu des centaines d'heures pour achever le grimoire. La calligraphie était précise et assurée. Le jeune mage n'avait aucun mal à parcourir les lignes. C'est surtout l'histoire de ce livre qui intriguait Ealsey. Il replongea dans ses pensées et revécu le jour où il obtint ce précieux cadeau.

*flashback*
Une fois de plus, Easley avait l'impression de perdre son temps. Il se trouvait dans une cave sombre, éclairée uniquement par une bougie. Face à lui, une deuxième bougie attendait, la mèche encore neuve. Depuis des heures, il tentait de l'allumer par sa simple volonté. C'était bien la seule chose que son Deslan, son maître, était capable de faire correctement dans le domaine de la magie. Alors il tenait absolument à ce que son apprenti y arrive aussi.
A bout, Easley balaya la pièce de la main, créant une bourrasque qui éteignit sa seule source de lumière, avant de remontrer dans l'atelier de son maître.

« Ca y est? Tu as enfin réussi à faire ce que je te demande? »

« Non, et je sais que je n'y arriverais jamais. Maintenant j'en sais assez sur la magie pour avoir compris que ça n'est pas aussi simple que ça. A part créer des courants d'air, je ne sais rien faire d'autre. A quoi bon insister? »

Deslan était loin d'être un mage réputé. Etait-il vraiment mage d'ailleurs? Personne ne le savait vraiment. C'était le seul qui avait accepté de prendre en charge Easley à son seizième anniversaire, après l'accident. Pendant cinq ans, le jeune adulte avait travaillé dur pour étoffer ses connaissances. Alors que la théorie était maîtrisée, la pratique était une tout autre affaire de manche.
Son maître n'avait pas mauvais fond, mais il ne lui servait pas à grand chose.

« Puisque tu ne veux plus faire tes entraînements, regarde dans ce coffre. J'ai toute une série de livres qu'un client doit venir chercher dans la soirée. J'ai besoin que tu fasses un peu de tri dans tout ce bric-à-brac. »

Traînant des pieds, Easley se rendit jusqu'au coffre et entrepris de sortir les livres un par un pour les classer selon leur importance ou leur domaine. Habitué de lecture, cela ne lui prit que quelques minutes de s'occuper de la douzaine d'ouvrages que contenait le coffre de bois. Pour éviter de poursuivre avec une autre tâche rébarbative, l'apprenti fit durer le plaisir en feuilletant quelques écrits que son maître devait vendre.
Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit un très vieux grimoire, perdu dans la pile, avec un symbole d'air. Immédiatement, il comprit de quoi il s'agissait. Sur le point d'exploser, il se leva, se dirigea vers le bureau de Deslan et claqua violemment le livre juste sous son nez.

« Vous savez ce que c'est? »

« Un vieux bouquin non? Je les ai depuis des années. Des héritages de mes ancêtres. Mais je n'en ai pas besoin, alors je les vends. »

« Maître, vous savez que j'ai un grand respect pour vous. Que je vous serai éternellement reconnaissant de m'avoir accepté comme apprenti. Mais vous êtes en train de me dire que je viens de passer cinq ans à ne rien apprendre sur la magie qui coule en moi, alors que vous avez exactement le livre qu'il me fallait pour comprendre? »

« Euh.. Non, enfin.. Oui peut-être. Je n'en sais rien, je t’ai dit que je n'en ai pas besoin, je n'ai jamais lu aucun livre de ma bibliothèque. Mais vas-y, garde-le, je m'arrangerai avec mon client. »
*fin du flashback*

Easley sourit dans le chariot. Sans ce hasard pour le moins idiot, il aurait pu rester des années de plus en apprentissage. Et sans résultat. Mais une fois le grimoire entre ses mains, le jeune mage avait décidé qu'il était temps de prendre son envol. Le temps de préparer son retour dans sa ville natale, Easley venait de fêter son vingt-deuxième anniversaire. Un bel âge pour débuter de nouvelles aventures.

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Dernière édition par Easley le Lun 14 Oct 2013 21:30, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Lun 14 Oct 2013 21:28 
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(Légère scène de violence)

Dans un chaos tonitruant, les sons des sabots et des pas des mercenaires se mêlaient, contrastant avec l'atmosphère paisible du bois. Les heures se suivaient et se ressemblaient. Easley avait quitté l'arrière du chariot dans lequel il voyageait pour avancer auprès des mercenaires, marchant sur la route. Leur compagnie n'était pas des plus jovials. Entièrement voués à leur métier, les six hommes de mains ne parlaient pas pendant la journée. Lors des campements nocturnes, l'ambiance était à peine différente. Des mercenaires dignes de ce nom auraient dû boire, chanter, se battre. Peut-être était-ce une exigence du marchand, mais à part quelques mots échangés lors de la relève de leurs gardes, ils ne gaspillaient pas leur salive.
La présence d'Easley n'apportait donc rien de concret. Il ne connaissait même pas les noms de chacun de ces guerriers. De toute façon, son attention était principalement portée sur la route qui serpentait devant eux. Le chemin dans les bois de Bouhen était sinueux. Il ne se passe pas deux cents mètres avant un virage. Il est par conséquent difficile de voir très loin et d'anticiper la moindre approche. Mais malgré la monotonie du paysage, le jeune mage commençait à se repérer sur cette route. Durant son enfance, il avait souvent accompagné son père sur de cours trajets, lorsqu'il allait commercer avec les villages environnant ou avec les lutins qui peuplent Bouh-Chène.
Easley savait donc précisément qu'il ne se trouvait plus qu'à une petite journée de marche, même à cette allure ralentie.

(Il ne me reste plus qu'à passer une nuit dans ce chariot et je pourrai enfin retrouver mon lit douillet de Bouhen. Je me demande si la maison a changé. Et surtout si père a changé. Je ne l'ai pas vu depuis maintenant neuf ans. Il ne me reconnaîtra sans doute pas et je ne sais pas comment il prendra mes projets pour l'avenir.)

Easley jeta un coup d'œil dans la direction de Mirvin. Ce dernier somnolait à moitié en tenant les rênes de son chariot. Les affaires devaient prospérer pour lui au regard de sa corpulence plus que généreuse. Les marchands capables de se payer six mercenaires pendant plusieurs semaines ne couraient pas les rues. Le jeune homme se demandait ce que pouvait bien contenir ce chariot pour nécessiter des moyens aussi important. Même son père ne faisait jamais de telles opérations. Au moins, cela avait assuré un voyage sécurisant pour Easley.
Alors que ses pensées divaguaient, le calme fit rapidement place au chaos. Sorti des fourrées, un sanglier traversa la route en furie, juste sous le naseau des deux chevaux tirant le chariot. Il ne fallu pas plus de quelques secondes pour que l'animal disparaisse de l'autre côté du chemin, mais c'était suffisant pour emballer les chevaux. Dans une série de hennissements de peur, les deux bêtes s'élancèrent au galop. Mirvin, sortant de sa torpeur, ne put reprendre les rênes que bien trop tard. Dans un virage, le chariot sortit légèrement du chemin. Une roue s'enfonça dans un fossé, et l'essieu se brisa comme une brindille. Les chevaux furent maîtrisés par leur propriétaire, mais le mal était fait.
Les mercenaires arrivèrent avec Easley, haletant, pour constater la situation. Mirvin commençait à pester.

«  Il ne manquait plus que ça. Si près du but, il fallait que ces deux têtes de mules nous fassent le coup. Et toi, tu ne pouvais pas faire attention bon à rien? »

Le marchand assena une claque sur la nuque de son apprenti, qui, évidemment, n'était pas responsable de cette situation. En bon expert, Mirvin entreprit d'évaluer les dégâts. Le chariot ne tenait debout que par une fine lame de bois encore intacte, mais trop largement mise à contribution pour tenir bien longtemps.

« Bon les gars, vous allez devoir bosser un peu. Allez donc me chercher du bois, je vais préparer mes outils pour réparer ça. Par contre, je vous préviens, j'en aurais pour toute la journée. Va falloir installer le campement ici. Nous ne repartirons que demain. »

Une nouvelle qui était loin d'enchanter Easley. La patience faisait pourtant partie de ses qualités premières. Mais tout de même, si près de chez lui, après neuf ans d'absence... Le jeune homme voulait revoir Bouhen.

« Mirvin, nous sommes tous d'accord pour dire que je ne vous serai d'aucune utilité pour réparer ça. Je vous remercie pour tout l'aide que vous m'avez apporté, mais je vais vous quitter ici. Je connais parfaitement ces bois, je n'aurais aucun problème à trouver mon chemin. Si j'accélère le pas, je pourrai être à Bouhen demain en fin de matinée. Je vous souhaite bonne chance pour la fin de votre voyage. »

Le marchand releva à peine la tête à ces paroles, trop concentré sur les réparations qui l'attendaient. Il fit un geste de la main marquant son consentement. Sans doute était-il heureux de se débarrasser d'une charge tout en pouvant justifier d'avoir effacé sa dette envers le père d'Easley.
Ce dernier ne prit pas la peine de saluer les mercenaires. Il ne comptait pas les revoir à nouveau, et cela lui importait peu. Après avoir récupéré ses effets personnels, ce qui se résumait à quelques vêtements et son vieux grimoire, le jeune homme repris la route.
L'après-midi était déjà bien engagé au moment de l'accident. Il restait à peine quelques heures avant le crépuscule. Des heures vite avalées par Easley qui ne rencontra pas de problème majeur. L'idée de marcher de nuit lui déplaisait quelque peu. La fatigue commençait à se faire sentir, et son estomac se mettait à jouer une symphonie de plus en plus pressante.
Le Kendran s'éloigna de la route pour trouver une clairière dans laquelle il serait au calme pour établir son campement de fortune. Il trouva son bonheur à quelques centaines de mètres du chemin de terre. Avec la densité du bois, son feu ne serait pas visible des éventuels pillards.
Le soleil commençait à disparaître derrière les arbres. Easley avait fini de réunir du bois pour la nuit et entrepris d'allumer son feu. Par jeu, il se concentra sur le bois pour l'allumer par la pensée, comme son maître essayait de lui enseigner depuis tant d'année. Mais comme d'habitude, cette-fois, cela ne fonctionna pas. Ce qui fit rire le jeune homme. Il avait maintenant pleinement conscience de la magie qui coulait dans ses veines, et de son lien avec la puissance de Rana, la déesse de la sagesse et de l'air. Comme tout homme dénué de pouvoir pyrotechnique, Easley sortit ses pierres à feu et créa une étincelle sur des brindilles sèches qui s'embrasèrent rapidement.
Au moment où le feu commençait à crépiter joyeusement, un son alerta le jeune homme. Un feulement se faisait de plus en plus distinct. Il fallu plusieurs minutes à Easley pour remarquer l'origine du bruit. Il ne vit d'abord que brièvement une touffe de poil rouge dépasser de l'herbe assez haute. C'était suffisant pour comprendre. Dans sa jeunesse, son père l'effrayait avec des histoires de chats particulièrement agressifs à chaque fois qu'il s'éloignait de lui. Son éducation lui avait appris la vérité sur ces histoires.

(Je ne croyais pas vraiment père, mais les asternias semblent capables de se déplacer jusqu'à Bouhen. Il m'avait pourtant semblé lire qu'ils quittaient rarement le duché des montagnes. Fallait vraiment que ça me tombe dessus. Pourquoi je n'ai pas voulu attendre un jour de plus? Bon, on va voir ce que ça donne, peut-être qu'il va s'en aller de lui-même.)

L'asternia était seul. Pendant de longues minutes, il tourna à une distance raisonnable du feu, passant par des zones beaucoup plus clairsemées. Easley en profita pour voir que l'animal était famélique. Il ne devait pas avoir mangé depuis plusieurs jours, ce qui le rendait d'autant plus dangereux. Le jeune mage profita de cette attente pour se remémorer tout ce qu'il avait appris sur l'animal. Lors de son éducation, la faune et la flore étaient loin d'être ses plus grandes passions. Mais il se souvenait parfaitement de la capacité des asternias à jeter des épines à plusieurs mètres. Dans le visage, cela pouvait s'avérer fatal. Easley devait prendre de grandes précautions.
Il ramassa des pierres, des branches, et tout ce qui lui passait sous la main pour tenter de faire fuir le félin. Cela suffit tout bonnement à exacerber sa rage. Quand le stock de projectiles fut épuisé, l'animal avança à pas feutrés dans la direction du jeune homme.
Easley ne vit qu'une solution, qui l'avait déjà sauvé une fois. Mentalement, il visualisa le seul sort susceptible de lui sauver la vie. Depuis son adolescence, il avait appris à le maîtriser et l'invoquer quand il le souhaitait. Il se plaça près du feu, espérant éblouir la bête à la vision défaillante.
L'attaque ne se fit pas attendre. L'asternia bondit à cinq mètres d'Easley, hérissa le poil et fit jaillir ses épines mortelles. Des dizaines de fléchettes longues de plusieurs centimètres et dures comme des os s'élancèrent vers la proie du félin rouge. Le mage s'était toujours demandé comment il réagirait en situation de combat. Mais là, il ne s'agissait pas de combattre un semblable. Pour Easley, c'était avant tout une question de survie. Il ne prit donc pas la peine de réfléchir au moment où ses fluides magiques entrèrent en action. Les quelques minutes d'attentes lui avaient permis de concentrer de l'air autour de son corps. Au moment où Easley relâcha la pression, des vents s'élevèrent en furie tout autour de lui, balayant la poussière aux pieds du jeune homme. Le mur d'air accueillit les épines avec violence, les déviants dans toutes les directions. Malgré toute la puissance qu'Easley pensait avoir mise, plusieurs projectiles traversèrent et faillirent lui faire perdre sa concentration. L'une d'elles lui balafra la joue, ouvrant une plaie sanguinolente. Une autre lui ouvrit une entaille dans le bras alors qu'une dernière s'enfonça dans sa cuisse. Réprimant un cri de douleur, Easley laissa l'air retomber autour de lui et jeta un œil dans la direction de l'animal. Ce dernier n'avait plus d'épines à propulser, mais il voulait toujours en découdre.
Le danger n'était pas totalement écarté. Ce gros chat pouvait encore faire usage de ses griffes. Easley attrapa une branche enflammée de son feu de camp et s'en servit pour garder l'animal à distance. Par trois fois, il tenta de bondir sur le Kendran qui le repoussait par des coups sur le museau. Il était clair qu'aucun des deux n'était prêt à l'emporter. L'asternia en prit finalement conscience et battit en retraite dans les bois. Le mage, ne relâchant pas sa vigilance, décida de reprendre le voyage de nuit. Il ne souhaitait pas laisser la possibilité au prédateur de l'avoir pendant qu'il somnolait.
L'adrénaline dégagée par cette attaque lui permit de rester éveillé une bonne partie de la nuit. Easley ne s'arrêta que quelques heures pour laisser ses jambes se reposer et nettoyer ses plaies à l'eau claire pour éviter tous risques d'infection. Mais il ne s'autorisa pas de sommeil. Si bien qu'à l'aurore, les portes de Bouhen se trouvaient juste devant lui.

Aux portes de Bouhen

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Ven 26 Déc 2014 02:31 
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La torche éclaire l'intérieur du creux, de forme vaguement ovale, révélant un lot de feuilles mortes qui craquent sous nos pas et ont été poussées par les rafales jusqu'à garnir la paroi qui nous fait face. Il vaut mieux que je fasse attention où je dirige ma torche si je ne veux pas embraser l'endroit. Quelques traces de mousse parsèment l'écorce en suivant des passages étranges, comme un écoulement humide entre deux veines de bois. L'endroit a l'air assez vaste pour que le harney puisse s'y glisser et s'y mouvoir sans trop de difficulté, mais je préfère ne rien laisser au hasard. De la botte, je soulève quelques feuilles, m'attendant à devoir faire un brutal mouvement si jamais un reptile s'y tapit. Rien ne bouge à part une minuscule araignée qui grimpe l'écorce, jusqu'à disparaitre dans une fissure donnant sur l'extérieur.

Le mieux si nous devons y passer la nuit est encore de pousser la plupart des feuilles hors du trou, pour gagner de l'espace. Je range ma sphère magique et le brun appose Plume d'Argent contre la sortie, puis nous nous attelons à pousser des restes marrons dehors. À mesure que le sol est dégagé, ce dernier révèle une texture qui m'intrigue et, plus grave, fait surgir de mauvais souvenirs. Dae'ron semble l'avoir également remarqué.

"Cela ressemble à..."

Je serre les dents, grimaçant et acquiesçant légèrement. On dirait du papier mâché, le même employé par l'horreur vivante qui nous sert de pendant féminin pour bâtir les étages des ruches. Se trouverait-on dans un nid à l'abandon ? Jamais les sentinelles ne nous auraient laissé approcher ni n'auraient permis notre entrée si ce n'était pas le cas.

Alors que je fais quelques pas vers le fond de la pièce, je perçois un craquement sous mes bottes. Mon pied gauche s'enfonce brutalement dans la matière, manquant me faire perdre l'équilibre. Un sifflement mécontent m'échappe.

"Tch !"

Alors que j'emploie ma main libre pour donner un élan supplémentaire à ma jambe, un autre craquement se fait entendre.

"Nessandro ! Attention !"

En un instant, mon abdomen est ceinturé, et je suis brutalement tiré en arrière. Le plancher cède autour de ma cheville, et je tombe assis avec brutalité en écartant vainement les ailes pour freiner mon élan. Je n'ai gardé ma torche élevée que par réflexe, et assiste juste après à l'effondrement pur et simple d'une bonne partie du plafond, venant s'écraser sur le lieu où je me trouvais. Les yeux écarquillés, j'avise Dae'ron à genoux à côté de moi, tout aussi surpris que je peux l'être. Un tas de débris végétaux devait peser sur l'étage supérieur et l'infiltration d'eau a du ramollir les fixations.

Je scrute avec colère les morceaux qui ont failli me tomber sur la figure.

"Encore un travail de femelles incapables !"

Remonté par cette mauvaise surprise, je me retrouve à scruter le visage de mon camarade. Il a eu de très bons réflexes, et me rendre compte qu'il m'a sans doute épargné quelques stupides blessures me fait froncer les sourcils. J'entrouvre la bouche, mais mon orgueil m'empêche de prononcer la moindre parole supplémentaire. Je bondis presque sur mes pieds, et avant de m'en être empêché, j'ai tendu la main et relevé mon congénère. M'apercevant de mon geste, j'abats brutalement ma paume pour lui faire lâcher prise dès qu'il est debout, et détourne le regard. Ce mouvement m'est venu si naturellement, à moi... Je suis en train de m'adoucir ! Cela ne peut pas continuer ainsi ! Si cela empire, je vais finir par lui demander s'il ne s'est pas fait mal ! Alors que je m'en fiche complètement ! Et qu'encore une fois, je ne lui ai rien demandé !

( Dae'ron, est-ce que tu n'utiliserais pas l'un de tes fichus sorts lumineux pour m'embrouiller l'esprit ? )

Rageusement, je donne un coup de pied dans un morceau de branche, l'envoyant rouler sur le tas de débris. Il revient me narguer en dévalant la pente jusqu'à toucher ma botte.

"Cherchons un autre endroit."

"Oui. De toute façon, ce lieu me mettait mal à l'aise."

Nous ressortons donc sous une pluie battante qui ne semble guère déranger mon harney. Il nous faut bien une bonne vingtaine de minutes pour dénicher un autre arbre. Celui-ci est aussi creux, mais un peu plus étroit, et surtout on dirait davantage une haute souche évidée qu'un arbre. Une fissure peut nous permettre de passer, et Lyïl peut venir se poser dans la cavité en passant par-dessus. Tandis que Dae'ron rassemble des brindilles pour créer un support, je me sers de la dague de Célestin pour aller découper de larges feuilles terrestres capables de servir de toiture improvisée.

Il nous faut bien un quart d'heure de plus pour parvenir à créer une zone sans fuite, et je m'énerve un peu quand je passe encore une poignée de minutes à trouver des pierres en nombre suffisant pour fabriquer une surface apte à supporter un petit feu. Ce n'est qu'une fois les flammes bien parties, et que je me suis assuré que rien ne risquait de brûler autour, que je lâche un grondement de gorge. Tandis que je retire mon casque et mon plastron, je constate avec dégoût que le cuir qui m'enveloppe me colle à la peau. La sensation est désagréable au possible et c'est sans la moindre pudeur que je me défais rageusement de l'intégralité de cette enveloppe morte. Je dois même tordre les pans du pagne pour en dégager toute l'humidité.

Je maugrée un peu et agite ma tignasse blonde pour la débarrasser de ces gouttes qui me chatouillent la nuque, après avoir vaguement plaqué mes affaires sur des brindilles proches du foyer. Quand je me retourne vers Dae'ron, ce dernier a un regard presque fixe dans ma direction. J'étends vivement mes ailes, le faisant sursauter.

"Si ça t'amuse de rester trempé, à ta guise. Mais tu n'as pas intérêt à m'éternuer dans les spirales demain."

Je lui tourne résolument le dos, et observe mon corps à la lueur des flammes. Depuis que je me suis échappé du manoir, ma masse musculaire semble avoir augmenté, et ce malgré le séjour chez ce fou de lutin. Manier la lance de jet a aussi quelque peu affiné mon bras que je fléchis mécaniquement, tout comme ma main. La corruption est lente à se développer, mais elle est maintenant descendue en taches éparses jusqu'à la large cicatrice de mon abdomen. Même le feu proche ne semble pas pouvoir éclaircir le teint charbon recouvrant mon bras droit. La sensation de fièvre parcourant mon membre est toujours là, se ravivant dès que la noirceur s'étend. J'avais cru qu'elle allait se développer plus rapidement, mais je pense disposer d'encore quelques semaines avant qu'elle n'atteigne l'amorce des autres membres. Avec de la chance. Je n'y touche cependant pas de ma main quasiment intacte, ayant pu voir que la tache s'y propageait par contact.

Debout devant le feu que j'observe distraitement, je finis par agripper ma sacoche, me servir en fraise sauvage et la proposer à Dae'ron. Le brun met quelques instants avant d'abaisser les yeux de ma silhouette au profil assombri jusqu'au sac, et de se servir.

( Soit il est plus fatigué qu'il ne l'admet, soit il est déjà malade. Mais après tout, ce sont ses affaires. )

Après un instant de silence, le brun fait finalement entendre sa voix.

"C'est douloureux ?"

Je ne réponds d'abord pas, avalant un morceau de fruit puis repoussant une mèche trempée derrière ma spirale auditive.

"À ton avis ?"

"Parce que je te poserais la question si je le savais ?"

Mon corps effectue un quart de cercle et j'embrasse la vision de mon congénère en fronçant les sourcils. Est-ce que j'ai rêvé ou il vient d'imiter ma façon de parler, là ? Il a un léger sourire, est assis sur l'une des larges feuilles et sous l'aile de Lyïl qui se lisse le plumage. Mon mouvement lui fait lever les yeux vers ma cicatrice puis il les baisse vers son aliment. Je me détourne de sa silhouette humide pour contempler la lueur orangée.

"...Moins."

"Moins ce n'est pas aucunement... Il faut vite trouver l'autre orbe alors."

Je ne réponds pas et termine mon fruit. Mon esprit n'arrive toujours pas à savoir ce qui le pousse à vouloir m'aider à trouver cet objet, si ce n'est son profit personnel. Je garde mon bras noir tendu et plaque mon poing bleuté contre ma hanche, laissant mes ailes détendues s'égoutter. La respiration de Lyïl prend un rythme plus lent tandis qu'il s'endort, bercé par la sonorité régulière des gouttes lourdes chutant sur la protection végétale. Après quelques temps de silence, Dae'ron finit par se lever et ajouter son pagne au lot de vêtements humides. Les mains tendues au-dessus du feu, il me fait un léger signe de tête, puis il se met à fredonner. Mes yeux sombres se lèvent au plafond improvisé, puis je pousse un léger souffle.

C'est un fait, j'apprécie sa voix. Et sans le moindre encouragement de sa part, la mienne finit par lentement la rejoindre. J'aurais voulu qu'il en soit autrement, mais j'ai fini par prendre l'habitude dérangeante de suivre son rythme. J'y ai résisté, longuement, mais une partie de moi semblait lutter contre tout le reste pour se faire entendre. Il faut croire que j'ai gardé une petite fibre sensible propre à ma race. Mais autant suivre cette envie passagère et en profiter, finalement. Demain, nous arriverons tous deux à Bouh-Chêne, et je compte bien en repartir prêt pour un possible voyage à rallonge.

Et seul.



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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Sam 17 Jan 2015 12:58 
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Au petit matin, tu te réveilles en pleine campagne, apparemment paré à une nouvelle journée à râler, quoiqu'en solitaire cette fois-ci. Rien ne semblait devoir être différent de d'habitude... jusqu'à ce que tu sentes un tiraillement dans ton sac. Le cœur sombre de Nostrade vibre ! Une étrange lueur en émerge, blanche, noire... puis grise. Ton regard est alors détourné vers la terre à tes pieds. Les petits grains de poussière s'animent, s'entassent d'eux-même.. pour former un mot.

« Yarthiss »

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 Sujet du message: Re: Les bois aux alentours de Bouhen
MessagePosté: Sam 17 Jan 2015 13:34 
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L'Âme pure d'Amalia

-1-



Mon départ en pleine nuit, et surtout les réveils à répétition, n'ont pas été spécialement appréciés par mon corps. Je prends la décision de faire une pause pour laisser du temps à Lyïl de se dégourdir les ailes, et m'adosse un instant contre un arbre. Je dois m'y être assoupi quelques instants et mon réveil brutal me cause un léger mal de crâne. Retour aux bonnes habitudes. Je suis d'une humeur de chien ! Heureusement que mon oiseau gazouille à proximité ou je serais bien plus énervé.

Je tente de réfléchir à ma destination, n'ayant pas le plus petit indice sur le lieu où le pendant au Coeur Sombre peut se trouver. Soudain, dans mon sac, le maudit objet se meut. Vibre même, m'obligeant à l'en sortir. Dans ma paume, ravivant la sensation de fièvre, l'orbe se met à luire en blanc, puis dans son habituel noir, et enfin en grisé. J'en fronce les sourcils. Que dois-je en comprendre ? Les deux pièces s'appelleraient ?

Perplexe, je le suis d'autant plus qu'à mes pieds, la poussière environnante se rassemble. Mieux, elle forme des lettres jusqu'à m'offrir un mot. Yarthiss.

( Tu sais écrire, toi ? )

Yarthiss. Faisant appel à ma mémoire, je tente de visualiser ce nom sur une carte. Une cité importante, de géants, et surtout sur un autre continent. Cela fait plutôt loin. Je marque une hésitation, mais ai la volonté suffisante pour chasser mes pensées avant qu'elles ne deviennent une image.

"Soit, si tu le dis. Ça va me changer d'air."

Sifflant mon harney, je l'enfourche de nouveau et l'incite à décoller. Je suis confronté à un problème de taille. Entre ma position et ma destination, il y a quand même un océan. Je ne vois qu'une possibilité.

Me rendre à l’écœurant rassemblement d'humains connu sous le nom de Bouhen. C'est le seul moyen, et le plus proche, de prendre place sur un transport pouvant m'amener en Imiftil. Et cette pensée me fait grincer des dents sous mon casque. Mais, hélas, cela semble être ma seule piste pour le moment.



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