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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Mar 7 Oct 2014 18:43 
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Dopé par sa nouvelle force, Maeglin parvient à descendre presque plus vite que Naasha. Les hommes sur le quai vous rattrapent tandis que vous êtes à deux doigts de leur tomber dans les bras.

« Vite ! Lance l'un d'eux. Il faut partir avant que la milice n'arrive ! »

Tu perçois vaguement que vos ennemis tentent de descendre vous rejoindre. Deux hommes tentent de s'interposer et un combat s'engage. Tandis que vous vous éloignez du navire d'Hamilcar, un groupe de soudards débarquent dans le port, tu reconnais la milice d'Eniod. En jurant, vos nouveaux compagnons vous pressent car vous êtes bientôt pris en chasse.

Vous arrivez cependant sain et sauf à un autre navire qui largue aussitôt les amarres.

« Hé bien... nous avons eu de la chance... » soupira celui qui semblait être le chef.

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Mer 8 Oct 2014 17:09 
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XX. Port de la cité d'Eniod

Après avoir réussi à échapper à ses agresseurs et à la milice d'Eniod, Maeglin se trouve sur le pont du navire sur lequel il aurait dû embarquer depuis le début, celui-ci est plus grand et semble en meilleur état que le premier. L'hinïon est recroquevillé sur le sol, son sort ne faisant plus effet il ressent à nouveau la profonde douleur que lui infligent ses blessures. A ses côtés se tient celui qui semble être le chef de ses sauveurs, il est vêtu d'une longue cape noire et porte un capuchon qui dissimule son visage. Malgré la douleur, Maeglin se pose de nombreuses questions et le fait d'être dans un tel état le met hors de lui. Le pauvre diable ne cesse de pousser des hurlements de rage mêlés à des cris de souffrance. Au bout d'un certain moment, l'hinïon fini par se calmer et reste dos à terre tout en fixant le ciel qui est caché par de nombreux nuages grisâtres. Après un long moment de silence, il fini par redresser la tête et fixe l'homme qui se tient accroupi face à lui. Difficilement, Maeglin tente de laisser échapper quelques mots.

Qui êtes vous... ? Et comment se fait-il qu'une telle chose ai pu arriver ? Parlez...

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Merci à Itsvara.




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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Mer 8 Oct 2014 17:24 
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L'homme à la capuche répondit tandis que l'équipage préparait le départ :

« Je l'ignore. Nous devions vous attendre. Nous sommes tombé sur vous par hasard et nous avons compris que quelqu'un vous avait trompé. Peut-être s'agissait-il juste de pirates voulant demander rançon ? J'espère qu'il n'y a pas de réponse plus profonde, car je n'aime pas l'idée qu'un ennemi pourrait en savoir autant sur nous sans que nous ne sachions rien sur lui... »

Il tend la main pour t'aider à te relever.

« Je suis Carrok, je dirige le réseau de contrebande qui approvisionne le temple en denrées diverses. Notre infirmier de bord va s'occuper de vous. »

L'infirmier de bord est un varrockien à l'aspect ordinaire qui va s'occuper de toi pendant le trajet. L'équipage est composé de gens comme lui, ainsi que d'une garde de fanatiques en noirs. S'ils quelque peu ébranlés par la perte de leurs deux compagnons, il n'en montre rien...

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Jeu 16 Oct 2014 15:41 
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XXI. Quelque-part entre Imifitil et Nirtim

En plein océan, entre Imifitil et Nirtim, le navire de contrebandiers transportant Naasha et Maeglin navigue paisiblement sur une mer calme. Dans la cale, dans une petite salle d'environ deux mètres carré qui ne contient qu'un lit et une commode se tient l'hinïon, allongé sur le couchage qui semble relativement confortable. A ses côtés se dresse l'infirmier de bord qui n'est autre qu'un humain Varrockien aussi petit que la plupart de ses semblables et dont le front est comme pour tous très proéminent. Celui-ci est en train de panser les blessures de Maeglin qui le font énormément souffrir, jusqu'ici le voyage a été un calvaire. En effet, voilà presque une journée entière que le navire a quitté le port d'Eniod et si actuellement la mer est paisible, cela n'était pas le cas il y a encore quelques heures de cela. A cause de multiples secousses, l'hinïon a beaucoup souffert de ses blessures et l'infirmier n'a pas pu intervenir plus tôt, toujours à cause de l'agitation de la mer. Alors pendant un long moment, Maeglin n'a fait que hurler tout en perdant de temps en temps connaissance à cause de la douleur qui n'était plus supportable.

C'est tout en sueur qu'il est en train de se faire recoudre la peau, sa vision est trouble et il ne comprend plus très bien ce qui lui arrive. Aucune pensée ne parvient à lui traverser l'esprit, il se contente parfois de fixer l'infirmier d'un regard vide sans même pouvoir distinguer les traits de son visage. Celui-ci ne dit pas un mot, intimidé par l'elfe. L'humain n'avait encore jamais vu de corps en si mauvais état, il faut dire que la partie supérieure du corps de Maeglin n'a plus grand chose à voir avec ce qu'elle fut il y a quelques années. De longues heures de torture données en guise de punition en Hidirain ont laissé se former nombreuses cicatrices, que ce soit dans le dos ou sur le torse de l'elfe. En haut du buste, juste un peu avant la gorge et au niveau de son rein, l'hinïon possède deux grandes marques noires, des brûlures elles aussi infligées par les elfes d'Hidirain. A tout cela viennent s'ajouter les blessures qu'il a subit dernièrement.
Rien à voir avec son visage donc, car même s'il possède aussi de nombreuses cicatrices et déformations, elles n'ont jamais été infligées par quelqu'un d'autre que Maeglin lui-même. Il s'est lui-même scarifié le visage afin de ressembler le moins possible à un hinïon, dégoûté par l'apparence qu'il reflétait.

L'infirmier ne cesse alors d'observer chaque recoin de la partie supérieure du corps de l'elfe à un tel point qu'il en oublie parfois ce qu'il est en train de faire. C'est une tâche difficile que de s'occuper de Maeglin car quand un être au corps si mal mené vous fixe d'un regard aussi vide que celui d'un mort, vous pensez parfois être confronté à un zombie. C'est pour cela qu'au bout d'un certain moment, l'infirmier décide de ne plus détourner le regard de la blessure qu'il est en train de panser afin de ne plus être déconcentré par ces visions d'horreur. Il s'empresse alors de répéter inlassablement son geste qui consiste à pénétrer chaque morceaux de chair latéraux à la plaie à l'aide d'un fil au bout duquel est accrochée une aiguille tout en avançant afin de refermer la blessure.

En à peine une heure de plus, l'infirmier parvient enfin à panser entièrement les blessures de Maeglin. En partant, il s'aperçoit que celui tombe instantanément dans un profond sommeil, semblant écrasé par la douleur passée.

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Mer 14 Jan 2015 21:33 
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Partie I : Balloté par les flots.

S’aventurant en dehors de la boutique de magie d’Eniod, Endar fendit la foule qui s’écarta bien vite de son passage en tentant de ne pas se faire toucher par lui, comme s’il était porteur de la peste. Les murmures désapprobateurs et remplis de haine résonnèrent à ses oreilles pointues, néanmoins tout cela ne le touchait pas plus que cela puisque la vie des humains était aussi inintéressante qu’elle était fragile. L’elfe noir se rendit près du port et y chercha une place tranquille près d’arbres surplombant la mer à l’abri des regards des matelots qui s’agitaient sur le pont de leurs navires de pêche. Il s’assit en tailleur, les yeux rivés sur les vagues qui venaient lécher les parois rocheuses et sortit de sa besace la fiole qui contenait de l’eau d’un bleu profond, arrachant le bouchon pour la boire rapidement. Il porta vivement sa main à sa gorge en feu, il avait l’impression d’avoir bu toute la mer, le sel lui donnant d’atroces nausées. Se pliant en deux, il rampa jusqu’au bord du bout de terre surplombant l’immense étendue d’eau salée, ses mains tremblant, prises de violents spasmes tout comme le reste de son frêle corps.

- Que m’arrive-t-il par tous les dieux ?

Sa propre voix lui semblait à présent lointaine et il lui sembla que son esprit s’ouvrit à la mer qui, à chaque houle, semblait chanter pour lui. Dans un ultime effort, il se retourna, son dos nu contre la terre, son œil mordoré fixant les branches des hêtres qui s’agitaient au gré du vent marin. Il entendit au loin les croassements d’un corbeau aussi noir que l’ébène venant de la cité marchande et bientôt, il se rapprocha de sa position, ses ailes vibrant dans l’air jusqu’à ce qu’il vienne se poser sur la branche d’un vieil hêtre au-dessus de lui.

- Toi le banni et l’insoumis des dieux, lorsque la terre et l’eau se lieront, la souffrance te reviendra en mémoire. Suis les corbeaux jusqu’aux blanches falaises lorsque la lune miroitera. De mots il te faut t’armer jusqu’au chemin de la vérité.

Il ne manquait plus qu’un dieu jouant les prophètes à ses heures perdues au tableau, celui-ci d’ailleurs à travers le corbeau continuait de le fixer de ses trois yeux rouges. Un humain surgit soudain des fourrées et bien qu’affaibli, le mage sentit sa magie affluer dans ses veines. L’humain le vit et son visage se crispa sous l’effet de la haine, ce n’était sans doute pas aujourd’hui qu’un shaakt pourra vivre parmi les humains.

Torse nu couvert de poils, il continuait de le dévisager à plusieurs mètres de lui, l’odeur de poisson émanait de lui et frappa ses sens développés. Mal rasé, des cheveux noirs en bataille et le sel collant encore à sa peau, il était certain qu’il revenait tout juste d’un long voyage en mer qui n’avait pas été de tout repos. Même de loin, il entendait sa respiration saccadée et difficile et il mettrait presque sa main au feu qu’il était atteint d’addiction à la drogue et à l’alcool à en juger par son haleine avinée. Un pantalon surmonté d’une corde venait tout juste l’habiller et ses chausses étaient attaquées par le sel ce qui le rendait encore plus méprisable. Malgré tout cette hargne qui luisait follement dans ses yeux, il baissa la tête et partit la queue entre les jambes comme un loup s’avouant vaincu.

Lorsque le marin s’éloigna, Endar chercha à se relever, passant ses bras autour de l’arbre dont les branches surplombaient la mer, sentant qu’il s’habituait à cette nouvelle magie. C’est alors que le marin surgit de nouveau, le bousculant violemment pour se retrouver sur lui, une dague levée vers les cieux.

- Au nom de Valshabarath, meurs ! assena-t-il en tentant de le poignarder.

Ses mains bloquèrent celles du tueur alors que la dague ne se trouvait qu’à quelques centimètres de son cou. Il entendait les croassements de plus en plus énergiques du corbeau qui observait la scène sans doute avec délectation en se demandant qui sera son prochain repas et il était hors de question que ce soit lui ! Cette simple pensée lui permit de repousser légèrement le marin au regard fou, cependant, il était bien trop fort et il reprit du terrain en raison de la fatigue du shaakt. Le mage crut entendre la mer se déchaîner, mais en réalité c’était le rebord qui se fissurait, la roche depuis longtemps dévorée par les marées. Son assassin n’était sans aucun doute pas conscient des craquements de la terre et lorsqu’un dernier craquement se fit entendre le pan de terre s’effrita les faisant tout deux tomber en pleine mer. Sauvagement fracassés contre les parois rocheuses, les deux protagonistes se séparèrent sous l’effet de la violence des flots et la mer déchaînée l’emporta dans les abysses.

Des souvenirs lui revinrent en mémoire sous la forme de flash. Il était de nouveau dans l’arène souterraine de Khonfas, son corps frêle couvert d’hématomes et ensanglanté, ses pieds à nu sur le sable chaud. Comment avait-il pu survivre alors même qu’il n’était pas encore au courant de ses pouvoirs ? Cette question ne cessait de le tarauder et aucune réponse ne finirait par le satisfaire. Si le goût du sang, la douleur et les épreuves subites l’avaient poussé à se battre, il ne saurait jamais par quel miracle il était encore en vie. A chaque adversaire gisant sur le sol, son corps tremblait de plus en plus sous l’effort, contenant avec peine la douleur qu’avaient laissée les lames et les poings de ses adversaires humains ou des elfes d’autres ethnies aussi malchanceux que lui de se retrouver en ce lieu maudit. A la fois, la peur le prenait au ventre et en même temps l’excitation de se retrouver en plein combat le poussait vouloir verser encore plus de sang.

Quand il est sorti de l’arène, il n’était même plus une des nombreuses recrues fouettés jusqu’au sang par les anciens guerriers, il était devenu un simple monstre qui n’obéissait plus à des dieux manipulant le destin des êtres de Gaïa.

Petit à petit, il reprit conscience du monde tout autour de lui se retrouvant sur une lande de sable, la mort l’ayant rejeté au même titre que la mer. Ses doigts étaient en train de griffer la terre tandis qu’il se redressait, la face à demi couverte par la boue. Endar se tenait devant un bois d’hêtres, il espérait juste que la mer ne l’ait pas rejeté trop loin d’Eniod, cependant, au loin, il crut distinguer les hauts remparts d’Eniod ce qui le conforta dans l’idée que le courant ne l’avait dévié que de quelques kilomètres de sa position initiale.

Sa sacoche contenant la fiole de fluide de terre, la bourse pleine de yus et le fragment d’or de la mine qu’il avait découverte s’était échouée près de lui, intacte malgré le sel qui était en train de ronger le cuir. Vérifiant que rien ne lui manquait, il la remit en bandoulière et s’approcha de l’étendue de l’eau pour se nettoyer autant que possible. S’aventurant à l’orée de la forêt, il y ramassa quelques branches mortes et quelques cailloux afin d’établir son campement de fortune face à la mer. Il leva la tête vers les étoiles illuminant la nuit telles des phares guidant les marins jusqu’à leur chez-eux. La ville souterraine de Khonfas lui manquait plus qu’il ne l’aurait crû, cependant approcher des portes de la cité lui causeraient plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait et il n’avait pas oublié la punition réservée à son père et ces araignées qui avaient cherché à le dévorer tout comme son père. Les traits de son visage se durcirent lorsqu’il se souvint des cris d’effroi et de douleur de son père implorant la clémence des dieux mais aucune larme ne venait longer son visage fin.

Pleurer lui était devenu comme impossible, la tristesse était d’ailleurs vite balayée par la vengeance et corrélativement du besoin de puissance. Cette haine qui s’était emparée de son être ne l’avait jamais quitté, elle était devenue une amie, une compagne qui ne l’abandonnait jamais. Cette vengeance qui l’avait poussé à servir un seigneur shaakt autoproclamé qui n’hésitait jamais à recourir à des méthodes efficaces pour limiter dans l’ombre le pouvoir de sa sœur cadette. Qu’avait-il vu au moment où les gardes de la prison l’avaient amené à la demeure des Vrinn ? Un grand seigneur à l’armure étincelante ? L’espoir de la fin du règne des matriarches à Khonfas ? Un nouveau père ? En regardant les étoiles et en écoutant le roulis des vagues, il se sentait paisible et il n’aurait quitté cet endroit pour rien au monde, si et seulement si il ne désirait pas acquérir autant de pouvoir.

Tuer les matriarches responsables de la mort de son père ne suffirait pas à étancher sa soif de sang et reviendrait à supprimer quelques shaakts vite remplacés par d’autres au sein du grand jeu des chaises musicales du pouvoir. Il s’allongeait de tout son long sur la terre à côté du petit feu de camp qui servait plus à éviter que les bêtes sauvages ne viennent l’attaquer par curiosité culinaire, du moins celles qui étaient effrayées par le feu, plutôt qu’à se réchauffer.

Admirant les étoiles pigmentant cette toile d’un bleu sombre, il songea à son rêve de devenir lui aussi un seigneur shaakt, bien plus grand que ceux qui léchaient les bottes des matriarches pour espérer survivre. Dans un soupir las et résolu, il pensa que l’opportunité de se faire un nom dans une guerre n’était pas au rendez-vous, certes avait-il déjà pu mener des escarmouches notamment en direction d’Eniod il y a quarante ans de cela mais c’étaient des pillages et non des batailles rangées, encore moins des campagnes militaires. Endar était fin tacticien, une qualité sans doute des plus appréciables lorsqu’on est un mage extrêmement fragile au corps à corps. Durant toute la nuit, il se concentra à diffuser ses fluides d’eau dans tout son corps pour s’y habituer et commença à diriger ses fluides sur la mer calme pour tenter de maîtriser cet élément encore mystérieux pour lui. Au bout d’un certain laps de temps qui lui parut une éternité, il arriva à guider le courant du bout des doigts, dirigeant l’eau comme un marionnettiste manipulant sa création. Ne connaissant qu’une seule formule magique, sa seule solution résidait en l’abandon des incantations et à l’utilisation d’une nouvelle méthode pour user de magie.

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Sam 7 Jan 2017 18:56 
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"Évidemment que ce n'est pas loin ! Puisqu'on est déjà dans Eniod ; réfléchis un peu Lenen !"

À défaut de réfléchir, le petit frère tentait de suivre la cadence imposée par le grand. Maelgion ne s'en rendait même pas compte, occupé qu'il était à ne pas se perdre dans cette ville si jeune par rapport aux autres cités et pourtant déjà si peuplée. Il ne prit pas non plus conscience qu'il avait peut-être un peu forcé sur sa voix ; après tout, ils marchaient depuis l'aube et Lenen n'avait que douze ans ! Mais, puisque le garçon et lui était d'une égale sensibilité, il se permettait de pousser son cadet autant qu'il se poussait lui-même.

"Regarde, on est arrivé !"

En effet, devant leurs yeux s'étalaient les quais marchands et l'air salé, sec, si revigorant de la mer leur entrait à flot dans les narines, en même temps que les odeurs de poisson qui surgissaient de partout. Ici, les petits pêcheurs revenaient de leur nuit pour vendre leur récolte. Des mères bien en chairs venaient le leur acheter, parfois trainant dans leurs bas un mioche mal réveillé. Comme l'après-midi était déjà bien avancée, l'influence était moindre et c'était surtout les propriétaires des gros voiliers qui arpentaient cet endroit.

"On a qu'à s'installer là."

Maelgion, de son index, désigna à son petit frère, une bâtisse en bois apparemment abandonnée près de laquelle on avait entreposé de grosses caisses en bois. Le garçon passa son grand sac à Lenen et entreprit, en déplaçant ces lourdes caisses, de se créer une sorte de comptoir. Récupérant ses affaires, il y installa les fourrures, bien en apparence et prit place derrière. Il lâcha un léger soupir de soulagement en s'asseyant pour la première fois depuis plusieurs heures.

(Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre.)

Les minutes passèrent, tous comme les gens devant leurs marchandises. À un moment, tandis que Maelgion s'occupait d'une dame qui semblait assez intéressée, un homme massif, aux épaules larges, une veste délavée sur le dos et une balafre sur toute la joue droite qui semblait lui rallonger ses lèvres fines s'approcha et s'adressa à Lenen.

"Salut mon garçon ! Dis-moi, que vends-tu ?"

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Dim 29 Jan 2017 16:04 
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Le petit garçon gonfla ses joues, ayant le sentiment d'avoir quand même réfléchit avant de poser sa question. Il ne répondit cependant pas à son grand-frère, se contentant d'essayant de maintenir le rythme de ses pieds. Comment était-il supposé faire ? Mael' était plus grand que lui, et pouvait donc se permettre de marcher plus rapidement que lui. La différence était certes minime, mais sur de longues distances, cela devenait énorme. Le garçonnet faisait des efforts pour bien contrôler sa respiration, afin d'éviter d'être plus épuisé qu'il ne l'était déjà.

Soudain, Mealgion s'exclama; ils venaient d'arriver au port. Lenen sourit et poussa un petit soupire de contentement, heureux de pouvoir enfin reposer ses pauvres petits pieds et petites jambes. Il respira l'air frai, quoique trop marin puisque l'odeur du poisson lui remontait le long des narines. Il fit une légère grimace de dégoût, l'odeur n'étant pas forcément plaisante, et se contenta d'utiliser ses yeux, regardant autour de lui avec curiosité.

"Il y a beaucoup de monde !"

Le garçon suivit la direction pointé du doigt par son grand-frère, prenant son sac avec un petit "ouf" d'effort. Le sac lui dépassant légèrement la tête, il dû pencher sa tête sur le côté pour pouvoir regarder ce que faisait Maelgion, ce qui lui fit manquer, de peu, de faire tomber toute la fourrure. Heureusement, il avait entreprit d'arrêter de bouger tandis que Maelgion se tournait vers lui, voulant montrer qu'il était parfaitement capable de tenir un sac lourd sans tout faire tomber. Fier de lui, il lui rendit le sac et, tandis que le grand-frère installait les fourrures, le jeune garçon, épuisé, s'allongea aussitôt sur une caisse en poussant un soupir de soulagement.

"Aaaaah ! ça fait du bien !"

Il ferma les yeux, pour se reposer un instant, mais entendit rapidement des pas s'approcher. Curieux, et soucieux de ne pas déplaire à son grand-frère, le garçon se redressa rapidement pour voir un homme s'approcher, assez large d'épaule. Maelgion était occupé à autre chose, ce qui fit que l'homme l'interrogea. Lenen se sentait intimidé. Il était plus ou moins habitué à converser avec des clients et à leur vendre des choses - quoiqu'il lui fallait se reprendre à deux ou trois fois pour être sûr d'avoir le compte - mais la carrure impressionnante de l'inconnu, et sa joue griffée était intimidante.

Lenen se redressa et se mit debout. Ne voulant pas paraître impoli, il fit un sourire innocent.

"Bonjour, Monsieur ! Ici, on vends des fourrures ! C'est Papa qui les as ramenés après sa chasse. "

Lenen hésita un instant, avant de continuer.

"Là ici, ce sont des lapins. Elles sont toutes douces ! Et là, de l'ours ! C'est moins doux, mais ça tient chaaauuuud !" avait-il commencé à présenter.

L'homme lui sourit, ce qui le rassura, non pas parce qu'il semblait plus amicale - sa griffe le perturbait toujours autant - mais parce que sa "méthode commerciale" semblait marcher. Lenen se demandait si un vieux marin aimait câliner des fourrures de lapins toutes douces... Il savait que cette technique commerciale marchait très bien sur les enfants - qui harcelaient toujours leur parents pour en avoir un - mais sur un vieux marin ?...

"Tu as une bien beau stock dis moi, petit. Ça m'intéresse et je veux bien t'en acheter."

Lenen fit un grand sourire, content d'avoir réussi à faire une première vente. Maelgion va être fier de lui !

"D'accord ! Qu'est ce qui vous ferez plaisir, M'sieur ?" dit-il en sortant un petit bout de feuille qu'avait griffonné Mael, avec les prix de chaque fourrure; il ne connaissait pas encore tout à faire par coeur les prix !

"En fait, j'aimerais tout prendre."

Le garçonnet regarda l'adulte avec des yeux ronds. C'était possible, de tout prendre ? Mais ils auraient déjà plus rien à vendre ! Et puis, il avait l'argent pour acheter tout ça ? Et comment allait-il tout transporter ? Lenen afficha une mine gênée.

"Euh... excusez moi, je vais voir avec mon grand-frère."

Lenen s'approcha rapidement de Maelgion, et, tandis qu'il terminait - semblait-il - son entretien avec la dame, Lenen prit sa manche et la tira doucement.

"Dis, dis, Mael' ! Le Monsieur veut acheter tout le stock... C'est possible ?"

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Dim 29 Jan 2017 18:30 
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(Ah zut !)

Du coin de l’œil, Maelgion vit qu'un autre client potentiel était arrivé - il avait l'apparence et les manières d'un vieux marin tanné par les vents et possiblement les vins. Malheureusement, une dame d'âge moyen venait justement de l'aborder. Évidemment, en principe, il n'y avait aucun problème car le voyant occupé, le marin s'était tout naturellement adressé à Lenen et non à lui. Mais, et bien que ce ne fût pas la première fois que les deux garçons étaient ainsi envoyés, seuls, vendre leurs fourrures à la ville, Maelgion n'était pas certain de pouvoir compter sur son jeune frère : il était bien trop petit ! Que connaissait-il au commerce ? Et les clients, surtout, n'aimaient pas particulièrement s'adresser à un enfant à peine sorti des jupes de sa mère. Conséquemment, l'aîné des Syalgius fut quelque peu déconcentré de sa propre ventre. Heureusement la dame cherchait quelque chose de précis - une fourrure de lapin de taille assez modeste et, dès qu'il lui eut trouvé cela, elle le paya et s'en fut. Avec un soupir de soulagement, il la regarda sans aller et s'apprêtait à prendre en main leur deuxième client quand Lenen le tira timidement par la manche. Apparemment, le marin voulait acheter tout leur stock. Entendant cela, Maelgion prit son cadet à part.

"Bien sûr que c'est possible ! Et c'est vraiment la bonne affaire pour nous : on vend tout et on est de retour à la maison beaucoup plus tôt que prévu !" Il lui ébouriffa les cheveux et lui fit un clin d’œil. "Bien joué p'tit frère !"

D'un geste doux, mais ferme, le garçon fit reculer son frère dans son dos, signe qu'à partir de cet instant, il prenait les choses en main. Il se rapprocha donc de l'homme et croisa les bras pensant que cela le faisait paraitre plus grand qu'il ne l'était. Il s'autorisa une seconde durant laquelle il détailla le marin qui avait franchement un visage patibulaire, malgré son sourire qui se voulait avenant.

"Ainsi donc, vous voulez tout nous acheter ?"

"Pour sûr mon garçon ! Moi et mes gars, on part en mer dès ce soir et on veut pas attraper froid ! Comme je dis toujours : la pêche ça vous garde un homme au frais parce que ça vous le trempe constamment !"

Il partit dans un rire gras et, quelque part, enroué. Maelgion n'eut aucune réaction et attendit gentiment qu'il en eut terminé. Il n'avait pas beaucoup confiance - c'était une des règles que son père lui avait inculquées, celle ne faire confiance aux gens que lorsque l'on était sûr qu'ils n'essayaient pas d'embobiner leur monde.

"Et... vous avez assez ? Ce sont des marchandises de très bonne qualité vous savez."

Le sourire de l'homme s'agrandit. Sa main, délicatement, presque avec lenteur, souleva sa veste bleue délavée et récupéra une bourse bien rebondie à sa ceinture, qu'il posa avec désinvolture sur le comptoir improvisé des deux garçons. Maelgion hésita un moment avant de s'en emparer et de l'ouvrir. Il ne put s'empêcher de sourire de toutes ses dents en voyant le monceau de pièces d'or. Il se tourna vers son frère.

"Vite Lenen ! Emballe tout !"

À deux, cela ne leur prit qu'un court moment et bientôt, tout fier de lui, le jeune magicien tendait ses achats au marin qui, soudain, grimaça et se mit à geindre en se tendant le dos.

"Dites, vous ne pourriez pas les porter pour moi jusqu'à mon bateau ? Ce n'est pas très loin et mon dos me fait tellement souffrir !"

À nouveau, Maelgion se sentit suspicieux. Mais l'homme avait déjà payé et à ce qu'il pouvait en savoir, avec de vraies pièces, une véritable fortune. Pourquoi hésiter ? Cela ne leur prendrait pas beaucoup de temps et surtout, ils devaient penser à ce que cela voulait dire pour eux : ils ne rentreraient pas la nuit tombée à la maison ! Cela suffisait pour faire une bonne action. Le garçon se saisit du sac de fourrures.

"Reste bien près de moi Lenen."

Le marin en tête, ils quittèrent l'endroit où ils s'étaient installés et longèrent les quais jusqu'à un beau bateau baptisé avec délicatesse du nom de "Anne-Marie". Une passerelle en bois avait été tendue entre son pont et la terre ferme. Ils s'y engagèrent. Maelgion était de moins en moins sûr de lui. Parvenu jusqu'en haut, il fit passer le gros sac par dessus la balustrade, lança un rapide mot d'au revoir et s'apprêta à faire demi-tour promptement quand retentit la grosse voix du capitaine, bizarrement beaucoup moins amicale à présent.

"Pas si vite, mes mignons..."

De tout le pont, la jeune fratrie vit alors les hommes d'équipage se précipiter vers eux.

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Dim 29 Jan 2017 20:44 
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Avec un air curieux, Lenen écoutait son grand-frère. C'était donc possible de tout vendre en deux secondes ? ça faisait bizarre, pour Lenen. Au lieu de faire plaisir à plein de gens, ils auront fait plaisir à une seule personne... N'est-ce pas un peu dommage ? Mais il chassait rapidement cette question en sentant la main de son frère lui ébouriffer les cheveux. Il ferma les yeux en riant doucement, se laissant faire avec plaisir; il avait réussi ! Maelgion était fier de lui ! C'était juste ce qu'il voulait. Flatté, il rougit un peu et ne répondit rien, tout content.

Il recula alors et regarda son grand-frère s'occuper du reste. Après quelques échanges rapides entre l'étrange marin et son frère, il fut convenu qu'effectivement tout le stock lui serait vendu. De derrière, Lenen pouvait voir les pièces d'ors briller doucement dans une bourse. Que c'était alléchant ! Il comprenait peu de choses à l'économie, mais les pièces étaient tout de même belles. Surexcité, Maelgion le pressa à tout mettre dans un sac. Ce fut rapidement fait. Lenen était impatient de rentrer chez lui, de revoir sa maman, son papa, ses quelques copains...

Avant tout, il fallait aider le marin à tout emmener dans son bateau. Maelgion s'en chargea, prenant le sac. Lenen n'était guère suspicieux envers le marin, juste intimidé, de par son innocence. Mais il sentait que Mael' n'était pourtant pas tranquille, au point qu'il lui demande de rester près de lui. Cela inquiéta quelque peu Lenen, qui faisait en sorte de ne pas le montrer. Il obéit alors et restait près de son grand-frère, presque collé à lui, faisant attention à ne pas le gêner dans son travail. Arrivé au bateau, que le garçonnet s'empressait d'observer avec curiosité, Maegion posa le sac. Tout content, après avoir regardé la graaaaande manivelle, de loin, qui permettait de contrôler le bateau - ce qu'il avait envie de jouer avec ! - il sautilla gaiement vers la passerelle.

Cependant, la chose ne se passa pas tout à fait comme prévu.

(Mais... Qu'est ce qui se passe ?)

Le marin de tout à l'heure se tenait devant lui. Il avait un sourire qui semblait diabolique aux yeux de Lenen, et sa réplique montrait bien qu'il n'avait pas l'intention de laisser partir les enfants. Effrayé, Lenen ne tenta rien et recula, se mettant contre son frère. Il regarda de l'autre côté; les autres marins couraient vers eux et bondirent aussitôt sur Maelgion, qui se débattit avec rage. Au total, ils étaient environ une dizaine. Bien que jeune, Maelgion se défendait bien, réussissant au passage à asséner un coup de poing au niveau de l'arcade d'un des marins. Ils durent s'y mettre à huit pour le maîtriser, l'un d'eux assommant le garçon à l'aide d'une matraque. Deux autres s'approchèrent de Lenen. Le garçon déglutit et ne prit par garde à un troisième marin qui était derrière lui, entourant ses bras autour de lui et le soulevant du sol. Le garçon se débattit.

"Lâchez moi ! Lâchez moi ! MAELGION ! Au secours !"

Le grand-frère n'entendit cependant pas, dans l'inconscience. Il se faisait emmener par deux marins vers ce qui semblait être des escaliers. Le marin qui tenait fermement Lenen l'emmenait dans la même direction, riant tant Lenen n'arrivait même pas à le ralentir. Pourtant, il se démenait ! Il essayait de balancer ses bras. Impossible; ils étaient bloqués à cause des bras du marin. Il ne pouvait que balancer ses jambes. Il donna alors des coups de talons au marin, qui grimaça, mais continua toutefois sa route.

"Si tu t'calmes pas, petiot, j'm'en va t'assommer comme l'aut', alors gare à toâ !" dit-il avec un fort accent.

Intimidé, Lenen cessa ses débats, et commença à pleurer. Les marins, insensibles, les emmenèrent dans un endroit obscur, posant Maelgion au sol, sur ce qui semblait être une maigre couverture, et jetant Lenen un peu violemment, de sorte qu'il se retrouve au sol. Ils s'en allèrent alors, quittant la pièce. Une clé tourna dans la serrure. Lenen n'avait pas tenté de fuir, frottant son épaule. Inquiet, il se dépêcha de voir Maelgion.

"Mael' ! Mael' ! S'il te plaît, réveille toi ! Il fait noir, j'ai peur !..."

Le garçonnet pleurait, secouant doucement son grand-frère, espérant qu'il n'était pas mort. Il regarda au niveau de son cou, espérant qu'il n'avait pas perdu son pendentif dans la tumulte. Lenen glissa alors sa main sous son T-shirt pour sentir le pendentif.

(Ouf, il est là...)

Il sortit le pendentif, donné par sa mère. Malgré l'obscurité, l'objet brillait doucement d'une douce lumière bleutée. Cela le rassurait un peu, dans le noir. Mais pas assez. Il lui fallait son grand-frère. Avec sa main droite, il n'avait pas arrêté de secouer un peu son grand-frère, aveuglé par ses larmes.

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Lun 30 Jan 2017 21:34 
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C'était un piège. Toute cette histoire n'était qu'un vaste piège et Maelgion ne s'en était rendu compte que trop tard. Il aurait dû comprendre que quelque chose clochait quand son client l'avait payé en grosses pièces d'or - c'était-à-dire plus qu'il ne l'aurait dû - sans même marchander ni même tâter la marchandise. Il aurait dû laisser Lenen sur le quai ou mieux : refuser catégoriquement de porter ses achats sur le bateau de cet homme. Il aurait dû ! À présent, le piège s'était refermé sur les deux frères comme les mâchoires d'un carnivore sur les os tendres d'un paisible herbivore.

Le capitaine était monté, par la passerelle, le premier à bord, puis venait Maelgion et son cadet. Le plus grand, soupçonneux - mais pas assez hélas ! - s'était empressé de déposer le sac renfermant les fourrures sur le pont fraîchement lavé et de faire demi-tour ; malheureusement, un des hommes d'équipage avait emprunté, après eux, sur la passerelle et leur bloquait ainsi toute retraite. De plus, Lenen, n'ayant senti aucun danger, s'était de lui-même engagé sur le pont. Lorsque le capitaine dévoila ses véritables intentions, il recula contre son aîné qui le serra très fort contre lui en le tenant par le col. Cependant, les matelots se précipitaient vers eux. Maelgion lâcha donc le benjamin pour tenter de se défendre. Contre dix hommes, de trois têtes plus hauts qu'eux tant en hauteur qu'en largeur, c'était risible. Mais le jeune mage avait pour lui la force du désespoir et non pour sa propre survie, mais pour celle de son frère : son objectif était d'accaparer l'attention des matelots afin de permettre à Lenen de ne pas se faire attraper. Et il griffait et il frappait et il donnait des coups de partout, se débattait comme un beau diable sortit de son vif enfer.

"Fuis Lenen ! Fuis !"

Mais tous n'étaient pas sur lui - il était à leurs yeux, comme une brindille ; ce n'était pas la peine. Et finalement, un coup en traitre, par derrière, un poing de la taille du marteau de forgeron s'abattit sur son crâne lui faisant perdre connaissance. Son corps inanimé tomba entre les mains de ses agresseurs. Deux d'entre eux, le prenant sous les aisselles, se mirent à le trainer en direction des escaliers conduisant à la soute. À leur suite en venait un troisième qui, sans mal, amenait le deuxième frère. Ils descendirent dans les entrailles mêmes du vaisseau, où le roulis résonnait plus que jamais, presque menaçant. La soute était séparée en quartiers bien distincts entre les couchettes des marins, près de l'escalier, la cargaison - composée essentiellement de tonneaux et enfin, la dernière partie, la plus reculée, la plus sombre, où la fratrie fut abandonnée, une maigre couverture comme tout lit. Les hommes repartirent et on entendit la clé tourner dans la serrure. Lenen se mit aussitôt à sangloter et à secouer son grand frère dans l'espoir que ce dernier se réveillât. Mais Maelgion resta longtemps inconscient. Quand enfin, il reprit connaissance, ce fut pour avoir l'impression de posséder un carillon dans son crâne. En faisant abstraction, il prit son petit frère et le pressa contre lui avec amour.

"Ne t'inquiète pas Lenen, je suis là ! Je suis là ! Tout va bien se passer, tu vas voir...."

À peine avait-il prononcé ces mots, néanmoins, que la coque bougea, que les planches grincèrent et on entendit, au-dessus des ordres de toute part. Le bateau venait de quitter le port. Quelques minutes encore et la trappe conduisant à la soute s'ouvrit. Le capitaine, portant une lanterne, descendit les marches branlantes pour se porter à leur rencontre, lui, le faux client. En portant la main à sa ceinture, Maelgion s'était aperçu que la belle bourse pleine de pièces d'or lui avait été évidemment reprise. Le balafré sourit de toutes ses dents et sa figure, dans la pâle lumière de la bougie, parut plus menaçante encore.

"Alors, on s'est enfin réveillé ?"

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 Sujet du message: Re: Le Port
MessagePosté: Mar 31 Jan 2017 15:01 
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Après de longues minutes à sangloter, tout seul, dans l'obscurité, Lenen vit enfin Maelgion se réveiller, sentant son grand-frère le prendre dans ses bras et le câliner. Heureux de le voir sain et sauf - ou presque - il se blottit volontiers contre lui en pleurant. Il était tellement heureux de le revoir ! Ses bras lui étaient réconfortants, sa voix, ses paroles lui faisaient du bien, si bien qu'il se calmait un peu. Il n'était pas seul, au moins. Il avait son grand-frère, c'était ce qui comptait. Le garçon renifla, essayant de faire un effort pour se calmer, tout en réfléchissant aux récents évènements.

(Est-ce que c'est de ma faute, tout ça ?...)

Peut-être que c'était de sa faute, oui, puisqu'il avait parlé à cet inconnu. Lui avait-il donné envie de venir voir son échoppe, avec ses astuces commerciales de débutant ? Non, quelques minutes plus tôt, il était partit pour dormir sur la caisse ... Ce n'était pas de sa faute, non non. En parlant de dormir, il avait sommeil ... Si Maelgion eut le plaisir d'avoir un sommeil - certes forcé - Lenen n'avait pas fermé l'oeil durant ce qui semblait être des heures, pendant que Mael' était inconscient. Il n'avait pas osé. Il avait peur qu'on vienne les attaquer, ou quoi que ce soit. Se sentant en sécurité, il leva la tête pour regarder son grand-frère à travers ses larmes. Le garçon se fit force pour faire un léger sourire, au moins pour montrer qu'il se sentait mieux de voir Maelgion réveillé. Il se blottit alors à nouveau contre lui et ferma les yeux, s'apaisant peu à peu.

Soudain, le bateau se mit à tanguer. Surpris, il ouvrit immédiatement les yeux et regarda avec effroi autour de lui. Qu'arrivait-il au bateau ? Etait-il en train... de quitter le port ? Mais comment rentreraient-ils à la maison ? Et Maman ? Et Papa ? Il regarda le Maelgion.

"M... Mael', qu'est ce qui se passe ?... ça bouge... On... on a pas quitté le port, quand même... si ?..."

Il savait que ses questions étaient rhétoriques. Mais il était si inquiet qu'il s'attendait à ce que son frère lui dise "Non, ce n'est que le vent !" ou quelque chose dans le genre. Cependant, autre chose attira l'attention de Lenen; la clé qui tournait dans la serrure. Le pirate qui était venu lui parler il y a quelques heures réapparu, semblant fier de lui, et presque diabolique. A nouveau, Lenen ne pouvait s'empêcher d'avoir de faux espoirs; dira-t-il que tout cela n'était qu'une blague ? Est-ce qu'au final il allait les relâcher ? Ou alors, peut-être voulait-il quelque chose d'eux ? Toute la fourrure gratuitement, peut-être ? Lenen était inquiet, en plus d'être intimidé. Il se blottit un peu plus contre Mael', voulant chercher un semblant de réconfort et de protection. Le blondinet n'osait cependant pas quitter son regard du pirate, le surveillant presque.

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