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 Sujet du message: Le temple de Yuimen
MessagePosté: Dim 26 Oct 2008 21:31 
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Le temple de Yuimen


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C'est sans doute l'un des plus vieux temple de tout Yuimen. En effet, les légendes racontent que ce bâtiment fut construit par un druide qui y usa sa vie. Il fut peut-être même bâti avant même la construction de la ville, ce qui expliquerait qu'il soit hors des murailles.

Toujours est-il qu'il est là, mystérieux, presque caché sous des couches de lierre. Un vieux prêtre est toujours présent pour accueillir voyageurs et autres pèlerins. En effet, outre un lieu de prière, le temple est un ancien monastère. Des chambres sont toujours à disposition dans l'aile ouest, tandis que l'aile est est réservée au temple proprement dit. L'aile nord, où se trouve l'entrée, débouche sur une vaste serre, inondée par un puits de lumière. L'aile sud quant à elle est fermée aux voyageurs et recèle bien des mystères.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Dim 13 Mai 2012 18:56 
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A la nuit tombée, les voilà qui avaient mis le nez hors du couvert des arbres, et les lutillons de s’émerveiller aussitôt de cette lune, certes jolie, mais bien farceuse ! Ses éclats luxuriants glissaient en effet d’un brin d’herbe à l’autre, et la vaste plaine était toute entière le terrain de ses pitreries. Pépin voyait bien comme elle se plaisait à jouer à cache-cache entre deux rabicoins de nuages, dans une valse constante d’argent, de bleu et de violet.

Le plus dur pour le Capitaine Fauche-le-vent, il y avait fort à parier que ce serait de faire monter le campement à cette troupe peu farouche d’apprentis Chevaliers, qui n’avaient sous la douce brise nocturne que le désir de chasser les gouttes de lumière que la lune dessinait dans les ondulations des herbes folles. Armés de leurs plus beaux et plus sonores rires, ils s’ébaudissaient dans une course enjouée, à celui qui trouverait le coin le plus brillant pour passer la nuit à compter les étoiles.

Ce fut à son grand dam que le vieux lutin s’assit sur un champignon rabougri, et dont la couleur en cette heure tardive restait incertaine. Longtemps il avait mené les petits Bouchenais vers le Monastère Khan, et il savait à quoi s’attendre. Et, comme un chacun savait, rien ne venait à bout du calme légendaire du Capitaine – quoi qu’en dissent les vieilles rumeurs de Bouh-Chêne sur sa pilosité plus que réduite. Une lueur amusée éclaira son regard lorsqu’il sortit des bâts de sa vieille buse Calicute une demi-douzaine de globes à lucioles, issues comme toujours de l’esprit sans limite de l’inventeur Mâchouille. Tout de suite, les lutillons se regroupèrent, comme inexorablement attirés par la lumière fabuleuse des bestioles, auxquelles ils s’enquirent sur-le-champ de donner des noms.

- Lili !
- Lulu !
- Et pourquoi pas… Loulou !
- Bande de glaires de Troll,… commença le Capitaine avant d’être interrompu.
- Oh, oui ! Alors il y aura : Lili, Lulu, Loulou et Glaire-de-Troll,…
- Et puis Jasmine !
- Et Berthe !

Dans cet allant euphorique, la seule voix que l’on entendait pas était celle de Pépin, qui à force de regarder le sol à la recherche des trésors lunaires avait commencé à ramasser un caillou, puis deux, puis trois… jusqu’à retrouver peu à peu le couvert de la canopée, qui étouffa progressivement les paroles de ses amis, jusqu’à en faire de simples murmures hésitants. En même temps, quels jolis quartz ! Il marcha tant et si bien qu’il parvint dans une clairière baignée de lumière céleste.

- Voilà ! Le meilleur endroit pour installer le camp, c’est ici ! s’exclama-t-il au reste de la troupe.

Ebaubi devant le spectacle de l’écorce des arbres toute scintillante d’argent, alentours, des fleurs à la corolle close qui égayaient les lieux comme autant de gemmes, et des mousses qui semblaient tellement moelleuses, il mit quelques instants avant de s’apercevoir qu’il était seul. Il se retourna de gauche et de droite, mais avant qu’il eût pu s’affoler, une voix caverneuse retentit dans son dos :

- Tu es un lutin, n’est-ce pas ?

C’était un géant, grand comme les avait souvent décrits Asdubabil au retour des caravanes marchandes qui partaient vers les Cités des géants.

- Oui, un lutin de Bouh-Chêne, pour vous servir !

Et ce disant il s’inclina si bas et avec un tel aplomb que sa tête rencontra derechef une racine noueuse qui dépassait du sol. Heureusement qu’il portait son casque-noisette, mais le choc le sonna tout de même et il tituba un peu sous le rire rauque de l’inconnu. A présent, le voilà qui avait deux – trois ? – têtes qui dansaient les unes sur les autres, un peu plus floues quand elles s’éloignaient, et formant une image dense quand elles se télescopaient.

- Et vous, vous êtes quoi ? demanda-t-il avant de rajouter, se rendant brusquement compte de son manque de courtoisie patent : Monsieur ?
- Ma race, j’aurais peine à m’en souvenir. Il y a là un Temple, dédié à Yuimen, et j’en suis le fidèle gardien. Vouliez-vous donc prier, pour vous en approcher de la sorte ? Il y avait bien longtemps que je n’avais vu de lutin à ses abords…

(Yuimen… Yuimen ?)

Ce nom-là lui disait quelque chose, mais quoi, il ne savait pas. Il ne voulait pas être impoli, alors ce fut naturellement qu’il répondit oui à la proposition du vieux géant. Après tout, peut-être qu’il aurait du chocolat chaud, chez lui ! Il se laissa donc inviter sur l’épaule de l’inconnu, auquel il parla de Bouh-Chêne et de son expansion grandiose sur le chemin.

Sans entendre les cris inquiets des lutillons qui s’étaient mis à sa recherche entre les arbres.


vv

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Dernière édition par Pépin le Sam 19 Mai 2012 18:27, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Jeu 17 Mai 2012 15:02 
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^^

- Haaaa... ? Alors c’est une sorte de jardinier un peu dingue ? dit Pépin alors qu’ils s’approchait d’une sorte de caverne foutraque.

Un temple... ça ? Après tout, c’est vrai que Pépin n’en avait jamais vu, et qu’il ne savait pas vraiment à quoi ça servait... à moins que ce ne fût de ça que lui avait parlé Péperci ? Hm, comme toujours, ça avait dû rentrer par une oreille et ressortir par l’autre. En tous cas, il aimait bien ce qu’il avait sous les yeux. Une colline qui disparaissait sous un fouillis sylvestre du plus joli goût, et ouverte d’une entrée obscure qui fit jaillir dans sa tête un trop-plein de légendes qui commençaient toutes par : « Ils entrèrent dans l’antre mystérieux d’un dragon tricéphale... » Mais le prêtre n’avait l’air ni enthousiaste, ni effrayé, il chantonnait seulement à voix basse.

- Mm-Mm-Mm... Sur Nirtim, dans les bois,
Kartiran Dera naquit de la nature... Mm-Mm.


Pépin ne comprenait pas vraiment, ou un mot sur deux. Rien à voir avec la Ballade de Pépé Pipeau : « Dangereux le voyage promettait d'être, mais ces dangers il allait envoyer paître... » Aussi il continua sur sa lancée :

- Mais oui, je vois : c’est comme ma maman, Fibule, elle a la main très verte !

C’est que le prêtre avait commencé à lui parler de ce Yuimen dont le nom ne lui était pas si inconnu qu’il l’avait cru. Un grand homme qui vivait dans le ciel, ou pas loin, et qui avait fait pousser toutes les plantes, et qui protégeait les animaux, tout ça. Un gentil que ce Yuimen, en somme, et Pépin était tout guilleret rien que d’y penser. D’autant que l’intérieur du temple le laissait sans voix, avec des étoiles dans les yeux et une envie folle de faire des cabrioles. Jamais il n’avait vu de maison en pierres, et là c’était à n’en pas douter bien plus grand qu’une maison ! Tout ce qu’il avait toujours connu du haut de ses onze pouces onze grains et vingt-huit ans trois-quarts tout juste passés, c’était son petit Bouh-Chêne chéri, la tête dans les nuages et les maisons dans les arbres. Alors, ça, c’était du nouveau, et du splendide nouveau ! Le plafond était infiniment haut, et les piliers énormes, et tout ça décoré avec des fleurs, en guirlandes blanches ou en parterres violets. Il ne savait plus où donner de la tête, tandis qu’ils avançaient, mais le prêtre semblait habitué à tant de joliesse car il ne cillait pas.

Le lutin avait enfin le loisir de détailler la figure du vieil homme, qui ne lui avait toujours pas appris son nom, soit dit en passant. Ses traits lui avaient été cachés par l’épaisse nuit redoublée de l’obscurité des frondaisons, mais maintenant, à la lumière vacillantes de nombreux cierges, il pouvait constater combien l’âge avait parcheminé sa peau. Quelle drôle d’apparence que la sienne ! Ses cheveux ressemblaient à des lianes entremêlées de lierres et de branchages, et ils tombaient bas, jusqu’à battre son dos au rythme de ses pas. Pépin aurait aimé s’assurer qu’il s’agissait bien là de vrais cheveux, mais il se dit que ce n’était pas très poli. Pourtant, assis sur son épaule comme il l’aurait été parmi les feuilles pour compter les étoiles, il n’avait qu’à tendre la main...

- Tu vas être présenté à notre aimé Yuimen, dit soudain le prêtre.

Pépin sursauta, pris sur le vif. Mais la surprise fut plus grande encore lorsque le géant tourna vers lui ses grands yeux caves moirés d’or. Au terme de la nef, ils se retrouvaient nez-à-nez avec une statue de marbre comme Pépin n’en avait jamais vue. Il se redressa sur l’épaule de l’homme, ébahi par l’immensité de l’idole vêtue d’un véritable manteau de drap et couronné de larges bois de cerf. Devant une si haute stature, il ne put qu’avaler sa salive avec force bruit de déglutition. Le voilà qui était pris de vertiges... tant et si bien qu’il tituba, et :

- ... WOOOOOOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Mais avant qu’il eût pu toucher terre, la main immense de son hôte géant le rattrapa comme si de rien n’était et le remit sur son épaule. Le cœur battant, Pépin ne songeait plus à détailler la coiffe du prêtre, si drolatique fût-elle, happé qu’il était par la force de cette vision. Les yeux de la statue pouvaient bien être de pierre, ils n’en donnaient pas moins l’impression à Pépin de dispenser sagesse et jugement sur le plancher des vaches.

- En fait, tu ne sais pas ce qu’est un dieu, c’est ça ?

A son grand regret, Pépin dut admettre qu’il avait raison. Avec une moue piteuse, il acquiesça. Il savait bien que Péperci Foldelune, le guérisseur du village, le lui avait appris un jour. Mais son souvenir restait vague.

- Zewen créa les dieux, et par leur intermédiaire il fit naître le monde tel que nous le connaissons. Gaïa, qui préside aux diurnes lumières, et Yuimen, origine même de la Nature, sont ses enfants. Ils nous protègent, et c’est pour cela que nous devons les honorer, tu comprends ? Je suis un des Grands-Prêtres de Yuimen, mais depuis longtemps on a oublié la présence de ce temple qui disparaît dans les mémoires aussi bien que sous le manteau de la forêt, et plus personne ne vient prier sous l’œil de Yuimen Naritrùme.
- Moi, je viens, déclara Pépin en bombant le torse, saisi par la tristesse qu’il lisait chez le vieil homme.
- Le hasard veut que gentes fourvoyées viennent à errer par ici, et restaurent quelques minutes la grandeur du lieu. Car sans le regard des fidèles, point n’est de temple ou de beauté. Les préceptes de Yuimen sont nobles, mais aujourd’hui je ne les enseigne plus à quiconque. Jamais sans raison ne tueras. Toujours une chance laisseras. Jamais douleur ne causeras.

Pépin écoutait, fasciné. Pour sûr, un gentil, avec de telles idées ! Il était conquis par cet exposé, et tout fou d’admiration pour ce dieu Yuimen. Mais il n’eut guère de temps pour s’attarder sur la question, car de grands cris retentirent à l’extérieur du temple, et des coups, et des fracas.

- Pépin... !
- ... éclaireurs !!

C’étaient les seuls mots qu’il parvint à entendre alors que le prêtre se retournait d'un coup. La vitesse du mouvement envoya valdinguer le lutin quelques pieds plus loin, tête la première dans un parterre de violettes. A cela ne tienne, il était déjà debout et courait à perdre haleine.

- Que se passe-t-il, par toutes les bontés du Protecteur ? entendit-il derrière lui.

Le vieil homme le talonnait, mais ses longues jambes de géant ne pouvaient surpasser l'agilité d'un jeune lutin, et Pépin filait comme une flèche vers la sortie. Effrayé par ces voix, mille pensées se bousculaient dans sa tête.

- C’est la voix de mes amis !


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 Sujet du message: Re: Temple de Yuimen
MessagePosté: Sam 2 Juin 2012 14:41 
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- Non, c’est pas vrai du tout, Calembour, tu racontes n’importe quoi ! Je ne suis pas du tout tombé dans les pommes…

Pépin se gratta le menton avec un air de défit.

- Je me suis juste dit que j’allais faire une petite sieste, étant donné que l’affaire allait rondement. C'est tout.
- Quelle mauvaise foi, hein, le taquina son archi-cousin à l’œil baigné de malice.
- Moi, de mauvaise foi ? C’est toi qui essaies de m’avoir avec tes tours de passe-passe !

Les deux amis s’échevelaient à retracer leur aventure de la veille, assis sur la fontaine en pierre du cloître à faire barboter leurs pieds. La nuit avait succédé à l’aube, qui avait laissé place, courtoise, à un soleil de printemps des plus charmants, et qui remplissait les lieux d’une magnificence jusqu’alors inconnue des jeunes lutins. Entre les piliers sculptés et les portes en ogive qui donnaient sur le déambulatoire, de nombreuses statues semblaient prendre vie, et la bande de lutillons ne réfrénait pas son envie de faire des pitreries. Tandis que les soldats Métalepse, Enallage et Coloquinte faisaient tour à tour la roue sur le nez pétré d’une jeune et belle choéphore penchée, Pépin et Calembour demeuraient aux côtés de leur cousin Gaudriole, bien sages pour une fois, car ce dernier souffrait encore des attaques rudement menées.

- Et toi alors, mon vieux, tu t’es bien démené. C’était quoi, ça, au juste ? Tu les as empilés, ces maudits squelettes !
- C’était pour ça, hein dis, que tu allais tout le temps avec le vieux Péperci dès qu’il rentrait avec Asdubabil ! Il t’a dit comment on faisait pour poutrer du mort-vivant. Comme ça !

Et ce disant, Pépin claqua des doigts. Il faut dire que si lui-même avait écopé d’un sale gnon à la tête, de plein de contusions, et d’un peu de sang versé par sa peau malmenée, l’ami Gaudriole, lui, sortait indemne de la moindre ecchymose (qui l’eût cru, lui qui avait oublié d’échanger son bonnet préféré pour un casque plus guerrier !) mais comme qui dirait vidé de toute son énergie. S’il n’avait été de nature si sauvage, on eût dit que le lutin boudait, à ses grommellements tout entier disputé. C’est qu’il n’y avait pas eu qu’un seul squelette, et quand Pépin s’était fait emmené par le gobelin poilu, c’était toute une armée qui avait débarqué. D’où le fait qu’ils l’eussent tous oublié, et qu’il n’eût été sauvé que par l’arrivée de Fil, poing au gravier. On lui avait raconté, hein, à Pépin, ce qui s’était passé. Et alors plus que jamais il s’était rempli de fierté pour son cousin musclé, gros mangeur, mais aussi guérisseur !

- Tu nous l’avais caché, hein, petite tête de linotte ! s’exclama Calembour tout sourire en lui ébouriffant ses longs cheveux dorés constellés de bagues argentées pour tous les rapaces qu’il avait su dompter.
- Mouais, fut la seule réponse qui leur fut apportée. J’ai faim.

Pépin sauta sur ses pieds pour satisfaire aux désir de son aimé archi-cousin, éclaboussant au passage les deux rigolos restés assis sur le rebord jaspé. Il se dirigea, parmi les dédales nombreux du temple de Yuimen, en quête de l’hôte singulier qu’il avait naguère rencontré. Barbanfeuille, qu’il s’appelait, et il les avait tous ramenés là pour les soigner. C’était lui, en fait, la grande silhouette qui était apparue à Pépin au point de défaillir. Et dire qu’il avait cru voir Yuimen en personne ! (N’importe quoi…) N’empêche qu’il n’en ressentait pas moins une certaine déférence à l’égard de ce dieu et de ce qu’il représentait. Au cœur de la nuit, toute entière passée sous la férule des combats et dans le barrissement du fer contre le fer, bien sûr qu’il n’y avait pas songé, à ces trois grandes sentences. (Jamais douleur ne causeras, ou je-ne-sais-pas-quoi.) N’empêche que maintenant, il ne savait plus à quel dieu se vouer. Lui qui ne savait pas même deux jours plus tôt ce que c’était qu’un dieu ! Il était bien, là, à se disputer avec lui-même pour savoir si un Chevalier pouvait œuvrer sans tuer. Lui qui était si plein des légendes d’antan, qu’il connaissait sur le bout des doigts de pied, il se voyait déjà, sur son corbeau, secourir les faibles. Pourtant il avait toujours manqué à ses rêves toute manifestation de violence, sans laquelle pourtant il était difficile de défaire le mal incarné. Il faut dire aussi qu'il manquait toujours le mal incarné dans ces rêves innocents. Le voilà qui avait participé à son premier combat. Etait-ce cela, alors, être Chevalier ?

- Il est des instants où même les meilleurs doivent donner de l’épée, pour qu’une joie pérenne continue de régner chez tous ceux que vous aimez.
- Mais ceux-là, ils ne voulaient pas nous tuer ! dit Pépin à Barbanfeuille sans se retourner.

Le prêtre avait décidément une de ces manies d’arriver sans faire de bruit !

- Que tu crois, petit héros. On dit qu’à l’ouest les armées se rassemblent. Que n’étiez-vous bien dans votre petit village ! Aujourd’hui vous vous destinez à mener le plus rude des combats. Ceux-là, ce n’était que des éclaireurs. Les éclaireurs font avancer les colonnes sans ambages, vers les villes et villages.

Le froid parut soudain plus pénétrant, dans les couloirs de pierre qui menaient à la cuisine, et Pépin en fut saisi d’un coup. Il savait son nom, maintenant : Oaxaca. Finis, les rêves de chevalerie courtoise. Aujourd’hui, il avait appris ce que ça voulait dire. Enfin… presque. Ne lui en demandons pas trop d’un coup non plus, voulez-vous ? En fait il pensait surtout à sa petite maman, à sa petite grand-maman, et aussi à la petite-nièce de l'archi-cousine par alliance de son grand-père, à qui il tenait beaucoup. La si gentille et douce Ephélide Filipendule avec laquelle il partageait tout.

- Vous, vous les avez tués ?
- Que ne le puis-je ! Le serment que j’ai jadis prêté me l’interdit, mais voilà : vous étiez trop peu, et trop faibles, encore, pour vous en défaire sans aide ! La puissance de Yuimen les a fait fuir, mais assurément ont-ils pris quelque route vers la Noire Reine, ou vers une colonne tristement destinée à tout massacrer !

Il fallut près d’une heure à Pépin pour qu’il rapportât à Gaudriole un bout de tourte aux prunes. Ils marchaient lentement, avec le prêtre, et les couloirs résonnèrent longuement de leurs devises. Mais rassurez-vous, il faudra bien du temps avant qu’une telle sorte de lutin perde son innocence, qui n’est pas la moindre des armes ! En les voyant repartir vers les Duchés, Barbanfeuille ne put réprimer un murmure :

- Un Champion pour Yuimen… ?



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