(Comment ça me prélasser ? le temps est à la traque pas à la fainéantise. Mais je n’ose pas lui dire en face, tiens, la voila qui s’en va. Je n’ai pu lui soutirer aucune information, c’est bien dommage. Mais bon, là, c’est la raison qui me parle or je sais très bien que ventre affamé n’as point d’oreille. Il me faut donc me nourrir. Je crois qu’elle m’a dit de profiter autant que possible du temple, Bien alors autant faire ce qu’elle a dit)
Guidée par mon nez, j’erre au fil des couloirs à la recherche d’une pièce, celle qui ici à sans doute le plus d’importance à mes yeux : La salle à manger, c’est que j’ai faim moi, en plus, les rats sont en train de manger les pans de mon manteau, et j’y tiens, c’est mon seul habit tout de même. Au bout d’un moment, mon odorat me guide jusque devant une porte que j’ouvre avec un coup de pied parce que j’ai envie de me faire remarquer. Cette odeur de nourriture me rend fou, et mes rats aussi, il se dresse sur leurs pattes de derrière pou mieux la sentir, je suis sûr qu’il deviendrait bipède si la position à quatre patte ne leur permettait pas de manger. Sous mes yeux ébahis, une table immense encombrée de nourriture en tout genre se dévoile.
(Voyons voir ce que nous avons là. Oui du sanglier, du porc, de l’agneau, du lapin. Oh oui, toutes ces délicieuses viandes. Je pense que je vais faire honneur à la cuisinière sur ce coup là. Je me demande comment ils ont eu tout ça ? Et puis-je vraiment me servir. Enfin, je crois que je suis autorisé. Bon, je mange et je verrais ensuite)
Les rats ne m’ont pas attendu et ce sont déjà précipité sur la table, escaladant les pieds qui la soutiennent en un rien de temps. Ils ont jeté leurs dévolus sur un poulet bien dodu. Contrairement à leur habitude, ils prennent le temps de savourer. Je mange à m’en faire exploser le ventre, quoi que, non, je ne mange pas, je m’empiffre. Sans même prendre le temps de couper cette nourriture, je la déchiquète avec mes crocs. C’est après avoir mangé un porc entier ainsi que deux lapins que je réalise aussi que j’ai soif.
(Tiens, ce liquide rougeâtre, c’est quoi, ça ressemble à du jus de raisin, je vais m’en prendre une petite lampée).
Ce verre de liquide rougeâtre, je le bois cul sec avant de le recracher immédiatement.
"Pouah, il est acide ce jus de raisin, tiens, je vais plutôt gouter celui-là."
Ce liquide là étant moins alcoolisé que l’autre, je le préfère grandement. J’en bois deux ou trois bouteilles directement au goulot sans verre intermédiaire. Et tout cela continue, je mange et je bois. Les rats, eux ont fini leur poulet alors que j’engloutis des côtelettes. Ils décident de m’imiter et dévorent celles encore présentes.
(Il faut féliciter la cuisinière sur ce coup là ! Tout cela est délicieux. Je me demande vraiment quelle est cette boisson. Je crois que l’on nomme ça du vin. En tout cas ce liquide ressemble à celui que les chasseurs buvaient tout le temps et c’est ainsi qu’ils le nommaient. Mais il faudrait vraiment que je me renseigne !)
Mais très vite, les effets de l’alcool se font ressentir. Sans m’en rendre compte, après la deuxième ou troisième bouteille, j’en prends une autre dans la main, me lève et me met à chanter, ou plutôt à brailler. Les paroles ne méritent pas d’être citées, et de toute façon, même moi je ne comprends pas ce que je dis. Il me semble que c’est celle d’une souris d’une couleur étrange, enfin, je crois que c’est cela. Les rats, ne comprenant pas pourquoi leurs maitre agit aussi stupidement, me regarde d’un air consterné. Ils se tiennent sur le bord de la table pour mieux me voir et ont arrêtés de manger, me trouvant beaucoup plus intéressant que le contenu de leurs assiettes.
Je danse sur le rythme d’une musique qui semble provenir de nulle part. Cette musique est très rythmée et je l’apprécie beaucoup. La bouteille à la main, je continue de boire même en dansant. Mais, cette opération étant délicate, surtout lorsque l’on ne sait pas danser et que l’on tient à peine sur ses deux jambes. C’est ainsi que mon poil blanc et soyeux, déjà brun de crasse, se couvre de rouge. Après un peu de temps, et après avoir remarqué que je ne suis pas tout seul ici, je saute sur la table et continue de danser en projetant de la nourriture un peu partout. Les rats essayent de m’imiter, mais les résultats sont désastreux, de quoi donner envie d’aller acheter une corde à un prof de danse passant par là. Ici c’est une dinde qui vole sous mes coups de pieds et là le reste d’une carcasse de porc. Je prends un pilon de poulet, le mastique et continue de chanter alors que je suis en train de le mâcher, ce qui produit un effluve de postillon qui va atteindre les autres personne présente à cette table, passablement dégoutées de tout cela, mais moi je trouve ça bien marrant. Mes dernières pensées lucide s’estompent alors que je reprends de cette boisson. Je me mets à jongler avec les plats et leur contenu, en avalant tout ce qui est comestible, lorsque cela tombe, et lorsque j’en rate un, ce sont les rats qui le récupèrent et eux, ils ne ratent jamais. La musique est tellement endiablée, que suivant son rythme, au bout d’une demi-heure, il n’y as plus rien de comestible sur la table, soit que je l’ai mangé, soit que je l’ai envoyé d’un coup de pied s’éclater contre le mur. Deux fûts se trouvent maintenant sur mes épaules, comment se sont-ils retrouvés là et pourquoi je ne les balance pas, je ne sais pas. A un moment une assiette qui vole, une solide qui a rebondit sur le mur sans s’éclater, se fiche dans mon fut qui laissent s’échapper en un mince filet un liquide ambré et mousseux que l’on nomme bière, enfin c’est l’appellation que je trouve dans mon esprit, d’où je tient ce nom, je ne le sais pas non plus. Je trempe ma langue dans ce liquide.
"C’est quoi ce truc ? Il y a des bulles dans ce liquide et ça pique !"
Je balance alors les deux tonneaux contre les murs. Le premier, marron qui contenait le liquide mousseux éclate en mille morceaux, tandis que le second ce fissure, et le liquide qu’il contient est rouge. Je me précipite dessus en courant à quatre patte et le boit en entier. Les rats se demandant si je suis devenu fou, me suivent dans ma course effrénée en mode quadrupède. Il semble y avoir une ronde de danseurs autour de la table, je m’y joints. Pendant plus de deux heures je danse, une bouteille à la main, un pilon de poulet dans l’autre, en braillant à tue-tête, les rats, que je soupçonne d’avoir léché la flaque de bière se mettent aussi à brailler, et le résultat est des plus déplaisants, mais je suis sans doute le seul à y prêter attention, les autres ne semblant pas s’en soucier.
(Il n’y a plus rien à manger, plus rien à boire, c’est pourri ! Quoi que si, tient, voilà un tonneau abandonné et il est beige, cela veut dire qu’il contient le liquide rouge, Youpi.)
Je fonce dessus. Je trace une fente avec une de mes griffes dans le bois de ce tonneau, et le bois en entier. Soudain la fatigue m’envahit.
« Je me sens pas bien, et les gars, pourquoi les murs y bougent ? »
Une grande tache noire se propage dans mon champ de vision, et tout ce qui ne se trouve pas dans la tache noir est déformé, comme aspiré dans le vortex qu’est cette tache noir qui s’agrandit de plus en plus, jusqu'à ce que tout ne soit que ténèbres. Il ne me reste qu’une pensée avant de m’écrouler sur le sol :
( C’est quoi le nom de ce truc ? C’est si bon, j’espère qu’il en reste encore )
Et c’est dans le reste du jus de raisin acide que je me mets à ronfler avec pour dernière vision de cette journée dix-huit petits rats devenu subitement verts. Des rats qui, par touts les moyens, que ce soit morsure, caresses de la tête, cris ou autres, essayèrent de me réveiller mais qui n’y arrivèrent pas, enfin pas avant le lendemain.
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