L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Sam 2 Juil 2016 12:04 
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Crocs du Monde – Terres du Nord

    Rivä ramène rapidement Svenja sur le monticule. La jeune femme démonte rapidement en apercevant Baratume mal en point et se précipite vers lui pour ausculter la plaie. Ses doigts sont efficaces sans être particulièrement doux. Une plaie ouverte ne semble pas être quelque chose qu’elle craint. Elle finit par lâcher son auscultation pour regarder Baratume droit dans les yeux.

    - La plaie a besoin d’être recousue. Tu as trois choix, étranger. Je peux recoudre ta blessure à l’intérieur de cette grotte, mais nous devrons y passer la nuit pour que tu t’y repose, car tu ne peux combattre dans cet état. Si tu choisis ceci, il te faudra décider de si tu bois avant de cet alcool pour soulager la douleur ou si tu penses pouvoir endurer la souffrance que te recoudre à vif te causera. Le dernier choix est le suivant : nous pouvons faire machine arrière et retourner chez les miens, car nos chances de survie avec l’un des nôtres blessés est faible.

    Elle marqua un temps de pause.

    - J’aurais dû être présente pour combattre cette créature.


[Baratume – xp : 0,5 (tentative de soins)]


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Sam 23 Juil 2016 13:44 
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Localisation: Quête 32 : Elysian | À la recherche des Hypogriffes perdus
L'hyppogriffe ne tarde guère à revenir. La jeune guerrière se précipite à mes côtés et sans perdre une seule seconde, observe attentivement ma blessure. Ses doigts blanchis par le froid s'activent rapidement. La sentence tombe. J'ai besoin d'être recousu.
Elle me propose trois choix. Etre recousu ici et passer la nuit dans la grotte qui est juste là. Si je choisis cette option, il faut que je boive ou non de l'alcool pour endurer la souffrance. Un choix dans un choix. Et pas des moindres...

Le troisième choix est osé. Rentrer chez les Chevaucheurs me ferait-il passer pour un faible ? Je ne sais. Nous verrons bien.
J'acquiesce doucement la tête aux dires de mon alliée. Je vais rentrer chez eux, pour mieux repartir.

« La sueur épargne le sang.

Rentrons chez les tiens. Je ne veux pas courir le risque de se faire attaquer cette nuit, car c'est sûrement ce qui va se passer. Et nous ne serons pas en état de nous défendre convenablement.

Alors au diable l'héroïsme, pourvu que nous survivons. »


Sur ces quelques paroles qui présentent plutôt bien ma vision des choses, je tente de me relever. Rentrons rapidement mais prudemment au bercail.

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Multi de :
Hawke de la maison Zear'ël', Sindel, Chevalier du Chaos
Eva d'Arkheval, Semi-elfe, Enchanteresse


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mer 7 Déc 2016 13:07 
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Localisation: Elysian
Le Roi Coryphème, entre délire et clairvoyance, évoque ma venue en des propos prophétiques évoquant la renaissance des sindeldi sur ce monde comme le phœnix renaitrait de ses cendres. Il affirme, contre toute apparence, avoir conscience de ce monde mourant. Mais là on l’on pourrait attendre d’un souverain lui ayant dédié l’entièreté de son existence, il réfute amèrement mes propos en dédaignant la venue d’un étranger pour l’aider à avoir une mort douce et irrémédiable. Un fatalisme qui ne me plait guère, et mon regard sur lui se fait sévère. Il va jusqu’à souhaiter la mort rapide de ce monde à qui il a trop donné, dans un élan de folie destructrice qui me fait me rendre compte de l’état avancé de son esprit dément. Effectivement, il n’est plus bon à grand-chose, et certainement pas à gouverner cette ville si importante pour l’avenir de ces terres. La passation de régence à sa fille légitime est une bonne chose, une décision ayant été prise sagement. Je secoue la tête en le regardant délirer, et réponds à mon tour à ses assertions.

« J’admets l’erreur des vôtres d’avoir jugé bon de vous enfermer de la sorte, de vous reclure ainsi de ce monde qui était le vôtre. Vous êtes devenu aigri et votre esprit semble avoir oublié les beautés de vos terres pour lesquelles vous avez tout donné. Il mérite de vivre, de resplendir encore, lui et tous ses habitants. Ne laissez pas la haine submerger votre conscience, Roi Coryphème. Et laissez-moi, si vous le souhaitez, vous montrer une dernière fois ses beautés. Vous emmener dans les cieux pour que vous retrouviez foi en ces landes magnifiques, qui méritent d’être sauvées. »

Un discours qui se veut charismatique, empreint d’une espérance fondamentale. Je le conclus après un court instant de silence, après avoir soupiré d’un air las.

« Ce monde n’a pas besoin de moi, ce monde a besoin d’espoir. Et c’est avec plaisir que je tente de lui en donner. »

Autant mettre mes projets concernant ce monde à jour tout de suite, au moins de manière généralisante et abstraite. Je n’ai aucune envie de le gouverner ou d’y avoir une place prépondérante, profitant par opportunisme de la déchéance de ses souverains. Je veux le sauver, qu’il persiste et perdure. Je peux deviner, à mon côté, le regard intéressé, interpelé d’Hascan face à mes propos, là où celui du Roi se fait méfiant, alors qu’il fronce les sourcils pour me demander d’expliciter ma proposition. Je ne peux empêcher un sourire d’atteindre mes lèvres, pour avoir ainsi attiré leur intérêt et troublé leur curiosité. Sûr de moi, je rétorque en fixant le roi :

« Je veux signifier ce que j'ai dit, ni plus ni moins. J'ai le pouvoir de vous emmener voir toutes ces choses que vous avez aimées, et qui aujourd'hui vous paraissent si amères, du fait de votre réclusion. Laissez-moi vous offrir un dernier vol au-dessus de ces landes qui sont vôtres, et qui doivent perdurer pour que toujours l'écho de votre nom et de votre lignée y résonne à travers les âges. »

Et dans un vif mouvement, je m’approche d’une grande fenêtre occultée par de lourdes tentures pour tirer celles-ci et laisser la lumière du jour pénétrer la salle ombrageuse. Vive et cinglante, elle ne manque pas d’éblouir le vieux souverain croulant, qui feule tel un animal en cage tout en se cachant les yeux, prostré dans une attitude défensive. Je reste immobile, silencieux pendant ce temps d’adaptation. Car bientôt, il s’accoutume à cette lumière diurne qu’il n’a plus vue depuis belle lurette. Même s’il se détend légèrement, suffisamment pour m’adresser à nouveau la parole, il reste crispé dans son siège, le visage protégé par ses mains levées comme des remparts. Il s’enquiert de savoir pourquoi je crois qu’il a besoin d’un tel voyage, incrédule. Et le sourire sur mes lèvres s’accentue. C’est exactement la question que je voulais entendre. Restant dans la lumière de la fenêtre, masquant de l’ombre du contrejour mes traits et ne laissant paraitre que ma silhouette gracile, je m’avance vers le trône royal tout en parlant :

« Vous sembliez vous plaindre de votre enfermement, majesté. Mais je peux aussi vous laisser pourrir là, comme vos sujets le font. J'imaginais que c'aurait pu vous plaire. »

Une pointe de provocation, qu’il saura sans doute comprendre malgré sa folie. A-t-il définitivement perdu la raison, ou reste-t-il en lui une étincelle de vie et d’espoir ? Badin, provocateur à nouveau, je poursuis, prenant comme cible sa fierté personnelle.

« Comment voudriez-vous que l'on se souvienne de vous, Roi Coryphème ? Comme d’un vieillard décrépit reclus dans ses appartements, ou comme d’une âme libre parcourant ces terres qu'il a aimées et pour lesquelles il s'est sacrifié. »

Dans mon dos, alors que les mots filtrent de mes lèvres, apparaissent deux magnifiques ailes d’une envergure large, aux longues plumes immaculées qui, dans cette lueur ensoleillée, me confère une aura dorée presque irréelle en filtrant à travers les fines membranes duveteuses des plumes sur les contours. Bien sûr, l’apparition fait son petit effet, et le roi, bouche bée, baisse sa main protectrice pour me regarder. Je perçois dans ses yeux des larmes qui ne coulent pas, mais mouillent son iris en le faisant briller. Émotion, éblouissement ? Il n’en laisse rien présager, mais ma transformation semble le toucher. Hascan, lui, par un réflexe protecteur, s’approche de son père comme pour le protéger d’un éventuel danger, main sur la garde de son épée. Je ne peux lui en vouloir pour cette réaction : il n’est en rien prévenu de mes inhabituelles capacités récemment acquises. Le regard bienveillant que je leur adresse finit tout de même de le rassurer sur mes intentions, et il se détend sans me quitter cependant des yeux. Je lui adresse un regard complice, toujours souriant, avant de reporter mon attention sur Coryphème.

« N'y a-t-il plus opportun que les cieux pour admirer la beauté de paysages ? Quant à mon origine et mon identité, elles n'ont pas vraiment d'importance, même si je peux vous révéler que je viens de Yuimen, et que récemment, j'ai accédé à une sorte de statut... divin, représentant la Liberté pour les peuples de mon monde. »

Une révélation puissante, qui ne manquera sans doute pas de faire effet. Un aveu qui me semble étrange entre mes lèvres, n’ayant encore que peu digéré ce nouveau statut, cette nouvelle identité. Je mesure mes propos, tout de même, pour ne pas passer pour un vantard inopportun.

« La seule chose qui compte ici, c'est que je sois un allié, qui ne souhaite que le bien-être de ce monde auquel je suis attaché malgré mon arrivée fort récente en ces terres. »

Je lance une œillade confiante à Hascan à ces derniers mots, rapportant cependant vite mon attention vers le Roi en lui tendant la main pour qu’il se lève et l’attrape.

« Je vous attends, majesté. Mais mon temps n'est pas infini : urgentes sont les situations à régler sur ces terres de merveille, afin d'y maintenir la paix qui lui va si bien. »

Le presser un peu le poussera à prendre la décision sans trop y réfléchir, à le laisser décider non pas par raison, mais par cœur et envie. Je vois son regard hésiter, un moment, chercher l’assentiment d’Hascan comme pour lui demander une approbation, que le bâtard lui donne tacitement. Enfin, le souverain se lève et attrape ma main. Je le conduis ainsi jusqu’à la fenêtre, que j’ouvre pour laisser entrer l’air pur de l’extérieur dans cette chambre viciée. Le roi en semble un instant troublé. De l’air pur, du mouvement, voilà sans doute longtemps qu’il n’a plus eu droit à ces broutilles qui seraient quotidiennes pour n’importe qui d’autres, mais qui prennent plus de sens quand on les a abandonnées depuis longtemps.

D’un regard, je m’assure que le souverain est prêt à partir, et me positionne derrière lui pour le saisir sous les épaules de mes bras refermés sur ses clavicules, afin d’assurer une prise correcte pour ne pas le lâcher. Hors de question de voyager comme ça, ceci dit : c’est aussi inconfortable pour lui que pour moi. Mais ça permettra de trouver un endroit plus pertinent que sa chambrée pour partir dans un vrai vol inoubliable. Ainsi, je le soulève de terre en remuant ces grandes ailes, et nous passons par la fenêtre pour rejoindre les toits élevés d’Illyria, où je me pose sur une crête stable et suffisamment large pour me permettre une transformation plus intéressante, et ne pas paniquer le souverain en le déposant à moitié dans le vide. Lorsque je l’ai saisi, j’ai perçu un émoi particulier le surprendre, un sursaut, un instant de panique. N’est-ce pas ce que tout le monde ressent sans avoir jamais volé ? À ce titre, je fais un présent royal à Coryphème : il sera d’Elysian l’une des premières personnes à côtoyer les cieux. Peu rassuré lorsque je le pose sur la toiture de sa trop grande maison, palais splendide au faste étincelant, je me permets une dernière parole pour le rassurer.

« Majesté, je vais prendre une forme qui sera plus confortable pour le voyage, n’ayez crainte. »

Et aussitôt, après un sourire complice, je change d’apparence. Seules restent ces grandes ailes blanches dans mon dos. Tout mon corps se pare du physique puissant et rassurant d’un canasson à la robe immaculée. La crinière flottant au vent, les ailes déployées, je m’ébroue, saisissant les sensations de cette nouvelle apparence, et incline mes jambes avant pour permettre au Roi de me monter dessus facilement. À cru, car je n’ai pas de selle sur moi, mais je ne doute pas des qualités de monte d’un monarque, fussent-elles lointaines. Une fois Coryphème sur mon dos, je déploie mes larges ailes blanches et prends mon envol en tournoyant au-dessus de la belle cité d’Illyria et de son golfe. J’en apprécie la vue de haut, observant désormais la binarité de cette ville, de part et d’autre d’une manche d’eau, point de rencontre le plus proche des deux plaques continentales formant cette région du monde. Tout en bas, j’imagine mes pairs vaquer à leurs occupations, à leur mission cruciale : le meurtre de Leodos pour Hrist, l’infiltration de la plèbe locale par Pureté, l’exploration par Faëlis, et qui sait si d’autres se sont encore perdus dans les ruelles de la grande ville.

Me remémorant la carte d’Elysian qui nous avait été présentée, je décide après quelques boucles de me diriger plein nord, vers la vaste île de Valmarin, qu’après quelques temps à survoler la Mer Scélérate, nous apercevons enfin. Une fois de plus, je survole de haut l’île et la cité humaine, avant de me diriger vers le sud-ouest, vers les plaines d’Arden. Je mets un certain temps à trouver la cité agricole de taille moyenne, construite au bord d’un fleuve. Une cité moins impressionnante que celles que j’ai déjà vues en ce monde, aussi ne m’y attardé-je pas, et filé-je vers les steppes chaudes du Désert de Shill, où la martiale capitale, Silhe, se dévoile bientôt à nos yeux, sous mes coups d’ailes tranquilles profitant des courants aériens pour planer paisiblement, à vitesse raisonnée afin de ne pas apeurer le vieillard qui me monte. La cité, vue du ciel, est magnifique également, avec ses toits en dômes ovoïdes et ses tours fines et pointues, minarets servant sans doute de points de surveillance des alentours de la cité. Je vole suffisamment haut, cependant, pour ne pas attirer l’attention ni me prendre une flèche perdue d’un guetteur inquiet. Cela minimise le détail de notre observation, mais le voyage n’en est pas moins déplaisant.

L’étape suivante du voyage nous fait survoler la Mer de Saphir, et en son centre l’archipel de Kanteros, dont je ne sais que peu, en vérité. Un groupement d’îles au milieu d’une mer d’un bleu profond. Je ne m’y attarde guère, voguant dans les cieux jusqu’au détroit d’Elivagar, dont je perçois quelques similitudes architecturales avec la cité de Sihle, dans la forme arrondie des toits et coupoles des plus vastes bâtiments. Loin d’être une cité de désert, cependant, elle est bien plus verte et emprunte de nature que l’est la cité humaine. A l’orée d’une jungle foisonnante aux teintes de vert étonnantes, elle fait la frontière entre la mer et le continent, entre l’eau et la terre. La cité natale de la belle Ixtli, dont je me surprends à penser qu’elle me manque. Où est-elle, à cette heure ? Perdue dans sa haute tour à contempler les landes cernant Ilmatar au milieu de ses nombreux livres, en attendant la résolution du drainage ? A courir, aventureuse, tous les dangers pour canaliser la puissance du volcan dévastateur près de la cité des Ekhii ?

Je pousse encore vers le nord, vers la cité des Golems, Barkhane. Au creux d’un désert de sable, enchâssée dans une dune immense, la cité semble paisible, sous le soleil cuisant de la journée. Je ne m’y attarde guère, poussant au nord encore, vers la colonne de fumée du puissant volcan, Arzebeth. Sa fureur n’est pas apaisée, et il peut exploser à tout moment une nouvelle fois. Je le prends comme repère pour trouver la cité d’Erta’ale, toute proche, et poursuis vers le nord sans trop m’attarder dans cette zone désolée, qui pourrait effrayer le Roi Coryphème, jusqu’à la mystérieuse et reculée cité de Niyx, ville des Ishtars. Logée au cœur des Crocs du Monde, cernée par de nombreux pics rocheux, Niyx semble faite elle-même d’ombres et de lumière, attirant sur ses toits la lumière diurne qui passe entre les sombres masses des rocs alentours, et étalant sur le sol de la vallée les ombres terribles de ses hautes tours.

Il est temps désormais de prendre la direction de l’Ouest, retournant dans des zones moins hostiles. Survolant les Crocs, ces monts infinis, domaine des élémentaires, nous arrivons bien vite à vue des hautes tours dorées d’Ilmatar. Aaria’Weïla a peut-être senti ma présence, et celle du souverain d’Illyria dans ses cieux. Je n’en doute qu’à peine, en vérité. Tout comme Terhenetar. Sous nous, la forêt montagnarde des crocs s’étend, toujours peuplée de ces pics étranges de cristaux aux créatures inquiétantes comme celles que nous avons vaincues dans les Plaines d’Illyria, avec Hrist. Je décide de marquer une pause dans ce périple en atterrissant finalement sur un pic rocheux, éperon offrant une vue globale sur les alentours et, si l’on y prête attention, au loin, sur Illyria. Je laisse le souverain descendre de mon dos et reprends ensuite une apparence toute elfique, sans ailes ou autre attribut fantastique. Mon apparence, ma personnalité tangible. Mon regard se pose sur le monarque avec sympathie, et je lui laisse un instant de silence pour savourer les retombées de ce vol au-dessus de la terre qu’il a aimée et choyée toute sa vie durant. Ça doit sacrément lui changer de la réclusion de sa chambre, au cœur d’un palais où il n’est plus perçu que comme un mourant agonisant, un cadavre en devenir. Là, je lui donne le droit d’être vivant, de redevenir ce chef d’état puissant et lucide.

M’asseyant sur une pierre, je brise le silence qui s’est établi.

« Alors, votre majesté, souhaiteriez-vous toujours voir ce monde mourir, ses merveilles péricliter ? »

Ma question, bien que fermée, se veut plus ouverte que son abord premier. Ce sont ses impressions que je demande là, son ressenti non seulement sur l’expérience que je lui ai fait vivre, mais aussi sur ses conclusions d’un tel aperçu. Et pudiquement, j’attends sa réponse avant de lui poser d’autres questions, qui me brûlent déjà les lèvres.

[2601 mots]

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Sam 10 Déc 2016 14:36 
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Crocs du Monde – Quelque part

    C’est en tremblant, presque dans un état second, que le roi avait pris place sur le cheval ailé qu’était devenu Cromax.

    Une fois posé sur les Crocs du Monde, ces chaînes de montagnes qui contemplent les terres d’Elysian, le roi descendit du cheval. Il semblait essoufflé et portait la main à son cœur, comme si celui-ci le faisait souffrir. Ses joues étaient rougies du froid imposé par cette chevauchée parmi les cieux et ses yeux écarquillés. Il posa sur Cromax un regard effaré, comme s’il peinait encore à assimiler ce qu’il avait vu. Il resta quelques secondes ainsi, puis des décennies à gouverner prirent le dessus et ses traits reprirent un semblant de masque impassible. Ses joues, qui ne pouvaient mentir, restaient rougies et ses mains tremblaient. Il tourna néanmoins un regard plus calme, quoique brillant d’une acuité nouvelle, sur Cromax.

    - Vous m’avez fait voir des choses qu’aucun élysian n’a jamais contemplé, étranger.

    Il marqua un temps de pause, ne répondant jamais vraiment aux paroles de Cromax, du moins pas directement. Il poursuivit, d'une voix lente et douloureuse.

    - Dites-moi, quelles sont les menaces qui pèsent réellement sur nos terres. Quel risque cours Elysian, a quoi mon monde est-il voué ?


[Cromax – xp : 0,5 (introspection), 0,5 (discussion), 1 (envol du roi), 2,5 (longueur)]


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Dim 18 Déc 2016 16:14 
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Le roi, s’il a l’air ravi, semble avoir souffert du long voyage aérien. Essoufflé, la main sur le cœur comme pour en apaiser les battements effrénés, les joues rouges et le regard perdu quelque part entre la peur et l’admiration, il lui fallut quelques secondes pour se ravoir. Quelques secondes que je lui laisse de bon gré, avant qu’il ne renvoie vers moi un regard plus empreint d’une acuité royale. Il prit la parole en premier, m’indiquant que je lui ai fait voir ce que nul autre habitant d’Elysian n’a pu contempler avant lui. Je marque un sourire approbateur sur mes lèvres, bien que je ne sois pas sans ignorer que ses dires sont infondés. Car il est au moins une personne qui a vu ces paysages du point de vue des cieux. Une Reine ayant fait de l’air son élément, une personne noble sans âge. Aaria’Weïla. Mais je n’ai nulle intention d’aller à l’encontre de cette fierté qu’il retire de ce qu’il a vu. De cet éclat, de cette lueur d’espoir frétillant dans son regard. Comme s’il était désormais prêt à entendre ce que j’ai à dire, il m’indique de parler, de lui indiquer quelles sont les menaces qui pèsent sur Elysian, ce qui voue sa terre à la destruction si rien n’est fait. Mon regard s’assombrit alors que je prends la parole d’un ton nettement moins léger qu’il n’aurait pu l’être aux suites d’un tel envol.

« Nombreuses sont les menaces qui pèsent sur Aliaénon, et trop faible est notre vision sur celles-ci. Les élémentaires sont victimes d’un drainage de leur puissance, qui rend instable toute la planète, et dont on ne connait pas encore la cause. C’est aussi cette chose méconnue qui a fait entrer le volcan en éruption. Cette faiblesse, si certains l’apprennent, ne fera que naître guerre et tentations pour les anti-élémentaires. Et ceux-là seraient dans l’erreur, car il est le temps de l’union. De l’alliance de tous les peuples de ce monde contre ceux qui veulent sa perte. La menace gronde, à l’Ouest. Les cités de Sihle et de Valmarin projettent des alliances. Il faut plus que jamais un dirigeant fort et éclairé à Illyria. »

Et j’enchaine, non sans avoir hésité le temps d’un soupir. Le roi doit être mis au courant de tout ce qui se passe dans sa cité. De ce qui se trame dans son dos, alors qu’il n’est même pas encore mort.

« Vos successeurs, Roi Coryphème, ceux qui se battent pour votre couronne, ne sont pas à la hauteur. Ni Camiran, qui serait trop maladroit et manipulable. Ni Leodos, qui pourrait commettre l’erreur de choisir le mauvais camp, celui de la haine et de la destruction, qui verrait ces contrées disparaitre dans une catastrophe sans retour qui y annihilerait toute vie. Votre bâtard, votre fils, Hascan, est le plus éveillé à ce niveau. Il serait le meilleur choix qu’Illyria pourrait faire, entre ces trois-là. Pourtant, de sa propre bouche, et je le rejoins sur ce point, une dernière option est possible. Votre fille, Insilbêth, est juste et ferme, droite et savante dans les choses de la politique. »

Je me place devant lui, plongeant mon regard dans le sien avec une intensité toute neuve, et éprise de sincérité.

« Roi Coryphème, à la lumière de ce voyage que je vous ai offert, vous serait-il possible, ultime décision cruciale avant la paix et le repos, de changer les lois en un édit qui autoriserait une femme à régner sur vos contrées ? Epaulée par son frère, conseillée par les meilleurs. »

Sans perdre en intensité, en tension, j’attends sa réponse. Et celle-ci ne tarda pas, alors que le Roi, visiblement touché par mes mots prend la peine de s’accrocher à une branche d’arbre, peinant à rester debout. Elle se fit hésitante, d’abord.

« Je… ma fille. Insilbêth… Ma prunelle… »

Ses yeux semblent perdus dans le vide de ses souvenirs, mais ses traits se détendent alors qu’il semble se remémorer la régente. Il porte alors le constat de sa maturité, sans doute un peu plus installée qu’il ne peut l’accepter. Le souverain que j’ai vu effacé et rongé par la folie sur son trône semble pouvoir respirer à nouveau. Penser à nouveau. Mon pari a été le bon : le sortir de son enfermement, de sa réclusion. Il finit par conclure qu’il peut, effectivement, promulguer un édit. Mais sa sagacité lui fait me signaler qu’il sera contesté, rudement, et que les arguments opposés à cette décision porteront sur son état mental, affirmant qu’il n’est pas en pleine possession de ses moyens. Il n’a pas tort, et je ne le sais que trop bien. Les requins de la noble politique y verront un poignard planté dans le dos de leurs plans manipulateurs prévus de longue date. C’est pourtant avec détermination et inflexibilité que je rétorque :

« Elle est prête à prendre votre succession lorsque vous serez parti, sans aucun doute, même si elle se refuse à évoquer une telle potentialité. »

Puis, je poursuis en offrant mon bras en appui pour le souverain, pour qu’il s’y accroche sans avoir à se saisir d’un arbre.

« Ils pourront le contester tant qu'ils veulent : vous êtes encore le roi. Et je ne serai pas le seul à défendre votre clairvoyance. Soyez-en assuré. Vous me semblez bien plus en possession de vos moyens que reclus dans votre chambre sans air ni lumière, Roi Coryphème. Il vous reste de la force, de l'esprit. Nombre de ceux qui contesteront verront qu'ils vous ont enterré trop vite. »

Des mots durs, peut-être un peu osés. Mais je me sens confiant, plus proche du Roi même si je ne le connais que depuis peu de temps. Coryphème, sensible à l’argument, acquiesce de la tête en affirmant que c’est sans doute mieux ainsi. Suite à quoi, il me demande de lui promettre de ne pas laisser son royaume sombrer dans la guerre civile. Surpris par cette éventualité, mais ferme dans ma réponse, je lui affirme :

« Je m'en assurerai personnellement. C'est pour la paix que je suis là. Pour la force de l'union de votre cité et de ceux qui auront le bon sens d'en suivre l'exemple. Votre fille occupe déjà la régence, et est à la fois juste et ferme dans les décisions qu'elle prend. Votre peuple ne sera pas dépaysé. »

Désabusé, incrédule, il me fait part de ses doutes. De sa paranoïa. Je ne le laisse pas s’y engoncer, reprenant de plus belle :

« Alors disons que nul ne peut le savoir à l'avance. Je me battrai pour qu'elle soit acceptée à ce poste qui lui sied. »

Et il consent à l’accepter. Je suis parvenu, par ce seul voyage, à bon nombre de mes objectifs. Ceux-ci dépassent même, pour l’heure, tous mes espoirs. J’enchaine à ses propos, sans plus tarder.

« Ne tardons plus à rentrer à Illyria, si vous le voulez bien. Sire, vous sentez-vous la force de participer à un repas où Insilbêth, Hascan, Camiran et moi-même serions présents ? La force d'une alliance durable nait dans ces moments plus privés. »

Le fameux repas, qui se fera du coup en l’absence de Leodos, peut-être déjà mort à l’heure qu’il est. Des personnes de confiance, dont j’ai su m’entourer. Des personnes sur qui je peux compter, et dont je connais les aspirations. Un coup de maître. Coryphème, pourtant, me fait part de son hésitation, avançant que sa santé ne le lui permettra peut-être pas. J’opine du chef, compréhensif.

« Il sera fait selon votre bon vouloir, sire. Nous verrons ça le moment venu. »

Et sans plus tarder, je me change à nouveau en canasson ailé à la robe claire immaculée. Une bête royale, pour porter un Roi. Son dernier voyage, sans aucun doute. Je me baisse pour l’aider à prendre appui sur mon dos, à monter sur moi pour le transporter sans danger. Puis, déployant mes larges et majestueuses ailes, je prends mon envol en direction de sa cité. Les reflets du soleil luisent sur les fleuves et rivières que nous croisons, m’éblouissant temporairement alors que je sens le vent des hauteurs frapper ma tête équine. Arrivés à Illyria, je tournoie autour des toitures du Palais avant de ralentir la cadence, m’approchant sensiblement de la fenêtre de la chambrée royale. Large et haute, elle me semble opportune à mon passage sous cette forme, aussi je m’élance sans trop hésiter. Peut-être aurais-je dû, d’ailleurs, car si nous entrons finalement sans heurt dans la chambre royale, ce n’est que de justesse, et j’ai senti au passage rapide de nos deux corps mes ailes ployer sous le chambranle de la fenêtre.

Hascan est là, dans cette sombre antichambre désormais aérée. Je me baisse pour déposer le Roi, que son bâtard de fils vient récupérer pour le ménager, le reconduisant à son siège alors que je reprends ma forme initiale, celle de l’elfe gris à la chevelure bigarrée et aux yeux noirs. M’approchant du duo filial, je prends la parole pour m’adresser à Hascan.

« Faites préparer pour ce soir un repas où vous convierez votre sœur, le sieur Camiran, vous-même et moi. Un diner privé, auquel nul autre n’aura accès. Le Roi, si son état le permet, aura une annonce à faire, s’il a pu se reposer. Sinon, si sa Majesté le permet, je parlerai en son nom. »

Et je salue de la tête le souverain éreinté, mais heureux, sans doute, de cette expérience offerte.


[1576 mots]

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Jeu 18 Jan 2018 17:15 
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Crocs du Monde – Frontière

    C’est sous un ciel sombre qui se noircissait de plus en plus vers le nord que Cromax prit son envol vers la frontière, et c’est sous la forme d’un preux Dragon que demi-dieu atterrit comme il l’avait souhaité en grande pompe devant l’armée élémentaire, quelques heures plus tard. Celle-ci était majoritairement constituée de Sylphes, armés d’armures légères et portant des armes fines et, à n’en pas douter, rapides. Disciplinés, ils disparaissaient néanmoins à chaque pas, donnant l’impression d’avoir à faire à une armée des morts, s’ils n’avaient pas l’air si vivants. Les aigails étaient pourvus d’épées et de boucliers rond, tous identiques. Si les sylphes faisaient preuve d’une discipline notable, celle des aigails était irréprochable. Ils étaient parfaitement en rang, se tenaient droits dans l’attente des ordres de leurs supérieurs. S’ils n’étaient pas nombreux, ils semblaient néanmoins être des combattants d’élite. La discipline se perdait déjà plus avec les ekhii qui se tenaient à l’arrière de la troupe, masse rouge brûlant manifestement de bouger et d’avoir de l’action. Les Ishtars, un groupe encore plus petit que les aigails, se tenaient légèrement en retrait et observaient d’un œil neutre tout ce qui se passait devant eux. Ils n’étaient pas vêtus d’armures, mais de vêtements légers de sorciers. Les golems, quant à eux, étaient un groupe particulièrement disparate fait de branches, d’arbres et de pierre, certains vêtus d’armures lourdes, d’autres ne l’estimant manifestement pas nécessaire. De tous, c’étaient eux qui, d’une certaine façon, avaient l’air d’être les plus hors de propos.

    Lorsque Cromax atterrit, cela provoqua évidemment un murmure de stupeur, mais le mouvement de recul de l’armée fut aisément canalisé par les généraux qui rappelèrent leurs troupes à l’ordre. Devant cette troupe se trouvaient Jillian et Ixtli discutant en compagnie d’un groupe d’une dizaine de gardes qui ne semblait pas en mener long, face à la menace de l’armée et l’arrivée soudaine du Dragon. On aurait presque pu entendre leurs jambes claquer.

    Ixtli, comme à son habitude plus spontanée que les convenances l’exigeaient, avait porté sa main à sa bouche pour cacher le rond parfait de surprise qu’elle faisait, tandis que Jillian avait déjà tiré l’épée et s’apprêtait manifestement à lui seul à affronter le dragon. Dragon qui se changea rapidement en Cromax, détendant considérablement l’atmosphère.

    Jillian lui lança un regard dégoûté en rangeant son épée et en levant les yeux au ciel, tandis qu’Ixtli sautilla à sa rencontre, vêtue d'une armure légère aux couleurs d'Elivagar et d'Ilmatar et portant sa rapière. Elle attendit d’être hors de portée d’oreille du groupe pour dire :

    - Cromax ! Je ne pensais pas que tu arriverais si vite ! Et… encore moins sous la forme d’un dragon ! Comment… ? Elle reprit son aspect sérieux. Enfin, là n’est pas la question, as-tu le laisser-passer ? Ces gardes nous tiennent la jambe depuis trop longtemps…

    Jillian s’approcha à son tour. Il était vêtu de sa splendide mais non moins efficace armure, qui semblait avoir prit un léger coup de vieux. Lui aussi, d’ailleurs. Des cernes s’étaient creusées sous ses yeux et il semblait manquer de sommeil. Il arborait néanmoins son sourire facile, de bienvenue.

    - Cromax, tu arrives à temps.

    Au même instant, il reçu un message de Yuralria, indiquant :
    (Cromax, Kerenn vient de m’informer que la Déesse Shill réincarnée ainsi que le second artéfact se trouvent à Valmarin, quelque part au sein des terres. Il s’y trouve actuellement en train d’accoster.)


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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Mer 31 Jan 2018 10:34 
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Alors que je sors du cabinet de la Reine, je tombe nez à nez avec ma chère et tendre épouse de substitution, Hrist. Surprenamment, je suis presque content de la revoir. J’ai l’impression, même si ça n’est pas forcément le cas, qu’il s’est passé un long moment depuis que je ne l’ai vue. Depuis cette bataille de polochons dans la chambre, si spontanée et légère, si insouciante. Ces moments de liberté me manquent un peu, en vérité. Et je peine à penser que je m’enferme moi-même, avec mes fermes convictions, mes projets et mes relations, dans un carcan d’obligations. Pourtant, je ne compte pas me défiler : je suis trop impliqué dans tout ça pour laisser ce monde partir à la dérive. Il y a trop d’enjeux, et j’ai par trop fait de tout ce merdier une affaire personnelle. Ne fut-ce que pour Ixtli.

Je suis néanmoins pressé de retrouver la belle aiguail, et je presse un peu les choses avec Hrist.

« Oh ! Mon épouse. J’ai parfois l’impression que nous nous croisons de moins en moins depuis notre union. »

Je lui fais un clin d’œil rieur, mais très vite j’en viens aux choses sérieuses. Elle semble pressée de me poser tout un tas de question, mais je prends l’initiative en lui narrant mes aventures par-delà les mers et pays de ce monde. Peut-être certaines trouveront-elles réponse.

« La Princesse Leyla de Sihle, fille d’Ashmane, est ici à Illyria, auprès de la Reine. Je l’ai enlevée à la garde de son paternel à Arden, où ils maintenaient le siège, en collaboration avec son oncle, notre allié, qui est resté sur place pour mettre un peu le bordel dans toute la hiérarchie royale de Sihle. C’est un otage précieux, dont il faut à tout prix assurer la sauvegarde et la protection. Elle aura un rôle déterminant dans les jours qui vont suivre : l’armée navale de Valmarin fait voile vers Illyria, et sera là dès demain. J’espère y voir Valérian, le prince dont nous aurions peut-être mieux fait de ne pas sauver la vie. Il aime Leyla d’un amour pur et réciproque, et j’ai réussi à arracher à la fière princesse sa parole pour mettre fin à la guerre qui ravage ce monde. »

Je marque une pause. Ça en fait des informations à ingérer, en vérité. Je n’ai pas chômé. Je poursuis néanmoins après un moment.

« Je pars moi-même à l’instant quérir de l’aide pour cette bataille à venir. Celles des élémentaires, venus de toutes les villes des Crocs du Monde sous ma demande. Ils ont quelques… difficultés à passer les postes de garde du Royaume, et je vais leur donner un laissez-passer de sa majesté. J’espère être revenu à temps, et en leur bonne compagnie, pour la bataille qui se prépare. »

Voilà pour l’essentiel. Pour le reste, je me dois de m’enquérir de la situation qu’elle a elle-même vécue ici, à Illyria, même si la Reine m’en a donné quelques indices.

« Et de ton côté, comment ça s’est passé ? Insilbëth m’a dit que tu avais fait échoué une tentative d’assassinat sur sa personne ? »

Elle peut enfin en placer une. Elle me rétorque qu’elle a actuellement la charge du rôle de capitaine de la garde du palais, ce dernier s’étant fait blesser par l’assassin qu’elle a arrêté. Une confiance dûment gagnée après de la reine, qui me surprend un brin. Elle serait parvenue, par les procédés que je devine sanglants et retors, à soutirer le nom du commanditaire à l’être arrêté. Le Grave d’Hyst. Ce vieux goujon opportuniste. Sa fille n’a-t-elle donc pas respecté sa part du marché en convainquant son paternel de l’intérêt de sa famille d’un rapprochement avec la couronne ? J’aurai deux mots à lui dire, en revenant, quand tout ça se sera calmé. À elle et à son père.

Puis, elle me raconte une aventure qu’elle a vécue qui… me laisse un peu perplexe. Je suis déçu de n’avoir plus de temps pour fouiller le sujet, chose que je me promets de régler une fois revenu. Décidément, ça m’en fait des promesses. Enfin… Elle aurait rencontré une entité nommée la Tisseuse de Vie, une créature ancienne vivant dans le royaume de l’Ombre. Une histoire d’éther, d’esprits d’élémentaires ou que sais-je encore, que je ne perce pas bien dans ses propos. Elle conclut en affirmant savoir comment régler le souci du drainage : il nous faudrait trouver un artefact similaire à celui responsable du drainage, pour prêter la puissance au rituel, ainsi que le sacrifice d’une personne dotée d’un grand pouvoir. Elle cite comme exemple la Reine d’Ilmatar, Aaria. Je fronce brièvement les sourcils. Cette annonce ne me plait guère. Elle serait la première à accepter de se sacrifier pour sauver le monde, mais je ne l’entends guère de cette oreille. C’est une entité puissante, savante, qui doit persister pour qu’Elysian persiste. Kerenn n’a-t-il pas éveillé une déesse antique qui était morte de même ? Retrouver la « Tisseuse » ne devrait pas la déranger, puisque le monde a pu se passer d’elle pendant de nombreuses générations. Quoiqu’il en soit, je reste muré dans un silence prostré, auquel Hrist réagit par un haussement d’épaules, affirmant me laisser aller quérir les forces alliées, et me promettant avec une sincérité toute neuve chez elle de protéger la princesse Leyla. Je hausse un sourcil, surpris de cette nouvelle attitude, que je ne lui connaissais pas, et la laisse s’en aller dans une révérence un poil trop révérencieuse à mon goût. Quelle mouche l’a donc piquée ?

Satisfait toutefois de ce revirement, bien que je le trouve étrange, je m’en tiens à mon plan initial et rejoins les hauteurs du palais pour me changer en un terrifiant et superbe dragon. Le même qui conduisit le roi de ces lieux sur les sommets de son monde, quelques heures à peine avant son trépas.

Le ciel est sombre, lourd et bas, alors que je prends mon envol vers les frontières du pays avec les Crocs du Monde. Le trajet dura quelques heures, plus que je ne l’aurais initialement pensé, en vérité, et me permet d’observer en les survolant un brin les troupes en présence. Tous les élémentaires y sont allés de leurs réserves. Les Sylphes sont bien sûr majoritaires, venus d’Ilmatar, la cité la plus proche d’Illyria. Leur démarche aérienne est réhaussée par un équipement léger et fin. Une armée qui semble être fantomatique, puisque leurs mouvements éthérés les font disparaitre au milieu de chaque foulée. Les aigails suivent, avec une rigueur toute militaire. Tous équipés semblablement, d’épées et de boucliers ronds semblables à des bulles, ils apparaissent être une élite militaire plutôt bien formée. De bons petits soldats prêts à obéir aveuglément aux ordres de leurs supérieurs. Des marionnettes qui, je dois le déplorer, ont une utilité évidente en cas de guerre. Les troupes des élémentaires de feu forment la suite, bien moins disciplinés. Leur tempérament flamboyant démontre une certaine impatience à l’action. Les moins nombreux sont sans doute les Ishtars. Mais leurs habits indiquent qu’ils sont plus mages que guerriers, et donc probablement puissants à souhait. Une bonne chose, quand il s’agit de péter des gueules ennemies, en vérité. Les derniers, les moins à leur place, de toute évidence, sont les golems. De roc ou de bois, montagnes ou arbres. Leurs armures, pour ceux qui en portent, sont lourdes et encombrantes. De vrais tanks prêts à encaisser des tonnes de dégâts. Pourvu qu’ils puissent résister aux flèches et aux lames : je ne veux pas de leur mort sur ma conscience. Et je me promets une fois de plus de faire tout mon possible pour éviter le massacre. Par la diplomatie, la menace, ou même l’annihilation de toute vie ennemie retorse à ces deux premières tentatives.

La stupeur se marque dans les rangs lorsqu’ils voient atterrir devant eux un majestueux dragon, et je ne peux m’empêcher un sourire goguenard en les voyant presque saisir leurs armes pour se ruer à l’assaut. Presque, car ils ont quand même eu l’air d’avoir les chocottes, reculant avec frayeur face à l’arrivée d’un tel monstre. Ça pète un peu la classe, quand même. Ramenés à l’ordre par les généraux de fer, et rassurés par mon subit changement de forme. Je repère rapidement Jillian et surtout Ixtli dans la masse des élémentaires, l’un rengainant son épée d’un air embarrassé, l’autre sautillant joyeusement à ma rencontre, vêtue d’une armure de sa cité et armée de sa rapière. Elle profite de son avance pour me lancer un message personnel, indiquant sa surprise de la rapidité, pourtant promise, de mon intervention. Et de ma forme peu conventionnelle, aussi. Elle reprend un peu vite son sérieux, cependant, me demandant le laisser-passer de la Reine alros que Jillian approche à son tour, vêtu pour la guerre. Je remarque ses traits tirés, et son armure moins clinquante qu’alors. Les combats ont pu être rudes, dans les Crocs, et je me désole de n’avoir pu être présent. Je tends à Ixtli le laisser-passer de la Reine.

« Le voilà, dûment signé par la Reine Insilbëth. Vous êtes plus que les bienvenus. »

Puis, plus personnellement, à Ixtli.

« Je suis content de te savoir sauve. Mettons-nous en marche de ce pas, il n’y a plus aucun temps à perdre. »

Puis, assez fort pour me faire entendre des gardes un peu trop zélés des frontières :

« Puissions-nous arriver à temps dans la capitale pour éviter un massacre de la population humaine. »

Le Pendant d’Uraj se manifeste alors, reprenant la voix de Yuralria. Elle apporte des nouvelles de Kerenn, qui annonce que le second artefact de puissance se trouve à Valmarin, et qu’il est accompagné de la Déesse de Shill réincarnée. Fort bien. Il possède deux éléments du puzzle final. Je m’empare aussitôt du bijou pour y évoquer à mon tour un message, à destination de Kerenn directement.

(Kerenn, je suis présentement en compagnie des armées élémentaires qui viennent défendre Illyria. Je vais gérer la bataille ici avec Hrist et tenter de forcer la reddition de l’alliance de Valmarin et de Sihle. J’ai déjà fait peser le trouble sur leurs armées à Arden. Sais-tu qui a des indices sur le premier artefact ? Piste potentielle en possession du Roi de Sihle, à Arden, mais je n’ai pas pu fouiller davantage sur cette voie à cause de la guerre imminente.)

Ce message envoyé, je me tourne vers les généraux élémentaires, dont Jillian et Ixtli.

« En route ! »

Puis, plus précisément aux deux précités :

« Souhaitez-vous que je vous y mène plus rapidement que le reste de vos troupes pour que nous étudiions la disposition des lieux et préparions une stratégie de défense et d’action ? Enfin… Que nous fassions communément avec la Reine et ses généraux un conseil de guerre impliquant tous les points à connaitre ? »

Si ils répondent par l’affirmative, je reprendrai ma forme draconique pour les mener jusqu’à la cité d’Illyria. Sinon, je resterai en leur compagnie pour les escorter jusque là.

    [1834 mots]

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 Sujet du message: Re: Les Crocs du Monde
MessagePosté: Ven 9 Fév 2018 15:41 
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