Le Roi des Chevaucheurs, ou celui qui semble l'être, daigne me donner une définition précise du titre cité un peu plus tôt : Erlendum. Je suis donc quelqu'un de rare, désormais. J'ai l'autorisation pour voyager sur leurs terres, sans devenir un ennemi à éliminer, un Thraell. Intéressant. Me voici donc hôte chez les froids barbares.
Ragbjörn, le Sage, continue de parler, encouragé par son chef. Il me raconte qu'il y a deux ans, ils ont subi une attaque des Géants des Glaces. Ils leur ont pris leurs terres et leurs hypogriffes. Visiblement, Chevaucheur de Vent, vient de là. Sans monture, plus d'identité. Sans identité, plus de peuple. Je cerne le problème. Il mentionne la mort de nombreux de siens, partis rejoindre Frej. Une divinité locale ? Intéressant. Ils ne peuvent pas lutter contre la grandeur de ces fameux géants. Je suppose qu'ils doivent être vraiment puissants, pour ne pas succomber à la rudesse d'un tel peuple.
Le coupant et énonçant l'heure tardive, Asbjörn demanda à la guerrière de me mener dans une chambre et de me trouver une Thraell. Pourquoi ? Nous allons vite le voir. Hochant la tête, ma guide de tout à l'heure me mène, à travers de glaciaux couloirs, jusqu'à ma chambre. Nous croisons quelques ombres glaciales, très souvent féminines. Où sont les hommes ? Tombés au combat ? Tous ? C'est impensable. Ouvrant une porte, Svanhild nous fait signe d'entrer. Ce que nous nous pressons de faire. De taille moyenne, la chambre était correcte. Lit de fourrure, épais tapis couvrant tout le sol de pierre, ainsi que petites tables et chaises. Voilà le strict minimum niveau mobilier. Personnellement, cela me va. Pour Rivä, je ne me fais pas d'inquiétude au niveau du froid. Il ne semble pas particulièrement être dérangé par cela. Me confirmant que c'était ma chambre et m'appelant par mon nouveau titre, ma guide se retira. Je pose mon sac et mon arc sur mon lit. Je retire aussi mon épée. Rivä s'asseoit gracieusement sur le lit, chauffé par les épaisses fourrures.
(Mets-toi à l'aise, très cher !)
(Ne t'en fais pas pour ça, compagnon !)
Je lui souris. M'apprêtant à me délester de mes armures, je suis arrêté dans mes gestes par un bruit venant de la porte. je m'interromps. Entre alors, sans un bruit, une jeune femme. Gracieuse, avenante, attirante. Enfin, ça doit être le froid qui me fait penser tout ça. Néanmoins, sa chevelure de braise et son regard vert comme les feuilles me plongent dans mes pensées. La Thraell ? Sûrement. J'en oublie même de me lever et de la saluer. Quelle impolitesse ! Posant ce qu'elle avait dans les mains sur la table, elle se recule un peu et me demande si j'ai besoin d'autre chose. Elle me vouvoie et se déclare à mon service. Elle n'ose même pas me regarder. Pauvre femme.. Si elle savait ce qu'elle manque...
Je me lève alors, doucement. M'avançant légèrement.
« Appelez-moi Baratume, je vous en prie. Et osez me regarder en face, ne craignez rien. Je suis grandement satisfait pour l'instant, et je n'hésiterai pas une seule seconde pour vous rappeler afin de revoir votre beauté glacée et glaçante. »
J'ai parlé d'un coup, d'une voix qui se veut rassurante. Rivä me fixe, et je peux presque sentir sur moi le poids d'un sourire narquois.
(Elle a l'air de te plaire, la Thraell !) souligne-t-il dans ma tête, d'une voix enjouée. Il n'en manque pas une. Sommes-nous vraiment liés au point que rien ne puisse-lui échapper ?
La demoiselle relève alors doucement les yeux, timide comme tout. Elle ne me regarde toujours pas. Tant pis. Elle rougit légèrement en entendant mes paroles osées. Elle ne bouge pas. Visiblement elle attend quelque chose. Je ne sais quoi. Peut-être que je lui dise de s'en aller ? Est-elle à mon service à ce point ? Je frémis. Je n'aime pas cela. Du tout... Je décide donc de faire en sorte de l'occuper un peu ici. Il faut que je trouve un moyen de lui parler un peu plus, d'en savoir un peu plus. Pas que sur elle, hein. Je vois déjà venir les réflexions de mon compagnon.
« Asseyez-vous donc près de mon Hyppogriffe. Il s'appelle Rivä. Vous pouvez le caresser tranquillement, il ne mord pas, soyez en assurée ! »
Elle m'écoute et s'exécute, prenant place. Pour ma part, je m'attable et mange rapidement. Elle me propose de me resservir, mais je décline gentiment son offre. J'ai mangé, c'est déjà pas mal.
Je lui demande alors d’où elle vient. J'imagine que si elle est Thraell, c'est qu'elle a une histoire bien particulière. Elle me la conte tranquillement. Je l'écoute, les yeux fixés sur elle. D'après ce qu'elle me dit, elle est tombée dans les mains des Chevaucheurs du Vent à cause d'une attaque de bandit et d'une fuite. Elle venait de la campagne au Nord d'Illyria. C'est la cité où je suis censé me rendre ! Je lui demande alors plus d'informations sur le rôle des Thraells, et les conditions de vie qu'ils subissent. Je suis curieux de voir comment les Chevaucheurs de Vent traitent ceux qu'ils capturent à errer sur leurs terres givrées. Elle m'explique donc qu'elle reste leur prisonnière, mais qu'elle possède une certaine liberté. Il faut juste qu'elle se plie à toutes les tâches qui lui sont demandées. Les autres respectent sa vie, et si un boendr, un homme libre, m'apprend-elle, décide de la prendre comme épouse, elle deviendra erlendum. Intéressant. J'imagine qu'elle ne tardera pas à trouver un mari acceptant de se marier avec une Thraell. Une telle beauté mérite bien de s'abaisser à un rang social inférieur. Du moins, c'est mon humble avis.
Je la remercie pour ses quelques informations et lui demande quelques conseils vis-à-vis de l'attitude à adopter en tant qu'erlendum. Elle me déclare, timide comme jamais, qu'il faut que j'obéisse aux règles de la société, mais que je peux décider de la quitter quand je le souhaite. Je n'ai néanmoins pas le droit de voter à l'Althing, comme les boendr. Je suppose que leur mode de gouvernement doit être bien différent d'un simple clan. D'après elle, je suis respecté par tous, bien que mon avis pèse moins qu'un homme libre.
J'acquiesce silencieusement. Puis, lui souriant, je lui demande de se retirer. J'ai besoin de dormir. La journée de demain sera sûrement remplie de combat et d'épreuve. Je lui déclare donc que j'aimerai vraiment la revoir, plus tard. Elle me répond, un peu gênée qu'il en sera fait selon ma volonté. J'hausse un peu les épaules, désarçonné par une telle réponse. Elle est visiblement à mon service... C'est bien dommage. Elle repart. J'enlève donc tranquillement mon armure et je m'étale sur le lit de fourrure. Rivä se sert un peu et nous nous allongeons tous deux, côte à côte. Cette rencontre m'a quelque peu attristé. Une telle demoiselle ne mérite pas tout cela. Néanmoins, j'ai peut-être une idée, qui pourrait rendre sa vie meilleure.
Je n'ai pas le temps d'approfondir ma réflexion, je plonge dans un sommeil profond.
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Multi de : Hawke de la maison Zear'ël', Sindel, Chevalier du Chaos Eva d'Arkheval, Semi-elfe, Enchanteresse
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