Début de l'aventureEvangelina reprit conscience. Elle ne voyait rien, ses paupières étant fermées. Elle les ouvrit doucement, faisant attention à ce que ses pupilles ne souffrent pas de la lumière. Un doute l'assaillit soudain : elle n'avait jamais fait attention à ses pupilles auparavant, mais cela ne lui semblait cependant pas inhabituel, comme si elle l'avait toujours fait sans le savoir...
Elle réussi à ouvrir les yeux et vit un magnifique plafond, blanc, et pourvu de superbes et tortueuses enluminures qui convergeaient toutes élégamment vers le centre de la pièce. Les yeux d'Evangelina suivirent ces enluminures et se posèrent sur un magnifique lustre apparemment en cristal, aussi beau que le plafond lui même, mélangeant de fines décorations dorées entre chaque perles de cristal.
L'Aniathy ne fut pas surprise par ces décorations, c'était comme si elles avaient toujours été là et qu'elle les connaissait depuis toujours. Elle releva donc la tête, s'appuyant de ses mains sur ce quoi elle était endormie. C'était un lit, et pas n'importe quel lit. Il est à la hauteur de la pièce, de taille parfaite pour qu'Evangelina y soit à l'aise sans s'y perdre. Les draps sur lesquels elle reposait étaient doux. Même plus que doux. Leur caresse ressemblait à celle d'une brise un soir d'été au bord de la mer.
Evangelina se leva de ce lit et s'étira... C'était comme pour ses pupilles, elle ne se rappelait pas s'être déjà étirée mais cela lui semblait on ne peut plus naturel. De ce fait elle ne se posa pas de questions et fit le tour de la pièce pour se rendre dans la salle de bain qui se trouvait à la droite de son lit, juste à côté de la grande baie vitrée qui donnait directement sur la plage et la mer. Il faisait beau et le ciel était particulièrement resplendissant. Le soleil frappait le lustre qui flamboyait de milles feux.
Evangelina entra dans la salle de bain et se passa de l'eau sur le visage pour se réveiller. Puis elle releva la tête et vit son reflet dans la glace.
Ce reflet l'intrigua. Elle ne sut pourquoi mais quelque chose n'allait pas. Elle regarda ces yeux verts, ces magnifiques yeux verts. Les longs cheveux flamboyants qui s'écoulaient dans son dos et sur sa poitrine. Cette poitrine, dont elle ne voyait que le haut du fait de la somptueuse robe de nuit en soie vert-sombre qu'elle portait, l'intriguait encore d'avantage. Doucement elle posa sa main sur le haut de son sein et le caressa ressentant la douceur de sa peau et de ses doigts... Elle avait déjà connue cette sensation, la caresse douce, le bonheur qu'elle entraine, le plaisir intense qu'elle amène... Et soudain, comme un éclair dans la nuit, elle sut ce qui la tourmentait: sa peau était douce, tendre, élastique, parfaite... et surtout sans couture !
Evangelina écarquilla les yeux et recula d'un pas. Rapidement elle fit glisser ses mains sur ses hanches, connaissant par cœur la position de ses coutures de poupée, mais rien. Puis, sa respiration s'accélérant de manière incontrôlable elle approcha sa main de sa nuque. Elle hésita un instant, puis posa délicatement ses doigts sur la pierre rouge qui était sertie depuis sa naissance à la base de sa nuque. La pierre était bien là, mais cela ne rassura pas l'Aniathy qui commençait vraiment à s'inquiéter.
(Que se passe-t-il ? Où suis-je ?)
Personne ne répondit à cette pensée et Evangelina paniqua. Des larmes se mirent à couler le long de ses joues. Son reflet de lui miroir lui permit de voir qu'elles étaient bleutées, ce qui renforça encore son incompréhension. Elle chercha à sortir de la salle de bain mais lorsqu'elle ouvrit la porte, elle vit avec horreur que la chambre dans laquelle elle s'était réveillée avait disparue et que tout était noir, du sol au plafond, comme si elle était complètement dans l'ombre. Elle voulut retourner en arrière mais la porte avait elle aussi disparue.
"Que ce passe-t-il ! A l'aide !"Evangelina était complètement paniquée et se tournait dans tous les sens, avançant sans savoir où elle allait. Mais elle avait beau se déplacer dans n'importe quelle direction, rien ne changeait, tout restait noir. Puis une voix gutturale résonna à ses oreilles. Cette voix était étrange, à la fois douce et sans violence, mais de celles que l'on ne veut pas interrompre. C'est ce que fit Evangelina...
"Tu es dans un rêve""Un... Un rêve ?", demanda Evangelina, paniquée.
"Oui. Mais ce rêve là est particulier. Ecoutes moi et tu comprendras. Tu es une Aniathy différente des autres, tu l'auras sûrement remarqué. Je pourrais te dire que ce n'est pas un hasard, que nous t'attendions depuis des années pour ramener le monde de Yuimen comme il devrait l'être mais ce n'est pas le cas. Ton existence est unique, mais rien n'est écrit, et il te faudra façonner ton avenir. La seule chose qu'il faut que tu te rappelles est ceci : hier tu étais sans but, sans objectif, sans aucun avenir particulier. Ce rêve t'en a donné un, à toi de l'accomplir...""Mais... Qui êtes-vous ?""Je suis de celles qui choisissent leur compagnon et qui restent fidèles... Tu me trouveras un jour, ne t'en fais pas. Il faut te réveiller, apparemment le monde réel se joue de ton sommeil."Evangelina n'avait pas bougé d'un pas, et écoutait avec appréhension le silence qui l'entourait, oppressant et impénétrable. Puis, doucement, son nom résonna à ses oreilles, d'abord très lointain, comme un murmure, puis de plus en plus proche, jusqu'à devenir un cri qui lui fit se boucher les oreilles de ses mains. Puis elle ferma les paupières et se sentit aspirée. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, tout était différent.
Réveil
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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...
Merci à Itsvara
« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. » Jean Ray