Le froid nous prend tous les deux tandis que nous prenions le long couloir que m'avait déjà décrit Anouar sous son ancienne forme. Bientôt nous nous retrouvons dans le noir complet, mais il était de courte durée. Toujours en selle, je sens une odeur typiquement marine confirmant que nous avons bien quitté le coeur de la milice taheltienne, puis le retour de la chaleur et pour finir la vue.
J'avoue être à la limite déçue de l'endroit où j'arrive. J'aurais voulu découvrir une planète étrange, avec du sable violet, des pierres rouge sang, de l'herbe bleue ou même une mer verte ou orangée, mais il n'en est rien. L'herbe au-delà du pavillon est verte, la mer que j'aperçois est bleue, le ciel est bleu lui aussi et le sable est blanc avec des fins galets gris.
(Je t'emmènerais voir des mondes plus étranges, mais tu verras déjà des choses que tu n'as vu nulle part ailleurs!)(J'espère bien, parce que je trouve qu'on va bien loin pour pas grand chose jusqu'à présent.)Autour de nous, des elfes gris, encore des elfes gris et pour finir des elfes gris. La quantité d'être vivant est limitée, mais la diversité l'est manifestement encore plus. Je soupire, décidément je n'aime pas ce monde.
(Ne juge pas sur les apparences, c'est qu'un tout petit bout de leur monde.)Tandis que j'attends que mon père me rejoigne pour décider où on va aller, mon sac se met à vibrer doucement. J'en sors le livre de Leona que j'ouvre sur la tête de mon brave étalon qui bat des oreilles de mécontentement. A nouveau, l'écriture est dans une langue d'où j'ignore tout, mais qu'Anouar n'a aucune difficulté à me traduire.
"Pour la première fois, elle franchit une porte de brumeuse. Ses pas la conduisirent sur Sor-Tini, les peuples étaient jeunes et les villes petites. Les grandes plaines où elle arriva était dénuée de tout, à part quelques bosquets d'arbre, on y trouvait rien, seulement des troupeaux d'herbivores. Les villes n'étaient encore peuplées que d'indigènes, mais de la colline où elle avait émergé, elle vit où elle voulait aller : une grande forêt au loin l'appelait. En son sein, vivait les dryades, elle l'ignorait, c'était la solitude qu'elle cherchait en prenant ce fluide, mais ce fût la sagesse qu'elle trouva."A nouveau, une phrase écrite en dorée disparait au fur et à mesure que je la lis, venant se graver dans ma tête.
" La vraie sagesse se trouve loin des gens dans la grande solitude."Désormais, je sais ce que je dois faire. Je me retourne vers mon père avec un sourire entendu et lance mon cheval en direction de la première colline, la plus proche du fluide. J'ignore si mon aïeule a eu la même vu que moi en arrivant voilà quelques générations, mais mon regard se porte sur un paysage finalement banal et pourtant différent de ceux de Yuimen. Mais je ne vois pas la forêt dont parle le livre, juste la ville, non loin.
"Alors, où allons-nous?""Je l'ignore. Loin de la ville, quoiqu'il arrive. Nous devons trouver une forêt et des dryades.""Allons à la forêt de Sarnass alors. Il y a 500 ans, quand je suis venue pour la première fois, on la voyait sur la colline la plus à droite. J'ignore si elle a été rayée de la carte, ou simplement repoussée, ou si, tout simplement, elle nous est pas cachée par des hausses de terrains.""Et bien soit, allons-y. D'ailleurs, on risque quelque chose en route?""Les gardes estiment que les vérifications sont faites avant. Les indigènes ne distinguent pas un Sindel d'un autre, donc aucun risque."Et c'est sur ces mots que nous partons vers la forêt.
(((-> Vers la plaine de Misraïn)))