[Depuis l'auberge du pied levé]Rasliak suivait l'homme depuis une distance sûre. Il commençait à avoir l'habitude de ce genre d'exercice et, de plus, l'homme semblait avoir bu un coup de trop. Sa démarche n'était pas des plus assurée, et il ne faisait pas vraiment attention à ce qui l'entourait. Rasliak ne put retenir un sourire moqueur:
(Quel ivrogne! Ça va pas être dur de le suivre jusqu'à chez lui...)Il pensa soudain à la tâche qui l'attendait. Il lui faudrait sans doute assassiner de sang froid deux êtres qui ne lui avaient rien fait. Certes, leurs morts était nécessaire à sa survie, mais aprés tout, n'y avait-il pas un autre moyen? Alors qu'il réfléchissait à une manière de se sortir de cette situation, Rasliak réalisa qu'après tout, il n'étais pas si incommodé que cela par la mission qu'il devait accomplir.
Cette prise de conscience le surpris: il se remémora son premier meurtre, cet inconnu sur le route de Tulorim, alors qu'il venait de quitter son village. Il se rappelait clairement des pensées qu'il avait formulé en sentant le sang chaud couler sur ses mains et son visage, mais lorsqu'il tentait de se remémorer la scène, il ne ressentait qu'un vague frisson d'excitation. Ce n'avait pourtant jamais été un souvenir plaisant, toutefois s'il ne ressentait pas le besoin de tuer, il sentait que cela ne le générait pas. Il réalisa soudainement que quelque chose en lui avait changé.
Il tenta de comprendre la nature de cette transformation, mais ne savait pas à quoi en imputer la cause: s'agissait-il de la tentative d'assassinat à laquelle il avait échappé? De la mort de l'assassin qu'il avait tué en se défendant? Ou bien était-ce quelque chose de naturel? Était-ce là le simple prolongement de la voie qu'il avait choisi, en tant que voleur? Il en doutait: après tout, nombre de voleur ne versait jamais le sang. Quand à la mort de l'assassin la nuit passée, il n'avait pas le souvenir d'avoir apprécié le fait de la tuer. cela s'était simplement présenté comme une nécessité. Mais déjà là, il n'avait pas hésité....
Perdu dans ses pensées, Rasliak se rendit compte que l'homme s'était arrêté devant un édifice imposant: une superbe villa. Il fouillait dans ses poches, sans doute à la recherche de ses clés.
Le voleur jaugea rapidement la maison, et réalisa peu à peu qu'il lui serait beaucoup plus difficile d'y entrer que les deux maisons qu'il avait déjà "visitées".
Il attendit que l'homme soit entré pour faire discrètement le tour, tapis dans l'ombre. N'ayant trouvé aucune entrée accessible, il décida de se poster en observateur, un peu en hauteur afin de surveiller la maison.
Dissimulé derrière quelques rochers, il scruta les alentours, à la recherche d'un passage éventuel. Aucune idée ne se livrait cependant à lui.
Il resta caché la quelques heures, mais la chance finit par lui sourire. La nuit était déjà bien avancée quand la porte d'une des terrasses de la maison s'ouvrit sur une jeune fille, sans doute sortie prendre l'air. Elle ne portait qu'une chemise de nuit, signe qu'elle allait bientôt aller se coucher. Il y avait en outre fort à parier que son amant dormirait avec elle. Surtout vu son état à la sortie de la taverne.
Elle quitta la terrasse au bout de quelques minutes, et les lumières à l'intérieur de la maison s'éteignirent peu après. Visiblement, il était temps de passer à l'action.
Avec prudence, Rasliak quitta sa cachette, s'approchant en silence de la bâtisse. Il se hissa à la force des bras sur la terrasse où la jeune femme était postée quelques minutes auparavant, et se glissa jusqu'à la porte. Tournant la poignée, il retint un juron: elle était verrouillée.
Il n'avait aucune expérience en crochetage, et même si la serrure n'avait pas l'air des plus complexe et ne semblait pas piégée, Rasliak n'était pas sûr de pouvoir la forcer...
(Mais, c'est pas comme si j'avais le choix de toute façon...)Sortant de sa tunique son matériel, jusque là peu utilisé, de voleur, il se mit au travail. Le concept était simple, il suffisait d'insérer la tige en fer du crochet dans la serrure afin de faire jouer les goupilles, tout en maintenant un pression suffisante sur la serrure à l'aide de l'entraineur métallique. Mais dans la pratique...
Il batailla en silence pendant plusieurs minutes, avant de finalement entendre le cliquetis salvateur qui marquait sa réussite. Levant haut le poing, Rasliak effectua quelques pas de danse improvisés en signe de victoire.
(Héhé, ma première serrure! Faudra fêter ça à l'occasion!!)Reprenant tout son sérieux, Rasliak souleva légèrement la porte en l'ouvrant, afin de pallier un éventuel couinement. Il était venu pour tuer, pas pour se battre. Dans son esprit, la différence était plus qu'évidente... La discrétion était capitale pour la réussite...
[Vers les habitations]
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Watch the shadows, watch the walls,
For there he lurks, and there he crawls
His dagger quick, his dagger sly,
To cut your throat, to pierce your thigh.