"t'aurae danaez ju t'avimturir eqe pourreturi lunaemi"
Neiluj ne comprenait pas la langue orque. En effet, c’était un garzok qui se tenait devant lui. Ses yeux d’un noir profond le regardant, l’air cruel.
Isandil ne comprenait rien, mais le simple fait d’entendre cette langue le faisait bouillir. Il était intimement persuadé que les assassins de sa famille étaient des orques. Et pour cause, ses parents adoptifs lui avaient toujours raconté que les orques étaient certainement les pires créatures existantes sur terre, et qu’ils avaient déjà attaqué il y a longtemps, le continent de Nosveris. Ils possédaient maintenant le centre-ouest, et détenaient des frontières avec les elfes. Il était donc évident qu’ils avaient mis sur pied une nouvelle armée, et qu’ils avaient lancé une offensive de plus, afin de contrôler le continent tout entier.
Déterminé à leur faire payer le massacre de ses amis et de sa famille, Neiluj avait quitté le froid des alentours de Lebher, pour le centre-ouest. Mais il avait été d’une naïveté surprenante, pour avoir pensé s’infiltrer dans un camp orque sans se faire repérer. Il s’y était dirigé sans aucun plan. C’était la colère, la vengeance qui le guidaient.
La vengeance est tout pour lui : son guide…et sa perte.
Isandil leva la tête, passa la main dans ses cheveux, sentant au passage la bosse apparue sur son front, et regarda les alentours. Il était dans ce qui pouvait s’apparenter à une geôle…
Bien sûr, une cellule aménagée par les orques, avec un confort encore plus rudimentaire que celles installées par la plupart des autres peuples. Il n’avait ni endroit où dormir, ni endroit où satisfaire ses besoins primaires. Sa prison était donc un carré de terre de 10m², entouré de barreaux plantés à même le sol. A la vue de l’air humide, de la végétation et de la faune environnante, il ne faisait aucun doute qu’il se trouvait près d’un marécage…
En voyant les lourdes clefs que portait l’orque venu lui rendre visite, Neiluj conclu que c’était le geôlier. Il était toujours là, le fixant, l’air de plus en plus cruel.
Lorsqu’il remarqua qu’Isandil observait ses clefs, il s’approcha brusquement, et lui hurla à la figure :
« Cu'iz-tu vimu faeri eqe !!!! »Une seconde après, Isandil recevait une gifle qui l’étala au sol. Quelques gouttes de sang coulèrent de la joue griffée du guerrier, jusqu’à son cou. L’orque était de nouveau à côté de lui, le fixant une fois de plus avec ses yeux sombres.
Les jambes du Garzok se dérobèrent, Neiluj venait de cogner dedans à l’aide de ses pieds. Il se releva et sauta sur le geôlier. Ce dernier le poussa de toute ses forces sur les barreaux, causant une douleur atroce dans le dos de Neiluj. On pouvait lire dans les yeux d’Isandil, une rage incontrôlable. Il était déterminé à se sortir de ce trou à rat. Il avait autre chose à faire que de moisir ici. Il devait se venger, se venger des orques. Les orques… les orques comme la bête répugnante qui se tenait devant lui, et qui affichait un sourire sadique. Ils devaient payer !
La colère de Neiluj fut décuplée, il attrapa le cou du geôlier, et avec une rage inouïe, tenta de l’étrangler.
L'orque tomba au sol, et après s’être débattu pendant quelques secondes, il perdit la vie. Son visage était maintenant figé, une lueur de terreur dans son regard.
Isandil regarda le cadavre de sa victime…sans le moindre remord. Sans la moindre once de pitié. Il avait cédé à la colère, il avait cédé à cette rage immense qui le submergeait depuis les récents évènements… c’était la première fois qu’il tuait, et il en était sûr maintenant, ce ne serait pas la dernière. Mais, il était certain qu’il ne pourrait tuer tous les orques à lui tout seul. Il allait devoir lever une armée, c’est là qu’il purgerait Nosveris de cette race infecte. Ce n’était plus qu’une envie, c’était aussi un devoir. Il se devait de venger la mémoire de ceux qu’il avait tant aimé.
Les orques l’avaient détruit, il allait détruire les orques, même s’il devait y perdre son âme.
Neiluj prit les clefs du geôlier, attrapa tout ce qui pouvait lui être utile sur le corps du Garzok et ouvra les portes de sa prison.
Comme il l’avait deviné, il était dans un marécage. La liberté semblait à portée de main. Mais il devait d’abord se sortir de cette mauvaise passe. Un autre garde était posté devant lui. Celui-ci lui tournait le dos et tenait la cape elfique d'Isandil, ainsi que son épée. Sans la moindre hésitation, et avec une discrétion extrême, Neiluj s'approcha et lui transperça le cœur, à l'aide d'un coutelas trouvé sur le cadavre du geôlier.
Dans un cri d’agonie strident, la bête rendue l’âme. Isandil avait tué un ennemi, mais ce dernier en avait sans doute attiré beaucoup d’autres. Le guerrier arracha divers objets du corps de l’orque, reprit ses équipements, et plongea au fond des marécages. Il devait s’y cacher le plus longtemps possible…
L’alerte ne tarda pas à être donné. Isandil entendit de nombreux cris et perçu une grosse agitation dans le camp orque. Maintenant que sa fuite était connue, il allait devoir être encore plus discret. Il décida donc de nager vers l’ouest. Tout en reprenant son souffle de temps à autres sur la berge. Au prix d’efforts sur-humain et par miracle, il s’enfuit du marécage.
Arrivé en lieu sûr, Neiluj s’écroula au sol, avec une seul idée en tête : trouver une armée.
(((HRP : ceci est un rêve de Neiluj, servant également de flashback. J'y explique pourquoi Isandil a quitté Nosveris. Le fait que ce post était un rêve/Flash-back sera visible dans le prochain post, mais je préfère mettre cette petite note, afin que ce post ne soit pas déplacé

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