Il ne s'est pas passé le temps nécessaire à mon accroupissement vers la grande fleur la plus proche pour que Lirelan revienne s'infiltrer dans mon esprit qui semble s'approcher d'une forme de nirvana bienheureux.
(Lothi! Ce monde n'est que de la magie!) (Et?) (Comment ça "et?"? C'est pas normal! Partons, c'est un piège!)
Des petites voix en moi semblent tout aussi inquiètes, pour ma part, je n'y vois qu'un lieu de bonheur diffus, la fin de toutes peines. Une sorte de paradis pour les vivants où tout n'est que plaisir pour une druide comme moi et où la magie vous pénètrent par les spores de la peau. Comment peuvent-ils voir dans ce monde un piège ? Trop occupée à cueillir et à sentir les fleurs, je ne vois aucun changement dans ce monde sans surprise. (Sans surprise? Et c'est quoi ça?) (De quoi tu parles encore?)
Seul un réflexe particulièrement aiguisé m'évite de mourir instantanément. Mon bouclier de plante se dresse à peine quelques poussières de seconde avant le choc avec une masse de plantes. Mais il n'arrête que partiellement le coup qui me propulse quelques mètres plus loin. Je me redresse alors et contemple mon adversaire. Il est plus haut, ce qui n'est déjà pas courant, mais aussi plus large. Mais il est surtout fait de plantes, entièrement de plantes. (C'est quoi ça?) (Un golem de fleurs! Une des perles de la magie druidique!) (Il y aurait donc un druide derrière ça?) (Occupe-toi déjà de lui!)
J'ai l'avantage d'être nettement plus rapide et agile que cet amas de flore et j'esquive son second coup d'une simple roulade avant de me faufiler entre ses jambes pour gagner un minimum de temps. Je concentre toute ma colère et la rage de la douleur du premier contact dans ma magie. "Qu'on soit un Sindel ou une plante, y a toujours une autre créature pour nous manger..." comme dirait le vieux dicton naorien. Celui-ci doit s'adapter aussi à une bestiole aussi particulière qu'un golem de fleur. Je sens ma magie courir dans mes veines et venir s'infiltrer jusque dans mes muscles. L'image d'un Teorian, l'herbivore du désert me vient alors. C'est une bestiole agressive au poil rugueux et beige, je l'imagine bien entrain de dévorer mon adversaire jusqu'à la dernière fleur. A son tour, la force de survie du Teorian s'infiltre en moi à travers la magie et mon corps se couvre de ce pelage tandis que les poils de mon dos se hérissent.
"REA YUIMEN!!!"
La créature ne m'a pas attendue et se jette déjà sur moi. Dans un réflexe désespéré, je tente de lui lancer une attaque composée des fleurs de ma propre armure. Mais celle-ci vient se fondre en lui sans lui faire le moindre dégât. Sa frappe à lui vient heurter mon armure avec puissance et je ne dois qu'à ma magie de garder l'équilibre sous une poigne pareille.
"Mais c'est pas vrai!" "Sa magie est plus puissante que la tienne! Tes sorts de druide ne serviront à rien contre lui!"
J'esquive à nouveau un second coup et vient rouler dans les fleurs pour m'écarter de lui. Bien qu'amortie, sa dernière attaque m'a coupée le souffle sous sa violence. Il me faut absolument parvenir à le neutraliser d'une manière ou d'une autre.
(Lothi! ton diadème, il fleurit!) (C'est pas le moment!) (J'ai une idée!) (Bah vas-y!)
Le géant floral se rue vers moi, les poings en premier, prêt à me frapper. (Ralentis-le!)
L'image d'Andélys se faisant entraîner directement en Enfer par les sables mouvants du Verloa me revient alors. Je n'ai jamais utilisé ce sort depuis que je le connais, mais il semble particulièrement approprié pour ralentir un adversaire. Je me concentre sur le sol et trace un cercle devant moi dans la direction du golem tout en fixant un point à environ deux mètres de moi. Au moment où mon adversaire pénètre dans la zone que je me suis fixée, je dresse mon bâton et l'enfonce dans le sol. Le sol forme alors un creux qui se dérobe sous le golem, celui-ci s'enfonce alors, suivant le geste de mon baton. Une fois qu'il s'est enfoncé jusqu'à la taille, je retire brutalement mon arme magique de la terre à mes pieds. Le golem suit alors le même mouvement et est littéralement expulsé de la zone avant d'être propulsé plus loin.
(Mets les mains à ton diadème!)
Le geste me paraît totalement ridicule, mais cela ne m'empêche pas de le faire malgré tout. Désagréable est la sensation de s'enfoncer dans le sol, mais c'est pourtant bien celle qui m'envahit. Ce n'est d'ailleurs pas qu'une sensation, je m'enfonce réellement! (Mais c'est quoi ça?) (Le pouvoir du diadème, n'aie pas peur!)
Je me retrouve bientôt sous terre, le corps dans une gangue au repos. Cependant, mon regard quant à lui, s'écarte bien de mon corps. Je vois comme si j'avais des yeux sur la terre, sans être pour autant la vision de Lirelan. Je peine à voir le golem, étant à la hauteur des fleurs, cependant, ça ne m'empêche pas de sentir la terre trembler autour de moi quand il passe à ma hauteur. (Ne bouge pas tant qu'il n'est pas passé!) (Et pourquoi?) (Tu lui sauteras sur le dos quand il sera passé!)
Je n'avais pas fait attention à quoi ressemblait la bête quand j'avais roulé entre ses jambes. Là je le voyais de plus près que jamais. A ma recherche, il tournait dans la zone où j'avais disparu en l'espace de quelques secondes à peine. Il finit par poursuivre ses recherches plus loin. C'est le moment que je choisis pour sortir de mon trou. Les quelques secondes passent pour être une éternité durant laquelle j'espère qu'il ne va pas se retourner et chercher à me blesser dans une situation aussi vulnérable. Mais ce n'est, heureusement, pas le cas, il ne semble même pas m'avoir entendu. Je vais pour dégainer mon épée, mais anticipant mon geste, Lirelan m'arrête, à cause du bruit que mon épée causerait. En deux bonds, je me rue sur lui et vient m'agripper à son cou, comme si je voulais l'étrangler. Il cherche à me désarçonner, mais je m'accroche de plus belles aux nombreuses tiges qui dépassent de son corps. Seul la puissance de mon sort de force me permet de tenir aussi longtemps et aussi fermement ma proie.
(Ca ne sert à rien!) (Mais si, lance un sort de soin sur ses bras!) (Mais je veux pas le soigner!) (Tu te soigneras toi, idiote!)
Ecoutant ma faera, je viens me cramponner à sa main droite alors qu'il cherche à m'attraper par la cape. J'ai juste le temps de lancer mon sort sur sa poigne énorme, celle-ci se mettant à briller, qu'il m'envoi valser dans le décor. Je m'arrête après quelques roulades au sol dans les fleurs rouges qui ne me semblent plus du tout aussi attractives qu'avant, voire même toxiques ou nauséabondes. Je me redresse alors d'un saut agile et tire mon épée. Dans ce monde de silence, où le seul bruit est celui de la brise légère, retentit le cri d'Astinor, celle qui ne craint aucun élément. Ce cri me transcende et toute la force qui est en moi se rue vers mon bras.
"Par la rivière de mon enfance, voici ta proie Astinor!"
Un hurlement de rage sort de l'épée et d'un bond puissant, je m'élance sur la bestiole. Le vent quant à lui se lève et fait onduler mes cheveux longs ainsi que ma cape. Mon épée vient fendre la masse de plantes avant que celle-ci me repousse violemment. La douleur qui vrille mon corps m'importe peu, seul compte la victoire maintenant. Ma lame vibre dans ma main, elle dirige mes frappes, c'est sa chasse. Un bond à droite, un bond à gauche, une frappe, un estoc, un coup de poings, une masse de fleur, des pétales qui volent... Le combat redouble de violence tandis qu'autour de nous les pétales de fleurs volent et se mélangent à mon sang dans une symphonie rouge. La colère est mauvaise conseillère, mais augmente d'autant plus ma puissance. Je me baisse pour éviter un coup et frappe, tranchant les tiges des fleurs, puis la chose s'écarte d'un pas géant. Comme si le vent redoublait, ma cape se met à voler d'autant plus fort et me donne l'impression de vibrer sur le col. D'un bond puissant, je m'écarte de la zone où j'étais et j'ai juste le temps de lever mon bouclier qu'une colonne de pierre vient s'effondrer sur moi, ou presque... La colonne semble vaciller avant de changer de sens et de retomber lourdement juste à coté du golem. (Merci, Âdar!)
Cependant, je n'ai pas le temps d'éviter la seconde colonne juste derrière moi qui vient se heurter à mon dos, m'arrachant un cri de douleur, doublé par un cri de terreur d'Astinor tandis qu'elle échappe à ma poigne. Je parviens à me redresser sur un genou avec difficulté, le choc a été plus violent que je ne l'aurais imaginé. Le monstre revient alors pour m'achever manifestement. Je parviens à saisir la hampe de mon bâton de magicien du bout des mains. Le golem s'approche de moi de plus en plus. J'ai juste le temps de créer un cercle d'épieux autour de moi. Je sais que cela ne suffira pas à arrêter l'amas floral, mais cela me donnera le temps nécessaire pour rassembler mes forces pour une dernière attaque. A mon grand étonnement, mon cercle semble nettement plus grand que les autres fois, sans doute ma magie est-elle plus puissante quand je suis en danger de mort. (Ou alors ton bâton est particulier...) Mais l'heure n'est pas à ces considérations. Je tends encore un peu mon bras, jusqu'à atteindre mon épée qui se met à ronronner. Je me redresse alors totalement, tenant ma lame fermement à deux mains et cherche à concentrer mon énergie. Une nouvelle colonne se forme sur le coté et je sais que tout ne sera qu'une question de secondes entre celui qui tuera et celui qui sera tué. Ce combat semble vouloir s'achever entre la force ki et la force magique des fluides. La colonne se matérialise de plus en plus tandis que la puissance du ki vient se glisser dans mes muscles. La colonne se met à vaciller tandis que les stries de mon épée virent au doré et se mettent à tourner autour de la lame. (Maintenant, Lothindil, lâche toute ta puissance!)
Un hurlement monte de ma gorge tandis que tout se ralentit. La colonne vient s'effondrer juste au moment où je bondis tel un fauve sautant sur sa proie. Je relâche alors d'un seul coup la puissance de mon ki qui traverse mon épée de cristal. Celle-ci vibre au point que j'ai peur qu'elle se rompe, mais elle tient le coup. La déflagration de mon attaque se dirige droit vers ma cible...
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
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