La semi-elfe ne s'attendait certainement pas à ça, vu la surprise qui se dessine sur son visage. Au moins ai-je réussi une partie de ma mission, même si ce n'était pas de la manière que je l'espérais. Je m'élance à sa suite, espérant bien rentrer en même temps qu'elle.
"Merdeeee!"
Sans doute la première chose que je prononce en me vautrant au sol, à l'endroit même où se tenait le fluide pour rentrer chez moi. Je me redresse et regarde autour de moi, dépitée. (Il est où?) (Disparu, je le crains...) (Disparu? C'est possible ça?) (C'est très rare... Aussi rare que la création de fluides en fait.) (Et on rentre comment?) (Suffit de trouver le fluide de retour.) (Et il est où?) (Bah c'est le problème en fait...) (Ah? C'est quoi le problème?) (Y a de nombreux fluides qui parviennent ici... Mais je n'en repère aucun pour le retour...) (Tu veux dire qu'ils m'ont envoyé ici sans moyen de retour?) (Non, j'ai pas dit ça... mais) (Mais quoi?) (J'arrive juste pas à le repérer. Va donc falloir chercher.) (Ce que tu me sors, c'est que j'ai des grandes chances d'être bloquée sur cette maudite île parce que t'arrives pas à choper un fluide retour?) (Bloquée, non... Retardée sur ton retard, très certainement en revanche.) (Donc je suis bloquée, bien ce que je dis.) (Mais non, on va s'en sortir...)
Je me redresse et m'assied sur une pierre, contemplant la forêt au loin, me demandant si elle est aussi bien que me le disait Siril. Désespérée par l'idée de devoir fouiller toute cette île pour rentrer chez moi, je reste là durant quelques secondes, jusqu'à ce qu'un souvenir me revienne :
Sur le Naora, non loin de Cyniar, nous nous étions égarée avec mon père lors d'une longue route à travers les montagnes, à la recherche d'un silnogure. L'été frappait dure et il faisait chaud. Nous avions perdu la trace de la bête depuis plus d'une heure déjà et nous tournions en rond sans parvenir à la retrouver dans l'épaisse forêt du nord de l'île. J'étais anéantie, persuadée que nous ne retrouverions jamais le chemin de la maison et que nous allions devoir vivre comme des sauvages dans la forêt en compagnie des animaux et des bêtes sauvages. Epuisée, j'avais fini par m'asseoir sur un vieux tronc d'arbre, à la limite des pleurs. "Eh, ma Lothi, n'aie pas peur." "On va devenir quoi, âdar?" "T'en fais pas, on va retrouver le chemin." "Et comment on va faire?" "La première chose à faire, c'est d'arrêter de pleurer et de manger un bout."
Et c'est ce que nous avions fait, tout simplement. On s'était arrêté, on avait mangé et on était reparti en ayant le coeur à l'ouvrage. Moins d'une heure plus tard, nous retrouvions la trace et nous la remontions vers Cyniar. Nous avions fini par arriver juste avant la nuit à la maiso. Ma mère était morte d'inquiétude, tout autant que ma Nazca. Mais nous étions en vie, en bonne santé et de retour à la maison...
J'allais donc faire de même que ce jour-là. Me priver de manger ne m'avancera à rien et ne me permettra pas de revenir plus rapidement vers Yuimen. Je m'installe donc sur une pierre, sans pour autant cesser de penser à mon retour ou plutôt à mon non-retour pour l'instant, et sors de mon sac les restes de nourriture qui y traînent. Ce ne sont que des miettes ou presque, tout au plus l'équivalent d'un pain de voyage et d'une portion de viande séchée, mais ça suffira pour l'instant. Je me retrouve donc à machouiller ma lanière de jambon, le regard perdu vers la forêt. Tant qu'à visiter cette île, ça sera le premier endroit que j'irais voir.
(Lothi!) (T'as localisé le fluide?) (Oui, mais tu pourrais le faire aussi bien que moi!) (Tu veux dire quoi là?) (Derrière toi!)
Je me retourne brusquement pour faire face à un nouveau fluide, du genre instable, mais un fluide quand même. Sans attendre plus que ça, je reprends mon sac à peine fermé à l'épaule et me précipite. Lirelan fusionne avec moi, sensation toujours aussi désagréable, mais nécessaire d'après ces dires. Je saute alors droit dans la porte, espérant juste qu'elle me ramène chez moi, à défaut d'autres choses...
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
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