Lyssena prit ma main dans la sienne, l'enserrant tendrement tout en m'attirant dans la salle de bain voisine. Elle sécha une larme que je n'avais pas vue, et me dit d'une manière toute à elle qu'elle voulait passer un moment intime avec moi.

Sans me laisser le temps de lui répondre, sa main libre écarta une mèche de mes cheveux et elle alla poser ses lèvres savoureuses contre les miennes, m'offrant une tendresse qui m'était chère. Ma main gauche passa alors dans son dos, et je la rapprochai de moi, sentant sa peau et son corps tout contre moi. Son parfum délicat, et la saveur si particulière de ses baisers.

Nous nous écartâmes ensuite lentement, mes yeux plongés dans les miens. Mon collier n'était plus, et je ne pouvais percevoir ce qu'elle ressentait. Pourtant je me sentais toujours aussi épris d'elle, et je n'avais qu'un besoin, être là, tout contre elle. Savoir que tout allait bien, et qu'elle me pardonnait de ne pas avoir su la préserver des douleurs de la vie et de la mort. Savoir que demain encore je me réveillerai à ses côtés, et que je pourrai compter sur elle pour me réveiller à une heure plus que matinale. Savoir que je comptais pour elle, réellement.

Je l'aidai alors à enlever sa robe, avec douceur et un profond respect pour son corps de femme. Je fis de même avec mes propres atours, et finalement nous allâmes nous plonger ensemble dans l'eau chaude. Profitant d'un moment à l'écart des souffrances de la nuit, et à l'écart des lendemains dangereux...

Dans une délicate étreinte, Longinus en resserra le contact, sentant sa main dans mon dos. Sa bouche délicatement, douce était comme un remède pour moi, mais un remède parfois douloureux. Nous nous dégageâmes l’un de l’autre après ce contact rassurant, nos yeux toujours mêlés.

Longinus m’aida à me défaire de ma robe, défaisant et ouvrant le corsage. Je fis glisser mes derniers effets au sol, les reposant ensuite sur une chaise posée près de la porte. Après que mon compagnon se soit déshabillé nous entrâmes tous les deux dans cette eau chaude. Lui derrière moi, je reposai ma tête contre son torse voulant fermer les yeux et échapper à cette cruelle réalité.

Les essences du bain parfumèrent mon corps que je nettoyai avec douceur, observant chaque parcelle de ma peau pendant que mon bien-aimé s’occupa de mon dos. Se contact léger de cette main chaude, humide, rassurante me disait que je n’étais pas seule, pas seule à vivre ses moments douloureux. Des images parcouraient toujours mon esprit me laissant un repos entre chaque scène ignoble. Et parfois dans ce genre de moment je la sentais. Elle était encore là dans un corps qu’elle ne pouvait contrôler, elle était trop faible ou peut-être se jouait-elle de moi ?

De l’eau chaude arriva sur mes épaules suivit par les mains de Longinus. Mes pensées s’échappèrent alors dans un autre monde.

« Très cher, voudrez-vous de l’aide pour vous nettoyer ? »

Mon regard rencontra le sien.

Le moment fut tendre, en totale contradiction avec les derniers jours que nous avions vécus. Le genre d’instants que je voulais préserver, même si je ne savais encore comment. Mes mains contre sa peau douce, ma main de mort effleurant son corps avec douceur. Cette main qui ne m’apparaissait presque plus comme monstrueuse, grâce à elle, même si bien sûr je la dissimulais au commun des mortels.

Oui, il allait falloir la protéger mieux qu’auparavant, et dès le lendemain je comptais me renseigner. Devenir plus fort était nécessaire, au vu de tous les ennemis que j’avais, que j’aurais bientôt et qui se feraient une joie de trouver mon point faible.

Elle me demanda si j’avais besoin d’aide pour me laver. Non, bien entendu. Je me tournai cependant, offrant mon dos à ses mains douces. Je fermai alors les yeux, lâchant quelques unes de mes défenses pour pouvoir apprécier le moment. Même si je restais aux aguets, réflexe qu’il me ne fallait jamais oublier.

S’abandonner, c’était l’abandonner, et je ne le pouvais...

Longinus se retourna, je l'aidai donc de mes deux mains frottant sa peau d'humain avec l'eau mélangée aux essences de fleurs délicates. Je l'admirai, il se laissait peu à peu se détendre, ses yeux se fermèrent tout comme les miens. Il paraissait tellement innocent quand il se détendait de cette manière. Pourtant, mes doigts qui massaient son dos captèrent une certaine méfiance, il ne laissait pas véritablement aller. Je ne dis rien finissant de laver son dos musclé aux formes doucement masculines.

Quand tout ceci se termina, je me levai attrapant au passage un drap de linge blanc nouvellement posé sur le rebord du bain. J'invitai Longinus à sortir lui tendant une serviette tout aussi blanche. Les employés qui opéraient en silence et discrétion étaient réellement efficaces. Le Manoir avait été remis à neuf et ce dernier était entretenu par des employés menés par Viktor.

Après je fus sèche, j'attendis mon compagnon pour sortir et me vêtir de ma nuisette de soie pour la nuit.

Le bain se termina, nous nous séchâmes et fûmes finalement près pour le coucher. Sa blessure ne saignait plus, ce qui était bon signe, et prouvait que l’escarmouche aurait pu mille fois plus mal se terminer.

« Je suis vraiment content que vous n’ayez rien, vous m’avez vraiment fait peur tout à l’heure. »

Mes idées étaient un peu plus claires à présent. Dès le lendemain j’irais voir dans les bibliothèques du Manoir, il me fallait trouver un moyen sûr de pouvoir la sauver dans n’importe quelle situation, et je ne croyais pas que les seules armes pouvaient réaliser cet exploit. Je l’empressai avant de rejoindre la couche à ses côtés. Je m’endormis rapidement, ma belle elfe logée entre mes bras.

Quand Longinus remarqua que ma blessure ne saigna plus il m'informa qu'il était soulagé que ce ne fût rien.

"Il ne faut pas s'inquiéter pour si peu. Je vous l'ai déjà dit Longinus !"

J'entrai dans la chambre sombre, me dirigeant vers l'armoire pour enfiler ma nuisette de soie blanche. Je fus la première à entrer dans les draps rouges, je regardai une dernière fois la fenêtre dans le noir avant de rejoindre les bras de Longinus, son torse contre ma joue et son souffle rassurant sur ma chevelure. Peu à peu je m'endormis, Morphée me donnant un sommeil plus reposant que le précédent.

Cette voix à la langue inconnue continuait ne me parler, mais l'habitude m'avait apprit à ne plus vraiment l'entendre ...

Je me réveillai en sueur, les poings et le cœur serrés. Tout de suite je glissai une main sur le visage de Lyssena, qui bougea imperceptiblement en sentant la petite gêne ainsi provoquée. Ce n’était qu’un rêve, qui se perdait déjà dans la nuit sans étoile. Oui il faisait encore nuit à en juger par la pénombre environnante. Et mon amante dormait encore, il devait être donc bien tôt dans la nuit. Je fermai les yeux de nouveau, essayant de me laisser aller, mais les images d’une Lyssena en sang ne me quittèrent pas de si tôt. Je sentais son thorax se remplir d’air dans la nuit, preuve qu’elle était au calme, et vivante, mais pourtant je ne parvenais pas à ôter cette crainte en moi. La crainte de la voir souffrir, et mourir.

Je me levai finalement, tâchant de ne pas la réveiller. Je sortis doucement de la chambre, refermant la porte derrière moi. Je saisis un candélabre à la bougie mourante, avant d’aller faire un tour des lieux. Je n’avais découvert que trois pièces depuis notre arrivée, ce qui était loin d’être suffisant. J’explorai donc le manoir, ses chambres d’invités et ses petits boudoirs, ses bureaux, ses foyers... Et sa bibliothèque.

Elle était à l’étage, à seulement trois portes de notre chambre. Un bureau et une table imposante étaient vierges, témoignant que tout avait été bien rangé et que personne n’avait étudié depuis un long moment. Quant aux livres, ils s’étendaient sur les quatre murs, et il fallait une échelle d’au moins cinq mètre pour accéder à ceux place le plus en hauteur. Je regardai quelques couvertures au hasard : « Histoire de Falaniel II » , « Traité de théologie » , « L’Art des Roys » ou encore « Magie et spiritualité ». Il y avait certains ouvrages en elfique, et d’autres dans des langues plus exotiques encore.

Je me retournai en percevant une autre source de lumière, un peu plus loin. Viktor était à l’entrée, toujours aussi droit, tenant un bougeoir lui-aussi. Il s’exprima alors, avec sa politesse habituelle :

« Recherchez-vous quelque chose de précis Messire Longinus ?
- Non, je découvrais juste la bibliothèque. Jolie collection.
- Certes, Sire Alin était un érudit remarquable. J’ai moi-même pu étudier plusieurs ce ces écrits. Nombre d’entre eux même, pour ne pas donner dans la fausse modestie. D’ailleurs si je puis vous conseiller, je me ferais un plaisir de vous aider.
-Je ne cherche rien en particulier... Mais peut-être que vos conseils pourraient m’aider en effet. Avez-vous des écrits sur les arts sombres ?
-Bien entendu Messire. Voulez vous « Le livre secret de Thimoros » , ou bien encore : « Ombres et usages », voire pourquoi pas un « Petit concis de nature obscure » ? Sinon je peux vous apporter un ouvrage qui n’est pas dans cette bibliothèque. Que diriez-vous des « Nouvelles approches de la Magie Noire » ? Un écrit très intéressant, qui traite de l’art noir d’une manière nouvelle. L’écrivain est inconnu, mais il cite la plupart des sorciers ténébreux célèbres qui ont révolutionné l’étude des arts. Qu’en pensez-vous ?
-Ma foi ce sera parfait Viktor.
-Je vous l’apporte tout de suite. »

Viktor s’absenta quelques instants, le temps de me laisser m’installer au bureau et d’allumer d’autres bougies. Il revint alors avec le dit ouvrage, dont la couverture semblait ancienne. Je le remerciai, et restai seul.

La noirceur du lit drapé me fit frissonner. Les yeux encore clos, je cherchai d'une main aveugle mon compagnon dans les draps de soie. Rien. Mes yeux s'ouvrirent alors peu à peu cherchant la chaleur de sa peau et la douceur de ses mains. Mes yeux s'habituant peu à peu à la pénombre, ces derniers n'aperçurent aucune forme, aucun relief dans les étoffes de soie.

Mon corps se releva encore endormi par ce sommeil léger. D'une main je poussai les rideaux du lit à baldaquin, le soleil apparaissait peu à peu à l'horizon. Les nuages se colorèrent dans un dégradé entre le rosé et le doré illuminant le ciel bleu. L'ombre de mes pieds se posa sur le sol, suivant le mur pour arriver face à l'armoire de bois à la recherche d'un linge pour me couvrir. Je trouvai la pièce manquante de ma tenue : un peignoir de nuit aux dentelles de soie.

Frôlant le sol du couloir, j'ouvris d'abord la salle de bain, aucune âme vivante ne s'y trouvait. Dans une démarche calme et discrète je cherchai un quelconque bruit, une quelconque personne prête à m'indiquer la position de mon compagnon. Viktor fut le premier à traîner dans les couloirs de la demeure, à ma vue, le majordome vint à ma rencontre.

"Dame Lyssena, avez-vous bien dormi ?
- Très bien merci. Dîtes-moi, savez-vous où est Longinus ?
- Messire est dans la bibliothèque. Suivez-moi."

Dans un pas déjà éveillé Viktor me conduit dans la bibliothèque pièce au même étage que notre chambre. Le serviteur frappa à la porte, l'ouvrant ensuite afin de me laisser entrer. Je découvris à ma plus grande surprise Longinus, le nez dans un bouquin sombre et âgé. Il leva les yeux sur moi. Sa figure paraissait bien fatiguée. Avec féminité je m'avançai vers lui pour prendre place, me posant le sur bord du bureau de bois.

"Bonjour Longinus. Que cherchez-vous donc dans ce lieu où le savoir est le seul maître ?"

L'ouvrage en question, les nouvelles approches de la magie noire, était à la hauteur de la description que m'en avait faite Viktor. Le livre se divisait en deux parties, tout d'abord il abordait une vision autre de la magie, une approche moins théologique, puis il se concentrait sur les personnages que l'auteur avait rencontrés ou étudiés et qui lui avaient montré leur vision des choses.

Il ne fut pas long de comprendre pourquoi ce livre était édité en très peu d'exemplaire et restait un ouvrage destiné aux initiés. Il commençait en ces formes:

La magie sombre a longtemps été rapportée aux dieux obscurs, et elle découlerait de leur pouvoir. La vision commune de la chose est que quiconque s'en décide d'apprendre les arts les plus sombres adopte de ce fait les ordres théologiques des prêtres de Thimoros ou de Phaitos. Mais la vision inverse n'est que rarement recherchée. Si les dieux obscurs n'avaient pas crée la magie noire, mais au contraire s'en étaient rapprochés et l'avaient adoptée? Ainsi donc les nombreux fanatiques et autres zélotes de ses dieux s'en seraient dirigés de même vers la magie noire, et l'auraient développé dans ce que l'on connait aujourd'hui. C'est pourquoi nous n'allons pas nous intéresser dans le présent ouvrage à cette vision commune, et pourtant certainement erronée de la magie des ombres, mais bien au contraire partir du constat inverse, que la magie existe sans rapport avec une quelconque théologie et balance universelle, mais que ce sont bien les fanatiques qui l'ont adoptée et distribuée comme cela, pervertissant au passage sa nature.

D'un accès d'abord très théorique, le livre se dévoilait à qui avait la patience de comprendre le raisonnement très intéressant. Il n'était, cela dit, pas étonnant que l'auteur ait préféré garder l'anonymat, et que le livre ne soit pas disponible dans la première boutique de magie. Il mettait en effet à mal les préceptes incarnés par les adorateurs de dieux, recherchant une vérité plus abstraite et déliée de la notion de mal habituellement accordée aux arts sombres. Le livre était dangereux.

Je parcourus ainsi les divers exemples qu'il situait, me rendant peu à peu compte que les mots étaient loin du mensonge. On aurait même pu dire que j'adhérai à ces propos en dehors des normes et très avant-gardistes.

Quant à la partie dédiée aux personnes pratiquant la magie noire, il était fait référence à sept sorciers et magiciennes différentes. Malheureusement, une seule était encore en vie, les autres ayant laissé des héritages plus difficiles à trouver.

J'allai m'attaquer à cette étude lorsque ma belle entra dans la pièce, sans que je ne la remarque. Ce n'est que lorsque son ombre gracieuse se logea contre le petit bureau que je levai les yeux vers elle. Radieuse dès le matin.

Je lui répondis alors:

"Que cherchai-je en ce lieu... Disons que mes études sont restées au point mort depuis quelques temps, et qu'il est temps pour moi de faire les choses plus sérieusement..."

Je finis la phrase dans ma tête: "ou sinon jamais je ne serai à même de vous protéger comme il se doit."

Longinus me répondit d'une voix abattue qu'il voulait poursuivre ses études qui s'étaient peut-être stoppées trop tôt. Dans ce genre de moment je me disais qu'il était véritablement raffiné et non-humain. Mes yeux se posèrent alors sur le livre de mon compagnon, observant la page ouverte et jaunie par le temps.

"Quel donc le nom de cet ouvrage et quel sujet traite-t-il ?"

Je me levai d'un geste, me détachant de la douceur du bois vernis et me dirigeai vers un mur inconnu de la pièce. Un grand nombre d'ouvrages plus ou moins conséquents prenaient place selon le sujet traité. Mes yeux parcouraient les sujets sur les armées, la guerre, la bataille navale. Tout ce qui touchait à ces évènements qui n'avaient que pour conséquence ; perte et pauvreté. Plus bas, une grande suite sur le commerce maritime, les bateaux tout ce qui avait un quelconque rapport avec le plaisir de gagner de l'argent sur les mers.

Curieuse je tirai un livre de taille modéré dont le nom écriture calligraphique prenait une bonne partie de la couverte. Je le posai sur le bureau à l'endroit même où mon corps s'était posé. Et d'un geste je parcourrai l'ouvrage plein de sens pour moi.

"Vous saviez que mon père était marchand ?"

Pour la première fois j'évoquais d'une personne passée, une personne de ce moi qui n'était plus ou du moins plus en partie.

Lyssena me demanda des précisions sur la nature de l’ouvrage. Ce à quoi je répondis avec ma connaissance encore faible sur le sujet :

« Et bien il s’agit des nouvelles approches de la Magie Noire. Le nom est en fait assez explicite, le livre traite « simplement » d’une nouvelle vision de la magie obscure, que je trouve particulièrement intéressante. »

J’avais parlé comme un rat de bibliothèque, et je m’en rendis compte. Je me tus alors qu’elle alla elle-même regardé les nombreuses couvertures qui s’offraient à elle. Elle en choisit un, qu’elle vint alors poser à coté de moi, parlant alors de sa famille. Ou plutôt citant rapidement le métier de son père, qui était marchand.

« Non je l’ignorai... Cela vous intéresse t-il ? De commercer je veux dire. »

Je me demandais surtout si son passé lui manquait, mais c’eut été malvenu de le lui demander abruptement. Et au fond j’avais un peu peur de connaître la réponse.

Je n'avais écouté Longinus que très rapidement. La Magie Noire pouvait être sûrement très intéressante pour quelqu'un qui l'a pratiquait. Pour ma part, tout simplement soporifique.

Mon compagnon rebondit tout de suite sur mon information. Quelle bêtise, bien sûr qu'il ne savait pas. Pour la première fois je lui avais donné une information sur mon passé et un plus précisément une personne importante de mon passé.

"Commercer ... Voilà une affaire complexe. Oui cela m'intéressait il y a encore quelques années de cela. Après je ne sais que faire de cette vie m'est offerte. Notre organisation nous prendra une grande partie de notre temps et peut-être trop pour s'occuper d'une telle affaire ..."

Mes propos s'étaient énoncés tel un regret sans que je ne le veuille, peut-être qu'inconsciemment ce sentiment était véritablement présent.

Tout ceci me paraissait étrange, de repenser à ce passé qui ne me hantait plus, qui ne faisait plus partie de moi.

Lyssena me répondit plus ou moins par l'affirmative, s’évadant du sujet à demi mots. Seule une pointe de regret semblait sortir de ses paroles. Je ne pus que lui répondre :

« Ma foi, je savais que vous veniez de bonne famille mais je vous imaginais plus noble que marchande. Sans doute vos manières, à moins que ce ne soit là liés chez des elfes. Enfin toujours est-il que commercer serait très certainement une vraie source de revenue pour notre organisation. Purger les rues de ses criminels idiots sera coûteux, et les maigres revenus ne nous assureront probablement pas de vieux jours. Par contre faire du commerce pourrait à la fois nous servir de devant auprès des autorités et des gens trop scrupuleux, mais aussi de source de profit. »

Je réfléchis un instant à ce que cela voulait dire. Si elle était capable de gérer une exploitation, nous pourrions probablement faire mieux que les Dragons d’Or eux-mêmes. De plus cela légitimerait beaucoup de nos actions, et nous serions plus à même de lutter contre nos ennemis et d’assainir le crime. D’assainir et de contrôler... Ces assassins que nous avions rencontrés la veille, cherchant à tuer un homme en pleine rue, étaient la preuve qu’il fallait réellement faire quelque chose.

« Je pense que les ressources du Manoir seraient suffisantes pour nous lancer. Qu’en pensez-vous, Lyssena ? »

Longinus m'informa de son sentiment, il ne me croyait pas être sorti d'une famille aussi basse. Je fronçai les sourcils, quelque peu tendue par sa réplique critiquant mes origines familiales et donc elfique.

"Je ne crois pas que vous êtes très bien placés pour critiquer mes origines. Pouvez-vous me rappeler votre race très cher. Et je ne crois pas que votre passé soit très glorieux. Détrompez-vous ma famille est une très bonne famille !"

Je ne lui en voulais pas, il avait parfois certains propos un peu poussés, mais je lui pardonnais, je lui pardonnais tout. Je lui sourirai donc pour ne pas froisser mon compagnon.

Ses derniers propos traitaient de notre organisation et proposa de mêler le commerce comme source de revenue principale.

"En effet il y a de grandes chances. Le commerce peut-être amplement suffisant, mais il y a bien sûr des risques à ne pas négliger. Mon père m'avait enseigné les principales bases de la marine et l'organisation du commerce maritime. Des études approfondies serait une chose plus prudente avant de se lancer dans un tel projet ... Mais dîtes-moi, cette organisation, notre projet, il serait bien de le nommer."

La belle ne sembla pas apprécier la remarque sur les familles marchandes, et me rappela que j’étais humain. Cela n’avais jamais vraiment été offensant pour moi, même si je savais tout le bien qu’elle pensait de notre race inférieure. Elle ne sembla cependant pas garder courroux, et me répartit qu’elle avait en effet les bases du commerce et de la marine, mais ne pouvait en aucun cas partir dans cette aventure sans conseils. Elle me demanda ensuite si j’avais trouvé un nom pour l’organisation.

« Et bien je n’ai pas trouvé de nom approprié. J’avais pensé aux Chevaliers Dragons, mais cela ne correspondrait qu’à moi. Cela dit le mieux serait de faire deux entités distinctes, l’une que je dirigerai, pour le côté le moins recommandable, et l’une que vous dirigerez. En commerçante en somme. Auquel cas le nom semble moins incongru. »

Je restai à songer un instant :

« De toute façon pour asseoir notre influence, il ne faudra pas se contenter de cela. Je pense qu’aider la population serait une très bonne idée. Pourquoi pas un orphelinat, ou un hôpital ? En commençant ainsi, votre commerce aura déjà fort bonne réputation. De même que le mien ne sera pas vu comme une énième guilde de voleurs, mais au contraire comme des sauveurs. »

Oui c’était là chose intelligente, et les fonds du Manoir allaient nous permettre de commencer tout cela de bien belle manière.

« Je vous propose donc de vous lancer dans vos études, et quand vous serez prête nous aurons qu’à investir dans un navire. Nous avons largement de quoi l’armer, et le faire naviguer. Qu’en pensez-vous Lyssena ? »