L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Lun 12 Oct 2015 17:45 
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L'esprit m'adresse un regard qui me semble être un ricanement. Il ne semble pas prendre au sérieux ma déclaration. Il me dit que Phaïtos n'a aucun pouvoir sur ce monde, et qu'il n'est donc pas la cause de mes changements.

« Des changements ? » fais-je. « Quels changements ? Selon les élémentaires, ces fluides sont en moi, il est tout naturel de penser qu'ils étaient déjà là lorsque j'étais sur Yuimen, ils ne réagissaient juste pas de la même manière à l'environnement. »

Je réalise cependant mon erreur. Ma dévotion et ma fierté m'ont poussé à invoquer Phaïtos pour expliquer mon imprégnation d'ombres... mais je suis la première à admettre l'existence de la part de noirceur qui est en moi. Et si c'est cette part de moi-même m'a suivi jusqu'ici, où les pouvoirs de Phaïtos n'ont pas de portée, c'est bel et bien que celle-ci est indépendante de mon allégeance au dieu de la vie et de la mort.

Je m'apprête à livrer mon analyse à l'esprit, à m'excuser de la hâte à laquelle j'ai répondu, mais lorsque je lève le regard vers lui il est juste devant moi, à portée de main, et je sens soudain sa voix résonner en moi, dans mon esprit et mon âme, faisant vibrer tout mon être et me plongeant dans les abîmes de mon inconscient.

Je ne saurais décrire cette sensation, ce sentiment. Je suis toujours là, face à lui, consciente, mais mes sens sont ailleurs. A l'intérieur de moi-même. Je pourrais me libérer de cette introspection, ''regagner mon corps'', m'échapper de mon âme, je sais que je le peux, car, si l'esprit a le pouvoir de me forcer à pénétrer mes souvenirs, il ne l'utilise pas. Il m'a juste plongé devant une porte. Puis l'a ouverte. Je n'ai plus qu'à passer le seuil. Mais c'est à moi de faire ce pas.

Cependant, j'hésite. Je sais très bien ce qui m'attend derrière. C'est le sujet de nombreux cauchemars, notamment ceux qui m'ont ébranlés ces deux dernières nuits. C'est mon pécher originel. La découverte de mes pulsions, de mes colères, de mes jalousies. Derrière m'attend le souvenir le plus traumatisant de ma vie.

Je retiens mon souffle, et, au prix d'un effort considérable, je traverse cette porte imaginaire. Soudain, j'ai trente-neuf ans.

---


« Pureté, c'est vraiment ton nom ? »

Je regarde la petite semi-elfe qui me pose cette question avec un sourcil levé. Qu'a-t-elle contre mon nouveau prénom ?

« C'est qui celle-là ? » fais-je à Equilibre.
« Elle est comme toi, » me répond celle-ci.
« C'est pas ma question. Qu'est-ce qu'elle fait là ? »
« C'est pourtant ce que je suis en train de te dire. Elle est comme toi, née dans une famille qui n'aurait jamais pu prendre soin d'elle. Elle est orpheline, et n'est personne. C'est tout ce qui compte, comme c'est tout ce qui comptait lorsque je t'ai recueillie. »

Recueillie ? Est-ce qu'elle veut dire qu'elle compte faire de cette gamine son apprentie également ?

« Je m'appelle Ilynia, » nous coupe gaiement l'enfant.

Je l'observe attentivement, des pieds à la tête. Elle doit avoir autour de vingt ans. Une cascade de cheveux blonds bouclés encadre son visage rond, dont le sourire et les yeux bleus contrastent parfaitement avec les airs sombres de ma tutrice et moi-même.

« Elle n'est pas faite pour cette vie, Equilibre, » fais-je sans détourner mon regard de l'intruse.
« Tu penses que tu étais moins expressive lorsque je t'ai prise sous mon aile ? »

Cette conversation commence à m'énerver.

« J'avais au moins cinq ans de moins, c'est trop tard pour elle. En plus elle est kendrane, même son éducation religieuse a dû commencer. »
« Je ne suis pas en train de te demander ton avis, Pureté. Ilynia a du potentiel et ma décision est prise, elle suivra mon enseignement à partir de demain. »

Je serre les dents, mécontente. Je ne saurais dire pourquoi cette nouvelle m'agace tant, mais je ne veux pas de cette gamine dans mes pattes. J'ai l'impression qu'elle me vole quelque chose.

---


« Elle est douée, admets-le. »
« Pas plus que moi, » rétorque-je, jalouse.

Equilibre ricane. Cela fait trois semaines que nous avons recueillie Ilynia et la garce manie déjà la dague aussi bien que lorsque j'avais trente ans. Certes, ce n'est pas mon arme de prédilection, et elle a encore du chemin à faire si elle veut un jour m'égaler à l'arc, mais son talent relève du prodige à l'arme de poing.

« Tu as trente-neuf ans, Pureté, on ne peut pas vous comparer. »
« Je veux dire que j'étais meilleure qu'elle à l'arc à son âge, » fais-je, insistante.

En moins d'un mois cette gamine a déjà reçu plus d'attention que moi en près de vingt-cinq ans. Est-ce qu'Equilibre se rend compte que j'ai également besoin d'encouragements et de compliments ?

« Oui, oui, » répond-elle, lasse, « tu as toujours été excellente à l'arc. Mais je me demande bien ce que tu feras lorsque la corde de ton arme se cassera au beau milieu d'un affrontement. »

Je détourne le regard, blessée. C'est donc là tout le crédit qu'elle accorde à mes talents ? Je ne suis pas faite pour utiliser l'épée ou la dague, je lui accorde cela sans problème, mais n'ai-je pas prouvé que mon habileté à l'arc pouvait largement combler ces lacunes ?

« Eh bien je la changerais avant que mon adversaire n'arrive jusqu'à moi. »
« Si tu le dis. »

Je retiens quelques larmes de frustration face à l'air détaché de ma tutrice.

---


« C'est nul, » fais-je d'un ton cassant.

Ilynia baisse les yeux, visiblement attristée par ma déclaration.

« Je n'y arrive pas, » me répond-elle en évitant mon regard.
« Tu veux abandonner ? »

Mon ton est moqueur, presque cruel du point de vue d'une enfant de vingt ans.

« Non ! » s'exclame-t-elle en relevant la tête, posant sur moi un regard plein de fierté et de défi. « Je veux que tu sois fière de moi. »

Je retiens de justesse une grimace. Fière de toi ? Et puis quoi encore. Arrête de me parler comme si j'étais ta sœur.

« Alors reprend une flèche et vise moi cette cible. Trente pieds, après six mois d'entraînement, ça devrait être du gâteau. »

La petite semi-elfe hoche la tête et s'exécute immédiatement. Equilibre s'est absenté pour la semaine, et elle m'a demandé de s'occuper d'Ilynia et de concentrer son apprentissage sur les sujets que je connaissais le mieux. En tête de liste, évidemment, vient l'archerie. Et je suis particulièrement contente de voir qu'elle n'a pas l'ombre de mon talent pour cette discipline. Je ne suis pas enchantée de devoir m'occuper de cette sale gosse, mais je préfère cela que de désobéir à ma tutrice.

---


« Je peux dormir avec toi ? »

Je fronce les sourcils. Il semblerait que cette peste s'attache plus à moi jour après jour. Je ne peux pas dire que je ne comprends pas ce besoin de compenser le manque d'une famille par l'affection de toutes les personnes que l'on rencontre. J'avais le même les premières années. Mais quand même, je passe mes journées à la repousser et à lui faire comprendre de plus en plus froidement que je ne veux pas d'elle, alors qu'elle semble plus encore m'aimer qu'elle n'aime Equilibre est un comble. D'autant que notre tutrice se fait avec elle plus démonstrative que je ne l'en croyais capable.

« Notre ? » fais-je sans réaliser que j'ai parlé à voix haute.

Ilynia lève un sourcil interrogateur, avant d'afficher un sourire moqueur.

« Je n'ai pas prononcé ce mot, Pureté, tu as les oreilles sales. »

A son grand dam, sa taquinerie ne m'arrache rien d'autre qu'une expression courroucée. Mais je replonge bien vite dans mes pensées. J'ai dit ''notre'' tutrice. C'est bien la première fois que j'inclue Ilynia dans notre famille, et cela ne me plaît guère.

« Alors ? » me relance-t-elle, insistante.
« Non, » réponds-je froidement. « Et puis quoi encore, tu veux une berceuse ? »

Le visage de ma cadette affiche maintenant une mine triste, comme à chaque fois que je l'envoie paître. On pourrait croire que l'habitude de cette occurrence l'inciterait à lâcher prise, mais je suis à peu près sûre qu'elle viendra quémander plus d'attention dès demain matin.

---


« Tu veux bien être ma grande sœur ? »

Mon cœur se serre.

« Pardon ? »
« Tu veux bien être ma grande sœur ? » répète-t-elle.

Cela va faire huit mois qu'Ilynia nous a rejoint. Huit mois pendant lesquels Equilibre m'a petit à petit délaissée pour se consacrer pleinement à l'éducation de son nouveau jouet. Huit mois pendant lesquels ma haine et mon mépris à son égard n'ont cessés de grossir, alors que son affection pour moi ne faisait qu'augmenter. Comment peut-elle à ce point compter sur quelqu'un qui n'a rien fait d'autre que la rejeter et la maltraiter moralement ?

Et pourtant, contre toute attente, ce n'est pas de la haine que je ressens à présent. Ni haine, ni colère, ni mépris. A la place, une boule au ventre, et mon cœur qui se serre, et se serre... Je sens des larmes couler le long de mes joues. Surprise, je lâche le cou d'Ilynia pour porter mes doigts à mes pommettes. Son cou... ? Stupéfaite, je regarde le corps inanimé de la petite demi-elfe qui m'a donné l'affection que me refusait Equilibre durant toutes ces années. Et c'est là que la haine intervient.

Attrapant une flèche dans mon carquois, je hurle. La pointe du projectile s'enfonce dans son cou presque sans résistance. J'entends à peine mes cris de rage alors que j'ouvre sa gorge. Ils semblent lointains. Sourds. Toute ma haine se déverse sur elle alors que j'ôte les derniers fragments de vie qui l'habitent. Mais cette haine ne lui ai pas adressée. Je mets un certain temps à mettre un sens sur les mots qui sortent de ma bouche. Pourquoi est-ce que tu l'aimes plus que moi ? Pourquoi est-ce que tu l'aimes plus que moi ? Pourquoi est-ce que tu l'aimes plus que moi ? Pourquoi est-ce que tu l'aimes plus que moi ?

Des sanglots de rage coulent maintenant à flot de mes yeux dont la vue est brouillée. Toute cette scène est... surréaliste. J'ai l'impression de regarder quelqu'un d'autre. Alors que mes muscles bougent seuls, que ma propre voix se fait entendre dans notre campement désert, j'ai le sentiment de rester passive, immobile.

Et puis soudain, je suis de nouveau aux commandes de mon corps. J'observe à tour de rôle mes mains pleines de sang et le cadavre qui gît sous mon corps. Et mes cris reprennent de plus belle. Mais cette fois, je les entends. Cette fois, ils sont bien de moi. Et cette fois, le seul sentiment qui m'assaille est une profonde tristesse. C'est la première fois que j'ôte la vie. Ma première victime est ma sœur.

---


Je suffoque. Je suis de nouveau dans l'antre sombre et indescriptible de l'esprit qui m'a infligé ces souvenirs. Mais je suis à genoux et je suffoque. Il me faut quelques temps pour reprendre mon souffle, pour reprendre mes esprits. Portant mes mains à mes yeux embués, je comprends que les larmes ne coulaient pas que dans mes souvenirs.

« Je... » fais-je, mais aucun son ne suit cette introduction.

Ma gorge est nouée, et aucun son ne veut plus en sortir. Il me semble avoir pleuré des heures durant, et pourtant je sens une nouvelle vague de sanglots arriver. Mes pensées sont confuses, désordonnées. La réalité me semble moins vraie que mes souvenirs.

J'inspire. J'expire. Puis, sentant mes entrailles se déchirer alors que je fais cet aveux pour la première fois, je crie dans un sanglot :

« Je l'aimais ! »

((( 1983 mots )))

_________________
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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Ven 16 Oct 2015 16:38 
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Niyx – ?

    Le loup géant n’a pas bougé d’un iota et observe Pureté des ses milles yeux. Il ne réagit pas plus à l’ultime cri de la semi-elfe, comme s’il lui laissait le temps de digérer, de se remettre de son expérience, comme si cet être d’Ombres était également un être de sollicitude.

    « Expie le souvenirs de tes erreurs passées et acceptes-les, garde les à l’esprit pour ne jamais plus les refaire. Forge de ta faiblesse ta force. »

    Il l’observe encore un long moment.

    « A présent, montre-moi ton nom. »

    Et de nouveau, ce flot de souvenirs.


Niyx – Le Belvédère

    Le lion hoche la tête, sa crinière le suivant dans son geste. A la dernière remarque de Faëlis, il lève la tête en arrière et part dans ce qui ressemble le plus à un éclat de rire, un son étrange qui résonne dans l’air, faisant s’envoler quelques oiseaux.

    « Je tâcherais de m’en souvenir, merci, Ô Maître de la Beauté. »

    Lorsque Faëlis ressort de l’Antre d’Annun, Ek Chua se trouve de l’autre côté, patientant manifestement. Il semble surpris.

    - Ah, sire Faëlis, j’ai entendu un bruit étrange provenant de l’Antre, j’ai failli entrer pour voir de quoi il s’agissait, mais vous voilà. Savez-vous ce que c’était ? Par ailleurs, il me semble que vous désiriez voir nos commerces, cela vous intéresse-t-il toujours, à moins que vous n’ayez une autre préférence ?


[Pureté : Absorption lors de la seconde vague de souvenirs d'un fluide 1/4 de d’Ombre et apposition du tatouage.]

[Faëlis – xp : 0,5 (post) ;
Pureté : 3,5 (post), 0,5 (retour dans le passé)]


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Ven 16 Oct 2015 17:38 
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Inscription: Sam 28 Juil 2012 11:08
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Le lion sembla s'amuser et, alors qu'il s'éloignait, l'elfe l'entendit promettre qu'il y réfléchirait. Cela le fit sortir avec le cœur plus léger que jamais. Il avait au moins rendu un service !

Quand il sortit du sanctuaire, ce fut pour trouver un Eck Chua un peu surpris qui l'attendait, se demandant ce qu'était ce bruit et s'il voulait toujours visiter les commerces. Encore un peu secoué par tout ce qui venait de se passer, Faëlis tenta de se faire une contenance et répondit :

« Merci de m'avoir attendu si patiemment, c'est fort aimable à vous. Ne vous inquiétez pas, j'expliquais à l'esprit de la lumière comment mettre un peu plus de couleur et de gaieté dans son sanctuaire. J'aimerais en effet faire un tour par vos commerces, et ensuite j'aimerais consulter... disons des archives, ou quelque chose d'approchant. Comment cela fonctionne-t-il pour retrouver des informations sur le passé de votre monde ? »

En effet, il savait maintenant de source sûr qu'un événement similaire au drainage s'était déjà produit par le passé. C'était peu, mais c'était tout ce qu'il avait. Peut-être quelque chose aurait échappé aux Ishtar ?

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Sam 17 Oct 2015 13:21 
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Inscription: Mar 30 Juin 2015 09:36
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Je me remet tout juste de mes émotions lorsque l'esprit reprend la parole. Il me dit d'aller de l'avant, de me servir de cette expérience pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. Mais aussi avisés soient ses conseils, ils ne me semblent que de belles paroles au réconfort bien maigre dans l'immédiat.

Reprenant mes esprits, je me redresse tant bien que mal et essuie les larmes encore présentes sur mes joues d'un revers de manche. Je ne suis pas du genre à me laisser aller devant les autres. En fait, je ne suis pas du genre à me laisser aller même lorsque je suis seule. Mais, pour une raison que j'ignore – peut-être simplement parce que mon seul auditeur ne soit pas d'apparence humanoïde – je ne me sens pas particulièrement mal d'avoir laissé entrevoir mes faiblesses. Et aussi dou loureuse fut l'expérience, je sens comme un poids en moins sur la poitrine. Certainement parce que, pour la première fois depuis cet incident, j'ai laissé entendre la raison principale de mon mal-être : j'ai eu beau le nier jusqu'à présent, j'aimais cette enfant.

Mon repos n'est cependant que de courte durée, car, dès lors qu'il me voit de nouveau sur mes deux pieds, l'esprit me renvoie devant cette porte intérieure. Il veut con naître mon nom. Ce nom que j'ai délibérément oublié, sy mbole de mon ancienne vie, entourée d'humains fornicateurs, ce nom que j'ai juré de ne plus porter. Je ne sais même pas si je serais capable de lui fournir une réponse.
Je traverse le seuil et, de nouveau, je rajeunis. J'ai quarante-quatre ans.

---


« Pourquoi n'as-tu pas changé le nom d'Ily nia ? , » demande-je à Equilibre.

Cette question m'a intrigué pendant longtemps, mais, incapable avant d'évoquer son nom sans qu'un nœu d dans ma gorge ne vienne altérer ma voix, je ne l'avais jamais formulée.

« Ca ne te regarde pas, » répond-elle simplement sans lever les y eux de son travail de couture.
« Tu d is que no s anciens noms son t le sy mbole de notre mode de vie aberrant, qu'ils ne font que no us ralentir et no us faire douter dans no tre quête. Alors po urquoi n'en avait-elle pas ? »
« N'insiste pas, Pureté. Je t'ai dit que ça ne te regardait pas. »
Je n'insiste pas, mais v isib lement Equilibre me cache quelque chose.

---


Et j'ai maintenant quarante-six ans.
« J'ai oublié mon nom, Equilibre. »
« Tu t'appelles Pureté, » me rétorque-t-elle tout naturellement.
« Je le sais bien. Je veux d ire... j'ai oublié mon ancien nom. »

Ma tutrice m'observe stoïquement pendant plu sieurs secondes q ui me semblent une éternité. Elle semble me jauger, et je sais très bien ce qu'elle cherche : de la déception. Elle veut comprendre si ce fait m'attriste, si je suis déçue d'avoir enfin oublié mon nom.

« C'est une b onne chose, » fait-elle enfin. « Ton ancien n om ne te sey ait pas, de toute manière. Pureté te va bien mieux. Pureté et Equilibre, luttan t ensemble pour instaurer l'équilibre dans un monde pur, cela me semble plus noble qu'Alina et Amande se faisant culbuter par le bûcheron et le charcutier, n'es-tu pas d'accord ? »
« Si bien sûr. Et je ne suis pas triste de l'avoir ou blié, seulement surprise. N'est-ce pas... étrange ? On ne parle pas de ce que j'ai mangé à midi, il devrait être particulièrement difficile d'oublier quelque chose comme cela. »
« Si tu as fais tes exercices de méditation correctement, il n'y a rien d'étrange à cela. Tout le but était justement que tu perdes ce souvenir, on ne va pas s'étonner d'un franc succès. »
« Mais quand même, il n'y a pas un an il me revenait toujours aussi clairement que le troisième verset de « Phaïtos le Juste » , et aujourd'hui je ne sais même plus s'il était humain ou elfe. »
« Je te dis que c'est normal, cesse d'y penser et estime toi heureuse de t'être débarrassée de ce fardeau. »

---


Et j'ai maintenant vingt-sept ans.

« Co ncentre-toi, Pureté. La méditation a de nombreuses vertus. Elle peut te permettre d'apaiser ton esprit, et donc de maximiser tes talents, de faire taire une douleur insup portable, d'oublier ce qui ne doit pas subsister dans ton esprit ou au contraire de te souven ir de ce qui ne doit pas en disparaître. »

Je fais ces exercices de respiration depuis des heures, mais il semble que plus j'essaie de me calmer grâce à eux plus la situation devient op pressante. Je me sens parfaitement incapable de me concentrer sur commande, cet acte me paraît complètement inhumain et irréalisable. Plus je me concentre sur ma respiration et me répète que mes muscles sont lâches et décontractés plus je les sens se serrer en signe de protestation. Je sais bien que le problème est purement psy chologique, mais il ne me semble tout simplement pas possible de se laisser aller tout simplement parce que l'on nous le demande. Au moment même où Equilibre me dit que je ne sens plu s mes pieds, un fourmillement, une démangeaison ou un chatouillement vient subitement la réveiller, comme par refus de se laisser glisser dans cette transe pourtant censée être réparatrice et salvatrice. Je ne dois pas être foutue de la même façon que les autres.

« Co ncentre toi ! » rouspète-t-elle. « Ca n'a pourtant rien de compliquer ! Nous y sommes depuis le crépuscule et tu es toujours tendue comme une corde d'arc ! Arrête de laisser vagabonder ton esprit, ça te fait perdre le fil. Tu do is te concentrer sur ta respiration , rien d'autre, et ce jusqu'à ce que tu sentes ton corps se relaxer pleinement. Alors plus de question, p lus de fantasme, plus de vagabondage, seulement ta poitrine qui se lève et q ui se baisse au ry thme de tes inspirations et exp irations. »

Je m'exécute docilement, sans toutefois être convaincue que cette tentative sera plus fructueuse que les cinquante précédentes. Inspiratio n. Expiration. Par le nez. Par la bouche. Encore et encore. Et encore. Il me semble avoir reprit cet exercice voilà des heures lorsqu'il fait finalement effet. Pourtant, je sais bien que cela ne fait que quelques minutes. Je me sens parfaitement sereine, maîtresse de mes émotions. J'ai l'impression d'avoir u n accès total à mes émotions, il me suffit d'en visualiser un pour l'amplifier ou le faire taire. Une branche craque. J'ouvre les y eux. Retour au point de départ.

« Merde ! » s'énerve Equilibre. « Tu arrives à un état de calme absolument remarquable avec un arc dans les mains, même en plein milieu d'une tempête, mais en forêt, par temps calme, allongée et à moitié endormie tu n'arrives pas à rester relaxée plus de dix secondes, qu'est-ce qui tourne pas rond che z to i ?! »

Elle ne semble pas comprendre que mon environnement n'a rien à voir avec mon état de sérénité. Lorsque je tiens un arc mon but n'est que d'atteindre ma cible. Je ne fais qu'un avec l'arc, avec le vent et avec tous les obstacles qu i se dressent sur ma route. Je su is l'environnement, je le sens, et la nécessité de me calmer pour atteindre mon objectif s'empare de moi jusqu'à ce qu'il n'existe plus rien d'autre que moi, la cible, et la flèche qui nous reliera. Lorsque je médite, me calmer n'a rien d'un moy en pour arriver à mon objectif, il est le but. E t, pour u ne raison qu i m'échappe, cela change tout.

Il faut dire que sous mes airs d'un naturel stoïq ue, je suis une sanguine. Je le cache le plus clair de mon temps, mais me calmer n'est pas quelque chose que je fais aisément. Me calmer n'est que le résultat d'une activité qui me comble. Monter à cheval, me baigner au milieu de la nuit, o bserver la pleine lune, tirer à l'arc... peut être que si je me trouvais une passion p our la méditation j'y arriverais sans difficulté... mais p our cela il faudrait déjà que j'arrive à aller au terme d'une séance.

---


La séance s'est terminée sur un nouvel échec et Equilibre et moi sommes enfin aller nous coucher, abandonnant là le projet de me faire méditer ce soir. Après un certain temps passé allongée sur ma paillasse dans les arbres de notre p lanque près de Tulorim, cependant, je me redresse, insatisfaite. Quelque c hose qu'a dit Equ ilibre m'a fait réfléchir. Quelque chose à propos de la méditation.

La méditation a de nombreuses vertus. Elle peut te permettre d'apaiser ton esprit, et donc de maximiser tes talents, de faire taire une douleur insupp ortable, d'oublier ce qui ne d oit pas subsister dans ton esprit ou au contraire de te souvenir de ce qui ne doit pas en disparaître.

De te souvenir de ce qui ne doit pas en disparaître.

Attrapant mes affaire, je me redresse et m'habille en vitesse. J'attrape mon arc, une unique flèche et descend de notre campement aérien en quelque acrobaties. Nous sommes au milieu de l'été, et si une petite brise rafraîchit l'atmosphère, même en plein cœur de la nuit le froid n'a pas repris le dessu s. Je fais quelques pas vers le centre de notre petit bois, me repérant parfaitement bien malgré la faible luminosité. J'ai passé pour ainsi dire la moitié de mon temps ici pendant les d ix dernières années.

Après seulement quelques secondes, je trouve ce que je cherche. C'est ''mon'' arbre. Celui dont je me sers pour m'entraîner à l'arc. Sur son écorce, l'on peut voir les dégâts occasionnés par les p ointes de mes flèches au fil des ans. Je prends rapidement position à l'endroit habituel, un endroit dégagé à environ soixante pieds. Il y a bien longtemps que je peux atteindre le cœur de ma cible à chaque coup, mais la force me manque pour toucher à ne serait-ce que quelques pieds su pplémentaires.

Je positionne mon arc devant moi, le tenant de mon bras gauche tendu, encoche ma flèche de la main droite et tend la corde jusqu'à ma joue. Je suis calme, sereine, et je n'ai eu besoin d'aucun effort pour recourir à cet état. Les seuls muscles rigides de mon corps so nt mes avant-bras. Même mes mains, même les doigts tenant la corde son t tou t à fait décontractés. Mes do igts se relâchent et l'empennage de la flèche vient glisser sur eux alors que le paradoxe la projette violemment en avant, tout droit sur mon arbre. Une seconde plus tard, et malgré l'obscurité, je peux voir le projectile fiché exactement où je le voulais. Alors je ferme les yeux et suis les d irectives d'Equilibre.

De te souvenir de ce qui ne doit pas en disparaître.

---


J'ai de nouveau soixante-et-un an. Pourtant, je suis toujours dans mes souven irs. Mais cette fois, au lieu de les vivre de nouveau, de n'avoir aucune prise sur eux, de ne pouvo ir ne serait-ce que me rendre compte qu'ils ne sont que des souvenirs, je les vois, comme une spectatrice.

Devant moi se tient une enfant do nt je ne connais l'âge. C'est une semi-elfe, dans une maison remplie d'humains. C'est moi. Pureté avant qu'elle ne devienne Pureté.

Une silhouette s'approche. C'est celle d'une femme que je ne reconnais pas. Et po ur cause, elle est totalement floue. J'ai beau l'observer aussi intensément que possible, j'ai beau fouiller autant que je veux dans ma mémoire, rien ne vient. Pourtant, je sais qui elle est. Cela ne fait aucun doute. C'est ma mère, évidemment.

« **** pourquoi t'es-tu battue ? »

Lorsque la femme au visage flou prononce mon nom, je n'entends qu'un bourdonnement à mes oreilles. Mais la suite est intelligible. Battue ? A lors je suppose que mon caractère sanguin ne me vient pas de l'éducation d'Equilibre.

« Il a dit que Papa n'était pas mon papa. Il a dit que tu étais une suceuse d'elfe. »

Il. Alors je me suis battu avec un garçon. Je ne dois pas avoir plus de qu inze ans, même pas cinq ans en âge humain, et me voilà déjà à flanquer des raclées à des garçons... la scène a le mérite de m'arracher un sourire.

« Viens-là, *** *, » me fait ma mère en s'assey ant sur un fauteuil et en me faisant signe de venir sur ses genoux.

Mon ancien moi s'exécute, mais la mine de son visage se fait basse. E lle voit sans do ute la fessée venir. Mais la femme aux traits invisib les n'en fait rien. Elle se conten te de la prendre dans ses bras et de reprendre la parole.

« ****, tu ne do is te battre que pour te défendre, ou défendre les autres. Lorsqu'ils t'in sulten t, ou q u'ils in sultent quelqu'un à qu i tu tient, ne les écoute pas. Ignore les et ils se lasseront bien v ite. Tu as cassé deux côtes à ce garçon, et si je ne peux pas nié le fait qu'il a amplement mérité une correction, ce n'était pas à toi de la lu i donner. Et encore moins une aussi sévère. »

Deux côtes ? La révélation me surprend autant qu'elle me fait sourire. J'étais précoce, on dirait.

« Désolée Maman, » fait la petite moi.
« Ce n'est pas à moi qu'il faut que tu présentes tes excuses, c'est à ce garçon. »
« Je ne suis pas sûr q ue ce soit une bo nne idée, » fait une voix à l'autre bout de la pièce.

Je me retourne pour voir une silhoue tte tou te aussi flo ue faire son apparition dans la pièce. Certainement mon père adoptif.

« Et po urquoi ? » demande ma mère.
« Je ne suis pas certain qu'il soit bon de rappeler à un garçon qu'il vient de se faire ratatiner par une fillette deux fois p lus jeune que lui. Et pu is... »
« Et pu is ? »
La voix de ma mère se fait plus ferme, inquisitrice.
« Et p uis... j'ai peut être donné un coup de poing à son père il y a quelques minutes. »
« Pardon ? » rétorque sa femme en élevant dangereusement la voix.
« J'étais venu m'excuser pour ****, mais... il a commencé à tous nous insulter... »

Un éclat de rire léger et cristallin sort soudain du petit corps de la mini-moi.

« Il fallait les ign orer, » fait-elle, apparemment très fière d'elle.

Son père adoptif se laisse aller à quelques rires à cette déclaration, et je peux même sentir le visage de ma mère s'adoucir derrière son masque de flou. Mais je ne comprends toujours pas ce que je fais dans ce souvenir là. Mon incarnation enfant répond cependant bien vite à ma question en en posant une à son tour.

« Papa, c'est vrai que t'es pas mon vrai papa ? »

Un silence pesant s'abat sur la pièce. Me rendais-je compte, à cet âge là, que j'avais mis quin ze ans à arriver à un âge que mes frères et sœurs avaient dépassés en cinq ans ? Me rendais-je compte que mes parents pourraient presque être mes grands-parents ? Me rendais-je compte que j'étais la seule à avoir les oreilles poin tues et les y eux en amandes ? Sûrement pas.

« Je serais toujours ton papa, ma chérie. Mais... tu as u n autre père. Un qui t'a donné to n phy sique, to n agilité, ta force et tes drôles d'oreilles. »
« Et ton nom... » compléta ma mère. « Mon ange, tu ne vieillis pas comme nous. Nous disparaîtrons b ien avant que tu ne sois adu lte. Et q uand nou s ne serons plus là, tu n'auras qu'à te servir de ton nom pour retrouver ton autre père. Pour qu'il veille sur toi. »

Je comprends enfin ce que je fais ici. Je comprends enfin comment je peux retrouver mon nom. Et pourquoi je l'ai perdu.

---


J'arrive de nouveau dans cette maison, sauf que tous les détails sont là cette fois. Tout ce qui m'échappait quelques secondes plu s tôt, tous les bibelots que je n'arrivais pas à discerner, la couleur des murs et des meubles que j'apercevais sans les voir, les craquements du plancher aux endroits les plus abîmés.. . tout me revient. Mais je ne suis plu s dans un souvenir. Je suis dans mon esprit, dan s cet endroit qu'Equ ilibre vo ulait q ue je construise. Dans ce lieu où l'on met ce qui ne do it pas disparaître de notre mémoire. Il m'a fallu trente-quatre ans pour revenir ici, et pourtant tout est intact. Comme quoi ça marche.

Ici repose tout ce que ma tutrice voulait q ue j'efface de ma mémoire. Et tout ce qu'elle a elle-même effacé plusieurs années plus tard. Elle ne se doutait certainement pas que j'avais utilisé son con seil po ur tout stocker ici. Il semblerait que, lorsque j'étais plus jeune, son enseignement ne me semblait pas aussi absolu que maintenant. Aussi loin que je m'en souvienne, pourtant, j'obéissais à tous ses ordres sans broncher, et les considérais tous comme justifiés. Et p ourtant g isent ici les preuves de ma rébellion. La preuve que je ne voulais pas réellement oublier ma mère lorsqu'elle m'a ordonné de l'oublier. Car elle est là, devant moi. Un sourire chaleureux sur les lèvres, des cheveux châtains grisonnants, des y eux marrons... si à vingt-sep t ans, lorsque j'ai construit ce refuge dans mon esprit, mon souvenir d'elle était si clair, alors comment avait-il complètement disparu il y a de cela quelques secondes ?

J'aimerais rester ici plus longtemps. Prendre le temps d'observer, de comprendre, mais je ne suis pas là pour ça. Je détourne le regard pour le poser sur u ne gravure faite dans le mur en bois, sou s la fenêtre. Je m'en approche et m’accroupis. Tout ce temps, mon nom était écrit, là, de manière indélébile. Et, contre toute attente, rien ne me fait plus plaisir que de le retrouver.

---


J'ouvre les yeux pour me retrouver de nouveau devant les milliers de regards intenses de l'esprit-loup .

« Je m'appelle Aïlia'Eykhsa. Mais on m'appelle Leykhsa. »

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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Dim 18 Oct 2015 12:23 
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Niyx – La Croisée

    A la réponse de Faëlis à sa question, Ek Chua le regardant en marquant l’une des plus profondes expressions de perplexité qui puissent être visibles chez un peuple aussi inexpressif que les Ishtars : il ouvrait de grands yeux hébétés. Il finit par s’ébrouer et se ressaisir en inclinant la tête à l’égard de l’hinïon.

    Venez, suivez-moi en ce cas. Il le mena le long des innombrables couloirs qui veinaient la cité, semblables à autant de ruelles intérieures d’une ville constituée d’un seul et même bâtiment, gigantesque. Au bout de plusieurs minutes de marche, ils parvinrent à à un colossal escalier sur lequel vaquaient plusieurs ishtars, seuls ou en groupe, indifférents au gigantisme du lieu. Car impressionnant il l’était, il semblait être le cœur même de la cité de Nuit et de Jour, l’Agora de ce peuple. De part et d’autre s’élevaient des tours et des habitations, encastrées dans les murs de pierres grises. Tout en haut de l’escalier se trouvait une sculpture faite d’arabesques qui semblait contempler les petits êtres à ses pieds, reliant les deux pans de murs qui flanquaient l’escalier. Plusieurs couloirs-ruelles comme celui duquel ils sortaient semblaient déboucher sur le lieu.

    L’Ishtar commença à grimper les marches, se dirigeant vers la sculpture, mais s’arrêta plusieurs escaliers plus tôt, devant plusieurs échoppes construites comme de véritables bâtiments à l’intérieur de cette gigantesque grotte qui les abritait.

    - Voici nos commerces. Vous avez ici de nombreuses choses, que ce soient des objets du quotidien, des objets de décoration ou de construction, mais également un maître en sortilèges, à vous de voir où vous souhaitez vous rendre, Sir Faëlis. Nous n'avons cependant aucun vendeur d'armes, ici, car nous n'en manions pas.


Niyx - ?

    L’Esprit lui lance des regards satisfaits. Il semble avoir obtenu ce qu’il désirait chez Pureté, que ce soit son nom, bien qu’il ne semblait pas l’ignorer, ou le fait d’avoir provoqué chez elle son souvenir.

    « Ton identité est de nouveau tienne et tes actions ne seront plus que celles d’un ersatz qu’une entité maîtrisait par l’Oubli. Souviens-toi, Aïlia’Eykhsa, dite Leykhsa que dorénavant chacune de tes actions reposera sur ta conscience propre, pour le meilleur comme pour le pire. »

    De quelle entité parlait-il ? Etait-ce l'influence exercée par Equilibre sur la jeune semi-elfe ou celle, plus lourde, de Païtos qui en rythmait les pas. L’Esprit fit une pause, pendant laquelle leur environnement semblait encore se mouvoir se distendre, sans qu’il ne quitte un seul instant Pureté de ses milliers d’yeux.

    « Les Ombres véritables ne connaissent nul maître qu’elles mêmes, mais savent reconnaître les leurs, si elles semblent s’opposer à la Lumière, elles ne sont en réalité que deux faces d’une même pièce. »

    Alors qu’il prononçait ces mots, les ombres autour de Pureté se mirent à se mouvoir autour d’elle, s’opacifiant, se dirigeant vers Chulyin comme si elles répondaient à celles du loup.

    « Tu es prête, Aïlia’Eykhsa. »


[Faëlis – xp : 0,5 (post) ;
Pureté : 5 (post), 0,5 (redécouverte de son nom), 0,5 (rencontre de Chulyin)]


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Dim 18 Oct 2015 17:34 
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Eck Chua sembla un instant perturbé. Pourquoi ? Mystère. Mais il invita finalement l'hinion à le suivre. Il traversèrent une série de ruelles jusqu'à aboutir à un immense escalier. Ça et là, la population de la ville vaquait, plus ou moins silencieuse, à ses occupations. Faëlis semblait un festival d'énergie au milieu de ce peuple tout de noir et de blanc.

« Hé bien ! Quelle ambiance ! Vous devriez organiser quelques fêtes de temps à autre ! »

Sa voix résonna dans l'immense salle entourée de hauts murs. L'endroit était vraiment la preuve, s'il en manquait, que les lieux avaient été créés par des géants. La splendeur et la majesté étaient au rendez-vous, même s'il fallait reconnaître qu'il y avait moins de vie que dans les grands arbres de Cuilnen.

Son guide expliqua qu'il n'y avait ici que des marchands pour la vie courante, et cela n'étonnait guère l'elfe au vu des innombrables boutiques témoignant d'un marcher populaire. Cependant, il y avait également un maître en sortilège. Même s'il doutait de pouvoir apprendre la magie de ce monde, surtout en si peu de temps, cela intéressa le jeune homme.

« Allons donc voir ce maître de magie ! Je suis curieux de savoir ce qu'il a à proposer... »

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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Mer 21 Oct 2015 14:16 
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Les milliers d'yeux de Chulyin semblent me lancer un regard satisfait.

« Ton identité est de nouveau tienne et tes actions ne seront plus que celles d’un ersatz qu’une entité maîtrisait par l’Oubli. Souviens-toi, Aïlia’Eykhsa, dite Leykhsa que dorénavant chacune de tes actions reposera sur ta conscience propre, pour le meilleur comme pour le pire. »

Je hoche la tête en réponse. Malgré tout l'amour que je porte pour Equilibre, ce qu'elle a fait est inexcusable. Mon amour est-il ne serait-ce que vrai, d'ailleurs ? Ou est-ce encore le résultat de l'un de ses vilains tours ? Je comprends mieux beaucoup des choses inexplicables qui se sont passés alors que j'étais encore auprès d'elle. Lorsque tout ceci sera terminé, je devrais aller la confronter. En attendant, il est temps de vivre par moi-même.

L'esprit reprend la parole.

« Les Ombres véritables ne connaissent nul maître qu’elles mêmes, mais savent reconnaître les leurs, si elles semblent s’opposer à la Lumière, elles ne sont en réalité que deux faces d’une même pièce. »

Cette fois je m'abstiens cependant de lui donner raison. J'ai comme le sentiment qu'il désapprouve mon allégeance à Phaïtos.

« Tu es prête, Aïlia’Eykhsa. »

De nouveau, je lui accorde un signe de tête. L'entendre m'appeler par ce nom me fait un drôle d'effet. Ca ne devrait pourtant pas, c'est mon nom. Mais personne ne m'a appelé comme cela depuis mes quinze ans. Et je n'ai même pas de souvenir de cette période.

Je ferme les yeux, me concentrant sur l'image de ma mère biologique que j'ai retrouvé dans ce havre de paix à l'abri dans un coin de mon esprit. Les souvenirs que Chulyin m'a donné la possibilité de voir étaient heureux. Toute ma vie serait-elle un mensonge ? Lorsque tout ceci sera terminé il faudra que je parte en quête de réponse. Et que je retrouve mes souvenirs.

En rouvrant les yeux, je sens que quelque chose a changé en moi. Observant mes mains, je m'aperçois qu'elles ont retrouvé leur éclat habituel, celui d'avant mon arrivée sur Elysian. Je maîtrise donc le muutos ? Cela voudrait dire... que je peux faire réapparaître ces ombres ? Je me concentre quelques instants pour voir ma main de nouveau disparaître à travers d'épaisses volutes noirâtres, que je fais ensuite disparaître en un clin d’œil. Parfait.

Cependant, ce n'est pas tout. Sans que je ne sache pourquoi, ni comment, je peux sentir quelque chose sur le côté droit de mon abdomen. Soulevant ma chemise, j'aperçois une forme dessus. C'est une marque noire partant du haut de ma hanche jusqu'au bas de mon sein représentant un corps de femme tenant une faux. Serait-ce lié à la maîtrise de mon muutos ?

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Décidant qu'il est pour moi l'heure de partir, je me rhabille et m'adresse à l'Esprit.

« Merci, » fais-je sobrement. Il n'y a pas besoin d'en dire plus.

Puis, sans un mot, je prends la direction de la porte m'ayant mené dans cette antre.

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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Dim 25 Oct 2015 13:45 
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Niyx – L’Orbe Indécis

Pour Faëlis

    A la remarque de Faëlis sur la Croisée, Ek Chua lui lança un regard en coin, mais ne la commenta en rien. Il le mena cependant dans une boutique dont l’enseigne était un orbe lumineux barré de blanc et de noir lui donnant son nom : L’Orbe Indécis.

    La boutique était des plus simples, avec guère plus qu’un comptoir de pierre et quelques objets étranges de part et d’autres des murs, posés sur des étagères. L’ensemble donnait une ambiance plutôt froide, contrastant avec les couloirs de Niyx, souvent pourvus de tapisseries colorées pour contrebalancer la fraîcheur des murs. Il s’y trouvait un homme, de dos qui semblait s’occuper d’un objet.

    - Ek Chua, je t’ai dis que ce ne serait pas prêt avant une autre semaine, ça sert à rien de venir me harceler avec ça ! dit l’homme d’une voix bourrue sans même se retourner.

    L’Intendant se racla la gorge pour attirer l’attention de l’homme.

    - Iyaroak je ne suis pas venu pour ça. Laisse-moi te présenter le Sir Faëlis, qui nous vient du monde de Yuimen, il vient de rencontrer Anuun. Faëlis, voici Iyaroak, l’un des plus grands Tisseurs d’Ombre et de Lumière de Niyx.

    Alors qu’Ek Chua faisait les présentations, l’homme se retourna. Il s’agissait indubitablement d’un Ishtar dans sa forme lumineuse, mais il semblait détonner avec eux. Si les Ishtars avaient l’habitude d’être richement vêtus, lui semblait préférer une tenue de cuir rembourrée de fourrure, attachée par diverses attaches de métal. Si son habit pouvait passer de prime abord pour frustre, il n’en était en réalité rien car il était d’excellente qualité, simplement fait pour favoriser les mouvements. Iyaroak possédait de longs cheveux noirs attachés en diverses tresses ainsi qu’une barbe fournie, la première que Faëlis ait vue portée par des Elémentaires. Il avait la peau très pâle et des yeux vairons, l’un noir et l’autre blanc qu’il posa sur l’hinïon.

    Image


    - Je vois. Je suppose que si vous êtes là c’est pour parler Passementrie que puis-je faire exactement pour vous ? dit-il en s’intéressant de nouveau à l’objet qu’il avait entre les mains.



Niyx – Les couloirs

Pour Pureté

    Chulyin observe sans ciller et sans la commenter Pureté appréhender sa maîtrise du Muutos. A son remerciement, il ne fait qu’incliner la tête et reste assis sans plus prononcer le moindre mot. Pureté peut cependant sentir chacun de ses milles yeux posés sur elle alors qu’elle quitte la pièce si étrange. La porte n’est nulle part visible dans ce décor si étranges où toutes les notions de distances sont effacées, aussi, lorsqu’elle s’ouvre sans aide sur les couloirs de Niyx, elle semble apparaître de nulle part. Une fois Pureté sortie, la porte se referme sans un bruit. Devant elle se trouve Yakone.

    - Puis-je vous mener quelque part, Dame Pureté ? demande-t-elle en inclinant la tête en signe de bon retour.

    Elle semble tout de même observer Pureté du coin de l’œil afin d’aviser les changements qui auraient pu s’opérer en elle suite à la visite de l’esprit.


[Faëlis – xp : 0,5 (post) ;
Pureté : 0,5 (post)]


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Dim 25 Oct 2015 19:34 
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Eck Chua n'était décidément pas un compagnon bien bavard, et Faëlis ne pouvait s'empêcher de penser qu'il se serait sans doute plus amusé par exemple avec l'ambassadrice aigail. Qui que soit celui qui l'accompagnait, il devait passer de forts bons moments ! Enfin bref, comme son idée de festivité ne semblait pas prendre, il entra dans la boutique, qui se trouvait maintenant devant eux et répondait au nom d'Orbe Indécis. La rue n'était peut-être pas très joyeuse, malgré quelques tapisseries colorées, mais l'intérieur des bâtiments était encore pire. Quelques articles et pierres magiques, un comptoir... Dire qu'il donnait des leçons à l'esprit... mais c'est tout le peuple qui aurait besoin d'apprendre le bon goût ! Tout de même, ils devaient déprimer à errer dans un milieu aussi froid ! Il fallait plus que quelques tapisseries et des vêtements chic ! Enfin, on ne changeait pas les gens comme ça, et il y avait plus urgent : s'assurer qu'ils survivent aux prochains mois ! La cité semblait avoir bien tenue la récente éruption, ce qui était heureux, mais elle n'en tiendrait sans doute pas une autre...

Le propriétaire ds lieux les apostropha bientôt, affirmant que ce que voulait Eck Chua n'était pas encore prêt, et nécessiterait encore une semaine. Il était d'ailleurs présentement en train de travailler sur quelque chose que le jeune elfe ne parvenait pas à bien discerner. Faëlis préféra donc détailler ce colosse, vêtu de fourrures et d'acier comme un nordique, mais non dépourvu de classe il fallait l'admettre. Il émanait de lui une puissance qui dépassait la seule force physique, qui devait pourtant être conséquente, et ses yeux étaient l'un blanc et l'autre noir. Vraiment la dualité perpétuelle de ce peuple était surprenante... Eck Chua désigna l'homme sous le nom de Iyaroak, l'un des meilleurs tisseurs d'ombre. Voilà qui était intéressant !

Faëlis s'inclina respectueusement devant le colosse qui lui demandait la raison de sa venue :

« Messire, que le soleil illumine votre visage, je suis en effet de Yuimen et j'enquête sur cette sinistre affaire de drainage. J'aurais bien quelques questions en effet, si cela ne vous dérange pas. »

Il se redressa et sourit de toutes ses dents, décidé à faire bonne impression. Au passage il glissa un regard vers l'objet sur lequel travaillait le tisseur.

« Votre commande Eck Chua ? Excusez-moi si cela ne me concerne pas, mais s'agit-il de quelque chose qui pourrait nous aider pour notre quête ? »

Puis il se tourna vers le magicien. Il avait tellement de questions en tête qu'il ne savait par quoi commencer. Comme toujours, le peu de pistes sur ce maudit drainage était fortement handicapant, mais il ne pouvait croire que des experts de la magie de ce monde ne puisse rien pour en trouver l'origine !

« Ainsi vous êtes un tisseur d'ombre et de lumière, un de ceux qui peuvent vraiment sentir le drainage... Je me posais quelques questions. Selon dame Yuralria, vous pouvez le sentir mais en aucun cas en remonter à la source... N'y a-t-il pas un moyen d'en comprendre l'origine exacte ? À moins qu'il ne se trouve partout à la fois ? Anuun, le sage esprit de la lumière, vient de me dire qu'un tel phénomène s'était déjà produit par le passé, il doit donc bien y avoir un moyen de le trouver et de l'arrêter... »

Peut-être cet homme pourrait-il lui apprendre à détecter ce drainage lui aussi ? Peut-être penserait-il à quelque chose qui leur avait échappé ?

(((583 mots)))

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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Lun 26 Oct 2015 16:31 
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Sans grande surprise, je me rends compte que la porte que je cherche n'est plus là. Ou du moins, qu'il m'est impossible de la déceler. Mais alors que je prends la direction de l'endroit où elle se trouvait, elle s'ouvre subitement sur le couloir d'où je viens. En sortant, je vois que Yakone m'y attend. Je l'avais presque oubliée.

« Puis-je vous mener quelque part, Dame Pureté ? » me demande-t-elle.

Et soudain, j'hésite. Pureté ? Selon mes souvenirs, je n'ai jamais eu que ce nom là. J'ai beau avoir retrouvé celui de ma naissance, toute ma vie a été basée sur le nom de Pureté. Pour autant, il me semble moins familier que celui de Leykhsa. Mais Equilibre sera mécontente si je reprends ce nom. Je chasse cette idée de ma tête : lorsque ce voyage sera terminée, Equilibre et moins seront égales, et en attendant je ne suis plus sa disciple. En d'autres termes, peu importe ce qui la contente, Pureté n'est que le fruit d'un mensonge vieux de quarante-cinq ans. Et il ne me sied même pas. Qui aurait le culot de se faire appeler ainsi alors qu'il a rêvé d'une femme deux nuits plus tôt ?

« Appele-moi Leykhsa, » fais-je à Yakone en la tutoyant tout naturellement.

Les habitants de Niyx semblent observer un certain protocole plus ou moins proche des sociétés Yuiméniennes, mais l'on ne peut pas dire que cela m'enchante. Je n'ai jamais été très partisane du vouvoiement, et ne lui trouve qu'une utilité limité, si ce n'est inexistante.

« Est-il possible de me procurer des protections un peu plus... efficaces ? Je présume que si vous n'avez aucun archer, il y a peu de chance pour que vous me trouviez un équipement qui puisse à la fois me protéger et me donner une aisance suffisante pour tirer à l'arc, mais, sait-on jamais ? »

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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Lun 26 Oct 2015 18:04 
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J'observe non sans un certain amusement dissimulé les expressions changeantes de la jeune Ishtar à mes diverses paroles. Moi qui la pensais inexpressive, je réalise maintenant qu'en réalité ses émotions et pensées se manifestent bel et bien, de manière plus subtile que la plupart des gens certes, mais présentes pourtant à qui sait les discerner. Une nouvelle fois je songe aux similitudes entre mon propre peuple et ces Ishtars, ne pouvant m'empêcher de les trouver surprenantes, après tout ne m'a-t'on pas inculqué sans relâche que les Sindeldi étaient uniques, bien au-dessus de toute autre race existante? Alors que Yuralria me demande de l'attendre quelques instants, mon esprit vagabonde dans la trame historique de ce monde, les miens qui disparaissent en un instant sans laisser le moindre survivant, comment cela se peut-il alors qu'il semblerait plus que probable que certains des miens aient été en voyage, mêlés à d'autres peuplades pour des raisons commerciales ou diplomatiques? Puis, peu après, ces Élémentaires qui sont créés, comme des copies presque exactes des miens...une nouvelle fois mon esprit renâcle devant ces faits étonnants, quelque chose me dérange, mais je ne parviens pas à définir quoi avec exactitude, ni si cela a la moindre importance dans l'affaire qui nous occupe.

Yuralria revient avec un bracelet d'aspect antique, orné lui aussi de pierres bleutées tout comme le pendentif d'Uraj, et je sors de mes pensées pour l'observer attentivement, demandant à mi-voix:

"Étrange...a-t'il un lien avec cet Orbe d'Uraj? Les pierres bleutées qui l'ornent me semblent assez similaires à celle du pendentif..."

Lorsque elle me tend l'artefact, je le prends avec curiosité, la remerciant d'un hochement de tête et d'un sourire après qu'elle m'en ait expliqué les caractéristiques:

"Je te remercie de ce présent, Yuralria. Il me sera fort utile, je n'en doute pas."

Je la dévisage en silence quelques seconde lorsque elle me demande si j'ai besoin d'autre chose pour l'aventure qui m'attend et ajoute qu'elle espère pouvoir nous rejoindre à Ilmatar avant que nous en partions pour la cité des hommes, puis je me décide:

"Il y a une chose que j'aimerais apprendre, je l'ai évoqué durant notre bref voyage mais nous n'avons pas eu le loisir d'en reparler. Cela te surprendra peut-être, mais je souhaiterais être capable de guérir...peux-tu me l'enseigner dans un temps raisonnable?"

(422 mots)

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Kerenn


Si vous ne parvenez pas à trouver la vérité en vous-même, où donc espérez-vous la trouver?

Zenrin Kushu


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Mar 27 Oct 2015 17:58 
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Niyx – L’Orbe Indécis

    Iyaroak écouta l’ensemble des propos de Faëlis en observant ce dernier d’un œil torve, regard rendu d’autant plus étrange en raison de ces yeux vairons. Il semble indifférent aux tentatives de Faëlis de faire bonne impression, mais comme avec tous les Ishtars, il était difficile de savoir ce qu’il pensait réellement. C’est cependant Ek Chua qui prend la parole en premier.

    - Oh, non ! ce n’est pas du tout un objet qui pourrait être utile à la votre tâche, il s’agit simplement de l’outil qui me permet d’allumer les lampes chez moi, il semble qu’il soit en panne.

    Iyaroak répond enfin, de sa même voix bourrue.

    - Je sens en effet le drainage, mais si Yuralria vous dit que nous ne pouvons pas remonter à sa source, c’est que c’est le cas. Je suis peut-être l’un des meilleurs Tisseurs, mais elle est la meilleure. Donc non, nous n’avons pas moyen de remonter à l’origine exacte du drainage, sinon vous ne seriez pas là. Quant à le comprendre… Il est difficile de comprendre quelque chose que nous ne maîtrisons pas. Nous le ressentons, comme on pourrait ressentir un malêtre, une sensation étrange sans savoir exactement d'où cela vient. C'est quelque chose de très subtile, si subtile, en vérité, que je me demande si ce n'est pas intentionnel, car, plus fort, nous en aurions une meilleure appréhension.

    Il fit une pause durant laquelle il ne quitta pas Faëlis des yeux.

    - Un phénomène similaire pourrait s’être en effet produit par le passé, lors du Crépuscule des Dieux, mais ce fut l’œuvre de Caelès à la mort d’Ankh Onaka, l’œuvre d’une Déesse et c’est Elle qui y a mis fin, et le tout fut fait à l’aide d’un artéfact dont nous ignorons tout et que nous n’avons jamais vu. Nous n’étions même pas nés lorsque cela a eu lieu. Non, vos réponses, vous les trouverez probablement ailleurs qu’ici, là où nous ne pouvons aller.


Niyx – Les couloirs

    Yakone ne réagit pas en apparence à la demander de Pureté de l’appeler par son nouveau nom, mais se contenta de hocher la tête pour marquer le fait qu’elle l’avait entendue.

    - Je crains que vous ne trouviez de protections plus « efficaces » ici, à Niyx. Nous ne sommes pas un peuple de guerriers, mais de Tisseurs, aussi n’avons-nous rien qui puisse réellement vous servir sur les champs de bataille. Pour ce faire, vous devriez plutôt vous rendre à Ilmatar, le Général Jillian a, paraît-il, pourvu la ville d’un véritable arsenal en l’espace de quelques années.


Niyx – Le Laboratoire

    - Oui, l’orbe et le gantelet ont un lien, nous l’avons façonné à l’aide d’une pierre recueillie elle aussi à Uraj, mais les fluides tissés autour de lui sont notre fait.

    A la demande de Kerenn, Yuralria se tait un instant et paraît songeuse, avant d’acquiescer et de proposer au Sindel de s’asseoir sur l’un des bancs qui se trouvent dans la salle.

    - Je peux essayer de te l’enseigner, du moins t’enseigner comment, moi, je m’y prend pour soigner. Cependant… Et bien, j’utilise des fluides de Lumière pour ce faire, et j’ignore comment cela fonctionnera pour toi.

    Elle fait une pause et réfléchis à la façon dont elle peut formuler cela.

    - Nous sommes appelés des Tisseurs de Sorts car nous tissons les fluides pour leur donner la forme que nous souhaitons, un peu comme pour création d’une tapisserie, c’est pour cette raison que nous appelons cela la Passementerie.

    « Dans le cas d’un soin, je cherche à joindre les chairs à l’aide d’un canevas de fluide de lumière, et avec ceci j’incite le corps à refermer de lui-même la plaie, comme si les fluides attiraient comme des aimants les chairs ou les forçaient à se reconstituer. Je fournis l’énergie, et je montre le patron au corps, mais c’est lui qui agit de lui-même pour se soigner.

    « Je visualise d’abord mentalement la plaie, à l’aide de mes fluides de lumière, j’en cerne les rebords, essaie de comprendre ce qu’il s’est passé, quelles sont exactement les lésions et leur ampleur, avant d’agir en appliquant mon canevas. Ce dernier, ne doit plus faire qu’un avec le corps, et les extrémités de ce canevas doivent s’infiltrer dans les veines à proximité de la plaie comme un ensemble de fils.

    Elle fait une nouvelle pause, considérant ce qu’elle vient de dire, puis soulève la main, la sortant de sa cape pour dévoiler son poignet. Elle ferme un bref instant les yeux et sa main s’orne d’ombres qui semblent se solidifier sous la forme d’un petit poignard très sombre, semblable à de l’obsidienne, mais indéniablement constitués de fluides d’Ombre et dépourvus de l’aspect brillant du cristal. Yuralria, avant que Kerenn n’ait le temps de réagir, incise son poignet ainsi présenté, laissant couler un filet de sang.

    - Essaie, dit-elle en lui tendant son poignet.


[Faëlis – xp : 0,5 (post), 0,5 (questions) ;
Pureté – xp : 0,5 (post) ;
Kerenn – xp : 0,5 (post)]


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Mer 28 Oct 2015 15:04 
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Yakone me répond que Niyx ne dispose d'aucune armure digne de ce nom. Il semblerait que j'ai mal compris Yuralria, ce ne sont pas seulement les archers qui sont absents de la cité Ishtar, ce sont les combattants en général. Je remettrais ce problème à mon retour à Ilmatar.

« Tant pis, » fais-je. « Dans ce cas j'aimerais rencontrer des Tisseurs, si c'est possible. Pour discuter du phénomène de drain. Parlez-moi un peu d'eux, d'ailleurs. Y en a-t-il beaucoup ? Est-ce une caractéristique innée, ou est-ce que chaque Ishtar peut devenir Tisseur avec de l'entraînement ? Et est-ce qu'un non-élémentaire pourrait le devenir ? »

Encore une fois les questions se bousculent dans ma tête, et j'ai l'impression que plus j'en apprendrais, plus elles se feront nombreuses. Il me faut mettre de l'ordre dans mes idées, les ranger méthodiquement pour éviter de trop m'éparpiller comme je le fais depuis que je suis sur Elysian. Découvrir tout un monde nouveau est une chose compliquée, rien ne fonctionne comme sur Yuimen et tout doit être l'objet d'un apprentissage nouveau, des choses les plus compliquées aux plus élémentaires. La méditation me semble être une bonne solution pour organiser mes pensées. Je n'ai jamais été très douée, et si j'ai pu accéder à mon sanctuaire intérieur tout à l'heure c'était grâce à la magie de l'Esprit, mais j'ai grandi depuis mes derniers essais et je pense être capable de surmonter mes difficultés passées.

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Mer 28 Oct 2015 19:30 
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Eck Chua expliqua que non, il s'agissait juste d'un outil pour éclairer sa maison. Faëlis sourit de toutes ses dents :

« Oh ! Mais pas besoin d'outil ! Je suis la meilleure lampe de la région ! »

Pour ponctuer ses dires, il se concentra sur son muutos et constata avec plaisir que la lumière était maintenant parfaitement sous contrôle. Il se mit à briller de mille feux.

De son côté, le tisseur expliqua que non, il n'avait aucune idée d'un moyen de trouver la source du drainage. Quant au fait que ça se soit déjà produit, il parla de l'ancienne légende de Caeles et Ankh Onaka. Faëlis fronça les sourcils :

« Votre connaissance de la magie ne peut pas vous permettre d'en comprendre un peu plus sur cet artefact et la manière dont une telle chose serait possible ? Je sais que chez nous les fluides peuvent être manipulés pour être concentrés et transformés en potions par des alchimistes... Est-ce qu'une telle chose serait possible chez vous ? Peut-être les mortels de ce monde cherchent-ils à acquérir des pouvoirs en créant ce genre de potions, en s'inspirant de l'artefact en question pour canaliser les fluides. »

Il tira une fiole de son sac :

"Tenez, voilà une potion de fluide de lumière, si vous voulez l'examiner..."

Puis, après réflexion, il ajouta :

« Et vous dites que nous devrions aller là où vous ne pouvez pas aller... vous parlez d'un lieu en particulier ? Comment serait-il possible que vous ne puissiez vous rendre quelque part ? »

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Niyx - Cité des Ishtars
MessagePosté: Jeu 29 Oct 2015 12:27 
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Niyx – La Croisée

Pour Leykhsa


    Yakone acquiesça à la demande de Leykhsa et l’invita à la suivre par le dédale des couloirs de Niyx.

    - Les Tisseurs sont les Maîtres des fluides, ce sont ceux qui savent le mieux leur donner forme. Il y en a un nombre relativement important, selon notre population, et un Ishtar peut devenir Tisseur avec de l’entraînement. Il y a peu, je vous aurais dit qu’aucune personne non-élémentaire n’aurait pu devenir Tisseur, mais avec l’ouverture sur votre monde… Je ne pense pas, car chez nous, un bon Tisseur doit maîtriser à la fois la Lumière et l’Ombre. Yuralria est la meilleure Tisseuse que nous ayons, mais nous comptons d’autres grands adeptes de la Passementerie et c’est vers l’un d’eux que je vous emmène.

    Yakone la mena le long des innombrables couloirs qui veinaient la cité, semblables à autant de ruelles intérieures d’une ville constituée d’un seul et même bâtiment, gigantesque. Au bout de plusieurs minutes de marche, elles parvinrent à un colossal escalier sur lequel vaquaient plusieurs Ishtars, seuls ou en groupe, indifférents au gigantisme du lieu. Car impressionnant il l’était, il semblait être le cœur même de la cité de Nuit et de Jour, l’Agora de ce peuple. De part et d’autre s’élevaient des tours et des habitations, encastrées dans les murs de pierres grises. Tout en haut de l’escalier se trouvait une sculpture faite d’arabesques qui semblait contempler les petits êtres à ses pieds, reliant les deux pans de murs qui flanquaient l’escalier. Plusieurs couloirs-ruelles comme celui duquel les deux femmes sortaient semblaient déboucher sur le lieu.

    L’Ishtar commença à grimper les marches, se dirigeant vers la sculpture, mais s’arrêta plusieurs escaliers plus tôt, devant plusieurs échoppes construites comme de véritables bâtiments à l’intérieur de cette gigantesque grotte qui les abritait et s’approcha de l’une d’elle, dont l’enseigne représentait un orbe lumineux barré de blanc et de noir et rentra dans l’une d’elle, invitant Leykhsa à la suivre.

    La boutique était des plus simples, avec guère plus qu’un comptoir de pierre et quelques objets étranges de part et d’autres des murs, posés sur des étagères. L’ensemble donnait une ambiance plutôt froide, contrastant avec les couloirs de Niyx, souvent pourvus de tapisseries colorées pour contrebalancer la fraîcheur des murs.

    A l’intérieur se trouvaient Faëlis et Ek Chua, ainsi qu’un autre homme. Il s’agissait indubitablement d’un Ishtar dans sa forme lumineuse, mais il semblait détonner avec eux. Si les Ishtars avaient l’habitude d’être richement vêtus, lui semblait préférer une tenue de cuir rembourrée de fourrure, attachée par diverses attaches de métal. Si son habit pouvait passer de prime abord pour frustre, il n’en était en réalité rien car il était d’excellente qualité, simplement fait pour favoriser les mouvements. Iyaroak possédait de longs cheveux noirs attachés en diverses tresses ainsi qu’une barbe fournie, la première que Faëlis ait vue portée par des Elémentaires. Il avait la peau très pâle et des yeux vairons

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(Suite ci-dessous)


Niyx – L’Orbe Indécis

Pour Faëlis et Leykhsa


    Alors que Iyaroak s’apprêtait à répondre à Faëlis, une Ishtar entra dans la boutique. Elle possédait une peau dorée et des cheveux aussi noirs qu’une nuit sans lune, ainsi que des lèvres pulpeuses et un simple bandeau qui lui passait sur son front. Elle était vêtue d’une robe bleutée.

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    Elle fut rapidement suivie d’une autre personne qui n’était autre que Pureté.

    Ek Chua entreprit tout de suite de faire les présentations.

    - Faëlis, je vous présente Yakone, ma fille. Pureté, voici Iyaroak, l’un de nos meilleurs Tisseurs d’Ombre et de Lumière, et possesseur de ce magasin : L’Orbe Indécis. Iyaroak, voici Pureté, une autre aventurière venue de Yuimen.

    Yakone s’approcha de son père et lui murmura quelques mots à l’oreille.

    - Oh… mes excuses…. Cette jeune femme se prénomme Leykhsa, se corrigea-t-il en montrant Pureté.

    Iyaroak la salua d’un simple signe de tête avant de se tourner vers Faëlis.

    - L’artefact est quelque chose de très particulier, et étudier un objet sans être en sa présence est difficile. Comme nous vous l'avons dis, nous ne sommes même pas certain qu'il s'agisse de ça.

    Il ne prit pas la potion de fluide de lumière que lui tendit Faëlis, se contentant de lui jeter un simple coup d’œil.

    - Oui, nous savons concentrer les fluides d’un type particulier dans une fiole et en effet, il est possible que ce soit dans ce but que soit utilisé l’artefact, auquel cas il est utilisé par un esprit parfaitement malade, car un tel usage de l’artefact serait dramatique pour tous, y compris pour cette personne, car ce serait concentrer des fluides contraires les uns avec les autres, et en quantité gigantesque.

    A la dernière question de Faëlis, Iyaroak leva un sourcil.

    - Vous n’avez pas été informé du pourquoi de votre venue ? Nous ne pouvons pas nous rendre auprès des autres races pour enquêter, parce que nous sommes d’une absence de discrétion flagrante, et c’est pour ça que vous êtes ici.


[Faëlis – xp : 0,5 (post), 0,5 (questions) ;
Pureté – xp : 0,5 (post) ; 0,5 (questions)]


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