Gurth Von Lasch
Actuellement au cimetière de Tulorim.
Dehors, la pluie tombait, drue et terrible. Une véritable tempête au ciel mordoré strié d’éclairs vifs et impressionnants, et doublés du son terrible du tonnerre. L’auberge où la petite équipe d’aventuriers s’était réunie formait un bien frêle abri face à l’orage menaçant, et pourtant, c’est sous la chaleur du feu et la lueur des bougies qu’ils étaient attablés, à discuter de leurs projets futurs d’aventure épique. Rien ne laissait présager ce qui arrivait…
Et pourtant, ce fut comme une évidence lorsque la porte s’ouvrit brusquement, laissant entrer un vent sifflant dans la pièce, éteignant les bougies au même moment où un éclair puissant marquait l’entrée, dessinant sur le sol une ombre immense et inquiétante : celle de l’être qui se tenait sur le pas de la porte. La nuit masquait ses traits, et il portait un capuchon sombre et une robe de bure noire dégoulinant d’eau. On ne pouvait en revanche que trop remarquer sa taille immense et son embonpoint non moins gigantesque. Le temps semblait s’être arrêté…
Et puis, un pied imposant attaché dans une sandale de cuir avança dans la pièce en en faisant trembler le plancher, très vite suivi de son jumeau. Un pied aux ongles mal entretenus, aux cals rudes, et aux chevilles solides. L’être rabattit en arrière sa capuche, révélant son visage horrible à l’assistance. Un visage d’un homme d’âge mur, sans être blet. Un crâne chauve et marqué de cicatrices, une bouche terrible aux gencives trop rouges, cernée d’une barbe drue et mal entretenue. Et le tout surmonté d’un regard sans vie, deux yeux livides, presque blancs, qui circulaient avec circonspection sur les personnes présentes, arrachant un frisson malsain à quiconque le croisait.
Un renâclement se fit entendre, sans que sa raison fût davantage précisée. Une sorte de grognement rauque directement sorti de la gorge de l’Ogre terrible qui était rentré. Car d’homme, il n’en avait que l’apparence lointaine, et les gênes. Mais ça s’arrêtait là. C’était un monstre qui venait d’entrer.
Et de sa lourde démarche, sans un mot, Gurth Von Lasch vint s’emparer d’une chaise, y posant son imposant postérieur en en faisant sinistrement grincer le bois. Sans explication, il était là. Et sans explication, il vous accompagnerait. Et l’ombre des Dieux Noirs avec lui.
Le dernier personnage mystère avait dévoilé son visage...
_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de TulorimJe hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde. (Baudelaire - Le mort joyeux)