Dos à la naine, Maltar regarde la dizaine de gobelins sortir l'encercler crânement, hache, épée, lance, bouclier à la main... Un non gobelin leur aurait trouvé un air mauvais et carnassier. Maltar leurs trouvait surtout, des nuances d'air de gars benoîtement sur d'eux, du genre de ceux qui vendent la peau du carcajou avant de l'avoir tué... Derrière leurs sales trogne de gobelin, c'est surtout une belle bande de pécores crotteux! Ça réussit à se tenir debout en tenant une arme par le bon bout donc ça se croit capable de faire les bandits de grands chemins... La leçon à venir profitera peut être aux deux ou trois plus lâches du groupe, ceux qui fuiront avant les autres, qui eux allaient se vider de leur optimisme en mêmes temps que de leurs entrailles sur le sol.
Dos à la naine, il lui chuchote.
"Quand j'te frappe la fesses, charge le gob' devant toi ! J'collerais à tes basques... Fous l'bordel, haches en un ou deux, bourrines, je m'dépatouille du reste."Il prend une profonde inspiration et interpelle la bande de gobelins qui prend positions autour d'eux, à une quinzaine de mètres.
"Couilles de loups, si vous laissez vos bourses ici avant de détaller fissa, s'pourrait que j'me contente d'vot' potes pour caler ma dent creuse... Sinon, soyez sur qu'j'vous r'trouverait avant l'levé du jour et qu'même à s'moment là vous aurez du bol, j'suis pas l'plus cruel des deux."Des fois qu'ils aient eu l'envie de le menacer, l'intimider, ou toute chose approchant, les choses étaient maintenant remisent en perspective :ils étaient dans la panades, pas lui. Il imagine assez bien ce qu'il se passe dans les dix caboches qui l'observent. Chacun de ces dix gobelins est à peu pr7s sûr que grâce au nombre, ils peuvent venir à bout de l'improbable duo qui leurs fait face... Et l'un dans l'autre, même s'il s'agit d'une bande de branquignole, ils n'avaient pas complètement tord. Mais chacun d'eux est bien décidé à ce que ce soit son voisins qui prenne des coups. Ils ne sont pas organisés, pas synchronisés, pas courageux pour deux sous et mal armurés. En plus, ils n'étaient pas groupés... Ces dix bandits de pacotilles, en croyant leur ôter toute chance de fuite, venait en fait de signer leur perte.
Maltar tapote la fesse de la naine du dos de son gant, puis fait volte fasse et cours dans son sillage alors qu'elle charge un gobelin équipée d'une vieille maille trouée et d'une lance. Si au bruit Maltar est à peu près sûr qu'après une ou deux secondes de réflexion les gobelins dans son dos réagissent et cours vers eux, ceux de devant semblent figés, complètement perdus. Celui à la lance recule, un autre à droite de Maltar reste statique plutôt que de prendre le risque de prendre le premier coup, un troisième s'approche, mais pas trop: courageux (pour un gob') mais pas téméraire, à gauche... Pendant que La naine dévie une estoc de lance maladroite de sa hache et culbute d'un grand coup de coude les cottes de son adversaire terrorisé, Maltar crochète et fonce sur le gobelin de gauche. Surpris, celui si stoppe son avancée et brandit son bouclier, les jambes fléchies, paré au choc. Un craquement d'os retenti derrière Maltar. Bon signe, motivant.
Il est maintenant à un mètre de son adversaire. Celui-ci tente une contre charge de dernière seconde et avance brusquement pour le frapper de son bouclier. Mais Maltar est lancé comme un boulet de
couillard. Il tamponne le bouclier pleine épaule et fait reculer son adversaire, surpris par la force de l'impact. Grognant de rage, il tourne instinctivement sur lui-même le long du bouclier, puis de l'épaule de son adversaire, pour se retrouver comme une danseuse dans son dos. Sauf que si sa main droite remonte, c'est sans douceur et droit sur l'aisselle de sa seconde victime. Les griffes font la différences, et pénètrent comme dans du beurre dans le défaut de protection de la vielle broigne de cuir d'un pauvre gobelin de guère plus de 15 printemps qui n'aura pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait lorsque de son autre main Maltar fait de même à gauche.
Fermement accroché au jeune gobelin qui devrait passer l'arme à gauche sous peu, Maltar fait à volte face en le gardant devant lui comme un bouclier.
La vue fait plutôt plaisir à voir. Juste à sa gauche, Magda se redresse en extirpant la hache d'un gobelin qui gît maintenant à terre, la cage thoracique défoncée. À quelques mètres d'elle, un de leurs adversaires, après avoir vu la scène sans trop savoir quoi faire, juge finalement qu'il est plus prudent pour lui de reculer sans les quitter du regard jusqu'à ce que ses six compères le rejoignent. Ceux làstoppent leur sprint et approchent maintenant bien groupé, les uns contre les autres, d'un pas lents et prudents quand leur dernier compère les rejoins après sa courte fuite.
C'est donc huit gobelins qui s'arrêtent à quatre ou cinq enjambées de Magda, Maltar et son nouvel ami maintenant très pâle derrière lequel il est planqué.
"La proposition tiens toujours mes p'tits choupinets, balancez-moi votre pognon, vos valeurs, et tirez vous!"Puis Maltar crache en leur direction, pendant qu'à ses côté Magda, dressée de toute sa petite hauteur nanesque, toise un à un les huit ersatz de guerrier qui leurs font face. Et chacun, un à un, ploie du regard face à cette petite blonde qui, toute inoffensive qu'elle pouvait avoir l'air un instant plus tôt, semblait maintenant invincible sous les 2 mm d'acier de son casque et les 20 kilo de son lourd haubert de maille. Meurtrière, impitoyable, le sang dégoulinant de sa hache peu l'attester. Et surtout bien décidée à tous leur fournir un allé simple pour le royaume de tonton phaï'.
(Hey, c'est moche s'qui vous arrive les gars)