Une fois encore, la réponse de l’étrange créature de Phaïtos est énigmatique et dénuée de sens directement préhensible. Une voie offerte par mon cœur, un gardien d’un lieu qui n’est pas de ce monde, et dont le gentâme ne peut rien me dire. Que de complications tout de même ! Je le regarde donc reprendre petit à petit sa forme d’ombre en fronçant les sourcils dans un dialogue intérieur avec Lysis, celle qui jusqu’ici s’est gaussée de m’avoir montré la voie, ou plutôt de me l’avoir induite…
(Que veut-il dire ? Pourquoi connaitrais-je cette route ?)
(Une fois encore, mon amour, ce sera à toi de le découvrir. Suis son conseil…)
(Mais je ne sais comment faire ! Suivre mon cœur, mes sentiments, mes envies, c’est ce que j’ai toujours fait !)
(Alors pourquoi ici serait-ce différent ?)
(Mais parce que… mis à part l’envie de mettre la main sur cet artefact, je ne ressens nul désir !)
(Vraiment ?)
(Heu… celui d’en savoir plus sur toute cette histoire, aussi… Sur ce lieu, cet endroit où je suis sensé aller, sur cette larme de Thimoros et sur Sidë…)
Sidë, justement, intervient tout d’un coup d’une spontanéité que je ne lui connaissais pas. Surgissant de derrière moi, elle pose une question personnelle sur sa famille, son fils et son époux, au gentâme, qui comme à l’accoutumée, répond de manière erratique et énigmatique. Un époux mort, un fils en danger, voilà ce qui pousse l’elfe bleue à venir ici… Mais moi, pourquoi me suis-je donc aventuré dans cet endroit obscur ? On me l’a demandé, Pulinn me l’a demandé, mais tout devient trop personnel, désormais. Certes la gardienne blanche savait d’où je venais, et cela ne m’étonnerais pas qu’elle ait eu vent de mon passage en Enfer, mais de là à répandre tout ce savoir personnel par delà Nirtim… Tout ceci est étrange, et mon passé semble rattraper mon présent indubitablement. Je n’aime pas ça du tout…
Le gentâme est désormais parti, refondu dans les ombres de l’endroit. Une profonde lassitude s’empare de moi, un abattement incompréhensible qui semble me ronger de l’intérieur alors que notre dos se fait éclairer faiblement d’un ray de lumière orangée…
(C’est le gentâme… Il s’est nourri de ta vie pour répondre à tes questions…)
(Aergh… ça m’apprendra à être trop curieux !)
Je me tourne vers Sidë en tentant d’apercevoir la provenance de la lumière orangée. Ma compagne de route semble aussi affectée que moi par la magie noire du gentâme.
« Ça va aller ? »
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