Ma chatte sous le bras droit, soutenant le vieux mage du bras gauche, ce fut en chancelant que je sortis de l’entrepôt. Au fur et à mesure que ne m’éloignais de cet endroit, mes idées s’éclairaient comme si je sortais progressivement d’un énorme brouillard de magie. Je réalisai alors l’absurdité de la vision que j’avais eue et surtout à quel point j’avais failli y succomber. Pendant que nous tentions de nous éloigner de ce hangar, j’entendis un hurlement à me glacer le sang. Je ne pus alors m’empêcher de me retourner. Une lumière éblouissante inondait ce qui avait été jadis un hangar, accompagnée de flammes vertes qui dansaient à divers endroits. Et que dire de ces aurores qui nous avaient tant intriguées ! Sous la forme d’un cône inversé, elle s’écoulait dans le bâtiment. Des crépitements se firent ensuite entendre, mais hypnotisé par cet étrange et bizarrement magnifique phénomène, je n’avance plus d’un pas. Heureusement, le mage, plus au fait de la magie que moi et pressentant le danger imminent m’incita à m’éloigner le plus rapidement. Les petits crépitements du début se transformèrent rapidement en grands craquements effondrant le toit dans un bruit assourdissant.
Malgré l’heure tardive, les spectateurs furent nombreux à regarder le phénomène lumineux. Que ce soit de la fenêtre de leur maison, ou sur le quai, ou dans les ruelles, ils observaient les lumières féériques arborant un regard pétrifié, surpris.
Cette fois-ci, nous n’avions cessé de courir, mais malgré les efforts fournis pour m’éloigner du hangar, j’avais toujours l’impression d’être encore trop près pour éviter les éclats de la déflagration prochaine.
Même lui tournant le dos, je ne vois que les reflets de cette éblouissante lumière bleue sur les bâtiments des docks.
Et ce qui devait arriver arriva, les vitres volèrent en éclats. Je fus projeté à terre alors qu’un flux de magie se déversa aux alentours avant de retourner vers le ciel.
A plein ventre sur le sol, le front légèrement fendu, les mains écorchés et mes pantalons déchirées à la hauteur des genoux, et je me tournai péniblement sur le dos pour voir des silhouettes s’élever dans le ciel. Parmi celles-ci, il me fut assez facile de reconnaître Velana. Autrefois haute comme trois pommes, elle était à présent immense et saturée de magie…. Mais point d’une magie puissante, puisqu’elle ne semblait la contrôler, la folie ayant eu le dessus sur elle… Je soupirai de soulagement, réalisant qu’il s’était fallu de peu pour que ce destin soit aussi le mien. Harassé par l’effort physique fournie et les émotions ressenties, je me détentis et fermai mes yeux laissant le sommeil s’emparer de moi.
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Lorsque je me réveillai la première fois, je ne sus où j’étais, par contre je devinai que je n’étais plus dans la rue, puisque je ressentais le confort d’un matelas douillet. Je me tournai sur le côté droit et me rendormis.
Je fis alors un rêve étrange envahis par la couleur bleue et non la rouge ma favorite.
Envahi par une sensation de légèreté, je voletais joyeusement parmi les chauds nuages humides et bleus lorsque j’entendis un froissement d’ailes légèrement familier. Un horrible soupçon s’empara de moi et je me détournai rapidement la tête pour constater avec effroi qu’elle était là, l’affreuse Velana, toujours aussi noire, arborant les mêmes yeux malicieux et démentiels. Je me retournai vers l’avant redoublant de vitesse, mais elle me bloqua le passage, j’essayais de prendre le côté cour, mais l’aldryde me devança, pas plus de chance pour le côté jardin. Et puis, tournoyant sur moi-même, tout en voletant, je vis avec horreur qu’il n’y avait plus qu’une Velana, mais quatre spécimens de cette démone ailée…. Quatre êtres démoniaques qui foncèrent sur moi.Je me réveillai en sursaut et mis quelques secondes à réaliser que la scène d’horreur que je venais de vivre n’était qu’un affreux cauchemar. J’émis un long soupir de soulagement, je me positionnai sur le dos, remontai mes couvertures jusqu’au cou, je fermai mes yeux et me rendormis aussitôt.
La troisième fois, que je me tirai de mon sommeil, fut la bonne. Je gardai tout de même les yeux fermés et pris le temps de me ressasser les aventures que j’avais vécues la veille. Puis après ce qu’il me parut une dizaine de minutes, j’ouvrai mes yeux. Je reconnus immédiatement le temple de Gaïa, puisque j’y avais séjourné quelques jours auparavant. Je tournai lentement la tête, et je vis que j’occupais un dortoir qui contenait d’autres couchettes. Avec précaution, je pris une position assise et je vis les corps endormis d’Aenaria et de son fiancé. Heartless s’était éveillé avant moi. J’esquissai un sourire, ils avaient eux-aussi échappé à un funeste destin.
Lorsqu’elle me vit assis bien droit dans mon lit, la séduisante Sinoé, mon petit ange aux cheveux noirs et aux yeux doux accourus à mon chevet. De sa voix calme et rassurante, elle m’expliqua qu’il s’était écoulé plus d’une semaine après la terrible explosion dans les docks. Devant l’ampleur de la tâche, le vieux mage qui s’était réveillé bien avant nous et qui se prénommait Kieran porta main forte à la jeune prêtresse.
Doté d’une forte résistance physique, je tentai de marcher. Mais malgré mon hardiesse, je dus peser sur mon orgueil et laisser Sinoé me soutenir quelque peu afin de m’aider à garder l’équilibre. La proximité de la jeune femme et son odeur furent des arguments convaincants à la laisser me prêter assistance.
Ce fut à ce moment que le roi Solennel pénétra dans l’intimité de notre dortoir. Ne pouvant encore rester debout très longtemps, je m’assieds sur le bord de mon lit et j’écoutai ce qu’il avait à nous dire.
Il nous regarda d’abord tour à tour, affichant un sourire sans joie, un sourire d’excuse. Il s’excusa de nous avoir entrainés dans une enquête qui avait pris des proportions anormalement plus importantes que ce qu’il avait prévu. Il annonça également la mort de l’une d’entre nous. Je baissai alors les yeux et je fis une courte prière silencieuse à Gaïa lui demandant de prendre soin de cette aventurière qui venait de la rejoindre. Je lui fis également la promesse de résoudre cette enquête afin de venger sa mort. Puis, il parla de ces mystérieuses aurores qui s’avéraient en fait à être des fluides porteurs de magie venue du ciel. Pour l’instant, il ne leur était pas plus possible de les contrôler que de définir leur nature exacte. Il conclut en disant que cette enquête prenait une ampleur qu’il n’avait jusqu’alors imaginé possible.
(Et moi qui croyais que tout était terminé ! )Puis la porte s’ouvrit de nouveau pour faire place au vieil bibliothécaire. Le roi Solennel lui accorda un maigre sourire avant de reporter son attention sur nous et nous demander ce que nous avions découverts sur les feux du ciel.
Bien que j’avais bien entendue sa requête, je ne répondis pas immédiatement, mes yeux étant rivés sur les mains de Kardan. De vieilles mains qui se refermaient sur le livre que j’avais récupéré de justesse avant qu’il ne tombe dans le grand feu central. Je brûlais d’impatience d’en connaître son contenu.
Ce fut Heartless qui répondit le premier avouant avoir peu d’informations. Il s’était dirigé vers les sectes, et chacune d’elles interprétaient les feux du ciel à leur manière. Ceux qu’il appela les félés du feu attribuaient les aurores à Meno, d’autre disaient que ces aurores amenaient l’oubli salvateur. Cette dernière hypothèse correspondait à ce que j’avais découvert puisque Velana disait appartenir à la sororité de l’oubli salvateur.
Je pris quelques gorgées d’eau du verre que me tendit Sinoé, puis après l’avoir remercié, je fis part de mes découvertes.
« J’étais partie à la recherche d’une ménestrel qui connaitrait cette fameuse chansons sur les feux du ciel dont nous avait parlé l’aldryde mâle. Je fus assez chanceux dans mes recherches et je fis la connaissance d’une charmante lutine qui accepta de me réciter, à l’abri des regards, la version moderne de la chanson des feux du ciel…J’ai mémorisé ces paroles, et je vous les répèterai plus tard. Comme elle venait de terminer de chanter, voilà qu’une aldryde noire apparut et se présenta comme étant Velana, de la sororité de l'oubli salvateur. Elle dit qu’avec la fin du cycle, s'éteindra le souvenir, et cela devait passer par sa propre mort ! Mais elle devait d'abord éliminer tous ceux qui ont le souvenir... elle tenta de tuer Mirédosi, la petite ménestrel, mais je la défendis et l’emmena ici au temple où Sinoë en pris soin. Aidé de Aenaria et de son fiancé, nous fouillâmes dans la bibliothèques sans succès. Puis pendant les évènements dans le hangar, je pus in- extrémis, sauver le livre que Valena ou l’une de ses sbires, avait volé à la bibliothèque. Celui-là même que Kerdan conserve contre lui en ce moment » Dis-je en pointant le vieux bibliothécaire, et tout en m’adressant à lui je poursuivai :
« Me serait-il possible de le feuilleter ? L’avez-vous lu ? Avez-vous découvert pour quelle raison, elle voulait absolument faire disparaître ce livre ? »(((1 503 mots)))
(-s’éloigner du hangar,
-cauchemar
-donner les informations recueillies
- poser des questions. )))