En théorie, les idées de Fenouil pour s’en sortir indemne tenaient la route. Mais malheureusement pour le petit être vert, en pratique tout se passa différemment.
Vu la rapidité avec laquelle le fruit fut lancé, la précision manqua à l’appel. Le fruit passa bien au-dessus de la tête de l’animal. Non seulement, elle ne pouvait pas l’attraper, mais elle ne l’avait sûrement même pas remarqué. Et puis, comme si le destin s’acharnait contre le gobelin, la bête ne fut pas prise au dépourvu lorsque Fenouil la rencontra et la dépassa. Habituée à vivre dans ces grottes étroites qui représentaient son milieu de vie au quotidien, elle utilisa les parois de la caverne pour freiner rapidement et faire volte-face. Elle s’en tira avec un petit choc sur son côté droit, ce qui fut un moindre mal pour un parent défendant sa descendance.
En un seul bond, la créature de plus haute stature que le gobelin le rattrapa. Tel un prédateur fonçant sur sa proie, elle planta violemment ses griffes dans la nuque du gobelin. Celui-ci fut arrêté brusquement dans sa course et même légèrement agrippé vers l’arrière. En même temps qu’une douleur lancinante l’envahissait, il sentit une longue griffe crochue s’enfoncer profondément dans sa chair et la déchirer sans scrupule. Son sang, chaud et d’un rouge écarlate, sortit avec pression de son artère gauche. Par réflexe il y apposa sa main gauche afin de tenter de ralentir l’écoulement. Ces efforts furent dérisoires, puisque sa vision s’embrouilla et ses forces l’abandonnèrent. Ses jambes, devenues aussi molles que du chiffon, fléchirent et il chuta lourdement sur le sol. Couché sur son côté gauche, respirant difficilement, de sa main droite, il fouilla dans son sac pour en sortir son téléphone. Maladroitement, il réussit à trouver la touche qu’il cherchait et appuya dessus. Aussitôt, un bruit sonore, comme une musique bon marché sortant d’une boite métallique en sortit. Avec le peu de force qui lui restait, il lança son téléphone en direction de l’animal, espérant que ce son discordant l'apeure, le distrait ou le fasse fuir. En agissant ainsi, il ne pensait pas à sa vie, il se savait à l’agonie. Mais il ne voulait pas que par son imprudence, la demi-elfe perde la vie.
Il avait fait ce qu’il avait pu, il espérait que Altäe eut assez de bon sens pour l’abandonner et s’éloigner de la bête en colère.
Pour finir ses dernières secondes de vie en paix, Fenouil rabattit sa cape de dissimulation sur lui afin de se couvrir entièrement. Il n’en voulait pas à la créature, elle n’avait fait que protéger ses petits. Elle l’avait pourtant prévenue et il n’avait pas écouté ses avertissements. Il aurait aimé lui aussi que ses parents gobelins le protègent au lieu de l’abandonner lâchement dans un état précaire. Mais il savait dans le fond de son cœur que cet abandon avait été, pour lui, la meilleure chose qui pouvait lui arriver. Ses parents adoptifs, de vieux et honnêtes humains, l’avaient élevé comme leur propre fils jusqu’à leur mort. Sur cette pensée, un petit rictus apparut sur ses lèvres. Il ferma les yeux et attendit que la mort vienne le chercher.
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Fenouil, larron origine voleur
Dernière édition par Fenouil le Sam 1 Sep 2018 02:44, édité 1 fois.
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