"Trouvez-nous des plantes vertes!" "Tu comptes faire quoi?" "Me faire un bouclier et attaquer. Et vous, ne restez pas planter là et trouvez-moi des plantes vertes, tout de suite!" "Euh, oui madame... N'importe quelle plante?" "Idéalement encore vivante. Sinon je ferais avec n'importe quoi comme plante, y compris de la salade si elle a ses racines!" "Tu sais faire ça?" me demande mon père étonné. "Je sais le faire avec du bois avec un fluide! Mais on a pas le temps de discuter!" réponds-je en songeant à la planche qui m’a servi de bateau y a longtemps entre Nirtim et l’Imiftil L'elfe doré déguerpit sans doute pour trouver ma commande. Soudain, ma peau se grise sans que je n'ai rien fait, en voyant le clin d'oeil de mon père, il y est pour quelque chose, il est temps d'avancer.
Nous rampons vers le magicien debout le plus proche, il est dans un état relativement correct et son corps est imbibé de fluide. Je regrette de ne pas avoir eu le temps d'absorber la capsule à énergie magique de Yuimen durant un bref instant mais je suis interrompue par un survol de proche de la bestiole qui nous frôle à moins de vingt centimètres, nous ayant très certains happé au passage si nous n'avions pas eu le réflexe de se jeter au sol. "C'est quoi ça?" "Notre adversaire!" "Il a des fluides?" "Aucune attaque magique jusqu'à présent, mais il résiste à la magie."
Un lot de piques vient soudain jaillir sur le pont, projetées avec violence du ciel et coupant par la même notre conversation, nous rappelant douloureusement la présence d'un adversaire au-dessus de nos têtes. L'une des épines vient me heurter l'épaule, perforant ma protection et traversant mon épaule. Elle est bleue et fait près d'une main de longueur, tout en étant épaisse comme un doigt.
"Manifestement, elle a des attaques à distance auss!"
Je récupère une des étoffes qui traînent toujours dans ma cape et arrache d'un geste rapide l'épine, dans une giclée de sang. Je laisse mon père bander rapidement mon épaule, ça suffira le temps que je me régénère. "QUI EST EN ÉTAT DE COMBATTRE?" Seuls quatre voix me répondent, celle de mon père non comprise. Le combat est loin d'être gagné. "Adar, occupe-toi des blessés! Je m'occupe de la bête!" "Je dois te protéger!" "Sors les blessés d'ici! Il va y avoir des morts si c'est pas encore le cas." Mon ton est sans réplique, il est temps que la gardienne garde et protège car tel est son rôle. Il ne me faut guère de temps pour que mon corps se couvre de poils ras d'un blanc tacheté de gris. "Quel est ce prodige?" "On discutera magie après!"
Je dégaine mon épée comme une nouvelle menace au monstre, mon épaule devenant de moins en moins douloureuse. La bête est lente et il lui faut un minimum de huit secondes pour parvenir à faire un demi-tour entre chaque attaque. Ce temps doit jouer entre notre faveur, à défaut il me permettra de me régénérer entre deux assauts du draconien furieux. Le temps semble d'ailleurs écoulé, la bestiole revenant à la charge, me forçant à me jeter une fois de plus au sol si je ne veux pas mourir entre ses dents pointues que se tendent dans la direction où j'étais une poussière de seconde avant. Je profite pour observer un peu plus la bête à la recherche d'un point faible, d'une faille ou au contraire d'une force non-prévue. Manifestement ses serres devraient être aussi dangereuses que ses crocs et cornes si pas plus. Par contre, entre son plastron et ses pattes, il y a un point faible, au changement de type d'écaille. J'avertis mon compagnon de la faiblesse, il fait à son tour passer le message aux autres combattants debout encore debout. Mon père est entrain d'achever de transporter les blessés, il pourra nous rejoindre d'ici une dizaine de passage je pense, peut-être un peu plus.
"Accrochez-vous!" Je vois tout le monde saisir à ce moment-là la rambarde et tout ce qui traîne sur le pont assez solide pour s'y tenir. Je fais de même, me ruant sur le bastingage tout en gardant mon épée à la main. Soudain, le sol s'incline vers bâbord et je me retrouve presque précipitée à l'océan à plusieurs gros milliers de mètres en-dessous de moi. Je ne dois qu'à ma force de rester accrochée par une main à la poutre pendant que l'aynore tourne, évitant sans doute la bestiole. J'en apprécierais presque le fait que la pique se soit finalement enfoncée dans mon bras d'épée et pas dans l'autre. Bientôt, l'aynore se remet droit et je saute sur le pont avec facilité finalement.
"Comment avez-vous su?" "Lumière verte quand on vole droit, lumière rouge pour tourner à droite, bleu pour aller à gauche! Code des aynores!" (Très utile à savoir. J'ai une idée.)
En moins de six secondes, Lirelan m'avait décrit l'entièreté de son plan, audacieux, un peu suicidaire, parfaitement adapté à mon caractère et à la situation. Je préviens le magicien qu'il me faudra un maximum de protection, quelque soit l'élément, cela m'importe peu en l'occasion. Entre temps, l'Ermansi me rapporte un panier complet de salade, je le remercie chaleureusement tout en plongeant pour éviter les griffes de mon adversaire qui manque de justesse de m'attraper.
"Il ne cherche plus à tuer!" "Que cherche-t-il à faire alors?" "Je l'ignore." (Tu pourrais me faire parler sa langue?) (Aucune chance... C'est pas un animal classique...)
Mon père arrive sur ces entre-faits tandis que les magiciens, profitant de chaque temps entre les retours intempestifs de la bestiole pour me lancer tous les sorts de protection autant qu'ils peuvent. Un cri déchirant retentit soudain dans l'air, me faisant vibrer la peau et me torturant l'esprit et le corps. La bête va revenir à la charge, j'en suis certaine, bientôt. "Accrochez-vous! Il charge l'aynore!"
Les mages se hâtent de s'accrocher aux barrières accompagnés de mon père. Pour ma part, je saute sur le panier en osier rempli de salade verte que j'agrippe d'une main, l'autre tenant toujours Astinor. Le monstre écailleux lance un nouveau cri, celui de la future victoire sans doute. Dans ma main, Astinor gronde, d'une colère froide, réfléchie et puissante. Le lézard volant fonce sur moi, droit sur moi et rien que sur moi. (C'est moi qu'il veut!) J’en suis désormais convaincue.
La scène passe soudain au ralenti. La bestiole semble voler plus lentement, je vois chaque détail de son corps, chaque once de ses muscles et de ses ailes puissantes. Je ressens le vent qu'il produit et doit lutter pour éviter de basculer dans le vide tandis que l'aynore tangue sous la masse d'air qu'il déplace à contre-courant. Derrière moi sur la rambarde de bâbord, j'entends mon père hurler mais ne comprends pas ce qu'il raconte, tellement je suis concentrée sur le reptile.
(MAINTENANT!)
Respectant le plan de Lirelan, je saute sur le cou de l'animal volant. Sa puissance me frappe dès que je lui tombe dessus, serrant toujours mes légumes et mon épée. Accroupie sur le cou du monstre, je rengaine mon épée et prends ma première salade. Avançant tant bien que mal, rivalisant d'adresse pour me déplacer sur la bête, je plante un à un mes légumes sur les épines dorsales de l'animal. Pas moins de 9 salades, ça devrait suffire je pense. L'animal s'écarte de l'aynore et vire droit vers l'engin une nouvelle fois, l'avant-dernière si tout se passe bien. Il rase à nouveau le pont, déchirant la cape de mon père et le blessant gravement au dos, du sang gicle sur le bois, celui d'un mage, un des derniers indemnes sans doute. A nouveau, il cherche à tuer, sans doute pour m'attirer sur le pont pour aider les gens. Pour ma part, je descends d'un bond leste sur le toit du l'appareil évitant malgré tout d’offrir des capacités de réflexion trop aiguisées à ce monstre.
La bête recommence à virer pour son tour, son dernier, il suffit qu'il s'approche suffisamment de moi et il est mort, du moins je l'espère. Les dernières secondes passent aussi lentement que plusieurs vies d'elfes. En bas, juste en-dessous de nos pieds, des dizaines de gens ignorent qu'on se bat et qu'on risque notre vie pour la leur... ou pour la nôtre d'ailleurs. Le saurien fait son demi-tour et revient, doucement, lentement, trop lentement par rapport à d'habitude. Il faut qu'il se dépêche, tant qu'il est en vie, je ne peux rien pour mon père allongé sur le sol à l'article de la mort. Je sers mon bâton de magicien entre mes deux mains, au point d'en avoir les articulations blanches. Je n'ai pas le choix, il me faut réussir cette attaque, il faut que les mages combattent, sinon mon père mourra une seconde fois par ma faute!
(Vas-y!) "MAINTENANT! Visez les pattes!"
Mes multiples armures magiques brillent de multiples couleurs tandis que les fluides se rassemblent dans mon bâton. Autour du pont, d'autres couleurs, du bleu et du mauve dans l'essentiel. Nous ne sommes plus que trois debout, un mage a disparu, sans doute a-t-il chût dans l'océan que nous survolons, un autre ainsi que mon père sont au sol... Soudain, les trois à la fois, nous relâchons notre sort tandis que le saurien revient vers nous et s'approche. Les deux autres sorts viennent heurter les pattes, brûlant le monstre sous l'effet de la foudre conjuguée à la glace. Les mages ont l'habitude de lutter ensemble manifestement. Au même moment, les salades s'ouvrent et se déploient tout au long du dos de l'animal pour l'étouffer, lui paralysant les ailes sous le même effet. Mais ce qui suit n'était pas prévu, dans son élan, le monstre passe au-dessus de notre tête, arrachant un mât avant de percuter tout un bout du bastingage et d'achever sa course loin de nous, très loin. Le combat est fini... Simplement fini.
Je cours alors vers mon père, couvert de sang, de son propre sang...
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
Dernière édition par Lothindil le Lun 8 Fév 2010 10:25, édité 1 fois.
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